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Achille Mbembe ou l'intellectualisme de l'inconstance
16/02/2011
 

Henri Georges Minyem donne son avis sur les positions exprimées par Achille Mbembe sur la crise ivoirienne
 
Par Henri Georges Minyem
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Henri Georges Minyem  
Henri Georges Minyem
 

Les bouleversements qui se produisent actuellement dans le monde sont aussi et surtout le fait de la marche naturelle de la raison vers son plein accomplissement.

J'ai souvenir d'avoir invité Edgar Morin accompagné de sa méthode qui conjugue l'unique et le multiple dans une articulation de la simplification souvent facile à une complexité qui requiert la prise en compte d'une multiplicité de facteurs qui échappent souvent à la rationalité, par excellence limitée qui valut à Herbert Simon (père avec March du courant sociologique sur la rationalité limitée), le prix Nobel d'économie en 1978.

Ainsi en est-il des faits sociaux qui s'offrent à notre analyse depuis le mois de novembre 2010 avec en préambule le 2ème tour de l'élection présidentielle ivoirienne le 28 novembre et de la crise qui s'en est suivie. Puis il y eut de la chute de Ben Ali en Tunisie le 14 janvier 2011 et celle de Hosni Moubarak en Egypte le 11 février 2011. Le parallèle pour ces deux dernières révolutions pourrait être fait avec celle qui conduisit au renversement et à l'exécution du roi Fayçal II d'Irak, dernier roi d'Irak massacré le 14 juillet 1958 ou encore Saddam Hussein qui fut pendu le 30 décembre 2006 à la suite d'une invasion autoritaire et autocratique des USA dans son pays, en contravention des traités de Westphalie en 1648 qui créèrent le devoir de non-ingérence et inaugurèrent un nouveau cycle de relations internationales qui perdurera jusqu'aux guerres mondiales contemporaines. Il faut dire que les USA ne s'en embarrassèrent nullement quand il fallut régler son compte à Saddam.

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La Côte d'Ivoire  
La Côte d'Ivoire
 

Cependant, ce qui m'interpelle ce jour concerne surtout les attitudes assertives, péremptoires ou giratoires de certaines lumières du continent, autoproclamées ou reconnues à l'instar de l'écrivaine Calixthe Beyala, Gaston Kelman, l'ivoirien Venance Konan, Célestin Monga ou Achille Mbembe.

Pour illustration de mon analyse, je prendrai le dernier cité en exemple d'atermoiements dont le paradoxe contrevient à l'assertivité inhérente à des convictions bien établies.

La crise Ivoirienne a indiscutablement divisé la société civile et intellectuelle africaine quant aux positionnements des uns et des autres, bien souvent en dehors du système d'action concret (pour emprunter à Michel Crozier) qui se livrait à notre analyse, à savoir une élection présidentielle avec des accords et des textes clairs pour tous les acteurs. Toutefois, l'aversion de nombre d'africains pour l'ancienne puissance coloniale, la France a cédé la place à des péroraisons et positionnements pour ou contre la France, manœuvre d'autant plus habile que l'instigateur de cette confusion des genres excelle dans cette dichotomie qui n'échappe pas à des spécialistes des sciences sociales.

Ainsi a-t-on vu des chercheurs de l'EHESS dont le professeur Elikia M'bokolo rédiger un texte dans « Le Monde » baptisé : « Gbagbo, chef ethnocentriste » et cosigné par…Achille Mbembe, Université de Witwatersrand, Afrique du Sud.

Autant les positions des premiers cités étaient sans équivoque, autant celle du dernier inclinait à perplexité de la part de personnes habituées à la lecture critique de situations qui réclament de la consistance dans l'analyse des faits.

Gaston Kelman  
Gaston Kelman
 

Dès le début de la crise ivoirienne, des personnalités se sont déterminées.

