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mardi 30 novembre 2010

______Pour rendre au Diable l'hommage qui lui est dû, Tacticien brillant qui prospére en changent abruptement les règles du jeu, « Robert Mugabe, Cependant, est handicapé par plusieurs facteurs : son égo, et sa croyance dans sa propre infaillibilité.

"Bien que ces compétences tactiques l’aient aidé à garder le pouvoir pendant 27 ans, il n’a pu cours des sept dernières années (2000-2007 NDLR) garder le pouvoir que par une série de mesures populistes mais autodestructrices qui conduiront finalement à sa défaite.

Pour rendre au Diable l'hommage qui lui est dû, c'est un tacticien brillant qui a prospéré sur sa capacité à changer abruptement les règles du jeu..

Wikileaks : Mugabe : un tacticien brillant, aveuglé par son égo selon un diplomate américain 29/11/2010



Sur les quelque 250 000 télégrammes de la diplomatie américaine que le Wikileaks a publiés, un concerne l'un des dirigeants les plus controversés du continent : Robert Mugabe. Nous reproduisons ici l’analyse extrêmement intéressante que l’ambassadeur des Etats-Unis de l’époque, Michael Dell, faisait en 2007 sur le Zimbabwe, sur Robert Mugabe, et sur les principales figures de l’opposition comme Morgan Tsvangirai.



Par Redaction Grioo.com



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L’ambassadeur américain expliquait dans le télégramme classé confidentiel, que :

« Robert Mugabe a gardé le pouvoir depuis 1980 parcequ'il est plus intelligent et impitoyable que tout autre homme politique au Zimbabwe. Pour rendre au Diable l'hommage qui lui est dû, c'est un tacticien brillant qui a prospéré sur sa capacité à changer abruptement les règles du jeu, à radicaliser l'agenda politique, et à forcer tous les autres à réagir à son agenda. Cependant, il est handicapé par plusieurs facteurs :

  • -son égo, et sa croyance dans sa propre infaillibilité.
  • -Son focus obsessionnel sur le passé comme justification de tout ce qui se passe aujourd’hui et de tout ce qui se passera dans le futur ;
  • -son style essentiellement tactique à court terme


Robert Mugabe a gardé le pouvoir depuis 1980 parcequ'il est plus intelligent et impitoyable que tous les autres hommes politiques locaux



Christopher Dell



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Le Zimbabwe




"Bien que ces compétences tactiques l’aient aidé à garder le pouvoir pendant 27 ans, il n’a pu cours des sept dernières années (2000-2007 NDLR) garder le pouvoir que par une série de mesures populistes mais autodestructrices qui conduiront finalement à sa défaite. En réaction à sa défaite lors du référendum de 2000 sur la constitution, un Mugabe vengeur a déchaîné ses "green bombers" pour mettre en œuvre la réforme agraire et a ainsi détruit le secteur agricole zimbabwéen, qui fut à une époque le pilier de l’économie.

Alors que des milliers de fermiers blancs ont vu leurs fermes saisies, des centaines de milliers de Zimbabwéens noirs ont perdu leur gagne-pain et ont été réduits à la pauvreté absolue." En 2005, ayant été forcé à manipuler les résultats d’une élection qu’il avait perdue, Mugabe s’est à nouveau déchaîné, punissant la population urbaine en lançant l’opération Murambatsvina. Le résultat a été la destruction du secteur informel, duquel dépendaient 70 à 80% des habitants de zone urbaine, de même que le déracinement de 700 00 Zimbabwéens. La tendance inflationniste actuelle a vraiment commencé avec Murambatsvina, étant donné que les loyers et les prix ont augmenté suite à une baisse de la demande."

(...) Nos contacts au sein de la Zanu PF sont unanimes à nous dire que des réformes sont désespérément nécessaires, mais qu’elles ne se produiront pas tant que le vieil homme sera en place et que par conséquent il doit partir. ("Avoir le courage de faire en sorte que ça arrive c’est autre chose" soulignait l’ambassadeur américain pour dire que les détracteurs de Mugabe ne franchiraient pas forcément le pas en le combattant ouvertement au sein du parti).



L’Opposition




Morgan Tsvangirai et Robert Mugabe en août 2010




L’ambassadeur américain passait également en revue l’opposition (P7) : "l’opposition est loin d’être idéale, et je pars en étant convaincu que si nous avions eu des partenaires différents, nous aurions pu faire plus. Mais il faut jouer avec la donne qui vous est attribuée. En gardant cela à l’esprit, les dirigeants actuels de l’opposition ont peu d’expérience en gestion et devraient avoir besoin d’énormément d’aide et d’assistance s’ils venaient à arriver au pouvoir." Morgan Tsvangirai, principal opposant à Robert Mugabe est décrit par le télégramme américain comme "brave, engagé, et étant largement un démocrate".

Il est considéré comme le seul membre de l'opposition valable et capable de mobiliser les foules, mais a plusieurs défauts : "indécis, pas ouvert aux conseils, et avec un jugement questionnable quand ils 'agit de choisir ceux qui l'entourent. Il est l'élément indispensable au succès de l'opposition mais pourra se révéler être un albatros qu'elle aura autour du cou une fois au pouvoir. En résumé il est une sorte de Lech Walesa : le Zimbabwe a besoin de lui, mais ne devrait pas compter sur ses capacités de dirigeant pour faire redecoller le pays."

Un autre opposant, Arthur Mutaramba, était ainsi dépeint : "extrêmement intelligent, ambitieux et porté sur la rhétorique anti occidentale, mais encore à plusieurs égards un poids plume qui a passé trop de temps à lire les manuels de campagne politique américaine et trop peu de temps à penser aux vrais problèmes". Un troisième opposant, Welshman Ncube, était également brièvement caractérisé par les phrases suivantes :



Le gouvernement d'union nationale : une solution qui prolonge la crise



Robert Mugabe en compagnie du président sud-africain Jacob Zuma le 26 novembre 2010 © reuters




« Welshman Ncube a démontré qu’il était une figure contribuant profondément à la division de l’opposition, et plus tôt il est poussé hors du devant de la scène, mieux ce sera ». Le MDC, parti de Tsvangirai était décrit comme un parti « où le talent est rare en dehors des cercles dirigeants (...) Le salut de l'opposition pourrait venir de la diaspora : "la plupart des meilleurs professionnels du Zimbabwe, entrepreneurs, hommes et femmes d'affaires, ont fui le pays. Ils sont les alliés naturels de l'opposition..."

Enfin l’ambassadeur américain émettait plusieurs hypothèses quant au futur du Zimbabwe, parmi lesquelles celle du partage du pouvoir via un gouvernement d’union nationale (ce qui s’est finalement produit), option qui n’avait pas sa préférence :

"Un arrangement de transition ou un gouvernement d’union nationale constitué sous l’égide de l’Afrique du Sud est moins attractif. Mbeki a toujours favorisé la stabilité et dans son esprit, ceci signifie un gouvernement d’union nationale dirigé par la Zanu PF avec quelques éléments du MDC. Il est probable que cette solution prolonge plus qu’elle ne résolve la crise et nous devons nous garder de laisser Pretoria dicter une issue qui perpétue le statut quo aux dépens du vrai changement et des réformes.



Mugabe et son acolyte sont comme les tyrans partout. S’ils ont la possibilité de vous intimider, ils le feront. Mais ils ne sont pas habitués à ce que quelqu’un leur résiste et leur réplique. Ils sont pris de surprise et c’est à ce moment qu’ils font des erreurs



Christopher Dell




L’ambassadeur américain concluait en disant que la position américaine au Zimbabwe avait contribué à accélérer le changement, et les Etats-Unis devaient continuer à jouer un rôle leader dans le dossier zimbabwéen car d’autres pays ne le pouvaient pas : le Royaume-Uni était handicapé par son passé colonial et ses problèmes domestiques, l’Union Européenne était divisée, les Africains ne commençaient qu’à exprimer leur voix, les Nations-Unies ne jouaient aucun rôle...

"Selon les standards de ce régime" ajoutait-il, "agir dans l’intérêt du peuple peut être considéré comme un échec. Mais je pense que c’est le contraire qui est vrai et que nous pouvons de façon justifiée être fiers d’avoir contribué à accélérer l’agenda présidentiel en matière de liberté. Le peuple de ce pays le sait et le reconnait et c’est la vraie mesure de notre succès ici."



http://www.grioo.com/ar,wikileaks_mugabe_un_tacticien_brillant_aveugle_par_son_ego_selon_un_diplomate_americain,20127.html

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jeudi 25 novembre 2010

_____«Si les activistes voulaient réellement faire quelque chose de concret pour protéger la santé de l'Africain moyen, ils commenceraient à manifester en faveur de l'aide pour les mesures de base en s'assurant que tous le monde a accès à l'eau potable.»

« Si les activistes voulaient réellement faire quelque chose de concret pour protéger la santé de l'Africain moyen, ils commenceraient à manifester en faveur de l'aide pour les mesures de base en s'assurant d'abord que tous le monde a accès à l'eau potable. »

LE MYTHE DU SIDA AFRICAIN




par David MacRae



Les activistes du SIDA ont réussi. Suite à leur campagne mondiale bien financée et bien organisée, les victimes du SIDA en Afrique du Sud auront le droit d'utiliser des produits génériques pour traiter leur maladie, au lieu d'être obligés de les acheter des compagnies pharmacologiques qui détiennent les brevets. Grâce à la mauvaise publicité engendrée par cette action, les compagnies ont abandonné leur poursuite visant à empêcher des pays du tiers-monde de voler leur propriété intellectuelle. Est-ce que cette victoire sur les méchants capitalistes va éliminer ce fléau qui tue tant d'Africains chaque année?



Non. Leur victoire n'aura aucun effet. Il y a plusieurs raisons pour cela, chacune suffisante en soit. De plus, la majorité de ces raisons sont évidentes pour quiconque examine la question d'une façon le moindrement objective.



De médicaments et de coûts



Premièrement, les compagnies multinationales ont déjà offert de distribuer leurs produits en Afrique à leur prix coûtant. L'alternative proposée par l'Afrique du Sud est d'utiliser des médicaments génériques. Du point de vue des consommateurs africains, il n'y a aucune différence pratique entre ces deux solutions; dans les deux cas, ils auront leurs médicaments pour une petite fraction de leur prix occidental, environ de 1000 $ à 1500 $ par année pour un cocktail typique en comparaison de 15 000 $ au Canada.



Une grande partie de cette controverse s'explique tout simplement par le lobbying de la compagnie indienne Cipla qui veut copier les produits des multinationales et les distribuer dans le tiers-monde. Les activistes, méfiants de nature envers les multinationales, appuient Cipla et crient contre ces diables qui veulent priver les pauvres de leur droit de vivre. Résultat: on vole la propriété des honnêtes chercheurs et on donne des cadeaux à ceux qui n'ont rien fait pour les mériter(1), sans faire aucun changement dans la vie des Africains.



Égarés dans la question du prix, on ignore carrément l'incapacité des pays africains à distribuer ces cocktails à leurs citoyens. Dans un pays avec un PIB moyen de 500 $ par personne et un budget de santé de 5 $, il n'y a aucune différence entre les prix de détail des cocktails et les prix coûtants; ils sont tous les deux inaccessibles; de la même façon que le Canadien moyen ne voit pas de différence entre un yacht de cent pieds et un de cinq cents. Ce ne sont que des rêves.



Si l'activiste du SIDA voulait réellement fournir ces médicaments aux Africains, il chercherait une façon de les livrer gratuitement plutôt que de crier farouchement contre les compagnies qui les ont découverts. Ce serait trop lui demander de contribuer directement à cette fin, mais il pourrait au moins inciter les gouvernements occidentaux à donner des subventions.



Malheureusement, même si on offrait les médicaments gratuitement, ce ne serait pas suffisant. Leur usage exige un régime de soutien qui n'est carrément pas envisageable dans le contexte africain. La moitié des Africains n'ont pas accès à l'eau potable. Le deux tiers ont un régime alimentaire inadéquat. Il est pourtant reconnu que ces médicaments sont inutiles sauf dans le contexte d'une diète très stricte.



La première étape nécessaire pour améliorer la santé des Africains est de leur donner un régime alimentaire sain avec un accès à l'eau potable. Quant aux maladies, on devrait accorder plus d'attention à celles pour lesquelles il y a des traitements faciles et bien connus, telles la tuberculose et la malaria.



Mais toutes ces considérations sont mineures en comparaison avec la vérité simple qu'il n'y a pas d'épidémie de SIDA en Afrique. Ce désastre est impossible en théorie. On ne doit pas se surprendre de découvrir qu'il n'existe pas en pratique.



Pas d'épidémie



Commençons avec la théorie. Contrairement à tout ce qu'on entend depuis 20 ans, le SIDA n'est pas une maladie de nature sexuelle. Wow! Toute une déclaration ça. Mais, attendez une seconde avant d'arrêter de lire.



Telle que son nom Syndrome d'immuno-déficience acquise l'indique, le SIDA est une maladie du système immunitaire. De plus, il n'existe qu'une seule méthode de transmission connue; il faut introduire des globules blancs infectés dans le sang.



Tous les différents modes de transmission traditionnellement connus ne sont que des variantes simples de cette règle. Le SIDA peut-être transmis par une transfusion de sang, par l'usage intraveineux des aiguilles infectées, de mère à enfant à travers le placenta. D'une façon ou d'une autre, la victime reçoit du sang infecté.



Il y a un deuxième fluide du corps humain qui contient des globules blancs: le sperme. Donc, un autre mécanisme de transmission s'ouvre – le contact entre le sperme infecté et le sang. Effectivement, c'est cette deuxième source de plaquettes qui explique la prévalence du SIDA dans la communauté gaie. L'infection passe du système immunitaire d'un homme à son sperme… au sang d'un deuxième homme… à son système immunitaire à…



Retenons qu'il faut le contact entre le sperme et le sang. Il n'existe qu'une pratique sexuelle commune où ceci est typiquement le cas: le sexe anal réceptif. L'anus est souvent déchiré pendant l'acte ou encore des hémorroïdes peuvent éclater. Le plus important reste que les vaisseaux sanguins sont très proches de la surface du colon qui fait partie du système digestif et peut donc ramasser des nutriments pour le reste du corps. Des fois, malheureusement, ils attrapent d'autres affaires.



Il est donc extrêmement difficile d'attraper le SIDA sexuellement à moins d'être le partenaire anal réceptif d'un homme infecté. Effectivement aucun cas de transmission de femme à homme n'est connu de façon certaine. Il faut construire des scénarios compliqués, comme le cas d'un homme avec des lésions génitales qui a un rapport sexuel avec une partenaire pendant ses règles.



À moins de pratiquer le sexe anal, la transmission de la maladie d'un homme à une femme est presque aussi difficile. En contraste avec le colon, la structure du vagin est conçue pour affronter le monde externe et empêcher les objets étrangers d'entrer plus loin dans le corps. Bien entendu, c'est plus dangereux pour la femme que pour l'homme, surtout si elle a une plaie ouverte.



Étant donné les difficultés inhérentes à la transmission sexuelle de SIDA par des méthodes autres que le sexe anal, il n'est pas surprenant de constater qu'il existe plusieurs cas de couples dont un partenaire est VIH-positif ayant pratiqué le sexe non protégé pendant des années sans se transmettre la maladie, plus particulièrement si la personne infectée est la femme. La profil typique de cas de transmission hétérosexuelle du SIDA est une femme partenaire à long terme d'un utilisateur de drogues.



Parce qu'il est extrêmement difficile de transmettre le SIDA d'un homme à une femme et qu'à toute fin pratique le contraire est impossible, il n'existe aucun mécanisme qui peut permettre au SIDA de se répandre dans la population générale. C'est effectivement ce qu'on observe dans l'Occident. Sauf dans certaines communautés spécifiques, notamment les homosexuels masculins et les utilisateurs des drogues intraveineuses, la maladie n'existe à peu près pas.



Mais nous sommes supposés croire qu'il existe en Afrique une grave épidémie d'une maladie transmise par des mécanismes qui sont impossibles en théorie et dont on a démontré qu'ils sont inexistants en Occident.



Je toucherai à la question du comment « ils » ont créé ce canular sous peu, mais pour le moment j'aimerais plutôt parler du pourquoi. Lorsqu'on voit une fabulation si grande, la réponse est toujours qu'elle est conforme aux intérêts politiques de quelqu'un…



Le pourquoi de la chose



Il y a vingt ans, quand le SIDA a été observé pour la première fois, il était peut-être raisonnable d'avoir peur que la maladie sorte de son ghetto gai et infecte la population générale. La maladie n'était pas bien comprise et donc cette présomption était compréhensible. Mais ça fait au moins quinze ans que les faits sont bien clairs – et l'hystérie continue.



Cette notion que le SIDA est aussi dangereux pour l'hétérosexuel que l'homosexuel provient d'une alliance profane entre deux groupes très influents – les homosexuels et leurs alliées de l'industrie du divertissement d'une part et les conservateurs sociaux de l'autre. Les premiers voulaient nous faire croire que « AIDS is an equal opportunity disease » afin de récolter plus de fonds de recherche pour vaincre la maladie qui tuait tant de leurs amis et qui les menaçait personnellement. Les deuxièmes voyaient dans cette doctrine une chance de ramener le monde aux principes moraux des années cinquante.



Une règle invariable gouverne toute coalition politique: c'est que les intérêts de la partie la plus influente a préséance sur les autres. Au lieu de faire des campagnes en faveur du retour à l'hétérosexualité et de la monogamie, nous avons plutôt investi d'énormes sommes d'argent dans la recherche d'un traitement. En même temps, au lieu d'expliquer les dangers réels du sexe anal, on faisait des compagnes en faveur de l'usage des condoms. Pourtant, les condoms sont reconnus être moins efficaces lorsqu'ils sont utilisés analement.



Cet obscurantisme contraste avec l'approche prise dans le cas où le SIDA est transmis par les moyens non-sexuels. Lorsqu'on a découvert le danger associé avec les seringues non-stérilisées, un avertissement général a été donné. On recherchait des solutions, tel que les échanges d'aiguilles, pour réduire la propagation de la maladie parmi les drogués. Après avoir découvert les dangers associés aux transfusions sanguines, nous avons agi, dans l'ensemble, d'une façon efficace(2).



Douteuse connection



Alors, comment explique-t-on la supposée épidémie de SIDA en Afrique? La théorie était que le SIDA avait ses origines dans le continent noir et qu'il était transmis en Occident en passant par Haïti. La connexion entre Haïti et l'Afrique n'a jamais été très claire. Il y a sûrement plus de contacts entre New York et l'Afrique, de même qu'entre New York et Port-au-Prince, qu'entre Haïti et l'Afrique. Alors, si le SIDA provenait d'Afrique, le vecteur de transmission aurait dû passer de New York à Port-au-Prince et non l'inverse.



La théorie haïtienne a sans doute eu un certain fondement dans les restants du racisme américain – les anciennes peurs des pouvoirs sexuels des Noirs et les anciennes croyances dans leur promiscuité. On a donc trouvé normal que le SIDA passe de l'Afrique en Amérique par Haïti. Ils sont bourrés des nègres tous les deux et on sait bien que les nègres baisent comme des lapins!



Peut importe la psychologie derrière la connexion haïtienne, l'hypothèse avait un énorme point en sa faveur: il y avait effectivement une manifestation du SIDA en Haïti et, en contraste avec les États-Unis, cette manifestation n'était pas limitée à la communauté gaie. Au contraire, elle attaquait les hommes et les femmes également.



Donc, l'épidémie en Afrique devait être encore pire et sa manifestation à travers le monde ne pouvait être qu'une question de temps.



Aujourd'hui, la théorie est en ruine. On présumait que le SIDA se rencontrerait d'abord dans les groupes où la promiscuité est la plus grande, les gais et les Noirs, et qu'il se répandait partout peu de temps après. Au contraire, l'incidence de la maladie diminue même dans les groupes ayant été les plus affectés il y a vingt ans: les gais, les utilisateurs des drogues et même les Haïtiens. Mais le mythe de l'épidémie africaine persiste.



Des chiffres bidon



Nous imaginons – raisonnablement – que, lors que UNAIDS nous annonce qu'il y a 26 millions de cas de SIDA en Afrique, c'est parce qu'il les a comptés. C'est faux. Personne ne peut savoir l'état de santé de l'Africain moyen tout simplement parce que la vaste majorité des Africains n'ont jamais eu de contact avec le système de santé. Donc, l'ONU utilise des modèles qui l'aident à estimer le nombre de cas dans la population générale.



L'absurdité de leurs modèles n'est pas difficile à discerner. Le Nairobi Times (Kenya) souligne que, selon l'ONU, 182 500 Kenyans sont morts du SIDA en 1997. Pourtant, selon le gouvernement kenyan, il n'y a eu que 185 500 morts en tout dans la même année. De plus, il est généralement reconnu que la maladie mortelle principale dans ce pays est la tuberculose. L'idée que 98% des morts kenyans soient dues au SIDA est absurde et le Kenyan moyen le sait très bien.



Il y a deux sources principales du gonflement des statistiques du SIDA en Afrique: l'extrapolation indue des rares cas bien documentés à la population générale et les mauvais diagnostics des autres maladies comme étant des cas de SIDA.



La définition du SIDA utilisée en Afrique est très différente de celle de l'Occident. Ici, nous exigeons la présence des anticorps contre le VIH dans le système de la présumée victime et la présence d'au moins une de 27 maladies rares associées avec le syndrome.



En Afrique, par contre, le diagnostic est largement basé sur les symptômes. Une définition typique (il y en a plusieurs qui sont utilisées) consiste en une perte de poids d'au moins 10% associée avec la diarrhée, la toux et la fièvre. Ces symptômes doivent persister pendant au moins un mois. Quoique cet ensemble de symptômes puisse très bien être causés par le SIDA, c'est aussi typique d'une gamme d'autres maladies, dont plusieurs sont endémiques en Afrique– telle la malaria, la tuberculose et le choléra.



Effectivement, l'immunodéficience acquise et le syndrome associé existaient en Afrique longtemps avant l'ère du SIDA et longtemps avant la découverte d'un nouveau virus qui s'appelle le VIH. Même les chercheurs sur le SIDA africain l'acceptent. Mais ils insistent pour nous faire croire que, tout à coup, ces maladies sont dues à ce nouveau virus plutôt qu'aux anciennes causes.



L'ONU et le reste de la communauté internationale des activistes n'ont que très peu de véritables informations sur l'incidence du virus VIH en Afrique. Une des rares données dont se sert l'ONU pour ses modèles est le pourcentage des femmes accouchant dans les hôpitaux qui ont des anticorps contre le VIH: normalement aux environs de 8%. L'ONU a tout simplement décidé que toutes ces femmes vont attraper le SIDA et ont extrapolé le même pourcentage à la population générale.



Mais tous ces raisonnements sont faux. Ce n'est même pas clair que ces femmes ont eu des contacts avec le virus (par exemple, il y avait un temps où on pensait qu'une mère pouvait transmettre le VIH à son bébé en l'allaitant; le consensus actuel est qu'elle ne transmet que ses anticorps). Qu'on puisse conclure qu'elles vont toutes être victimes de la maladie ou qu'elles sont représentatives de la population totale est encore moins justifiable. La vaste majorité des femmes africaines n'ont jamais vu l'intérieur d'un hôpital et, en autant que je sache, encore moins d'hommes ont déjà été enceints.



De bizarres théories



Thabo Mbeki, président de l'Afrique du Sud, avait des très bonnes raisons de penser que le SIDA africain n'était pas provoqué par le VIH. Naturellement l'industrie internationale du SIDA le dénonçait comme un fou qui refusait les résultats scientifiques. Même après avoir appris à se fermer la trappe, on continue de le traiter de tous les noms. Dans The Economist de cette semaine, une revue rarement connue pour sa rhétorique excessive, on parle de ses « théories bizarres ».



Bizarres? En fait, il y a des hypothèses beaucoup plus plausibles pour expliquer le VIH en Afrique que le délire offert par que les activistes du SIDA qui prétendent que la maladie se transmet en Afrique en utilisant des mécanismes qui n'ont jamais été observés en Occident.



Considérez les nouvelles mères. Elles ont probablement eu leur contact avec les VIH et/ou ses anticorps dans les hôpitaux où elles accouchaient. En Afrique, les seringues sont souvent réutilisées sans stérilisation. De plus, le système de transfusion de sang est complètement infecté par le VIH. S'il n'y a pas d'eau potable à boire, le système de santé aura certainement des lacunes sanitaires aussi.



Voici la véritable incidence du SIDA en Afrique: il y en a très peu, possiblement moins que dans l'Ouest. La vaste majorité des cas sont des fabulations crées par des méthodes statistiques tout à fait invalides. La plupart des autres sont de mauvais diagnostics des maladies communes en Afrique. Quant aux peu des cas réels, ils sont transmis par les même mécanismes qu'ailleurs: c'est-à-dire, les transfusions de sang et les aguilles non-stérilisées.



La fausse panique provoquée dans l'Ouest et l'agitation contre des compagnies innocentes sont en soit des scandales. Mais le vrai crime est commis contre les Africains eux-mêmes. La pire conséquence de cette guerre contre le SIDA africain est un déclin sérieux dans la santé de l'Africain moyen.



Considérez le cas d'une de ces mères. On la met en contact avec le VIH par l'intermédiaire du système médical qui est supposé l'aider. À cause du mythe de la transmission hétérosexuelle de SIDA, on ne fait aucun effort pour protéger le système d'approvisionnement de sang ni pour stériliser l'équipement utilisé lors de son accouchement. Au lieu de cela, on l'infecte et on prononce une sentence de mort contre elle. On l'incite à ne pas allaiter son bébé, mettant l'enfant en danger aussi. On lui donne des condoms pour protéger son mari qui sera plutôt tenté de l'abandonner.



Dans plusieurs pays, le paysan a de plus en plus peur d'aller voir un médecin quand il est malade, au cas où cette sentence de mort lui soit imposée aussi. Ceux qui sont diagnostiqués du SIDA se trouvent souvent frappés d'ostracisme en plus. Face à ça, le pauvre abandonne la lutte pour la vie et devient une autre statistique pour les activistes. Ou peut-être succombe-t-il à sa vraie maladie qui en était probablement une tout à fait traitable même dans des conditions primitives.



Si les activistes voulaient réellement faire quelque chose de concret pour protéger la santé de l'Africain moyen, ils commenceraient à manifester en faveur de l'aide pour les mesures de base en s'assurant d'abord que tous le monde a accès à l'eau potable. Près d'un million de bébés africains meurent de diarrhée chaque année. Dans l'Ouest cette condition est le sujet de blagues mais en Afrique elle n'est certainement pas drôle. Et elle peut être guérie par une simple comprimé à un coût d'environ quinze sous. Deux ou trois millions d'autre meurent de la malaria, qui se contrôle facilement avec l'usage du DDT. Pourtant ce produit est banni partout à travers le monde.



Faute de leur venir en aide, les activistes pourraient au moins les laisser tranquilles et ne pas les utiliser comme armes dans leurs guerres « politically correct ».

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____"En 2003, j'ai fait neuf mois de prison. Ce fut le déclic. J'ai mesuré la valeur de la liberté.. «Je dispose, d’une tribune pour dire la réalité du ghetto, mais tout le monde attend de moi la lune. George Obama "mouton noir & kenyan

Livre : George Obama, le demi-frère de l’autre... 22/11/2010



Le jeune Kenyan demi-frère du président américain, se raconte dans une autobiographie, dont il est venu faire la promotion la semaine dernière à Paris.



Par Rachel Kesseng



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Essai autobiographique de George Obama, paru en novembre 2010




Il a 28 ans et porte un nom Connu ! George Obama au passé et à l’existence jusqu’alors discrètes, mais non moins effervescents. Sa descente aux enfers puis sa rédemption, l’écrivain a choisi de les décrire, dans un livre autobiographique à la manière d’un feuilleton avec un happy-end à l’américaine.

Un récit poignant sur les faits d’armes d’un enfant choyé de la bourgeoisie kényane, composés de vols à répétitions, de braquages, de divers trafics de drogue puis, d’un passage par la case prison. George Obama, enfant du bidonville, se dévoile et s’assume.

Il raconte comment adolescent, il caresse le rêve de devenir ingénieur. Traînant la douleur de n'avoir jamais connu son père, Barack Hussein Obama, économiste et politicien kényan, décédé dans un accident de voiture alors qu'il n'était qu’un nourrison, son rêve va se terminer en triste réalité, puisqu’il va sombrer dans la délinquance et "oublier" sa famille.

"En 2003, j'ai fait neuf mois de prison. Ce fut le déclic. J'ai mesuré la valeur de la liberté", affirme t-il dans son livre. Survient alors la prise de conscience, pour George, qui parvient à remonter la pente. Il réussit à se reconstruire dans le même bidonville qui l’a vu grandir. Il s’investit dans une fondation pour aider les enfants du ghetto.

George Obama est aujourd'hui animateur social à Huruma, à Nairobi. Au sujet de l’élection de son demi-frère à la présidence des Etats-Unis : c’est « Une bénédiction et une malédiction à la fois » interprète t-il et il avoue: « Je dispose, d’une tribune pour dire la réalité du ghetto, mais tout le monde attend de moi la lune. Tout le monde croit que j’ai une ligne directe avec la Maison Blanche, ce qui n’est pas le cas ».



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George Obama, demi-frère de Barack Obama est venu présenter son livre la semaine dernière à Paris.




Si George Obama n’a pas toujours fait les "Unes"les plus chics de la Presse, ce n'est pas au sein de sa propre famille qu'il a été très populaire; considéré comme "mouton noir", celui qui a enfreint la loi et a passé presque une année en prison ; pire, celui qui a choisi de vivre dans le ghetto.

Dans un entretien au journal l’express, le jeune homme évoque ses relations avec son demi-frère, Barack Obama qu'il décrit comme rares et brèves... "La première, en 1987, j'avais 5 ans, Barack, qui visitait sa famille au Kenya, est venu me saluer à l'école. J'étais en plein match de foot. Ma tante m'a appelé: "Voici ton frère, qui arrive d'Amérique." J'ignorais ce qu'était l'Amérique. J'ai juste remarqué que l'homme qu'on me présentait avait la peau claire"raconte-t’-il.

Quand son existence est dévoilée par la presse en août 2008, en pleine campagne électorale américaine, c’est dans l’objectif de mettre un caillou dans la chaussure de Barack Obama, en course pour la maison Blanche : "Une journaliste du magazine Vanity Fair a caricaturé ma vie et celle du bidonville, affirmant que je vivais avec moins de 1 dollar par jour. C'était faux. Mais les adversaires de Barack ont exploité cela, en racontant qu'il m'avait abandonné. Il a fallu que je vienne m'expliquer en direct sur CNN." Commente George Obama.

Pourtant: «Il n'y a rien d'extraordinaire à être le frère de Barack Obama...» dit celui qui a néanmoins choisi d'intituler son essai biographique, "Frère de... ", rien que ça!



http://www.grioo.com/avis,livre_george_obama_le_demi-frere_de_l_autre...,20084.html

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_____"Quelque chose s'est passé qui l'a amené à faire ça. Le diable est entré en lui".. Michael Brea un acteur vu dans "Ugly Betty" décapite sa mère avec une épée de samouraï!.. puis interné pour une évaluation psychiatrique

Michael Brea un acteur vu dans "Ugly Betty" décapite sa mère avec une épée de samouraï!




L'acteur est pour le moment interné pour une évaluation psychiatrique Par Rédaction Grioo.com



Michael Brea




Michael Brea, un acteur vu notamment dans Ugly Betty a été arrêté ce mardi pour avoir tué sa mère avec une épée de samouraï, tout en lisant des passages bibliques. Il est en ce moment en cours d'évaluation psychiatrique.

Certains voisins affirment l'avoir entendu hurler à sa mère "repens toi, repens toi, repens toi" à de multiples reprises. Il aurait également hurlé "tu n'as jamais accepté Jésus".

Un autre voisin affirme avoir entendu l'acteur poursuivre sa mère dans la maison en criant des passages bibliques. Il affirme avoir entendu un cri sourd et demandé à son père d'appeler la police.

Les voisins critiquent la police qui malgré de multiples appels a attendu près de 45 minutes avant d'entrer dans l'appartement. Appartement dans lequel ils ont finalement trouvé le corps de Yannick Brea mortellement blessée. Un voisin décrit: "ils sont arrivés 15 minutes après avoir été appelés mais n'ont pas voulu défoncer la porte. Ils sont juste restés devant la porte pendant 45 minutes. Je pense qu'elle serait toujours vivante s'ils n'avaient pas attendu si longtemps.



Les secours évacuent le corps de la mère de Michael Brea




D'autres voisins disent qu'ils entendaient Yannick agoniser dans l'appartement pendant que les policiers frappaient à la porte. Ils auraient demandé aux policiers de forcer la porte mais ceux-ci auraient rétorquer qu'ils suivaient le protocole.

La hiérarchie policière affirme que les policiers n'ont en effet fait que suivre le protocole qui veut que de telles situations soient gérées par une unité spécialement formée.

Selon l'oncle de Michael Brea, Michael aurait retiré l'épée lundi soir dans une loge maçonnique après une réunion à laquelle il a assisté. Michael serait un franc-maçon relativement novice qui n'avait pas le droit d'emporter une telle épée, utilisée lors de cérémonies maçonniques. Selon le même oncle, cité par le NY Daily News, "quelque chose s'est passé qui l'a amené à faire ça. Le diable est entré en lui".

http://www.grioo.com/avis,michael_brea_un_acteur_vu_dans_ugly_betty_decapite_sa_mere_avec_une_epee_de_samourai_,20094.html

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dimanche 21 novembre 2010

_____De l'autre côté du miroir se présente comme un monde inversé. Si l'espace est mis à mal, le temps n'est pas non plus en reste.. "7, nombre parfait et symbole de l'abondance divine, Ainsi la bête infernale de l'Apocalypse (Ap 13,1) a sept têtes.

De l'autre côté du miroir (roman) Alice, qui s'ennuie, s'endort dans un fauteuil et rêve qu'elle passe de l'autre côté du miroir du salon.

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue. Le monde inversé modifier Le monde du miroir se présente comme un monde inversé. Ainsi même qu'il lui faut, dans cet univers étrange, courir très vite pour rester sur place.

Si l'espace est mis à mal, le temps n'est pas non plus en reste. Il est ainsi possible de se souvenir du futur, comme la Reine Blanche, qui évoque ce qui s'est produit « aujourd'hui en quinze ».

"7, nombre parfait et symbole de l'abondance divine, il est aussi selon la Bible le nombre du châtiment, de la purification et de la pénitence. Il est aussi attribué à Satan qui s'efforce de copier Dieu se faisant le singe de Dieu. Ainsi la bête infernale de l'Apocalypse (Ap 13,1) a sept têtes. Saint Augustin voit le sept comme la perfection de la Plénitude. Il en faisait aussi le nombre de la créature, considérant non la vie de celle-ci mais son devenir, l'évolution. C’est également lui qui a nommé les péchés capitaux pour la première fois. Selon lui ce ne sont pas les plus graves mais ceux qui sont à l’origine de tous les autres."

Les sept pêchés capitaux pour les nommer sont:

  • Avarice
  • Colère
  • Envie
  • Gourmandise
  • Luxure
  • Orgueil
  • Paresse

http://mapage.noos.fr/lesaviezvous/cps/seven.htm

Quels sont les sept péchés fondamentaux condamnés par l'Église Catholique ?

Qui donc n'a pas entendu parler des sept péchés capitaux. Dans la religion catholique, tous les autres péchés découlent de ces sept là (par exemple, les meurtres résultent de l'orgueil, de l'avarice et de la colère). Le mot capital vient du latin caput, la tête, par comparaison à cette partie du corps qui dirige l'ensemble. Les sept péchés capitaux identifiés par Thomas d'Aquin sont : l'acédie (ou la paresse spirituelle), l'orgueil, la gourmandise, la luxure, l'avarice, la colère et l'envie.

La liste actuelle est citée par le Catéchisme de l'Église catholique dont la dernière version date de 1997. Cette liste a été influencée par Thomas d'Aquin dans sa Somme théologique (question 84, Prima secundæ) au XIIIe siècle. Il y mentionne que certains d'entre eux ne sont pas en eux-mêmes à proprement parler des péchés, mais plutôt des vices, c'est-à-dire des tendances à commettre certains péchés. Ces péchés sont :

  • l'orgueil (superbia en latin) : attribution à ses propres mérites de qualités vues comme des dons de Dieu (intelligence, etc. ). Son démon est Lucifer ;
  • l'avarice (avaritia en latin) : accumulation des richesses recherchée pour elle-même. Son démon est Mammon ;
  • l'envie (invidia en latin) : la tristesse ressentie face à la possession par autrui d'un bien, et la volonté de se l'approprier par tout moyen et à tout prix (à ne pas confondre avec la jalousie). Son démon est Léviathan ;
  • la colère (ira en latin) : courte folie déjà pour les Anciens, entraînant parfois des actes regrettables. Son démon est Satan ;
  • l'impureté ou la luxure (luxuria en latin) : plaisir sexuel recherché pour lui-même. Son démon est Asmodée ;
  • la gourmandise (gula en latin) : ce n'est pas tant la gourmandise au sens moderne qui est blâmable que la gloutonnerie, cette dernière impliquant davantage l'idée de démesure et d'aveuglement que le mot gourmandise. Par ailleurs, on constate que dans d'autres langues ce péché n'est pas désigné par un mot signifiant « gourmandise » (gluttony en anglais, par exemple). Son démon est Belzébuth ;
  • la paresse, anciennement l'acédie (acedia en latin). Le catéchisme de l'Église catholique définit l'acédie, terme disparu du langage courant, comme « une forme de dépression due au relâchement de l'ascèse». Il s'agit en effet de paresse morale. L'acédie, c'est un mal de l'âme qui s'exprime par l'ennui, l'éloignement de la prière, de la pénitence, de la lecture spirituelle. Son démon est Belphégor.

Les péchés capitaux sont des péchés de « tête », cela ne signifie pas qu'ils sont plus graves que d'autres, mais plutôt qu'ils sont à même d'en entraîner bien d'autres. Les péchés capitaux/non-capitaux ne sont donc pas à confondre avec les péchés mortels/véniels, cette dernière distinction portant sur l'importance réelle du péché, sa capacité à nous couper ou non de l'amour et de Dieu.

Pour équilibrer, il existe « sept vertus cardinales » : la chasteté, la tempérance, la prodigalité, la charité, la modestie, le courage et l'humilité. Cependant, ces vertus ne correspondent pas exactement à l'inverse des sept péchés capitaux.

Les vertus théologales (d'origine divine), que sont la foi, l'espérance et la charité, sont complétées par les vertus cardinales (d'origine humaine), que sont la justice, la prudence, la tempérance et la force (morale, c'est-à-dire le courage), et qui étaient déjà reconnues par les philosophes.

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____Madagascar : Une tentative de putsch mené par une vingtaine d’officiers, avec à leur tête le général Noël Rakotonandrasana, ancien ministre des Forces armées et ancien soutien du président Rajoelina..

Madagascar : les civils appelés à évacuer après la tentative de putsch 19/11/2010



Les autorités malgaches ont donné l’ordre aux civils résidant tout près ou à l’intérieur de la caserne des mutins de se mettre en lieu sûr.



Par Rachel Kesseng



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Un obstacle installé sur la route menant à l'aéroport de Madagascar © AFP




C’est dans une intervention retransmise à la radio et à la télévision nationale, que le ministre malgache de la Défense, le général Lucien Rakotoarimasy, a annoncé que la nouvelle.

L’ordre d’évacuer concerne les civils vivants à l’intérieur du camp et même les riverains, en périphérie d'Antananarivo, d’après un communiqué du ministère de la Défense, qui a annoncé: "Nous demandons aux familles qui habitent dans le camp militaire d'Ivato et aux habitants des environs de quitter momentanément les lieux et de rejoindre un endroit plus sûr".

La caserne abrite notamment des bâtiments où résident de plusieurs familles de militaires. Le général Lucien Rakotoarimasy, a néanmoins, précisé que, l’ordre d’évacuer, n’était pas un prélude à une éventuelle riposte armée mais, que des pourparlers étaient en cours.

Une tentative de putsch mené par une vingtaine d’officiers, avec à leur tête le général Noël Rakotonandrasana, ancien ministre des Forces armées et ancien soutien du président Rajoelina, actuellement en stand-by, a visé mercredi le président Andry Rajoelina au pouvoir.

Les mutins qui se sont retranchés jeudi, dans une caserne des faubourgs de la capitale, Antananarivo, située près de l'aéroport international, avaient assuré mercredi avoir dissous les institutions gouvernementales après la tentative de coup d’état.

Le président Rajoelina avait cependant promis de mater toute tentative de coup de force, assurant que l'Etat prendrait "ses responsabilités" face aux mutins et aux "velléités de troubles de certains". Mais hier jeudi, le chef des mutins, le général Rakotonandrasana, a soutenu qu’il poursuivrait sa mutinerie contre le pouvoir en place et a appelé l'armée et la population à rejoindre les lieux.

Un appel apparemment non suivi, ni par l’armée et encore moins par les civils. Un barrage filtrant d'une dizaine de soldats gouvernementaux a été érigé à environ 3 km de l'aéroport, sur la route d'Antananarivo.



http://www.grioo.com/ar,madagascar_les_civils_appeles_a_evacuer_apres_la_tentative_de_putsch_,20074.html

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____Guinée: Retour au calme à Conakry et dans les provinces.. A la suite de la proclamation de l'état de d'urgence dans le pays

Guinée: Retour au calme à Conakry et dans les provinces 19/11/2010



A la suite de la proclamation de l'état de d'urgence dans le pays



Par Panapress






Des militaires patrouillent à Conakry




Le calme est revenu, jeudi, dans la capitale guinéenne, Conakry, à la suite de l'état d'urgence décrété la veille par le chef de la transition, le général Sékouba Konaté, jusqu'à la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle par la Cour Suprême, a t-on constaté. Les militaires, appelés à la rescousse des Forces spéciales de sécurisation du processus électoral (Fossepel), lourdement armés, continuent de sillonner dans les rues de plusieurs quartiers où les populations sont terrées chez elles.

Les magasins et les bureaux sont toujours fermés dans la commune de Kaloum où des habitants ont avoué ne pas pouvoir se procurer des baguettes de pain depuis 48 heures à cause du refus des boulangers peuls, majoritairement sympathisants du candidat et ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, de travailler. Plusieurs militaires ont indiqué à la télévision nationale, avec des images à l'appui, que leurs familles ont été attaquées à l'arme blanche, puis pillées pendant qu'ils étaient en mission sur le terrain.

Une source militaire a confié qu'un commandant de l'armée de l'air a été "sauvagement tué", mercredi, par "des loubards" mécontents de la défaite de leur leader face au Pr Alpha Condé, leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), crédité de 52,52% des voix contre 47,48% pour son adversaire de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo.



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Des habitants de Conakry font la queue pour se ravitailler en essence




Depuis mardi dernier, des sympathisants de l'UFDG, en majorité des Peuls, s'en prennent aux Malinkés, l'ethnie du Pr Alpha Condé qui, dès lundi soir après la publication des résultats provisoires, appelle sans arrêt au calme et à la retenue, assurant tendre "une main fraternelle" à son "jeune frère" Cellou Dalein pour relever ensemble les nombreux défis.

Des habitants de Labé (ville natale de Cellou Dalein), joints par la PANA, ont assuré que le calme est revenu alors que les militaires sont aux aguets après avoir procédé à des arrestations en cascades des manifestants qui ont incendié des domiciles des fonctionnaires malinkés, soupçonnés d'être des sympathisants du Pr Alpha Condé.

Les militants de l'UFDG, souligne un autre habitant de Pita, ont détruit le domicile du président de l'Union pour le Renouveau (UPR), Ousmane Bah, natif de la localité, et le siège de son parti à cause de son appartenance à l'alliance 'Arc-en-ciel' qui soutient la candidature du candidat Alpha Condé.




Cellou Dalein Diallo avait indiqué, mardi soir, à l'issue d'une audience avec le président Konaté qu'il avait dénoncé "la répression sauvage et barbare" des forces de l'ordre à l'encontre de ses militants et assuré avoir obtenu des assurances pour "un traitement humain" en faveur des manifestants.

"Je continue de récuser les résultats donnés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et nous allons saisir la Cour Suprême pour nous rétablir dans nos droits", a-t-il martelé.

http://www.grioo.com/ar,guinee_retour_au_calme_a_conakry_et_dans_les_provinces,20068.html http://www.grioo.com/ar,guinee_l_etat_d_urgence_decrete_par_sekouba_konate,20064.html

Guinée : l'état d'urgence décrété par Sékouba Konaté 18/11/2010



Il durera jusqu'à la publication définitive des résultats par la Cour Suprême

 
 
  
Par Panapress  

 
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L'armée dégagé une barricade dans les rues de Conakry © getty




Le chef de la transition en Guinée, le général Sékouba Konaté, a décrété à compter de ce mercredi, l'état d'urgence sur toute l'étendue du territoire national jusqu'à la publication définitive par la Cour Suprême des résultats définitifs de la présidentielle, a rapporté la télévision nationale en début d'après-midi. Le décret ne précise pas l'étendue de la mesure, mais la première nuit de couvre-feu décrété mardi, à Labé (Moyenne Guinée), a commencé de 17 heures GMT à 6 heures du matin. Le chef d'état-major général des Armées, le général Nouhoum Thiam, a indiqué à la télévision d'Etat que depuis la publication, lundi soir, des résultats provisoires de la présidentielle annonçant l'élection du Pr Alpha Condé avec 52,52% des voix, devant Cellou Dalein Diallo (47, 48% des voix), 'des individus mal intentionnés s'attaquent délibérément aux forces de l'ordre en plusieurs endroits du pays'.

Les magasins et les bureaux sont restés fermés dans la capitale, Conakry, où les militants de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo qui récuse depuis plusieurs jours la victoire de son challenger pour 'fraudes' s'en prennent, avec gourdins et armes blanches aux forces de l'ordre dans les quartiers de la Commune de Ratoma, fief de l'ancien Premier ministre.

Selon plusieurs témoins, notamment des taximen et autres habitants, les sympathisants de l'UFDG, en majorité des Peuls, s'en prennent aux Malinkés, l'ethnie du Pr Alpha Condé qui, depuis lundi soir, appelle au calme et à la retenue, assurant tendre 'une main fraternelle' à Cellou pour relever ensemble les nombreux défis.



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© getty




'Souvent, ces manifestants arrêtent les taxis sur les tronçons de Ratoma, fief de Cellou Dalein, pour vérifier l'identité des passagers en vue de s'en prendre aux Malinkés', a confié un témoin.

Des habitants de Labé (ville natale de Cellou Dalein), notamment des Malinkés, ont indiqué que le couvre-feu a permis de ramener 'un calme précaire' dans la ville où les fidèles musulmans n'ont pu se rendre mardi, dans les mosquées pour prier à l'occasion de la fête de la tabaski à cause de la violence perpétrée par des Peuls armés de gourdins et de coupe-coupe, menaçant de mort des personnes proches du leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le Pr Alpha Condé.

'(?) Ils ont incendié des maisons qui avaient été pillées d'abord', avant l'arrivée des militaires qui continuent de sillonner en ville pour débusquer les poches de violence, ont déploré des membres de la communauté malinké à Labé.

Les mêmes représailles ont fait tâche d'huile à Pita, Dalaba et Koubia (Moyenne Guinée) où l'ancien Premier ministre a fait le plein de voix, mais a été battu à plate couture dans les régions de la Savane (Haute Guinée), de la Guinée Forestière (Sud), bastions de son adversaire, ainsi qu'en Basse Côte ou Guinée Maritime où Cellou Dalein avait gagné largement au premier tour, en juin dernier.



Un médecin désigne deux corps supposés être ceux de partisans de Cellou Dallein Diallo tués dans les clash qui ont suivi l'annonce des résultats sur Conakry © reuters




Le candidat Cellou Dalein Diallo a indiqué mardi soir, à l'issue d'une audience avec le président Konaté, qu'il avait dénoncé 'la répression sauvage et barbare' des forces de l'ordre à l'encontre de ses militants et assuré avoir obtenu des assurances pour 'un traitement humain' en faveur des manifestants. Il a exigé la libération des responsables de son parti arrêtés à Dalaba.

"Je continue de récuser les résultats donnés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et nous allons saisir la Cour Suprême pour nous rétablir dans nos droits", a-t-il lâché, ajoutant avoir lancé un appel à ses militants pour le calme.

Pour sa part, le Premier ministre, Jean Marie Doré, a exhorté les forces de l'ordre à mettre hors d'état de nuire "tous les loubards" qui s'attaquent aveuglément aux paisibles citoyens qu'ils menacent souvent de mort depuis bien avant la publication des résultats provisoires, contestés par le candidat Cellou Dalein.

"Le monde entier a salué la transparence et la régularité du scrutin (?) En dépit de cela, des loubards veulent mettre le pays à feu et à sang", a- t-il martelé. On rappelle que la publication définitive des résultats devrait intervenir dans environ une semaine.

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jeudi 18 novembre 2010

_____S’attaquer à la racine du mal.. II.De la prise de conscience individuelle à l'objet de tentation banalisé : Quelle évolution pour le mal ? L’existence du mal est-elle un scandale ?

