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Makhily Gassama : "nous devons défendre la dignité de l'Afrique quand elle est menacée"
25/02/2008
 

Coordonnateur d’un ouvrage intitulé « L’Afrique répond à Sarkozy » paru le 21 février 2008, Makhily Gassama explique les raisons qui ont conduit à la mise sur pied de cet ouvrage
 
Par Le Témoin
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Spécialiste de la littérature africaine, critique littéraire réputé, Makhily Gassama a également été le premier animateur d’une émission télévisuelle littéraire au Sénégal, "Regards" dont le journaliste Sada Kane a hérité par la suite. Ancien ministre de la Culture sous le magistère du président Abdou Diouf, Makhily Gassama est auteur de plusieurs publications littéraires.

Fonctionnaire de l’Unesco à la retraite, cet excellent spécialiste de la littérature africaine ne s’est pas pour autant détaché de ses amours littéraires. Entre deux avions, il continue toujours de cogiter sur les questions brûlantes qui agitent le continent. Il est le coordonnateur d’un ouvrage intitulé "L’Afrique répond à Sarkozy" paru le 21 février 2008.

Un ouvrage de 480 pages qui accueille la fine fleur des intellectuels africains dont les sénégalais Souleymane Bachir Diagne (philosophe), Dialo Diop (homme politique), les universitaires Babacar Diop Buuba et Adama Sow Dièye, l’économiste El Hadj Ibrahima Sall, le journaliste-écrivain Boubacar Boris Diop et la veuve du savant Cheikh Anta Diop, Mme Louise Marie Maes Diop, etc. L’ancien Ministre est revenu pour "Le Témoin", sur les raisons d’un tel ouvrage et se prononce sur la littérature du pays.

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Le Témoin: Monsieur Gassama, vous êtes le coordonnateur de l’ouvrage intitulé "L’Afrique répond à Sarkozy". Comment est née l’idée d’écrire un tel livre ?

Makhily Gassama: C’est en écoutant le président français. J’avoue que je l’ai écouté avec plus d’attention que je n’ai l’habitude d’écouter un homme politique. Pourquoi? La notion de "rupture", dans la politique française en Afrique, m’intéressait et continuera de m’intéresser. L’arrivée des socialistes français au pouvoir avait suscité dans ma génération un grand espoir: nous étions sûrs qu’elle provoquerait inévitablement une rupture dans nos relations avec la France.

Nous avions cru que c’était enfin la fin de la Françafrique, qui a commis tant de crimes tant au plan politique qu’au plan économique; que c’était la fin de l’irresponsabilité de nos politiques, de l’agenouillement, du larbinisme, terme cher à Aimé Césaire pour qualifier ce fâcheux complexe de dépendance, si développé chez nos gouvernants; nous pensions que c’était la fin du pacte colonial, de la politique de la mendicité, de l’assistanat, de l’humiliation du continent; nous pensions qu’une fois la rupture consommée, nous traiterions enfin avec la France d’égal à égal...

L’arrivée de Jean-Pierre Cot au pouvoir, dès 1981, en qualité de ministre délégué chargé de la coopération et du développement et l’action qu’il avait entamée, dès son entrée en fonctions, avaient achevé de me convaincre qu’une grande rupture allait se produire dans la politique française de la France. On pensait à un séisme. C’est vraiment minimiser la force de frappe de la Françafrique. Vigilante et prompte à l’action, monstre sans état d’âme, elle réussit à écarter Jean-Pierre Cot du pouvoir en moins d’une année.

L’action initiée par cet homme, amoureux de l’Afrique, de la vraie Afrique, non pas l’Afrique des tortionnaires et des prédateurs, était pleine de promesses. Quelle déception! Les socialistes ont reconduit la Françafrique en la maquillant. Vous comprenez pourquoi j’ai attentivement écouté Nicolas Sarkozy dont j’admirais le volontarisme en politique. Je croyais en lui. Cet ouvrage est une réaction à son discours attendu, son discours dit "fondateur". Mais la réflexion, ici, sur le présent et l’avenir de l’Afrique, a nettement dépassé le discours "circonstancié" du président français.


Et pourquoi justement une réponse à Sarkozy ?

Le journaliste Stephen Smith a écrit un ouvrage ridicule plein de contresens, un ouvrage plein de calomnies et d’insultes, un ouvrage "petit". Des amis m’avaient invité à les rejoindre dans leurs réactions contre cet ouvrage. Je m’en étais abstenu. Pour moi, Stephen Smith avait des comptes personnels, voire "intimes", à régler avec l’Afrique subsharienne; en même temps je me réjouissais du fait de l’entendre dénoncer la dictature sous ses diverses formes, de la plus violente physiquement à la plus sournoise, la plus vicieuse:

que de brillantes carrières sournoisement brisées, que de grands commis de l’Etat humiliés, injustement exposés à la vindicte populaire par des chefs d’Etat parfois considérés comme les plus grands sages de l’Afrique, réputation qu’ils ne doivent pas à leurs compatriotes, mais à la France! Par contre, pratiquement aucune réaction sérieuse contre la Françafrique dans "Négrologie, pourquoi l’Afrique meurt" de Smith; si elle existe, elle est aussitôt noyée dans des considérations qui l’acquittent de ses cruautés.

