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Emmanuel Dubourg : Premier parlementaire québécois d’origine haïtienne au XXIème siècle
28/04/2008
 

Emmanuel Dubourg est né en Haïti, plus précisément à Saint-Marc et installé au Québec depuis 1974 avec sa famille. Depuis le 15 février 2007, il s’est lancé en politique. Monsieur Dubourg fait partie des 125 députés de l’Assemblée nationale du Québec depuis le 26 mars 2007. Il occupe également la fonction d’adjoint parlementaire au ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale ainsi que le rôle de vice-président de la Commission de la culture. Il fait part de son expérience et de son parcours professionnel dans cette entrevue qui a eu lieu le 15 février dernier
 
Par Patricia Turnier
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Emmanuel Dubourg  
Emmanuel Dubourg
© www.diplomes.uqam.ca
 

Comment vivez-vous le fait d’être le deuxième québécois député d’origine haïtienne à avoir été élu à l’Assemblée nationale?

Le premier député haïtien a été élu il y a plus de trente ans. Aujourd’hui, le contexte est tout à fait différent. Je me perçois comme un Québécois d’origine haïtienne [1] à l’Assemblée nationale du Québec. Je représente les citoyens de Viau où j’ai été élu. Je fais tout en mon pouvoir pour répondre à leurs besoins.

Vous avez mentionné à quelques reprises dans les médias que la politique vous a choisi plutôt que l’inverse. Certaines personnalités disent n’avoir jamais fait un plan de carrière. Que pensez-vous de cela?

Je crois qu’à tout moment le soleil peut briller pour chacun d’entre nous. Il est vrai que la politique m’a choisi. J’en suis heureux et très fier. Il s’agit d’un travail exigeant mais j’évolue très bien dans ce milieu. Vous avez aussi parlé de plan de carrière. En ce qui me concerne, je n’en ai jamais tracé. Surtout pas dans le domaine de la politique.

Mais il arrive parfois que la somme de nos actions et de nos engagements personnels nous amènent vers des chemins insoupçonnés au départ. L’un de ces chemins fut pour moi la politique. En ce sens, je me suis dit : « pourquoi ne pas faire le saut en politique? » J’y suis donc maintenant. L’important pour moi est de bien représenter les citoyens de mon comté. Les besoins sont là et il faut veiller à améliorer la situation de tous.


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Avez-vous eu la chance de profiter d’un mentor durant votre parcours professionnel, ou d’être inspiré par une personne en particulier ?

Je n’ai jamais eu de mentor exclusif pour m’encadrer tout au long de ma carrière, toutefois, j’ai reçu plusieurs appuis. Autant à l’université qu’au sein de la Fonction publique fédérale, où j’ai œuvré pendant environ 20 ans, j’ai pu profiter de la confiance et de la disponibilité de ceux qui m’entouraient. Je pense entre autres à monsieur Madan Kehar, d’origine indienne, qui fut mon patron pendant plus de dix ans. Il m’a énormément épaulé, il m’a fait confiance. Nous sommes restés de très bons amis.

Dans le domaine politique, je pense à monsieur William (Bill) Cusano, qui fut le député du comté de Viau avant moi pendant 26 ans. Il connaît bien le terrain, il est encore un militant actif et je peux compter sur ses conseils et son expérience si nécessaire. En outre, je suis très bien entouré dans mon bureau de comté. Les gens de mon équipe veillent à assurer le bon fonctionnement du bureau pour m’aider à offrir les meilleurs services à la population. J’ajoute qu’au sein du parti libéral, mes collègues m’ont dès le départ appuyé, accompagné et expliqué le fonctionnement des choses.

Qu’est-ce qui vous a amené à sortir des sentiers battus en décidant d’acquérir une expérience professionnelle en Afrique (plus particulièrement au Mali) et qu’est-ce qui vous a charmé dans ce continent?

