Les immigrants africains vivant aux États-Unis affirment que les caricatures des bandes dessinées et une tendance des média Occidentaux à faire des reportages sur la maladie, la famine, et la guerre en Afrique - plutôt que sur les réussites du continent - banalisent leurs cultures. Ils se plaignent de la difficulté qu’ils ont à dissiper les stéréotypes une fois arrivés aux States.

Ils reconnaissent cependant que les mythes circulent dans les deux sens et certains affirment qu'ils ont été surpris de partager plus souvent les mêmes valeurs que celles des Américains blancs. "On a ri de moi à cause de mon accent, et on m’a posé des questions d’ignares," indique la Reporter Internet Ajah-Aminata N'daw, âgée de 25 ans qui vit à Fall River dans le Massachussets.

"Des questions du genre : Est-ce que j’ai habité sur un arbre ? Est-ce qu’on parcourt les jungles tout nus ? A-t-on des animaux sauvages à la maison ?"

N'daw a émigré de Dakar au Sénégal en 2001. Elle travaille dans un salon de coiffure et elle a rencontré des africains américains qui partagent ses valeurs de travail acharné et de famille, mais la plupart du temps, "nous sommes élevés différemment, on nous enseigne des valeurs différentes et le code moral sur lequel on s’appuie est différent. "

Gaddafi Nkosi, 18 ans, a récemment terminé les études à l'École Piney Woods, un pensionnat historiquement africain-américain situé à environ 22 miles au sud-est de Jackson, Mississippi. Il est depuis retourné à Pretoria, en Afrique du Sud, mais il se souvient bien des noms inappropriés auxquels il a fait face aux États-Unis.

"Je suis arrivé d'Afrique du Sud et tellement de gens croyaient que c’était une forêt, ou que là-bas j’allais peut-être chasser les lions ou quelque chose comme ça," dit-il.

Les camarades de classe américains de Nkosi reconnaissent leurs conceptions erronées. Cydney Smith, 17 ans, de Nashville ans Tennessee, dit qu'elle croyait que l'Afrique était peuplée de "tribus barbares."

Raphael Craig, 17 ans, de Hyattsville auMaryland, affirme que la télévision l'a également mal renseigné. Avant que Craig ne visite le continent en 2005 et 2006, il pensait aux Africains comme des personnes vivant à "moitié nus, et courant au milieu des tigres dans la jungle," indique-t-il, en avouant qu'il ignorait qu’on ne trouve des tigres qu’en Asie.

Mais au Ghana et au Nigeria, Craig a vu des enfants jouer aux mêmes jeux qu’il jouait avec ses frères et sœurs. Il a vu beaucoup de signes de modernité, incluant des Mercedes et d'autres marques de voitures que l’on trouve aux États-Unis.

Craig se souvient s’être dit : "Ok, ce pays fonctionne tout comme nous, c’est juste deux manières différentes". "Cela m’a vraiment ouvert les yeux au fait que tout ce qu’on voit à la télé n’est pas la réalité."

Si effectivement les média Occidentaux ne font aucune faveur aux Africains, les média africains pour leur part rendent également un mauvais service aux africains américains qu’ils décrivent comme étant des criminels, affirment certains immigrants.

Sandi Litia, 19 ans, qui a fait ses études à Limulunga en Zambie dit qu'elle avait peur des africains américains au départ, car les médias africains les montrent " portant des vêtements de gangsters et s’entretuant."

Tentative d’intégration

Nkosi convient que les média africains "les ont fait paraitre auprès de lui comme ces personnes agressives qui n’ont rien réalisé de constructif dans leurs vies, excepté le fait d’occuper les places dans les prisons."

Chinedu Ezeamuzie, 21, d'Athènes en Géorgie, est arrivé en 2003. Il avait passé la plus grande part de sa vie à Jabriya au Koweït et est venu aux États-Unis pour poursuivre ses études.

Récemment diplômé de Georgia Tech. Il dit qu’il se considère nigérian car ses parents - tous les deux du village d'Uga – ont inculqué à leurs quatre enfants de fortes valeurs nigérianes de famille, de communauté, de spiritualité et d’amélioration de soi.