Le Bien et Le Mal es sculptures religieuses représentant le bien et le mal ont été construites au temps où la sculpture romane et gothique était beaucoup utilisée. Les gens du moyen-âge étaient religieux, ils avaient très peur d'aller en enfer. Ce dernier représentait flammes et souffrances. Les gens ne péchaient pas, donnaient des dons à l'Eglise et allaient à la messe, car ils savaient que s'ils commettaient des péchés, ils seraient voués à l'enfer. Ainsi les gens prenaient modèle sur les sculptures

pillier des anges. Interieuredu bras sud du transept. Vers 1225-1223. Strasbourg,cathédrale.




Le Bien

u moyen-âge, le bien est souvent représenté par des anges ou des personnes faisant de bonnes actions. Ces sculptures apprennent à ceux qui les regardent les bonnes actions à faire. Elles sont les représentations de nos devoirs.…

Le Mal




. Le mal est souvent représenté par des démons ou des personnes entrains de pécher. Ces sculptures apprennent aux fidèles ce qu'il ne faut pas faire, comme les sept péchés capitaux...



Satan.Vers 1080-1120.




"telles sont les leçons de l'art ; ils obligent les chrétiens à penser un instant aux Vices et aux Vertus…"



http://college.bayard.free.fr/bienmal.htm

Le mal I.De la difficulté de délimiter le mal, naît pourtant sa définition : l'évolution des représentations historiques et religieuses du mal fait de lui une transgression des interdits A.Les représentations historiques et religieuses du mal ont participé à la difficile délimitation de la notion B.Le mal est la transgression d'un interdit II.De la prise de conscience individuelle à l'objet de tentation banalisé : quelle évolution pour le mal ? A.Le véritable mal devrait-il avoir besoin qu'on l'interdise s'il était seulement mauvais ? B.Vers une lecture plus contemporaine du mal comme objet de tentation banalisé Résumé de l'exposéInsister sur la présence du mal, n’est-ce pas s’exposer au reproche que Rousseau adressait à Voltaire lorsqu’il lui écrivait : « Vous amplifiez tellement le tableau de nos misères que vous en aggravez le sentiment ». Aucune religion, aucun système de pensée ne prévoit la victoire définitive du mal. Toutes les apocalypses sont suivies d’une parousie et les décadences à leur fin font tourner le cycle du temps. L’abolition du mal fut un grand thème romantique. La dichotomie bien - mal est enracinée dans la représentation des relations à autrui. Mais c’est avant tout une représentation d’origine religieuse : le mal est associé à des figures mythologiques : Enfer, Satan… qui ont notamment été représentées par Bruegel, Bosch… Difficulté de définir la notion. On peut la définir par un système d’interdits. Ce sont par exemple les dix commandements : des normes imposées. Cela définit un système d’obligations morales qui imposent le bien comme critère ultime.

Alors qu’est-ce que le mal ? Le mal est la transgression de l’interdit.. Exemple : L’interdit fondamental est l’inceste. Il s’agit de trouver son conjoint hors du groupe pour créer du lien social. La définition du mal a évolué. Existe-t-il un mal aujourd’hui ? Plus d’extraits de Le mal... -Le mal, source de plaisir ? Le monde de Sade est divisé entre dominés et dominants et les victimes du moment sont insignifiantes aux yeux des vainqueurs. L’indifférence et le mépris sadiques trouvent leurs fondements dans la dissymétrie de la sensibilité : le mal que ressent la victime n’est pas ressenti comme un mal par celui qui la martyrise ; il se peut même qu’il en éprouve un vif plaisir. « Il n’y aurait aucun sens ni aucune nécessité d’interdire le meurtre si l’homme n’y aspirait pas fortement. La passion pour le meurtre est première. ...

... Conclusion Face au mal, trois attitudes sont possibles : la résignation, la fuite et la lutte. La croyance au progrès met fin à l’antique fatalisme qui faisait du malheur des hommes une nécessité. Le mal était une fatalité. Aujourd’hui, le mal existe encore aujourd’hui mais il est largement banalisé, quoiqu’ encore largement craint. Bibliographie Le mal, Paul Ricoeur. Le mal, Essai sur le mal imaginaire et le mal réel, Claude Rommeru. Lettres sur le mal, Baruch Spinoza. La culture générale, Eric Cobast. ...

... Alors qu’est-ce que le mal ? Le mal est la transgression de l’interdit. Exemple : L’interdit fondamental est l’inceste. Il s’agit de trouver son conjoint hors du groupe pour créer du lien social. ← La définition du mal a évolué. Existe-t-il un mal aujourd’hui ? I. De la difficulté de délimiter le mal, naît pourtant sa définition : L’évolution des représentations historiques et religieuses du mal fait de lui une transgression des interdits A : Les représentations historiques et religieuses du mal ont participé à la difficile délimitation de la notion -Evolution des sources et des conceptions du mal. ...

http://www.oboulo.com/mal-25956.html

  • L’existence du mal est-elle un scandale ?

I.Il faut pouvoir adopter une distance adéquate pour pouvoir déterminer si l'existence du mal est ou non un scandale II.L'actualisation du mal et le un critère qui détermine quelle action a trait à l'existence du mal III.L'existence du mal doit être un scandale si on veut pouvoir agir contre elle Résumé de l'exposéSi l’existence du mal ne peut être mise en doute, il serait bon de savoir quelle attitude adopter à son égard. Le mal est en général un objet de désapprobation ou de blâme. Nuisible, il peut être physique - c’est-à-dire lié au corps par la douleur, moral - quand il s’agit d’une faute ou d’un péché, métaphysique - quand il concerne l’imperfection et la finitude de l’homme, ou être vu sous l’aspect de l’injustice. On peut considérer l’existence du mal comme le fait qu’il existe en soi, indépendamment de toute expérience, ou qu’il s’actualise dans le réel en tant qu’expérience interne ou externe. Le scandale quant à lui consiste en une émotion indignée, produite dans le public par des faits ou propos considérés comme contraires aux usages, ou à une morale, qu’elle soit religieuse, athée, ou rationnelle. En tant que remise en cause d’un fait, il implique une rupture et a pour but de changer une situation. Il ne s’agit donc pas de savoir si l’existence du mal est en soi un bien ou un mal, mais voir si elle remet en cause, après l’avoir examiné, une manière de penser ou un ordre établi. Se pose donc la question de savoir dans quelles conditions une existence peut-elle être un scandale, et sous quel point de vue celle du mal en est un, c’est-à-dire que remet-elle en cause. Si on considère que l’homme a en lui la possibilité de faire le mal et que l’on envisage l’hypothèse théologique, alors l’existence du mal peut apparaître comme un scandale. Il en va de même pour le point de vue athée, si l’on considère l’homme comme un être avant tout rationnel et détaché du monde sensible, ce qui lui permet d’acquérir son humanité. Mais le mal n’existe pas en général, il n’est tel qu’en tant qu’il s’incarne dans le particulier, où il devient difficile de savoir où est réellement le scandale. Plus d’extraits de L’existence du mal est-elle un scandale ?... L’existence du mal en général apparaît ainsi pour Kant comme un scandale, c’est-à-dire contraire à la morale. Mais c’est aussi un scandale en tant que cette existence remet en cause l’ordre établi et tente d’en proposer un autre par le respect des impératifs catégoriques. Ainsi, l’existence du mal est bien un scandale au sens étymologique de ‘’piège’’ ou ‘’échelon’’. Le scandale ne doit donc pas exister comme tel, sinon il devient improductif, et donc piège, car il donne l’apparence du mouvement. ...

... Mais alors, pourquoi ont-ils commis un mal ? Le mal commis et le mal subi ne sont que deux variétés d’un même mal. L’existence du mal, quelque soit la manière dont elle puisse se manifester doit donc bien avoir un principe premier, et le principe premier de toute chose est Dieu. « Dieu est la première raison des choses » idem, 1ère partie, §7. L’existence du mal est donc un scandale puisqu’elle remet en cause certains attributs de Dieu qui étaient des notions admises et courantes. ...

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______Déclaration universelle des droits de l'homme

ARTICLE 1 Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits... Ils doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité . ARTICLE 3 Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne . ARTICLE 25 Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notament pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux...

http://lulupo.blog.lemonde.fr/2010/09/11/personne-nest-insignifiant-absolument-personne/

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lundi 15 novembre 2010

______Le monde des adultes peut-il se passer de la lecture critique des jeunes alors que, toutes catégories sociales confondues, leur soif de justice, de tolérance, de respect de l'environnement ou de liberté semble constituer une « culture commune »

Le monde des adultes peut-il se passer de la lecture critique des jeunes alors que, toutes catégories sociales confondues, leur soif de justice, de tolérance, de respect de l'environnement ou de liberté semble constituer une « culture commune »

Politique : quelle place pour les jeunes ? jeudi 26 août 2010 Trois quarts des jeunes, 72 % des 18 à 25 ans, disent « penser politiquement » comme leurs parents. Seul un quart déclare ne pas s'inscrire dans leur filiation, qu'elle soit de droite ou de gauche. Ils ne sont en revanche que 5 % d'une génération à s'opposer aux choix idéologiques de leur père et/ou de leur mère.




Ce constat fait par Anne Muxel, directrice de recherche au CNRS, est intéressant à un double titre.

D'abord, comment se construisent les choix des jeunes ? La famille continue d'être le creuset de leur identité politique, même s'ils négocient avec cet héritage, y compris pour le rejeter. L'école transmet des savoirs qui participent à la formation d'une culture politique, mais elle compte beaucoup moins que la famille. Viennent ensuite les rencontres avec les événements qui marquent une époque. On se souvient, par exemple, de la mobilisation, en 2006, contre le CPE (contrat première embauche). Enfin, les échanges avec les amis, les proches, les relations de travail ont une influence sur les trajectoires politiques.

Le jeune est de plus en plus en négociation avec son environnement immédiat, et il est de moins en moins porté par des collectifs et des organisations constituées. Il veut conserver un libre arbitre, une marge de manoeuvre, il est moins prêt qu'auparavant à épouser une seule et même ligne. L'interactivité des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) lui va mieux que l'écoute d'un discours unique.

En dix ans, les filiations de gauche et de droite ont diminué de 7 points (passant de 49 %, en 1997, à 42 % en 2007), tandis que le positionnement « apolitique » a progressé de 6 points, passant de 22 à 28 %. Cette évolution pose la question : comment la conscience politique des nouvelles générations va-t-elle se forger ?

Le monde des adultes peut-il se passer de la lecture critique des jeunes alors que, toutes catégories sociales confondues, leur soif de justice, de tolérance, de respect de l'environnement ou de liberté semble constituer une « culture commune » (Ipsos-mars 2009) ? Les responsables politiques doivent, face à cette génération, relever un défi : ils doivent s'adresser à de futurs citoyens qui se font de moins en moins d'illusions sur leur représentation démocratique, mais dont les aspirations, humanistes ou écologistes, constituent un terreau fertile pour de vrais débats.

L'engagement de la nouvelle génération est « à la fois plus réflexif et plus flexible », résume Anne Muxel. Aux adultes de prendre le temps de les éclairer, et surtout de leur donner une vraie place dans le débat politique.

http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Politique-quelle-place-pour-les-jeunes-_3633-1487855_actu.Htm

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mardi 9 novembre 2010

______Identité africaine et mondialisation/ Pour ne plus être prisonniers de leur négritude, comme des citoyens du monde.. reconstruction d’une identité nègre malmenée par des siècles d’esclavage et de discrimination territorial dans les citées.

Dossiers nouveaux français diasporate.

Identité africaine et mondialisation De notre partenaire Africulture lundi 1er octobre 2007






Dossier : "Nouveaux Français"



Il s’agit moins de subir la mondialisation que de recréer le monde : l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop en appelle à la résistance des créateurs africains. Par Boubacar Boris Diop

Au début des années 90, le jeune réalisateur burkinabé Idrissa Ouedraogo lançait une phrase restée célèbre : "Je ne suis pas un cinéaste africain, je suis un cinéaste tout court". Depuis, il est devenu banal de voir des romanciers, peintres et musiciens africains de la nouvelle génération se présenter, pour ne plus être prisonniers de leur négritude, comme des citoyens du monde. La coïncidence entre cette attitude et la fin de la Guerre froide n’est sûrement pas fortuite. Venant de créateurs négro-africains, ces déclarations rompaient très nettement avec les décennies antérieures au cours desquelles les intellectuels du continent n’ont paru avoir d’autre souci que la reconstruction d’une identité nègre malmenée par des siècles d’esclavage et de colonisation. Pourquoi leurs héritiers ont-ils brusquement eu envie de recracher leurs racines comme un fruit amer ? Ce Meurtre du Père procédait peut-être de l’instinct de survie. La chute du Mur de Berlin n’annonçait pas seulement l’effondrement du communisme mais aussi le passage de relations commerciales inter-étatiques à une économie mondialisée. Peu désireux de rater un tournant majeur, les jeunes producteurs culturels africains ont refusé de s’enfermer dans un discours jugé passéiste, pour ne pas dire complexé.

Ils étaient surtout dans l’air du temps. Tout se passant comme si la mort - toujours affirmée, jamais prouvée - des idéologies signifiait la mort de la pensée elle-même, la globalisation est devenue du jour au lendemain la mesure de toute réflexion, au point d’apparaître aux yeux de certains comme un’nouvel obscurantisme’. Il serait cependant excessif d’y voir le mal absolu. Les artistes de tous les continents l’ont même crue capable de combler leur attente d’une humanité homogène et apaisée. Ils se sont mis à peindre, filmer ou écrire en pensant à leurs semblables dispersés aux quatre coins de la planète et cela a donné un sens nouveau et stimulant à la modernité artistique.

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______L’Afrique ou la poubelle à vaccins. Vous êtes industriel pharmaceutique et vous ne savez que faire de vos vaccins contre la grippe A ? Pas d’inquiétude, l’OMS se charge d’écouler vos stocks.

Un haut représentant du ministère de la Santé qui se fait piquer devant une flopée de médias pour lancer une campagne de vaccination contre la grippe A, on connaît. Sauf quand la scène se passe… au Togo, en avril, et se répète, cet été, en République centrafricaine et au Niger.

À la baguette, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui écoule les « généreux » dons de vaccins contre le virus H1N1 des laboratoires pharmaceutiques et des pays du Nord. Sur place, du côté des personnels de santé et des ONG, c’est l’incompréhension. Pourquoi vacciner dans des pays où aucun cas de H1N1 n’a été enregistré ? L’OMS rétorque qu’il peut encore y avoir un risque, surtout dans les pays africains, où les populations sont fragiles. Étrange puisque la fin de la pandémie mondiale de grippe A a été déclarée le 10 août 2010, par… l’OMS, justement !

« Ce n’est pas parce qu’aucun cas de grippe A n’a été répertorié qu’il n’y en a pas eu », explique doctement Gregory Hartl, le porte-parole de l’OMS chargé des pandémies et épidémies. Selon lui, il suffit de se fier au cas de l’Afrique du Sud, dont le système de détection passe pour être le plus performant d’Afrique : plus de 12 000 cas et 93 décès y ont été enregistrés en décembre 2009. « Le virus ne s’arrête pas aux frontières ! » Certes.

L’Institut français de veille sanitaire, qui n’a produit aucun rapport sur l’évolution du H1N1 en Afrique, estime quant à lui qu’il est « difficile d’évaluer l’épidémie dans ces pays-là ». Précisément parce qu’« on n’a pas de boule de cristal », raille un membre d’une ONG française. Et le même de poursuivre : « Faut-il, face à un ennemi invisible, vacciner sans en évaluer la pertinence et en identifier les risques ? »

Un spécialiste des vaccinations concède que ces campagnes anti- H1N1 en Afrique ne sont « pas pertinentes du tout ». D’abord parce qu’il y a effectivement d’autres priorités, comme le paludisme ou encore la grave épidémie de rougeole qui a frappé un certain nombre de pays africains à la même période. Ensuite parce que le vaccin contre le H1N1 offre une protection de courte durée comparé à d’autres vaccins. Celui contre la rougeole, par exemple, dont une monodose protège le patient pendant dix ans.

Pis, ces campagnes ont mis au pied du mur les professionnels de la santé présents sur place. Rémunération du personnel chargé d’administrer les vaccins, conditionnement et transport des doses : tout cela a un coût. Selon l’OMS, les pays donateurs ont participé à des fonds pour la mise en œuvre de la vaccination. Et puis, « quand on a des dons disponibles, il faut bien les utiliser ». Imparable.

Souvenons-nous : en janvier 2010, la polémique enfle en France autour de la surévaluation des stocks de vaccins contre le H1N1. Roselyne Bachelot se retrouve avec des millions de doses sur les bras. Au même moment, selon la direction générale de la Santé, la France commence discrètement à livrer à l’OMS son surplus de vaccins. Nombreux sont les pays à l’imiter, comme les États-Unis. Dans la foulée, les firmes pharmaceutiques font un « geste ». Le laboratoire britannique GlaxoSmithKline donne 50 millions de doses à la grande prêtresse de l’OMS, Margaret Chan. Sanofi Pasteur, Baxter et Novartis promettent également 10% de leur production. La plupart des vaccins contre le H1N1 étant périmés à la fin 2010, c’est ça ou la poubelle !

© bakchich.info : Chloé Demoulin http://www.camer.be/index1.php?art=12026&rub=13:1

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______- Sujet d'actu : « L’Afrique, un continent toujours périphérique en mal de développement ? »

L’Afrique, le proche et le moyen Orient

1. Géopolitique de l’Afrique, du proche et moyen Orient 2. La diversité culturelle 3. Les enjeux du développement

A- Sujet

« L’Afrique, un continent toujours périphérique en mal de développement ? »

Essec 2007

Essayer de penser encore une fois à la dynamique du sujet. Nous ne pouvons condamner l’Afrique comme espace géopolitique ou économique. Dans cette optique, il faut pouvoir aller du négatif au positif. Dans un premier temps, cerner le problème de développement de l’Afrique largement tributaire, à la fois, d’un contexte historique et politique, mais aussi de problèmes intrinsèques aux systèmes politiques et économiques africains. Enfin, faire preuve d’optimisme économique dans la mesure où ce continent peut prendre place dans le système économique international et contribuer à améliorer sa croissance. En tant que futur dirigeant économique, vous devez démonter que vous êtes pleinement conscient des difficultés et des potentialités du continent Africain. D’un diagnostic et d’une mise en perspective négative, il faut se diriger vers une vision positive et proactive, qui implique donc des propositions pour intégrer l’Afrique aux dynamiques mondiales économiques et politiques.

Contexte historique / Faiblesses structurelles et actuelles /Atouts et stratégies

Mettre en exergue les raisons de ces sous-développements, les phénomènes

Si vous analysez les termes du sujet, on vous parle de « maux » car la question reste l’Afrique est-elle en mal de développement ? Le mot « périphérique » renvoie à l’histoire africaine, aux théories internationales de développement, et à la place contemporaine de l’Afrique dans l’économie mondiale. Les raisons du non-développement sont principalement économiques et politiques. Ces raisons sont à la fois internes et externes aux pays africains.

B- Récapitulatif des notions essentielles

Il est nécessaire de revenir sur l’histoire de l’Afrique et le contexte de son développement par rapport à la colonisation.

I - Contexte Historique et géopolitique de l’Afrique

a) Contexte historique

On ne peut saisir les problèmes de développement sans analyser l’histoire du continent africain dans ses relations avec l’Europe ou les Amériques. L’Afrique a pu être au long de l’histoire un berceau de la civilisation. L’Egypte fut un pays culturellement, historiquement, économiquement très développé. L’empire arabe, constitués par le Moyen-Orient et les pays de l’Afrique du nord, a aussi constitué un vivier de sciences et de découvertes. La puissance, qu’elle soit culturelle, économique ou politique, se déplace toujours dans l’histoire. Il ne faut pas oublier ce passé glorieux de l’Afrique. Une analyse géopolitique doit incorporer ses aspects historiques en rappelant que l’Afrique n’est pas l’exemple archétypal de la pauvreté qu’on peut dépeindre de nos jours.

Les dynamiques historiques ont néanmoins déplacés la puissance vers l’Europe, puis les Amériques, ce qui a réduit l’Afrique à une position subalterne. Les facteurs historiques sont primordiaux parce qu’ils vont marquer la conscience africaine. L’histoire africaine est par exemple irrémédiablement liée à l’histoire de l’esclavagisme et de la colonisation.

L’Afrique est un continent qui s’est trouvé sur les principaux réseaux de communication de l’histoire. Elle a pu représenter, outre une ressource humaine, un enjeu géostratégique dans le commerce avec les Amériques.

Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le trafic de la traite des Noirs culmine à des chiffres jamais atteints : 80 045 captifs en moyenne sont transportés, chaque année, d’Afrique en Amérique et aux Antilles. L’économie de tous les pays européens est alors liée à ce commerce et presque tous pratiquent le transport négrier.

Ces intérêts européens considérables sont essentiellement économiques et commerciaux et non politiques. La présence des Européens, limitée aux côtes, se manifeste de trois façons : à terre par des forts et des comptoirs, et, en mer, par des bateaux qui viennent charger les captifs à la côte et dans les embouchures de quelques rivières.

Suite logique de la traite des noirs, La colonisation européenne en Afrique se situe entre 1880-1939. Jusqu’en 1914, L’Europe est à la conquête de l’Afrique. Les puissances coloniales disent remplir une mission civilisatrice. Leurs actions semblent portées par des arguments politico-moraux mais en fait les arguments économiques et matériels sont primordiaux. Les relations internationales sont marquées par la compétition et l’Afrique constitue un puissant levier pour des débouchés économiques, pour l’exploitation des ressources, pour l’investissement militaire. Par ailleurs, la domination européenne sur l’Afrique renforce le sentiment nationaliste en Europe et aiguise la confiance dans la supériorité nationale.

De 1914 à 1939, c’est l'apogée de la colonisation européenne en Afrique. Tout le continent est partagé par les puissances coloniales ou presque (Libéria). Un système d'exploitation colonial est mis en place qui assure aux européens l’organisation et la propriété de toutes les ressources africaines y compris humaines.

b) Le développement du Nord en dépit du Sud ?

Les relations entre les pays du Nord et les pays du Sud ont été symbolisées par les relations entre l’Europe et l’Afrique. Ses relations n’ont pas été en faveur des africains. Elles sont constitués une domination inacceptable et une appropriation des ressources de l’Afrique

La théorie du « système-monde » d’Immanuel Wallerstein définit ses relations Nord-Sud en termes de Centre/Périphérie. Le développement du centre (Europe) dépend de l’exploitation des périphéries. Le centre se sert des périphéries pour asseoir son développement. En concluant sur la situation du Nord et sa responsabilité dans le sous-développement du Sud, Wallerstein déclare : « Nous sommes riches parce qu’ils sont pauvres ». Cet angle de vue sera déterminant pour comprendre la mission des institutions internationales dans le rattrapage de l’Afrique. Les européens ont une charge en vue de développer l’Afrique car, malgré le fait qu’ils ont développé des infrastructures, ils n’ont pas créé les conditions de l’autonomie et de la paix africaines. Que cela soit dans les stratégies de développement interne à l’Afrique ou les stratégies économiques ou diplomatiques en direction de l’Afrique, on ne peut faire table rase du passé.

C’est la question de la dépendance du Sud vis-à-vis du Nord. Est-ce que l’Afrique peut-elle sortir d’une dépendance vis-à-vis de l’aide internationale. Au nom de l’histoire, les pays africains préconisent de supprimer la dette internationale car celle-ci n’a pas été crée par des échanges équilibrés. La question du développement africain est surtout la question de savoir s’il est possible de construire politiquement et économiquement une relation équilibré entre deux partenaires si différents mais si liés par une histoire meurtrie.

Plus globalement, est-ce qu’il est possible par exemple de construire un système économique international où il n’existe ni de centre ni de périphéries ? L’économie politique internationale n’implique pas toujours un centre et des périphéries, des gagnants et des perdants ?

Si nous devions réaliser un bilan des deux derniers siècles, on pourrait penser que l’Afrique est un grand perdant de la compétition internationale, mais ce serait oublier maintes aspects du développement qui vont compter de plus en plus dans le futur.

A l’aube du 21ième siècle, l’Afrique ne serait-elle le continent qui contient les principaux atouts de la croissance ?

Analysons d’abord les faiblesses avant de s’intéresser aux atouts du continent africain.

II- Les faiblesses de l’Afrique

a) Les indicateurs économiques

1) La position de l’Afrique dans l’économie mondiale

Les indicateurs économiques se sont dégradés depuis les indépendances.

L'Afrique est la seule région du monde, avec le sous-continent indien, où la pauvreté s'étend et c'est la seule à ne pas être parvenue à enclencher le processus de développement. C'est surtout l'Afrique subsaharienne qui est confrontée à cette situation : la croissance du PIB réel par habitant y est négative depuis vingt ans (ou faiblement positive si l'on exclut l'Afrique du Sud et le Nigeria), contrairement aux situations qui prévalent en Afrique du Nord et en Asie (y compris en Inde).

Le revenu par habitant à la fin du 20ème siècle (699 dollars EU de 1995 par habitant pour la période 1997-1999, 535 dollars en Afrique subsaharienne, 301 dollars en excluant l'Afrique du Sud) est, en moyenne, inférieur à ce qu'il était dans les années soixante, la pauvreté absolue (moins de un dollar EU de revenu par habitant par jour) affecte 44% de la population (et 55% en Afrique subsaharienne, où elle est plus forte en zones rurales - 59%).

Sur la période 1970-1998, sur 32 pays dans le monde qui ont eu une croissance moyenne annuelle négative, 25 sont africains, et sur les 43 qui ont eu une croissance entre 0% et 2%, 19 sont en Afrique. En d'autres termes, l'Afrique est la région du monde dont le taux d'accroissement du PIB par habitant a été le plus faible. Les seules exceptions notables concernent l'Egypte et la Tunisie, Maurice et le Botswana - mais ce pays est, par ailleurs, ravagé par le SIDA - et, dans une certaine mesure, l'Afrique du Sud. En revanche, les pays africains de la zone franc ne font pas exception au tableau général. Enfin, il faut relever que les taux de mortalité infantile sont particulièrement élevés en Afrique subsaharienne, plus du double de ceux de l'Afrique du Nord et de l'Asie du Sud (sans l'Inde, où ce taux n'est pas très éloigné de celui de l'Afrique).

Il demeure que le sous-développement de l'Afrique est criant (les améliorations de la croissance dans la seconde moitié des années quatre-vingt-dix étant dues à la remontée des prix des produits de base et non à une véritable reprise).

Le constat du non-développement de l'Afrique, voire de son recul, est malheureusement devenu presque banal. Essayer de comprendre pourquoi ce continent ne parvient pas à se développer, quarante ans après les indépendances - ce "gel du Sud" dont parlait Pierre Moussa dans le "Caliban naufragé" -, relève d'une entreprise qui pourrait paraître présomptueuse. Expliquer le non-développement implique en effet, au moins implicitement, de savoir ce qu'il aurait fallu faire alors que les acteurs du développement, au Nord comme au Sud, ne réussissent pas à surmonter cette difficulté. Formuler un certain nombre d'hypothèses sur les raisons pour lesquelles l'Afrique, du Nord au Sud, tarde encore à enclencher le processus de son développement

2) Expliquer le phénomène de sous-développement : Raisons et facteurs

a) Perspectives internationales

Reste alors à expliquer pourquoi la croissance ne s'est pas enclenchée en Afrique. On peut avancer des explications économiques, qui font appel aux raisonnements classiques et qui sont pertinents, et politiques, ainsi que des raisons culturelles, qui permettent de comprendre pourquoi l'économie classique ne fonctionne pas sur le continent africain comme ailleurs. Il ne s'agit pas de présenter une approche en termes de relativisme culturel mais de constater qu'il existe en Afrique un environnement qui lui est propre, produit d'une histoire et d'une culture spécifique, au sens de représentation du monde, dont il n'a pas toujours été tenu compte.

Il existe une multitude de raisons susceptibles d'expliquer pourquoi l'Afrique n'est pas parvenue à engager son développement. Toutefois, la situation varie d'un pays à l'autre tandis que nombre de ces raisons n'ont pas empêché, sous d'autres latitudes, que le développement économique s'enclenche néanmoins. Il faut donc tenter de hiérarchiser ces raisons, pour comprendre où se trouvent les principaux éléments de blocage.

Le facteur principal du non-développement peut être ramené à l'insuffisance de la croissance du PIB (qui est, cependant, sous-estimée dans les statistiques car elles ne prennent pas en compte le secteur informel, qui peut représenter une part non négligeable de l'activité économique), quand ce n'est pas son recul, comparée à la croissance démographique. La création de richesses est rare sur le contient africain et, quand elle existe, elle ne suit pas l'augmentation de la population.

Or, les économistes s'accordent pour estimer qu'un simple processus de rattrapage - ce qui est différent du rattrapage proprement dit - impliquerait une croissance annuelle du PIB d'environ 6-7% sur une longue période, au moins 20 ans (un taux de croissance de 3,5% par an pendant 20 ans équivaut à un doublement du PIB de départ ; comme la population augmente pendant la même période, au rythme de 2,5% en moyenne mais avec des pointes supérieures à 3% dans certains pays, on voit bien qu'il faut un effort de croissance considérable pour modifier la situation de départ ; et un doublement du PIB par habitant, actuellement de 699 dollars EU, ne conduirait pas pour autant à une situation satisfaisante).

C'est dire que le différentiel entre la réalité et l'objectif est très important. Il l'est d'autant plus que, même si l'on constate aujourd'hui une tendance à la baisse de l'aide publique au développement, les pays africains, particulièrement d 'Afrique subsaharienne, ont été les plus aidés au monde (12% du PIB en moyenne), l'aide n'ayant cependant pas toujours eu pour finalité, loin s'en faut, le développement.

Les restrictions d'accès aux marchés des pays développés sont d'autant plus graves qu'elles touchent l'essentiel des productions africaines.

Aux handicaps de compétitivité des économies africaines s'ajoutent les problèmes d'accès aux marchés des pays développés. Même si ceux-ci se sont largement ouverts, sur les plans tarifaire et quantitatif, à la suite des différents cycles de négociations commerciales et des conventions de Lomé, il existe encore des restrictions par produits et/ou par calendriers qui, s'ils sont peu importants par exemple pour les pays de l'Union européenne, touchent de manière spécifique les pays africains : le sucre, la banane et les produits textiles, qui font encore l'objet de restrictions d'accès, figurent en effet parmi les principaux produits d'exportation de ces pays.

De plus, pour les textiles, les règles d'origine pénalisent aussi les pays exportateurs. En principe, l'accord de Cotonou, qui a pris la suite des conventions de Lomé, devrait conduire à une levée des dernières restrictions, que l'Union européenne a décidé d'anticiper dès maintenant au profit des pays les moins avancés dans le cadre de l'initiative "Tout sauf les armes".

Par ailleurs, certaines réglementations ont pour effet de freiner, quand ce n'est pas d'empêcher, l'accès des produits des pays africains, en particulier dans le domaine phytosanitaire. Le bien fondé de telles réglementations n'est pas en cause mais leur édiction ne s'accompagne pas d'une assistance technique à la mise aux normes des pays tiers en développement.

b) Les économies africaines souffrent d'un manque d'offre et de compétitivité

1) L'agriculture est retardataire et sous-capitalisée,

L’agriculture est l’activité africaine qui a les rendements les plus bas (en partie parce qu'il est peu fait appel aux engrais) de tous les pays en développement (70% de la population, 30% du PIB en moyenne), et reste fondée sur la rente : 70% des recettes d'exportation proviennent de neuf produits tropicaux (café, cacao, banane, arachide, coton, caoutchouc, thé, sucre tabac) ; or les marchés de ces produits sont plus vite saturés que ceux des produits manufacturés et ils ont peu d'effets d'entraînement sur le reste de l'économie).

2) Les taux d'investissement sont insuffisants

On constate un insuffisant investissement en Afrique. 12% en moyenne, mais 2% seulement pour l'investissement privé, avec des coefficients de capital (qui exprime le nombre d'unités de capital nécessaires pour produire une unité de PIB) très médiocres et un problème majeur de durabilité des investissements lié à la faiblesse de la maintenance ; on rappellera que le processus d'investissement soutenu a été un élément central dans le développement du Japon et des autres pays d'Asie.

3) Manque de stratégies économiques des entreprises africaines

En général, les opérateurs africains ne maîtrisent pas les techniques d'approche des marchés extérieurs et les coûts de transaction qui y sont associés sont plus élevés qu'ailleurs, exprimant en cela les déficiences de la gestion publique dans ces pays (ports, aéroports, armements maritimes, procédures douanières, faiblesse des capacités de commercialisation.

c) Des facteurs structurels à l'origine des difficultés

1) problème de formation

Le niveau du capital humain est très insuffisant, conséquence des déficiences des appareils d'éducation et de formation (à cet égard, il faut relever qu'au lendemain des indépendances plusieurs pays africains disposaient d'un bon niveau d'encadrement intermédiaire, ce qui n'est pratiquement plus le cas aujourd'hui).

2) La faiblesse de l'investissement productif

Il s'explique à la fois par les politiques budgétaires suivies par nombre de ces pays, qui ont eu un effet d'éviction pour les investisseurs domestiques (niveau des taux d'imposition et contrôles bureaucratiques des investissements), ainsi que par le délabrement des infrastructures financières ; à cela s'ajoute une caractéristique très largement répandue : la préférence pour le financement du commerce plutôt que les investissements longs, ce qui permet de réduire les risques ; de ce fait l'épargne intérieure, outre qu'elle est insuffisante, est soit captée par les pouvoirs publics pour financer des dépenses improductives, soit affectée à d'autres emplois également non productifs.

3) Des marchés peu solvables

Les investisseurs ne misent pas sur l’Afrique car il y a une certaine étroitesse des marchés de la plupart des économies africaines (20 sur 53 pays ont moins de 15 millions d'habitants), au demeurant peu solvables, et l'enclavement de certaines d'entre elles (c'est le continent qui compte le plus grand nombre de pays enclavés), handicaps auxquels il faut ajouter l'insuffisance des infrastructures de transport et le niveau particulièrement élevé des droits que les pays africains appliquent à leurs importations respectives, ont aggravé les difficultés.

4) Mauvais choix de politiques économiques

a) Au plan macroéconomique

Les politiques budgétaires, monétaires, de change, de prix et commerciales ont pendant longtemps créé un environnement défavorable pour la croissance et les investissements ; cette situation a commencé à évoluer dans un sens positif mais beaucoup reste à faire et les économies africaines sont encore trop - mal - régulées pour permettre une véritable expansion de l'initiative individuelle, ce qui explique le faible niveau des créations d'entreprises.

b) Les choix au lendemain des indépendances

Nombre de dirigeants d'alors assimilaient le capitalisme au colonialisme. L'agriculture a été sacrifiée au profit des villes (taxation des exportations de produits primaires, souvent jusqu'à 60% ou plus, maintien à un niveau peu élevé - en dessous des cours mondiaux - des prix versés aux producteurs, absence de politiques de réduction des coûts de production et d'investissements publics). c) Le droit de propriété individuelle

Il n'est pas suffisamment reconnu, encore moins garanti, ce qui freine la création d'unités de production, particulièrement dans l'agriculture, et le développement du crédit puisqu'il s'avère pratiquement impossible de constituer des sûretés réelles (cette situation existe aussi sur d'autres continents mais les techniques de " contournement " qui s'y sont développées sont très peu utilisées en Afrique).

d) Dépendance et diversification

Dépendant fortement des exportations de produits primaires, l'Afrique est particulièrement pénalisée par la dégradation des termes de l'échange et la volatilité des cours des produits de base

L'Afrique a connu, depuis les années 1970 une dégradation continue des termes de l'échange : pour un indice 100 en 1995, ils sont passés de 128 pour les années 1970-1979 à 97 en 1999 (157 et 99 pour l'Afrique du Nord, 122 et 97 pour l'Afrique subsaharienne). A cela s'ajoute la très grande volatilité des cours des produits de base, dont on a vu que l'Afrique est très fortement dépendante pour ses recettes d'exportation.

Cette situation est évidemment un important facteur de fragilité économique. Cependant, peu a été fait pour tenter d'y remédier : les efforts de diversification des économies ont été très limités, alors que les cours des produits de base s'inscrivent dans une tendance de long terme à la baisse du fait des modifications structurelles que connaissent les marchés des pays consommateurs, les politiques agricoles des pays producteurs ont peu porté sur les améliorations techniques des conditions de production ou la réduction des coûts, avec l'introduction de nouvelles technologies, enfin le recours aux techniques financières de couverture reste peu développé en Afrique. Quant aux mécanismes de garantie des recettes d'exportation, ils ont surtout eu pour conséquences de différer les réformes.

Exercice

Tableau statistique et Extraits: Analyse des exportations

Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement-Genève 2003- Disponible à partir de http://www.unctad.org/fr/docs/gdsafrica20031_fr.pdf

Rapport sur la « Conférence des Nations-Unies sur le développement économique en Afrique Résultats commerciaux et dépendances à l’égard des produits de base »

Extraits de l’analyse de la conférence :

b) Au-delà de l’économie, contexte politique et sociale

Le contexte politique, sociale et culturel est déterminant pour l’activité économique. Les performances économiques de l’Afrique s’expliquent aussi par les facteurs sociétaux qui montrent la difficulté de penser la prospérité et le développement sans recourir à des réformes profondes des sociétés africaines en ce qui concerne la santé, les institutions, la pacification.

1) Entre éducation et santé, le développement humain africain

 Près de 34 % de la population africaine souffre de carence alimentaire grave, soit presque deux fois plus que pour le reste des pays en développement.  L’espérance de vie en Afrique est de 46 ans; au Canada, elle est de 80 ans.  Dans neuf pays d’Afrique, l’espérance de vie est de moins de 40 ans.  C’est en Afrique subsaharienne que l’on retrouve les 2/3 des nouveaux cas de VIH et les ¾ des décès qui y sont liés.  Vingt-huit millions de personnes – chiffre de peu inférieur à celui de la population du Canada – sont aujourd’hui infectées par le virus. Certains pays de l’Afrique, notamment ceux de l’est et de l’ouest, enregistrent un ralentissement de la propagation du VIH/sida depuis quelques années. Seulement 58 % de la population africaine a accès à de l’eau potable. Plus de 85 % de la population de l’Afrique du Nord a accès à des sources d’eau améliorées.

En matière d'éducation, le taux de scolarisation primaire a baissé de 1980 (80%) à 1993 (72%), moins d'un quart de la population d'âge scolaire suit des études secondaires et de nombreux adultes n'ont pas d'instruction ; s'agissant de la santé, l'Afrique partage avec l'Asie du Sud les taux les plus élevés de mortalité infantile, c'est aussi le continent qui a le plus faible nombre de médecins rapporté à la population, et le SIDA touche 22,5 millions de personnes (pour 33,4 millions de personnes infectées dans le monde), provoquant chaque année le décès de deux millions de personnes (sur 2,5 millions de décès dans le monde), dont un quart d'enfants, ce qui conduit à une baisse de l'espérance de vie dans presque un tiers des pays africains ; plusieurs autres maladies endémiques touchent aussi les populations africaines (malaria, tuberculose, etc.), parfois par suite du développement du SIDA.

L'Afrique, au Nord comme au Sud, a ainsi les plus faibles indicateurs de développement humain (indicateur synthétique élaboré par le PNUD à partir de l'espérance de vie, du niveau d'instruction et du revenu par habitant, corrigés des différences de pouvoir d'achat) au monde, avec l'Asie du Sud.

Ce recul s'accompagne d'une marginalisation croissante sur les plans commercial et financier : l'Afrique subsaharienne représente 10% de la population mondiale mais 1% du PIB mondial - son PIB est d'ailleurs équivalent à celui de la Belgique, avec 650 millions d'habitants -, 2% du commerce mondial, 1% des investissements directs, elle compte 34 des 49 pays les moins avancés et 36 des 45 pays à indice de développement humain faible, et on y dénombre 180 millions de personnes sous-alimentées. C'est d'ailleurs en Afrique subsaharienne que les apports caloriques journaliers par habitant sont les plus faibles, ceci expliquant cela.

2) Le plan politique de la gouvernance

Quelle que soit la pertinence de ces explications de nature économique, et elle paraît peu contestable, il semble bien pourtant que la véritable raison du non-développement de l'Afrique soit d'une autre nature : la bonne gouvernance, c'est-à-dire la manière dont sont gouvernés ces pays. Il y a, à cet égard, deux éléments majeurs dont découlent tous les autres : Du point de vue sociopolitique, les sociétés africaines ne connaissent pas ou peu l'Etat, au-delà des apparences formelles. Les structures étatiques sont le plus souvent, avec des exceptions (notamment au Sénégal, pays qui bénéficie d'une certaine homogénéité humaine et culturelle), des moyens de domination ethnique, l'Etat étant alors un instrument de patrimonialité. La colonisation n'a d'ailleurs pas contribué à forger un Etat démocratique dans ces pays, avec son administration tournée plus vers la domination que la gestion, fortement personnalisée, avec un pouvoir discrétionnaire, souvent arbitraire, la négociation et les arrangements prévalant sur la règle.

a) La corruption

C'est un fléau considérablement répandu en Afrique, à tel point que les agences de coopération multilatérales s'accordent pour estimer qu'environ 40% des aides extérieures sont détournées (estimations effectuées à partir d'études portant sur les flux enregistrés dans les balances des paiements) ; ce fléau n'est évidemment pas propre à l'Afrique mais, d'une part, contrairement à ce qui se passe en Asie, les ressources détournées ne sont pas réinvesties sur place, d'autre part, par rapport à la richesse des pays africains, la part détournée est beaucoup plus importante ; il est évident qu'aucune politique d'aide ne peut être efficace dans de telles conditions ;

b) Les conflits

L'Afrique compte environ une quinzaine de pays en conflit sur 53 ; une étude a montré, en s'appuyant sur les cas de croissance prolongée et soutenue qu'ont connus plusieurs pays africains dans le passé, qu'à chaque fois le processus s'est interrompu par suite de conflits politiques, internes ou externes.

La capacité de gouvernement constitue ainsi un problème central dans le développement de ces pays, surtout dans un contexte fortement marqué par le tribalisme. Ainsi, dans un pays comme le Nigeria, qui a connu plusieurs dictatures militaires dans le cadre desquelles la corruption a, de notoriété publique, particulièrement sévi, après deux années de gouvernement civil démocratique, aucun des anciens responsables n'a été poursuivi pour des faits de corruption, encore moins arrêté (seule la famille de l'ancien dictateur Abacha a dû restituer une partie des sommes détournées). Cette situation n'est pas propre à ce pays. Pourtant, bien qu'il ait engrangé 280 milliards de dollars américains de recettes d'exportation depuis 30 ans, le Nigeria demeure un des 25 pays les plus pauvres de la planète, avec un PIB par habitant de 230 dollars sur 1997-1999.

3) Des défaillances qui se répercutent sur le plan économique

a) Les déficiences de la gestion économique

Elles sont largement imputable au manque de compétences et d'expertise (ce qui renvoie aux problèmes d'éducation et de formation), tant au niveau public (en Asie, selon des formes diverses selon les pays, les stratégies de développement économique ont été élaborées et mises en œuvre de manière technocratique - et le plus souvent dans le cadre de dictatures - par des équipes ramassées d'experts nationaux de très haut niveau auxquelles les gouvernements en place avaient donné une assez large délégation) que des entreprises (dans un pays comme la Côte d'Ivoire, à titre d'exemple, selon les données d'une filiale locale d'une grande banque française, 80% des PME sont en contentieux). La bonne administration de l'aide est aujourd'hui un important problème dont on ne connaît pas véritablement les solutions : d'une part, si les besoins sont considérables, il est tout aussi vrai que la plupart des pays africains ne dispose ni des ressources humaines, ni des infrastructures institutionnelles pour gérer de tels financements (qui impliquent la gestion d'autant de procédures qu'il y a de bailleurs de fonds, ce qui est une gageure dans des pays dont la capacité institutionnelle est faible) ; d'autre part, on ne peut manquer de s'interroger sur le fait que l'un des pays d'Afrique les plus performants aujourd'hui en termes de croissance ne relève d'aucun des modèles préconisés et bénéficie d'une aide extérieure quasiment nulle : le Soudan, qui affiche des taux de croissance du PIB de 7% en moyenne annuelle, depuis peu il est vrai.

b) L'insécurité juridique

Associé à l’insécurité juridique, les "défaillances" du système judiciaire, largement affecté par la corruption (notamment avec les pratiques de partage des honoraires), ce qui a notamment pour conséquence de rendre très difficile le recouvrement des créances.

c) L'absence de culture de contrat

C’est une notion juridique largement étrangère à ces pays, ce qui freine évidemment la vie des affaires. La faiblesse de la régulation du marché du travail ou des échanges commerciaux est un véritable problème pour penser le développement économique et le développement humain.

d) Démocratie et Etat de droit

L’absence de véritable démocratie et de garantie des droits ne favorise pas l’accueil des capitaux étrangers.

Au total, ce sont tout autant les insuffisances de l'assistance technique, l'échec des efforts de diversification des économies et les défaillances institutionnelles qui sont à déplorer et qui expliquent en grande partie le non-développement de l'Afrique. Cependant, l'environnement intérieur de ces pays s'avère particulièrement peu propice au développement, d'autant plus que cette réalité a souvent été ignorée par les dispensateurs de l'aide.

Les indicateurs économiques et sociaux, les considérants structurels (infrastructures, contexte institutionnelle) sont certes alarmant par rapport à la situation des autres pays en développement. Toutefois, malgré ces constats, le tableau de l'Afrique n'est pas complètement négatif. L'Afrique peut se prévaloir de quelques résultats positifs

III- Progrès et atouts du continent africain

Vers un développement africain

C’est une partie plus difficile que la deuxième car il faut savoir faire preuve de plus de discernement qu’un simple diagnostic.

a) potentiel de croissance

1) Certains indicateurs sociaux ont connu des améliorations

D'une manière générale, on a assisté à un allongement de l'espérance de vie, notamment pour ce qui concerne la proportion des jeunes enfants qui survivent, même si la situation actuelle est encore loin d'être satisfaisante. Ce phénomène est l'expression de l'entrée de l'ensemble des pays africains dans le processus de transition démographique (baisse de la mortalité avec l'introduction des techniques sanitaires et maintien d'un niveau élevé de la natalité, bien que celle-ci tende à baisser dans un certain nombre de pays).

Par ailleurs, même si cela reste encore limité, certaines pandémies ont pu être maîtrisées, comme l'onchocercose en Afrique de l'Ouest. Quelques pays donnent aussi l'exemple dans ce domaine, comme le Sénégal qui, par des campagnes d'information et d'explication, est parvenu jusqu'à maintenant à empêcher l'extension du sida.

La réduction des conflits est elle aussi significative. En 1998, 14 pays étaient en situation de conflits armés; en 2004, on n’en compte que six.

De par ses facteurs de progrès, l’Afrique a connu un triplement de sa population depuis les indépendances et le sextuplement de sa population urbaine. L’Afrique a une population de 900 millions d’habitants, et les 53 Etats africains constituent une réserve de voix importante à l’Organisation des Nations Unies (ONU), et jouent un rôle important dans les affaires internationales. D'ici 20 ans, le continent comptera un milliard d'habitants, dont la moitié aura moins de 20 ans. Ce qui constitue un formidable potentiel de ressources humaines. L’aspect de la jeunesse de la population permet d’espérer une créativité et une innovation sans pareil si bien sûr les conditions sont réunies, notamment l’amélioration de la santé et les conditions de la bonne gestion économique.

2) L’aide internationale

Les pays africains sont ceux qui ont été les plus aidés dans le monde en développement : l'aide extérieure a représenté 10% du PIB en moyenne ces vingt dernières années, avec de fortes variations d'un pays à l'autre, et 5% en moyenne depuis 1996.

Les aides ne cesseront pas car c’est une responsabilité historique des pays colonisateur. L’Afrique est un enjeu déterminant de la stabilité mondiale notamment au regard de sa population jeune et des flux d’émigration que cette population implique. Le renforcement des mesures d'annulation de la dette de dette ces dernières années est positif, quelles qu'en soient les limites.

3) Les ressources

L’Afrique est le second continent par son étendue géographique, les ressources naturelles telles que le diamant, l’or, la phosphorite, la Bauxite, l’uranium, le cuivre, le pétrole et le bois sont abondantes et constituent une « trésorerie de ressources naturelles ». L’Afrique est également un important producteur de cacao, de café, d’huile de palme, de coton, de thé, de sisal et de la gousse, un fournisseur essentiel de matières premières industrielles pour le monde entier, un pilier indispensable assurant le bon fonctionnement de l’économie mondiale et un contributeur principal pour la croissance économique planétaire.

b) Le régionalisme africain dans la mondialisation

Les Etats africains recherchent avec ardeur une voie de développement propre à leur situation réelle, s’efforcent à s’unir, à retrouver et maintenir la paix, la stabilité et le développement. L’Union africaine fondée en 2001 a élaboré le « Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique », illustrant le plan gigantesque du renouveau et du développement de l’Afrique. Globalement, la situation politique en Afrique est maintenant stabilisée, les conflits régionaux s’apaisent progressivement, la croissance économique redémarre et le marché grandit, ce qui contribue à la stabilité et la croissance économique mondiale. Depuis 1995, l’Afrique a maintenant plus d’une décennie de croissance à vitesse moyenne, qui s’est accéléré depuis 2003 pour dépasser les 4% par an et atteindre 5,9% en 2006.

1) Facteurs internes

a) Les institutions africaines

L’Afrique est dans un processus de construction politique et économique. Les institutions régionales de l’Afrique entament un travail extrêmement positif pour la pacification (régulation des conflits) et la prospérité humaine et économie du continent.

Plus le continent africain sera unifié, plus il pourra organiser son développement et peser dans le jeu international. Conscient de leurs intérêts, les Etats africains prennent graduellement conscience de leurs intérêts communs dans le jeu de la mondialisation.