J’étais à la Fonction publique fédérale depuis environ 15 ans et je voulais relever de nouveaux défis. En l’an 2000, j’ai quitté Montréal pour aller en mission au Mali, après l’obtention de mon MBA. Je suis parti pour une mission de trois mois où j’ai pu enseigner. Satisfaits, les Maliens m’ont demandé de revenir. J’y suis retourné pour une durée d’environ un an et demi. Au total, j’ai passé deux ans au Mali dans le cadre d’une réforme de l’administration fiscale. C’est un pays très accueillant. D’ailleurs, les Maliens disent qu’on ne va pas chez eux une seule fois, parce qu’on revient (rires) toujours. Ce fut mon cas car j’y suis allé trois fois.

Mon expérience au Mali a contribué à mon avancement professionnel et a changé ma vie
Emmanuel Dubourg


Alors que j’y étais pour enseigner des techniques de vérification fiscale, j’ai appris davantage sur les mœurs, les traditions (par exemple, la Tabaski - fête africaine), la langue (le bambara) et les coutumes. Ce fut vraiment un très beau séjour et je garde encore des rapports harmonieux avec mes anciens collègues, lorsqu’ils viennent à Montréal. La décoration chez moi est composée presque exclusivement d’oeuvres artisanales maliennes! Je dois ajouter que cette expérience m’a amené à faire le point sur ma carrière. En revenant du Mali, je suis retourné à Revenu Canada, puis j’ai commencé à m’impliquer davantage socialement et à diversifier mes activités professionnelles. C’est ainsi que j’ai commencé l’enseignement à l’UQAM [2].


Bien que vous l’ayez déjà abordé précédemment, pouvez-vous nous parler plus en détails de votre expérience professionnelle au Mali et qu’en avez-vous retiré?

Au Mali, j’ai rencontré des dirigeants et des vérificateurs qu’on appelle là-bas des inspecteurs afin de connaître leurs besoins. Ce n’était pas mon intention d’imposer le système fiscal pratiqué par Revenu Canada au Mali. Il fallait instaurer un système correspondant à la réalité des Maliens. Durant les trois premiers mois, mon travail consistait à rencontrer les citoyens et discuter avec eux, comprendre le fonctionnement de l’économie malienne, en particulier les institutions bancaires. Par exemple, la relation "comptable" existant entre les entreprises et les banques au Canada est complètement différente de celle du Mali. Par ailleurs, le système postal fonctionne autrement là-bas. Il me fallait tenir compte de toutes ces différences.

J’ai ensuite préparé un guide de vérification fiscale qui reflétait ces réalités maliennes. J’ai aussi enseigné aux inspecteurs et aux gestionnaires du Mali de nouvelles techniques de vérification fiscale tout en travaillant sur plusieurs autres mandats qui touchaient la structure organisationnelle. Nous avons transformé la direction nationale des impôts du Mali (DNI) en direction générale des impôts (DGI). Tout cela s’est fait dans le but de mieux harmoniser les ressources existantes avec la mission de l’organisation.

Pouvez-vous nous faire part maintenant de votre expérience professionnelle au Québec et partager avec nous en quoi votre pratique professionnelle en Afrique a donné une valeur ajoutée à la poursuite de votre carrière dans notre province?

J’ai étudié en Sciences Comptables à l’UQAM pour devenir comptable agréé. J’ai dû écrire l’examen de l’Ordre des comptables agréés à deux reprises. La première fois, il me manquait 2% pour atteindre la note de passage. J’ai modifié ma méthode de travail, et me suis même consacré à l’obtention de deux autres titres professionnels : CGA et CMA, avant de reprendre les examens de l’Ordre des CA [3]. Doté d’une meilleure approche et technique, je l’ai réussi.

Grâce à mes excellentes relations avec des collègues de l’UQAM (relations établies via l’Association des stagiaires comptables agréés), j’ai pu décrocher un stage dans l’un des cabinets d’expertise comptable les plus réputés au monde : Coopers et Lybrand, durant deux années consécutives.