À Athènes, Ezeamuzie s’est aperçu que ses idéaux étaient opposés à ceux de ces frères de couleur de Clarke Central High School où il fréquentait pour la première fois une école publique.

Le premier jour, il a porté un pantalon kaki, une chemise boutonnée et de belles chaussures en cuir. Il a attiré l'attention des africains américains en entrant dans la cafétéria. "Ils m’ont regardé des pieds à la tête," dit-il.

"Pourquoi ce gars est-il habillé comme un blanc, genre Bcbg ?"

Ezeamuzie n'a pas compris pourquoi si peu d'étudiants noirs étaient dans ses classes de niveau avancé. Il n'a pas compris la ségrégation de facto que l’on voyait dans la cafétéria ou encore ces regards accusateurs qu'il a reçus parce qu’il mangeait avec ses camarades de classe blancs. Un camarade de classe l'a traité de traître et lui a demandé, "Tu n’aimes pas les noirs ?"

"Ma vie entière, j’avais gagné des avantages à me retrouver dans différents cercles et à construire un pont entre eux," et il a donc voulu s’intégrer, dit-il.

Il a trouvé des vêtements semblables à ce qu'il a vu beaucoup d'africains américains porter – des pantalons larges avec un énorme tee-shirt. Il a un peu mis de côté son accent anglais auquel il avait été formé et a essayé une équipe de

Basket-ball, indique Ezeamuzie qui mesure 6 pieds.

Il se souvient que sa confusion a augmenté suite à expérience avec certains africains américains: Pourquoi ils étaient si clanistes ? Pourquoi se moquaient-ils des étudiants parce que ceux-ci étaient intelligents ? Pourquoi étaient-ils homophobes et pourquoi s’évertuaient-ils à utiliser le mot n….. ?

Pourquoi chaque conversation semblait-t-elle impliquer les drogues, les filles ou le matérialisme ? "Ils m’ont en quelque sorte accepté. Ils m'ont trouvé un peu différent, mais je trouvais qu’il s’agissait là d’une façon bien étroite de voir les choses."

Ezeamuzie et d'autres Africains disent qu'ils ont l'impression que les africains américains ressassent trop souvent l'esclavage et le racisme qui persiste depuis plus d'un siècle après la Déclaration d'Émancipation.

"Nous avons tous été torturés," dit Vera Ezimora Reporter Internet de 24 ans et étudiante nigériane vivant à Baltimore, Maryland. "Maintenant que nous sommes libres, nous agripper aux péchés des blancs qui sont morts depuis longtemps et qui sont déjà partis à la rencontre de leur créateur est encore plus de torture que tout ce que nous avons souffert."

Les valeurs sont-elles au coeur des malentendus?

Martin Mohammed, le président de la Chambre de commerce africaine des États-Unis estime à 3 millions le nombre d'immigrants africains vivant aux États-Unis – soit environ deux fois l'estimation du Bureau de Recensement américain. Il a entendu parler de nombreux immigrants qui se battent pour trouver des choses en commun avec les américains qui partagent leur couleur de peau.

Mohammed a émigré de Somalie en 1998 et est désormais naturalisé. Il se considère comme africain américain, mais "cela ne signifie pas que je me suis déjà assimilé à la culture."

Les valeurs et les éducations peuvent être au centre du malentendu des cultures des uns et des autres, dit-il.

Beaucoup d'Africains viennent aux États-Unis pour échapper à des conditions de vie affreuses comme la pauvreté ou la guerre civile. Ils ont souvent pour objectif d’avancer leurs études ou de trouver de bons emplois selon Mohammed.

Ils s'efforcent également de regrouper leurs familles, ou au moins de les soutenir dans leur pays. Les envois d’argent des États-Unis vers l’Afrique se montent à environ un total de 20 milliards $ annuellement, selon la Banque Mondiale.

Cependant, les immigrants africains constatent que l'éducation et les bons emplois échappent à leurs frères africains-américains et il y a une perception selon laquelle beaucoup d'hommes africains-américains ne se consacrent pas au soutien de leurs familles, déclare Mohammed.