Reconnaissons que ses cibles sont claires, elles sont sans ambiguïté au contraire des cibles floues contenues dans le discours de Dakar. Quoi qu’il en soit Sarkozy n’est pas Smith. C’est un chef d’Etat d’une puissance de notre monde; d’un pays respecté pour ses valeurs culturelles; c’est aussi - paradoxalement - un pays parmi les plus dominateurs de la Terre, qui nous a colonisés et vient de nous libérer. Quand cet homme parle, c’est la France qui parle et quand la France parle, le monde entier l’écoute, même dans l’adversité. Son discours aura une place non négligeable dans les archives de la décolonisation: notre ouvrage l’y accompagnera pour une meilleure information des générations présentes et futures.

Vous vous êtes partagé les rôles ?

Il n’y a pas de rôles à se partager. Nous ne sommes pas en dictature pour imposer tel ou tel rôle à tel ou tel auteur de ce livre. Et j’ai horreur des tendances pseudo-scientifiques dont nous nous targuons en toutes occasions. Les intellectuels auxquels j’ai fait appel ont, chacun, une forte personnalité quel que soit l’âge. Mon but et ma curiosité étaient de savoir ce que chacun d’eux pensaient du discours de Sarkozy. Ils étaient libres de choisir un thème, un groupe de thèmes, ou la totalité du texte du discours.

 
 

J’avais la conviction que certains thèmes reviendraient très souvent, mais eu égard à la forte personnalité de chacun d’eux, à leur formation, à leur itinéraire, j’avais aussi la conviction que ces thèmes ne seraient jamais traités sous la même forme, sous le même angle, dans le même style.

C’était effectivement ce qui a fini par se passer et c’est passionnant d’entendre ces intellectuels développer le même thème sans s’être écoutés auparavant. J’étais seul à être en complicité avec chacun presque quotidiennement. Certains me disaient: "J’ai hâte de lire ce que les autres ont écrit!" Je ne lâchais pas mot, sinon "C’est excellent ce qu’ils ont écrit".

Qu’est-ce à dire? J’ai misé davantage sur la personnalité, la richesse de pensée des auteurs de ce livre que sur l’observation des règles fumeuses pseudo-scientifiques. Cela est si vrai que j’ai présenté les textes, dans l’ouvrage, sans la moindre crainte, par ordre alphabétique des noms des auteurs, à l’exclusion du mien que j’ai rédigé en guise de prolégomènes et qui se trouve à l’entrée de l’ouvrage. Si l’âge ne pesait pas sur les activités actuelles d’Aimé Césaire, il eût certainement rédigé la préface à cet ouvrage.

Des intellectuels de sensibilités diverses ont participé à la rédaction de ce livre. Chacun d’entre eux s’est-il focalisé sur sa spécialité pour répondre au président français ?


Le groupe est pluridisciplinaire. Il y a des philosophes, des historiens, des écrivains, des littéraires, des linguistes, des économistes, des financiers, un éminent égyptologue, un avocat et professeur d’université, un médecin biologiste. Ce qui m’amusait en lisant les textes, c’est que chaque auteur est allé bien au-delà de sa discipline en faisant appel à d’autres disciplines et chaque auteur est allé aussi bien au-delà du discours du nouveau chef de l’Etat français; il est intéressant de noter que leur principal souci, c’est tout d’abord le devenir du continent face surtout à l’Europe.

On a parfois répondu, comme vous le dites, point par point, avec un talent pédagogique saisissant, comme Mme Marie-Louise Maes Diop l’a fait, veuve de l’illustre savant sénégalais, Cheikh Anta Diop. Ce cas est rare. Je profite de l’occasion pour saluer respectueusement cette présence dans notre ouvrage, ainsi que celle de Mme Odile Tobner-Biyidi Odile, distinguée compagne de feu Mongo Béti, un de nos grands romanciers.

Quel est le point fédérateur de ce livre ?

Lutter contre tout complexe de dépendance. Défendre la dignité de l’Afrique quand elle est publiquement menacée. Lutter contre la falsification de l’histoire de l’humanité, l’histoire des hommes, au profit de la seule Europe. Compter sur nous-mêmes d’abord sans renoncer à la coopération avec les nations du monde, mais coopération enfin menée dans l’égalité des parties, dans le respect mutuel, dans la dignité.


Peut-on savoir sur quels arguments vous vous êtes appuyés pour répondre à Sarkozy ?

Chaque auteur s’est appuyé sur des arguments que vous trouverez certainement sans reproches en lisant ce livre de 480 pages, ce qui ne serait pas trop pour répondre à un seul mot déplacé d’un chef d’Etat d’un pays aussi respecté que la France.

Quels sont les critères qui ont prévalu pour le choix des rédacteurs de cet ouvrage?

Leurs compétences. Leur sérieux. Leur intégrité morale. Leur dévouement à l’Afrique. Leur humilité dans le savoir. J’en connais beaucoup de leur envergure sur toute l’étendue du continent; mais nos intellectuels sont souvent mobiles et il n’est pas toujours facile de reprendre contact avec eux.

Vous êtes-vous auto-financé pour éditer cet ouvrage?

Il n’y a pas eu d’auto-financement. Les frais que j’ai engagés dans le traitement de ce projet me reviennent personnellement; les frais que j’effectue et effectuerai dans mes déplacements pour la France pour rencontrer l’éditeur sont en ma charge. Les frais de séjour également. Pensez-vous que le jeu n’en vaut pas la chandelle?

L’ouvrage n’est pas édité à compte d’auteur. Il est financé et commercialisé par l’éditeur. L’intégralité des droits d’auteur seront versés à la Bibliothèque de l’Université Cheikh Anta Diop; disposition entérinée par l’ensemble des auteurs avec enthousiasme.


Entretien réalisé par Alassane Seck Guèye

       
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