Par la suite, j’ai été engagé à Revenu Canada. Tout en travaillant, j’enseignais au CEGEP [4] Montmorency à Laval. Puis, à mon rythme, j’ai complété un MBA.

Quinze ans plus tard je me suis retrouvé au Mali tel que je l’ai expliqué. Cette expérience a réellement contribué à mon avancement professionnel et a changé ma vie.

 
© journaldestmichel.com  

En tant qu’adjoint parlementaire au ministre de l’emploi et de la solidarité sociale, quelles sont vos priorités et les pistes de solution en matière de pauvreté que vous envisagez pour votre comté?

À titre d’adjoint parlementaire, mon travail consiste d’abord à appuyer le ministre Sam Hamad, responsable du portefeuille de l’emploi et de la solidarité sociale. Il s’agit de trouver des solutions pour faciliter l’intégration et le maintien en emploi des personnes issues de l’immigration dans la grande région de Montréal. Nous savons que 90% des gens qui immigrent au Québec choisissent Montréal, Laval, ou la Montérégie. Nous visons donc la région métropolitaine de recensement de Montréal.

Actuellement, le taux de chômage est d’environ 7% (en février 2008 nous sommes passés à 6.8%). Il existe des entreprises qui cherchent à combler leurs besoins de main-d’œuvre alors que le taux de chômage des immigrants est beaucoup plus élevé comparativement à la population générale. On parle de trois et même quatre fois plus élevé que le taux mentionné précédemment. Notre tâche consiste donc à rencontrer les organismes qui aident les immigrants à trouver un emploi et à s’intégrer au marché du travail.

Dans un premier temps, nous essayons de trouver les obstacles rencontrés par les immigrants dans leur intégration ici et dans leur recherche d’emploi. Dans un deuxième temps, nous prenons connaissance des difficultés rencontrées par les organismes venant en aide aux immigrants. Dans notre mandat, nous voyons les gens des milieux associatifs, communautaires, éducatifs, syndiqués, gouvernementaux. Nous nous demandons s’il faut penser à une régionalisation. Nous examinons dans quelle mesure la langue pose un problème aux immigrants.


D’ici le mois d’avril, je rédigerai un rapport. Mon collègue, le député du comté de Robert-Baldwin, Pierre Marsan (adjoint parlementaire de la ministre Yolande James [5] remplissent ce mandat avec moi. Les deux ministères (Immigration et Communautés culturelles, Emploi et Solidarité sociale) se sont donc mis ensemble pour trouver des réponses à cette problématique. Il existe un continuum de services entre les deux ministères puisque l’immigration commence au pays d’origine de l’immigrant jusqu’à la société d’accueil, c’est-à-dire le Québec. Ensuite, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale aide l’immigrant à se trouver un emploi.

Est-ce que vous travaillez également avec les corporations professionnelles afin de voir comment on peut faciliter la reconnaissance des acquis professionnels et des diplômes?

Oui, nous le faisons. La reconnaissance des diplômes et des acquis professionnels représente une priorité pour la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles. Il s’agit également d’une priorité pour le gouvernement. D’ailleurs, la semaine dernière le Premier ministre du Québec Jean Charest a annoncé un investissement de 5 millions $ pour aider les ordres professionnels à faciliter l’intégration et la reconnaissance des diplômes des immigrants. Il s’agit d’un travail continuel. L’ordre professionnel des ingénieurs est très avancé dans ce domaine. Les immigrants pourront s’informer des qualifications requises au Québec et formuler les demandes de reconnaissance à travers les sites internet de leur pays d’origine.

