Ivette Sacramento, Première femme noire rectrice au Brésil

La grande aspiration d’IVETE SACRAMENTO dans sa jeunesse était de devenir professeur dans les régions intérieures de l’état Bahia, comme sa mère et ses tantes. “J’ai grandi en écoutant leurs histoires: elles prenaient les canots, se déplaçaient à dos d’âne pour aller donner des cours dans les régions les plus éloignées”, dit-elle. “Je voulais également être une exploratrice de l’éducation.” La fillette a couru après son rêve et est allée loin: Ivete est la première femme noire brésilienne à être devenue rectrice d’une université.

Élue en 1998 pour la plus haute charge administrative de l’Université de l’État de Bahia (Uneb), elle a été réélue en 2002, avec 75% des votes, et a passé le relais en fin 2005 à son successeur. En huit ans de gestion, l’originaire de Salvador âgée de 54 ans a augmenté le nombre de cours offerts de 46 à 89 et a créé le Programme Intensif de Graduation des Professeurs, qui a déjà qualifié 6 milles professeurs du réseau d’état. E mais: elle a ouvert les portes de l’université à la communauté par le biais de cours d’extension de l’alphabétisation des jeunes et des adultes, a renforcé les sections de l’intérieur de l’État en a inauguré d’autres. “L’Uneb est présente dans 24 villes. J’ai toujours vu l’éducation comme une manière de transformer la société”, dit-elle.

Au delà de la reconnaissance en tant qu’éducatrice, Ivete est également admirée pour son militantisme contre la discrimination raciale. “J’ai implanté les quotas pour les noirs en 2003, à une époque où on commençait à discuter du sujet”, dit-elle fièrement, elle qui est l’une des fondatrices du Mouvement Noir Unifié de Bahia. Ivette donne actuellement des cours et travaille en tant que conseillère dans les régions intérieures de l’État pour l’implantation des disciplines de l’histoire et de la culture afro brésilienne dans le curriculum scolaire.

Le racisme en débat partout au Brésil

Le sénateur Paulo Paim

Les actions affirmatives sont des mesures qui visent l’inclusion sociale des noirs et des afrodescendants, principalement dans le marché du travail et dans l’enseignement supérieur. Actuellement, ces mesures sont en discussion au niveau national, comme le Statut de l’Égalité et le Système des Quotas. Le Statut de l’Égalité Raciale, projet de loi du sénateur Paulo Paim qui compte 85 articles sera voté en 2007 à la Chambre des Députés. Ces derniers temps, plusieurs intellectuels se sont manifestés en faveur et contre le Statut. L’un des points les plus questionnés dans le statut est la présence de moins de 20% d’acteurs et de figurants afro-brésiliens dans les émissions et les publicités de la télévision, et l’auto déclaration concernant la race ou la couleur sur divers documents.

 
   Humberto Adami

“Le statut de l’Égalité Raciale va dans le sens de combattre le racisme. Les gens ont le droit de se manifester contre les quotas, mais ils ne présentent aucune alternative de solution, pois il est important de proposer tout type d’alternative!”, souligne un membre du Conseil de l’Institut Afro-Bréilien d’Enseignement Supérieur et président de l’Institut de la Plaidoirie Raciale et Environnementale (Instituto da Advocacia Racial e Ambiental, IARA), Humberto Adami.

Pour l’ancienne rectrice de l’Université de Bahia (1998-2005), Ivete Sacramento, le Statut de l’Égalité Raciale doit être approuvé d’urgence pour l’inclusion sociale des afrodescendants. Dans une entrevue à ce magazine lors du dernier événement d “Afrobras”, le sénateur José Sarney va plus loin: “je crois que malgré toutes les incompréhensions qu’elles peuvent avoir, on doit commencer à exiger le programme des quotas. On ne peut pas rester dans cette inertie qui consiste à voir le pays hésiter sur les plus pauvres, et les plus pauvres sont noirs, et sont ceux qui ont plus de demande du point de vue de la santé et de l’emploi. La plupart des analphabètes sont noirs. On ne peut pas rester dans cette position consistant à nous résigner et pour en finir avec tout cela, nous devons avoir des actions affirmatives.”.

Les difficultés liées à l’inclusion sociale sont grandes et peuvent être observées à travers les données statistiques qui indiquent que montrent que 2% des noirs ont fait des études supérieures au complet, selon le recensement de l’année 2000 de l’Institut Brésilien de Géographie et de Statistique ( Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística,IBGE).

“L’Université de Bahia utilise le concept d’auto déclaration de la race pour son examen d'entrée. Il y a six ans, les gens niaient leur ascendance ; après l’adoption des quotas, le fait d’être afrodescendant est devenu possible. Aujourd’hui, les gens s’auto déclarent, et cela représente une victoire”, souligne l’ancienne rectrice de l’UNEB, Ivete Sacramento. Selon l’avocat Humberto Adami, la Confédération Nationale des Établissements d’Enseignement (Confenen) a déclenché une action directe d’inconstitutionnalité de la loi des quotas 4151 au Tribunal Suprême Fédéral. Cette loi prévoit les quotas raciaux pour les noirs et les métisses dans les Universités d’État du Rio de Janeiro. “Nous avons lancé le processus avec 16 organisations du mouvement noir contre le racisme de couleur qui est une forme d’intervention contre le processus d’inconstitutionnalité. Par la suite, cinq entités religieuses de matrices africaines nous ont rejoint”, explique-t-il.

“Nous devons lutter pour que d’autres mesures soit effectivement adoptées et se joignent à l’égalité raciale. J’ai été la seule rectrice noire de l’UNEB, un fait qui prouve une inégalité due au manque d’opportunité ”, analyse l’ancienne rectrice Ivete Sacramento.

Une enquête en 2005 de l’Institut Ethos relatif au Profil Social, Racial et de Genre des 500 plus Grandes Entreprises et Leurs Actions Affirmatives révèle que 26,4% des noirs occupent des postes fonctionnels et 3,4% des postes de direction.

Selon l’avocat Humberto Adami, “des actions civiques publiques sont appliquées par le Ministère Public du Travail contre les banques pour absence de fonctionnaires noirs. D’ici un mois, le Ministère Public poursuivra en justice d’autres banques des autres régions du Brésil, sauf Brasília.”

Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga

http://www.ueg.br/especial_2007-11-20_04.htm