L'on a ainsi pu lire sous la plume de Beyala que Gbagbo était un vrai africain et que la France n'était pas dépositaire du vote des Ivoiriens. Ses accusations rencontraient d'ailleurs des prénotions sociologiques quand ce ne furent des apories historico-politiques lorsque dans une lettre ouverte à Bechir Ben Yamed, elle affirmait qu'aucun Etat africain ne siégeait au conseil de sécurité de l'ONU oubliant même la présidence tournante de cette instance depuis 1991, qui compte 5 membres permanents et 10 non permanents dont 5 sièges que se partagent l'Afrique et l'Asie. Il me sembla qu'elle voulait parler des membres permanents, ce qui ne relève ni de la même logique, ni des mêmes fondements historiques qui présidèrent à l'édification de cette institution, mais cela serait trop long d'évoquer Yalta, Potsdam et une configuration du monde qui depuis 1989 a radicalement changé, évoluant au gré des nouveaux rapports de force politico-économiques.

Quant à Gaston Kelman qui affirmait ne rien savoir de la Côte d'Ivoire lors d'un débat télévisé sur la crise ivoirienne, il se fendit subitement de plusieurs textes sur le site de « Jeune Afrique ». Dans l'un de ceux-ci, il utilisa un pseudonyme, puis se ravisa par la suite. Il confirmait sa méconnaissance de cette région de son continent (mais, ayant connaissance de son appétence pour le bœuf bourguignon, cette absence de culture continentale ne m'étonna guère). Ce qui m'interpella par contre, c'est l'article qu'il écrivit par la suite sur le site « grioo.com » baptisé : « Pouvais-je rester sourd à tant de souffrances bafouées ? » dans lequel il se lançait dans une violente philippique contre les instances internationales dont le réveil bien tardif témoignait d'un soupçon non feint de néo-impérialisme sur des institutions souveraines d'un pays d'Afrique. Cet homme qui a toujours défendu des positions pro-françaises retrouvait soudain une lueur d'africanité à la faveur de la crise ivoirienne…Mais n'avait-il pas dit qu'il n'y connaissait rien ? Qu'est-ce qui justifiait cette soudaine prise de conscience d'une situation qui remonte aux années 1990 ? Il est vrai qu'un écrivain, ça apprend vite. Il faut surtout dire que les manifestations bruyantes de quelques ivoiriens sur la place parisienne génèrent un sentimentalisme rapide quant à un potentiel lectorat, surtout quand l'on vient de publier un ouvrage en édition Pocket.

Venance Konan  
Venance Konan
© grioo.com
 

Venance Konan n'y alla pas par quatre chemins et condamna le « braquage démocratique » du camp Gbagbo, posture qui lui valut un départ précipité vers l'exil, de crainte de représailles très douloureuses. Il faut dire qu'au pays des vrais patriotes, tous ceux qui sont soupçonnés d'intelligence avec « l'ennemi communauté internationale » courent le risque de subir un lynchage mortel dans bien des cas en bonne et due forme par les brutes à la solde du patriote en chef , j'ai nommé le ministre de la jeunesse Blé Goudé, formidable modèle pour la jeunesse africaine qui avait à peine obtenu sa licence qu'il devenait milliardaire grâce à son président de mentor.

Elikia Mbokolo quant à lui, n'a jamais caché sa quête de rationalité dans ses positionnements intellectuels : pas de collusion avec les tricheurs et les manipulateurs. Ses convictions personnelles sont connues, ses positions claires, son intégrité intellectuelle aussi : Le père du documentaire « Une autre histoire de l'Afrique au XXè siècle » n'accèderait pas aux sympathies pro-Gbagbo. Cette posture éthique justifiait son adhésion au texte cosigné par Achille Mbembe.

Du texte en questions, il ressortait clairement que le président Gbagbo considérait le Nord de son pays comme relevant d'une logique extranationale, bref d'une communauté dont la volonté s'inféoderait naturellement à toute la partie littorale de son pays. En d'autres termes, le Nord ne saurait être majoritaire dans quelconque vote national, du fait même de la primauté du Sud sur le reste du pays. Cette conception ethniciste et tribaliste fut à l'origine du texte des chercheurs, cosigné par notre illustre historien africaniste de surcroît.