Analyse Tableau : Le régionalisme africain

b) Stratégie de développement

Le continent a mis en œuvre nombre de réformes économiques et politiques, et le secteur informel a pu apparaître comme un amortisseur des crises et des difficultés même si son extension représente un recul (fuite devant l'impôt, pratiques financières spoliatrices, atteintes aux droits les plus élémentaires, concurrence déloyale au secteur moderne, etc.) en termes de développement économique et social. Enfin, l'Afrique peut se prévaloir de quelques succès techniques, comme l'amélioration de certaines variétés de cultures (riz, maïs). Par ailleurs, on a assisté à un développement des infrastructures.

Les Etats africains promeuvent aujourd’hui le NEPAD, Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique. Le NEPAD a pour ultime objectif de combler le retard qui sépare l'Afrique des pays développés. Cette notion de fossé à remplir (bridging gap) est le cœur même du NEPAD. Par là, les dirigeants africains considèrent que l’Afrique doit prendre toute sa place dans la mondialisation. Elle n’est pas en marge de l'évolution du monde mais celui-ci l'a marginalisée au point qu'elle ne représente que 1.7% du commerce international, qu'elle est apparue comme le dernier des continents en termes de croissance et de développement et comme le continent le plus pauvre.

c) Idée et propositions

Sans prétendre définir ici des éléments d'une stratégie de développement pour l'Afrique, ce rapide survol suggère quelques pistes majeures :

 Il n'y aura pas de développement sans entreprises viables, ce sont elles qui sont à l'origine du processus d'accumulation, et cela commence par le soutien aux activités génératrices de revenus : l'environnement économique et social devrait donc être construit en fonction de cet objectif, en particulier l'Etat, qui reste à édifier et dont la mission est non seulement d'assurer le respect des droits fondamentaux et de la démocratie, mais aussi la sécurité juridique et judiciaire nécessaire à l'expansion du secteur productif.  Les ressources humaines sont un élément déterminant du processus de développement et devraient donc être traitées comme tel (éducation, formation, santé, etc.).  Le regroupement des Etats, que ce soit à travers la coopération ou l'intégration régionale, est une nécessité, un grand nombre de pays africains n'étant pas véritablement viables et supportant des coûts de structures disproportionnés par rapport à leur taille.  Enfin, il ne peut pas y avoir de développement sans respect des cultures de tous ces pays, quand bien même elles sembleraient constituer un frein : il faut donc laisser aux Africains le soin de définir leur modèle de développement et ne pas exporter les modèles du Nord, il conviendrait d'introduire une approche sociale et sociologique dans les programmes et projets pour appréhender les conditions qui permettraient leur appropriation, leur internalisation, par les populations, quand bien même, en agissant de la sorte, on prendrait le risque de ralentir l'aide au développement, et il y aurait lieu d'accompagner cet effort d'une assistance technique à la mesure des besoins.  Le développement est un processus de changement social qui doit être traité comme tel et qui va au-delà de la lutte contre la pauvreté. C'est aussi un humanisme, ce qui exige de ne pas méconnaître les cultures des autres peuples.

2) Facteur externe

La compétitivité internationale implique des alliances géostratégiques. Le continent africain car il représente un potentiel fort de croissance et un nouvel ensemble régional est l’objet de convoitise de la part de la Chine et de l’Inde. Les dirigeants africains souhaitent aujourd’hui s’émanciper d’une dépendance, à l’égard de la France par exemple, qui n’a pas favorisé leur développement économique.

La convoitise de ces pays envers les marchés africains va permettre à l’Afrique des investissements et de réformes qui vont favoriser le développement de certains de ces secteurs.

c) Les atouts de l’Afrique dans une nouvelle géopolitique

Les atouts de l’Afrique dans une nouvelle géopolitique sont nombreux.

Parce qu’elle est le berceau de l’humanité, elle représente symboliquement quelque chose comme le foyer de l’humanité. La spiritualité, la nature, l’ethnicité font de sa diversité une force. La mosaïque africaine offre une grande variété de situations, et ceci est une force dans une mondialisation plurielle.

Enfin, son ancrage traditionnel et naturel fait de ce continent un enjeu pour penser un développement durable dans une mondialisation qui sache concilier les niveaux local et global, les traditions et la nouveauté.

C - Correction sujet

« L’Afrique, un continent toujours périphérique en mal de développement ? »

Encore une fois, bien noter les emplois des termes « mal » et « périphérique », il s’agit de mettre en perspectives les maux africains et de s’interroger sur sa place centrale ou périphérique dans la mondialisation. Qu’en est-il de son passé, de ses réformes présentes et de ses potentiels futurs dans une économie mondiale en constant bouleversement ? Rien n’est inéluctable et le mal de développement de l’Afrique non plus. Si l’Afrique est tributaire d’une difficulté presque structurel de développement, elle n’est pas pour autant un acteur probable de la scène mondiale dans les prochaines décennies. Mieux vaut s’appuyer sur deux parties claires et distinctes qui mettront en exergue. C’est un plan faiblesse/atout, ou si vous voulez, en reprenant les termes du sujet, on peut affirmer que OUI, l’Afrique est un continent périphérique en mal de développement mais les évolutions démographiques ou politique, les réformes économiques et les ajustements géostratégiques vont probablement lui permettre d’entrer dans le jeu mondial.

Exemple de reformulation du sujet :

L’Afrique est-elle condamnée au sous-développement ?

Malgré son histoire, quelles sont les perspectives de l’Afrique dans la mondialisation ?

I - Contexte Historique et géopolitique de l’Afrique

a) Contexte historique

b) Le développement du Nord en dépit du Sud ?

II- Les faiblesses de l’Afrique

a) les indicateurs économiques

b) Au-delà de l’économie, contexte politique et sociale

III- Progrès et atouts du continent africain

Vers un développement africain

a) Potentiel de croissance

b) Le régionalisme africain dans la mondialisation

c) Les atouts de l’Afrique dans une nouvelle géopolitique

D - Pour aller plus loin

Une bonne conclusion serait une réponse à la problématique. Elle consistera à reprendre les termes du sujet, leurs articulations pour démontrer la justesse d’un raisonnement cohérent et argumentée.

Penser par ailleurs que l’ouverture peut très bien constituer une totale reconfiguration du sujet.

Par exemple :

 Est-il possible pour un pays de sortir d’un rôle périphérique dans l’économie mondiale ?  Peut-on imaginer une économie mondiale sans centres et économies périphériques ?  Les relations économiques internationales sont-elles toujours vouées à des rapports de force, de domination, de hiérarchie. Peut-on imaginer une économie où il n’y ait que des gagnants ?

http://geopoeconomique.centerblog.net/6525134-L-afrique-un-continent-toujours-peripherique-

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______«La famille noire est toujours un problème pour ce culturalisme» La dérive des cités sensibles a-t-elle une dimension culturelle?.. «la démonstration» d’Hugues Lagrange «ne tient pas».

Société 27/09/2010 à 00h00 «La famille noire est toujours un problème pour ce culturalisme» InterviewEric Fassin, sociologue à Normale sup :

5 réactions Par CATHERINE COROLLER



Eric Fassin est sociologue à l’Ecole normale supérieure. Il estime que «la démonstration» d’Hugues Lagrange «ne tient pas».

La dérive des cités sensibles a-t-elle une dimension culturelle, comme l’écrit Hugues Lagrange dans le Déni des cultures ? Son constat n’est pas original : comme d’autres, il traite de la «nouvelle question sociale» qui monte depuis trente ans, et dont les émeutes de 2005 ont été le symptôme. Mais son interprétation est bien en rupture avec les sciences sociales actuelles, auxquelles il reproche leur «déni des cultures» : il révise les analyses néoconservatrices, aux Etats-Unis, sur la «culture de la pauvreté», à la lumière d’un culturalisme anthropologique des années 1930. Les inégalités socio-économiques n’expliquent pas tout, dit-il - et ceux qui, comme moi, s’intéressent à la «question raciale» ne peuvent qu’être d’accord. Mais il va plus loin : les discriminations raciales ne suffiraient pas à expliquer les différences entre «sous-cultures». Il mobilise donc l’«origine culturelle». Et d’expliquer ainsi la situation des immigrés noirs du Sahel. Or sa démonstration ne tient pas : la précocité des différences scolaires entre groupes, annonçant les mêmes différences en matière de délinquance, ne s’expliquerait par l’origine culturelle que si la socialisation primaire n’avait rien à voir avec la société d’accueil. Or l’école et la famille sont tout autant traversées par les logiques de racialisation qu’entraînent discriminations et ségrégation.

La culture n’expliquerait rien selon vous ? La culture n’est pas une explication ; c’est ce qu’il faut expliquer. Lagrange lui-même finit par se contredire : il bascule de «l’origine culturelle», héritage du passé, à «l’ethnicisation», effet du contexte présent. D’un côté, il croit trouver dans la famille noire américaine contemporaine les traces des Africains «de la forêt». De l’autre, il parle de «néotraditionalisation» plus que de tradition : c’est le contexte français de stigmatisation de l’islam qui «démodernise» les Turcs laïcs. Lagrange affirme à la fois l’affaiblissement du modèle patriarcal chez les Maghrébins et son renforcement chez les Sahéliens : l’explication n’est donc pas du côté de l’origine !

Pourtant, ce livre rencontre un réel écho… Il est hélas d’actualité par ses thèmes (immigration et délinquance) et par sa grille d’interprétation : la cause du problème, c’est «eux» plus que «nous» - leur culture, plutôt que notre politique. Ainsi, il distingue deux catégories de Noirs : aux États-Unis ou aux Antilles, le père serait trop absent. En métropole, avec les immigrés sahéliens, ce serait le contraire : le père serait trop présent. «Matrifocalité» ou «patriarcat», pour ce culturalisme, la «famille noire» est donc toujours un problème. Or à droite, lors des émeutes de 2005, Gérard Larcher et Bernard Accoyer, actuels présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, mettaient eux aussi en avant la polygamie. Certes, Lagrange rejette l’exclusion des immigrés. Mais ce n’est pas son plaidoyer multiculturaliste qui fait son succès. S’il séduit les médias, c’est qu’il conforte le sens commun par un livre savant censé briser un tabou en disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

http://www.liberation.fr/societe/01012292610-la-famille-noire-est-toujours-un-probleme-pour-ce-culturalisme

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______Afrique Renouveau; Développement durable : L'eau, l'assainissement et le logement ... Les vicissitudes du développement durable. Problèmes d'eau en Afrique sont aigus et complexes",

Afrique Renouveau, Vol.18#2 (Juillet 2004), page 19

Les vicissitudes du développement durable

L'eau, l'assainissement et le logement figurent parmi les priorités de l'Afrique

Par Gumisai Mutume

Plus d'une décennie après la Conférence des Nations Unies sur le développement durable tenue à Rio de Janeiro (Brésil), le monde s'efforce toujours d'atteindre les ambitieux objectifs qui y ont été fixés. Selon les estimations, 1,5 milliard de personnes n'ont toujours pas accès à l'eau potable et quelque 2,5 milliards n'ont pas accès à des services d'assainissement. Près d'un milliard de personnes vivent dans des bidonvilles, chiffre qui devrait doubler au cours des 30 prochaines années.

C'est le sombre tableau qui a été présenté à la 12ème session de la Commission du développement durable, tenue à New York du 14 au 30 avril. La Commission a pour fonction de surveiller l'application des accords de Rio mais les représentants ont également examiné les progrès accomplis en matière d'adduction d'eau, d'assainissement et d'établissements humains, comme cela avait été décidé au Sommet mondial pour le développement durable à Johannesburg en 2002.

L'eau : des problèmes graves

Si la situation mondiale est loin d'être encourageante, celle de l'Afrique est encore plus grave. Dans cette région ­ la plus pauvre du monde ­ la plupart des indicateurs montrent que les progrès demeurent des plus lents.

Plus de 300 millions d'Africains n'ont pas accès à de l'eau salubre.

Photo : ©iAfrika Photos / Eric Miller


Bien que l'un des objectifs fixés au sommet de Johannesburg consiste à réduire de moitié la proportion des personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable et à l'assainissement d'ici à 2015, plus de 300 millions d'Africains n'ont toujours pas accès à de l'eau salubre et 14 pays du continent connaissent des pénuries d'eau. Trente-cinq des 55 pays au monde où la consommation quotidienne d'eau par personne est inférieure à 50 litres (le minimum fixé par l'Organisation mondiale de la santé) se trouvent en Afrique. Près d'un Africain sur deux souffre d'au moins une des six principales maladies d'origine hydrique.

Selon le Programme des Nations Unies pour le développement, la proportion de citadins ayant accès à l'eau potable en Afrique subsaharienne n'a baissé que légèrement, passant de 86 % en 1990 à 83 % en 2000.

"Les problèmes d'eau en Afrique sont aigus et complexes", a déclaré le Ministre nigérian de l'eau, Mukhtari Shehu Shagari, à la session de la Commission du développement durable. Les plans d'eau se rétrécissent en Afrique. La superficie du lac Tchad, par exemple, est passée de 25 000 km2 dans les années 60 à moins de 3 000 km2 aujourd'hui, ce qui a une incidence sur plus de 20 millions de personnes.

Pourtant, l'Afrique disposerait d'abondantes ressources en eau qui ne sont pas efficacement utilisées. Dotée de 17 grands fleuves et de plus de 160 lacs majeurs, l'Afrique n'utilise que 4 % environ de sa quantité annuelle totale de ressources renouvelables en eau pour l'agriculture, l'industrie et les besoins ménagers. Le problème, dit M. Shagari, consiste à amener l'eau là où on en a le plus besoin, à un coût abordable et de manière efficace. A l'heure actuelle, 50 % environ des ressources en eau urbaines sont gaspillées, tout comme 75 % des eaux d'irrigation.

Investissements nécessaires

Lors d'une conférence panafricaine sur l'eau tenue à Addis-Abeba (Ethiopie) en décembre 2003, les ministres africains chargés de l'eau et les planificateurs du développement ont indiqué que le manque de ressources et de technologies étaient les principaux obstacles à la recherche d'une solution au problème de l'eau et de l'assainissement en Afrique. "Entre 1990 et 2000, les investissements annuels dans le domaine de l'eau et de l'assainissement se sont élevés en moyenne à 4,6 milliards de dollars, soit 40% du montant nécessaire pour satisfaire les besoins fondamentaux," a déclaré à la réunion M. K.Y. Amoako, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique.

Nombreux sont les pays qui ne disposent pas des crédits nécessaires. Au cours des 20 dernières années, l'Afrique a enregistré de faibles taux de croissance économique, avec pour conséquence des difficultés financières et des ressources publiques sans cesse décroissantes mises à rude épreuve par des besoins antagoniques. Les allocations budgétaires aux services sociaux tels que la santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau et l'assainissement en ont ainsi pâti. Qui plus est, les apports des donateurs dans ce secteur ont aussi baissé.

La réunion d'Addis-Abeba a débouché sur l'élaboration d'un cadre pour la gestion de l'eau sur le continent dénommé "Africa Water Vision 2025", qui appelle à allouer davantage de ressources à ce secteur. Selon ce plan, le continent doit investir au moins 20 milliards de dollars par an au cours des 20 prochaines années pour atteindre ses objectifs. Sur ce montant, au moins 12 milliards de dollars devraient être consacrés aux services d'adduction d'eau et d'assainissement de base. "L'eau est la clé de voûte de la réalisation de l'objectif consistant à réduire de moitié la pauvreté et la faim d'ici à 2015," dit M. Shagari, Ministre nigérian de l'eau.

Les participants à la conférence d'Addis-Abeba sont donc convenus de créer des équipes spéciales nationales pour établir des plans nationaux indiquant les cibles annuelles en matière d'approvisionnement en eau et d'assainissement. Les ministres se sont engagés à allouer 5% au moins du budget national à l'eau et à l'assainissement dans un délai de cinq ans. Ils ont également décidé de créer un fonds, le Fonds africain pour l'eau, en vue de mobiliser, d'ici à 2008, plus de 600 millions de dollars pour des programmes relatifs à l'eau et à l'assainissement.

Toutefois, si la plupart des gouvernements prennent pour prétexte le manque de ressources financières, le problème tient en fait à la façon dont les crédits sont dépensés, dit M. Gourisankar Ghosh, Directeur exécutif du Conseil de concertation pour l'approvisionnement en eau et l'assainissement, organisation non gouvernementale internationale. Selon M. Ghosh, environ 5 milliards de dollars d'aide fournie par les donateurs sont consacrés chaque année à l'eau et à l'assainissement tandis que les gouvernements des pays en développement y consacrent à peu près le même montant. "Le problème, c'est que l'assainissement est une question de caractère très local qui touche chaque ménage et chaque individu ; pourtant, dans la recherche de solutions, les gouvernements adoptent une approche du sommet à la base sans y associer les populations," a déclaré M. Ghosh à Afrique Renouveau. "Et quand cela ne réussit pas, on évoque le manque d'argent comme étant le problème."

Par ailleurs, poursuit-il, de nombreux gouvernements traitent la question de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement comme un phénomène distinct plutôt que comme un aspect d'un programme élargi de développement qui englobe l'éducation, l'autonomisation des femmes, la participation communautaire, la promotion de marchés viables et la mise en valeur des ressources humaines. "L'assainissement est une question multiforme. Ça ne consiste pas seulement à construire des latrines."

Multiplication de bidonvilles

La Directrice exécutive de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains, Anna Kajumulo Tibaijuka, a abondé dans le même sens, s'agissant de la participation des gouvernements et des collectivités. "Les pauvres ne sont pas de simples objets passifs," a-t-elle déclaré. "Très souvent, ils règlent leurs problèmes eux-mêmes, mais les gouvernements ne reconnaissent pas leurs efforts. Au lieu d'exploiter leur énergie, ils dissuadent les pauvres de participer à l'amélioration de leurs propres conditions de vie."

Nombreux sont les exemples établis de collectivités qui prennent en charge leurs besoins en matière de logement, avec peu ou pas du tout d'aide des pouvoirs publics. En Afrique du Sud par exemple, un mouvement populaire dénommé 'South African Homeless Peoples Federation' encourage les populations locales à s'organiser en groupes d'épargne informels en vue de construire leur propre logement. Créée au début des années 90, la fédération a permis à d'anciens habitants de bidonvilles, dont la majorité de femmes, de construire 14 000 logements à faible coût à travers tout le pays. Elle appuie actuellement des groupes d'épargne semblables au Ghana, au Kenya, à Madagascar, en Namibie, en Ouganda, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe.


Nairobi (Kenya) : 60 % des habitants de la ville vivent dans des bidonvilles.

Photo : ©AFP / Getty Images / Marco Longari


Dans certaines zones urbaines en Afrique, diverses questions de gouvernance compliquent davantage les problèmes de logement, ce qui entrave une gestion urbaine efficace. La faiblesse de l'Etat et des municipalités favorise une situation où "personne n'assume la responsabilité, personne n'offre une orientation," nous a déclaré Mme Rosemary Rop, de l'organisation non gouvernementale kényane Maji Na Ufanisi.

Qui plus est, les gouvernements ne dégagent pas suffisamment de ressources pour trouver des solutions aux problèmes des bidonvilles existants, ce qui en fait encore plus des terreaux de la surpopulation, de la pauvreté et de l'exclusion sociale. "Les pouvoirs publics se contentent de qualifier ces établissements informels d'illégaux et ne leur fournissent pas de services," dit Mme Rop. A Nairobi, 60 % de la population vit dans des bidonvilles qui ne représentent que 5 % du territoire de la ville. Il en est ainsi de la plupart des grandes villes africaines, dont 40 % à 70 % des habitants vivent dans des bidonvilles.

La tâche à accomplir semble insurmontable. Alors que les dirigeants du monde se sont engagés à améliorer les conditions de vie de plus 100 millions d'habitants des bidonvilles d'ici à 2020, le nombre de personnes vivant dans des établissements informels devrait doubler au cours des 30 prochaines années, passant à 2 milliards.

Pour que l'Afrique réalise ses objectifs de développement durable, elle doit trouver des solutions faisant intervenir tous les secteurs, dit le Conseiller spécial de l'ONU pour l'Afrique, M. Ibrahim Gambari. "S'il est un enseignement qu'on a tiré concernant le développement, c'est le caractère indispensable du partenariat entre les secteurs public et privé et la société civile," ajoute-t-il. "L'eau, l'assainissement et les établissements humains se prêtent à diverses formes de partenariat." Toutefois, indique-t-il, "l'action communautaire ne saurait ni ne devrait se substituer à une politique d'intérêt général efficace. Les gouvernements devraient ouvrir la voie en s'acquittant des engagements qu'ils ont pris."


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_____Le problème énergétique africain... Cheikh Anta DIOP La science, la technique et le développement de l’Afrique - l’Afrique et son avenir ou réacteurs à neutrons rapides.

Communication de Cheikh Anta Diop au Symposium international de Kinshasa, 20 – 30 avril 1985 :

Faisons une projection dans le proche avenir et demandons-nous quelle sera la physionomie énergétique du monde, dans 30 à 40 ans, aux confins des années 2010 à 2020. Si le rythme actuel de la consommation mondiale est maintenu les experts sont à peu près d’accord pour prévoir une pénurie croissante dans le domaine des sources d’énergie primaires fossiles, c’est-à-dire celui des hydrocarbures, du gaz naturel, du charbon, des tourbes etc., même en faisant la part des nappes et mines importantes restant à découvrir au niveau des continents. En même temps, la pollution atmosphérique en gaz carbonique qui a atteint une échelle géochimique, ira s’accentuant. La physique de l’atmosphère est très mal connue, et une modélisation correcte de l’évolution des phénomènes reste très difficile. Cependant on sait que le gaz carbonique en provenance de la combustion des sources fossiles tend à former dans l’atmosphère un écran produisant un « effet serre » sur le rayonnement solaire. Il pourrait s’en suivre, à la longue, une légère élévation de la température du globe avec toutes les catastrophes qui en découleraient. Donc l’épuisement progressif des sources d’énergie classiques et les impératifs écologiques amèneront l’humanité dans un avenir, non très lointain, à envisager sérieusement un changement de vecteur d’énergie. Tous ces facteurs et tant d’autres aidant, les hydrocarbures deviendront, de plus en plus, des matières premières de synthèse pour l’industrie chimique, protéines animales, fibres etc. En effet, l’épuisement des sources d’énergie fossile, non renouvelables, y compris l’uranium, va coïncider selon toute probabilité avec l’opérationnalité des centrales solaires hélio- voltaïque ou à un cycle thermodynamique et surtout avec la faisabilité de la réaction thermonucléaire, d’abord la réaction tritium-deutérium, puis deutérium-deutérium. Le tritium étant obtenu, à partir du lithium 6, la quantité totale de deutérium à fusionner dans le cas de la première réaction dépendrait des réserves de lithium disponibles sur la planète. Or, on sait que celles-ci sont limitées.

ANKH n° 14/15 2005-2006 �� Le problème énergétique africain 164

Mais dans le cas de la seconde réaction (deutérium-deutérium) l’humanité disposerait d’une source d’énergie quasi inépuisable, c’est-à-dire pour un milliard d’années. Cette durée correspond à la quantité de deutérium contenue dans les océans (2 1017 kg avec une concentration de 0.02 %). Le deutérium ou hydrogène lourd nécessaire à l’alimentation des réacteurs thermonucléaires serait extrait comme l’hydrogène léger par électrolyse de l’eau de mer, pour une somme modique. Ceci n’est pas tout à fait un rêve : en France avec une configuration Tokamak et par un chauffage du plasma par radio-fréquences, on vient d’atteindre il y a deux ans, à Fontenay-aux-Roses, une température de 20 millions de degrés avec une densité de matière de 200 000 milliards de particules par cm3. Certes, le « critère de Lawson » est loin d’être satisfait et nous sommes conscients des immenses progrès qui doivent être réalisés encore pour que la fusion thermonucléaire soit domestiquée. C’est aussi à la même époque, vers l’horizon 2020 que la quasi totalité des grandes chutes d’eau africaines seront équipées pour la production de l’hydroélectricité : Inga au Zaïre en particulier ; peut-être aussi qu’à la même époque le procédé japonais qui consiste à fabriquer de l’hydrogène en utilisant directement le rayonnement solaire pour casser la molécule d’eau commencera à sortir du laboratoire.

Le rapprochement de ces deux tableaux montre que l’humanité sera amenée à changer de vecteur énergie, pour l’essentiel. Un auteur comme M. Jacques Percebois envisage trois vecteurs possibles : le vecteur classique qu’est l’électricité qui subsistera toujours, mais deviendra insuffisant pour l’ensemble des besoins d’activités, le méthanol dont la production pourrait être accrue par des moyens bioénergétiques mais que nous écartons ne serait-ce que pour des raisons de pollution. Cette solution que le Brésil tente d’appliquer (construction de voiture fonctionnant au méthanol) en ce moment, par la culture de la canne à sucre pour faire face à la pénurie du pétrole, montre au moins l’actualité du problème, solution précaire : des aléas climatiques ont forcé le Brésil à amender son projet. Enfin, le vecteur hydrogène que beaucoup de spécialistes considèrent comme susceptible de devenir la solution de demain, en association bien sûr avec l’électricité. Cette solution serait la meilleure pour l’Afrique, pour les raisons suivantes : Certes l’hydrogène n’est pas une énergie primaire et en brûlant il restitue moins que l’énergie dépensée pour le produire, car la conversion énergétique est toujours accompagnée de pertes. Mais, en cela, elle est identique au vecteur méthanol.

Pour que son usage devienne opérationnel, il faudra donc disposer d’immenses sources d’énergie renouvelables pour le produire. Tel pourrait être le cas de l’Afrique associant l’hydroélectricité de ses grands barrages aux centrales solaires (devenues opérationnelles), dans une trentaine d’années, avant même l’exploitation commerciale de l’énergie thermonucléaire. A l’époque coloniale, les ingénieurs belges avaient déjà calculé que le barrage d’Inga entièrement équipé permettrait à lui seul d’assurer l’éclairage de tout le continent Sud Américain, ou tous les besoins énergétiques du continent africain en temps de paix. Ils avaient calculé aussi qu’en élevant la tension du courant produit à Inga au seuil du million de volts et en le redressant pour le transporter en continu à travers toute l’Afrique, le Sahara jusqu’en Espagne, au Portugal et au sud de l’Italie, ils pourraient le moduler encore pour

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obtenir de l’alternatif et que le kWh, ainsi vendu à l’Europe pauvre, resterait encore compétitif malgré les pertes en lignes. Donc, soit dit en passant, l’Afrique ne manque pas d’énergie, mais celle-ci est mal identifiée et mal distribuée ; l’interconnexion du réseau africain pour la création d’un marché intégré de l’énergie est un impératif économique. Il nous faudra calculer le nombre de véhicules à hydrogène de puissance moyenne fonctionnant huit heures par jour que l’on pourra faire marcher en disposant du 1/3 de l’énergie des grands barrages africains pendant un an : Inga, Cabora-Bassa, Konkouré, Sanaga, etc. L’hydrogène est un bon propergol et donne une impulsion spécifique supérieure à celle du kérosène, car les gaz sont chauds et légers à la sortie des tuyères. Il peut donc servir sous forme liquide à la propulsion de tous les engins mobiles (automobiles à hydrogène, avions, dernier étage des fusées en particulier).

Ses inconvénients sont surtout sa légèreté qui obligerait à utiliser de grands réservoirs ou à faire des escales plus rapprochées et sa température d’ébullition (-233° Celsius) qui est très basse. Il pourrait servir pour les avions à réaction.

Un supersonique à hydrogène ne verserait que des tonnes d’eau dans l’atmosphère tandis que le même type d’appareil utilisant du kérosène éjecte dans l’atmosphère en trois minutes plus de gaz carbonique que la forêt de Fontainebleau (France) ne peut en absorber en une journée. Evidemment, la technologie de l’hydrogène comme vecteur d’énergie n’est pas si simple, et si le continent africain veut jouer le rôle de pionner dans ce domaine, c’est dès maintenant qu’il doit s’y prendre en créant les structures de recherche et de formation appropriées. Certains grands pays africains comme le Nigeria, le Zaïre (Congo Kinshasa)* et même d’autres peuvent créer des départements spécialisés dans leurs enseignements supérieurs pour la maîtrise de cette technologie : telle école polytechnique et tel pays africain pourrait déjà s’organiser pour gérer dans cinq ans une petite centrale solaire à cycle thermodynamique, au bord de la mer afin de se familiariser avec les techniques de production des deux variétés d’hydrogène (lourd et léger) par électrolyse de l’eau de mer et fractionnement isotopique, de liquéfaction, de stockage, de transport, d’utilisation dans de nouveaux moteurs d’invention locale pour propulser de petites fusées expérimentales, de petits engins divers : automobiles, avions, fût-ce au stade du modèle réduit d’abord.

Si l’Afrique sort des sentiers battus, grâce à une identification précoce et saine de ses particularités énergétiques, elle pourra peut être demain avec l’avènement de l’hydrogène comme vecteur d’énergie, jouer un rôle analogue à celui des pays arabes ou pétroliers en matière de production ou de fourniture d’énergie. L’Afrique, à elle seule, pourrait fournir le deutérium nécessaire au fonctionnement de tous les réacteurs thermonucléaires de la planète, lorsque la fusion sera devenue opérationnelle. Mais dans ce dernier cas, est-ce que l’exploitation d’une telle énergie sera interdite aux pays en voie de développement. Je ne le crois pas, car si les études au niveau des prototypes sont onéreuses, les modèles commercialisables de réacteurs thermonucléaires avec une configuration Tokamak seront vraisemblablement d’un prix abordable pour nos pays à ANKH n° 14/15 2005-2006

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condition qu’au préalable, soient formées au niveau des départements de physique des plasmas des universités africaines, des équipes capables de prendre en charge de telles machines après un minimum d’adaptation.

Autant je deviens réservé lorsqu’il s’agit du nucléaire même des surrégénérateurs (ou breeders, piles couveuses)† qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, autant je pense que le choix de l’Afrique pour les réacteurs thermonucléaires de demain doit être ferme dès à présent. En effet, une centrale nucléaire n’est encombrante qu’une fois hors d’usage ; les matériaux restent contaminés pour une durée géologique de 24000 à 100000 ans et dans l’état actuel de la technique on ne connaît aucun procédé satisfaisant pour se débarrasser de ces déchets. C’est pour cela aussi que l’Afrique devra refuser que l’on vienne les ensevelir dans son sol, moyennant quelque malheureux argent.

Par contre la radioactivité induite des matériaux des futures centrales thermonucléaires sera incomparablement plus réduite, et on pourra s’ingénier à utiliser des matériaux ne donnant naissance qu’à des éléments artificiels de courtes périodes en général. Bien sûr, la pollution thermique subsiste, mais, est de beaucoup moins grave. Il suffirait de compléter ce bref tour d’horizon par la liste des principales matières premières qui vont disparaître presque complètement de la surface des continents dans deux générations comme le cuivre, l’aluminium etc., pour saisir de façon aiguë les particularités de l’ère cosmique où nous sommes entrés sans le savoir toujours. De petits pays qui ressemblent à des Koweïts africains seront des caisses vides dans moins de cinquante ans. Seule une organisation continentale, ou régionale réalisant l’intégration de nos économies à une échelle suffisante, pourra les sauver de l’effacement.

Des organismes politiques coordinateurs sont nécessaires à l’échelle continentale en vue de créer à temps des économies complémentaires non concurrentes. Il y a lieu aussi de dire un mot sur l’incidence des microprocesseurs, de la robotisation de l’industrie et de l’informatisation de la vie sur les formes classiques d’industrialisation : qu’est-ce qui va changer, qu’est-ce qui subsistera ? Certes l’information est équivalente à une libération d’énergie. L’usage systématisé de l’informatique conduira à une économie insoupçonnée de travail qui peut conduire à un nouveau type de rapports sociaux et de civilisation. La percée technologique des micro-processeurs appellera à l’existence de nouvelles élites de technocrates qui pourraient ouvrir de nouvelles perspectives aux petits pays en voie de développement, mais le problème énergétique fondamental ne changera pas. En attendant l’éclosion de cette grande ère de la faisabilité de la réaction thermonucléaire, de l’opérationnalité des centrales solaires, de l’avènement de l’hydrogène comme vecteur d’énergie, et du règne de la télématique, en attendant cette grande ère et en s’y préparant activement, il faut savoir faire flèche de tout bois, car aujourd’hui, les problèmes de l’heure sont l’autosuffisance alimentaire, la santé.

ANKH n° 14/15 2005-2006 † ou réacteurs à neutrons rapides. �� Le problème énergétique africain 167

Il est donc impérieux de former des techniciens pour la réalisation de ces tâches ; donc des ingénieurs et techniciens qui maîtrisent la construction des micro-centrales, des ingénieurs et techniciens bio-énergétiques pour l’industrialisation rurale, les problèmes de santé primaires, l’usage décentralisé du solaire et des éoliennes etc., etc. Il doit être clair que le Sud ne recherche pas à se retrancher dans un ghetto technique pour essayer de se suffire à lui-même, ce serait le meilleur moyen de s’asphyxier. Au contraire, il veut simplement dans une première phase par l’analyse de ses particularités, identifier clairement ses besoins vitaux et ensuite demander la solidarité agissante du Nord pour atteindre les objectifs fixés et qui paraissent valables.

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______Le rapport 2010 sur les pays les plus dangereux de la planète est sorti: Quel touriste voudrait se balader à Brazza pour y admirer des immeubles criblés de balles en plein centre-ville, une dizaine d’années après la fin d’un conflit ?

...Dans quel merde sommes nous encore fouré, et la diaspora noir...

Si on demande à un touriste Suisse ou Japonais de choisir comme lieu de vacances le Congo ou le Sénégal, il n’aura pas d’embarras. Le Sénégal avec ses belles côtes, son infrastructure hôtelière et son sens de l’hospitalité (teranga en Ouolof) sera sa destination. Car chez nous, le ki-muntu (équivalent congolais de téranga) a depuis longtemps foutu le camp.

De la même façon, les auteurs du dangereux rapport se sont demandés : "si on vous donnait le choix, iriez-vous passez vos vacances en Irak ?" La réponse négative coule de source.

"Le rapport 2010 de l’IEP (Institure for Economics and Peace) « Global Peace Index » révèle son classement des pays les plus dangereux au monde. À éviter pour les vacances…"

Le Congo qui n’est pas cité (La RDC, si) ne brille pas particulièrement pour son attraction touristique.

"L’IEP est une organisation internationale à but non lucratif et son rapport annuel « Global Peace Index » est la seule étude à « quantifier » la paix dans le monde. Pour établir ce triste classement, l’organisation s’appuie sur différents critères comme la stabilité politique du pays concerné, les relations qu’il entretient avec la communauté internationale, son niveau de violence interne et externe, mais aussi son budget militaire, sa production et ses achats d’armes… "

Autant de critères pour faire figurer le Congo en bonne place sur la liste des pays qui font peur aux paisibles touristes. La République du Congo a un budget militaire colossal. Les parents des Disparus du Beach peuvent témoigner du "niveau de violence interne" de notre pays. Tout comme les réfugiés Rdécéens installés à Brazzaville qui ne savent plus où mettre la tête depuis que la police du général Jean-François Ndenguet les harcèle nuit et jour. Ne parlons pas de journalistes qui meurent carbonisés à leur domicile (Bruno Ossébi). Parlons encore moins de la politique de la terre brûlée que le pion de Sassou, le secrétaire d’Etat Frédéric Bitsangou dit Ntoumi, pratique dans la région du Pool.

L’implacable rapport précise :

"Sans grande surprise, le pays le plus dangereux au monde en 2010 est l’Irak. Attentats, enlèvements, instabilité politique, le pays réunit malheureusement tous les critères de violence extrême. L’Irak est suivi de près par la Somalie, pays en guerre civil où l’anarchisme n’a d’égal que la terreur permanente qui y règne : attentats, exécutions, piraterie… L’Afghanistan complète ce funeste podium, pour les raisons qu’on connaît : guerre civile, attentats, enlèvements, instabilité politique chronique… Suivent ensuite le Soudan, le Pakistan et Israël. "

En matière de guerre civile, le Congo a de quoi se vanter depuis 1997, sa capitale "à feu et à sang" ne s’est jamais relevée de ses meurtrissures..

Malheureusement, il n’y a pas que le Moyen Orient et l’Afrique pour alimenter ce sinistre classement.

"Premier pays occidental à apparaître dans le « Global Peace Index », la Russie. La violence qui règne en Tchétchénie y est évidemment pour beaucoup comme la menace terroriste (liée à la situation dans le Caucase) permanente. Viennent ensuite la Géorgie (guerre civile, massacres collectifs…), le Tchad (« problème » du Darfour) et la République démocratique du Congo (guerre civile)."

Le Congo-Brazzaville avec son climat de terreur dans la région du Pool n’est pas mieux loti que la RDC qui, comble des paradoxes, abrite encore des réfugiés de chez nous dans les camps de Mbanza-Ngungu (Bas-Congo). Ironie du sort, le Congo donne également asile à des réfugiés Rdécéens dans la Likouala (Haut Congo)

Même la France

L’hexagone, pays où les tyrans noirs possèdent des biens immobiliers estimés à des milliards d’euros, pays qui tire également les ficelles de la nébuleuse françafrique n’est pas en reste.

"Dans ce classement, sachez que la France apparaît en 118ème position avec un indice très faible que (...) notre pays pourrait encore réduire s’il vendait moins d’armes. "

Avec ses parcs nationaux, son barrage d’Imboulou, son aéroport d’Ollombo, son port fluvial d’Oyo, sa Basilique Sainte-Anne, son église plus que centenaire de Linzolo (liste non exhaustive) le Congo pourrait pourtant être une terre d’accueil...

Mais les "saigneurs de guerre" qui y règnent en maître depuis le coup d’état, ne l’entendent pas de cette oreille.

Brazzaville est un cloaque ambulant au sein sein du quel tout congolais ayant une hygiène correcte est épris d’horreur à chaque pas, après une grande pluie le décors est digne de la jungle de la Sangha...

Ajoutez des cobras en guenilles un peu partout et vous avez à peu de choses près un décors digne de l’Iraq ou de l’Afghanistan. Pointe-Noire n’est pas mieux mais c’est la Pattaya du pays, des putes y remplacent les cobras mais la crasse reste la même...un paradis pour de vieux occidentaux et autres libanais bedonnants et moches qui peuvent s’y taper à moindre coût leur jouvencelles exotiques...

  • 31 octobre @ 09:57, par KébaOKoYambaMissato-Ya Libosso-Ya Mibalé #

http://www.congopage.com/?page=reaction&id_article=6649 http://www.congopage.com/Les-pays-les-plus-dangereux-au

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vendredi 5 novembre 2010

______Congo+ : Nous avons en partage l'essence humaine. c'est elle qui clame: "vivre libre ou mourir!" Partagez l'amour de la liberté, partagez l'amour du congo.

Le mal du congo, c'est denis sassou nguesso, un homme sous influence, coupable de haute trahison pour bradage des ressources du pays a des puissances etrangeres, detournements, meurtres, violations des libertés. Nous n'avons pas le choix de combattre l'Injustice, juste celui des armes et nous n'avons que des mots et une plume contre la puissance d'un homme d'état Criminel, Illégitime, vassal de la Francafrique...

Denis Sassou Nguesso, on le sait, est un adepte de la peur quand il ne parvient pas à corrompre. Il a bâti tout son règne là-dessus : tuer, assassiner pour inspirer la frayeur des masses tétanisées afin que personne ne proteste contre son pouvoir. Ce soldat de métier a du mal à montrer de la faiblesse car l'image du soldat doit être celle d'un homme qui n'a peur, qui n'a pas de faiblesse, un homme qui reste stoïc face à la douleur ou la mort ; ce qui pourtant est tout à fait humain. On vient d'apprendre qu'un photographe est recherché - mort ou vif - pour avoir mis en ligne sur le site officieux du pouvoir une photo de monsieur Sassou Nguesso en larmes, soutenu par deux femmes. On doit se demander ce qu'il va advenir de la vie de ce pauvre photographe inconscient si on l'attrapait. En effet, qu'on le tue, qu'on le brutalise, qu'on le mutile, le mal est fait ! Cependant, le pouvoir pourrait chercher à en faire un exemple. Ceci prouve que le site officieux du pouvoir bénéficie d'une certaine liberté qu'il va certainement perdre car l'incident de la photo représente un précédent que Sassou ne voudra plus voir se répéter.

Cette photo que nous avons téléchargée sur le fameux site humanise Sassou Nguesso en le ramenant sur le plan comportemental à un homme comme un autre, un homme ordinaire qui ressent de la peine, un homme qui pleure et qui devrait se souvenir que Jésus a pleuré, lui, le fils de Dieu. Vous me direz qu'il n'y a pas de honte à pleurer sa fille tant aimée. Ce qui tranche avec l'indifférence du cobra royal face au spectacle de tous les Congolais grands ou petits qui meurent dans les hôpitaux du Congo - faute de soins quand ce ne sont pas les hôpitaux qui font défaut ou les médicaments ou l'argent pour acheter lesdits médicaments.

Sassou Nguesso a tout simplement peur qu'il n'inspire plus la peur. En effet, un homme qui pleure n'est donc pas tout-puissant et ce sont ses ennemis qui prennent confiance car les Congolais se disent qu'il n'est pas aussi redoutable qu'il ne paraît et ceci appelant cela, on peut croire qu'il pourrait éprouver tout autant la peur tout autant qu'il éprouve de la peine.

On a donc fait disparaître la photo compromettante du site du pouvoir mais le mal est fait car elle circule dans le monde entier et nombreux s'étonnent de voir le puissant Denis Sassou Nguesso en position de faiblesse, une faiblesse toute humaine, une faiblesse qui vient de l'amour d'une fille ; ce qui laisse toutes les supputations ouvertes : on pourrait croire que Sassou n'aime pas le Congo car il vient de montrer une âme sensible mais seulement pour sa fille bien-aimée. Alors, pourquoi ne pas s'émouvoir de la douleur du peuple qu'il représente ? N'a-t-il pas prêté serment ? Pourquoi toute cette débauche de moyens pour sauver sa fille et pourquoi cette grosse négligence face aux malheurs du peuple - alors que le pays n'a jamais été aussi riche ?

Le président a eu le temps de sécher ses larmes, lui qui va recevoir Sarkozy qui vient pour défendre les intérêts de la France ; il pourra en profiter pour lui parler de l'affaire des biens mal acquis. Après tout, ce n'est si grave de posséder 18 propriétés et 112 comptes bancaires ! Les intérêts de la France peuvent bien se concilier avec cette donnée car Chirac s'en accommodait bien - alors pourquoi pas Nicolas Sarkozy. Après tout les promesses du candidat Sarkozy à l'élection présidentielle ne se transforment pas forcément en prophéties - surtout quand l'intérêt de la France est en jeu ! On a compris qu'il se rend en république démocratique du Congo pour s'assurer de la continuité de l'exploitation des mines d'uranium ainsi qu'au Niger. Au Congo où il passe la nuit, il vient traiter à l'abri des oreilles indiscrètes françaises du problème des retraités français ayant travaillé au Congo à qui l'Etat congolais doit des centaines de millions d'euros. Sarkozy ne fera rien pour garantir aux Congolais des élections transparentes car comme il l'a dit, il n'est pas un électeur congolais. C'est qu'un Etat n'a que des intérêts et les peuples des autres nations n'en font pas partie - même pour le pays des droits de l'homme.

Cela dit, nous apprenons que le gouvernement congolais recherche activement le photographe, de nombreuses personnes ayant été incarcérées juste pour avoir détenu la photo compromettante qui ne dérogerait pas, à ce qu'il paraît, aux coutumes mbochies. Nous l'avons en notre possession de façon officielle puisqu'elle était téléchargeable sur le site du pouvoir. Si le président veut arrêter tous les sites qui l'ont affichée, eh bien, il y a du boulot. Nous mettons par ailleurs d'autres photos en ligne dont celle d'un Omar Bongo en pleurs dans les bras de son beau-père Sassou.

Si le pouvoir commence à arrêter des citoyens pour détention des photos que son propre photographe met en ligne, c'est qu'il y a un grain qui ne tourne pas rond quelque part dans la ciboulette étatique nationale...

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:TkpdN8HqRaYJ:www.demainlenouveaucongobrazzaville.org/article-29477248.html+nguesso+mort+ou+vif&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

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______Congo+ Aujourd'hui le congo : Denis Sassou Nguesso, ange ou demon... Et cette ignominie est l'œuvre de Denis Sassou-Nguesso, un fils du Congo, et elle a duré de longues années sans même qu'il ne s'en soucie.

En cinquante années d'existence au titre d'un pays souverain, s'il est un homme dont le Congo aurait volontiers ne jamais voulu compter parmi ses fils, c'est bien Denis Sassou-Nguesso. Cet homme dont les ravages tant criminels qu'économiques ont fini par pousser nombre d'observateurs de la vie politique congolaise à s'interroger sur sa véritable nature et sa personnalité.

Au regard de son cynisme politique et de son impassibilité devant ses multiples crimes politiques et économiques, nombreux sont en effet ceux qui se demandent si l'enfant d'Edou est un ange ou un démon. D'autres encore se demandent parfois si son goût obsessionnel du pouvoir ne cache pas au fond un gros complexe, et lui sert tout simplement à combler ses lacunes, notamment intellectuelles.

Depuis son entrée en scène dans le monde de la politique congolaise dans les années 70, son goût immodéré pour le pouvoir conditionne toute son existence et il est prêt à tout pour le conquérir, le reconquérir et le conserver. Il y met toute son énergie et ne recule devant rien, quitte à ravager tout un peuple. L'homme n'a aucune vision pour son pays, pourtant cela ne l'a pas empêché de mettre son pays à l'encan depuis plus de trois décennies dans le seul but d'assouvir sa soif du pouvoir et rien que pour le pouvoir. Pour parvenir à ses fins, ce dictateur et sanguinaire endurci a beaucoup utilisé M. Jacques Chirac comme un marchepied pour sa carrière politique. Ce dernier a mis tous ses réseaux au service de Denis Sassou-Nguesso et à ce jour, il reste son meilleur soutien en Europe.

Ce soutien de Jacques Chirac au dictateur congolais avait atteint son apogée durant la guerre civile qui a ravagé Brazzaville, en 1997. Dès le début de cette guerre, Jacques Chirac avait choisi le vainqueur. Ainsi, l'intervention de l'armée angolaise pendant cette guerre civile, laquelle a permis à Sassou-Nguesso de renverser le Président démocratiquement élu Pascal Lissouba avait été menée à la demande expresse de la France et plus exactement de son Président de l'époque, Jacques Chirac. Denis Sassou-Nguesso avait besoin d'armes et de l'intervention des troupes angolaises, Chirac, alors Président de la République française et la compagnie pétrolière ELF ont donné leur feu vert. Le procès d'ELF a montré en effet q u'en 1997 la FIBA (la banque d'ELF) a joué un rôle dans la livraison des armes qui ont permis de faire un carnage à Brazzaville.

Et on sait également que c'est à l'Elysée qu'avait été décidé le ralliement des génocidaires rwandais du « Hutu power » aux milices « Cobras » de Sassou-Nguesso. Quant aux alliés Angolais, ils n'ont pas seulement fourni des troupes bien équipées pour l'assaut final. Ils ont également offert leur port de Luanda pour réceptionner près de 200 tonnes d'armement en provenance du Brésil. Le tout expédié aux milices « Cobras » de Sassou via le Gabon.




Mais cette implication française à la demande expresse de Jacques Chirac a été aussi directe sur le terrain, une assistance militaire directe de soutien auprès des milices « Cobras » a été engagée par des militaires français dont certains avaient même été tués dans ces opérations. A vec l'accord tacite de Paris ou plus exactement de Jacques Chirac, des livraisons d'armes via l'Angola, le Gabon et le Sénégal ont permis d'équiper les milices « Cobras » de Sassou-Nguesso durant cette guerre civile. Parfois même, achats et expéditions d'armes ont eu directement la capitale française pour cadre. Et pour cause, 25 tonnes de caisses bien lourdes sont bien parties de l'aéroport du Bourget, le 4 juin 1997, transitant par Franceville, au Gabon, avant d'être livrées aux hommes de Sassou-Nguesso. Officiellement il s'agissait de tee-shirts de campagne, mais en réalité il s'agissait bien des caisses d'armes et de munitions. Ce qui prouve que Denis Sassou-Nguesso avait bel et bien préparé cette guerre atroce dans les moindres détails bien avant le 5 juin 1997. Et tous ses proches collaborateurs du Bureau de Montaigne à Paris comme Rodolphe Adada, Pierre Oba, Guy Pella ou encore Dzon Mathias, le savaient fort bien. Naturellement tout cela n'aura pas été possible sans l'aval de Jacques Chirac ; ce qui nous permet d'affirmer que l'implication personnelle de l'ami Chirac dans cette guerre civile a été plus que déterminante, depuis sa préparation jusqu'à la victoire finale de Sassou-Nguesso en octobre 1997.

On voit donc qu'à cause des ambitions démesurées d'un fils indigne, le Congo n'a fait que régresser depuis plus de trois décennies. A cause d'un seul homme donc, les milliers de Congolais ont été massacrés. Et plus grave encore, pour bénéficier du soutien de la compagnie pétrolière ELF, Sassou-Nguesso avait conclu un « deal secret » portant sur la vente du pétrole pour rembourser les achats d'armes après sa victoire (qu'il savait certaine).