Les deux cultures ont beaucoup à apprendre l’une de l’autre – surtout des points de vue politique et économique – mais chacun doit admettre qu'il a quelque chose à apprendre.

"Honnêtement, ce que nous devons faire c’est nous rendre compte que les deux cultures sont importantes," dit Mohammed. Les mythes se développent à partir de l'ignorance.

Le Reporter Internet Emeka Aniukwu, 35, vient d'Ebenebe au Nigeria. Il dit qu'il a entendu toute sorte de perceptions inappropriées des américains sur l’Afrique, mais que la communication est le remède de l’ignorance.

Il a commencé à sortir avec Sonya Roberts, 25 ans, d'Austin au Texas peu de temps après son arrivée aux États-Unis en Mars 2005.

Elle lui a appris des choses sur la culture Africaine Américaine, et il lui en a appris sur le Nigéria. Le couple s’est marié il y a deux ans.

"Parlez avec les gens, arrêtez de montrer un visage déplaisant et ne soyez pas timide à cause de votre accent," conseille-t-il aux immigrants africains. "La majeure partie de la couverture médiatique de l'Afrique porte sur la famine, les maladies et la guerre, alors, à quoi peut-on s’attendre ? Les gens sont juste curieux et veulent juste savoir, alors calmez-vous et faites leur apprendre autant de choses que possible".

A Piney Woods, où environ 35 des 200 étudiants sont des immigrants Africains, le président de l'école, Reginald Nichols, convient que l'éducation est intrinsèque à la compréhension.

Il a entendu des Africains dire que les africains américains sont agressifs, tandis que les africains américains accusent des Africains d'être réservés - mais plus ils se mêlent, plus ils s’intègrent, dit-il.

"Il y a des étudiants africains qui me disent qu’ils en ont appris tellement des étudiants africains-américains sur la manière de se défendre et des étudiants africains-américains qui disent qu’ils ont appris comment se calmer, donc c'est quelque chose de magnifique ," indique Nichols

Mohammed, également dit qu'il voudrait voir plus d'africains américains dissiper les mythes sur l'Afrique, et c’est d’autant plus important alors que les Africains des États-Unis commencent à exercer une plus grande influence économique.

La chambre estime que les immigrants africains représentent environ 50 milliards $ de pouvoir d'achat annuel. Les chiffres de l'Université du Centre de Croissance économique Selig de Géorgie indiquent que ce chiffre se situe juste derrière celui des autochtones Américains du pays, qui atteignait 61,8 milliards $ de pouvoir d'achat l'année dernière.

L’ensemble du marché africain-américain était estimé à 913 milliards $ et du marché hispanique à 951 milliards $.

L'histoire détermine que le pouvoir économique précède le pouvoir politique. Mohammed affirme que les Africains peuvent apprendre beaucoup auprès des africains américains en matière de politique à cause de leur "niveau d'influence à Washington."

"Je m'intéresse également à savoir dans quelle mesure la population noire peut jouer un rôle dans la résolution globale des conflits. Nous pouvons aider dans ces discussions autour du globe, mais nous devons commencer ici aux U.S.A," dit-il.

Le Reporter Internet Faraji Goredenna, 53 ans, de Layton dans l’Utah, dit qu'il encourage les africains américains à en apprendre plus sur l'Afrique et à donner un coup de main aux Africains pour qu’ils connaissent "les institutions de l'Amérique et qu’ils sachent qu’il y a des opportunités pour eux également. "

Mais il aimerait qu’il y ait une relation symbiotique, dit-il en expliquant que "Nous les africains américains nous voulons en apprendre plus de notre histoire et notre culture telle qu’elle existe en Afrique, mais nous avons aussi créé une culture pour nous ici que nous demandons à nos frères et sœurs de l'Afrique de respecter."

Les Africains en Amérique

Les États-Américains comptant le plus grand nombre d’immigrants Africains:

• Californie (143882) • New York (141958) • Texas (110042) • Maryland (109751)

• New Jersey (78527) • Georgia (69,548) • Virginie (66724) • Massachusetts (65151)

• Minnesota (63612) • Floride (59176)

Source: U.S. Census Bureau

http://www.cnn.com/2009/US/07/14/africans.in.america/index.html