Achille Mbembe  
Achille Mbembe
 

Quelle ne fut donc ma surprise, quelques jours plus tard de lire du même Achille Mbembe une chronique du 26 janvier 2011 sur le site « Cameroon-info.net » intitulée : « Analyse : Achille Mbembe et Celestin Monga dissèquent la crise ivoirienne » dans laquelle les deux illustres aînés (vous avez dit intellectuels ?) fustigeaient de concert les prévarications asymétriques de la communauté internationale, le parti pris, la propension à condamner, les tropismes hypothétiques quand la situation les arrange et proposaient soit de légitimer le résultat proclamé par les institutions souveraines d'un pays, soit de reprendre le vote du deuxième tour, engendrant une aporie éristique dont les auteurs, en hommes de lettres avertis n'ignorent point le dilemme juridique et l'idiographique asymptotique de l'initiative.

J'ai eu quelque mal à comprendre un tel revirement méthodologique empreint d'une si ubuesque légèreté dans l'analyse de faits aussi graves qui touchent à la vie de milliers d'Africains, et ceci de la part d'un intellectuel africain, en tout cas reconnu comme spécialiste de la question coloniale à travers le monde. Il faut croire que l'Afrique du Sud n'est pas le monde et nous dispense de nous approprier les subtilités d'une élection si médiatisée. Le néo-colonialisme ne touche pas que le Cameroun et plus particulièrement Um Nyobe, il concerne l'Afrique toute entière et sa quête de sens, la conquête de sa liberté après des siècles d'asservissement et d'instrumentalisation !

Célestin Monga  
Célestin Monga
 

Autant la position de Monga semble claire quant à son incomplétude et, disons-le tout court, son déficit de faisabilité, même s'il revêt la cape de l'africaniste anti-impérialiste, autant l'inconsistance de Mbembe doublée d'une inconstance méthodologique est un savant mélange de palinodies qui cachent mal un conflit interne, une dissonance cognitive noyée sous de pâles ratiocinations syntagmatiques.

Je vais être clair. Le chantre de la lutte anticoloniale sait très bien les conséquences d'un tel déni de démocratie sur le reste des processus démocratiques en Afrique.
En effet, n'oublions pas que Gbagbo n'est à la tête du pays que depuis les élections du 22 octobre 2000 qu'il a remportées avec 59,4% des suffrages représentant environ 600 000 voix pour diriger un pays de près de 15 millions d'habitants de l'époque. Aussi, son alignement successif derrière les vues de Monga tendent à lui donner une posture de défenseur des nations anciennement colonisées et de fait, à s'opposer à l'Occident en responsable exclusif des malheurs de l'Afrique.

Comment peut-on en effet critiquer l'ethnocentrisme d'un président défait et réclamer par la suite de nouvelles élections pour sortir le pays de la crise ? Y a-t-il un tel précédent dans l'histoire de la démocratie au monde ? Dans un cas comme dans l'autre, il se dégage une absence de sincérité dans le positionnement idéologique d'Achille Mbembe qui laisse sceptique tout esprit épris de liberté et incline à requérir une autonomie de la pensée, dépouillée des pesanteurs de la rue, des clameurs partisanes et des luttes dissociées.


Combattre la Françafrique est une chose, défendre une imposture en est une autre !

Et dans un sens comme dans l'autre, il ne faut point se tromper de combat : l'on ne combattra pas les dictatures en Afrique en les encourageant sur la voie de la manipulation irrépressible de leurs peuples. De même, l'on ne se débarrassera pas des collusions mafieuses qui obèrent l'idéal émancipateur des peuples d'Afrique en remuant le spectre de la prescience occidentale sur nos destinées, et faisant le jeu malsain de la perpétuation propagandiste de la lutte anti-impérialiste comme prétexte des démissions institutionnelles et des incompétences politiques.

Henri Georges Minyem
Chercheur à l'EHESS
Enseignant en écoles d'ingénieurs

       
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