Du Nord au Sud des Congolais innocents sont morts dans cette guerre (qui, comme vous venez de voir, ne visait qu'à servir les ambitions personnelles de Sassou-Nguesso), et tous les mois, lorsque notre pétrole était vendu, une partie de l'argent allait directement dans les caisses d'ELF pour rembourser les armes qui ont servi à massacrer des Congolais. Et cette ignominie est l'œuvre de Denis Sassou-Nguesso, un fils du Congo, et elle a duré de longues années sans même qu'il ne s'en soucie. Des milliers de Congolais sont morts et les survivants doivent payer les armes qui ont tué les leurs. Aujourd'hui encore il n'a jamais eu le moindre remord et continue de narguer tout le monde.




Devant un tel cynisme et une telle insolence, comment ne pas affirmer que ce natif d'Edou que d'aucuns considèrent comme un ange, ne serait au fond qu'un démon qui n'aurait d'humain que son apparence physique ?

Bienvenu MABILEMONO

S.G. du Mouvement pour l'Unité et le Développement du Congo – M.U.D.C.

http://www.congoplus.info/tribune-libre/courrier-des-lecteurs/805-denis-sassou-nguesso-ange-ou-demon-.html

Commentaires (16) dont celui-ci :

  • ...

Qu’est ce que cet article exprime de concret pour le développement de notre pays? Participe t-il à l’élaboration d’une conscience citoyenne ?

  • djobo le soir
...

quelqu'un qui aime son pays ............. ce monsieur ne raconte rien de nouveau il ne fait que revenir sur des faits qui nous rappelle une triste periode de l'histoire de notre pays et qui ne nous apporte rien de bon ou de bien je voudrais dire a ce monsieur que la population congolaise la vrai celle qui aime son pays à besoin de se tourner vers l' avenir en posant les bases d'une nouvelle mentalité, d'une nouvelle façon de faire les choses celle du travail bien accompli, de la non corruption et de l amour de la patrie entiere du nord au sud. vous dite vouloire que les choses changent mais pourtant vous etulisé votre plume pour créer la division et incité le resentiment vraiment relisé ce que vous ecrivé et posé vous la question: est ce que j'ecris est benifique pour le congo? certe que les choses vont mal mais qu'elle est votre contribution ' la critique aveugle et subjectif en denigrant tjrs le pays' ce n est pas seulement sassous qui doit changé meme si c'est peut probable mais tous les congolais ou qu'il soit doit changé. ce n est pas le doigt qui lave le visage mais la main as vous de comprendre

Eduque t-il le peuple sur le changement de mentalité ? Réclame t-il l’assainissement des finances publique ? Demande t-il plus de transparence dans la gestion pétrolière ? Exprime t-il le besoin du peuple congolais en infrastructure sanitaire et éducatif ? Franchement !!!

Maatchiv

...

La soif de développement ne doit pas occulter la vérité, ce qui fait l'histoire du Congo. De nombreuses études ont déjà montré qu'on ne peut Réellement se développer sans prendre(avoir) conscience de son histoire. Et les déviations de Sassou font et feront toujours partie de l'histoire du Congo.

Si Mabilemono veut maintenant faire de l'histoire, devenir historien de l'histoire politique du Congo, les facs sont grandements ouvertes, ils peut écrire des mémoires. En revanche, s'il veut utiliser ce lourd passé du Congo comme drain royal d'accès aux affaires politiques, un marqueur d'identification, nous, du moins moi, ne sommes pas prêts à gober ces fadaises.

Après Dzon, il s'en prends à Sassou. Qui sait ce qu'il nous réserve, ô n'exagérons rien, ce qu'il se réserve à lui même. Il faut faire de la politique autrement, devenez des esprits pour votre pays, soyez de l'or gris. Le peuple vous attend là. Laissez les historiens écrire l'histoire. L'occident ne doit pas devenir pour certain une niche pour pondre des inepties. Soyons ces congolais debout fierement partout, proclammons( bâtissons) l'union de notre nation.




le déçu

...

Pour moi, SASSOU-NGUESSO c'est l'anté-christ. Assassin, fétichiste, franc-maçon, puscthiste...Cet homme est beaucoup plus proche du DIABLE que de DIEU.

la précision

...

Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai assisté de mes propres yeux au tournant de la guerre de 1997. En effet, à partir du 3 septembre 1997, 3 jours durant, les Cobras lancent l'assaut sur Owando (à l'époque, seule localité du nord sous contrôle du gouvernement par le biais des miliciens "Faucons" pro-Yhombi Opango en alliance avec Pascal Lissouba) pour s'emparer de l'aérodrome d'Indanga, seul aéroport en service dans une ville reliée à Brazzaville via Oyo par la route nationale n°2. A l'époque, de nombreux cobras mettent en sourdine leurs postes au front de la capitale pour s'emparer de la piste stratégique d'Owando, avec tous les massacres et les exactions de populations qui s'ensuivront. Owando aura été la ville la plus endommagée du pays après Brazzaville durant le conflit de 1997, d'autant plus que la plupart des édifices publics ou privés de cette contrée seront secoués par le pillage et le vandalisme. Bref, à partir du 10 septembre 1997, 2 à 3 avions de type transall (marque française) vont constituer le pont aérien entre Luanda et Owando pour acheminer troupes angolaises et logistique nécessaire durant environ 3 semaines peu avant l'offensive du 7 octobre 1997. Certes, la voie Franceville - Oyo via Okoyo-Ewo-Boundji a été utilisé pour transporter quelques blindés, il en demeure moins que la quasi-totalité du renfort militaire de Sassou-Nguesso est passé par Owando en 1997, car la bretelle Oboya(appelé à tort Obouya, carrefour séparant la RN2 en deux voies dont l'une menant vers Boundji et l'autre vers Owando)-Boundji-Okoyo- Franceville n'a jamais connu de vrais travaux d'aménagement et n'a encore moins été asphaltée à ce jour, la rendant donc difficilement praticable. Tandis que l'axe Owando - Brazzaville (long de 550 km) via Oyo est presque entièrement bitumé depuis 1977, et ce jusqu'à ce jour. Donc, la version très connue du renfort des cobras par Franceville est à prendre avec beaucoup de réserves.

Au bon entendeur, salut!

...etc

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**____Présidentielles ivoiriennes: Que demande le peuple? Quand des élections libres et transparentes sont organisées, le peuple choisit toujours de tourner la page des régimes incompétents et corrompus au pouvoir depuis les indépendances..

Bédié conteste le décompte Charlie ( 04/11/2010 07:39 ) À Paris / France

Quand des élections libres et transparentes sont organisées, le peuple choisit toujours de tourner la page des régimes incompétents et corrompus,au pouvoir depuis les indépendances. On comprend mieux pourquoi, les Biya, Bongo, Sassou, Kabila et Eyadéma ont si peur du réveil démocratique de leurs peuples respectifs et n'organisent jamais de consultations libres et transparentes dignes de cela.

Présidentielles ivoiriennes Kaika ( 04/11/2010 08:57 ) À Genappe / Belgium

Que demande le peuple? Rien de bien excessif.

1. que les élections se fassent dans la plus grande transparence. 2. que le résultat qui doit être rapidement publié soit accepté par tous de manière pacifique. 3. que le vainqueur du scrutin travaille dans l'intérêt de TOUS les ivoiriens. 4. que le vainqueur et les vaincus cessent de considérer que leur seule légitimité qui leur permet d'exister politiquement et médiatiquement est celle de l'extérieur.

Est-ce trop demander aux candidats président de la République?

04/11/2010 13:20 ) À / France

Résultats de la présidentielle : Qui a dit que les sondages mentaient ?

Les différentes intentions de vote des Ivoiriens demandées par l’institut français de sondage, TNS-Sofres ont prévu tout ce qui arrive. Premièrement, que, dans tous les cas de figure, il y aurait un second tour à l’élection présidentielle du 31 octobre. Deuxièmement, que ce second tour opposerait soit Bédié à Gbagbo, soit Ouattara à Gbagbo. Une constante cependant : Gbagbo sera au second tour et arrive en tête avec plus de 40% des voix. Selon Sofres, les Ivoiriens voient en Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat qu’il leur faut pour les cinq prochaines années puisque, quel que soit le candidat qu’il croise, il le bat proprement. Ainsi Bédié sera battu avec 54% des voix et Ouattara avec plus de 60%. Sur l’arrivée de Ouattara au second tour, les sondages ont dit qu’il dispose de réserve qui pourrait l’aider à faire le bond. Au final, on constate que le leader du RDR a puisé au plus profond de sa réserve pour battre le président du PDCI. Ouattara a donc utilisé toutes ses cartouches. Autre projection faite par les sondages, c’est la tenue qu’auraient Gbagbo et Bédié dans le pays akan. Sofres a dit exactement que les deux leaders partageront équitablement les voix des Akan. Au terme du premier tour de cette élection, Bédié a fait une razzia dans le pays baoulé quand Gbagbo prenait la bastille agni avec Abengourou, Aboisso, Adiaké, Ayamé, Tiapoum, etc. On pourrait même ajouter sur cette liste leurs cousins abouré, nzima, appoloniens et avikam. On attend maintenant que Sofres fasse un autre sondage pour nous dire si ce qu’il a montré avant le premier tour tient toujours. Car, on a vu que Ouattara et Bédié se sont largement inspirés des résultats des publications de Sofres pour bâtir leur politique de communication. Même si ça n’a pas eu l’effet escompté, on a senti tout de même les efforts qu’ils ont faits pour passer pour jeunes, mais aussi pour cacher leurs faiblesses. C’est dire combien le second tour qui s’annonce sera palpitant et intéressant pour tous. Gbagbo, qui a encore beaucoup à dire et beaucoup de réserves, sera plus à l’aise, ainsi que le disent les différents sondages. Pourvu seulement que La Majorité présidentielle se remette au travail, passe la vitesse supérieure et se décide, enfin, à sortir le grand jeu.

Abdoulaye Villard Sanogo

http://www.notrevoie.com/a_la_une.asp?id=36966



( 04/11/2010 13:24 ) À / France

En Côte d’Ivoire, la commission électorale a achevé mercredi soir, le 3 novembre 2010, la publication des résultats de la présidentielle historique de dimanche. Les Ivoiriens, n’ont pas dispersé leurs voix. Un second tour se dessine entre le président sortant Laurent Gbagbo et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, l'ancien chef de l'Etat Henri Konan Bédié est éliminé. Principaux enseignements de ce scrutin.

Le premier constat de ce premier tour de l’élection présidentielle est qu’avec six points d’écart, Laurent Gbagbo dispose finalement d’une avance très relativement confortable sur Alassane Ouattara.

Le seconde est que les deux finalistes et Henri Konan Bédié, sont les seuls candidats à disposer d’une assise nationale. Mais en Côte d'Ivoire la logique des « zones bastions » demeure. Laurent Gbagbo a fait le plein des voix dans le sud, le centre ouest et l’ouest du pays. Alassane Ouattara a été plébiscité au nord. Alors qu’Henri Konan Bédié reste l’homme fort du centre du pays.

La troisième observation est que les Ivoiriens n’ont pas dispersé leurs voix et les trois ténors dont les résultats cumulés dépassent les 95%, n’ont finalement laissé que des miettes aux 11 autres. Si avec plus de 2,5% Albert Toikeusse Mabri, le candidat de l’UDPCI sort du lot, il faut remarquer qu’aucun des 10 autres petits candidats ne dépassent la barre de 0,5%.

quatrième constat est que cette élection réserve des surprises, par exemple, le bon score de Laurent Gbagbo à Abobo. Certes, son épouse Simone est députée du lieu, mais cette immense commune d’Abidjan est considérée comme un fief solide du RDR (Rassemblement des républicains). La cinquième observation est qu’Henri Konan a manifestement perdu une bonne partie du vote urbain.

En ce qui concerne la presse ivoirienne, Soir Info relève que « Bédié est tombé ! » et parle d’un duel à mort entre Gbagbo et Ado : « Gbagbo-Ado, un duel de titans ». Le Nouveau Réveil, proche de PDCI (Parti démocratique de Côte d'Ivoire), fait sa une sur Bédié, conteste les résultats et lance : « Ils lui ont volé la victoire… Pas de recomptage, pas de deuxième tour ». Et pour finir, Le Temps, proche du candidat Gbagbo, titre sobrement : « Gbagbo et Ouattara au second tour ».

Par RFI



Leçon d’une présidentielle attendue : Alassane Ouattara, le vote tribal *

( 04/11/2010 13:35 ) À / France

La plus grosse leçon à tirer de l’élection présidentielle du 31 octobre est, sans nul doute, que le candidat du RDR est un homme qu’il faut sortir du jeu politique ivoirien pour son tribalisme et son régionalisme outrecuidants.

Une fois n’est pas coutume. Nous avons décidé, cette fois, de tirer la sonnette d’alarme sur un sujet qui est en train de s’imposer à nous comme une vérité. Nous espérons seulement que nous n’arriverons pas à blesser la sensibilité de nos amis du CNP. L’élection présidentielle tant attendue est terminée, du moins dans sa phase première. Le monde entier (et surtout les connaisseurs de notre environnement politique) aura remarqué que des trois hommes politiques que nous appelons abusivement les trois grands, un seul se détache véritablement comme homme d’Etat capable de faire l’unanimité autour de sa personne. C’est le candidat de La Majorité présidentielle, le président sortant Laurent Gbagbo. Ce n’est pas à tort qu’il aime à répéter aux Ivoiriens : «Vous me connaissez, je vous connais». Il est le seul à avoir raflé des communes et des régions entières en dehors de sa sphère natale. Citons-en quelques-unes : Sud-Comoé (capitale Aboisso) ; Zanzan (capitale Bondoukou) ; Agnéby (capitale Agboville) ; Lagunes (capitale Abidjan) ; Moyen- Cavally (capitale Guiglo) ; N’Zi-Comoé (capitale Bongouanou) ; Moyen- Comoé (capitale Abengourou) ; Sud- Bandama (capitale Divo) ; Bas-Sassandra (capitale San Pedro) ; Haut- Sassandra (capitale Daloa) et Marahoué (capitale Bouaflé). Soit 11 régions sur les 19 que compte actuellement la Côte d’Ivoire.

Ce qui est tout à fait le contraire chez ses concurrents directs, notamment Alassane Ouattara dont les scores enregistrés font froid au dos à cause de leur encrage exagérément tribal. Alassane Ouattara n’a gagné que les régions du grand nord. Et c’est tout. Dans le sud, les points qu’il a glanés ici et là proviennent des zones où il y a une forte concentration des populations du nord. Sans plus. Quand, dans une zone du sud donnée, les populations venues du nord sont en infériorité numérique, la moyenne de Ouattara s’en ressent tout de suite. Et ce n’est pas pour le dénigrer ou jouer sur la fibre ethnique. Ceux qui le penseront pourront toujours, s’ils le veulent, aller regarder les résultats qu’il a obtenus au sud bureau de vote par bureau de vote et ils découvriront la laideur de sa politique. A Gagnoa, dans le centre-ouest du pays, il a presque raflé toutes les voies (environ 3000) du quartier «Dioulabougou». Un quartier peuplé essentiellement de ressortissants du nord. Il a été battu parce que les voix des villages environnants ont fait la différence. A Jacqueville, chez la secrétaire générale du RDR, la première collaboratrice de Ouattara, le candidat du RDR n’a obtenu que 1265 voix là où Laurent Gbagbo a recueilli 10 828 voix. La raison ? Il n’y a pas assez de ressortissants du nord là-bas. Dans la commune de Songon, sur la route de Dabou, Ouattara n’a eu que 2621 voix au contraire du candidat LMP qui rafle 13164 voix. Vous verrez, dans le même temps, que le leader du RDR gagne haut la main les communes de Treichville, Abobo et Adjamé dans la région des Lagunes parce que ces trois localités rassemblent une forte communauté des populations venues du nord et de la sous-région ouest-africaine.

Ainsi que l’indique très clairement la carte que nous avons prise sur abidjan.net et que vous avez sous les yeux, Ouattara n’existe que dans le nord du pays où il a imposé une omerta sur la population. Ses partisans et ses chefs rebelles sont fortement soupçonnés d’avoir obligé certains électeurs à voter pour l’homme pour qui ils ont pris les armes. Ils sont soupçonnés aussi d’avoir voté et signé à la place de certains absents qu’ils avaient réussi, par la force et l’intimidation, à faire inscrire sur la liste électorale alors qu’ils n’en avaient pas droit. Depuis qu’il est entré en politique dans ce pays nôtre, ses habitudes n’ont pas changé. Il surfe sur la religion et la région pour faire de nos parents ses obligés. Cette manière de faire et de voir la politique doit changer radicalement à notre avis. Pour que ça ne devienne pas une habitude, une coutume pour les jeunes qui observent tout à la recherche d’un modèle de vie.

Si le RDR veut remporter un jour une présidentielle dans ce pays, il lui faudra se débarrasser de son champion actuel qui traîne des casseroles si bruyantes que son image ne passe pas au sein de la population, à part celle dont il se sent très proche. Pour nombre de nos compatriotes, il est le père de la violence et des coups d’Etat dans ce pays. Rejetant avec la dernière énergie la violence comme mode de fonctionnement, il est tout à fait légitime que cette population rejette celui dont le nom rime avec déstabilisation du pays, guerre civile, coups d’Etat et tribalisme.

Abdoulaye Villard Sanogo

http://news.abidjan.net/h/379282.html



Paulin ( 05/11/2010 00:24 ) À Antwerp / Belgium

Bravo aux ivoiriens d'avoir montré au monde entier combine les africains, eux-mêmes, sont à même de résoudre leur problème.

Qand on pense que ce pays, de Marcoussis à pretoria jusqu'aux nations unies, a failli être mis sous tutelle. Quand on se rappelle que son président, GBAGBO Laurent était traité de tous les noms.

GBAGBO a eu la justesse de composer directement avec le chef rebelle SORO pour que l'on arrive aujourd'hui au terme de ce processus.

Oui, je tire mon chapeau à GBAGBO. Personne ne donnait cher à ce processus électoral.

Les élections ivoiriennes ne souffrent d'aucune contestation possible.

BEDIE n'a qu'à s'en prendre à lui-même et vivement qu'il aille en retraite. Quant à Dramane OUATTARA, je suis très mal à l'aise à l'idée qu'il puisse diriger ce pays.

Voici quelqu'un qui n'a bénéficié" que d'un vote ethnique. Quelqu'un issu de l'immigration qui a une femme blanche. Ce monsieur, du temps où il fut premier ministre, prit pour chef de cabinet, un guinéen. Je ne suis certes pas ivoirien mais, rien qu'avec ce tableau, je ne vois pas et je ne souhaite pas que les ivoiriens puissent confier la destinée de leur pays à un type pareil, ceci, indépendamment de ses compétences.

GBAGBO, dans les circonstances actuelles représente à mes yeux celui autour duquel l'avenir de la CI peut être construit. Ceci avant que, 5 ans après, les SORO et autres Konan BANNY puissent proposer une autre alternative.

Quant à WODIE, le prof que j'ai eu l'honneur de rencontrer à l'occasion d'un colloque universitaire, il aurait mieux intérêt à retrouver sa science que de patauger dans un marigot, la polique, qui ne lui réussit guère.

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jeudi 4 novembre 2010

______"Noirs"...blaguesland.free.fr... (Q) Pourquoi les noirs ont-ils les dents blanches ? (R) Pour qu'on puisse leur casser la gueule aussi la nuit

Humours Noirs

NOIRS


(Q) Comment fait-on descendre les noirs des arbres en Alabama ? (R) On coupe la corde.


(Q) Quel est le point commun entre une zaïroise et le saut à l'élastique? (R) Dans les deux cas si le caoutchouc pète, t'es mort.


(Q) Pourquoi les noirs n'ont-ils pas de lignes de la main ? (R) Parce qu'ils n'ont pas d'avenir


(Q) Qu'est ce qui est rose-noir-rose-noir-rose-noir-blanc ? (R) Un noir qui se tape une branlette


(Q) Comment appelle-t-on un nègre avec un revolver ? (R) Monsieur


(Q) Qu'est-ce qu'un négro ? (R) Un homme de couleur, qui vient de quitter la pièce.


(Q) Qu'est-ce qu'on lance à un noir qui se noie? (R) Sa femme et ses enfants!


(Q) Est-ce triste de savoir qu’un noir s’est tué seul dans sa Renault Espace ? (R) Oui, car il aurait pu au moins emmener sa famille avec lui


(Q) Comment appelle-t-on deux noirs dans un sac de couchage ? (R) Un Twix


(Q) Pourquoi est-ce que les noirs ont les mains et le dessous des pieds blancs ? (R) Parce que quand Dieu les a peint, ils étaient à quatre pattes (Q) Et pourquoi est-ce qu'on a le trou du cul noir ? (R) Parce que quand ils nous ont enculés, ils n'étaient pas secs.


(Q) Pourquoi les noirs ont-ils les dents blanches ? (R) Pour qu'on puisse leur casser la gueule aussi la nuit


(Q) Quelles sont les trois chose qu'un noir a de blanc ? (R) - Le blanc des yeux - Les dents - Le patron


(Q) Combien faut-il de noirs pour repeindre un mur ? (R) Ca dépend à quelle force on les lance


(Q) Comment fait-on descendre les noirs des arbres aux Etats-Unis ? (R) On coupe la corde.


(Q) Comment empêche-t-on 5 noirs américains de violer une femme ? (R) On leur lance un ballon de basket


C'est un noir qui sort de l'eau, et sa bite traîne jusque par terre. Un blanc est en train de regarder ça avec des yeux tous ronds, médusé... Le noir dit : - Quoi ? qu'est-ce qu'il y a ? Elle rétrécit pas aussi ta bite à toi, quand tu sors de l'eau ?

© blaguesland.free.frhttp://blaguesland.free.fr/Noirs.htm

  • Un pauvre mendiant frappe à la porte d'une maison bourgeoise. Il tente alors d'attendrir la maîtresse de maison.

- Ma bonne dame, j'ai perdu un oeil !

- Mon brave, il n'est pas ici !

  • Cela se passe dans une tribu de l'Afrique profonde.

Dans une tribu où le moindre vêtement n'existe pas encore ! "PAPA, je peux jouer avec ta zigounette ?" "D'accord, mais ne t'éloigne pas trop !!!"

  • Pourqoui les noirs ont des grosses narines? Parcequ'ils ont des gros doigts.
  • Pourquoi les noirs ont de grands sacs à mains? Pour transporter leurs rouges à lèvres.
  • Qu'est ce qu'un noir dans un tunnel ?

Un Yvoirien

  • En Afrique du sud, dans un car de ramassage scolaire, les enfants sont en train

de se battre. Comme d'habitude les petits blancs veulent être au début du bus et les petits noirs aussi. Le chauffeur excédé leur dit : - "Bon y'en a marre. Y'a plus de noirs et y'a plus de blancs, vous êtes tous bleus.Les bleus foncé derrière et les bleus clair devant."

  • UN couple discute gentiment au coin du feu. L’épouse se gratte la gorge :

Chéri, il faut que je t’avoue quelque chose !

Dis-moi tout !

Je suis daltonienne !

Moi aussi j’ai un aveu à te faire : je suis noir !

  • C'est un homme noir avec son petit garçon. Celui-ci lui demande :"Papa, papa, je peux jouer avec ton sexe?"

le père:" D'accord, mais ne t'éloigne pas trop!"

  • C'est une sage femme qui se rend chez le boucher.

- Bonjour, je voudrais 450g de petite saucisse SVP. - Bien sûr madame !

Et le boucher coupe un morceau qui pèse pile poil 450g.

- Un coup de chance... - Oh non, juste 30 ans de métier madame.

Elle se dit, je vais l'avoir et elle demande 225g de pâté de tête. Et le boucher lui coupe un morceau de 225g.

- Vous voyez que ce n'est pas un coup de chance !

Quand tout à coup, on crie à l'aide car une femme est en train d'accoucher dans la rue, sur le trottoir. La sage femme accourt et met au monde un petit bébé.

- 3 kg800 dit-elle. - Ah non, 3 Kg700 répond le boucher. - Ecoutez, c'est mon métier donc 3 Kg800.

Pour être fixé, le boucher demande à son apprenti qui s'appelle Marcel de prendre le bébé et d'aller le peser.

- 2 Kg300, clame notre Marcel.

Le boucher et la sage-femme sont tout deux étonnés de se tromper d'autant.

- Tu en es sûr Marcel ?? - Ah oui, 2Kg300, vidé et désossé!

  • C'est un mec qui aime tellement sa copine Sophie qu'il se fait tatouer son

prénom sur sa zigounette. Un jour il va pisser dans une pissotiere. Il est juste a cote d'un black et remarque que lui aussi a quelque chose de tatoué sur le sexe. Il regarde et lit "se" et il lui demande :- "Vous aussi c'est Sophie ?" - "Non, non, moi c'est souvenir ému d'Afrique équatoriale !!!"

http://www.blagues.net/blagues-noirs.html ..dire des conneries point comme

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mercredi 3 novembre 2010

_____Qu’est-ce que la folie ? « QUI VIT SANS FOLIE N’EST PAS SI SAGE QU’IL CROIT… » (La Roche Foucault) Afrique; seuil de l'obscurité et des montagnes d'immondices.. "La montagne a accouché d'une souris.."

Qu’est-ce que la folie ?

29 février 2004 13:16, par jeune fille de 16ans

La folie peut être une forme d’intelligence ;elle a une basse de reflexion sur le monde extérieur..la société.. Un fou a un sens de l’imagination tres developpé.la folie peut être douce(moment d’égarement,ou un délire entres ami(e)s...ou ravageuse,elle peu vous ronger petit à petit jusqu’à nuire a votre santé.......

http://www.lafrancophonie.net/SPIPAUT/spip.php?article69

Qu’est-ce que la folie ? « QUI VIT SANS FOLIE N’EST PAS SI SAGE QU’IL CROIT… » (La Roche Foucault)

jeudi 30 octobre 2003, par René-Pierre Amselle

Vous aurez compris, dans votre grande sagesse, que la lecture de ces quelques lignes que j’ai eu le plaisir et l’honneur de coucher sur ces pages, vont à jamais, ou pour toujours, (faites votre choix), marquer, que dis-je ? transmuter votre psychisme, votre morale, votre savoir, bref, votre personnalité… (Personne alitée…)

Si le ton de cet écrit est léger, voire teinté d’un certain humour, le fond, lui, est fiable et solide car il est rédigé par moi-même…(Moi m’aime).

Pourtant, attention ! Traiter un aussi vaste sujet en quelques lignes peut pêcher (Pêche à la ligne) par oubli, voire omission (Oh ! Mission). Mes choix seront forcément subjectifs.

Il en résulte un texte non exhaustif, mais dont les orientations, que vous pourrez prendre à votre compte, sembleront à vos interlocuteurs éblouis, le signe d’une culture bien assimilée.

La folie a des histoires passionnantes et une place originale dans notre société. Cependant elle reste entourée de bien des mystères et se trouve entachée d’idées fausses. Suscitant intérêt ou méfiance, engouement ou rejet, la folie a provoqué dans le monde entier un champ aussi large qu’éclectique de recherches, d’écoles, d’interrogations et … d’histoires !

Notre époque qui privilégie rendement, efficacité, effacement de ce qui gêne, dédain de la souffrance (Sous France) infantilisation des citoyens, au mépris d’une démarche qui encourage le désir, la liberté de penser ou de rêver et qui favorise l’expression plutôt que la censure, engendre la FOLIE, cette " anormalité comportementale " : tout ce qui n’est pas (Naît pas) dans la norme établie par nos Décideurs est folie.

Ainsi la folie a pénétré de nombreuses sphères de la vie humaine : La psychologie, la psychiatrie et les diverses spécialités médicales, d’une part, l’enseignement et la pédagogie, l’université, la littérature, la philosophie, l’Art, l’histoire, la politique, les religions, d’autre part.

Le FOU reste un personnage mystérieux, non conventionnel ; il est prétendu habité par des " esprits " squattant son psychisme ; par des fées (le fada) ; Il est illuminé par une autre lumière intérieure (le maboul). Un des biais parmi les plus captivants pour comprendre la folie est de s’intéresser à ses histoires… Bien sur, les histoires de fous ne sont pas dépourvues de contradictions, de batailles, ruptures, débats serrés et moments de crise. Vous l’avez remarqué !

Peut-on dire, par exemple, que la folie soit plutôt de gauche ? Ce qui est une évidence, c’est que les fous sont souvent les premières victimes de la répression des régimes totalitaires. Mais il y a aussi des régimes totalitaires dont certains dirigeants étaient ou sont fous !

A la question que je pourrais poser : " Au fait, êtes vous FOU ? " nombre d’entre nous répondrait par " HUM ! "… et un plus grand nombre encore par un vigoureux " NON ! " affirmatif.

Soyons clairs : s’il y a des individus face auxquels il ne faut pas faire de complexe, ce sont bien les FOUS qui sont des gens comme vous et moi, mais ayant le courage de refuser la norme.

Il faut que vous sachiez que vous êtes déjà dans une culture de folie, ne serait-ce qu’à travers les expressions qui ont envahi le langage quotidien comme : " c’est fou " ; " c’est dingue " ; " c’est dément ", etc.

Le signifiant de tout cela ? puisque nous sommes des demandeurs de sens :

C’est que vous êtes peut-être en état de latence. Alors finis les complexes ! Laissez vous aller (Haler) ! Et si vous êtes mis à l’index 1, vous pourrez vous réjouir d’être l’égal (Légal) d’un préservatif …

La folie est un PRÉSERVATIF !

A Marignane, le 14 XI 1998

René-Pierre AMSELLE

Qu'est-ce que la folie ?

  • La réponse de Christophe André Psychiatre et psychothérapeute

La folie, c’est souvent ce que l’on n’accepte pas, ou ce qu’on ne comprend pas. C’est pourquoi, en tant que psychiatre, je n’ai jamais rencontré de fous : je n’ai vu et ne continue de voir que des êtres humains qui souffrent, et qui sont perturbés dans leurs esprits ou leurs comportements par des maladies que j’essaye de soulager ou de soigner avec eux. Plus on accepte et plus on comprend, moins la folie existe.

Du moins la folie psychiatrique, qui n’est donc pas une maladie chez l’autre (la maladie « folie » n’existe pas, ou plus), mais un manque chez nous (manque de connaissances et de compréhension).

Pour l’autre folie, la « folie » de notre vocabulaire (« il est complètement fou ce type ») et des médias (« la folie spéculative ») elle désigne non pas la perte de la raison mais nos déraisons quotidiennes : comment les logiques absurdes qui parfois conduisent nos vies (se venger, posséder, s’enrichir, dominer, ne pas vieillir, …) vont nous conduire au pire.

Ces folies ordinaires, faites de déraisons des gens « pas fous » au départ, vont s’avérer immensément dangereuses et pour les personnes et pour la société. Bien plus que la folie des patients de psychiatrie.

http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Troubles-Maladies-psy/Reponses-d-expert/Qu-est-ce-que-la-folie

Qu’est-ce que la folie ?

31 janvier 2004 18:31 le fou est au centre. il faudrait mettre le fou au centre de nos sociétés. le fou est la plus indésirable entité de nos sociétés rationnelles :il désorganise,il révolutionne. Le fou peut il être une cible des publicités, il fait ce qu’il veut, il n’est pas prévisible. Là encore le bas blesse car on aimerait bien que l’homme soit entiérement déterminé ( par des équations ?). Cela serait arrangeant pour certains. L’homme raisonnable est l’homme moderne. Sa folie le fait tourner en rond et tant mieux. des forces souterraines fluctuantes , une débauche d’energie sans direction, sans objectif. On aimerait que les masses soit prévisibles ( sondages). mais elles ont toujours ce grain de folie qui leur permet de se gausser de tous les voyeurs. Le fou est un dangereux troublion qui met en danger l’ordre établie ( et la sécurité) Répondre à ce message

Qu’est-ce que la folie ?

29 février 2004 13:16, par jeune fille de 16ans la folie peut être une forme d’intelligence ;elle a une basse de reflexion sur le monde extérieur..la société.. Un fou a un sens de l’imagination tres developpé.la folie peut être douce(moment d’égarement,ou un délire entres ami(e)s...ou ravageuse,elle peu vous ronger petit à petit jusqu’à nuire a votre santé.......

Qu’est-ce que la folie ?

31 janvier 2004 18:31 le fou est au centre. il faudrait mettre le fou au centre de nos sociétés. le fou est la plus indésirable entité de nos sociétés rationnelles :il désorganise,il révolutionne. Le fou peut il être une cible des publicités, il fait ce qu’il veut, il n’est pas prévisible. Là encore le bas blesse car on aimerait bien que l’homme soit entiérement déterminé ( par des équations ?). Cela serait arrangeant pour certains. L’homme raisonnable est l’homme moderne. Sa folie le fait tourner en rond et tant mieux. des forces souterraines fluctuantes , une débauche d’energie sans direction, sans objectif. On aimerait que les masses soit prévisibles ( sondages). mais elles ont toujours ce grain de folie qui leur permet de se gausser de tous les voyeurs. Le fou est un dangereux troublion qui met en danger l’ordre établie ( et la sécurité) Répondre à ce message

,ou un délire entres ami(e)s...ou ravageuse,elle peu vous ronger petit à petit jusqu’à nuire a votre santé.......

Qu’est-ce que la folie ? 22 janvier 2006 14:07, par F. Paris Bonsoir, Je crains malheureusement, que l’espèce humaine, ne soit à la difference des autres, la seule qui ait cette faille, je le craint imparable, ou s’engouffre en flue, ( flut ou flus je ne sais plus ) continu, ce que l’on appel, la vanité. Elle a, à mon sens contribué a créer une source d’illusions. De fait à apprendre a la controler en en comprenant tous les mécanismes, en reglant un a un, patiamment tous les détails pour aboutir au pouvoir absolu. Celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec ce mecanisme et par les idées qui en découle, peuvent etre considérés comme fou. Vous posiez la question : Qu’est ce que la folie ? La folie n’est elle pas alors simplement de croire que l’on peu éduquer chaque etre humain pour qu’il comprenne qu’il a un cerveau qui, malgré toutes les recherches effectués n’a encore révélé aucuns liens serieux entre la psychiatrie et les maladies psychiatrique, et la physiologie. Que l’on puisse prendre le temps de leur expliquer par exemple qu’il n’y aurra plus, dans quelques années de psychiatres qualifiés ( c’est controversé, je sais !) et que, étant je le crois les seuls penseurs de notre époque ! Cela risque fort de donner des points capitaux aux concepteurs et à leurs dissiples, de cette fameuse pensée unique. Et que de fait ils peuvents tous ensemble penser à vivre et a laisser autre chose a leur descendance qu’une identité ce composant d’un numéro.( nous n’en sommes pas loint ) Peu etre est ce cela la folie, ce croire un etre superieur, doué de la faculté de détenir le savoir, donc le pouvoir. La vanité ?

Je me permettrais de vous transmettre pour terminer mon humble exposé sorti tout droit de ma propre pensé, donc unique, une recente decouverte ( pour ma part en tous cas donc certainement tres en retard )d’une lettre écrite par Freud le 26 février 1930, et adressée au Docteur Chaim Koffler à Jérusalem. Elle répondait à la demande de l’association de "Jérusalem Keren Ajossot" - demande envoyée à plusieurs personnalités juives éminentes - de signer une pétition condamnant les arabes pour une émeute survenue en 1929 en Palestine, émeute au cours de laquelle plus de 100 colons avaient été tués.

Son destinataire, le Docteur Chaim Koffler, l’a transmise à un collectionneur d’autographes de Jérusalem, Mr Abraham Schwadron, en échange de la promesse "qu’aucun oeil humain ne puisse jamais la voir".

Elle est restée secrète pendant plus de 75 ans jusqu’à ce qu’elle paraisse récemment dans le catalogue d’une exposition à l’université de Jérusalem.

« Cher Docteur,

Je ne peux faire ce que vous souhaitez .

Je me sens incapable de surmonter mon aversion à accabler le public avec mon nom et même ce moment critique ne me paraît pas le justifier. Quiconque désire influencer les masses se doit de leur donner quelque chose de vibrant et d’enflammé et mon sobre jugement sur le Sionisme ne le permet pas. Il est sûr que je sympathise avec ses buts, je suis fier de l’université de Jérusalem, et la prospérité de ses implantations me fait plaisir.

Mais, d’autre part, je ne pense pas que la Palestine pourra jamais devenir un État juif, ni que les mondes Chrétien et Islamique soient prêts à ce que leurs lieux saints soient sous contrôle juif. Il m’eut paru plus judicieux d’établir une patrie juive sur une terre moins chargée d’histoire. Mais je reconnais qu’un point de vue aussi rationnel aurait peu de chance d’obtenir l’enthousiasme des gens et le soutien financier des riches.

Je concède avec tristesse que le fanatisme infondé de notre peuple soit en partie à blâmer pour avoir éveillé la méfiance Arabe. Je ne puis cultiver de sympathie pour une piété mal dirigée qui transforma un morceau du mur d’Hérode en relique nationale offensant ce faisant les sentiments des autochtones palestiniens.

Jugez vous-même maintenant si, avec un tel point de vue critique je suis la personne qu’il faut pour conforter un peuple pris dans l’illusion d’une espérance injustifiée.

Votre respectueux serviteur. »

Freud

Si j’ai cette vanité, alors peu etre doit on me considerer comme fou. F. Paris.

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Qu’est-ce que la folie ?



11 septembre 09:50

Ecouter les conférences de Michel ONFRAY sur S.FREUD : Il y a 25 podcasts... Magnifique "élairage" sur le ... "bon docteur Freud"... Voir en ligne : http://www.franceculture.com/podcas...

  • Source et inspiration:http://www.guineeactu.com/info.asp?mph=deta&ret=deta&ID=4867

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______Exégèse :Du ciel à la terre, Les hommes d'un autre temps.. Apokalypse now Grigny alkatraze! ou la prison à ciel ouvert. L’antéchrist est-il une personne ou, comme vous dites, le

Les descriptions du Nouveau Testament, principalement celles de Saint-Paul, concernant la malice humaine en général et celle des hommes des derniers temps en particulier, sont saisissantes de violence et de vérité. Commençons par les relire. C’est roboratif, garanti.

Rom 1, 29-32. Elle vise les hommes en général, avant la justification que procure la Foi.

« Remplis de toute espèce d’iniquité, de malice, de fornication, de cupidité, de méchanceté, pleins d’envie, de pensées homicides, de querelles, de fraude, de malignité, semeurs de faux bruits, calomniateurs, haïs de Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, sans intelligence, sans loyauté, implacables, sans affection, sans pitié ; et bien qu’ils connaissent le jugement de Dieu déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font ».

Ca commence très fort ! Mais ce sont surtout les « Pastorales » qui fustigent le vice comme l’apanage des derniers temps. Ainsi, et pourtant contre les récents gnostiques 1 Tim 4, 1-3 :

« Mais l’Esprit dit formellement que, dans les derniers temps, certains abandonneront la Foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des doctrines inspirées des démons, par des menteurs hypocrites, marqués au fer rouge dans leur propre conscience, qui proscrivent le mariage et l’abstinence d’aliments créés par Dieu pour les croyants, ceux qui ont reconnu la vérité, et en usent avec actions de grâce ».

Curieusement, ce texte, qui condamne des pratiques gnostiques récentes, les donne comme une caractéristique des hommes des derniers temps. Mais nous avons la plus célèbre description, globale en soi, mais spécifique des derniers temps en 2 Tim 3, 1-7 :

« Sache ceci : que dans les derniers jours surgiront de durs moments. Les hommes, en effet, seront égoïstes, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, impies, sans cœur, sans loyauté, calomniateurs, sans frein, sauvages, ennemi du bien, traitres, emportés, enflés d’orgueil, amis de la volupté plus qu’amis de Dieu, avec les dehors de la piété tout en ayant rejeté son pouvoir : éloigne-toi de ces gens-là. Ils sont de ces gens-là ceux qui s’insinuent dans les maisons et captivent des femmelettes chargées de fautes, menées par toutes sortes de passions (les femmes), toujours en quête d’apprendre sans pouvoir jamais parvenir à la connaissance de la vérité (il s’agit de ces hommes) ».

Saint Paul complète un peu plus loin sa description (4, 3) dans ce texte célèbre de la messe des docteurs :

« Un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine mais, au gré de leurs désirs, se donneront une foule de maîtres, l’oreille leur démangeant, et ils détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers des fables ».

Il est particulièrement instructif de comparer la description des Romains, qui vise les hommes pécheurs de tous les temps, avec celle à Timothée qui stigmatise les hommes des derniers temps, nos contemporains peut-être ? Il y a forcément le fond commun de la perversité humaine dans l’une et l’autre description. Ce fond est d’abord l’impiété (Iniquité dans Rom et Blasphème dans Tim). On notera cependant que le blasphème est bien plus agressif que l’iniquité, même si l’un et l’autre s’en prennent à Dieu. On peut mépriser Dieu sans le blasphémer. Cette impiété est aussi celle vis-à-vis des parents et de l’autorité en général, épinglée pareillement et dans les même termes : « rebelles à leurs parents ». On se doute qu’un homme qui n’a aucun respect de Dieu ne saurait respecter non plus les autorités par Lui établies. Nous verrons plus loin la manière moderne de gérer cette impiété-là. On dirait que le pécheur classique est « haïs de Dieu » tandis que le moderne hait Dieu…

Logiquement, la deuxième tare commune est un orgueil prométhéen. Coupé de Dieu et en révolte contre Lui, l’homme devient son dieu à lui-même. Les termes sont les mêmes : « orgueilleux, fanfarons, arrogants ». A ceci près que les derniers sont « enflés d’orgueil » ajoutant quelque chose de réflexif et de systématique. Ce culte du moi qui devient la nouvelle religion, parait pratique et fonctionnel en Rom. L’homme vit mal et, se débarrassant de Dieu pour des raisons morales, il s’en tient lieu. « Leur Dieu, c’est leur ventre » dit Paul de ceux qui se perdent. Mais, en rapprochant les textes de Tim avec ceux de la description de l’Antéchrist en 2 Thess 2, 3-10 (« L’homme de péché » qui peut être considéré aussi comme générique des hommes des derniers temps) on comprend que cette rage de se substituer à Dieu jusqu’à prendre sa place et ses honneurs est cultuelle et non morale. L’iniquité devient le « Mystère d’iniquité » où il semble que le culte de soi est devenu la raison des licences et non l’inverse. Phénomène ultra moderne qui n’a plus rien à voir avec les explications ingénues et touchantes de Lucrèce qui nous expose tranquillement, au début de son « De natura Rerum » qu’il va se débarrasser des dieux car ils incommodent son ataraxie… Même dans leur partie commune, ces deux textes sont déjà bien différents.

Un autre trait commun de ces deux descriptions est la méchanceté, la dureté, l’absence de pitié, de cœur, de miséricorde, d’hommes implacables, sans affection. Rien d’étonnant. On peut aussi noter un dernier point commun qui est la débauche des mœurs. Mais là encore, alors que le débauché de base est fornicateur, impudique, cupide et plein d’envies, l’homme des derniers temps est simplement « amis des plaisirs plus que de Dieu ». Il n’a même plus les moyens de sa débauche. Il est plus tordu dans sa tête que dans ses mœurs comme on va le voir : c’est un eunuque. Toute sa malice est intérieure parce que c’est un impuissant.

Les différences de ces deux terribles descriptions n’apparaissent pas à première lecture ; elles sont pourtant notables. Il y a entre elles-deux une perversion de l’esprit qui s’y ajoute jusqu’à détruire la perversion « naturelle », « normale » allais-je-dire ! Le chrétien sait qu’il n’y a pas de perversion naturelle mais que la nature est corrompue, ce qui n’est pas du tout la même chose. Tant que la justice, qui vient du Christ par la Foi en Lui, n’est pas conférée par grâce, l’homme s’adonne au vice sur la pente naturelle et même jusqu’au péché contre-nature, comme en témoigne le premier chapitre de l’épitre aux romains qui commence sa liste par les …lesbiennes ! En Romains 1, Saint-Paul explique que les vices contre-nature, inexplicables par eux-mêmes, sont la conséquence voulue par Dieu de l’athéisme, comme une miséricorde de Dieu qui glisse un vice honteux pour faire prendre conscience d’un plus terrible parce que « honorable ». Sans préjudice pour ces vices communs, Saint-Paul, en 2 Timothée, laisse entrevoir une corruption autre, nouvelle, moins violente, moins spectaculaire et plus perverse encore. La voici.

« Toujours en quête d’apprendre sans jamais parvenir à la connaissance de la vérité ». Cette disposition perverse du chapitre 3 est précisée au 4 : « Ils ne supporteront plus la saine doctrine, mais au gré de leurs désirs se donneront une foule de maîtres, l’oreille leur démangeant, ils détourneront l’oreille de la vérité pour la tourner vers des fables » Finalement on en arrive à 1 Tim : « Ils sont marqués au fer rouge dans leur propre conscience ». Voilà bien la perversité spécifique des hommes des derniers temps. Ce n’est plus une perversité morale, même si, évidemment, elle ne l’exclut pas. C’est une incompréhensible vanité, démangeaison, prurit qui déglutit, avale, rejette, brasse tout et n’importe quoi, mais exclusivement des fables. Le vrai et le faux n’ont plus ni consistance ni intérêt. On leur demande simplement de chatouiller un instant les oreilles. Les « maîtres » valsent au gré des caprices momentanés, seule compte la démangeaison assouvie de celui qui se gratte. La vie intellectuelle n’est plus qu’un jeu dialectique en roue libre plus éphémère encore que les modes vestimentaires. C’est la maladie mentale de celui qui se complait à être « emporté à tout vents de doctrine ». Avouez qu’il faut être un grand prophète, comme l’étaient tous les Apôtres, pour prévoir, 2000 ans à l’avance, cette décrépitude mentale dont les philosophes modernes donnent quotidiennement l’exemple.

Un autre prophète du Nouveau Testament, l’Apôtre Saint Jude, auquel je laisse la conclusion, a bien décrit aussi ces hommes à la perversité bien plus mentale que morale (1, 8-10 et 12) :

« Ces hommes dans leur délire souillent pareillement leur chair, méprisent la Souveraineté, injurient les Gloires (…) Ils blasphèment tout ce qu’ils ignorent et quant à ce qu’ils connaissent naturellement, comme des bêtes sans raison, ils s’y corrompent (…) Ils sont des écueils dans vos agapes où ils font impudemment bonne chère, ne songeant qu’à se repaître eux-mêmes ; nuées sans eau, emportés au hasard des vents, arbres d’automne sans fruits, deux fois morts, déracinés. Vagues furieuses de la mer jetant l’écume de leur honte, astres errants auxquels d’épaisses ténèbres sont réservées pour l’éternité ».

"Vagues furieuses, Astres errants". C’est joliment dit, en plus !

http://blog.institutdubonpasteur.org/spip.php?article153

Les hommes des derniers temps. 6 septembre 19:29, par Guillaume

Votre exégèse soulève chez moi quelques questions pressantes :



Cela fait 2010 ans que les derniers temps ont commencé, ce que j’ai tendance à trouver excessivement long : dois-je prier pour que le Christ hâte son retour ou plutôt prier pour qu’il prenne patience (encore un peu) pour me laisser le temps de me convertir ?



Si je prie pour voir de mes yeux la parousie, est-ce normal ou suis-je tordu, égocentrique et égoïste ? Je me suis fait engueulé par ma fille parce que j’ai dit à table que j’aimerais voir l’apocalypse de mon vivant. Elle m’a dit : "Tu es un parfait égoïste, toi ça t’arrange parce que tu as déjà vécu pas mal de choses, mais moi j’ai à peine eu le temps de goûter les saveurs de la vie."



Les derniers temps ayant commencé avec l’incarnation, les "hommes des derniers temps" sont-ils de manière générique les hommes d’après le Christ ou y a-t-il plus spécifiquement des hommes dont on pourrait dire qu’ils sont des "tout derniers temps", c’est-à-dire contemporains, d’un point de vue historique et à l’échelle humaine, du retour du Christ ?



L’antéchrist est-il une personne ou, comme vous dites, le "générique des hommes des derniers temps" ? Je sais que cela fait beaucoup, voyez si vous avez un peu de... temps.

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______Evitons le refroidissement des neurones? la Mort de l’asile. Cours à la Dionyversité de Saint-Denis: La folie

http://www.dionyversite.org/

Après un départ en fanfare (2 cycles, un "dimanche au musée" et un festival du documentaire social et politique), la Dionyversité reprend son rythme de croisière, de quoi maintenir notre cerveau en état de fonctionnement optimal.

- - - Le cycle des mardis (à 19h00, faut-il le rappeler ?) est consacré à "Wilhelm Reich", et bien sûr animé par Jacques Lesage de la Haye. Pourquoi "bien sûr" ? Parce que Jacques est le spécialiste incontesté de ce psychanalyste disciple de Freud et inventeur de thérapies originales... et qu'il a déjà assuré ce cycle à la Dionyversité il y a 2 ans.

La troisième séance porte sur les luttes politiques de Wilhelm Reich : ce sera le mardi 19 octobre. La dernière séance du cycle fera le point sur l'analyse reichienne aujourd'hui, et elle aura lieu le 26 octobre.




- - - Le cycle des jeudis (à 19h00, faut-il le répéter ?) s'intitule "Education populaire, éducation nouvelle, éducation libertaire ?". C'est une question posée par Hugues Lenoir, professeur et chercheur à l'Université Paris XI, et il essaie d'y répondre, avec l'aide de quelques praticiens de cette éducation, et grâce aux débats avec nous tous.