Dans notre mandat, nous allons rencontrer les représentants des ordres professionnels pour en discuter car l’intégration des immigrants constitue un défi de société. Le gouvernement prend des actions mais cela ne peut se faire de façon unilatérale. Les entreprises privées, les organismes communautaires, la société en général doivent tous s’y mettre de façon à faciliter cette intégration. La diversité constitue une richesse. Le Québec a des besoins de main-d’œuvre énormes et l’immigration est l’une des manières d’y répondre. On prévoit qu’en 2011 il y aura 700 000 départs à la retraite. On pronostique que 450 000 personnes seront prêtes à combler ces 700 000 postes. Il existe donc un écart de 450 000 à 700 000 pour 2011. On doit prendre des mesures pour combler la pénurie qui risque de survenir. Une des premières mesures a consisté à hausser le seuil d’immigration pour les prochaines années. En même temps, nous observons l’évolution des groupes sous-représentés sur le marché du travail. Tout à l’heure, j’ai parlé des immigrants vivant des difficultés d’intégration mais il existe également d’autres groupes…

Il y a les handicapés….

Oui, effectivement. Avec le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), nous avons fait une consultation et un plan existe pour les personnes handicapées. Il y a aussi des gens qui sont bénéficiaires de l’aide sociale et aptes au travail. Il faut donc aider ces personnes et tous les groupes sous-représentés sur le marché du travail. Concernant les jeunes âgés de moins de 25 ans (bénéficiaires de la sécurité du revenu), nous avons mis sur pied un programme intitulé Découvrir. Il importe d’aider tous ces groupes sous-représentés sur le marché du travail à trouver un emploi de façon à combler cet écart. Nous allons voir également à ce que les personnes qui décident de prendre une retraite progressive continuent à travailler car ces gens sont en bonne santé.


Elles peuvent transmettre leurs connaissances…

Oui, c’est cela. Ces gens peuvent le faire sans être pénalisés. Nous prenons des mesures visant une bonne qualité de vie des Québécois et Québécoises.


Pouvez-vous nous décrire en quelques mots le programme Découvrir?

Il s’agit d’un programme où l’on facilite les jeunes de moins de 25 ans à faire des stages en entreprises. Bien souvent, on déplore le manque d’expérience des postulants. Le ministre Sam Hamad a fait des annonces hier concernant des sommes qui seront injectées pour augmenter les chances d’une première embauche.

Nous avons un éventail de programmes facilitant l’insertion des jeunes et des gens issus de l’immigration, sur le marché du travail. Nous pensons que ces programmes ne sont pas assez connus. Par exemple, le programme PRIIME [6] (programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi), de Québec Pluriel [7], de mentorat. Il faudrait faire plus de publicité pour encourager les gens à utiliser ces programmes. Ces derniers sont taillés sur mesure et aident les individus à trouver un emploi. J’ajouterai que j’ai eu l’opportunité de rencontrer des organismes communautaires et je suis impressionné par leur travail. Il était fort intéressant de voir les moyens utilisés pour aider les gens issus de l’immigration et toutes les personnes à chercher un emploi. On les prépare à passer des entrevues, à présenter des CV, etc. On les forme et on les accompagne. Les personnes qui ont trouvé un emploi reviennent dans ces organismes communautaires pour aider et partager leurs expériences bénévolement. Cela se fait partout au pays. On retrouve également des tables de concertation. Bref, les organismes communautaires sont très bien structurés.

Vous avez parlé du programme PRIIME précédemment. Pensez-vous qu’il soit possible de mettre sur pied d’autres mesures incitatives visant la reconnaissance des entreprises prônant et favorisant la diversité parmi leurs effectifs?

Oui, cela est possible. Dans le cadre de mon mandat avec les deux ministères que j’ai cités, on a mis sur pied ce qu’on appelle les Rencontres Dubourg. Par l’entremise de ces activités, nous serons en mesure de soumettre des pistes de solution. Comme je l’ai dit précédemment, nous rencontrons des organismes communautaires mais également des entreprises privées qui ont du succès dans la gestion de la diversité. Donc, nous verrons ce que ces sociétés ont mis de l’avant en ce qui a trait à la gestion de la diversité.

