Les afrodescendants se sont intégrés au système, assumant que leur condition était négative, et s’affirmèrent en tant que métisses. Mais l’influence des esclaves africains ne s’est pas uniquement établie sur la Costa Chica: un regard attentif sur les histoires des régions a démontré leur présence sur l’ensemble du territoire mexicain.

Les descendants des africains, dont on ne peut se tromper sur le phénotype se retrouvent concentrés sur la Costa Chica de Guerrero et Oaxaca (ouahaca), même s’ils n’apparaissent pas en tant que tel (afrodescendants) lors des recensements, sur les documents officiels, dans les livres de l’enseignement de base, et ne font pas non plus partie de la conscience collective. À la différence des indigènes (qui malgré la discrimination et le racisme dont ils souffrent existent et sont reconnus comme l’une des racines du fait mexicain), les descendants des africains qui sont arrivés, sont nés et se sont mélangés aux européens et aux américains sont invisibles. La seule exception se trouve à Oaxaca dont la législation considère les afro oaxaquains comme une ethnie.

Les afromexicains sont ignorés par le gouvernement et discriminés par la société. La population noire du Mexique et ses conditions "sont presque invisibles dans la conscience nationale", affirme l’états-unien Bobby Vaughn, de l’université Notre Dame de Namur, qui a travaillé sur un projet de recherche sur la population noire de la Costa Chica de Guerrero et des parties de Oaxaca .

"Nous vivons dans une société pigmentocratique", affirme pour sa part Sagrario Cruz-Carretero, anthropologue de l’Université de Veracruz qui s’est identifié comme étant partie d’une population noire, qui selon ses paroles doit faire face au "stigmate" (que représente le fait) d’être noire et des fois de ne même pas en être consciente.

Cruz-Carretero et Vaughn dénoncent une société dans laquelle la couleur de la peau marque les standards de succès et de beauté, dans laquelle, dans lesquelles les médias ne reflètent pas la composition raciale du pays, dans la société même discrimine les indigènes et les afromexicains, dans laquelle le gouvernement fait peu pour remédier aux situations de pauvreté et de marginalisation des deux groupes.

D’autre part, les descendants des africains emmenés au Mexique durant la colonie ne sont ni comptabilisés ni reconnus comme une population ayant sa culture et ses caractéristiques propres.

Vaughn fait remarquer pour sa part que de nombreux mexicains semblent ignorer le fait qu’il y a des personnes d’origine africaine dans le pays et les traitent très souvent comme s’ils étaient des " sans-papiers d’Amérique Centrale" et leur font subir des expériences "humiliantes".

Selon les données statistiques, moins de 2% de la population mexicaine auraient des origines africaines, même si Cruz-Carretero remarque qu’aucun recensement n’est précis. Cruz-Carretero indique qu’il y a certainement au Mexique une vaste législation contre la discrimination, mais elle souligne également qu’il y a une différence entre la loi et la réalité.

Mais malgré la ségrégation dont ils sont victimes et le fait que leur présence dans la culture mexicaine est occultée, de nombreux afrodescendants étalent fièrement leurs racines africaines et cherchent à obtenir que leurs contributions dans l’histoire du Mexique soit valorisés.

Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga

http://es.caoba.org/edicion2/mundo_actual/afromexico/article.htm