L'avant-dernière séance, le jeudi 21 octobre, s'interroge sur l'actualité de l'éducation populaire, avec Mikaël Garnier-Lavalley. Et le jeudi 28, des enseignants et des apprenants du Lycée Autogéré de Paris viendront évoquer ses 30 ans de pédagogie libertaire et/ou autogestionnaire.

et ENSUITE ?

En novembre, on s'intéressera au théâtre et au sport, sans jamais oublier la politique. En décembre, on fera un peu de tourisme : dans nos villes, avec le graphisme militant, et dans les îles, avec Cuba. Et le premier dimanche de novembre comme celui de décembre, on se rendra au Musée d'art et d'Histoire de St-Denis.


CONFS et DOCS en stock

Pour certains cycles de conférences, nous réalisons un 4-pages autour du thème abordé. Dernier 4-pages paru : "L'assiette au beurre".

D'autre part, nous avons mis en ligne la base de données des conférences, qui devrait permettre de mieux s'y retrouver dans les enregistrements actuellement ou prochainement disponibles. Une trentaine de conférences sont d'ores et déjà écoutables et téléchargeables. Nous travaillons à vous en mettre toujours davantage à disposition. Dernière conférence mise en ligne : "Défendre quelle laïcité ?", avec Henri Pena-Ruiz.

4-pages et conférences sont accessibles depuis cette page.


Ce site est supposé vous fournir toutes les indications utiles sur notre fonctionnement et sur les programmes, mais rien sur la météo ni sur l'actualité internationale, et croyez bien que nous le regrettons.

Si vous avez des suggestions, des remarques, ou des questions, sachez que vous pouvez nous contacter par mèl. Vous pouvez aussi demander à être inscrit sur notre liste de diffusion et recevoir ainsi les programmes (1 mèl par semaine maxi !), ce qui est utile en cas de modification de dernière minute : upsd@no-log.org

Wilhelm Reich



La plupart des écrits de Wilhelm Reich sont publiés en français aux Editions Payot.

La Révolution sexuelle (Ed. Christian Bourgois) La Fonction de l'orgasme (Ed. L'Arche) Ecoute, petit homme Psychologie de masse du fascisme L'Analyse caractérielle Le Meurtre du Christ (Ed. Champ Libre) L'Irruption de la morale sexuelle La Lutte sexuelle des jeunes (Ed. Maspero) ...

Gérard Guasch : Quand le corps parle (Sully) Willhelm Reich : énergie vitale et psychothérapie (Retz) Willhelm Reich : biographie d'une passion (Sully)

Jacques Lesage de la Haye : Une psycho-politique du corps - l'analyse reichienne (Ed. Atelier de création libertaire) La courbe de Chesnut Lodge - introduction dynamique à la psychopathologie clinique (Ed. ACL)

Jacques Lesage de la Haye, Roger Dadoun, Philippe Garnier : Psychanalyse et anarchie (Ed. ACL)

Roger Dadoun : Cent fleurs pour Wilhelm Reich (Payot)

Federico Navarro : Un autre regard sur la pathologie : la somatopsychodynamique / tome 1 (Ed. Epi) La somatopsychodynamique, un nouveau regard sur la pathologie / tome 2 (Ed. Equateur)

Elsworth Baker : L'homme pris au piège (Ed. Sédifor)

Jacques Lesage de la Haye, psychanalyste, s'est énormément investi dans la connaissance et la pratique reichiennes. Parmi les divers ouvrages et publications qu'il y a consacré, citons le plus récent : Introduction à la psychanalyse de Reich (Editions Chronique sociale, 2007).

Ce cycle a déjà été donné en juin 2008 et les enregistrements sont disponibles dans la rubrique "enregistrements et documents".



Par Jacques LESAGE DE LA HAYE



Médecin et psychanalyste, Wilhelm Reich (1897-1957) crée une nouvelle thérapie qui s’appelle successivement analyse caractérielle, végétothérapie et orgonothérapie... Militant politique, il milite avec les socialistes et les communistes en Autriche et en Allemagne. Il les quittera pour suivre une route libertaire, tout en refusant de se qualifier d'anarchiste, comme le lui avait demandé Paul Goodman.



Vie de Wilhelm Reich

Mardi 5 Octobre 19h00



Psychanalyse, actings, typologie, dimension sociale. Les 3 techniques thérapeutiques de W.R.

Mardi 12 Octobre 19h00



En Autriche, en Allemagne et aux Etats-Unis, Reich assume un engagement total et radical. Ce qui entraîne la rupture avec Freud. Ses oeuvres subissent l'autodafé des nazis et des Américains. Il est condamné à deux ans de prison aux USA.

Les luttes politiques de W.R.

Mardi 19 Octobre 19h00



Que reste-t-il des concepts reichiens ? A-t-il des continuateurs, en France et à l'étranger ?

http://www.dionyversite.org/cycle_10-10-A.html

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mardi 2 novembre 2010

scorpion 23 oct.- 21 Nov.

seul, vous n'avez jamais été aussi heureux. Amis célibataire, laissez faire le temps et prenez un peu de distance avec une situation nouvelle.

  • En couple: Ne confondez pas calme et ennui, Tout va pour le mieux.!

Vous prenez des responsabilités qui ne sont pas de votre ressort. Laissez agir la critique.

Vos détracteurs vont finalement vous servir.

Courbez le dos et patientez

  • Forme: Besoin de repos.

Conclusion:

Scorpion *hommes

du 24 octobre au 22 novembre *femmes

  • Le masculin du Scorpion

Comment le reconnaître ?

On n'échappe pas à son regard : celui du serpent fascinant la musaraigne. Cet oeil d'escaboucle voit tout, s'impose , joue de son pouvoir ; si le diable avait un regard , c'est celui-ci qu'on imaginerait...Avec des lueurs câlines lorsqu'il veut séduire et réduire l'autre à sa merci et des airs de gaieté, pour lui tout seul, lorsqu'il a joué un tour à sa façon. Il inquiète. Il cultive d'ailleurs ce pouvoir satanique qu'on lui prête. Tout en muscle, souvent râblé, trapu, respirant l'énergie, une énergie concentrée, comme celle qu'on perçoit chez le Samoiraï avant qu'il tire l'épée, faite d'une vigilance extême ; celle des grands fauves. Les épaules sont larges, les mains puissantes. L'homme est soit très beau , soit très laid... mais d'une laideur attirante, toujours à cause du regard et de ce «concentré de vie » qu'on perçoit en sa présence. Le nez, souvent, est fort, large à sa base, imposant ou aquilin; le cheveu dru, qu'il porte volontiers en brosse. Ou la tignasse rousse et hirsute du barbare. Parfois , la bouche est tirée sur le côté par une sorte de rictus, avec de grands éclats de rire et des dents aiguës. Un sourire de loup. Irrésistible pour toute femme qui se sent un peu femelle...Brusque dans ses paroles, tendre dans ses gestes... ou le contraite, selon le jeu qu'il mène.

Comment se porte-il ?

Il a une santé de fer et ne comprend pas comment on peut être malade. Ou bien il passe son temps à souffrir de mille maux sans jamais ralentir son activité. Il est le siège d'une mystérieuse alchimie qui lui permet de trouver dans ses troubles mêmes une force de régénération peu commune. Quoi qu'il arrive, il est toujours debout. Son énergie a sa source dans sa sexualité. C'est habituellement un amant endurant ; mais il peut aussi être victime d'impuissance car c'est un anxieux ou de maladies vénériennes, s'il n'y prend pas garde. Son sexe est en tout cas , souvent, le siège de blessures, ulcérations, phimosis, anomalies... Il est aussi sujet aux hémorroïdes et aux fistules anales. Il doit se soigner, se faire opérer et ne pas traiter ses maux par le mépris ce qu'il est souvent tenté de faire. Il faut noter aussi une prédisposition aux ennuis touchant la face : il souffrira de sinusite, de rhinite, de coups sur le nez, cloisons dévieées ou recours à la chirurgie esthétique. Mais c'est en lui-même qu'est le poison le plus dangereux : dans sa tendance auto-destructrice, dans la fascination que la mort exerce sur lui, dans cette attirance pour les abîmes et cette présence famillière de l'angoisse. Le Scorpion doit être actif, exercer son endurance. Il sera d'ailleurs particulièrement doué pour les arts martiaux : judo, karaté, ce qui exige de la concentration et de l'attention. Sur le plan alimentaire, il n'est pas porté aux excès et craint rarement l'embonpoint. Il y a même parfois en lui un côté «moine» qui le pousse à mener une vie spartiate, avec un goût marqué pour les aliments naturels. C'est du moins le cas du Scorpion évolué. Celui qui est plus fruste peut prendre de temps en temps une cuite mémorable ou manger ce qui lui est contraire ; on a alors affaire au Scorpion qui cède à ses pulsions suicidaires plus ou moins déguisées. Il devra éviter les excitants, tout ce qui est de nature à irriter les muqueuses... alors qu'il aime le piment, le poivre, la moutarde et tout les mets épicés. Mais ses problèmes sont plus souvent psychologiques que physiques ; ou du moins les derniers ont-ils clairement leur origine dans les premiers. C'est pourquoi le Scorpion aurait intérêt, alors qu'il est encore jeune, à entreprendre une psychanalyse. L'expérience sera de toute façon fascinante pour ces êtres anxieux, très tôt conscients de ce qu'il existe en eux des pulsions dangereuses pour eux-mêmes. Ou pour ceux qu'ils aiment...

Comment réagit-il ?

L'homme du Scorpion ne fait rien à moitié. Lorsqu'il plonge vers le versant obscur de son être , il peut être très dur , impitoyable au faible, avec un côté cruel, jaloux, intransgeant, se fiant à son seul instinct, agressif dans ses rapports avec autrui, méprisant ceux qui n'entrent pas dans son système de pensée, aimant manipuler les autres, les mener là où il veut. Mais lorsqu'il abandonne sa «peau de serpent » pour tenter de devenir un «aigle » , pour se dépasser lui-même , il peut aller plus loin que quiconque. Son énergie exceptionnelle, son endurance morale, son orgueil et son caractère absolu le conduisent parfois à réaliser de grandes choses , à se dévouer corps et âme à des tâches obscures, à sacrifier son temps , sa santé, sa vie même pour une cause exaltante. Il a une intelligence pénétrante , beaucoup de perspicacité.Il devine le point faible ou l'intention cachés de son interlocuteur. Il «casse» le système pensée des autres avec une efficacité peu commune, détectant aussitôt l'argument fragile de l'édifice. Il s'intéresse à la philosophie et la métaphysique, à la science mais on peut lui reprocher un certain sectarisme qui tient plus du refus d'abandonner ses positions que d'une incapacité à changer son fusil d'épaule. |Il est difficile de savoir ce que pensent les natifs] , de connaître leurs véritables sentiments ou leurs intentions. On les juges à leurs actes. Ils ont le goût du secret et l'impression d'avoir plus de pouvoir sur les autres lorsqu'ils connaissent leur nature ou leur désirs, sans s'être eux-mêmes découverts.

Pour quoi est-il fait ?

Le scorpion peut exploiter ses qualités de perspicacité et d'intelligence dans toutes les professions ou il faut tenter de voir de "l'autre côté" des évidences et des apparences. Ce sera le cas du psychiatre ou du psychologue, par exemple, comme celui du policier, du detective ou de l'enquêteur. Ils sera de même intéressé aux pouvoirs paranormaux et aux medecines parrallèles. Il accepte mal le monde tel qu'il est. Son goût pour le pouvoir le pousseront parfois vers la politique ou l'action syndicale. La fin justifie les moyens.

Les obstacles le stimulent et le danger lui donne des ailes. Il n'accepte jamais la défaite et son orgueuil peut le perdre ainsi que ses tendances à l'auto destruction qu'on retrouvera parfois dans sa "névrose d'échec". C'est dire qu'il peut mettre autant d'acharnement à faire échouer ce qu'il entreprend qu'il peut en mettre à réussir. Cela en toute bonne foi et en toute conscience.

Comment aime-t-il ?

La passion du scorpion n'est pas de tout repos. Malheur à celle qui tombera dans ses griffes sans savoir à quoi elle s'expose, c'est à dire à des jeux subtils de bourreau à victime. Le scorpion aime les larmes de la femme aimée, il aime le pouvoir de "vie et de mort" qu'il a sur elle, cet art de plonger dans les abîmes du désespoir ou de la porter aux cimes de l'exaltation amoureuse. Les amours du scorpion ne sont que de successifs affrontements, déchirements, cris de haine et de passion. Il cherche la femme initiatrice et sublime qui lui permettrait de rejoindre Dieu. Seule une femme de sa trempe ou ayant compris ce mécanisme pourra se défendre et désamorcer le piège. Il y a dans le scorpion "le signe le plus sexué et le plus sexuel du zodiaque" une misoginie puissante, une énergie libidinale exeptionnelle. Il peut choisir de se marier, de construire un foyer, et regardera évoluer ses enfants avec vigilance. Il sera fidèle à sa femme et cherchera à l'entraîner dans sa "voie" d'ou une certaine spiritualité n'est pas exclue.


  • Le féminin du Scorpion

Comment la reconnaître ?

Elle a de la présence. Peu d'êtres possèdent autant de magnétisme. L'oeil est souvent bridé, allongé : l'oeil du serpent. Parfois des cheveux roux...comme ceux des sorcières qu'on brûlait autrefois. La voix surtout est reconnaissable; une voix qui vient du ventre , une voix «de gorge» ou « de sexe» grave et un peu rauque. Elle a un air de mystère, quelque chose qui attire et qui inquiète; la femme fatale, celle pour laquelle les hommes se ruinent ou tuent. Elle a de longues mains nerveuses, un peu sèches , et aime à laisser pousser ses ongles qui deviennent comme des griffes. Parfois , elle les peint avec un verni rouge foncé et les orne de bagues lourdes. Elle a d'étranges pouvoirs. Un côté envoûtant qu'elle cultive avec soin. Le corps est sinueux, «sexy». Elle est parfois très belle, d'une beauté à couper le souffle; ou bien elle fait partie de ces «laides» auxquelles on connaît de nombreux amants et dont la personnalité écrase sans peine les «ravissantes» qui n'ont rien dans la tête.

Comment se porte-t-elle ?

Comme l'homme du signe, la native du Scorpion souffre souvent d'ennuis directement liés a sa sexualité, qu'elle ait un mauvais équilibre hormonal, des règles douleureuses, qu'elle soit sujette aux hémorragies ou aux inflammations de type vaginite. Ou bien encore qu'elle soit frigide ou nymphomane. Ce qui n'est pas incompatible. Une surveillance médicale régulière semble donc souhaitable , de l'adolescence à la ménopause. Elle est également sujette à la stérilité et aux fausses couches. Pourtant, lorsqu'elle est mère, elle se transforme en louve, défendant ses petits avec une extraordinaire âpreté. Comme le natif, elle possède une remarquable endurance et, même accablée de tous les maux, elle continuera à travailler ou à «tenir». Les menaces et les troubles les plus réels viennent toujours de son tempérament anxieux, de ses tendances autodestructices, de sa façon de transformer ses conflits intérieurs en maladies.C'est pourquoi le médecin est bien souvent , avec elle, complètement dépassé. Le neuropsychiatre ou le psychanalyste obtiendront de meilleurs résultats parce qu'ils l'aideront à prendre conscience de son agressivité et de son anxiété.Les médecines parrallèles donnent aussi de bons résultats. Elle doit éviter toutes personnes dépressives, suicidaires , anxieux, qui l'épuisent et prennent toute son énergie, qui la laisseront avec des pulsions négatives. Il existe bien dans le signe cette force autodestructrice qui fonctionne en dépit de toute logique. C'est elle, avant toute chose, que la femme Scorpion doit exorciser si elle veut éviter la maladie, l'accident ou l'échec affectif. Sur le plan alimentaire, on lui conseillera le même régime que l'homme ; elle a tendance a se trouver grosse alors que la majorité des femmes enviraient sa silhouette. La demesure et l'excès la concernent mais elle gagnera toujours à rechercher un certain équilibre et à mener une vie saine, à sublimer ses tendances dans une voie altruiste, dans un dévouement qui peut alors être sans frein.

Comment réagit-elle?

La femme du scorpion a du caractère et de la personnalité. Elle ignore la tièdeur et ses rancunes sont aussi tenaces que ses attachements. Elle impose sa volonté presque sans s'en apercevoir ; même quand elle s'exprime avec douceur, comme pour feutrer son autorité. Mais plus elle fait la voix douce et moins on risque de s'opposer à elle comme si l'on pressentait le feu du volcan sous la montagne paisible. Elle aime séduire et faire du charme, mais pas à la manière de la Balance qui cherche avant tout à se faire aimer ; chez la femme Scorpion, on se demande toujours si ce n'est pas pour s'assurer un esclave de plus, si elle ne cherche pas avant tout à réduire l'autre à sa merci. Même lorsqu'elle est passionnément sincère, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'un rapport de force se prépare. Elle est intelligente, avec une rare pénétration de jugement, comme si elle avait le don de voir au-delà des évidences et surtout au-delà des mots. Elle détecte le mensonge ; pas besoin de sérum de vérité... son oeil-laser a tôt fait de deviner l'intention cachée de l'autre.

Pourquoi est-elle fait ?

La femme du Scorpion fait une espionne idéale : elle sait garder un secret et se taire, possède un grand courage; elle est difficile à connaître et ne s'embarasse pas de scrupules. Dans la vie, elle peut faire de grandes choses à condition qu'il soit beaucoup exigé d'elle. Elle a besoin des difficultés, de l'adversité, des obstacles. Il n'est pas de défi qu'elle ne soit tentée de relever. Elle reussira bien dans la voie médicale ou paramédicale; la biologie ou la recherche pharmaceutique peuvent aussi l'attirer ainsi que la bactériologie. Comme elle a le goût de l'action, elle peut aussi mettre une affaire sur pied et s'en occuper efficacement : elle osera tirer les cordons de sonnettes, défendre ses intérêts, se battre, en un mot. Comme elle a de la beauté et du caractère, elle est souvent sollicitée par les photographes et les cinéates. Mais si elle trouve agréable de gagner vite et facilement de l'argent, elle supporte mal d'être exploitée comme un objet ; la révolte ne tarde généralement pas.

Comment aime-t-elle?

Avec sa passion mais aussi avec un côté « mante religieuse» qui ne laisse pas d'effrayer les hommes. Certes, celui qui est aimé d'elle ne rencontrera plus jamais une femme de sa trempe et toute autre relation amoureuse lui semblera fade. Mais elle fera vivre sur des montagnes russes, avec des cris, des coups de poignards - moraux sinon physiques - des grands moments d'exaltation, des crises de dépressions et des raffinements de panthère...tout ce qui peut constituer une fascinante névrose. Les hommes disent volontiers que les femmes saines et calmes les ennuient et qu'ils vivent plus intensément avec ces créatures irrationnelles et superbes. A partir d'un certain âge, les autres femmes commencent à prendre leur revanche. Ou bien la femme du Scorpion met de l'eau dans son vin et ne griffe plus avec autant de conviction... Lorsque la femme du Scorpion rencontre un homme digne de son admiration, un peu saint, ou chercheur génial, elle peut enfin donner sa mesure et devenir une compagne exceptionnelle. Elle le secondera, saura le conseiller, usant de son intuition et aplanissant la route pour son «grand homme » plongé dans ses cornues; chienne de garde vigilante, nul ne viendra à bout de sa détermination. Il ne faut jamais sous-estimer l'influence d'une femme Scorpion sur son mari et ,si celui-ci connaît des revers de fortune, elle se battera à ses côté, sans jamais faiblir. S'il réussit, il ne fait pas de doute que c'est à elle qu'il le devra.

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______« Comité pour l’élimination de la discrimination raciale Projet de loi sur la garde à vue... Garde à vue version 2011, mode d'emploi

Conférence des Bâtonniers Le gouvernement a déposé un projet de Loi tendant à limiter et encadrer les gardes à vue, et ce après la décision du Conseil Constitutionnel du 30 juillet 2010 condamnant à terme la législation actuelle. La France s’aligne en partie sur la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme selon laquelle le droit fondamental à un procès équitable exige l’assistance d’un avocat dès le début de la garde à vue.

Depuis de nombreuses années, la profession s’est mobilisée pour que la France mette en oeuvre les réformes nécessaires au respect de ce principe. La Conférence des Bâtonniers, spécialement, n’a cessé de demander aux pouvoirs publics que le droit au secours d’un avocat soit créé là où il n’existe pas et qu’il soit renforcé là où il existe déjà.

Le nouveau projet de loi constitue une réelle avancée. Il renforce le principe de la liberté individuelle et des droits de la défense et restaure le droit au silence.

Il constitue une première phase vers la substitution d’un système basé sur l’aveu à un système basé sur la preuve.

Le rôle de l’avocat est institutionnalisé dans sa fonction de conseil et de défense. On ne peut qu’approuver la faculté donnée aux avocats d’une part d’être présents dès le début de la garde à vue avec la possibilité de connaître les déclarations de leurs clients, et d’autre part d’assister à leurs interrogatoires. Ce projet de loi érige en principe fondamental le respect de la dignité dans le cadre de la garde à vue. Il est certes imparfait, incomplet et critiquable, notamment quant au rôle des officiers de police judicaire, sur l’insuffisance des droits accordés aux avocats, mais il a le mérite de placer la France dans la catégorie des nations qui mettent en oeuvre la défense des libertés individuelles et le respect du droit fondamental à un procès équitable.

Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats C’est à la fois avec intérêt et circonspection que les Jeunes Avocats (Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats) ont pris connaissance des déclarations du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Libertés Michèle Alliot-Marie du 8 septembre dernier annonçant la transmission au Conseil d’Etat d’un avant-projet de loi réformant la garde à vue. Très tôt en première ligne dans le combat contre la garde à vue « à la française » et en faveur de la dignité des personnes présumées innocentes dans le cadre de cette mesure restrictive de liberté, les Jeunes Avocats ne peuvent en l’état que se féliciter de l’annonce de cette première traduction législative de la décision du Conseil Constitutionnel du 30 juillet 2010, qui affirme, comme l’a confirmé le Garde des Sceaux, « le droit à la présence de l’avocat durant toute la garde à vue de droit commun ».

Ils prennent également acte de la volonté affichée du Ministre de limiter le recours à la garde à vue aux seuls « crimes et délits punis de peines d’emprisonnement » et aux seules « nécessités réelles de l’enquête », de restreindre la prolongation de cette mesure restrictive de liberté aux seuls « délits punis de moins d’un an d’emprisonnement », d’en améliorer les conditions, que soient dorénavant interdites les fouilles à corps intégrales et que soit enfin consacrée la notification du droit au silence pour le gardé à vue.

Pour autant, il convient, selon le président de la FNUJA, Romain Carayol, de se montrer « plus que réservé, dans l’attente de précisions, sur bon nombre de dispositions de l’avant-projet ayant manifestement pour objet de contourner ces déclarations de bonnes intentions », au premier rang desquelles les exceptions permettant, dans certaines circonstances, de reporter la présence de l’avocat lors des auditions à la 12ème heure, ou encore la possibilité, prévue par l’avantprojet, d’entendre une personne suspectée sous un régime d’audition libre plutôt que de garde à vue, à partir du moment où celle-ci accepte de demeurer dans les locaux de police pendant le temps strictement nécessaire à son audition. Plus inquiétant, demeure, en l’état du texte, le fait que si l’avocat peut être présent lors de l’interrogatoire de son Client, il semble cantonné à un rôle de témoin passif, sans pouvoir sous la forme d’observations orales ou de questions en cours d’interrogatoire, offrir au gardé à vue une véritable assistance et donc la plénitude de l’exercice des droits de la défense. Ceci, comme le souligne le Président Romain Carayol, constitue « un recul par rapport à l’avant projet de texte de réforme du Code de Procédure Pénale proposé en avril par la Chancellerie qui en offrait la possibilité ».

En outre, les déclarations réitérées de Mme Michèle Alliot-Marie selon lesquelles les pratiques en vigueur en France ne seraient pas « en contradiction avec la Convention européenne des droits de l’Homme », ainsi que sa lecture toute personnelle de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg, ne manquent également pas d’inquiéter et invitent à rester vigilants et constructifs dans le cadre de l’avancement parlementaire de cet avant-projet. Les Jeunes Avocats appellent donc plus que jamais à la concertation avec l’ensemble des acteurs de la justice, loin de toutes polémiques à objet politique et de pure circonstance. Communiqué du 15 septembre 2010 2010-387

Lettre ouverte à Madame le Garde des Sceaux par Christiane Féral-Schuhl et Yvon Martinet

Madame le Ministre, J’ai pris connaissance du projet de loi tendant à limiter et à encadrer les gardes à vue.

Je vous remercie de nous avoir entendus puisque l’avocat sera présent dès la première heure de garde à vue et pendant toute sa durée. De même, les fouilles intégrales seront supprimées et le droit au silence sera notifié dès le début de la garde à vue.

Ces éléments consacrent une avancée en faveur des droits et libertés individuelles.

Toutefois, votre projet prévoit d’ores et déjà de nombreuses hypothèses où la présence de l’avocat sera différée par décision du Procureur et « en considération des circonstances particulières ». Pensez-vous juste de limiter ainsi l’accès à l’avocat dès l’ouverture de la garde à vue, en fonction du type de crime ou délit en cause ? Une telle règle ne serait pas démocratique. Plus les peines encourues sont graves, plus il faut de garanties du respect de la défense.

Nous comprenons les enjeux et, soyez-en certaine, nous souhaitons voir aboutir cette réforme afin de moderniser notre régime de garde à vue. Mais il est clair que nous nous opposerons avec force à toute mesure qui viendrait entamer la règle qui veut que l’avocat soit présent, aux côtés de son client, dès la première heure et qu’il ait accès immédiatement à l’entier dossier. En l’état du projet de loi, nous considérons que la création des « auditions libres » constitue un écran de fumée qui viderait de toute substance la règle nouvellement posée par le Conseil Constitutionnel. Le caractère incertain et flou de cette mesure et des garanties qui l’accompagnent suscite en tout cas notre inquiétude.

Il n’est pas non plus possible de viser un objectif de réduction du nombre de gardes à vue en évoquant qu’elles seraient limitées aux personnes soupçonnées d’un crime ou d’un délit puni d’une peine d’emprisonnement. Une définition aussi large englobe nécessairement la quasi-totalité des infractions. Elle ouvre la voie à un nombre disproportionné de gardes à vue, ce qui est tout simplement inacceptable. Certains de nos voisins européens limitent la garde à vue aux crimes ou délits punis d’une peine d’emprisonnement supérieure à 3 ou 5 ans. L’Espagne est allée encore plus loin en votant, il y a déjà 30 ans, la présence de l’avocat à la garde à vue, même dans les cas de terrorisme. N’est-ce pas l’heure d’harmoniser le régime des libertés et de sa privation, comme nous l’avions suggéré dès le 15 février 2010, en créant une garde à vue européenne ? Madame la ministre, ne craignez pas de renforcer les droits de la défense et construisons ensemble un régime de la garde à vue protecteur de nos droits. Nous serons tous gagnants !

Paris, 9 septembre 2010

Cet article a été publié le Jeudi 16 septembre 2010 à 12 h 00 min et est classé dans Direct, Jeudi 9 septembre 2010 - Numéro 46.

  • Après l'effet d'annonce, chacun a pu décortiquer l'avant projet de loi soumis par Michèle Alliot-Marie au Conseil d'Etat.

Première constation: les dix pages en question ne traitent que de la garde à vue. Renvoyé à plus tard ou à jamais le devenir du juge d'instruction.

Le premier article proposé par le Garde des Sceaux instaure "l'audition libre". Cette dernière ne concerne que les personnes supectées d'avoir commis une infraction. Pour le ministère de la justice, il s'agit là de faire baisser les statistiques et d'éviter le recours systématique de la police à la garde à vue dans des dossiers qui ne le justifient pas. Mais les avocats, barreau de Paris en tête, relèvent à juste titre le flou juridique de cette audition libre. Pas de limite de temps et aucune assistance au justiciable.

Michèle Alliot-Marie met en avant que la garde à vue ne concernera désormais que les personnes encourant une peine de prison. Les magistrats répliquent que "les délits non punis d'emprisonnement sont très peu nombreux et que le recours à la garde à vue est dans ce cas très rarissime".

Le nouveau texte prévoit que le gardé à vue soit informé par l'officier de police judiciaire de son droit "de faire une déclaration, de répondre aux questions ou de se taire". Cette dernière alternative avait disparu des textes avec la loi Perben 1 en 2002.

Autre avancée à saluer, le fait qu'il soit écrit noir sur blanc l'interdiction de fouilles à corps intégrales. Nombreuses témoignages évoquaient d'abord les humiliations physiques et corporelles vécues dans des commissariats.

C'est evidemment la présence de l'avocat qui est la pierre centrale de la polémique. Les robes noires le réclament, le conseil constitutionnel les soutient et les policiers n'en veulent pas. le texte prévoit que l"a personne gardée à vue peut demander que l'avocat assiste aux auditions dont elle fait l'objet au cours de la mesure de celle ci". C'est reconnaissons-le, une avancée. Mais le droit pénal est souvent comme un jeu de l'oie. On avance de 4 pas pour reculer de 3. Car il y a un mais. L'officier de police judiciaire peut s'y opposer, au nom des "nécessités de l'enquête". Une notion que les avocats trouvent bien vague. Dans ce cas, l'avocat ne rejoindra son client qu'à la douzième heure.

Le Syndicat de la Magistrature note que le rôle de l'avocat, même présent, s'apparente à une "potiche" puisqu'il ne pourra ni consulter le dossier, ni poser de questions, ni intervenir dans l'interrogatoire. En même temps, peut-on encore parler de garde à vue pour un interrogatoire qui se fait à trois voix, dont celle prépondérante de la défense....?

Derrière les questions de fond que pose cet avant projet de loi, les avocats qui notent l'avancée sur le plan des principes, ne cachent pas leur inquiétude. Assister le prévenu ou l'accusé dès le début de l'enquête, ils le demandent majoritairement depuis des années. Ils savent pourtant qu'ils perdent là un argument fort de leur plaidoirie où il est de bon ton de mettre en cause les méthodes policières. Ensuite, il y a la question de la faisabilité. Facile à mettre en oeuvre dans des barreaux importants, la tache parait moins évidente dans certaines villes de province. Sans compter le financement d'une telle procédure. La plupart des avocats interviendra comme commis d'office et de nombreux justiciables feront appel à l'aide juridictionnelle.

Comme souvent en matière judiciaire, derrière le droit, se cache le budget.

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______Les Noirs du Nouveau-Monde, sujet de recherches : Qu’est-ce qu’être Noir, en France, à l’aube du vingt-et-unième siècle ?

(La singularité des protocoles d’existence est présentée ici comme un rempart contre les formes contre les formes pernicieuses, ouvertes ou cachées, de l’idéologie communautariste et de la discrimination même appelée « positive »).

Source: http://www.le-quart-est-gratuit.com/abd_yite_dtbv.html

(Édition du 14 juillet 2007, revue, corrigée & augmentée)

Par Castel JEAN,

Professeur de Philosophie

Observation : Les pages qui suivent forment le contenu d’une Conférence prévue au Lycée Moissan de Meaux (S.-&-M.) pour le mardi 09 mai 2006, veille de la Journée de la mémoire du peuple noir en France, fixée au 10 mai par le Président de la République, au début de cette année. Pour des raisons extérieures et indépendantes de ma volonté, cette conférence n’a pas pu être prononcée, comme je le souhaitais, devant les élèves des classes terminales (au moins) du lycée.



Je publie cette conférence sur mon site comme un témoignage, pour rappeler que j’étais présent, en France, ce jour-là, et qu’à mon modeste rang j’ai fait ce que le devoir m’imposait.



Le texte publié conserve certains des caractères de l’exposé oral, didactique et « pédagogique », que la conférence aurait laissé paraître le 9 mai 2006 (par exemple, les délimitations « scolaires » des parties ou les développements consacrés au mode et au modèle). La forme d’exposé attendait des questions (d’éclaircissement ou de débat). La forme écrite a augmenté le contenu initial de nécessaires transitions, explications et démonstrations de quelque ampleur, destinées à lui donner la cohérence d’une lecture.




Je commencerai en évoquant la situation singulière qui est la mienne aujourd’hui, ce soir, là, devant vous.



Dans mes activités de professeur, dans mes sorties en ville ou ailleurs, personne - par conséquent, aucun Blanc - ne m’a dit ou rappelé que je suis Noir. Pour en rester au cadre de l’enseignement, qui devrait laisser son empreinte sur cette conférence, je dois, sous forme d’aveu, commencer par la clarification suivante et dissiper toute ambiguïté : pendant vingt cinq années d’enseignement dans les lycées de France (six lycées en Normandie et en Île de France), aucun de mes élèves, aucun de mes collègues, ne m’a dit ou rappelé que je suis noir. Pour la même période, j’ai travaillé sous l’autorité de dix chefs d’établissement, aucun d’eux ne s’est adressé à moi en faisant la moindre allusion à la couleur de ma peau. Mes anciens élèves reviennent me revoir au lycée, quand d’autres m’écrivent ou m’invitent. Il est vrai aussi que je n’ai jamais vu mes élèves en « petits Blancs » ni a fortiori en « têtes blondes » mais comme des élèves tout simplement (parfois des adolescents qui avaient besoin de mon aide pour se situer ou repenser leur rapport à eux-mêmes ou à autrui, y compris à leurs parents). J’ajoute le témoignage suivant : un collègue blanc ne s’est aperçu qu’au début de ce mois de mai qu’un de ses élèves était métis. Donc ma vie d’homme et ma pratique professionnelle ne me donnent aucune matière à même penser poser publiquement la question qui nous réunit ce soir. Je n’ai pas le temps de voir des Blancs, ethniquement blancs. A supposer que je doive me résigner à voir des Blancs dans mon entourage, je ne vois tous les jours que des Blancs qui consacrent leur temps de travail (et parfois leur temps personnel et privé) à donner à des enfants noirs de France les savoirs, les savoir-faire, les savoir-vivre, bref les connaissances nécessaires à leur formation et à leur construction personnelle. L’école républicaine française ne connaît pas de race. Beaucoup de Blancs ne connaissent pas le racisme : ce sentiment leur est absolument étranger. Ils sont nombreux autour de moi, dans mon lycée. Cependant malgré les remarques qui précèdent, je me pose devant vous la question du Noir et du Blanc, deux mots qui, dans mon expérience, n’ont pas de présence ni d’existence pour ma conscience. Et plus grave encore, je me propose de chercher à y répondre devant vous.



Mais alors « Pourquoi ? », devez-vous vous demander. Pourquoi poser et répondre à une question qui ne me concerne pas ? Une question qui, en quelque sorte, ne m’est posée par personne et dont la réponse, du moins en apparence, ne conditionne pas ma vie ? Sans prétention de ma part, je répondrai à votre interrogation en rappelant qu’un astrophysicien répond à des questions qui ne décident pas de sa vie et qu’un mathématicien est loin de répondre à une question vitale quand il répond à la question : qu’est-ce qu’un angle droit ? Le mathématicien et l’astrophysicien sont mus par quelque chose qui est au fond de tout homme, quelque chose qui le dépasse et le pousse à chercher la lumière de la connaissance. Cette chose, Aristote, Kant ou Auguste Comte la nomment « l’étonnement ». La conjoncture m’étonne donc.



Avant la question « Pourquoi ? », vous vous demandez peut-être aussi : Est-il bien dans sa tête, cet homme qui vient discourir plus d’une heure sur une question qui ne le touche pas ? Oui, je vais bien. Seulement, je dois avouer que des résonances étranges parviennent jusqu’à moi et me rappellent que, d’une part, une « question noire » est posée en France, aujourd’hui, avec une certaine acuité, voire une certaine brutalité ou violence, et que, d’autre part, des débats, des réponses et des décisions politiques récentes (ou futures) ont des effets idéologiques non anodins qui m’imposent - à moi, un Noir de France - de regarder autour de moi pour voir si réellement je suis cerné par des Blancs (puisque la « question noire », dans son expression même, est posée dans ce binarisme réducteur Noir/Blanc). Il s’agit de voir comment sont les Noirs de la Cité et de quelle manière je suis moi-même noir dans la Cité. C’est obsidional : car si j’en crois certains, je suis assiégé par de méchants Blancs. C’est imaginairement obsidional : car je ne vois pas les assiégeants, puisque je vous ai dit, il y a quelques minutes, que je ne vois pas de Blancs autour de moi mais des personnes. Dans les deux cas, la psychologie clinique appelle cela un délire : le délire obsidional. Mais parviendrai-je à une terre ferme ? À la réalité qui chasse le délire ? Oui, si je m’efforce d’identifier ceux qui ont fait de moi un Noir « visible » et assiégé. Car en un sens, qui est absurde, pour que, par ce discours, je sois encore plus visible (ce que, évidemment, je ne désire point), ces Noirs grandiloquents, agitateurs manichéens, à la rhétorique subtilement sophistique, sachant parfois jouer de l’entregent, ces Noirs me forcent à rappeler toujours et partout l’habit noir que je porte depuis ma naissance jusqu’à la mort. Leur posture est illégitime. Elle trompe aussi. Au surplus, puisque je suis contraint de leur répondre, je constate que des Noirs - autoproclamés Noirs représentants des Noirs - me forcent à m’exprimer dans un binarisme raciste Blanc/Noir, à tout le moins racial, un binarisme que j’ai banni de mon vocabulaire peu après mon arrivée en France, au début de mes études en Sorbonne. Plus tard, j’entendis l’ Armstrong de Claude Nougaro, ce « soul brother » parmi les chanteurs blancs, qui immortalisa Armstrong avant sa mort. Il m’a définitivement confirmé dans ma certitude :



« Armstrong, je ne suis pas noir



Je suis blanc de peau



Armstrong, un jour, tôt ou tard



On n’est que des os



Est-ce que les tiens seront noirs ?



Ce serait rigolo



Allez Louis, alléluia



Au-delà de nos oripeaux



Noir et blanc sont ressemblants



Comme deux gouttes d’eau ».






Telle est donc la situation singulière qui est la mienne aujourd’hui : contraint au binarisme Blanc/Noir, sombrant dans un délire obsidional. J’avouerais volontiers que tout ce que je viens dire m’étonne et brouille ma perception de mon propre état. Je m’efforcerai cependant de chercher la lumière de la raison dans les eaux obscures de la configuration idéologique actuelle forgée pour le monde noir de France. Puisqu’il le faut, je porterai donc l’habit noir idéologique et redondant dont ces discours revêtent ma peau déjà noire, ces discours qui masquent provisoirement ce que je suis, ou plutôt ce que je suis devenu, indépendamment de ma couleur de peau.

Voilà l’origine intime de la question de cette conférence. Dans ce que j’ai à vous dire, voyons donc si, et pourquoi, je délire. De même, voyons si, et comment, je pourrais m’en sortir. Pour conduire cette recherche, je vous exposerai les parties suivantes, avant de conclure la conférence et de répondre à vos questions :



I) L’héritage de l’esclavage puis de la colonisation des Nègres. La mémoire dans son usage idéologique contre l’histoire.



II) La configuration idéologique actuelle dans laquelle est pensé aujourd’hui « le monde noir ».



III) Le présent et l’avenir dans leur rapport avec le passé : les nouveaux cahiers du retour au pays natal, les mots des maux nouveaux du Noir. Un déplacement idéologique remarquable.



Auparavant je voudrais m’entendre avec vous sur le sens que prendront dans cette conférence les mots idéologie et idéologique. Ils fonctionneront comme des signaux d’une illusion ou d’une manœuvre inconsciente de déplacement d’une question ou d’un problème. J’en ferai généralement dériver le sens d’un emprunt au Cours de philosophie pour scientifiques de Louis Althusser : « Une proposition idéologique est une proposition qui, tout en étant le symptôme d’une réalité différente de celle qu’elle vise, est une proposition fausse en tant qu’elle porte sur l’objet qu’elle vise » (Thèse 9 du Cours, publié sous le titre Philosophie et philosophie spontanée des savants, Maspero, Paris, 1974. Cours public hebdomadaire donné à l’E. N. S. d’Ulm l’hiver 1967-1968). L’idéologie déforme la réalité au profit d’un projet imaginaire latent ou volontairement dissimulé. Dans un sens particulier, le mot « idéologie » énonce le caractère d’une idée, d’un argument, d’une action qui traitent un problème politique réel en déformant les termes dans lesquels il est posé et en en déplaçant l’objet, sous régime d’intérêts inconscients ou de démagogie à des fins de pouvoir. Analyser une production idéologique quelconque, c’est à la fois chercher de quoi elle est le signe ou le symptôme et montrer la vérité qu’elle a détournée.

I) La question de l’héritage de l’esclavage : l’effet idéologique de la confusion de l’histoire et de la mémoire.






Le 30 janvier 2006, le Président de la République, Monsieur Jacques Chirac, au nom de la Nation française, a choisi d’inscrire dans le calendrier français la date du 10 mai comme la journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Mais la commémoration voulue par certains des idéologues noirs qui l’ont demandée est doublement borgne, peut-être triplement.



1° Les égards républicains que le citoyen doit aux représentants de la Nation ne m’interdiront pas de dire qu’à l’Assemblée nationale, le 10 mai 2001, on a fait un affront à l'histoire afin d’ériger l’autel d’une mémoire à laquelle on a confié une mission politique et idéologique d’instruire l’histoire, comme le maître instruit l’élève et comme le juge instruit un procès. Quand l’Assemblée adopta la loi Taubira, elle fit comme si « la traite des Nègres » n’avait été que la seule traite européenne. Il est scandaleux que nos députés aient travaillé en se souciant si peu des faits. Je constate qu’ils ont « allégé » le passé historique de la traite et de l’esclavage pour ériger une histoire de circonstance, qui est en réalité une mémoire cathartique, une anamnèse faite par quelques Noirs pour congédier leur douleur imaginée de la perte de l’origine. Des livres connus, qu’un lecteur de la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris peut consulter, ne semblent pas avoir été le souci de nos députés. Pourtant même la station de radiodiffusion Europe 1, le 24 février 1998 - l'année même où l’Assemblée nationale enregistre le dépôt du projet de loi de Madame Christiane Taubira (22 décembre 1998) - a fait mention de ce que nos députés ignorent ou feignent d’ignorer, plus tard dans l’année, dans l’enceinte du Palais Bourbon. Jean Mayer y expliqua les faits tels qu’ils se sont passés, dans l’ordre et dans les continents où ils se sont déroulés. On aurait pu lire aussi antérieurement une note au bas d’une page de Louis Sala-Molins (1996), qui ne peut pas être considéré comme un ignorant de ce qui se passa, à l’époque, dans ce domaine : « La traite transsaharienne Je me limite à en évoquer l’existence et à rappeler que la péninsule ibérique « bénéficie » traditionnellement du marché d’esclaves noirs achetés ou razziés par les pays de la rive sud de la Méditerranée de l’autre côté du Sahara et conduits au nord du désert » (in Le Code noir ou le calvaire de Canaan, PUF, page 43. Suivent aussi, dans la note, quelques références incontournables rappelées par l’auteur). Eût-on lu ces lignes que l’on n’eût pas tronqué les faits et les actes. Massacrant l’histoire, on a voté, le 10 mai 2001, une loi qui légifère sur une seule traite négrière, l’européenne, alors qu’il en exista deux (l’arabe et l’européenne), et sur un seul esclavage des Noirs, l’européen, alors qu’il en exista trois (africain, arabe, européen) qui coexistèrent sur une même période, visée par ladite loi, laquelle date elle-même du XVe siècle seulement sa portée législative rétroactive. Eh ! Quoi ! Il n’y aurait pas eu de traite négrière avant le XVe siècle ? Et ce, quoi qu’en disent les historiens ? Vérité partielle et injustice de la loi Taubira ! Vérité partiale (il faut comprendre mensonge) aussi, puisque l’Exposé des motifs de la proposition de loi biffe la traite arabe du trait de la plume qui a écrit cette seule phrase d’un texte d’environ deux pages : « Les fils et les filles de descendants d’esclaves, dispersés en diasporas solidaires, brandissent la bulle d’Ahmed Baba, grand savant de Tombouctou, qui réfuta la malédiction de Cham dans tout l’empire songhay et condamna la traite transsaharienne initiée par des marchands maghrébins ». Nos députés n’entendirent que cela de la traite par caravane et s’en contentèrent. Ils n’eurent point le sursaut de science de saisir cette phrase au bond, de lui donner le développement événementiel qu’elle eût mérité et de rétablir l’étendue réelle de la vérité historique : ils n’entendirent pas cette phrase qui, à mi-voix, avec la réticence de l’omission voilée, avouait qu’il y a eu aussi une « traite transsaharienne ». En une autre occasion, je reprendrai et publierai le regard critique que l’on peut poser sur le fouillis idéologique de l’Exposé des motifs de la proposition de loi Taubira de 1998.



L’Assemblée nationale française, ce jour-là, a légiféré en toute partialité. Sous informés par le texte de la proposition de loi, les députés ont fait prendre à la nation une voie qui ne pouvait que conduire à certaines absurdités, dont celles que je vais évoquer dans la première partie de mon plan. Première absurdité : je constate que la loi Taubira ne me donne pas, à moi qui suis un membre génétiquement intégré au « peuple noir », le pouvoir d’objecter le délit de « crime contre l’humanité » (son article 1er) contre les descendants de ceux qui ont perpétré la traite négrière et l’esclavage avant le XVe siècle. Moi, le descendant d’esclaves et l’enfant de la diaspora négrière « solidaire », la loi Taubira me rend injuste à l’égard d’une partie de mes ancêtres noirs morts de la main infâme d’hommes d’autres couleurs de peau que la peau « caucasienne ». Si un jour, cette loi devait ouvrir droit à la « réparation » de préjudice, cette partie des Noirs tourmentés par la honte de tout esclavage, quel qu’il fût, ne pourrait pas y prétendre. Pour Madame Taubira, il y a esclavage et esclavage, il y a esclaves et esclaves ! Il est bon de le savoir. Finalement il vaut mieux avoir été esclave d’Européens, car cet esclave-là, et lui seul, est reconnu aujourd’hui, rétroactivement, par les droits nés au XXe siècle français, européen (Nuremberg), mondial (ONU). Mais prenons, au XVe ou au XVIe siècles, trois frères africains, dans la fleur de l’âge, au hasard d’une sortie dans la forêt pour la nourriture de subsistance de leur famille. Soudain, la mauvaise rencontre avec les braconniers d’hommes. Ils sont capturés, comme nous le montrent les images saisissantes du début de Racines, le film tiré de Roots, le roman d’Alex Haley. On doit m'accorder qu’à partir du XVe siècle les partages de traite au poste de triage de la chasse à l’homme faisaient qu’un des frères pouvait rester comme esclave sur place, en Afrique, pendant qu’un des deux autres voyageait par caravane vers l’Orient (et aussi al-Andalus) et que le troisième était dans la cale d’un navire en route pour l’Occident « indien ». Le 10 mai 2001, jour de l’adoption de la loi Taubira au Palais Bourbon, un pan entier de servitude a été laissé pour compte dans le décompte des esclaves de l’époque, dont certains se trouvent, par l’effet incident de cette loi, privés de la consolation post mortem d'être déclarés victimes de « crime contre l’humanité ». C’est le comble des malheurs ! Ainsi venons-nous de découvrir l’absurdité de la scandaleuse décision idéologique arbitraire d’une date inexacte de début d’un « crime contre l’humanité » et l’absurdité d’avoir fait d’un seul peuple le coupable désigné, tout aussi idéologiquement, comme la seule cause des maux du « peuple noir ». Quelle qu’en soit la victime, quelle que soit l'identité de son auteur, tout esclavage, au regard de la morale, est un crime contre l’humanité. Je ne vois pas pourquoi le droit et une loi de l’Assemblée nationale accuseraient un retard (ici malsain) sur cet impératif de la morale. La loi Taubira a tout l’air d’être « le symptôme d’une réalité différente de celle qu’elle vise ». Alors ma question est celle-ci : De quelle variante idéologique l’Assemblée nationale française était-elle animée le jour où elle a laissé passer tant d’ignorance des temps passés de l’esclavage des Noirs et a fait preuve de tant d’indulgence envers un projet de loi partial ?



Deuxième absurdité : l’absence de l’esclavage considéré en tant que fait global et chronique de l’Histoire humaine : l’esclavage est très vieux, à tout le moins le commerce d’hommes, pratiqué sous l’angle et selon les lois de l’échange économique de biens. L’humanité n’a pas attendu le XVe siècle pour pratiquer l’esclavage. La traite humaine et l’esclavage ne se réduisent pas à la seule « traite négrière transatlantique » (articles 1 et 3 de la loi Taubira). Les historiens le savent et nous en ont informés depuis longtemps, en particulier bien avant 1998, l’année du dépôt de la proposition de loi Taubira, et bien avant 2001, l'année de l’adoption de la loi par le Parlement. Quand ils écrivent sur la traite des Noirs et sur l’esclavage, Pierre Pluchon (1981), Raymond Mauny (1970), Pierre Chaunu (1979-1983), etc. - Respectivement : Les négriers (Bibliothèque de l’école des loisirs) ; Les siècles obscurs de l’Afrique noire (Fayard) ; L’expansion européenne (« Nouvelle Clio ») - tous ces historiens récapitulent toujours la chronologie des formes de l’inclusion du corps de l’être humain dans les termes et les moyens de la production et de l’échange économiques ; ils décrivent, même cursivement, son statut d’équivalent des « navettes » d'Aristote et sa valeur de marchandise. Moi-même, lorsque j’étais élève, mes professeurs d’histoire m’apprirent cela, et j’ai même pu lire dans mon édition du Cours supérieur d'histoire d’Haïti (première publication, en 1937) que « l’Espagne elle-même, alors qu’elle était sous la domination des Maures, avait pratiqué l’esclavage des Noirs ». Ce que je relève dans cette citation : « alors qu’elle était sous la domination des Maures ». Tout le monde sait que les Maures sont chassés d’Espagne progressivement, par royaumes, depuis la prise de Tolède par Alphonse VI, en 1085, jusqu’à la prise de Grenade par Isabelle la Catholique, en janvier 1492, soit au XVe siècle finissant. En 1401, au début du XVe siècle, l’Espagne était donc mauresque ! Or la loi Taubira fait partir son pouvoir (de punition) du XVe siècle. Connaît-on cependant un pouvoir maure - en l’occurrence celui de Musa, le Maghrébin (711), puis celui du califat de Damas - qui fût si faible qu’il ignorât les agissements esclavagistes de sa nation vassale ? Alors que cache cette omission du commerce arabe et musulman de l’Africain noir ?



