1 - De la nécessité du contrat social

Du contrat social de Jean-Jacques Rousseau commence par ces mots:

« Je veux chercher si, dans l'ordre civil, il peut y avoir quelque règle d'administration légitime et sûre, en prenant les hommes tels qu'ils sont, et les lois telles qu'elles peuvent être. Je tâcherai d'allier toujours, dans cette recherche, ce que le droit permet avec ce que l'intérêt prescrit, afin que la justice et l'utilité ne se trouvent point divisées. »

Dans ce court préambule, je discerne tout le mal d'Afrique Occidentale. Il y a aujourd'hui, dans chaque Etat de cette région du monde, une inadéquation absolue entre ce que le droit permet et ce que l'intérêt prescrit dans le sens Roussolien du terme.

Il faut rebâtir le contrat social. C'est celui qui lie les citoyens entre eux et qui fonde leur leur vouloir vivre ensemble. Sans contrat social, point d'intérêt public, point d'économie politique administrée librement et correctement. Point de prospérité. Le contrat social est celui par lequel les citoyens, ou les sujets, ou les éléments de personne pour utiliser un vocable plus neutre, consentent par divers moyens à octroyer la souveraineté sur leurs intérêts mutuels et extérieurs, à un chef, autrement dit c'est le consentement au pouvoir de décider attribué à un agent. Ces moyens peuvent être autres que démocratiques au sens occidental et "moderne" du terme. Ceci est la base de tout gouvernement de groupe humain, moderne et intelligent.

Une courte parenthèse hors de mon propos, pour rappeler, comme je l'ai lu dans les colonnes du "monde" daté d'aujourd'hui qu'un ancien ministre de la France - Edgard Pisani - pointait les disfonctionnements de notre actuelle démocratie occidentale.

Chef! Chef! Chef!Il est probable que ce vocable soit parmi tant d'autres, celui qu'on entend le plus lorqu'on sillonne les rues de Douala, de Dakar ou d'Abidjan. Qu'est ce qu'un chef? le chef est celui qui dirige. Je me souviens qu'enfant, mon père me disait qu'on devait à l'autorité instituée une allégeance quasi infinie.

Je me souviens aussi de ma révolte lorsque j'apprîs que l'un de ces soi-disant "chef" abusait de son autorité: Mon voisin dans un quartier bien connu d'une presqu'île près de Douala était chef et indigne . Ce dernier, non content de la possession d'un harem bien constitué, lorgnait sur les adolescentes qui allaient se baigner dans la rivière commune. Celle-ci était divisée, naturellement, par deux enclaves cachées l'une de l'autre afin de séparer comme le veut la tradition, les sexes. Ce "petit chef" s'arrogeait le droit de se baigner avec les gamines dans celle qui était interdite à son genre. Il y a donc des bons chefs et des mauvais chefs ou petits chefs.

Si je ne considérais que la force et l'effet qui en dérive, je dirais: «Tant qu'un peuple est contraint d'obéir et qu'il obéit, il fait bien; sitôt qu'il peut secouer le joug, et qu'il le secoue, il fait encore mieux: car, recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou on ne l’était point à la lui ôter». Mais l'ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les autres. Cependant, ce droit ne vient point de la nature; il est donc fondé sur des conventions. Il s'agit de savoir quelles sont ces conventions. Avant d'en venir là, je dois établir ce que je viens d'avancer. J.J. Rousseau - du Contrat Social Chap 1.1

2 - Du devoir du chef

Le chef a des devoirs. Le plus éminent de ceux-ci est d'accorder et de favoriser les conditions de protection, au sens large du terme, des associés au contrat. Autrement dit, la raison d'être du Chef se trouve dans la nécessité. La collectivité étant incapable d'assurer par elle même sa survie, elle délègue par le moyen d'une mandature de pouvoir le soin à un organe de la protéger.

La faillite de ce devoir primordial est la matrice de tous les maux de nos Etats en Afrique de l'Ouest. Le chef qui abuse de son autrorité de protection en la subvertissant en un devoir de corruption mérite la mort, sociale. La mort sociale du chef est dans sa destitution.