La différence la plus importante quant au phénomène d’identification est l’utilité que l’identité nationale a pour les personnes et les groupes sociaux, prévient Peter Guardino, docteur en histoire de l’Université de Chicago.




“Dans le monde moderne, presque tous les droits civils et sociaux sont basés sur la citoyenneté nationale. De fait, il s’agit là d’une des caractéristiques les plus importantes du libéralisme républicain moderne”, explique le spécialiste en étude de l’histoire de Guerrero au Mexique aux 18ème et 19ème siècles, avec une attention particulière portée sur les mouvements paysans, la formation de l’État et la culture politique.







Le chercheur évoque ses thèmes avant la conférence Los afromexicanos de la Costa Grande y el nacimiento de la nación Mexicana (Les afromexicains de la Costa Grande et la naissance de la nation Mexicaine) , qu’il donnera lui-même dans le cadre de la Chaire Ignacio Manuel Altamirano en anthropologie et d’histoire de Guerrero, le jeudi 28 juin prochain au Musée National des Cultures Populaires à 18 heures.




Lors de cette conférence, Guardino analysera les théories actuelles sur le nationaliste populaire parmi lesquelles ressort le rôle de l’État moderne dans la création d’une identité nationale capable de légitimer son pouvoir, et révisera les outils que celui-ci a utilisé dans pour cette légitimation telles que l’éducation, le culte des symboles patriotiques et les média de communication de masse.




La conférence traitera particulièrement de la citoyenneté et l’identité parmi les paysans afromexicains de la Costa Grande de Guerrero, au cours de la première moitié du 19ième siècle, auxquels on a fait adopté une identité de mexicains ou d’américains, en opposition à l’identité espagnole.




La nationalité mexicaine a plus ou moins été facilement adoptée par les habitants de Guerrero ayant des origines noires, car ils n’avaient pas de droits en tant que membres d’une communauté ni d’une ethnie, indique Guardino,




Ils manquaient par exemple de terres communales, car les personnes d’origine africaine n’avaient en général pas de droits en tant que citoyens.




Donc, le fait de s’adapter à une nouvelle identité sociale dans la république naissante, avec l’idée sous-jacente selon laquelle tous les mexicains étaient égaux se révélait plus profitable pour eux.







Bien que les chercheurs ne sachent pas encore de quelle manière s’est réalisé le métissage entre indigènes, noirs et espagnols de la région, ils peuvent affirmer que la création de l’état de Guerrero s’est basée sur une alliance politique et une idéologie particulière : le fédéralisme populaire.




Ce fait, indique-t-il, fut, jusqu’à un certain point, précurseur du libéralisme, mais fut surtout une manière de rendre les normes de la République adéquates à une société mexicaine fortement divisée par la classe et la race.







“L’idée principale fut de prendre très au sérieux l’égalitarisme et l’autonomie locale. Ce que l’on voit dans la formation de l’état de Guerrero est que cela s’est passé dans les districts ou le fédéralisme populaire avait une base sociale. Non pas que les gens se soient d’abord sentis citoyens de Guerrero, puis ont voulu former l’état pour exprimer leur identité régionale, ils pensaient simplement que posséder une certaine autonomie était nécessaire pour pouvoir accéder au système politique qu’ils souhaitaient”, affirme Guardino.




Et il fait noter que à Guerrero il n y avait pas une division régionale naturelle, toutes ses frontières sont très politiques et reflètent le balancement du pouvoir politique à un moment donné. Pour cette raison, les symboles patriotiques et la création de l’imaginaire mexicain ont été reçus à une vitesse surprenante dans ces zones de Guerrero, car, explique t-il, les luttes politiques n’étaient pas basées sur le fait de savoir s’ils voulaient être mexicains, , mais plutôt sur quel genre de Mexique ils voulaient avoir.




L’histoire des soulèvements armés dans la zone est prolifique, comme le démontrent les cas récents de Lucio Cabañas, Genaro Vázquez et puis les groupes guerrilleros comme l’EPR et le ERPI. Selon le chercheur, cela est surtout dû à la pauvreté extrême et à la marginalisation politique. On verra ainsi moins de soulèvements lorsque ces situations changeront. De fait, cette situation externe a peu à peu changé, mais le processus a été très lent. Finalement, malgré les différences individuelles, ce que les différents leaders et penseurs de Guerrero ont eu en commun est une forte attraction vers l’égalitarisme: “C’est une bannière qu’ils portaient tous.”




Le docteur Peter Guardino est actuellement directeur des études postgradués en histoire et professeur chercheur du Département d’Histoire de l’Université de l’Indiana aux Etats-Unis. Ci-dessus quelques unes de ses publications : Peasants, Politics, and the Formation of Mexico’s National State: Guerrero, 1800-1857 (Stanford University Press, 1996) et “The Time of Liberty”: Popular Political Culture in Oaxaca, 1750-1850 (Duke University Press, 2005).




Traduit de l’Espagnol par Guy everard Mbarga

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