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Simple vol crapuleux ou plutôt acte commandité ? C’est la question qui revient lorsqu’on évoque le vol dont le celèbre journaliste d’investigation sénégalais, Abdou Latif Coulibaly, a été victime dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 octobre 2010. La personnalité de la victime fait pencher la balance en faveur de l’hypothèse d’un acte commandité. Le cambriolage du domicile d’une telle personnalité ne saurait passer aisément pour un fait divers, d’autant que ce journaliste d’investigation n’est pas à sa première mésaventure du genre.
Il a, en effet, déjà été victime d’un vol semblable par le passé. La nature des objets volés renforce cette thèse. L’ordinateur et les deux téléphones portables du journaliste ont été emportés de même que son véhicule. Ce dernier sera par la suite abandonné quelque part par ses visiteurs indésirables. Les cibles des cambrioleurs ont ainsi été les outils de travail du journaliste. L’ordinateur emporté contenant, entre autres, le texte du prochain ouvrage du journaliste sur les droits de l’homme au Sénégal qu’il venait de finir, le régime Wade pourrait être considéré comme le suspect n°1 dans cette affaire.
En effet, nul n’ignore que ce régime est très décrié sur la question du respect des droits de l’homme et ce, par beaucoup d’organisations de défense des droits humains. Il y a aussi les relations houleuses entre M. Coulibaly et le cercle présidentiel, en témoignent ses publications au vitriol sur le système Wade. De véritables brûlots !
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En effet, l’on a en mémoire, entre autres, son ouvrage paru en 2003 et intitulé "Wade, un opposant au pouvoir - L’alternance piégée ?". Après la publication de ce livre, il avait essuyé des menaces de mort face auxquelles il avait dû porter plainte en justice contre X. Récemment, il a été traîné devant les tribunaux par un conseiller du chef de l’Etat qui l’accuse de diffamation.
C’est dire donc que ce journaliste d’investigation est devenu le poil à gratter de Wade. Jusque-là, l’absence de réponse crédible, à même de démentir ses accusations contre des ténors du régime, prouve à dessein qu’il ne parle pas dans le vide.
Avec l’ouvrage qu’il venait de terminer, il est vraisemblable que c’est un autre document gênant pour le pouvoir qui se profilait à l’horizon. Dans ces conditions, on peut imaginer, connaissant leurs méthodes, que les dirigeants sénégalais fassent tout pour empêcher, ou au moins, retarder cette parution. Et ce, de façon directe ou indirecte. La Rencontre africaine des droits de l’homme (RADDHO) n’a pas hésité à parler d’"intimidation" et de "terreur" à ce sujet.
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En tout état de cause, les déboires passés du journaliste avec les autorités de son pays sont des précédents qui ne militent pas en faveur de l’innocence de ces dernières.
Si ce vol a été perpétré pour empêcher le journaliste de publier son ouvrage, cela signifie que ceux qui l’ont fait ont sans doute quelque chose à se reprocher. Seulement, ils auront, malgré eux bien entendu, par leur propension à ne pas tolérer d’autres sons de cloche, réussi à lui offrir une publicité gratuite
Journaliste d’investigation, Abdou Latif Coulibaly sait sûrement qu’on ne met pas tous ses oeufs dans le même panier". Il a, de ce fait, probablement mis à l’abri d’autres copie de son manuscrit. Sûr que cet ouvrage sera maintenant très attendu. Quant au pouvoir sénégalais, prendre toutes les dispositions pour mettre la main sur ces cambrioleurs ne lui serait pas de trop, s’il a, à coeur, de prouver son innocence.
Relwendé Auguste SAWADOGO
Le Pays
www.lefaso.net
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