2° Les égards républicains que le citoyen doit aux représentants de la Nation ne m'interdiront pas de dire aussi qu’à l’Assemblée nationale on a fait un autre affront à l’histoire en n’aménageant pas, dans l’Exposé des motifs de la proposition de loi Taubira ainsi que dans la lettre définitive de la loi, une place pour rendre l’hommage dû à tout ce qui était contemporain et parfois contraire à « la traite négrière transatlantique ». Il est évident que ce sont l’Europe et surtout la France qui sont visées par cette expression. Les députés, emmenés par le pathos du texte de la députée de la Guyane, ont fait comme si, à l’époque de la traite négrière européenne, tous les Européens, en tout cas, tous les Français, ne s’étaient adonnés qu’à la traite et avaient passé leur temps à mépriser les Nègres. Pourtant - et pour mémoire (puisque aujourd’hui des Noirs se repaissent, à l’envi, du mot de mémoire) - la France galante du XVIIIe siècle écouta la grande musique du Chevalier de Saint-Georges, compositeur métis des Isles, qu’on écoute de nos jours en croyant quelquefois entendre Mozart. Pendant que se pratiquaient « la traite négrière transatlantique et l’esclavage » - et avant la première abolition de l’esclavage par la Convention en 1794 - Jean-Pierre Brissot, un Blanc, fonda, en 1788, la Société des Amis des Noirs, où l’on trouva les noms d’autres Blancs prestigieux Condorcet, Lacepède, l'abbé Grégoire…. Et l’œuvre antiraciste de l’abbé Grégoire ? Qu’en a-t-on fait en 1998 et 2001 ? Je suis un des enfants noirs de l’abbé Grégoire, l’immense abbé du majestueux Serment du Jeu de Paume de Jacques Louis David. Au plus fort du commerce du « bois d'ébène », se pensait, dans la tête de cet abbé, le monde nouveau qui était en gestation dans la salle du Jeu de Paume : à la fois « la régénération des Juifs », la dignité et la liberté « des hommes de toutes les couleurs », l’universel abstrait mais réel des Droits de l'Homme et du Citoyen, la démocratie parlementaire. Les « droits de l’homme et du citoyen » sont un acte de prise de pouvoir par la théorie, une mise en conformité de la pratique avec la théorie, laquelle venait d’« apercevoir », à la manière de Rousseau, les droits naturels exhaustifs de l’homme. Si l’on m’accorde cette vue, on m’accordera aussi qu’en inventant l’Homme (universel) les lumières européennes et les Constitutionnels de 1789 ont aussi inventé l’homme noir des temps à venir, c’est-à-dire (entre autres) l'homme noir de la France du début du XXIe siècle, l’homme noir qui naît aujourd’hui, naîtra demain, pour jouir, partout, sans exception, du Préambule et des dix-sept articles de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Par conséquent, c’est sans aucune honte et avec reconnaissance que moi, le Noir qui vous parle cet après-midi, je dis que tout l’aujourd’hui politique du monde noir libre était dans la tête des Constitutionnels et de Grégoire, ce prêtre constitutionnel qui n’était point esclavagiste ni négrier à l’époque même où la « traite négrière transatlantique » était à son plus fort rendement. Tout homme noir d’aujourd’hui est enfant moral et politique de l’abbé Grégoire, qui sapa les fondements du racisme et de l’esclavage parce qu’il vit l’homme, son être moral, sa « constitution naturelle » (Rousseau), son état, ses droits naturels. Dans l’économie générale de son texte, la loi Taubira aurait dû trouver une place non négligeable à ces faits, à ces hommes et à leurs combats pour des idéaux qui étaient aux antipodes de l’esclavage et de la traite courante européenne des Noirs. Il n’y a pas eu qu’Ahmed Baba qui condamnât le sort fait aux esclaves noirs. Les historiens le savent et nous l’apprennent. Les députés de la Nation n’avaient pas le droit de ne pas le savoir ni de ne pas le dire. La loi Taubira aurait été juste, si elle avait tenu compte de cette connaissance, puisqu’elle aurait alors fait œuvre d’histoire sincère, véridique, et d’équité. La pensée européenne du XVIIIe siècle n’était pas que monstrueusement économique, codifiant froidement, dans le cabinet d’un Surintendant, l’usage ustensile de l’esclave, l’instrument rentable de la prospérité des terres des Indes ! Je dis donc - et je le crie très fort - qu’à l’époque de « la traite négrière transatlantique » l’esprit n’avait jamais démissionné de sa mission de penser un nouveau monde politique et d’arracher l’homme à la condition non naturelle de dominé et de serviteur maltraité. Au panthéon où gisent les grandes figures de l’esprit qui ont fait descendre de nouveau la liberté sur l’homme, je vois alors surgir les croix d’honneur humanistes de ces deux artistes géniaux que furent Beaumarchais et Mozart. L’un et l’autre instillèrent dans leurs œuvres la semence de « l’esprit révolutionnaire » réel qui voulut l’homme pour l’homme. Et voici qu’en 1775 Beaumarchais, dans Le Barbier de Séville, fit dire au valet Figaro : « Aux vertus qu’on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ? ». Le maître ne s’en tira qu’en riant ! Et voici que, dans La Flûte enchantée, Mozart (qu'attendait déjà la mort, à l’automne 1791) et son librettiste nous livrèrent ce dialogue qui annonçait les temps à venir :



« - Est-il Prince ?



- Mieux, c’est un homme ».



Artistes universels et profonds, Beaumarchais et Mozart, dans leur pensée créatrice, remirent la condition humaine à l’endroit parce qu’ils virent aussi l’homme derrière les « grandeurs d’institution » (Pascal). Or la page d’accueil d’un monde sans esclavage s’accommode mieux des « grandeurs naturelles » que des « grandeurs d'institution ». Par conséquent, je préfère toujours enseigner à mes élèves ces discours intemporels de l’esprit, chirurgiens sans mains mais accoucheurs cachés et généreux du progrès de l’action historique, plutôt que de pousser des jérémiades sans effet sur le présent. Nous savons aujourd’hui que c’est l’esprit qui allait forger l’épée qui vaincrait les forces obscurantistes et que le « tiers », par ces paroles, entrerait bientôt sur la scène de l’Histoire pour donner ce qu’en France et chez les francophones nous appelons la démocratie. Entre-temps, la pensée de Rousseau était passée par-là aussi. Une partie importante de l’Europe pensait, tout simplement, à l’époque de « la traite négrière transatlantique », posant les contours infinis de l’universel qui allait préparer les conditions philosophiques, psychologiques, juridiques et politiques des mouvements de liberté et de libération des esclaves des colonies. Des brins d’esprit humains européens jonchaient tout au long le sol inhumain européen de l’esclavage. Ils étaient certes peu nombreux mais assez forts et fermes pour changer le paysage multiséculaire de la servitude. Au début du XXIe siècle, tout le monde le sait. Quand on le sait, on doit le dire. Pour donner un exemple, non négligeable dans l’histoire de l’humanité, il faudrait même rappeler que cette pensée européenne des lumières a légitimé sans équivoque, en 1791, le soulèvement général des esclaves noirs de Saint-Domingue (plus tard se renommant Haïti). Elle l’a légitimé tant aux yeux nouvellement éclairés des esclaves noirs qu’aux yeux généreusement éclairants d’un grand nombre de Blancs, dont Polvérel, Sonthonax (à Paris puis à Saint-Domingue) et, bien sûr, les Amis des Noirs (fermement actifs à Paris). L'Assemblée Nationale et la loi Taubira auraient dû inclure dans le texte ce pan d’histoire, de pensées et de faits qui eurent lieu à l’époque où, en divers continents, l’on traitait en commerce les Noirs d’Afrique. Dire ou rendre la justice, ce n’est pas le talion mais l’équité. C’est pourquoi, même au risque de choquer ou de priver certains de leur fond de commerce idéologique courant, je dis que le Noir de France du XXIe siècle doit se sentir autant descendant de ces grandes figures européennes de la liberté que des esclaves africains de « la traite négrière transatlantique ». Ceux-ci ont reçu de celles-là l’instrument prométhéen qui devait servir à configurer les originalités historiques et culturelles qui s’appellent aujourd’hui le Brésil, Cuba ou Haïti. Car si nous n’étions aujourd’hui que des descendants d’esclaves nous n’aurions reproduit que l’état d’esclavage et serions esclaves, nous n’aurions que l’esclavage à inscrire dans l’Histoire comme trace de ce que nous avons fait du commerce triangulaire et de nous-mêmes, disons de la couleur de notre peau. Or nous ne sommes point esclaves : au Brésil, à Cuba, en Haïti, l’héritage d’esclave a été dépassé pour être ensuite librement et brillamment modifié en produits syncrétiques originaux, baroquement étranges parfois. Ce qui s’est ajouté à l’esclavage, c’est la proclamation et l’apprentissage de la liberté là où celle-ci a été élaborée dans sa quintessence opératoire universelle, c’est-à-dire dans l’Europe des « lumières ». Au plus fort de la traite, et malgré la régression signée, plus tard, par le décret de Bonaparte du 30 floréal an X (20 mai 1802), l’humanité européenne n’a pas abandonné les Noirs sur le quai de l’Histoire humaine, révolutionnaire et juste. Elle nous a éclairés et incités, nous les Noirs, à nous envelopper de l’étendard de la liberté. Par conséquent, si nos idéologues avaient voulu être justes, ils auraient dû, à l’Assemblée, restituer l’effet « ombre et cependant lumière » de cette Europe originale et inouïe qui est implicitement visée par la loi Taubira.



3° La troisième variante de l’idéologie de la commémoration porte sur la confusion de la mémoire et de l’histoire. Pour avoir été victimes de cette illusion, Christiane Taubira et d’autres ont cru, en 1998, devoir envisager la « réparation » de ce qui s’est passé entre 1503 et 1848. Comme si l’histoire avait arrêté son cours pour se figer dans les données (partielles) issues de cette période ! Comme si ces siècles de traite négrière et d'esclavage n’étaient faits que de traite négrière et d’esclavage ! Par conséquent, comme si le temps historique s’était arrêté en 1848 ou qu’une translation avait été opérée pour transposer tel quel ce passé dans le présent ! Mais le traitement critique de cette variante de l’idéologie de la commémoration, qui cache une demande de « réparation »de la traite, veut que je commence en précisant que l’Assemblée nationale, en votant le texte définitif de la loi Taubira, a fait une bonne action en délestant de l’idée de « réparation » la Proposition de loi déposée par Madame Taubira et Monsieur Jean-Marc Ayrault, et en supprimant son article 5 : « Il est instauré un comité de personnalités qualifiées chargées de déterminer le préjudice subi et d’examiner les conditions de réparation due au titre de ce crime ». L’Assemblée et la nation ont écarté cette détestable demande mais le débat qui anime aujourd’hui le monde noir n’en est pas nécessairement protégé car le fondement idéologique des arguments d’une partie des protagonistes de ce débat repose sur la confusion de la mémoire et de l’histoire ou, mieux dit, ce fondement s’alimente des poussées de représentation de l’histoire qui lui viennent du fond de la mémoire ; il connaît les soubresauts qui naissent des distorsions qu’une mémoire vive, écorchée vive, lui impose. Ce débat idéologique vit alors de passion et d’illusion, non de science et de vérité. C’est pourquoi je pourrais m’appuyer sur l’existence de cet article 5 de la Proposition de loi (1998) pour m’interroger sur la demande de « réparation » financière que l’ex-Président haïtien Jean-Bertrand Aristide s’ingénia, il y a quelques années, à tirer de calculs extravagants afin de la présenter à la France, comme on présente une note de frais. Je voudrais savoir s’il n’avait pas trouvé une connivence intellectuelle et idéologique rassurante dans le fait que, par l’indulgence de quelques députés, le mot même de « réparation » pût entrer, un jour, au Parlement français pour commencer à désigner la peine juridique que doit purger la France contemporaine citée à comparaître pour répondre des actes de l’« Ancien régime », qu’aujourd’hui réprouve pourtant la France légale et morale. Heureusement, la sagesse de l’ensemble des députés qui ont voté a eu raison de cette audace juridiquement bancale en corrigeant le texte de la proposition de loi et en en supprimant cette demande injuste, peut-être insensée. Toujours est-il que, quand on musarde trop sur les terres imaginaires d’une certaine mémoire affective, on finit par oublier les faits, l’histoire, la science. Or, relativement à notre action dans le présent, l’histoire et la mémoire se distinguent comme l’avenir se distingue du passé. En effet, quand l’homme ne s’attache qu’à la mémoire, il est, consciemment ou inconsciemment, tout entier prisonnier du passé, alors que, si l’histoire l’anime, il voit aussi l’avenir. Certes nous savons qu’il n'existe pas de lois historiques permettant de prédire l’avenir, mais en nous appuyant sur le passé étudié rationnellement et connu, c’est-à-dire classé et rangé sous le concept - ce passé que nous apprennent les cours d’histoire - notre construction du présent s’enrichit alors au moins des projets d’espérer. Connaître, c’est s’approprier : « Le « Je » est chez soi dans le monde quand il le connaît et plus encore quand il l’a saisi par le concept » (Hegel). L’effort de l’historien est de nous donner ces concepts clairs des événements du temps passé afin de nous en rendre maîtres et de nous en servir autant que possible pour penser l’avenir, à défaut de le prévoir ou de le prédire, bref de vouloir un avenir réfléchi. En revanche, ressasser la mémoire nous retient de vouloir et d’agir ; nous réagissons seulement, en nous étourdissant de souvenirs parfois facteurs d’illusion. En politique, l'usage idéologique de la mémoire est stérile. À l’occasion de la visite de Monseigneur Desmond Tutu en Haïti, Monseigneur François Gayot, archevêque de Port-au-Prince, déclarait avec justesse : « Le premier défi est celui de l’obsession du passé si nous sommes obsédés par le passé, tout effort sera vite épuisé, tout élan sera bientôt stoppé. L'inertie de la mort aura tôt fait de vaincre la vie » (Cathédrale Sainte Trinité de Port-au-Prince, le 12 février 2006). En revanche, l’usage rationnel de l’histoire est facteur de projets et fertile en actes politiques nouveaux. Plus nous pensons et connaissons l’histoire de manière critique et par le concept, plus nous comprenons ce qui s’est passé, ce qui est arrivé d’heureux ou de malheureux à nos ancêtres, et plus aussi nous pensons à nous-mêmes et à notre hic et nunc historique, commis maintenant de s’inscrire dans un devenir libre. La pensée de l’avenir - cet avenir qui, lui, est nouveau - en coule ensuite, telle une source. Alors nous nous convions à bâtir au lieu d’évoquer passionnellement le passé révolu.



Au demeurant, cette distorsion imprimée à l’histoire par la positon dominante accordée à la mémoire nous fait croire que l’actualité que nous vivons est fille « crachée » de ce passé que nous adulons, parfois dont nous rêvons. L’effet de cette illusion est alors de croire que les descendants d’esclaves sont des esclaves et que les descendants de colons esclavagistes sont aussi des colons et des esclavagistes. C’est éminemment faux ! Je vous ai dit, au début de la conférence, que je n’ai rien vu autour de moi qui ressemblât ni à des Noirs esclaves ni à des Blancs maîtres et colons. Mais pour avoir succombé à cette illusion, des idéologues du monde noir, hors de l’hémicycle, ont été conduits - troisième absurdité - à demander à la France contemporaine, aux Français du XXIe siècle, au nom de tous les Noirs, une « réparation » de la traite négrière européenne des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. C’est même cocasse, car aujourd’hui beaucoup de Français sont noirs et il faudrait leur demander d’être solidaires de leurs compatriotes blancs de l’âge baroque, par exemple, et de « réparer » ce que la France blanche a fait à des Noirs à l’époque où les Noirs ne pouvaient même pas juridiquement (à cause du Code noir) être Français. C’est absurde, comme cela arrive souvent quand les hommes raisonnent mal et se mettent en tête de proposer des solutions et de décider mais sous régime de leur bévue. Ces idéologues versent dans l’injustice, dont ils se servent, par ailleurs, pour s’installer dans un mythe de la victimisation noire et de la concurrence victimaire ou encore pour instiller chez les Blancs la mauvaise conscience. Je ne peux pas les suivre. Il me faut combattre par tous les moyens le danger de ce raisonnement imprudent. C’est ce que je compte faire, ici, par mes modestes moyens, qui sont des concepts. À la fin de cette conférence, vous devriez pouvoir juger par vous-mêmes si ceux qui aujourd’hui, en France, parlent de la « question noire » ont même posé le problème ou bien si, ayant posé le problème, ils l’ont bien ou mal posé.






II) Voyons maintenant la deuxième partie de notre plan : la configuration idéologique qui circonscrit le « monde noir » en France aujourd’hui.






A) Le monde noir français, n’étant pas en dehors du temps de l’Histoire du Monde, suit le cours de l’histoire particulière et de l’actualité politique françaises jusqu’à en épouser les formes endogènes de manifestation. C’est ainsi que le monde noir de France a aussi son « microcosme », comme on parle du microcosme parisien de la politique, du goût ou de la mode. Ce qui, entre autres, agite aujourd’hui le microcosme noir français gravite autour d’un événement qui a eu lieu le 25 novembre 2005. Ce jour-là, fut créé le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), à l’Assemblée Nationale, où les Noirs fondateurs de ce mouvement furent accueillis par Noël Mamère, député. Cet organisme ne saurait cependant faire aujourd’hui l’unanimité.



1°) La naissance du CRAN a été légitimement contestée par beaucoup, dont Patrick Karam, le président du collectif DOM : « Qu’est-ce que c’est que cette soi-disant fédération qui ne représente rien, une soixantaine de petites associations, et qui divise les gens entre Noirs et non Noirs, comme si les inégalités se limitaient à une question de pigmentation ? Qu’y a-t-il de commun entre un Africain et un Antillais ?... » (Le Nouvel Observateur, N° 2145, du 15 décembre 2005). Le microcosme noir de France est « déconnecté » du réel noir de France. Cela apparaîtra dans la suite de la conférence.



2°) On ne voit pas la cause de ce Conseil, à défaut de dire qu’on n’en voit pas la demande, car personne ne l’a réclamé. Personne parmi les Noirs de France n’en a, sous une forme ou sous une autre, exprimé publiquement le symptôme qui eût exigé qu’on le créât. Il y eut, un jour, apprend-on par la presse, une convocation via l’Internet. Une centaine de présents de l’Île de France. Puis ce fut la création, officielle et nationale, au Palais Bourbon, cœur politique de la Nation. J’ajoute que le mimétisme du nom de ce Conseil me gène, vu l’allusion à peine implicite au Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF). Non que je sois antisémite, mais pourquoi ce mimétisme langagier ? S’agit-il d’une allusion accidentelle ? Volontaire ? S’agit-il d’une provocation ? Une polémique des « mémoires » ? Doit-on y voir le rappel insidieux d’une malsaine « concurrence victimaire » ? Une contestation « noire » de la place de la shoah dans l’histoire récente européenne ? Si c’était là l’intention cachée du mimétisme que j’aperçois dans la dénomination Conseil représentatif des Associations Noires de France, je n’hésiterais pas à crier : Laissez les Juifs tranquilles !... J’eusse aimé, en tout cas, qu’en créant ce nom l’on mît l’imagination au service de la cause des Noirs. Si cause réelle il y eût vraiment ! Le CRAN a tout l’air d’être « le symptôme d’une réalité différente de celle qu’il vise ». C’est aussi un syndrome connu des microcosmes et de certaines avant-gardes que de parler au nom d’une cause imaginée et imaginaire. De l’activisme politique en naît toujours. Mais on ne va jamais loin avec l’activisme, stade suprême de l’activité dépensière d’elle-même, aveuglement prodigue, autotrophe aussi, et morbide.



3°) L’objectif du CRAN fait sérieusement débat, alors même que le CRAN s’est engendré sans débats (de type « agora » grecque) ni questions préparatoires diffusées parmi tout le monde noir de France. Par exemple, le CRAN veut « poser la question noire pour éclairer les débats sur l’état du pays » (Patrick Lozès, coprésident du CRAN, in Le Monde, 26 novembre 2005). Par exemple, on lit : « Les partis politiques doivent prendre en compte cette question noire » (Louis-Georges Tin, Libération, 27 novembre 2005). Or il reste à prouver qu’il existe, en France, une « question noire ». Et si cette question existe, il reste à examiner, de manière critique, ces deux autres questions : Qui pose cette question ? Comment est-elle posée ? C’est pourquoi, par une question insidieuse, je m’accorderai donc ici l’urgence d’une pause méthodologique : Et si la « question noire », telle qu’elle est agitée par le CRAN et ceux qui croient au CRAN, n’était qu’imagination et fiction ? En tout cas, pour être clair cet après-midi, je veux suggérer qu’avant de dire qu’il existe une « question noire » il faudrait poser et répondre à la question préalable de la réalité observable (et observée), en France, de l’objet de cette « question noire », à savoir « Qu’est-ce qu’être Noir en France aujourd’hui ? ». Je prendrai le temps de cette conférence pour le faire, c’est-à-dire enquêter. Auparavant, pour revenir, sous un autre angle, aux propos plus haut cités de Lozès et de Tin, il est utile de se demander ceci : De quelle lumière politique significative et décisive le fait de poser la « question noire » peut-il « éclairer les débats sur l’état du pays » ? Soyons sérieux, tout le monde sait bien que « l'état du pays » dépend prioritairement de paramètres et de déterminants économiques, sociaux, politiques, idéologiques, culturels, peut-être parfois psychologiques, mais certainement non génétiquement raciaux. Quiconque veut instiller du Noir (et du Blanc) comme schéma directeur du contexte politique français, s’abuse et abuse. Ainsi le microcosme noir (parisien) verse-t-il dans la démagogie, conséquence nécessaire d’une erreur de jugement portant sur les caractères propres et « l’analyse concrète d’une situation concrète » (Lénine) ainsi que sur « les impératifs de la conjoncture » (Leslie Manigat).



4°) Les moyens politiques concrets du CRAN ? On ne voit pas bien quels ils peuvent être en dehors d’actes symboliques ou d’éclats captieux de « descendants d'esclaves » au fait et en phase avec l’abondance française contemporaine, actes et éclats qui se heurteraient assez vite au cadre institutionnel et légal de la France. En tout cas, une partie de ce que demande le CRAN ne peut être réalisé que si, et seulement si, on compte les Noirs de France, si on les dénombre et les assigne à résidence identitaire pigmentaire, c’est-à-dire, en fait, si on leur promulgue un statut de couleur de peau. Or dans l’histoire récente de la France, le recensement et le « statut des Juifs » ont laissé des souvenirs sinistres parce qu’ils ont rendu aisée une partie de ce que l’on sait, à savoir « la solution finale du problème juif en Europe » (Conférence de Wannsee de janvier 1942). J'ai peur, et je ne veux pas que nous, les Noirs de France, soyons un jour recensés en tant que race. Nous sommes nombreux - Noirs et Blancs de France - à ne plus « penser race », expression qui, pour moi, est presque synonyme de « penser mal ». Des mélanocytes ne doivent pas faire loi. (Voir B, plus loin).



Le problème de la légitimité du CRAN est posé avec acuité et urgence. Je ne vois pas ce que vient faire le CRAN dans ma vie de Noir de France, qui n’est, d’abord et tous les jours, qu’une vie de citoyen français, dans laquelle je suis convié à l’exercice exigeant des droits et des devoirs du citoyen (sans couleur). Quand je lis ceci : « Où sont les grandes voix morales dans ce pays pour dénoncer les propos d’un Finkielkraut ? On ne peut pas laisser les Noirs seuls lui répondre » (Patrick Lozès, Le Monde, 26 novembre 2005), je rétorque vivement : M’avez-vous bien regardé ? Je suis assez grand pour savoir séparer le bon grain de l’ivraie dans les écrits, souvent subtils et utiles, d’Alain Finkielkraut, dont on ne saurait réduire la contribution intellectuelle, depuis une vingtaine d'années, aux seuls propos déplacés envers les Noirs de France, lus récemment dans l'interview qu’il a accordée au Ha’Aretz de Tel-Aviv, en février 2006. Pour répondre à Finkielkraut, on n’a pas besoin d’être un Noir ni d’appeler au secours « les grandes voix morales de ce pays » (sont-elles supposées seulement blanches dans la citation ?). C’est un travail de l’esprit qui, lui, n’a pas de couleur. Il suffit à l’esprit d’être éclairé. Les « voix » que je côtoie quotidiennement, qui sont morales aussi sans être « grandes », qu'elles soient blanches ou noires, ont été spontanément en mesure de « dénoncer les propos de Finkielkraut ». Beaucoup de Français de toutes les couleurs ont d’ailleurs les ressources qu’il faut pour défendre sereinement la vérité et l’honneur des Noirs de France, si ceux-ci se trouvent malmenés dans leur intégrité d’hommes et de citoyens. Je crois avoir compris, par divers témoignages, que les « Justes » de la dernière guerre mondiale ont sauvé des enfants en sauvant des enfants juifs. Ils ont sauvé des hommes en sauvant des hommes juifs. De même, des « Justes » blancs ordinaires, à l’occasion « voix morales de ce pays », savent encore défendre des hommes noirs chaque fois que l’homme, en eux, est menacé. Zola n’était pas juif. Il existe encore des Zola. Au surplus, des Noirs de France sont très nombreux qui ignorent l’existence de Finkielkraut ou celle de tel intellectuel connu de n’importe quelle couleur. C’est leur droit légitime de les ignorer. Ces Noirs, citoyens français ou étrangers de France, ont le droit de vivre sans Finkielkraut et sans être pour autant malheureux. Le CRAN ne leur sert à rien. Avec ou sans le CRAN, des Blancs et des Noirs - chacun à la place qu’il occupe dans la Cité - sauront ou ont su répondre à Alain Finkielkraut (ou à tout autre intellectuel) avec justesse et justice.



5°) Outre les problèmes posés par l’existence du CRAN, l’illusion de nos idéologues noirs se donne encore à voir quand ils parlent de leur « question noire » en supposant vraie l’hypothèse d’une unité déjà donnée du « peuple noir de France ».



D’abord c’est, de leur part, une pétition de principe : est posé vrai, dans leur discours, ce qui, en l’occurrence, est à démontrer vrai. Il est à démontrer vrai, en effet, qu’il existe une unité du « peuple noir » vivant en France. Dans La généalogie de la morale, Nietzsche nous parle du « modeste rang des formes provisoires de l’hypothèse » que, dans le domaine de la science, doivent adopter nos suppositions, nos intuitions, nos « convictions ». Mais nos idéologues, eux, prennent leurs avis singuliers pour la science, ils prennent une variable idéologique pour un théorème, une intuition emphatique pour une loi scientifique. Ce n’est pas sérieux du point de vue d’une doctrine de « la Méthode » des sciences, dont nous sommes aujourd’hui les héritiers et que nulle prétention d’étude objective ne doit nier.



Ensuite nos idéologues du microcosme noir raisonnent sur la réalité des Noirs de France en se référant consciemment ou inconsciemment au « modèle » américain. Or, du point de vue de l’histoire, les deux populations noires ne sont pas homologiques et permutables. Dans ce qu’on appelle l’Amérique, et malgré un décalage des deux arrivées sur la terre des Indiens, je parlerais volontiers, en m’accordant une légère compression du temps, d’une « coprésence » du Noir et du Blanc : le premier est arrivé de force, « traité » par le second, pour les besoins et les désirs de celui-ci, pour lui servir d’esclave. Les idéologues actuels de la « cause » noire française participent de l’illusion qui s’est formée en regardant l’Amérique où, effectivement, les Noirs sont un ensemble homogène, résultat d’un fait d’histoire : la place qu’ils ont occupée dans les moyens de production leur a donné une identité sociale et historique propre, objectivement monolithique. Nous savons que les champs de coton ont perduré là-bas au point qu’au début du XXe siècle l'Amérique pratique encore sur son sol l’esclavage des Noirs. Et la ségrégation (légale ou de fait) y a sévi aussi. Mais s’agissant des Noirs de la France métropolitaine actuelle, leur arrivée massive est postérieure à la présence très ancienne du Blanc (j’énonce là un truisme d’histoire des migrations et des peuplements) ; une arrivée surtout étirée, non forcée, volontaire en définitive, nous dirions choisie, en pensant à ceux qui sont restés en France alors qu’ils auraient pu s’installer ailleurs ou qu'ils attendent de le faire. Je dis choisie, en pensant aussi aux cohortes de Noirs qui raisonnent aujourd’hui avant de décider de prendre la route vers le « Nord » et qui, après l’abord mouvementé de l’Espagne, rejoignent clandestinement la France.



Enfin, et plus généralement, nos idéologues confondent mode et modèle. Dans le mot mode, outre que la philosophie comprend la « manière d’être d’une substance », l'étymologie latine fait entendre la juste mesure qui convient à un genre. Le mode renvoie à l’idée d’un moyen approprié. Aux élèves des classes terminales qui assistent à cette conférence, je voudrais préciser qu’un mode du syllogisme aristotélicien est défini ainsi par André Lalande : « chacune des formes que peut prendre le raisonnement syllogistique, dans les différentes figures, selon que les propositions qui le composent varient en quantité universelle ou particulière et en qualité affirmative ou négative » (in Vocabulaire technique et critique de la philosophie). Est modèle (dérivé de modulus), en revanche, l'élément dans lequel la langue latine dit ce qui mesure, tempère et donne à une chose un mouvement réglé, une harmonie. Le mode décrit un état contingent, alors que le modèle imprime un mouvement en forme de convergence nécessaire vers la métrique ordonnée à laquelle il doit donner ses règles. Le modèle régule. Le mode et le modèle se distinguent comme se distinguent la statique et la dynamique, ces deux manières d’être du genre qu'est la physique. Le modèle veut qu’un mode soit mesuré à sa convenance. Contrairement au mode enfermé dans ses limites, le modèle connote l’étalon libre. Or, à bien soumettre les textes et déclarations des idéologues du microcosme noir, on découvre qu’ils examinent le mode (une commode mesure) français de résolution de la « question noire » à travers le mode (une commode mesure) américain qu’ils érigent subrepticement ou délibérément en modèle (mesure régulatrice). En cela, ils se trompent de temps et d'histoire. Mais il faut reconnaître qu’ils ne sont pas les seuls à confondre mode et modèle et qu’en général, en France, vu qu’on parle de modèle à propos de tout, on est victime de la même illusion : ce qui n’est que mode allemand est érigé sans précaution en modèle allemand, ce qui est mode suédois est érigé en modèle suédois, ce qui n’est que mode américain est, par l’effet ajouté du « rêve américain », admis à pavoiser comme un modèle (l’american way of life). Rapportés au temps et à l’histoire, les modes sont des réponses circonstancielles et circonstanciées (plus ou moins durables) à des situations données. C’est ce qui fait leur contingence : ils auraient pu ne pas être ou auraient pu être autrement qu’ils sont. Un mode est, au mieux, le moyen contingent d’un modèle. En faisant des modes des modèles, on fait passer les premiers pour nécessaires : on admet qu’ils ne pouvaient pas ne pas être ou ne pouvaient pas ne pas être tels qu’ils sont, connotant, subrepticement ou par d'amples prétendues démonstrations, une valeur d’universalité du mode modèle. On pourrait démontrer que le statut d’universalité qu’Auguste Comte donne à la loi des trois états procède de l’illusion qui nous fait quelquefois prendre un mode pour un modèle. En effet, s’il est certain que les « trois états de l’esprit » décrivent effectivement l’histoire de la pensée gréco-européenne (peuple et individu), il n’est pas certain cependant qu’ils décrivent l’histoire de « l’esprit humain » en tous lieux. Les « trois états » décrivent un mode que subrepticement Auguste Comte a vu comme un modèle. Il est vrai aussi que, sans que nous puissions pour autant en attribuer ni la paternité ni le projet à cet immense penseur, cette érection d’un mode historique déterminé en un modèle d’histoire « positive » de la pensée convenait au temps historiciste et « positiviste » des expéditions qui s’annonceraient bientôt « coloniales ». Un emprunt à Michel Foucault de son concept d’« épistémè » nous serait d’un grand secours dans cette démonstration d’une configuration idéologique où serait impliquée, au XIXe siècle, une alliance objective entre la théorie et la pratique (politique et géopolitique).



Je m’en tiendrai pour le moment à ce que la philosophie nous enseigne, à savoir que ce qui est contingent ne peut pas être nécessaire. Tout mode n’est pas un modèle, même si deux modes sont devenus modèles : ainsi des « Droits de l’Homme », ainsi de la technique scientifique moderne, deux modes « contagieux », selon le mot que j’emprunte à l’historien Henri Irénée Marrou. Mais voyons cette anomalie, cette exception de plus près. Ces deux modes sont contagieux parce que leurs contenus d’être et d’action respectifs ont quelque chose d’anhistorique. Car :



a) Des Droits de l’homme, je dirai qu’étant « naturels » ils n’ont pas d’histoire ; ils ont toujours été en l’homme. Le 26 août 1789, la France les a « déclarés » mais ils ne sont pas pour autant une propriété attachée à un mode car leurs énoncés ont voulu qu’ils ne fussent d’aucun pays : les Droits de l’Homme sont ce que tous les peuples pouvaient dire, en tout cas auraient dû déclarer depuis longtemps. Ces droits naturels ont été proclamés par des Français pour et au nom de tous les hommes, reléguant ainsi à un combat d’arrière-garde la défense et l’illustration du vécu réel de ce que les Grecs inventèrent dans l’antiquité sous le nom de démocratie. C’est ce qui en fait un modèle, c’est-à-dire le manifeste moral régulateur de toute politique qui voudrait se présenter comme juste. Mais les temps historiques réels n’étaient pas assez murs, avant 1789, pour qu’advînt plus tôt cette déclaration : c’est ce qui fait de celle-ci un mode, dont la contingence n’est cependant qu'apparente parce que ce mode est l’appel et la voix de la nécessité. Dans une salle délibérante, la contingence des mots a dit, un jour, la nécessité morale de la politique, la seule que la nature fondât. En un temps, en un lieu, un peuple s’est avancé pour déclarer ce qui, masqué par l'histoire jusque-là connue, est de tous les temps et de tous les lieux, et que l’Histoire elle-même attendait. Ainsi cette « Déclaration » échappa-t-elle à la France révolutionnaire au moment même où les propres mots des Constitutionnels de 1789 l’enveloppèrent de l’aura de la solennité et, plus tard, jusqu’à nous qui l’enveloppons du rituel de la célébration. Quand, par les premiers mots que l’on prononce, on déclare que « les hommes naissent libres et égaux en droits », on ne parle pas de soi ni, a fortiori, de soi seul ! Le mode révolutionnaire français de 1789 nomma le modèle.



b) Quant à l’objet technique, c’est par son usage qu’il n’est d’aucun pays. À tout le moins, me concédera-t-on que son usage l’arrache des mains qui le façonnèrent et de l'esprit singulier qui l’inventa un jour. Dans le Cours de philosophie positive, Auguste Comte, créateur aussi de la « physique sociale » (cette sorte de prénom comtien de la sociologie), nous fait assister à la naissance, au XIXe siècle, de la « classe sociale des ingénieurs », intermédiaire entre « les savants proprement dits et les directeurs effectifs des travaux productifs ». La finalité externe de l’usage de l’objet technique contraint l'ingénieur à concevoir le modèle alors même qu’il croit viser le mode propre de son existence hic et nunc d’objet utile. En inventant l’utile, c’est l’usage que conçoit l’ingénieur, cet usage qui voue l’objet à tous les esprits et à toutes les mains qui s’en serviront. Allez faire du racisme avec le modèle, le mode et l’usage efficient et efficace d’une machine puis dites-moi si vous y parvenez ! Il est, par conséquent, aisé de remarquer que le mode (d’emploi) de l’objet technique décrit simultanément et exactement son modèle, l’épure, qui est son essentielle condition nécessaire d’existence. Le mode d’emploi de l’objet technique décrit le modèle au sens où l’on dit, en cinématique, qu’un « mobile », un satellite artificiel, une « sphère céleste » décrivent la trajectoire déterministe de leur mouvement calculé d’avance par son équation mathématique. Fabriquer un exemplaire (un mode), c’est donner le modèle général en son usage particulier. Ici, le mode et son modèle sont confondus.



Mais il est vrai que ces modes apparents qui sont en réalité des modèles sont peu nombreux dans l’Histoire. On n’en trouve surtout pas dans l’érection innocente ou malfaisante du mode particulier de l’histoire américaine en modèle (universel, ce qui est un pléonasme), en paradigme et panacée. Qu’on nous laisse donc tranquilles avec ces importations illégitimes de prétendus « modèles » économiques, sociaux ou politiques qui ne sont que des modes, c’est-à-dire des moyens déterminés, circonscrits, limités, datés, historiquement inventés par une pragmatique politique étroite, quand bien même il s’agirait d’une nation riche qui s’est offert le luxe militaire de gagner deux guerres mondiales en moins de cinquante ans. Ainsi les Noirs de France ne doivent-ils pas regarder vers les États Unis d'Amérique pour expliquer l’état actuel de l’histoire de la France. Fodé Sylla ne doit pas dire : « Il faut laisser les gens s’exprimer, sinon il y aura en France des Farrakhan. Maintenant on en est encore à Martin Luther King » (cité dans Libération, 28 novembre 2005). Car outre que la France et l’Amérique n’ont pas la même histoire politique, l'affirmation de Fodé Sylla a un relent d’historicisme que nous croyions avoir disparu de la réflexion depuis les grands débats des années 60 inaugurés par la critique de l'historicisme et d’une certaine dialectique. À l’appui de ce que je dis, je pourrais, sans exclusive et sans sacrifier au "magister dixit", rappeler qu’entre 1960 et 1962 deux chapitres de La pensée sauvage de Lévi-Strauss - « Le temps retrouvé » (contre Auguste Comte) et « Histoire et dialectique » (contre Sartre) - et les deux grands articles d’Althusser - Sur le « jeune Marx » (1960) et surtout Contradiction et surdétermination (1962) - ont entonné et accompagné jusqu’à son point d’orgue le chant funèbre de l'historicisme. Certes ces deux auteurs ne sont pas les seuls, à l’époque, à procéder à cette destitution mais on m’accordera la clarté de Contradiction et surdétermination, par exemple, qui dégagea « l’idée fondamentale que la contradiction n’est jamais simple, mais qu’elle est toujours spécifiée par les formes et les circonstances historiques concrètes dans lesquelles elle s’exerce ». Au demeurant, non seulement il faut rappeler à Fodé Sylla que l’histoire ne se répète pas mais encore il faut lui signifier fermement que l'histoire d’une nation n’est pas un invariant de l’Histoire, ce n’est pas un témoin que les peuples se transmettent comme dans une course de relais. Considérant la seule histoire récente, que de dégâts n’ont d’ailleurs pas faits, au XXe, siècle les exportations illégitimes de prétendus « modèles » qui, à l’Ouest comme à l’Est, n’étaient en réalité que des modes spécifiques économiques, sociaux, politiques et idéologiques ! Mais nous devons finir par apprendre et accepter qu’il n’y ait pas d’hérédité des caractères acquis quand il s’agit des versants escarpés gravis avec peine par l’histoire singulière d’un peuple ou d’une nation. Que Fodé Sylla se rassure (ou commence à s’affoler de devoir orienter l’histoire de France autrement), la France « noire » de l’aube du XXIe siècle n’est pas la répétition générale de l’acte II de l’Amérique noire de 1963, laquelle n’est pas non plus l’avant-scène de la « question noire » posée par le microcosme noir français d’aujourd’hui.

Il va de soi que le « modèle » français, même « d’intégration », n’est qu’un mode et qu’il n'existe de « modèle français » de quoi que ce soit. Par conséquent, exporter hors de France ce prétendu modèle est toujours illégitime et hautement dangereux pour l’État qui l'importe. Même si, sur bien des aspects, le mode français (ou tout autre mode d’ailleurs) peut être un exemple, l’exemple n’induit pas cependant le mimétisme que rend nécessaire la position (ou l’imposition) de modèle. C’est d’ailleurs l’occasion de dire que les expressions « modèle français » et « exception française » sont logiquement contradictoires. En effet, sous le même rapport (économique, politique, social, culturel), nous ne pouvons pas dire que le même sujet (la France) est un modèle et une exception. Ce serait violer le principe de contradiction. Au surplus, tout le monde est capable de constater combien le mode français contemporain se désolidarise peu à peu du modèle lumineux qu’il était capable de déclarer le 26 août 1789 : les Droits de l’homme et du Citoyen sont trop souvent perdus de vue dans la politique de la France actuelle. Je voudrais cependant éviter le malentendu qui pourrait faire conclure à certains que je suis du « parti de l’anti-France ». J’adore la France et surtout respecte la France de 1789, celle qui, mandataire du tiers état ou, clergé autant que noblesse, ralliée à la cause du « tiers », déclara le 20 juin : «  partout où ses membres sont réunis, là est l’Assemblée nationale ». J’admire et respecte cette France politique debout, qui eut le sursaut moral de prononcer le serment du Jeu de Paume, « serment solennel de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides ». Aujourd’hui nous connaissons et vivons de ces fondements. Chaque fois que je relis l’histoire de France, je ne cesse de voir dans ce serment quelque chose de grandiose, qui est la signature éternelle de cette nation dans l’Histoire, le don d’un peuple, progressivement devenu majeur politiquement, par lequel le contingent, un jour, se vêtit du nécessaire. En tant qu'homme, je sais gré à la France d’avoir pris ce jour-là sa part d’Histoire universelle. Tous les hommes doivent lui savoir gré de cet « ici et maintenant » de son passé qu’elle donna un jour à l’Histoire. Ce fut grand ! Mais force est de reconnaître que la France contemporaine, incapable de cerner sereinement ses propres problèmes de Nation et d’État, ne donne plus rien de grand au Monde hormis quelques grands écarts brillants de ballets diplomatiques. Quand un pays, même grand de son histoire millénaire exceptionnelle, s’étripe entre ses élites au-dessus du vase sans fond des petites phrases tronquées ou détournées de leur contexte par les media, son État ne peut que perdre son assise morale, manquer d’autorité, marquer le pas, perdre sa voix, y compris celle que de Gaule, récemment encore, lui fit porter au loin avec grandeur et assurance. Ne pouvant rien résoudre à l’intérieur d’elle-même, la France n’a rien à proposer aujourd’hui de solide et de grand au monde qui la regarde. C’est regrettable, et pour la France et pour moi qui aime la France, car beaucoup de peuples ont pris l’habitude d’« attendre » de la France et sont certainement bien déçus. Une grande sœur qui ne répond plus !



Revenant au mode français et au mode américain, je relèverai que, dans les années 30, pendant que l’Amérique pratiquait la ségrégation et pourchassait aux chiens dressés des Noirs apeurés et affolés dans les rues d’Alabama, de Memphis ou de quelque autre ville du Sud de ce puissant pays, la France, même colonialiste, ouvrait, elle, les portes du lycée Louis le Grand et de l’École Normale Supérieure à un homme noir de peau : Léopold Sédar Senghor, c’est lui dont il s’agit, le Noir né à Joal, au Sénégal, est reçu, à Paris, à l'agrégation de grammaire en 1935 ! Le jury d’agrégation a pourtant vu qu’il était noir, non ? Alors !... Cela fait longtemps que la France s’ouvre à ses Noirs. N’oublions pas que, plus tard, Félix Houphouët- Boigny fut nommé secrétaire d’État dans le cabinet Guy Mollet de 1956, pendant que François Mitterrand était ministre de la justice. Senghor fut secrétaire d’État à la Présidence du Conseil dans le cabinet d’Edgar Faure de 1955. Gaston Monnerville, le rigoureux « quarteron » de Guyane, sénateur siégeant au Palais du Luxembourg, Président de la Haute Assemblée, tint longtemps tête au grand de Gaulle lui-même « étant et parlant » depuis le Palais de l’Élysée, etc. Non, l’éclatante présence aujourd’hui de Colin Pauwels puis de Condoleezza Rice aux postes les plus « visibles » de l’Administration américaine ne doit pas exciter les esprits et exposer la France à la honte, supposée, de n’avoir rien fait pour le monde noir, même au plus fort de la colonisation. Alors ces paroles de Christiane Taubira m’effraient : « La plupart de la population française continue à se penser comme à l’époque de la guerre entre les Gaulois et les Francs, pense que la population française est une population blanche ». Christiane Taubira et moi ne devons pas habiter la même France ! Moi, ce que je sais, c'est que beaucoup de Blancs, de tous rangs et de tous niveaux, s’occupent de moi et de beaucoup de Noirs de France. Au premier rang de ces Blancs, se trouvent les « instits », tous les maîtres et professeurs des établissements d’instruction et d’éducation. Ces Français compatissent avec nous. Ils partagent sans réserve nos joies et nos peines. Les Français blancs que je connais voient des Français de toutes les couleurs, auxquels ils demandent simplement d’être Français, lorsqu’ils sont Français. C’est, me semble-t-il, le moins - et le plus - qu’ils leur puissent demander. Et c’est tant mieux ! C’est sain (d’esprit). Ces Français de première terre, comme on dit qu’une voiture est de première main, le font sans demander tous les jours à ces Noirs, Français de seconde terre, s’ils sont Français, espérant secrètement s’assurer, à chaque réponse négative du Noir interrogé, que « la plupart de la population française est vraiment une population blanche » et que la France est en sûreté raciale. Je ne rencontre point, à chaque coin de rue, ces Français « arriérés » dont parle madame Taubira. Je ne peux pas lui concéder son affirmation, car je ne peux pas compter ces Français qu’elle dit si nombreux à penser que la France en est encore aux Gaulois et aux Francs. Noir comme la députée de Guyane, je dis pourtant que l’une et l’autre affirmations de la citation précédente sont fausses. Je reconnais néanmoins que, pour avoir parcouru les régions de France, dont la Bretagne, par exemple, je me comporterais en brute dictatoriale, si je devais faire entrer dans la tête de la première Bretonne rencontrée que la population française qu’elle voit tous les jours n’est pas quasi entièrement blanche : en Bretagne profonde et campagnarde, les Noirs sont rares. Je ne me vois pas imposer à cette Bretonne une perception immédiate que ses sens ne peuvent former en son esprit. C'est comme si j’imposais à un Brésilien du Brésil authentique de ne pas penser que la population brésilienne est une population de footballeurs parce que, dans la ville où je vis, je vois des volleyeurs, des basketteurs, des tennismen, dont j’aurais moi-même affirmé auparavant qu’ils sont des « minorités visibles ». En voilà une logique bizarre ! En voilà une somptueuse contradiction ! Non, nous ne devons pas, nous les Noirs de France, nous promener dans le pays de Montaigne, munis d’un plateau rempli de « pensées » ( ?) nées de la seule expérience subjective, peut-être imaginaire, du fait que nous sommes nés noirs, pensées ( ?) que nous forcerions les Français blancs à forger aussi en leur conscience. En soi, et sans l’argument d’une défense contre un assujettissement de l’homme établi sur la couleur de la peau (« code noir », « ségrégation raciale », « apartheid »), une couleur de peau ne fonde aucune légitimité d’un pouvoir ou d’un privilège. Toute réclamation contraire est fallacieuse et mérite le mépris de l’indifférence ou la critique la plus virulente. Cela vaut pour le Blanc (puisque la loi Taubira en est une preuve) autant que pour le Noir. Il ne faudrait pas que les perceptions « urbaines » et partielles qu’ont quelques Noirs des Blancs qui les entourent soient si conquérantes qu’elles induisent chez une députée de la Nation un propos si excessif et presque vexant pour ceux qu’elle dit être « la plupart de la population française », cette grande part qui, à l’aube du XXIe siècle, en est encore au temps si passé des Gaulois et des Francs. En tout cas, moi, même en zone urbaine et colorée de Noirs, je n’ai pas rencontré cette quantité importante de Français qui pensent encore que « la population française est une population blanche ». Quand bien même il s’en trouverait autant pour le penser, il leur suffirait de faire la queue à un guichet de la poste (ce n’est qu’un exemple) pour voir le contraire en comptant les cartes d’identité françaises présentées par des Noirs (et des gens d’autres couleurs). Il ne faut pas qu’une rhétorique de la persuasion, esthétisée par la mise au point et les gros plans d’une caméra de télévision, s’arrange pour nous présenter les Français contemporains comme des monstres racistes et xénophobes qui tiennent dans leurs mains un pied à coulisse et mesurent constamment l’épaisseur de noir qui bariole leur pièce de tissu blanc de la francité pure. Que madame Taubira aille se promener du côté de Sarzeau ou de Locmariaquer, en Bretagne, pour constater que les rares Noirs qui y circulent ne sont pas pour autant épiés, guettés, cernés, toujours regardés en tant que quantité exogène et contaminante. Elle pourrait aussi faire un tour dans le petit village médiéval de Saint-Guilhem-le-Désert, non loin de Montpellier. Là, elle verrait que des femmes noires tiennent boutique sans que « la plupart » des Blancs du village s’étonnent de leur statut de Françaises noires ni ne réclament une perfusion urgente anti-noire. Certes il doit bien exister de tels Français, nous savons même tous qu’il en existe. Certains rassemblements politiques trois fois colorés, des discours insultants mais démocratiquement validés par la légalité institutionnelle, ou encore quelques « cups » inquiétants de stade de football illustrent assez souvent l’existence bruyante et effrayante de ces Français de la francité (de race) pure. Mais n’empêche, après toutes ces réflexions, j’achoppe sur une question : Que cache donc, en fin de compte, un discours d'une représentante de la Nation qui tend à répandre parmi les Noirs de France que « la plupart de la population française » ne veut pas ou ne peut pas les penser comme Français ? Pourquoi cette députée ne connaît-elle pas tous ces Français, nombreux, qui ignorent tout racisme ?

