C’est vrai que j’ai vécu beaucoup de violences dans ma vie, mais la violence qui existe en prison est quelque chose d’inimaginable et d’impensable. Dès ta première sortie en promenade, tu comprends très vite que ce n’est pas la rue, mais c’est la jungle. Si tu n’as pas de « vice », les autres détenus vont s’en apercevoir très vite et là, tu vas connaître la véritable souffrance : le racket, les agressions, le viol, l’humiliation… L’univers carcéral est un monde de grande violence. Tu es mélangé avec les criminels, les violeurs, les lourdes peines. Ces gens-là n’ont plus rien à perdre, alors ils essaient de créer une nouvelle vie en prison. Une vie basée sur la loi du plus fort.

Ceux qui ont besoin de se défouler, trouvent des victimes, des souffre-douleur ; on se prend des coups de lames de rasoirs, des coups de fourchettes pour des embrouilles à la « con ». Et tu es obligé de fermer ta « gueule » sinon tu es considéré comme une « balance ». Motif qui t’en fera baver encore plus. Le viol est une pratique courante en prison. Si le type a de grosses pulsions sexuelles, tu deviendras « sa chose » et il ne se gênera pas pour « te faire les fesses » à chaque fois qu’il en a envie. Alors, si tu n’es pas assez fort et que tu en as marre de ce calvaire, de cet enfer, il te viendra à l’idée de te couper les veines ; j’en ai vu un, ce n’est plus des bras qu’il avait mais des cratères tellement il s’était coupé les veines : au moins une vingtaine de fois.

Souvent, j’entends des jeunes parler du placard comme si c’était des vacances tranquilles : tu regardes la télé, tu manges, tu dors, tu vis bien quoi. Si tu crois à ces conneries et que tu te retrouves un jour au placard, dans ce trou à rats, tu risques d’être déçu. Enfermé entre quatre murs, tu vas comprendre ce que c’est que la souffrance. C’est horrible tout ce qui se passe en prison. Non seulement tu es privé de ta liberté mais il peut t’arriver les pires cauchemars que tu n’aurais jamais pu imaginer. Si tu as du courage et de l’espoir, tu ne penses qu’à une chose : sortir de ce trou pour ne plus y revenir. Si tu crois que la prison c’est le « Club’Med, eh bien tu n’as rien compris. La prison c’est vraiment la misère, c’est l’enfer, tu ne vis plus, tu es obligé de te soumettre à plus fort que toi, et ton seul « droit », c’est de fermer ta gueule. Personne ne lèvera le petit doigt pour toi, personne ne se souciera pour ta souffrance. Et, pour la justice, tu es là pour souffrir. Les plus malins, eux, font les fous pour esquiver les situations entre détenus et avec les matons.

Ta vie dépend de ton juge. À ces moments-là, tu pries pour revenir en arrière et que tout cela se termine. Mais la dure réalité de la prison est là pour te faire perdre ce petit espoir. Les sentiments d’injustice et de haine se mélangent dans ta tête, alors tu craques et tu penses faire des folies et risquer de voir ta peine se prolonger ou tu essayes de mettre fin à ta vie, cette vie à laquelle tu tiens tant. Répondre à la violence par la violence, ou se couper les veines. Pour les matons tu n’es qu’un matricule parmi d’autres. Ils n’ont aucun respect pour ta gueule et ils te traitent comme un chien.

  • Le bonheur n'est aparament pas fait pour moi : ...eeuuh il croit qu'il vent pouvoir humaniser la prison!

Un tee-shirt, 4 paires de chaussettes, 3 slips...



Dans la salle du dépôt, les détenus viennent chercher leur kit de douche. Pour certains, ce sera le premier geste d'hygiène corporel depuis la garde à vue, il y a 48 heures. Un tee-shirt, 4 paires de chaussettes, 3 slips, une serviette, du gel douche, une paire de tongues… «C'est une nette amélioration. Exemple: la serviette que l'on a réussi à agrandir un peu. Mais ce n'est pas suffisant, alors j'en demande deux», commente-t-il. Grande gueule, souvent excessif, l'ex-taulard toujours mis en cause dans une affaire d'escroquerie, veut désormais s'attaquer au problème de la religion en prison. La maison d'arrêt de 900 détenus (pour 500 places) est composée de nombreux musulmans selon une source pénitentiaire. Depuis la mi-janvier, un seul imam, embauché à temps plein, a répondu à 160 entretiens. Payé 805 € par mois, il ne pourra pas exercer longtemps à ce prix-là. «Pourtant, il est prouvé que nous faisons baisser le taux de récidive et donc de la population carcérale», conclut Warrach Yaniss, l'imam de la prison.

900 détenus pour 500 places



«Un détenu sur dix manifeste les syndromes du choc carcéral: peur, tremblement, inquiétude, crises d'angoisse», raconte le gardien de la fouille. Incarcéré pendant vingt mois dans les années 1990 pour abus de biens sociaux, Pierre Botton n'hésite pas à rentrer dans le lard de l'administration pénitentiaire pour se faire entendre. «Regardez, maintenant on peut s'allonger sur les bancs des cellules d'attente. Avant, il n'y avait que deux lattes. Remarquez, la culture ici, c'était de mettre les détenus par terre», balance-t-il. Le sous-directeur de l'état-major de sécurité, Stéphane Scotto, garde son sang-froid. «Vous véhiculez une vision passionnée qui est datée. L'important pour tout le monde, c'est que les bancs sont là», rétorque-t-il. Face aux cellules, deux écrans plats projetteront un film de six minutes, détaillant les droits des détenus. L'inspection se poursuit plus loin, où la fouille intégrale a lieu. Un porte-manteaux en caoutchouc a été posée contre le mur.

http://www.20minutes.fr/article/394362/Paris-Il-est-de-Botton-d-humaniser-la-prison.php

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen est écrite à la peinture sur les murs. Et dans les cellules d'attente, des fresques représentent des footballeurs brésiliens. L'homme d'affaires Pierre Botton aura laissé sa griffe au greffe de la maison d'arrêt de Nanterre (Hauts-de-Seine).



Une expérimentation



Depuis mi-janvier, il mène une expérimentation dans cette partie de la prison, où les nouveaux entrants font connaissance avec l'univers carcéral: fouille intégrale, numéro d'écrou, confiscation des biens… Son association, les Prisons du cœur, sous contrôle de la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, est chargée d'améliorer les conditions de détention.

  • PRISON - La maison d'arrêt de Nanterre réalise des travaux pour améliorer l'accueil des détenus...

-Pierre Botton, ancien détenu, mène une expérimentation à la maison d'arrêt de Nanterre (92) pour prévenir le choc carcéral./ S. POUZET / 20 MINUTES

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