Par Oscar Henrique Cardoso.

Une traduction de Guy Everard Mbarga

Chibata (fouet) et punition:

En 1908, pour accompagner la fin de la construction de navires de guerre commandés par le gouvernement brésilien, João Cândido se rend en Angleterre, où il prend connaissance d’un mouvement mené par les marins britanniques entre 1903 et 1906, qui revendiquaient de meilleures conditions de travail. Parmi les marins insatisfaits des bas salaires, de la mauvaise alimentation et, principalement, des châtiments corporels dégradants, le climat de tension monta.

L’usage du fouet comme punition dans l’Armée avait déjà été aboli par l’un des premiers actes du régime républicain. Cependant, le châtiment cruel continuait d’être appliqué dans les faits, selon le bon vouloir des officiers. Dans un contingent à majorité noir, des centaines de marins continuaient d’avoir leurs corps déchirés par le fouet, comme à l’époque de l’esclavage.

La Révolte: Les élections présidentielles de 1910 - bien que remportées par le Marechal Hermes da Fonseca le candidat situationniste - exprimèrent le mécontentement de la société par rapport au gouvernement en place. Le candidat de l’opposition, Rui Barbosa, réalisa une intense campagne électorale, suscitant l’espoir de changements. Le 16 novembre 1910, un jour après la prise de ses fonctions par le Marechal Hermes, le matelot Marcelino Rodrigues de Menezes fut puni de 250 coups de fouet, selon les journaux de l’époque, appliqués devant tout l’équipage du Navire de Guerre Minas Gerais.

Le 22 novembre 1910, João Cândido déclencha la Révolte dite de da Chibata, prenant le commandement du Navire Minas Gerais (capitaine de Marine), plaidant l’abolition des châtiments corporels dans la Marine de Guerre du Brésil , lorsqu’il fut surnommé à l’époque par la presse Almirante Negro (L’Amiral noir). Pendant quatre jours, les navires de guerre de São Paulo, Bahia, Minas Gerais et Deodoro pointèrent leurs canons sur la capitale Fédérale. Dans l’ultimatum adressé au Président Hermes da Fonseca, les marins déclaraient : "Nous, marins, citoyens brésiliens et républicains ne pouvons plus supporter l’esclavage dans la Marine brésilienne ".




Malgré le fait que la rébellion avait pris fin suite à l’engagement du gouvernement fédéral d’abolir l’usage de la chibata dans la Marine et d’accorder l’amnistie aux insurgés, João Cândido et les autres impliqués furent détenus.

Peu de temps après, l’éclosion d’un nouveau soulèvement des marins, cette fois dans le cantonnement de l’ ilha das Cobras, à Rio de Janeiro, fut réprimée par les autorités. Malgré le fait qu’il s’était déclaré opposé à un nouveau soulèvement des marins en décembre 1910, João Cândido fut exclu de la Marine, accusé d’avoir soutenu les rebelles. En Avril 1911, il sera détenu à l’Hôpital des Aliénés, à titre de dément et d’indigent. Il sera libéré en 1912, absous des accusations avec ses compagnons. Banni de la Marine, il allait subir d’importantes privations, une vie précaire, travaillant comme docker et déchargeant des poissons à la Praça XV, au centre de Rio de Janeiro.

Vie privée, persécution et mort:

Sa vie personnelle fut profondément marquée par le suicide de sa seconde épouse (1928). Accusé de subversion, il est de nouveau détenu en1930. En 1933, il adhère à l’Action Intégraliste Brésilienne, un mouvement nationaliste fondé en 1932 par l’écrivain Plínio Salgado, réussissant à devenir le leader du foyer intégraliste de Gamboa, à Rio de Janeiro. Dans une entrevue enregistrée en 1968, João Cândido déclara conserver son amitié pour Plínio Salgado, ainsi que sa fierté d’avoir été intégraliste.

En 1959, il retourna dans le sud du Pays pour recevoir un hommage , mais la cérémonie fut annulée suite à une intervention de la Marine du Brésil. Discriminé et persécuté jusqu’à la fin de sa vie, il mourut du cancer à l’Hôpital Getúlio Vargas, à Rio de Janeiro, pauvre et dans l’oubli à 89 ans .

Les compositeurs João Bosco et Aldir Blanc ont honoré sa mémoire dans la samba O mestre-sala dos mares. En octobre 2005, le Député nationaliste Elimar Máximo Damasceno (PRONA/SP) présente un projet de loi n. 5874/05, demandant l’inscription du nom de João Cândido dans le Livre des Héros de la Patrie qui se trouve au Panthéon de la Liberté et de la Démocratie à la Place dos Três Poderes(Place des Trois Pouvoirs), à Brasília - DF.




http://www.palmares.gov.br/005/00502001.jsp?ttCD_CHAVE=340