M’effraie aussi ce mal imaginaire de la France, appelé d’un mot par Yasmina Benguigui : « apartheid » (Chaîne de télévision Arte, 14 février 2006). Cependant, nous l'avons vu, ce n’est pas le cas : des Noirs sont partout, occupent des postes de divers degrés d’exécution et de direction. Ils ont, en France, le droit d’entreprendre librement et sont des entrepreneurs efficaces. Où est l’apartheid, là-dedans ? Où trouve-t-on, en France, un « développement séparé » des enfants, des femmes et des hommes pour cause de race ? De quelle France suis-je le citoyen ? Est-ce celle que je vois tous les jours, à l’école, au marché, dans les magasins ? Ou bien celle qu’on imagine dans les laboratoires du microcosme ? J’ai retourné la France dans tous les sens, je n’y ai rien vu qui ressemblât à un « développement séparé » institué de droit ou de fait sur la couleur de la peau. Mais il est vrai qu’en France, aujourd’hui, ce n’est pas le mot qui a une importance en soi mais la poudre aux yeux dont l’a fardé celui qui l’emploie ou le jette dans la joute des paroles inconsistantes et creuses des « débats d’idées » ( !) télévisés. Il est vrai aussi que la complaisance de la télévision accorde un fauteuil esthétique à qui veut venir débiter des billevesées sans être contredit. La désinformation des citoyens commence aussi par ces mots qui ne portent et n’apportent rien parce qu’ils résonnent du creux de leurs emplois abusifs et des coquetteries d’expression qui ne valent que le minois « invité » qui les prononce. Dans le spectacle de la représentation télévisuelle contemporaine, ce n’est pas la langue qui parle, ce n’est même pas un sujet qui parle mais « l’invité » qui, en son fauteuil, organise à son gré la transhumance cathodique du sens. C’est un corollaire du « Tout vaut tout » actuel dont l’équivalence pragmatique (logique de la pratique et des échanges) est malheureusement le « Rien ne vaut rien ». En effet, si la situation actuelle des Noirs de France est nommée par le mot « apartheid », c’est l’apartheid lui-même, en tant que fait réel de l’histoire sud-africaine qui n’a plus de signification propre et n’est plus rien dans l’Histoire humaine. Si la signification se perd dans l’abus facile de mot, c’est la chose qui alors n’existe plus : quand toute situation sociale et politique est nommée « apartheid » (pour faire peur ou parce que l’on n’a rien à dire), la réalité que fut l’apartheid n’a plus sa place dans l’épaisseur d’une histoire singulière et dans l’Histoire humaine tout court. Or je voudrais que l’on respectât ces Noirs d’Afrique du Sud qui, dans leur chair et leur amour-propre d'hommes, ont souffert le déni d’être et d’existence pour cause d’être nés noirs ou d’avoir contesté, au prix de leur vie, le « développement séparé ». Nelson Mandela mérite mieux que l’assimilation vulgaire de son sort d’avocat humilié sous l’apartheid au sort d’un avocat noir vivant aujourd’hui en France dans l’abondance des affaires traitées ou dans la dignité d’un plaidoyer écouté par des juges blancs. Puisque Yasmina Benguigui s’occupe de cinématographie, je lui conseille de voir le film Le Cri de la liberté (1987) qui évoque les événements de 1975 en Afrique du Sud (que d’ailleurs la France a longtemps « boycottée »). Elle viendra ensuite nous dire à la télévision si elle y a vu une commune mesure entre le sort fait aux Noirs dans l’Afrique du Sud de l’apartheid et le mien, le sien ou celui de tout autre Noir de la France de l’aube du XXIe siècle. Au moins sur ce point précis, on m’accordera que la France du XXIe siècle n’est le sanctuaire ni de l’esclavage ni de la ségrégation ni de l’apartheid. Que Yasmina Benguigui se taise ou aille s’informer avant de pratiquer l’abus de mot, la dissolution du sens et l’indistinction des choses ! Que chaque chose reçoive son mot propre et la maison de la pensée sera bien gardée ! Voyons ! Un peu de décence dans le sentiment, madame ! Un peu de discernement, condition du passage du sentiment au jugement.



6°) Dans le même ordre de critique, abordons maintenant le grand tour de passe-passe idéologique qui consiste à faire croire que tout Noir de France, parce qu’il est de la « minorité visible », est nécessairement dominé, délaissé, déshérité à cause de sa couleur. Voire !



D’abord, il faudrait savoir si cette croyance inclut les DOM et les TOM. Que je sache, dans ces régions de France, les Noirs sont plutôt « une majorité visible ». Un Français martiniquais et noir n’est pas membre d’une « minorité visible » en Martinique. Ou bien faut-il que la France, selon les latitudes, le traite tantôt en « minorité visible », tantôt en « majorité visible » ? Tantôt encore, vu que l’idéologie du microcosme ne prise pas le grand nombre, faudrait-il que la France-en-Martinique le traitât en « majorité invisible » ? Ici encore, nous frôlons l’absurde. Il ne faut pas enterrer l’homme sous la couleur de sa peau. La couleur de la peau n’est qu’une variable de la représentation économique et sociale de l’individu, elle n’est jamais l’être.



Ensuite, il ne me semble pas que les Noirs qui sont footballeurs professionnels en France soient vraiment des dominés et des pauvres. On a rendu public (journal Le Parisien, 24/03/2006) le salaire de Bonaventure Kalou, l’avant-centre ivoirien du Paris-Saint-Germain (sans les primes de match ni les avantages directs et indirects induits par l'image publicitaire du joueur). La somme étant étourdissante, j’ai pris une calculatrice pour constater que, quelques années seulement après avoir appris à courir « balle aux pieds » sur des pelouses bien tondues, ce jeune Noir gagne en un mois ce que je gagne en cinq ans, après plus de trente ans de craie blanche et de tableau noir ! Beaucoup de Blancs sont comme moi, le Noir, financièrement inférieurs à ce Noir de France pavoisant. Quand on les compare à Kalou le Noir, on devrait conclure que ce sont beaucoup de Blancs qui sont discriminés par des Blancs (par exemple les employeurs de Kalou, qui, à ma connaissance, sont des Blancs). Or il y a beaucoup d’autres Kalou en France. On ne les trouve pas seulement dans les comptabilités du football et des autres sports spectacle mais aussi dans différents secteurs de la vie économique et sociale, qui abritent de semblables inversions de rapports sociaux des couleurs de peau. À partir de l'exemple de Kalou et de ces sports spectacle de masse, je pourrais même généraliser et dire qu'en France (je ne parle que de la France, que je connais) « gagner du fric » et vivre nettement au-dessus de la moyenne en tapant dans un ballon sont aujourd'hui indépendants de la race et du racisme. Ils n'ont, par conséquent, pas besoin de "discrimination positive". En effet, où est la « minorité visible » déshéritée, discriminée, là-dedans ? Où est la domination dont sont victimes les seuls Noirs de France parce qu’ils sont noirs ? Vous le voyez comme moi, la « question noire » de France est plutôt une affaire de sable mouvant économique et social. Les lignes de partage socio-économiques bougent sans forcément tenir compte des couleurs de peau. Quiconque n’a pas l’honnêteté de l’avouer embrasse la pure idéologie ou la démagogie de bas étage et fort facile ! Son jugement est dévié de son objet parce qu’il porte sur autre chose que l’objet qu’il vise.



Enfin, il existe aussi et surtout ce qui est sous-jacent à cette idéologie qui généralise la discrimination des Noirs de France, à savoir l’absence de la conquête des media par les Noirs, principalement celle de la télévision : des Noirs veulent que des Noirs soient « vus à la télé », à défaut d’y être eux-mêmes vus, croyant, par cette solution du spectacle, résoudre la « question noire ». Mais que peut-on en penser ? Il est vrai qu’on voit peu de Noirs à la télévision, cet « autre monde », fort obscur et opaque, fait d’autres règles qui échappent d’ailleurs à toute considération sur la couleur de la peau. Les valeurs de la télévision dérogent d’elles-mêmes aux valeurs morales et économiques auxquelles nous sommes (Noirs ou Blancs) habitués par les règles communes et publiques de la vie de la Cité. Mais les Noirs de France ne peuvent-ils pas vivre heureux sans faire une fixation sur la couleur de peau de l’image qui occupe ce si médiocre espace de liberté de pensée qu’est le « petit écran » ? Au demeurant, à propos de cette exigence de Noirs télévisés, il faudrait s’assurer que nous ne naviguons pas dans la marge qui sépare le désir du besoin et dans cette autre marge qui arrache le désir lui-même à sa scène naissante et qui provoque sa démultiplication à l’infini : parce qu’il est subjectif, le désir n’a pas de limite et est relatif. Là où j’estime qu’il n’y a plus lieu de désirer, un autre peut, poussé par le désir lui-même, désirer plus, par exemple, réclamer sa part imaginaire d’un gâteau (télévisuel) imaginaire. Désirer la « télé » n’est pas une poussée de la structure mais de la superstructure. Comment alors avoir la preuve que ce n’est pas un tout petit nombre de Noirs de France qui désire être vu sur le « petit écran » et que cette aspiration à être absorbé par la télévision n’est pas le désir d’une minorité de la minorité « visible » noire de France ? Il est vrai aussi que, tout compte fait, nous n’en sommes qu’à la première génération de Noirs activement et durablement installés en France et que les Noirs n’ont pas encore l’entregent qu’il faut pour entrer massivement dans les studios de la télévision. Mais on pourra afficher autant de Noirs « visibles » que l’on voudra à la télévision, on ne pourra cependant pas faire que des Noirs de France ne soient plus discriminés, à cause de leur couleur, devant le logement, devant la présentation à « l'entretien d’embauche », à l’entrée des discothèques. Ici, l’écueil s’appelle le racisme, que, par sa genèse dans les consciences, par son enracinement dans le magma insaisissable des préjugés, les lois de la Cité ne peuvent éradiquer, ce qui ne signifie nullement que le « donnant donnant » des différences collectives ou personnelles ne puisse contrecarrer les effets des formes variées et sournoises du racisme. Le CRAN, dans la ville, et des Noirs « à la télé » ne seront d’aucun secours contre les sources primitives du racisme ou les sas cachés que celui-ci sait emprunter pour nuire. Déléguer des Noirs à la télévision n’a pas plus de portée que de lire un conte de fée aux enfants. Toutes les petites filles qui ont lu Blanche Neige ou qui ont vu Blanche Neige et les sept nains ne sont pas et ne deviennent pas Blanche Neige, « la plus belle de toutes ». Du reste, si la « distanciation » (qu’on lise Brecht) est la marque de l’artifice de l’art, la représentation esthétique (fable, conte, théâtre, opéra ou film) de Blanche Neige ne doit être, pour le lecteur, l’auditeur ou le spectateur, que représentation. Par conséquent, la télévision étant un spectacle, la distanciation doit valoir aussi pour la représentation qu’on y donne(ra) du Noir. D’où il résulte que le Noir, bien installé dans son canapé pour regarder « la télé », doit savoir qu’il n’est pas « le Noir montré ». Toute autre perception qu’il aura de sa place sera erronée et le vouera à la déception la plus destructrice, lorsqu’il constatera l’écart permanent et abyssal qui le sépare du Noir qui est sur la scène « médiatique ». À supposer même qu’« être vu à la télé » soit une solution du problème noir, tout le monde doit être capable de déduire que tous les Noirs ne seront jamais vus à la télévision. Donc… Non, l’image adoucie et imaginaire du Noir montré ne peut pas résoudre le problème posé par la prégnance du racisme, qui est cruellement présent. Quelques Noirs montrés à la télévision ne feront pas le printemps de la solution politique et sociale des Noirs de France. Sous ses formes multiples, l’écueil du racisme résiste sournoisement à la dérisoire mise en scène factice du Noir dans le « petit écran ». Pour le contourner, il faut autre chose que la monstration esthétique de quelques Noirs même beaux et télégéniques.



B) Pour continuer l’étude de la configuration idéologique qui enserre la « minorité noire » de France, j’ai quelques mots à ajouter. C’est à propos de l’un des membres fondateurs du CRAN : Louis-Georges Tin. J’ai écouté, au mois de janvier 2006, ses interventions à une émission d’Arte, la chaîne de télévision franco-allemande, à l’occasion d’un théma : « Y a-t-il une question noire ? ». J’ai lu aussi un de ses textes : « Êtes-vous communautaristes ? Quelques réflexions sur la rhétorique « anti-communautaire » », ainsi que des interviews. Sa prestation sur Arte m’a forcé à formuler les remarques générales et les questions suivantes.



1°) Louis-Georges Tin ment par omission : il a oublié de dire qu’il est passé par la seule voie qui sauve en France (quand on n’est pas héritier ou rentier), à savoir le travail, en tout cas, si l’on se limite aux actions ordinaires des citoyens honnêtes et probes. Louis-Georges Tin a eu, en effet, un parcours élogieux et fulgurant, celui de la construction de soi par le travail, la sueur, la privation. Lui, le Noir, qui s’en prend à la France de la discrimination de la « minorité noire », a une carte de visite qui ferait pâlir une foule de Blancs de tous âges et de toutes conditions. Sous la plume de Sophie des Déserts, le Nouvel Observateur du 15 décembre 2005 nous apprend de lui que « Sa peau de Martiniquais lui a fait, elle, la vie la plus douce : enfance studieuse de fils de profs à Rivière-Salée, mention très bien au bac, départ pour la métropole à 17 ans… Hypokhâgne à Henri IV, Normale Sup, Louis-Georges Tin, professeur agrégé, spécialiste de la Renaissance ». La France étant ce qu’elle est par ses institutions et ses lois, Louis-Georges Tin a réussi le parcours scolaire et universitaire « de rêve » que la Nation, honorant le mérite depuis Condorcet et l’abbé Grégoire, propose aux enfants de toutes les couleurs qui sont capables d’en assumer les difficultés de tous ordres. Son état de Français est ainsi fait que, par ses diplômes et ses titres, toutes les portes de France lui sont aujourd’hui ouvertes. Même les portes de l’étranger, puisqu’il est professeur associé d’une université britannique. Avec ou malgré sa couleur de peau, dont il semble dire qu’elle est un malheur du Noir de France, dès qu’il montre sa « carte de visite » de Français peu banal, il occupera une position dominante (qu’il ne doit qu’à lui-même) et dominera un nombre considérable de Blancs (et de Noirs). J’aimerais savoir quel Blanc lui a barré la route pour délit de race, quelle discrimination l’a ségrégué… Je ne serais pas étonné qu’un jour il soit nommé, en tant que « personnalité qualifiée » ( ?), membre de telle Commission nationale dédiée au sort du « monde noir » en France ou dans le monde. J’aimerais savoir aussi quel Blanc, après avoir reconnu le malheur de la race noire, après avoir pris en pitié les déficiences de race de ce Noir, a proposé qu’on l’aidât par une « discrimination positive ».



Nous en sommes là : parce qu’il a « payé de sa personne », Louis-Georges Tin a et est. Il le sait, et sait, par conséquent, très bien qu’en France le talent, le mérite et le travail sont trans-raciaux au regard de la coutume, de la loi et de l’éthique qui orientent cet État laïque qui n’est plus d’« ancien régime ». Cet homme est assez instruit pour s’apercevoir de lui-même que ce qu’il appelle « la question noire » n’a jamais existé pour lui, qui est pourtant un Noir. Néanmoins il a osé dire : « je constate que la France n’est guère prête à aider les populations noires qui sont pourtant largement discriminées » (Interview au Journal Internet Le Mague). Comment un homme de ce niveau intellectuel peut-il, sans arrière-pensée, dire cela, alors même qu’il est le contre exemple de ce qu’il affirme ? Relevant cette étonnante contradiction entre ses savoirs de Noir bien formé, qui lui viennent de l’école de France, et ses paroles, qui nient que la France soit « prête à aider les populations noires », je suis poussé à me demander qui parle réellement en lui quand il tient de pareils propos. Là encore, je crois pouvoir conclure que son projet d’intervenir dans ce qu’il appelle « la question noire » a tout l’air de « porter sur une réalité différente de celle qu’elle vise ». Son intervention est idéologique car elle porte sur un monde noir qu'elle imagine.



2°) Pour réaliser ses projets, Louis-Georges Tin veut que la République française reconnaisse officiellement l’existence d’hommes définis par leur couleur de peau. Mais à l'écouter discourir sur l’état qu’il veut pour les Noirs de France, je remarque surtout qu’il est un moussant déverseur de paralogismes et de sophismes. Il dit : «  il y a des traditions antiracistes qui disent : il n’y a pas de races - tout le monde est d’accord - donc pas de Noirs et, par conséquent, pas de problème noir non plus ». Il fait croire qu’en déclarant que des Noirs vivent en France on se donnera les moyens d’y résoudre le « problème noir ». Il fait croire aussi que la « question noire » est due au fait que les Noirs ne sont pas recensés et que, par conséquent, cette « question » ne peut recevoir une réponse satisfaisante que si on compte les Noirs. Je vais essayer de voir ce qu’il en est, en soumettant sa démonstration à une enquête de logique.



La citation précédente est un paralogisme, le plus pernicieux, que je vais commenter et pousser à ses ultimes implications.



a) Que Louis-Georges Tin aille (re)voir durant combien de siècles - aux colonies - la connaissance de l’effectif des Noirs vivant légalement sur le sol d’un État a maintenu ceux-ci dans l’esclavage et, plus tard - aux USA - combien elle a rendu facile et ignominieuse la ségrégation raciale. Un exemple ne vaut pas argument mais il peut, en attendant, valoir contre-exemple et servir à retenir certains Noirs de dire des paroles creuses destinées à faire croire que, par une arithmétique simple, l’on a la solution du « problème noir » de la France. Compter la couleur des épidermes ne résout rien dans le domaine de la politique. De surcroît, la politique a aussi horreur du vide, qu’elle remplit d’émeutes « aveugles » quand les élites propagent ou proposent de faux moyens de solution de problèmes qu’elles ont mal posés. Il n’est pas logique de tirer du recensement des Noirs l’acte politique effectif et efficace qui les sauverait. Or même si l’action politique n’est pas de l’ordre de la déduction logique mais du tâtonnement pragmatique, il n’est pas interdit à un homme politique d’être logique dans les raisonnements qu’il tient ordinairement.



b) D’ailleurs a contrario, bien qu’on n’ait pas compté les Noirs pour en faire une « communauté », le Noir qu’est Louis-Georges Tin a réussi là où beaucoup de Blancs ont échoué. Tin, noir de teint (c’est un métis), a bien dû se donner les moyens de résoudre par lui-même, c’est-à-dire en travaillant, son « problème » de Noir, et ce, sans le secours d'une déclaration de « couleur de peau » à l’état civil. Cependant étant donné que nous ne vivons pas dans une civilisation de l’oral mais de l’écrit, ce que veut Monsieur Tin (et le CRAN) ne peut exister en France que par un acte civil de droit, voté par le Parlement, qui proclame qu’en France existent des hommes singuliers que l’on déclare légalement noirs et qui, par cet acte juridique même, sont sortis du noyau d’égalité universelle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Car c’est bien ce que lui et ses amis nous demandent, en ce début du XXIe siècle, plus de deux cents ans après la Révolution universaliste française et la déclaration de l’existence d’un homme universel : ils veulent qu’à l’état civil des parents aillent déclarer qu’ils ont donné naissance à un Noir. Voilà ! La belle histoire ! Pour que nous soyons plus « visibles » encore, il faut que vous nous comptiez, messieurs les Blancs ! Inscrivez-nous en mairie ! Louis-Georges Tin veut que le droit dise le gène ou que le gène devienne droit. L’identification de cet être singulier qu’est le Noir devant être complète, la Nation, par la loi, dira aussi où et comment trouver ces Noirs, de qui ils naissent, soit donc le recours à la génétique et à la race. Par un « Code noir » approprié au XXIe siècle, la Nation française doit donc de nouveau discriminer (positivement, paraît-il…). Au passage, je remarque qu’il faudrait compter aussi les Blancs et, pour être juste, que le gène blanc devrait aussi devenir un droit. Lequel ? Quel serait le droit des Blancs, qui serait le corollaire politique du droit noir issu du comptage des Noirs par les Blancs ? On aura remarqué que ce sont les Blancs qui, en position de supériorité de fait et de droit, devraient régler par le droit cette inégalité à la Louis-Georges Tin. Sa grande découverte ! Sa grande contradiction ! Mais la cohérence et la vérité viennent vite nous remettre sur le droit chemin : si tous les hommes sont égaux, la discrimination - même « positive » - est interdite. C’est là une conséquence nécessaire de l’égalité universelle elle-même. Plus généralement, qu’elle soit négative (ce qui est un pléonasme) ou « positive » (ce qui est idéologique), toute discrimination sociale ou politique est toujours négative parce qu’elle procède de l’affirmation et de la reconnaissance explicites ou implicites d’une inégalité parmi les hommes. Cum inter homines, omnis dscriminatio injustitia est.



c) Cependant, pourrait faire remarquer n’importe qui, les gènes des races circulent librement, se rencontrent au hasard de l’amour puis se croisent. Et les métis alors ? Qui a le droit de leur affecter une race ? À la naissance, qui a le droit de les déclarer juridiquement appartenir à une race plutôt qu’à une autre ? À la mairie, quelle couleur leur affecter pour la vie ? Quelle est la légitimité de cette décision d’octroyer une race à un individu qui hérite de deux races ? Corsons la difficulté : quand un métis naît de deux « minorités visibles », laquelle fait de lui une « minorité visible » ou plus « visible » ? Est-il doublement « visible » ? On le voit, c’est absurde. Nous délirerions, si nous devions déclarer et compter les Noirs de France.



d) Voilà, c'est certain, ce qui nous ferait revenir aux « races humaines » de Gobineau, pour ne citer que celui-ci. Je ne sais pas si Monsieur Tin est conscient des implications immédiates juridiques, pratiques, humaines - et absurdes - de son projet politique de déclarer l’existence légale d’une communauté désignée et nommée par sa couleur de peau. En France, on dira désormais et écrira : « NOIR », sur nos fiches d’état civil. Un raciste n’aura même plus besoin de voir un Noir pour le savoir noir. Cela se lira sur la carte d’identité de l’absent. Mais absent, il aura tort. Ainsi aura-t-on bien travaillé pour le compte de ce raciste. Non, je ne veux pas être ce travailleur de la race. Les nazis avaient commencé leurs « œuvres » en scrutant les arbres généalogiques des Allemands. Qu’on se souvienne des lois de Nuremberg ! Allons même au bout de la logique des paroles de Tin : puisque, même en tant que « minorité visible », nous devons être comptés et recensés pour exister réellement, pourquoi ne nous ferait-il pas circuler désormais, nous les Noirs, dans les rues de France avec un signe visible collé sur notre paletot : l’insigne « NOIR » ? Comme ça, nous serions en état de dénombrement « visible » permanent. Puis, si l’histoire devait un jour « bégayer », peut-être serions-nous disponibles pour un « Achtung ! Neger ! », etc. La France reviendrait à l’automne 1940 et au sort qu’on y fit aux Juifs frappés par le « statut ». Ainsi Louis-Georges Tin, par sa demande et son raisonnement, vient-il aussi d’ethniciser une question politique et morale. C’est faire fausse route. Au demeurant, tout le monde sait que la France a, depuis longtemps, subsumé l’ethnie sous le Peuple et la Nation. Là encore, si l’on se trompe dans l’identification de la nature d’une question, le vide règnera, quand on voudra agir. Heureusement, la République (du moins aujourd’hui où elle a encore assez de ressource morale pour veiller sur elle-même et résister politiquement) n’osera pas, n’osera plus, une telle absurdité juridique. L’Égalité universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen nous protège encore de cet avatar de la raison dissipée ou intéressée de ce « représentant » (?) des Noirs de France.



Je ne veux pas d'une génétique qui tienne lieu de politique.



e) L’objection la plus importante est peut-être celle-ci, lapidaire : Pourquoi nous déclarer en mairie et nous compter ? Il ne faut pas un effort surhumain au regard des autres pour voir que nous sommes noirs. Nous sommes là, présents et agissants. On nous voit. Cela ne devrait-il pas suffire ? Pour le reste, le mérite, le travail, la connaissance (par l’école) et la compétence surpasseront aisément la contingence de la couleur et le comptage ethnique.



Louis-Georges Tin nous a asséné, ce soir-là, sur Arte, un second paralogisme, qui est même un sophisme, que je pourrais présenter ainsi : Moi, Louis-Georges Tin, j’ai réussi malgré la barrière de l’impossible que les Blancs ont dressée sur mon parcours (puisque je suis noir), mais vous - les autres Noirs de France - vous n’avez pas pu réussir. Alors, je vous prends en charge : Suivez-moi ! Je dirais même qu’il se grise (avec d’autres) de sa position d’élite de fait et qu’il pratique avec mépris les autres Noirs à qui il dit implicitement ceci : Proposition A : Vous n’êtes pas capables de vous en sortir tout seuls parce que vous êtes noirs. Proposition B : Il faut vous faire compter en tant que Noirs. Proposition C : Pour qu’un tiers - l’État blanc - vienne vous délivrer de votre mal d’être nés noirs. Mais on remarque sans peine que : primo, il n’y a aucun lien logique entre les trois propositions. Secundo, le raisonnement qui relie A, B, C non seulement est faux mais encore cache ce que je vois comme une démagogie. En effet, il n’enseigne pas la voie rude de l’effort et veut entraîner derrière lui la foule des laissés pour compte noirs, que la facilité apparente proposée par ce raisonnement pourrait séduire et qui, en réalité, ne doivent pas forcément, ni même seulement, leur sort au seul fait qu’ils sont nés noirs. Ce raisonnement latent et son expression manifeste par une déclaration politique apparemment anodine sont captieux. Ils instrumentalisent les laissés pour compte noirs. C’est le propre d’un sophisme que de tromper autrui par un faux raisonnement fait à dessein d’abuser intellectuellement de lui et de le manipuler.



En raison de tous ces défauts de son raisonnement, Louis-Georges Tin n’est pas qualifié pour me représenter et parler en mon nom.



3°) Cette émission d’Arte sembla finalement avoir eu comme mission de présenter le CRAN, « petit nouveau » du paysage noir du PAF (paysage audiovisuel français), en montrant son cofondateur, Louis-Georges Tin, brillant dans l’éclat des mots, qui opposa, ce soir-là, le vocable de « transversalité » à ce qu’il rejette, à savoir « l’universalisme » français. Pour sauver les Noirs de France, il veut « la transversalité qui permet d’accueillir les différences, ce que l’universalisme, dont parlent certains, ne permet pas toujours de faire ». Il s’agit maintenant, dans la suite de mon propos, de démontrer combien ce vocable de « transversalité », quoi qu’en dise son inventeur, est objectivement excluant et discriminant parce qu’il est nécessairement adossé aux mots de communauté et de « communautarisme ». Il s’agira aussi de montrer combien la « transversalité » nous éloigne de l’esprit critique, et accueillant, qui est à l’œuvre dans la construction du concept d’universalité. Mais auparavant il me faut enquêter sur « l’universalité » qui fonde l'universalisme français et occidental, afin de mettre à l’épreuve ses effets. Nous fouillerons cursivement dans une partie de l’histoire de la pensée qui a fondé l’occident d’aujourd’hui et un fragment de l’histoire politique récente pour voir d’où vient l’universalité, ce qu’elle a promis et ce qu’elle peut encore promettre aujourd’hui.



Quoi de plus facile que de promouvoir la « transversalité », mot qui entérine le commerce immédiat d’échanges des besoins. Ce terme enregistre l’expérience quotidienne évidente et donne un nom à la constatation immédiate, celle qu’un enfant peut faire par l’observation naturelle. Certes un enfant peut se satisfaire de l’évidence donnée par des communautés qui vivent leur juxtaposition dans l’indifférence réciproque. Mais un homme fait, qui prend en mains un projet politique de transformation des rapports sociaux, doit-il se placer du point de vue de l’enfant et de la foule des êtres sensibles ? Non. Sauf que la « transversalité » de Louis-Georges Tin, qui n’est pas un enfant ni un innocent, est le vocable adouci qui prépare ou cache l’idéologie communautariste et ses effets indésirables. C’est un mot qui est prononcé à titre de fondement d’une doctrine communautariste de la gestion de la « question noire ». Au surplus, ce mot consigne les différences autocentrées qui rendent impossible la fusion des vécus ; il est symptomatique d’une représentation essentiellement agonale des rapports sociaux. Ce mot n’est pas un concept parce que l'élaboration d’un concept exige le dépassement des différences constatées, la recherche de « l’unité cachée sous la multiplicité » (Platon). C’est pourquoi, puisque nous parlons de politique depuis le début de cette conférence, la difficulté se dressera alors devant qui veut concevoir l’universel, le concept qui dépasse les particularités et les particularismes, mais aussi qui, à la manière de l’horizon, s’éloigne toujours de son poursuivant. Après tout, la « transversalité » de Louis-Georges Tin n’est qu’un mot qui sert à habiller passivement la juxtaposition factuelle des groupes ethniques nombreux et variés qui vivent actuellement en France. L’idée adéquate que fixe ce mot s’accommode passivement - c’est facile et c’est sa faiblesse - du multiple désordonné de leurs vécus bruts et anguleux. Citant Gaston Bachelard, je dirais que la « transversalité » est « donnée par l’entraînement naturel », lequel enseigne d’abord et toujours la perception naïve de la juxtaposition « bigarrée », « rhapsodique » (Kant) des choses et des gens. Dans le contexte où l’emploi Louis-Georges Tin, la transversalité revient à papillonner dans une banque de coutumes hétérogènes, parfois foncièrement antinomiques, sans en extraire des valeurs communes nécessaires à la cohésion d’une nation. Dénommant avec précipitation, sans affronter l’écueil de la conceptualisation, la « transversalité » fait mot de la chose donnée par l’attitude naturelle. L’universel, lui, est construit. Dans le domaine de la politique, comme d’ailleurs dans celui de la science ou de la philosophie, l’universel est même à construire. Il appartient à un devenir historique indéfiniment ouvert qui réclame l'énergie du héros, l’épreuve, le risque, l’acceptation du sacrifice, « la patience du concept ». Par l’universel, et par lui seul, peut se faire la coexistence pacifique et constructive des différences et des contraires, à tout le moins, à titre d’idéal moral, celui que Martin Luther King, impressionnant et poignant à en faire pleurer, prôna un jour d’août 1963 dans la certitude inébranlable que la non-violence vaincrait. « Je fais un rêve Je fais un rêve ». Ce jour-là, devant le Lincoln Memorial, le discours de cet assembleur des couleurs de peau résolvait la question des différences en incluant dans ses mots l’universel qui en fondait l’humanisme et en légitimait la portée politique incommensurable. Ce discours est un modèle par l’universel sans temps et sans pays qu’il met en scène pour les générations de toutes les races. Louis-Georges Tin se réclame de Martin Luther King. Mais qui se réclame du petit pasteur noir ne doit point négliger de toujours relire entièrement ce texte fondateur et de comprendre que cette ode à la liberté et à la « creative suffering » (la souffrance créatrice) convie à aller jusqu’au terme extrême de ses paroles dépourvues de toute haine et de toute vengeance. Celui-là doit alors relire le dernier paragraphe - à mes yeux, le plus profond et le plus poignant, parce qu’on sait que c’est le rêve le plus difficile à réaliser - afin d’y découvrir ce qu’un homme noir, au plus fort du vécu immédiat de la négation de son humanité par le Blanc du sud de l'Amérique, peut encore trouver en lui de sublime pour dépasser ce vécu et proposer l'universel à l’humanité des races, des peuples, des religions et des identités. Ils l'entendirent leur dire : « Quand nous aurons fait résonner la liberté, nous serons en mesure de hâter la venue de ce jour où tous les enfants de Dieu, Noirs et Blancs, Juifs et Gentils, Protestants et Catholiques, pourront se donner la main ». Même les « Gentils » ! Même les « Gentiles », contre lesquels guerroie la Summa contra Gentiles de Thomas d’Aquin, sont conviés à la célébration de cette réconciliation de l’humanité avec elle-même ! Seulement, les « Gentiles » de Thomas d'Aquin formaient le groupe des hérétiques et de tous les non Chrétiens, dont les Mahométans et les Juifs. La Summa rangeait les « Gentiles » parmi les infidèles, les impies, les païens de toutes les nations, que Thomas voulait réfuter et « confondre », c'est-à-dire réduire à néant. Or l’exégèse du discours de Luther King veut qu’on y voie que, huit cents ans après la Summa, et sans les arguments de la démonstration, tous les hommes sont instantanément rangés dans le peuple de « tous les enfants de Dieu ». Des « enfants de Dieu » laïques en sont donc nés ! Au demeurant, il n’aura échappé à personne que, Mahométans ou païens, les « Gentils » de Luther King sont cités après les Juifs mais aussi avant les deux états de l'homme chrétien. Mais si, chez Thomas d’Aquin, la raison, avant et afin de les réunir, discriminait les hommes au nom de la foi catholique et de l’existence (démontrée par raison) du Dieu unique, chez Luther King, en revanche, c'est le cri de la liberté qui crée sur le champ l’humanité nouvelle des sous-ensembles humains désormais sans distance. Tout se passe comme si l’action, en marchant, prenait de vitesse la théorie, comme si les « chemins de la liberté » étaient parcourus plus vite (Luther King) qu’il ne faut de temps à la longue gestation des affaires de la raison (Thomas d’Aquin). Toujours est-il que là-bas, à Washington, ce jour d’août 1963, en terre de ségrégation, c’est dans le même mouvement humaniste que la différence des religions et la différence des races, toutes les différences en somme, ont été dépassées simultanément et résolues spontanément en une formule qui proclame l’universel de la « nation ethnique » humaine. Pouvons-nous espérer cela de l’attachement à la différence ? Non. La différence autocentrée, qui sert de fondement à tout communautarisme, n’a pas de limite ni de frontières : tout peut s’affirmer différence et se donner à exalter. Alors cette différence divise. En revanche, après ce discours de Luther King, qui a infléchi le cours du monde et restitué immédiatement à l'homme son universalité disloquée et martyrisée par l’Histoire, aucune communauté de race ou de religion ne doit désormais camper sur sa différence, la clamer avec plus ou moins de ressentiment et, ensuite, réclamer, avec plus ou moins de violence (verbale ou physique), la part d’identité autocentrée par laquelle elle se tient à distance conflictuelle des autres. Toute communauté de race ou de religion est invitée à d’abord donner (« se donner la main ») et ce, sans la proclamation préalable d’un droit sans fin à la différence et d’un droit jaloux de la propriété de soi. Recevez mais en donnant ! Dans l’échange éthique et sociétal dessiné par l’universel, le droit à la différence viendra du dû réciproque des différents. Ainsi par anticipation, en 1963, la vengeance de nos Noirs de la France d’aujourd’hui (ceux qui développent les arguties irrecevables de la « concurrence victimaire ») s'est-elle muée en cœur d’accueil devant le Lincoln Memorial. Cette année-là, la « transversalité », confuse et dangereuse, du début du XXIe siècle noir français, a été réfutée par avance au profit de la reconnaissance de l’unité essentielle du genre humain. Aujourd’hui, il faut congédier cette « transversalité ».

Martin Luther King n’avait pas une vision agonale des rapports des communautés mais plutôt faisait signe aux semblables de toute la terre et de toutes les couleurs. À condition de ne pas voir une signification seulement locale, tribale ou exotique dans l’expression « le Sage de l’Afrique » qui le qualifiait, Félix Houphouët-Boigny montra de tels moments d’universel dans ses actes et ses paroles pour la Paix (qu’il pensa toujours en majuscule ; la majuscule de la majesté). Oui, la « transversalité », qui s’adosse à l’exposition (« mostra ») préalable des différences, est le terrain favorable à l’exaltation de « l’amour de soi-même » et de « l'amour propre intéressé » (au sens que Rousseau donne à ces expressions dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes). Elle libère les concurrences brutales et rend possibles les ravages du ressentiment ou des vanités, d’où ne peuvent naître que l’explosion communautariste, le conflit, la guerre des races. Ni la juxtaposition ni la somme arithmétique des différences ne fait une nation. Et il est aisé d’illustrer par l’Histoire le fait que, chaque fois que la différence autocentrée a été posée comme traverse de la charpente des nations, la nation qui l’a fait a erré ; aisé d’illustrer aussi le fait que l’humanité, elle, a alors perdu, s’est perdue, a régressé. Ainsi en est-il de la phase nazie de l’Histoire, qui avança sous sa différence aryenne autocentrée, qui divisa les hommes en commençant par leur attribuer une différence essentielle afin de consolider la sienne. Cela nous valut tous ces millions de morts. Puis, la capitulation allemande signée, ce fut la régression vers la terreur thermonucléaire des deux « blocs » de la guerre froide : un « rideau » fut baissé au milieu de l’Europe et, par conséquent, du monde, un « mur » fut érigé dedans Berlin occupée. L’humanité ne fut plus une mais deux. Vous parlez d’une « transversalité » accueillant les différences des groupes, des peuples et des races ! En mode « transversalité », il y aura toujours l’écueil d’une différence différenciante, celle qui, récalcitrante ou hégémonique, par intérêt égoïste ou par autocentrement séparatiste, creusera l’écart des différences naturelles ou acquises, qu’elle détournera alors à son profit. La destination fréquente du communautarisme et du particularisme triomphants est l’abîme. On sait que les nazis cultivaient le « Stamm » (la race) et la « Sippe » (la parenté). Donc : Attention ! Seul l’universel de l’État ou de la Nation est le rempart salutaire, la maxime régulatrice qui nous fera échapper à l’écueil de la fragmentation de la communauté politique par le conflit ethnique. Martin Luther King n’a pas pris la voie de la transversalité et du communautarisme. Il a pensé -pensé, tout simplement- la différence de sa condition d'homme nié, sans en faire une valeur d’exaltation de race, sans en faire une donnée préalable de la mise en œuvre du « bien vivre ensemble », mais en l’incluant dans l’unité d’une humanité intangible qui préexiste à toute différence. Là, s’offre, dès lors, à nous le terreau d’où émerge le grand homme de l’histoire, « l’individu historique » dont parle Hegel. Dépassant le pathos, Martin Luther King déchiffra le concept : la souffrance -qu’il connut, lui- fut, chez lui, créatrice de cette unité et proposa l’universel de l’homme de toutes les couleurs et de toutes les religions désormais fondues dans les « enfants de Dieu » laïques. Martin Luther King a vaincu la division des hommes et des races sans diviser et sans guerre. Parce qu’il a donné au particularisme le statut de quantité négligeable et à l’universalisme la fonction d’une ouvreuse, son discours de 1963 a revu et corrigé le regard étroit qui sert trop souvent à fonder et justifier le cours de l’Histoire. Parce qu’il a vu l'Homme, il a dépassé le comptage ethnique désiré aujourd’hui, en France, par certains. Avec lui, l’humanisme a été fait principe d’inclusion, pendant que le communautarisme exclut en clamant le « moi, je » ethnocentriste de la différence autocélébrée. Certes la dénomination, étant une détermination, affirme et nie à la fois, ce qui s’appelle différencier. Par conséquent, le langage - ce phénomène qui fait et différencie l’homme de tout autre réalité - est le lieu de l’expression nécessaire de la première conscience de la différence. Kant nous a appris que c’est par le passage de « Charles » au « Je » que s’opère, chez l’enfant d’environ deux ans et demi à trois ans, la différenciation primitive, celle de laquelle dérive la conscience irréversible de la place qu’il occupe désormais au-dessus des « choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise » (Anthropologie du point de vue pragmatique, trad. Michel Foucault). Ainsi, par ces hommes qu’il nomme, le discours de Luther King est-il l’expression d’une série de différences : « Noirs, Blancs, Chrétiens, Juifs, Gentils » sont des énoncés de différences spécifiques connues, reconnues et partagées par et dans le langage même. Mais l’exclamation conclusive, qui les inclut dans un genre, leur soutire leurs différences de choses séparées, qu’elle élève au rang d’une synthèse de la Nation des enfants de Dieu laïques. Ici, n’est donc possible aucun communautarisme car il n’y a plus de différences que l’on puisse alors célébrer dans le cercle fermé de l’ethnicité. C’est l’artifice du langage, du mot et de la dénomination, que de réunir en usant de la division. L’image n’a pas cette propriété : deux images mises ensemble ne peuvent « parler » d’elles-mêmes ni, par conséquent, se réunir en une synthèse unifiante. La sphère des images ignore la fonction métalinguistique (Roman Jakobson). On doit pouvoir demander à l’homme politique -à celui qui, en l’occurrence et en France, se propose de proposer et disposer pour « le peuple noir »- de procéder semblablement à ce que fait le langage et à ce qu’en a fait Martin Luther King un 28 août, à Washington, lorsqu’il retourna le risque de communautarisme en un humanisme foncier, flamboyant et immédiatement opératoire. Ce n’est, du reste, pas un hasard ni une clause de style si la lettre de remerciement qu’il adressa à Joséphine Baker pour sa participation émouvante au rassemblement du Lincoln Memorial mentionne « l’humanisme » de la grande dame, qu’en elle il reconnut puis, par ce mot d’humanisme, se reconnut lui-même comme dans un miroir. Après l’été 1963, tout sera désormais l’œuvre de l’universel humain qui est en chaque homme. Par ce discours sur l’homme universel, les exactions scélérates du Ku Klux Klan ne seront plus irréversibles : les mots de la non violence les auront même fait basculer bientôt dans les pages marginales et négligeables des oubliettes de l’Histoire. Continuons (ou commençons, pour certains), chacun à la place qu’il occupe au sein de la Nation, d’imiter ce Noir illustre et digne que fut Martin Luther King jr, continuons d’acheminer les Noirs de France vers l’universel, lui qui veut l'unité, lui qui empêche les différences d’être autocentrées et centrifuges. L’universalisme endigue les différences agressives, qu’il empêche d’émerger sous forme de crêtes vives coiffant ces vagues inquiétantes qui charrient le mépris, favorisent les conflits, provoquent les escarmouches de toutes sortes. Je suis un universaliste. La démocratie que je défends est celle de la subsomption juste et équitable des minorités (quelles qu’elles soient) sous la catégorie régulatrice de Nation.



C) Mais il est vrai que l’universel n’est accessible qu’au penseur. Or depuis la mort ou la « retraite » intellectuelle des Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Martin Luther King, Kwame Nkrumah et, dans une mesure moins éclatante, Félix Houphouët-Boigny, le monde noir n’a plus de penseurs dans le domaine de la politique. Certes le monde noir du début du XXIe siècle est en mesure de nous offrir quelques (rares) figures remarquables de politiciens ad hoc, dignes, localement, de la « vista » de solutions sensées des problèmes de leurs pays. Nelson Mandela, pour l’Afrique du Sud, et Leslie Manigat, pour Haïti, en sont. Je crains de ne devoir clore la liste sitôt que je l’ai ouverte et cité ces deux noms. En tout cas, je concède de prendre un "joker", comme dans certains jeux de société. Les autres « leaders » noirs explosent en plein vol malhabile ou bien tombent comme des mouches en suivant les desseins politiques mal carrossés qu’ils ont eux-mêmes imaginés pour leurs peuples, qui ont cru en eux. Mais s’agissant de penseurs politiques au regard géo-aquilin, aux perspectives qui débordent la race et le contexte local, il faut reconnaître qu’il n’y a plus aujourd’hui ces Africains monumentaux qui, voici plus d’un demi-siècle, ont préféré le grand et large cercle de l’Homme au diamètre étroit, voire aux rayons courts, du Noir replié sur lui-même. Il n’y a plus ceux-là mêmes qui, au cours du demi-siècle écoulé, ont inauguré « la décennie des Indépendances », ceux-là mêmes qui furent capables, chacun dans la sphère qui lui était propice, de scruter leur présent historique difficile, humilié, incertain, pour y découvrir non la juxtaposition de communautés qui se regardent ou se méprisent à l’envi mais l’effectivité opératoire des catégories cachées et régulatrices de l’humanité universelle, condition de l’humanisme. L'humanisme est, en effet, un reste des différences : c’est ce qui reste quand on a soustrait au tout les différences qui écartèlent ses parties. Montaigne inaugure en France - et probablement en Europe, par conséquent, probablement dans le monde connu de l'époque - la catégorie rare du penseur humaniste. C’est lui qui nous a enseigné qu’il fallait voyager, qu’il fallait comparer et voir plus loin que la différence autocentrée, faire exploser celle-ci, avant de prétendre affirmer ce qui est universel. Montaigne a ainsi fait un tour d’Europe, a aussi lu les « relations » de voyages sur le sort fait aux Indiens par les Espagnols, puis a écrit les monumentaux Essais où se déploient les panneaux du triptyque fondateur de l’humanisme européen : l’acquis brillant du panneau gréco-romain (Renaissance), le panneau chrétien, hégémonique par les encycliques et les bulles, et enfin le panneau récent où s’est reflété depuis peu le visage nouveau de l’Indien. Pétri de sa culture et de sa civilisation, sûr de lui, Montaigne, qu’aujourd’hui nous (qui venons après Claude Lévi-Strauss) dirions « ethnocentriste », à la lecture de la citation qui va suivre, écrit que le peuple du Nouveau Monde, découvert par les Espagnols, est en retard puisqu’il est « si nouveau et si enfant qu’on lui apprend encore son a, b, c ; encore tout nu au giron de sa mère, et ne vivait que des seins de sa mère nourrice…cet autre monde ne fera qu’entrer en lumière quand le nôtre en sortira. L’univers tombera en paralysie ; l’un membre sera perclus, l’autre en vigueur » (in Essais, III, 6 « Des coches »). Mais c’est le même Montaigne - sorti, lui, du « giron de sa mère » - qui est capable de s’extraire de sa coquille européo-chrétienne pour aller voir l’autre, semblable, en son humanité. Il dénie alors aux conquistadors le droit qu’ils se sont arrogé quand ils détruisirent les Indes au prétexte que, étrangères à l’Europe et à la chrétienté, ces Indes étaient sauvages et barbares. « Je trouve, écrit Montaigne, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation les indigènes des Amériques, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage » (Montaigne, Essais, livre I, chapitre 31 : « Des cannibales »). Ce n’est pas là un regard transversal porté sur l’homme, ce regard qui eût laissé les Espagnols et les Indiens à leur jeu de massacre des différences autocentrées. Comme Socrate fut un « taon » qui voulut réveiller les Athéniens du sommeil où les fit tomber leur déliquescence morale et politique, le propos de Montaigne était plutôt une piqûre faite aux Espagnols pour qu’ils sussent l’existence d’un homme universel qu’en ce lieu - les « Indes occidentales» - l’on appela barbare par un jugement de valeur relatif. Ce fut une invitation de la différence et de la communauté, tant célébrées aujourd’hui, à la fête de l’espérance et de la réconciliation avec ce qui est humain en tout homme. Montaigne n’a pas choisi la facilité qui eût été de dire : les communautés sont là, je les laisse dans l’affirmation de leurs différences et ce, jusqu’à la mort, jusqu’à la victoire ou à l’extinction. Non, il a choisi la voie difficile et clamé l’invisible trait d’union d’humanité qui supprime l’écart visible des différences transversales. Ainsi l’ethnocentrisme de l'affirmation de l’Essai III vient-il de se neutraliser de lui-même en cette convocation de l'universel de l’Essai I. Cette acceptation de la différence s’est faite au nom de l'humanisme, c’est-à-dire au nom de l’essence humaine commune à l’Européen et à l'Indien d’Amérique. Commune à tous les hommes et à tous les peuples désormais. Autre tâche de héros du grand Montaigne : cette acceptation de l’autre s’est même faite contre l'intention et le fait politiques de la « conquista » déjà en marche victorieuse dès les incursions de feu, cubaines puis mexicaines, de Hernán Cortés. Il eût été si facile d’exalter le succès, au moins sur le plan technique, de la différence triomphante portée par la victoire des Espagnols. Juan Ginés de Sepúlveda (1490-1573) prit cette voie, lui qui expliqua la victoire des conquistadors par l’infériorité naturelle des Indiens. Montaigne ne prit point cette voie. Mais il est vrai que Montaigne était un penseur, qui a su extraire, en 1580-1588, l’universel humain de là où les hommes d’action de l’époque (princes, prélats, capitaines, activistes et vagabonds), depuis l’aube des années 1500, étaient incapables de le discerner parce que, avides de gloire, de pouvoir et de biens, ils étaient aussi, par le fait même de la conquête matérielle, incapables de s’en détacher et de chercher l'universel abstrait et lointain. Ainsi Louis-Georges Tin n’a-t-il pas compris que l'humanisme de l’universel n’est pas imposé du dehors par on ne sait quel Satan européen avide de colonialisme. Au contraire, c’est quand il n’y a pas encore ou qu’il n’y a plus d'humanisme que le colonialisme et l’esclavage trouvent leur terreau. Louis-Georges Tin n'a pas compris que l’humanisme de l’universel n’est pas venu d’une intention malfaisante, qu’il ne peut pas venir d’une intention malfaisante, laquelle est éthiquement son contraire. Cet humanisme vient de la reconnaissance du semblable dans l’autre, exigence qui vaut autant pour le Blanc que pour le Noir (de France et d’ailleurs). Cet humanisme est aussi la connexion postulée des vécus compatibles car nous savons que cette humanité des semblables n’est possible qu’à la condition de la réciprocité. Par conséquent, le Noir et le Blanc (j’ouvre une parenthèse pour vous confesser la torture que m’impose l’emploi de ces deux mots, mais j’y suis contraint), le Noir et le Blanc, donc, malgré le passé de l'esclavage, se doivent aujourd’hui cette réciprocité de la reconnaissance des vécus partagés plutôt que l’affrontement des souvenirs de leurs vécus inégaux. Dès lors, si l’on postule l’égalité des hommes, il est interdit de demander aux Blancs de compter les Noirs ; le comptage ethnique rompt la chaîne incolore du semblable. Inversement, ce n’est pas en s’arc-boutant contre sa différence vue dans sa communauté « visible » que le Noir de France pourra s’emparer de la place que l’universel historique attend de lui. Si le regard du Blanc l’en a empêché par le passé, il ne faudrait pas cependant que le propre regard du Noir sur lui-même lui ferme aujourd’hui l’accès à cet universel. Ce serait un comble !