A ce propos, il a fallu ces dernières années tenir compte de différents critères : l’âge de la personne, l’expérience de l’individu, l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail. Il a donc fallu adapter la gestion de la diversité. Maintenant, nous devons prendre en considération le facteur de la diversité culturelle. Il existe des entreprises qui ont connu du succès en la matière. Dans cette perspective, nous les rencontrons pour en savoir davantage sur la façon dont elles s’y sont prises. On analyse ce qu’elles ont mis de l’avant. Suite à cela, nous trouverons des moyens pour informer d’autres entreprises sur les moyens de gérer la diversité culturelle. Nous n’avons pas encore fini nos consultations mais diverses solutions prennent forme.

 
 

Mais, est-ce que vous pensez à mettre des mesures incitatives pour …

Nous espérons que tout au long des consultations, les gens expriment leurs opinions sur ce qu’il advient de faire, sur ce qu’il faut corriger. Avons-nous besoin de mesures incitatives pour les entreprises? Il existe des sociétés qui nous disent : « Écoutez la subvention que vous nous donnez dans le cadre du programme PRIIME nous aide à appliquer la gestion de la diversité ». D’autres nous répondent : « On aimerait avoir un candidat qualifié pour faire le travail plutôt que de recevoir des subventions ». Nous évaluons l’ensemble des mesures pour savoir s’il en faut davantage pour les organismes communautaires.

Nous nous interrogeons aussi sur la nécessité de réviser notre système d’enseignement. Dans les CEGEP et les universités il importe de savoir si un enseignant qui immigre au Québec doit reprendre toutes ses études ou si une formation d’appoint suffit. Par ailleurs, il serait souhaitable de préparer et de sensibiliser les futurs gestionnaires à la diversité.

En quelques mots, quels sont les autres dossiers prioritaires à mener?

J’ai des thèmes prioritaires que je promeus dans mon comté depuis mon élection. La lutte contre l’insécurité. Récemment, j’ai organisé un sommet sur les gangs de rue en collaboration avec les organismes communautaires du comté (« Travaillons en gang »). La création d’emplois, la lutte contre la pauvreté, la lutte contre les grossesses précoces sont d’autres thèmes que j’entends développer pour y trouver des solutions concrètes. Les mandats que je viens d’exposer avec le MESS rejoignent ces priorités.

Pouvez-vous nous parler des missions faites en Haïti depuis que vous êtes devenu député? Qu’avez-vous ressenti lorsque vous êtes retourné dans votre pays d’origine en tant que parlementaire québécois?

J’ai effectué la première mission avec la Banque mondiale. L’objectif consistait à me rendre sur place pour évaluer les projets de la Banque mondiale en Haïti. Il existe un certain nombre de projets de cette institution dans ce pays. Nous étions 13 parlementaires provenant de divers pays. Pour la deuxième mission, nous sommes allés en Haïti pour nous assurer qu’Haïti fasse partie de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. C’est maintenant le cas. Nous attendons nos collègues parlementaires cet été dans le cadre du 400e du Québec. Nous allons nous réunir pour une grande fête de la Francophonie.

Concernant mon retour en Haïti en tant que parlementaire, les missions furent pour moi très intéressantes et très touchantes. J’ai eu l’occasion de rencontrer les dirigeants haïtiens, notamment le Président de la République René Préval, le Premier Ministre Jacques Édouard Alexis, les collègues du Sénat et de la chambre des députés. J’ai pu ensuite me rendre à Saint-Marc, ma ville natale où l’on m’a accueilli de façon extraordinaire. Je suis également allé sur la tombe de mes parents. A l’hôtel de ville, on m’a remis le drapeau de Saint-Marc que vous voyez ici avec tous les honneurs. Ce fut vraiment un passage mémorable.


