Dimanche 8 juin avaient lieu les élections destinées à renouveler les instances représentatives du Conseil français du culte musulman (CFCM), jusque-là paralysé par les luttes intestines de pouvoir et les querelles entre ses composantes. Dalil Boubakeur, le président à la tête de l'institution et recteur de la mosquée de Paris, a retiré sa candidature, laissant ainsi vacante la place qu'il occupait depuis sa création en 2003. Le Rassemblement des musulmans de France (RMF), soutenu par le Maroc, a remporté les élections, qui ont été boycottées par la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP), soutenue par l'Algérie.
La nouvelle composition du CFCM est donc la suivante : le RMF a remporté 20 sièges sur les 41 que compte le conseil d'administration. L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, compte désormais 13 représentants. La Coordination des musulmans turcs de France a remporté 4 sièges, 3 revenant à des listes indépendantes et un à la Fédération nationale des musulmans de France.
Ces résultats mettent le RMF, soutenu activement par Rabat pendant la campagne électorale, en position favorable pour remporter le poste de président du CFCM. En effet, le processus ne s'achèvera véritablement que le 22 juin, et Mohammed Moussaoui, actuel vice-président du RMF, est pressenti pour la fonction. M. Moussaoui est professeur de mathématiques à Avignon, en cours de naturalisation. Ce Marocain de 44 ans adhère à un islam consensuel, respectueux « des textes fondateurs et contextualisés ».
Selon plusieurs dirigeants musulmans, une nouvelle direction devrait permettre au CFCM de s'attaquer à certaines difficultés rencontrées par la deuxième religion de France, qui compte cinq millions de fidèles : la formation des imams, la construction de nouvelles mosquées et l'organisation des pèlerinages à La Mecque, par exemple.
« C'est un nouveau départ », a déclaré Haydar Demiryurek, secrétaire général du CFCM et responsable du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF). « Les résultats confirment notre majorité. Mais nous ne serons pas hégémoniques au CFCM », a indiqué de son côté Mohammed Moussaoui, prudent. En effet, il devra nouer des alliances pour obtenir la majorité. S'il est effectivement désigné président, il entend bien recentrer l'organe, « sur les questions concrètes du culte : en priorité, la formation des imams », dont beaucoup ne parlent toujours pas français. Si le Maroc a intégré des modules spécifiquement français dans ses études religieuses afin d'envoyer des leaders plus préparés, ce n'est qu'une « solution transitoire », selon Mohammed Moussaoui, qui préconise de créer « un institut français ».
Pour financer les mosquées et la formation des imams, une Fondation des œuvres de l'islam a été créée, mais elle est restée en sommeil. Maintenant, le ministère de l'Intérieur se dit prêt à réunir les ambassadeurs pour collecter des fonds. |