Par: Juan Carlos Aguilar García à Veracruz

Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga

“Quand une guerre prend fin, beaucoup de décombres restent, et à présent, on est en train de ramasser ces déchets. Plus jamais dans l'histoire ne se répéteront les horreurs du passé. C'est vrai que, je vous le confie, je suis un optimiste incurable, mais je pense que les choses se dérouleront ainsi”, dit-il.

L'optimisme de Duncan n'est pas sans fondement. Pour lui, il y a deux moments historiques qui ont clairement marqué le début de la “bataille finale”, comme il l'appelle.

“Le geste de Rosa Parks —quand en 1955, elle jura que plus jamais elle n'allait s'assoir sur les sièges arrières d'un autobus -- commença la bataille finale. Et la guerre a pris fin avec l'arrivée de Nelson Mandela au pouvoir en Afrique du sud ”, estimait dans une entrevue Duncan qui a pris part à la première édition du premier Congrès Diaspora, Nation et Différence qui s'est tenu au port de Veracruz.

Organisé par la Coordination Nationale d'Anthropologie de l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire, pendant quatre jours, le congrès a passé en revue les contributions culturelles et sociales de la race noire en Amérique, en plus de publier de nouvelles études sur le sujet.

Au milieu de ses journées dédiées à l'Africanité, Duncan a indiqué que “pour la première fois en 300 ans, il y a une conscience claire des choses. Les 17 ème et 18 ème siècles furent les plus durs pour les noirs. Mais comme je vous le dis, les choses ont beaucoup changées. Peut-être qu'il nous manque quelques 50 ans pour nettoyer les décombres laissées par cette guerre. De toute manière, ce siècle est celui de la reconstruction…”.

—Il est même possible aujourd'hui que les États-Unis aient un président noir… —C'est un fait historique que je n'ai jamais pensé voir aussi vite, surtout quand on pense au niveau de racisme qui continue d'exister dans ce pays. Si Obama remportait l'élection présidentielle, cela aiderait grandement dans plusieurs sens.

Je me souviens que la lutte qu'a entreprise Martin Luther King pour les droits civils a immédiatement eu des répercussions au niveau mondial.

Au moins, les déclarations d'Obama selon lesquelles le Traité de Libre Échange ne favorise ni les nations Latino américaines ni le peuple nord-américain, mais qu'il s'agit d'une affaire des multinationales représente déjà un grand pas. Ce qu’il dit est très intéressant.

DOMINATION. Pour Duncan, qui est également conseiller de l'institut interaméricain des Droits Humains, c'est un mensonge de dire comme beaucoup l'affirment que le racisme est le produit de l'ignorance et de la peur de l'autre.

“Il s'agit de deux grands mythes. Premièrement, il faut dire que le racisme a été créé par quelques esprits des plus brillants du monde occidental.

“Si tu te met à voir ce que Hegel ou Linneo ont fait, tu commences à voir que le racisme n'est pas une invention de personnes ignorantes. Ce fut une idéologie créé avec la plus mauvaise intention pour justifier la domination coloniale de l'Europe sur le reste du monde.

De fait, c'est précisément à partir du début du 19ème siècle au Congrès de Vienne que le racisme prend un essor sans précédent.

“Il y avait évidemment des antécédents, avec le Pape Nicolás IV, qui avait dit: ‘Esclavage à perpétuité pour les africains ’. Le religieux Sepúlveda, en Espagne a également justifié la domination de l'indigène. Mais lorsqu'on parle du racisme doctrinaire que j'appelle le véritable racisme dans lequel s'articule en plus le racisme scientifique (c'est-à-dire la craniologie qui signifie que l'on mesure les cranes et que l'on dise que les noirs ont un crâne plus petit), il ne s'agit pas d'inventions de personnes ignorantes.

“Le second mythe est que le racisme se produit par peur de l'autre. Si c'était vrai, j'aimerais que l'on m'explique pourquoi il y a eu autant de racisme dans le sud des États-Unis où de nombreux enfants blancs ont été élevés par des nourrices noires.

“Eux qui dans la réalité ont grandi en voyant leur vraie mère en cette esclave qui les a allaité, ils sont cependant les plus grands racistes. Comment ces enfants sont-ils devenus racistes? Hé bien, parce qu'ils ont été endoctrinés. On leur disait ‘elle t'a allaitée, mais elle est inférieure, elle est ta servante’. Ils ont toujours cru en cette idéologie dans leur esprit”.

— Que faut-il faire pour retourner cela? —Il faut beaucoup travailler avec les jeunes, dans les écoles et dans les institutions pour qu'il commence à y avoir des politiques publiques.

Et de fait, malgré la présence massive d'Afrodescendants en Amérique (il y a globalement plus d'Afrodescendants que d’indigènes, le noir reste exclu des décisions en matière économique et politique dans de nombreux pays.

Ils restent invisibilisés et stigmatisés; on continue de leur enlever la chance d'occuper des postes de premier rang pour lesquels ils sont mal vus. Si tu veux travailler, va à l'intérieur, car dehors, il n y a pas de place pour toi. Cette situation est actuellement combattue par les mêmes organisations noires. L’Organisation des États Américains est en train de négocier un accord contre le racisme et d'autres formes de discrimination raciale.

Pour sa part, la Commission Interaméricaine des droits Humains a obtenu plusieurs résultats en faveur des afrodescendants sur le continent. Comme tout changement idéologique, il s'agit d'un processus lent, qui prendra peut-être toute une génération. Cependant, il y a une avancée civilisationnelle, il y a plus de conscience …

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