Sur un autre volet, je rencontre beaucoup de Québécois qui souhaitent voir une amélioration en Haïti et qui veulent y investir des fonds. Et dans le même temps, il y a en Haïti des chambres de commerce qui ne demandent qu’à favoriser les investissements au pays. Je dois donc m’assurer d’encourager ces liens pour établir des partenariats entre Haïti et le Québec. J’aimerais mentionner que la fin de semaine dernière la ministre des Relations internationales (et Ministre responsable de la Francophonie) madame Monique Gagnon Tremblay se trouvait en Haïti pour observer l’avancement d’un projet. Il s’agit d’un programme intitulé PAGE (Programme d’appui à la gouverne en Haïti) dont le but est de renforcer les capacités des hautes instances gouvernementales et de transférer une expertise durable au sein de l’Administration publique haïtienne.

Je dirais aux jeunes de ne pas s'attendre à ce que les bienfaits arrivent sans effort
Emmanuel Dubourg


Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent s’orienter vers la politique?

L’engagement est très important. Je dirais aux jeunes de ne pas s’attendre à ce que les bienfaits arrivent sans effort. Il importe de se faire valoir. Mon message aux jeunes a toujours été le même : viser l’excellence tant au niveau académique que dans les autres sphères de leur vie. Adopter un comportement exemplaire. Exceller pour moi signifie de se surpasser à chaque fois que l’occasion se présente. Donner le meilleur de soi-même en classe, essayer de surprendre ses professeurs académiquement, développer un réseau et l’entretenir. Les condisciples de classe au CEGEP et à l’université seront vos futurs collègues sur le marché du travail. Il faut donc sortir, s’impliquer, faire du bénévolat.

J’ai fait du théâtre, de la danse folklorique haïtienne, j’ai enseigné, etc. Il importe d’évaluer nos forces et de bâtir là-dessus. Par ailleurs, le plaisir est important, certes, mais toujours avec modération. Évitez de poser des gestes irréversibles. A un moment donné, les gens font appel à nous. Notre profil devient alors très important. L’excellence d’après moi, est accessible à tout être humain.

Concernant plus spécifiquement la politique, quelles sont les qualités requises?

Cela prend beaucoup d’entregent. Il faut être prêt à écouter et à venir en aide aux gens. Il est important d’avoir de l’empathie, de la patience et savoir faire preuve de compréhension. On doit être en mesure de saisir les frustrations par exemple et de trouver des solutions concrètes. Il importe de ne pas créer de fausses attentes. Il faut être direct et aller droit au but.

Merci monsieur Dubourg pour votre temps et pour le partage de votre expérience

Notes

(1) Jean Alfred fut le premier député québécois d’origine haïtienne élu à l’Assemblée nationale en 1976. Il était un député péquiste pour Papineau. Il détient une licence en philosophie, une maîtrise en psychopédagogie et un doctorat en éducation.

(2) Université du Québec à Montréal

(3) Au Québec, il existe trois corporations professionnelles comptables : les CGA, les CMA et celui de l’ordre des comptables agréés (CA)

(4) Un collège d’enseignement général ou professionnel ou CGEP est un établissement d’enseignement collégial québécois où l’on offre une formation technique et pré-universitaire

(5) Avocate de formation, la jeune femme Me James (née de parents Saint-Luciens) est devenue la première femme et la première députée issue de la communauté noire anglophone du Québec à avoir été élue à l’Assemblée nationale. Elle est également la 1ère femme noire membre du conseil des ministres au Québec.

(6) PRIIME représente une mesure incitative ayant pour but de soutenir les petites et les moyennes entreprises (PME). Ce programme a été élaboré conjointement par le Ministère de l’immigration et des communautés culturelles ainsi que le Ministère de l’emploi et de la solidarité sociale. Il permet aux PME de combler leurs besoins en main-d’œuvre en embauchant les personnes visées par le PRIIME tout en les maintenant en emploi. PRIIME a quatre volets : 1) acquisition d’expérience en milieu de travail, 2) accompagnement, 3) adaptation des outils et des pratiques de gestion des ressources humaines, 4) adaptation des compétences au contexte nord-américain.

(7) Programme visant à aider les jeunes québécois issus des communautés culturelles et des minorités visibles à s’insérer sur le marché du travail


Contacter l'auteur : pturnier@hotmail.com

       
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