J'ai 56 ans depuis une semaine. J'ai trois enfants de 30, 29 et 28 ans. Bien qu'avant dernier d'une famille de 7 enfants, je suis le plus âgé de la lignée familiale. Voilà pourquoi j'utilise le pseudo "lepatriarche".

Depuis que j'ai eu 18 ans, je vis alternativement en Europe et en Afrique en fonction des nécessités du moments.

Nonobstant les incendies dans lesquelles mes frères africains sont immolés ces dernières semaines en France, je revendique l'appartenance à ce pays dont j'ai acquis la nationalité depuis 1981. Je reste pourtant profondément africain. J'aurai dû dire congolais. Mais de quel Congo? Brazaville ou Kinshasa?

En l'occurence, je suis rdcongolais; c'est du moins ce que je crois. En effet, je suis né au Congo belge, devenu ensuite Congo, et par après Zaïre, avant de redevenir Congo (démocratique). Mais voilà, je ne suis pas né à Tshikapa, ni à Bikoro, ni à Kisangani, mais à JOMBA, dans un village dénommé TSHEYA.

De par mon père, qui les tenait de son père, lequel les tenait aussi du sien, ainsi de suite.... je suis propriétaire de plusieurs champs dans ce village. Je suis propriétaire d'une bananeraie que je n'ai pas achetée. Je suis propriétaire d'une maison que j'ai érigée sur la terre de mes ancêtres.

A Kinshasa depuis début juillet, j'ai l'impression que quand je revendique ma "congolité", certains de mes interlocuteurs pensent tout bas que je suis peut-être rwandais. Sans doute pas "munyamulenge", mais sait-on jamais avec ces histoires de "rwandophonie".

Tsheya n'est pas du côté de Mulenge (que je ne suis même pas capable de localiser sur une carte géographique). Ce beau village se trouve quelque part sur une frontière congolaise. Comme mille autres villages. Mais voilà, ce n'est pas à la frontière avec l'Angola, la Zambie, le Congo-Brazaville, le Soudan ou la RCA. C'est à 7 km de l'Ouganda, et - crime de lèse-majesté - à environ 5 km des volcans que le Congo se partage avec le Rwanda.