Cherchons par conséquent l’universel du Noir d’aujourd’hui. Car quiconque accède à l’universel accède aussi directement à la résolution immédiate de ce qui pourrait être le problème de l’altérité de l’autre, lequel, dans le commerce immédiat que j’en fais, m’est d'abord « farouchement étranger » (Hegel). Alain, le Blanc (… je continue de souffrir…), dit alors mieux que Louis-Georges Tin, le Noir : « Pour moi je n’ai aucune peine à reconnaître mon frère humain sous ses variétés de couleur. A quoi aident les différences autour de soi dès qu’on les remarque ; car en tous l’intelligence domine, qu’elle dessine l’action ou qu’elle rumine les passions » (in Sentiments, passions et signes, Gallimard, 1935, page 167). Voilà la tâche difficile, celle qui attend de nous l’effort, la persévérance, la patience : reconnaître l’unité d’un genre malgré les différences de ses espèces. L’humanisme de l’universel, quand nous nous le représentons adéquatement, précède les expériences contingentes des hommes, des « communautés » et des peuples ; il est leur lieu commun pensé, le préalable à la compatibilité politique des actes et à la coexistence morale des vécus. Il est aussi une déduction nécessaire : c’est ce qui reste quand on a assemblé du regard tous les hommes et tous les peuples pour n’en retenir que ce qui leur est commun afin de les convier à la coexistence et à la solidarité réelles du « bien vivre ensemble » d’Aristote (même si, chez Aristote, il n’y a pas encore d'humanisme satisfaisant, puisqu’il nous dit que certains hommes sont « nés pour être commandés » par d’autres qui sont nés pour commander). Dans l’ordre des considérations que je viens d’exposer, je suis amené à constater aussi que le généreux demi-siècle humaniste de ces penseurs noirs que furent Senghor, Césaire, Luther King, Nkrumah et Houphouët-boigny, n’est pas séparable de l’humanisme européen, celui de « l'occident chrétien », ombre et lumière, qui, par un heureux renversement dialectique, leur a fourni, au début des années 60, les thèmes, les concepts, l’inspiration doctrinale de leur combat, honorable et magnifique, de libération, d’émancipation et de créations originales. L’autre, le Blanc, un certain Blanc, a été capable de donner au Noir les coordonnées psychologiques et morales d’un redressement. C’est ainsi que l’espoir des Noirs de l’époque de la première moitié du XXe siècle fut communiste (un temps) chez Césaire ou « marxiste » soviétisant chez Sékou Touré ou socialiste chez Senghor ou « conscienciste » chez Nkrumah : communisme africain, socialisme africain, consciencisme africain … sont des parts de Blanc européen et chrétien dans le monde noir.



Par conséquent, l’universel aujourd’hui, en France, doit être ce qui reste quand le Noir et le Blanc auront tempéré leurs différences afin de former le tout de la France, car ce tout vraiment multicolore est à être. Le tout français multiracial se forgera dans le dépassement de l’altérité conquérante des expériences éthiques jalousement séparées, dans la fin assumée des célébrations ethniques ou communautaristes fièrement monochromes. En tout cas, j’invite la jeunesse noire de France à contribuer à la création de la France polychrome mais non ethnique, à le faire avec allégresse et sans la réticence ou la retenue qu’on voudrait lui inculquer ou lui imposer sous prétexte que cette jeunesse est noire et que la France (des Blancs) ne la concerne pas. Il faut alors être heureux, finalement, de constater que, outre la participation éclairée et raisonnable de Marc Ferro, le propos de bon sens de l’ensemble de cette émission de la chaîne Arte est venu d’un jeune Noir de France, Philippe Aman, membre de l’association Les Braves Garçons d'Afrique. Philippe Aman a reconnu notre dette à l’égard de nos ancêtres et de nos parents qui ont souffert et (peut-être) notre dette à l’égard de tous ceux, les Noirs illustres ou anonymes, qui sont morts pour nous, les Noirs d’aujourd’hui. Une reconnaissance envers tous ces Noirs de toutes conditions qui sont morts loin de chez eux pour nous laisser, en France et dans le monde, ce dont nous avons besoin pour devenir ce que nous aurons choisi d’être demain. Il a compris les impératifs moraux et politiques de l’Histoire présente des Noirs et il a dit : « Moi je pense qu’on est arrivé à un stade que la communauté noire, elle reste passive. Euh ! On aime bien faire la fête, faire tout. Nos ancêtres, ils ont passé tant de choses difficiles que la moindre des choses, c’est que là maintenant, grâce à nos parents qui nous ont emmenés en France et dans d’autres pays plus développés que l’Afrique, maintenant qu’on a la connaissance, on a tout. Ben ! Ça, il faut le mettre du bon côté, pour faire de bonnes choses, comme les choses qu’on fait avec l’Association. Donc je pense que c’est une très bonne chose. Comme on dit, il faut savoir d’où on est pour savoir qui on est ». Par ce propos, Philippe Aman en est venu aux choses simples, à savoir la transmission intergénérationnelle, et a inscrit, dans le temps de l’action et de l’histoire, ce que j’appelle aujourd’hui la responsabilité de Noirs à Noirs, de Noirs devant Noirs, celle qui s’exerce sans l’appel au secours porté par un regard impuissant dirigé vers les Blancs. Car, après tout, c’est bien là l’absurdité de ce que demande Louis-Georges Tin : que, par le comptage ethnique, les Blancs donnent aux Noirs le droit légal d’être des Noirs dans la Cité. Comme si ce n'était pas suffisant qu’ils naquissent noirs ! Or il faut plutôt demander aux Noirs tout simplement le minimum, c’est-à-dire être des Noirs dans la Cité, sans un texte de loi qui le leur dise. Être un Noir dans la Cité, rien de moins mais aussi rien de plus, qui fût ajouté à son état de Noir : être un homme et un citoyen, non un homme défini par je ne sais quel droit de Noir ou droit du Noir. En effet, comme on le voit pour Louis-Georges Tin lui-même, ce professeur d’université est un Noir dans la Cité, c’est-à-dire celui qui est ce qu’il est par son travail acharné depuis son DOM de la Martinique jusqu’à la chaire de faculté qu’il occupe aujourd’hui, celui qui est ce qu’il est par l’exercice de son droit de citoyen. Parce qu’il a travaillé, Louis-Georges Tin est ce qu’il a. Il a ce que sa citoyenneté française lui a offert et permis d’avoir, c’est-à-dire ce qu’il en a reçu. Non parce qu’il est noir. Philippe Aman a donc nommé la cause profonde et individuelle de ce qui est arrivé à certains Noirs d’aujourd’hui. Ignorant toute démagogie, il a dit la vérité (il ne doit pas être exécuté… !). Les peuples se sont faits eux-mêmes quand ils ont eu le sursaut de comprendre que cela ne sert à rien de rappeler maladivement le passé, de demander de commémorer et d’espérer être reconnus en balançant à la face de l’autre le pavé illégitime qu’est l’anamnèse des souffrances d’ancêtres (esclaves). Non, pour être reconnu, il faut se faire connaître en se connaissant soi-même, ce qui ne peut se faire que si l’on a la connaissance tout court. Une connaissance spéculative, théorique ou pratique. Quand Philippe Aman conclut : « Comme on dit, il faut savoir d’où on est pour savoir qui on est », je me suis dit que les faiseurs de mots n’ont qu’à se taire. Ce jeune Noir renvoie au commencement les démagogues du microcosme noir. Il se donne, lui, comme projet, presque comme mission, de faire de la mémoire une œuvre, d’inclure le passé dans la diachronie, et de nous inviter à nous en servir comme moyen de l’avenir. L’effervescence symbolique de la commémoration de l’abolition de l’esclavage est un bon acquis du monde noir. La conférence que je suis en train de prononcer est la preuve de mon adhésion totale à cette conquête. Mais cette commémoration doit être prolongée d’abord par des actes de construction de soi posés par les Noirs eux-mêmes, et ce, sans le préalable vexant d’une « discrimination positive ».



Philippe Aman aurait certainement mérité sa place sur le plateau de télévision. Par la simplicité de son propos et la générosité de ce qu’il fait sans bruit dans la Cité, il eût certainement montré l’avance prise par l’action sur les babillages plaintifs, incantatoires, rhétoriques et littérairement élégants du microcosme noir. Tout le monde sait bien que l'agitation ou l’activisme n’est pas l’action politique créatrice d’œuvres et combien l'activisme peut être nuisible ou stérile. Mais l’utilité proposée au peuple noir de France par la télévision n’est pas toujours là où celle-ci la prend ou l’installe. Ceux qui « occupent le terrain » par le bruit des ondes hertziennes transforment la mémoire en mots, rien que des mots et de belles phrases. Et voilà qui engage le monde noir dans l’impasse politique ou qui ne le conduit qu’à quelques victoires à la Pyrrhus. Pour actualiser mon propos, je prendrai l’exemple des violences urbaines françaises de l’automne 2005. Ces violences sont une victoire à la Pyrrhus : les pertes sont si importantes que la victoire en devient insignifiante, peut-être nuisible au peuple noir. Je dis donc qu’incendier - sans cause exposée et discutée publiquement, démocratiquement (dans l’agora) - mille quatre cents véhicules en une nuit de feux folie, peut apporter à ses auteurs quelque satisfaction narcissique, égocentrique, purement égoïste. Ces exactions et délinquances très graves peuvent même leur avoir procuré une jouissance esthétique devant le feu rougeoyant des symboles en flammes de l’ordre républicain laïque. Mais je ne peux m’empêcher d’anticiper et de dire qu'après l'automne 2005 le prisme déformant du regard de l’autre (le Blanc) sur le peuple noir de France s’est agrandi en son spectre discriminatoire. Ce prisme va devenir bientôt singulièrement ségrégatif, quand, plus regrettable encore, il ne travaillerait pas ardemment, dans un an, pour un parti politique à l’affût, prêt à rafler la mise (mais zéro il misa car on a l’habitude de travailler pour lui) grâce à ceux qui, ne connaissant rien à la pragmatique politique, croient pouvoir faire d’une cagoule et d’une pierre projectile des moyens remarquables de l’action politique transcendante. C’est cela, messieurs ! Travaillez pour ceux qui récolteront à votre place ! Semez, semez généreusement les graines dont les fruits amers vous bouteront hors de France (et moi avec), lorsque vous les aurez portés au pouvoir ! C’est ce que j’ai appelé plus haut une victoire à la Pyrrhus : après avril 2002, plus dur sera, en France, avril 2007 ! Malheureusement, je suis condamné à « payer » du regard raciste d’un grand nombre de Blancs ce récent héritage incendiaire identifié par la conscience collective française comme solidairement « noir » (même s’il n’est pas seulement noir). Non, cet héritage est absurde, inutile, qui n’est que le fait balourd d’une minorité insignifiante de Noirs (à laquelle les media, sacrifiant à leur habitude, tendirent avec gourmandise leurs micros et les objectifs de leurs caméras). Je récuse sans appel cet héritage ethnique politiquement bricolé par ceux qui ont mal à la France.



Mais puisque Philippe Aman a parlé de « connaissance », je me sens l’envie d’ajouter ceci : Que les Noirs continuent d’aller à l’école. Qu’ils apprennent. Ainsi pourront-ils se faire, se refaire puis faire. Le reste, dit ou fait ailleurs et par d’autres, n’est que mots le plus souvent (Tin) ou consécration pathétique du symbolique (Taubira).






D) Il y a encore plus important et décisif à noter concernant le Noir de France, en particulier, et le Noir dans le monde, en général. C’est que, dans son Discours prononcé le 12 décembre 1962, à Accra, au Ghana, à l’ouverture du 1er Congrès International des Africanistes, (discours publié sous le titre « Africanisme et Culture », in Présence africaine, 1er trimestre 1963), Kwame Nkrumah, armé du concept de « consciencisme », visait la verticalité morale et politique du redressement du peuple noir africain après la colonisation, sa montée vers le monde des autres et de « la civilisation ». Dans ce texte, il définissait de la manière suivante le fondement moral et ethnique de cette doctrine politique originale - le consciencisme - et d’un de ses corollaires : « la régénération de l'Afrique, cette entrée dans une vie nouvelle, renfermant les diverses phases d’une existence complexe plus élevée ». Ce fondement ou « facteur fondamental » était, pour Nkrumah, « l’éveil de la conscience raciale ». Puis il assignait à l’Africain sa mission. Non point cette sorte de tangente par laquelle Louis-Georges Tin propose à l’ethnie de fuir l'épreuve de la responsabilité devant l’autre, mais Nkrumah proposa quelque chose de grand, la verticalité édificatrice de la montée de l’homme noir vers la science et la technique : « l’Africain, a-t-il dit aux congressistes, a refusé de camper éternellement aux frontières du monde industriel ; ayant appris que le savoir est un pouvoir, il instruit ses enfants. Vous trouvez ceux-ci à Edimbourg, à Cambridge et dans les grandes écoles d'Allemagne. Ils rentrent dans leur pays comme des flèches, pour chasser l’obscurité hors du pays ». Une assomption joviale du passage obligé de l’obscurité de l’ignorance à la lumière de la connaissance ! Kwame Nkrumah voyait le cercle nécessaire des échanges entre les races comme la médiation humaine du redressement du Noir. Il n’a pas réclamé une science et une technique qui seraient nées de la « conscience raciale noire ». Il savait qu’on ne pouvait pas pousser la conscience de race, disons le racialisme, jusqu’à cette absurdité. Devant la connaissance acquise par la science et devant l’usage de l’objet technique, la race doit se taire. Je prétends qu’il en est de même de la politique, quand celle-ci est juste, et de « l’existence la plus élevée » que nous lisons dans la première citation de ce paragraphe. Je peux alors faire les deux remarques suivantes, d'extensions inégales.



La première est de noter la continuité du programme africain envisagé au siècle dernier par Nkrumah au programme africain actuel de Philippe Aman. Ce jeune Noir du XXIe siècle veut, lui aussi, que l’Africain se redresse par des connaissances et par des actes qui l’insèrent dans le temps commun de l’Histoire des hommes. Que le Noir cesse de clamer : « Je suis différent puisque je suis noir et ai été colonisé ! ». Philippe Aman ne veut pas être prisonnier de la différence affirmée par le cri de la mémoire de l’esclavage et de la colonisation. Certes il convoque la mémoire mais c’est pour en faire le moyen intimement humain de la construction de l’actualité, une force morale d’avenir, l’instrument quasi cathartique de la transition du passé vers l’Histoire, celle qui appelle les temps nouveaux de la présence « dénoirisée » du Noir.



La seconde remarque, qui sera beaucoup plus longue, est d’observer aujourd’hui, avec amertume, l’immobilité des « flèches » dont rêvait Nkrumah, flèches qui devaient, par leur vol quasi messianique, accomplir le cercle du redressement de l’Afrique. Cette immobilité se voit dans la tragédie Nord / Sud contemporaine. En effet, les cerveaux, les bras africains et noirs qui ont voyagé vers le « Nord » ne sont pas rentrés dans leur « pays natal » et s’installent durablement en diasporas multiples en Europe, en Amérique et ailleurs. Parfois, ils meurent, nombreux, à force de se faire la courte échelle pour enfreindre les lois des frontières des États où ils veulent s’engouffrer sans droits. Ou bien, dans un « parc à réfugiés » d’un désert nord-africain, nous les avons vu tomber comme des bêtes sans soins. Ou bien encore, sur le sol d’une France économiquement incapable de les accueillir décemment (dette de plus de 65% du PIB !), des Africains et des Noirs partagent avec d'autres immigrés des conditions d’existence en dessous de l’humanité postulée par les Droits de l’Homme et du Citoyen. Un demi-siècle après l’allocution d’Accra de 1962, le constat est politiquement décevant et moralement révoltant ou tragique : aujourd’hui, l'Africain de Kwame Nkrumah (et d’autres Noirs du monde) vit trop souvent d’exode, d’exil et d’errance. Au moment où je pense les termes de cette conférence, je remarque que les dirigeants noirs eux-mêmes, chefs d’État ou éminences grises de partis politiques, ne disent plus aux Noirs : Restez chez vous ! Ou : Revenez sans délai au pays ! Mais déplaçant les règles ordinaires de l'économie, sacrifiant une partie de la mission de l’État moderne, la nouvelle injonction, silencieusement complice, de ces dirigeants est : Partez ! Ou bien encore : Que le « Nord » ouvre ses frontières à la misère des bouches affamées du « Sud » ! Si, au moment où je vous parle, vous avez déjà entendu un chef d’État du « Sud » noir se plaindre que les ressortissants de son pays s’abandonnent à des esquifs de fortune pour gagner le « Nord », prévenez-moi. Si vous en connaissez un qui ait porté ce désordre des Nations devant l’ONU, informez-moi. Un qui ait saisi le Conseil de Sécurité, car c’est bien de sécurité des individus et de leurs nations dont il s’agit ? Prévenez-moi aussi. En attendant cette information et en pensant à l’apparente innocence des questions perfides qui suivent, je pourrais demander : « Mais que fait la police ? Que font les garde-côtes ? ». Je ne parle pas ici du cas atypique de la république noire d’Haïti où, il y a peu, un autocrate régna, qui ignora tant les choses sérieuses de la politique qu’un jour de grande sagesse nuisible il signa un décret de suppression pure et simple de l’armée haïtienne. Produit excellent de la théologie de la libération, ce président anarcho-populiste ne put point comprendre qu’une armée n’est pas nécessairement une excroissance toujours « bourgeoise ou petite-bourgeoise », antagoniste par essence aux intérêts de ce qu’il appelle « le peuple ». Le ver haïtien n’est pas nécessairement dans son armée… Je passe sur les bévues étranges de cette utopie, qu’Haïti ainsi désarmée paiera très cher, un jour, lorsque d’autres États, pourvus d’armées aguerries, lui montreront la portée efficace de leur voracité militaire. Bon sang ! Quand j’eus appris, il y a quelques années, qu’un tel décret avait été signé à Port-au-Prince, j’ai immédiatement compris qu’il fallait être bien ignorant pour oser laisser Haïti sans défense à côté d’une voisine, la République dominicaine, qui ronge son ressentiment de deux siècles contre les Haïtiens. Selon mon humble prévoyance, cet État - que les Haïtiens appellent la Dominicanie - ne tardera pas un jour à faire une incursion d’occupation de la terre de Jean-Pierre Boyer. Soit cette invasion sera regardée avec complaisance par la communauté internationale, soit elle sera le bras armé de quelques puissances qui voudront en finir avec le « cas Haïti », gênant, à divers titres, depuis deux cents ans . Je reviens donc au « Sud » africain noir, politiquement démissionnaire, pour dire que, même sans parler de l’armée, je sais que les polices de ces nations du « Sud » possèdent de si fins limiers, capables de déjouer le moindre soupçon de projet de soulèvement du peuple contre leurs chefs d’État, que je reste interdit devant leur ignorance des départs clandestins de ces barques mortelles. Leurs RG et leurs DST seraient-ils tranchants seulement quand ils ont pour mission d’espionner les étudiants, d’infiltrer les opposants aux régimes en place et de tuer dans l’œuf les projets de manifestation contre des dictatures naissantes ou durables ? On nous apprend qu’il existe des « passeurs » nationaux sur ces terres africaines de candidats à l’exode aveugle et qu’ils font payer très cher leur marché noir du Noir, commerce infâme de l’espoir bientôt transformé en cauchemar. Ces services de renseignements et de sûreté des États autochtones seraient-ils eux-mêmes aveugles et sourds aux activités immorales de ces commerçants africains de « bois d’ébène » des temps nouveaux ? Toujours est-il qu’il faut avoir le courage de voir les choses comme elles sont et de dire l’évidence, même dans sa crudité et sa cruauté choquantes, afin de pouvoir ensuite la chosifier dans le concept qui la dépasse, puis agir pour la transformer. Il faut alors avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que, par leur silence et leur inaction, voire leur complicité objective, ces chefs du « Sud » noir cautionnent aussi la mort qui, sur l’eau ou quand ils escaladent un grillage barbelé, attend ces Noirs de l’exode. Frêles esquifs à la dérive sur l’océan atlantique ! Futurs cercueils échoués dans un havre mal abrité des Îles Canaries, ce sont aussi des canots de fortune, surpeuplés, projetés par une dernière vague sur la grève de Lampedusa, ce sont enfin de chétives embarcations renversées, vides, sur la « côte UE » (Union Européenne) bordant le détroit de Gibraltar ! Morts de faim et d’infections ! Morts africains sans sépultures, flottant sur la mer au clair de lune ! Tributs payés par l’Africain de l’aube du XXIe siècle, bombances macabres de requins et de cachalots !



« Nous ne pouvons pas ne pas parler des choses que nous avons vues et de celles que nous avons entendues ». Donc je poursuis.



C’est que, d’un siècle à l’autre, l’histoire semble se faire signe, à défaut de se répéter. À partir du XVe siècle, en effet, - et avant - l’Afrique connut une saignée. La métaphore est souvent employée et est exacte. Depuis le milieu des années 60, l’Afrique connaît une érosion. Ce mot est exact aussi. Les deux comparaisons couvrent la boucle géopolitique de la dégradation continue et multiséculaire de l’Afrique noire. Autrefois, vers le XVe siècle et suivants, les négriers (blancs) de la traite jetaient par dessus bord les Nègres morts pendant la traversée de l’Atlantique, aujourd’hui, des récits de Noirs rescapés nous apprennent que des Noirs ont jeté par dessus bord des Noirs morts pendant la traversée clandestine vers le « Nord » et l’Europe. L’océan atlantique continue d’être le tombeau des Noirs. C’est la singularité géopolitique du Noir d’aujourd’hui. Qu’a gagné l’Afrique des Indépendances, si c’est pour en arriver à ce macabre travail de croque-mort de ses natifs du XXIe siècle commençant ? Je remarque, en outre, que, d’une tragédie à l’autre, cette boucle géopolitique donne un résultat qui pourrait sérieusement inquiéter : car si, à partir du XVe siècle, dit-on, « la traite négrière transatlantique » commença à priver l’Afrique de ses natifs au moment où ils atteignirent la fleur de l’âge, force est de constater qu’à l’aube du XXIe siècle le Noir des pirogues dérisoires a quitté l’Afrique pour ne plus y revenir, du moins en âge de force vive. Un froid calcul politique du moindre coût économique voue, de nos jours, nos boat people noirs à la mort acceptée, à ce « grand débarras » géopolitique du Sud vers son Nord. Même Fidel Castro, « non aligné » ( ?) du Sud, a dit oui, en 1994, à ce sacrifice humain politique des temps historiques nouveaux, conséquence collatérale mondiale des excès sanguinaires inauguraux du Vietnam viêt-cong de 1976. Ce sacrifice humain noir n’est plus fait pour honorer les dieux tutélaires africains mais pour donner libre cours aux passions de gloire des oligarchies temporelles et insouciantes locales. Il faut noter aujourd’hui ce nouveau discours de démission, qui, pour l’Afrique des États noirs contemporains, est un renoncement et un retour en arrière politique d’un demi-siècle. Les dirigeants noirs n’ont pas piqué la colère d’Achille en voyant tant de Noirs s’abîmer de leur propre initiative sur le plan moral. Aujourd’hui, il n’y a donc plus de « flèches » ! Kwame Nkrumah est mort deux fois ! Sa seconde mort est un assassinat ! On a définitivement « dénoirisé » l’âme noire, on a blasphémé l’Afrique mythique du bonheur et de la bonté, que chantaient Senghor, Léon Damas, Césaire, Bernard Dadié. Lorsque quelques Blancs « bien pensants » clament, dans les forums ou aux tribunes complaisantes de quelques Assemblées internationales, ou encore écrivent en lettres d’or fallacieuses - dans des livres, des articles, sur des banderoles « exotiques » - que la misère du « Sud » est l’œuvre exclusive du « Nord », ils déresponsabilisent et absolvent les élites noires contemporaines de direction et de décision. Ils confortent celles-ci dans l’échec dont elles ont - de leur propre chef, par divers actes individuels ou collectifs critiquables et accumulés - tracé le sillon profond et durable. Il ne faudrait pas qu’engoncés dans la douceur de la bonne conscience de pays développés certains occidentaux oubliassent l’âpreté des conséquences de la négligence politique de quelques élites africaines (et noires, le cas d’Haïti). Il ne faudrait pas qu’alors le complexe de supériorité s’avançât masqué sous une condescendance indulgente qui voudrait qu’un dirigeant africain (et noir) fût incapable d’être responsable. Certes, même sans aller jusqu’au préjugé facile du bouc émissaire, nul ne peut nier le rôle non négligeable des États développés du "Nord" dans les échanges inégaux entre l’Afrique et ce qu’une commodité de vocabulaire nomme l’Occident. Il existe bel et bien un « pillage du tiers monde » (Pierre Jalée, 1967), tout comme a existé, par exemple, en Guinée (de Sékou Touré), une planification et une croissance maladroitement « marxistes », exogènes. Il demeure néanmoins qu’au moment où je prononce cette conférence j’aurais aimé que l’on eût déjà procédé à une enquête, une « historia », à la manière d’Aristote ou d’Hérodote, sur l’atavisme politique africain qui a servi de germe, d’invariant, voire de terreau, à la démission que je viens de décrire. On entend par atavisme : l’« hérédité des idées et des comportements » (Le Petit Robert). Rapporté à ce que je traite ici, et n'y ayant pas d'hérédité (biologique) des caractères sociaux (acquis), ce mot ne peut signifier qu'héritage, c'est-à-dire ce que livre de stable et d'actif, dans une culture, la transmission de générations en générations parce qu'au cours du temps et des vécus successifs d'un peuple il s'est consolidé dans ses représentations, ses mœurs et ses pratiques. Car, outre la conscience et le langage, ce qui distingue (aussi) des animaux les êtres humains, c'est la transmission, l'héritage conscient et inconscient, l'effet Pygmalion de l'histoire. De fait, individuel ou collectif, le passé humain n'est jamais perdu.

Pour la clarté de ce passage de la conférence, je vais préciser ce que j’entends par le mot d’atavisme : est donc atavique, ce qui, à son insu et involontairement, s'exprime de vieux dans un homme ou dans une culture, ce qui lui parle tout près mais de très loin, de l'inconsciemment vieux et ancestral. Dans des actes ou sous les formes symboliques les plus variées, l'atavique se transmet et est toujours à l'œuvre dans la construction active de l'avenir. N'étant pas de l'ordre simple de la génétique, l'atavisme que je convoque ici est de l'ordre complexe de la généalogie sociale, à tout le moins de l'ordre de la genèse anthropologique : le nom latin atavus dont il dérive nous donne « les ancêtres » en son pluriel. Il ne faudrait pas que le mot atavisme soit frappé d'un tel « atavisme », au sens péjoratif, qu'on en vienne à oublier de lui rendre la chose qu'il distingue, nomme et rend opératoire. Il existe un atavisme (ancestral, ce qui est un pléonasme voulu) africain comme il en existe un européen (qu'on dit occidental, selon besoin) ou un indien (qu'on classe sous le genre oriental), etc. Une « historia » politique de l’Afrique, en direction d’atavisme, éclairerait plus d’un idéologue sur le fondement idéologique douteux du discours d’absolution par lequel certains (Noirs et Blancs) dédouanent les politiciens africains de la responsabilité intrinsèquement africaine de ce qu’ils ont fait (ou n’ont pas fait) et de ce qu’ils continuent de faire depuis et contre « le soleil des Indépendances ». Par conséquent, admettre cet atavisme, au sens d'héritage inconscient des mœurs et des actes, c’est aussi assumer les concepts de tradition, de transmission, d'histoire d'une culture et d'une civilisation. Autrement d’ailleurs, c’est l’Afrique elle-même qui disparaîtrait sous nos yeux en tant qu’aire de culture et de civilisation. Celui-là serait, en tout cas, en contradiction avec lui-même qui, dans le même discours, soutiendrait que l'Afrique existe en tant qu'aire de culture et de civilisation mais refuserait à l'Afrique l'atavisme définissant de ses coutumes, de ses pratiques et de ces actes. En effet, on m’accordera ici que l’Afrique n’a pas attendu « l’expansion européenne » (Pierre Chaunu) pour naître et être, pas plus qu’elle n’est morte, en tant qu’authenticité ethnique, quand vint la fin de « la traite négrière transatlantique » et du colonialisme. De même m’accordera-t-on qu’admettre cet atavisme, c’est reconnaître à l’Afrique sa continuité de peuple et de civilisation, c’est assumer une identité africaine produite par et de l’histoire authentiquement africaine. Par exemple, la persistance africaine de la « présidence à vie » ou de l'auto-pérennisation du chef - qu'on voit déjà, je dirais même qu’on voit encore, chez Kwame Nkrumah (1964) et dont une présence typique contemporaine crève les yeux - peut inciter à poser quelques questions généalogiques. Ne serait-il pas légitime, oserais-je demander, de chercher aussi dans cette régularité et la quasi permanence d'un trait du pouvoir politique un fond africain - très vieux - de la gouvernance ? A contrario, cette enquête - cette « historia » politique de l’Afrique - devrait montrer aussi comment et pourquoi Léopold Sédar Senghor et Félix Houphouët-Boigny (dans une moindre mesure) se sont faits originaux et profonds dans la réflexion, la forme et la pratique politiques qu’ils ont données jadis à cette identité africaine. Telle serait une orientation objective des études d'histoire africaine. Mais je ne suis pas historien et nous n’en sommes qu’à quelques intuitions timides, lues par ci par là, non encore coordonnées. Toujours est-il qu’à l’heure de cette conférence son désir de « Nord » rend l’Afrique exsangue. Plus généralement, là où le Noir (d'Afrique ou d'ailleurs) a échoué, là où il a « trouvé du travail », il attend désormais sa retraite, souvent dans l’indignité économique, politique et morale. Après quoi, éventuellement, il « rentrera au pays ». Entre-temps, l’envoi substantiel d'argent « au pays », acte louable de sa noblesse de cœur, n’aura pas comblé le fossé profond où sa dignité se sera abîmée à la suite de cet exode. Et encore ! Car le pire n’est pas prononcé puisque je n’ai pas encore dit que, là où le Noir a échoué sans que l’on puisse cependant lui offrir du travail, il végète et perd peu à peu les repères mêmes minimaux de son humanité. Tel est le constat de l’Histoire, qu’un sommeil complaisant de la raison critique fait oublier. Il est cependant là, ver sociologique rongeant cruellement l’état du Noir actuel, conditionnant à la fois le souvenir de tout ce qu’il a perdu et la représentation du peu qu’il peut espérer. Nous ne pouvons le nier.



Être Noir en France, à l’aube du XXIe siècle, c’est donc tenir compte aussi de ce rendez-vous manqué de l’Afrique avec l’horizon d’Histoire que ses dirigeants fondateurs modernes lui ont assigné il y a environ un demi-siècle, le rendez-vous manqué avec sa nouvelle part d’Histoire universelle dessinée dans les textes fondateurs des « Indépendances africaines ». Pour nous, les Noirs de France, d’Europe et du monde, le solde affectif de l’érosion humaine de l’Afrique noire s’appelle honte. La honte des Noirs qui voient à la télévision l’immonde et inacceptable condition de vie où s’abîment des enfants noirs, des femmes enceintes noires, des hommes noirs parfois en larmes, tous devenus des enjeux de pouvoir de groupuscules ou de partis politiques, du « Sud » et du « Nord », en mal d’actions d’éclats. La place prestigieuse qu’occupe le Ghanéen Kofi Annan à la tête des Nations Unies n’efface pas cette honte. Foyers délabrés, chambres d'hôtels réquisitionnées, surpeuplées, taudis et squats insalubres, tout est devenu honte noire des temps nouveaux, héritée de la démission des élites noires qui sont, elles, à l’abri du besoin et du désespoir, richissimes et sereines quant à leur avenir. La conscience de notre responsabilité et de notre tâche actuelles de Noirs, éparpillés « en diasporas solidaires », exige de nous que nous nous saisissions de ce constat, partout, sur toute la terre ; elle exige que nous en examinions objectivement les causes réelles, les conséquences multiples ; elle exige que nous imaginions les solutions les plus justes de ce problème crucial. C’est une tâche primordiale ; tâche d’Homme, il est vrai, non du seul Noir. Toute dénégation de cette réalité est irresponsable, tout oubli de ce devoir d’avenir est une faute. Tout refuge dans l’anamnèse incantatoire des temps de « la traite négrière transatlantique », de l’esclavage et de la colonisation, est un symptôme plutôt qu’une volonté saine d’amener le « peuple noir » à prendre souverainement sa part d’Histoire. L'anamnèse peut conduire à la célébration festive de l’abolition et jusqu’à l’idée saugrenue de projeter de défiler dans Paris sur un char, le jour de la commémoration de la journée du peuple noir (c’est-à-dire demain, 10 mai 2006), de danser au son de la musique techno, de se déhancher joyeusement comme au carnaval. Mais devant l’abdication décrite dans ce long paragraphe et le sort actuel du Noir de l’exode, le tragique quotidien des traversées et de leur issue nous invite plutôt à la conscience triste, au recueillement et à (re)prendre le mal à la racine. Les Noirs et leurs « diasporas solidaires » sont malades du présent, non du passé célébré qu’est devenue pour certains « la traite négrière transatlantique ».



Je prends le temps d’ajouter à ces observations sur l’exode du Noir la causalité psychologique suivante. Certes ce que je vais dire peut ne pas réjouir certains idéologues parce que, héritiers d’idéologies positivistes du XIXe siècle, il leur est impossible de penser ou d’admettre que des représentations produites par la seule conscience - par exemple l’idée de liberté - puissent mouvoir les hommes, configurer des migrations, fixer un homme quelque part, en terre étrangère. Mais je le dis quand même : les Noirs qui ont goûté à l’Europe se sont aussi pris à l’hameçon des Droits de l’Homme. Aux expédients d’une pratique locale égoïste, autoritaire, népotique et livrée trop souvent aux caprices de l’impéritie, ils ont préféré le confort psychologique de la liberté et de la gestion libre de la sphère privée, une certaine représentation du bonheur. Ils ont mordu à l’habeas corpus et y ont pris goût. Ainsi le retour dans leur « pays natal » s’éloigne-t-il à proportion que la vieille liberté du « Nord » les embrasse et les réconcilie avec la liberté elle-même, ce bien précieux - prima pars du bonheur - que tout homme découvre en lui par « la seule inspection de l'esprit » (Descartes).






III) La troisième partie de la conférence essaiera quelques considérations sur les nouveaux « cahiers d’un retour au pays natal ».






Après l’étude cursive de la configuration actuelle du monde noir en France, après l'évaluation des projets, des déperditions historiques et des regrets qui peuvent affecter les Noirs de France, une figure noire nouvelle se dessine maintenant et parcourt désormais la ville française (et d’autres villes du monde technologique, riche mais fort endetté cependant). Cette contingence de l’histoire africaine et de l’histoire du monde articule la nécessité historique qui conditionne aujourd’hui l’avoir et l’être du Noir de France.



Il convient à présent de décrire les aspects complexes de l’existence réelle du Noir de la France de l’aube du XXIe siècle afin d’essayer de comprendre ce que les Noirs qui y vivent peuvent entreprendre de devenir mais aussi ce qui leur est existentiellement inaccessible. Or ce qui détermine l’essence de la présence du monde noir en France, c’est paradoxalement son absence sidérale, je veux dire : la forme complexe des causes et des intentions qui ont fait que des Noirs se sont éloignés de chez eux sans être pour autant présents là où ils sont. Je choisirai de commencer par la typologie de cette absence dans son rapport avec le problème de la transmission. Ce que les idéologues noirs tels que Christiane Taubira et les gens du CRAN n’ont pas compris, c’est que la situation des Noirs de France est d’abord le reflet dramatique d’un problème de la transmission, et, pour certains d’entre eux, une inquiétude consciente ou inconscient au sujet de leur mort. La question est, en effet, brûlante et ne doit pas être éludée : Nous, les Noirs qui sommes loin de chez nous, qu'avons-nous à transmettre à nos enfants ? Cette question elle-même, pour décisive qu’elle soit, suppose la réponse précise à deux autres questions préalables : Qu’avons-nous emporté en partant de chez nous ? Avons-nous eu le temps d’emporter avec nous une « réserve » de transmission d’identité ? À la fin de cette conférence, je devrais sinon avoir répondu du moins avoir soulevé le chantier de problèmes et d’investigations qu’ouvre le fait de poser ces trois questions. Essayons donc d’esquisser quelques réponses tout en balisant quelques problèmes.



1) Rappelons que certains Noirs de France ont quitté leur pays après s’être réfugiés dans des ambassades mais sans avoir eu le temps de prendre un petit vade-mecum d’identité qui, tel le « double » des Égyptiens attendant le mort et le veillant, les aurait protégés de l’oubli de ce que Césaire recense comme le « pays natal ». Exilés politiques, ces Noirs sont partis un matin ensoleillé ou en pleine nuit. Ils firent vite un petit baluchon, sautèrent d’une fenêtre, gagnèrent ensuite, masqués et déguisés, la porte dérobée d’une ambassade bien surveillée par la police locale. Mon adolescence de Noir connut cette époque où les lendemains étaient politiquement incertains, où, un matin d'école, un professeur ne se présenta pas devant ses élèves. Nous ne pouvions pas dire que ces professeurs noirs étaient victimes de racisme ni que « la traite négrière transatlantique » nous poursuivait encore de ses démons maléfiques, car cela se passait en Haïti, pays noir du « Sud ». En France ou ailleurs, ces exilés ont dû reconstruire par la mémoire l’arme du cœur « natal » pour combattre l’absence et lutter contre l’oubli. Puis ils se sont progressivement reconstruits. Même noirs, surtout parce qu’ils étaient noirs (si nous pensons au « creative suffering » de Luther King), ils ont fait de leur vie quelque chose et peuvent aujourd’hui contempler les formes diverses de leurs œuvres d’hommes libres.



2) Rappelons aussi que d’autres Noirs, en particulier des étudiants, sont partis dans l’intention de retourner plus tard au « pays natal ». Ils ne sont pas retournés parce qu'un jour le vent imprévisible de l’Histoire leur devint contraire, ou bien parce qu’un beau jour de printemps ou un soir d’hiver leur cœur a battu la chamade pour une Blanche ou pour un Blanc. Ils ont aussi épousé la France et sont restés loin de chez eux. Mais, comme les exilés politiques précédents, parce qu’ils ne pouvaient pas prévoir l’avenir, ils n'ont rien emporté de chez eux qui aurait pu prendre la forme d’un adieu : par exemple, se sauver avec un mot ou une expression chérie de leur langue, garder en mémoire les parfums des fleurs de leur pays, l’arborescence impressionnante d’un mapou géant, la couleur d’un lézard, l’envol fulgurant d’un soui-manga, le cri lugubre d’un rapace nocturne, la nomenclature pour confectionner un plat typique, immortaliser la dernière image d’une grand-mère sur un Instamatic Kodak ou un 24x36 Nikon …

Comme ils sont partis sans ce bouquet de chrysanthèmes qui aurait inauguré le deuil de la terre natale, leurs pensées sont, par conséquent, tendues entre l'enfance et la mort : ils revoient ce que, enfants, adolescents ou jeunes adultes, ils furent ou vécurent au pays natal, puis, loin de chez eux, ils attendent la fin de leur exil, c’est-à-dire la mort pour un grand nombre d’entre eux. Une dépression incommensurable s’est ouverte, en eux, sur l’axe de leur temps existentiel. L’appel au passé ne reçoit pas de réponse ou ne provoque que des échos brouillés. Ils sont nus d’une partie de leur passé, dont l’avidité de gloire de leurs dirigeants politiques les ont privés pour toujours. Tel jour de joie, quand cependant ils se mettent soudain à évoquer leur passé, ils constatent qu’il leur manque, par exemple, leurs notes de cours de lycée, le cahier bien tenu d’un cours d'histoire ou de philosophie, une note (bonne ou mauvaise) de leurs professeurs sur une copie d’élève, le fruit d’un travail scolaire d’adolescent qui aimait l’école. Ces Noirs de France vivent de perte : par ce mot, je veux dire que tout un pan de leur passé et de leur vie est irréversiblement perdu. Leur existence est continuellement lacunaire. Ils vivent de cette lacune, de cette absence de dialogue avec leurs traditions, de cette perte de ce qu’ils ont apporté comme contribution à ce que la nation de leur naissance attendait d’eux. Au fond de leur âme ainsi amputée, le manque est leur quotidien. En résumé, l’absence, la perte, le manque sont leur fatum. Ces Noirs de France n’ont donc pas de pouvoir sur ce temps qui s’écoule entre la mémoire et l’attente, ce temps qui se passe sans qu’ils puissent transmettre à leurs propres enfants la totalité d’une expérience complète de vie sur leur terre natale. La continuité intergénérationnelle est ainsi rompue. Ne pouvant pas transmettre, ils attendent. Au fond d’eux-mêmes, ils découvrent une béance : leurs enfants sont nécessairement des entre-deux. C’est une des sources de leur souffrance. Puisque c’est moi, c’est-à-dire un sujet sensible, qui fais cette conférence, j’ose dire, devant vous, ce soir, que je m’inclus dans ce type de Noirs de France, dans cette singularité qui vit d’absence, de perte, de manque et d'irréversibilité.



Mais placés au milieu de l’abondance de l’accueil français, ces Noirs y ont puisé la force qui oriente l’esprit vers l’avenir, bien qu’ils vivent d’espoir d’un retour, d’espérance nostalgique. Faisant des infidélités à la mémoire, ces Noirs concilient cependant l’absence du pays natal et l’amour français présent qu’ils partagent avec leur famille. Ils s’assument d’abord comme hommes avant de s’assumer comme Noirs mais leur être est étrangement duel, cette dualité qui est faite d’une absence toujours présente et d’une présence toujours absente. Une dualité créatrice, parce que ces Noirs-là ne se sont pas sentis obligés de s’éterniser à regarder derrière eux, à se mirer victimairement et à se perdre dans un passé inévitablement rapporté aux soubresauts intimes, subjectifs et passionnels de leur personnalité. Contrepoids bienfaisant au « devoir de mémoire », le devoir d’avenir les appela, même si, de temps en temps et sans prévenir, le cœur natal a pleuré ou continue de pleurer du blues de la nostalgie. Sans casser des vitrines et sans incendier des voitures, sans se cacher « courageusement » ( ?) derrière d’inquiétantes cagoules - Vous parlez d’une conception démocratique de la politique, dont raffolent cependant les media ! - mais imperceptiblement et sans bruit, ces Noirs résolus se sont présentés sans état d’âme à la porte que les contingences de l’Histoire leur ont ouverte. Ils occupent aujourd’hui tranquillement, en France, les places qu’ils ont conquises « à la régulière ». Au bout du chemin de la création de soi, on découvre qu’ils ont travaillé, ont inventé leur avenir, se sont façonnés, même si, sur ce chemin difficile de la reconstruction de soi, ils ont dû affronter le chômage. Mais étant structurel, le chômage de masse des sociétés contemporaines n’est pas, par conséquent, paramétré par la race, quand bien même il serait logique de s’attendre - le racisme existant - à ce que certaines portes du « monde du travail » soient fermées à des Noirs. N’empêche, ces Noirs de France sont aujourd’hui manœuvres, ouvriers, techniciens, artisans, chefs d’entreprise, avocats, médecins, pharmaciens, cadres bancaires ; écrivains, artistes ; professeurs de collèges et de lycées, de différents grades ; professeurs des universités, de différents rangs ; chercheurs. Ils le sont devenus par leur talent, le travail, souvent l’abnégation voire la privation. Ils sont pourtant noirs, pourrais-je faire remarquer à Louis-Georges Tin. Ils n’ont pas perdu leur temps à imaginer ce que pense « la plupart de la population française », pourrais-je faire remarquer à Christiane Taubira. Quand nous et nos enfants - noirs ou métis de toutes les combinaisons de couleurs - occupons tant de « postes », et à tous les niveaux de l'échelle des « classes », il n’est pas possible à un esprit rigoureux et honnête de nier que nous le devons au travail, à l’effort, au sacrifice, au refus têtu de la facilité et de l’assistance sociale ; surtout sans avoir jamais réclamé l’obole d’une choquante et irrespectueuse « discrimination positive ». Nous ne le devons à aucune couleur de peau. Ni à la couleur noire de notre peau, qui, si nous suivons et déduisons à partir de la logique du CRAN, aurait alors affirmé et certifié de fait l’infériorité du Noir et nous aurait valu la faveur et la pitié des Blancs. Ni à la couleur de la peau des Blancs, qui, si elle nous avait aidés par préférence raciale, aurait certifié et affirmé sa supériorité raciale par le fait même qu’elle eût sacrifié à une condescendante et généreuse « discrimination positive ». Majorité de la « minorité visible » noire de France, nous devons à nous-mêmes ce que nous sommes devenus et ne devons rien à personne si ce n’est qu’aux enseignements, aux savoirs et savoir-faire que nous avons, nous, accepté de recevoir de nos divers maîtres et professeurs autant compétents que dévoués.



Les Noirs de France conquièrent aussi le monde du sport et de la mode.

Les Noirs de France font, c’est vrai, peu de politique représentative : seulement quelques conseillers municipaux et encore moins de maires adjoints, me dit-on, mais sans que je m’abstienne de rappeler qu’un Noir, Koffi Gnamgname, venu jadis d’Afrique faire ses études en France, fut, dans un passé récent, élu et réélu plusieurs fois maire de Saint Coulitz, une petite commune de blancs Bretons du Finistère ; puis ministre de la République, sous la présidence de François Mitterrand. Il est, par ailleurs, malheureusement fort regrettable qu’une fixation sur la télévision, medium scandaleusement centripète de ce qu’on appelle improprement « culture » dans l'expression culture médiatique, fasse oublier les réussites du « peuple noir » en France, qui sont patentes et nombreuses dans les autres secteurs de la vie française. Pour inciter à tempérer ce désir de « télé », je ne manquerai pas de faire observer que l’Angleterre, qui a « négrisé » sa télévision il y a déjà longtemps, n’a pas pu empêcher plus tard, sur son territoire, les émeutes des « hommes de couleur », comme on disait dans l’ancien temps. Mais qu’il soit noté clairement désormais, et malgré l’obscure infériorité numérique des Noirs à la télévision française : la France des colonies, de l’esclavage des Noirs est révolue. Dans le discours français, il n’y a plus d’ « Indigènes » ni de la République ni hors de la République. Cette France fermée, obscure et anachronique n’existe plus que dans la tête des idéologues du microcosme et dans celle de leurs semblables, tapis en divers lieux et instances du pouvoir politique complaisant, quand ce n’est pas sur des scènes parisiennes qui rient de l’autoflagellation française. Le bilan « de race » est étonnamment significatif pour un pays dans lequel certains ne voient pourtant que « discrimination » raciale (Louis-Georges Tin), « apartheid » (Yasmina Benguigui). Je déplore donc l'agitation que mène la minorité, visible « à la télé », de la « minorité visible » noire de France - la petite minorité qui désire tant - cette minorité qui masque la majorité silencieuse de la « minorité visible », cette grande majorité qui a conquis, qui a, est et se contente de ce qu’elle a sans pour autant cesser de progresser en son for intérieur.



3) D’autres Noirs de France errent dans l’espace indécis du je ne suis pas bien là où je ne suis pas chez moi. Ils vivent de l’attente de rien parce qu’ils ne sont ou ne se sentent, en définitive, nulle part où pousseraient le désir, l’envie, la force d’entreprendre. Certes ils ne sont pas nécessairement prisonniers de la mémoire mais l’imagination ne les libère pas non plus du poids de leur passé. C’est leur droit, quand ce n’est pas tout simplement ce peu que leur volonté introvertie leur laisse comme horizon. Mais pourvu qu'ils ne sombrent pas dans la névrose destructrice.




4) Enfin, dans cette typologie du Noir de France, il y a pire que le « je ne veux rien d’étranger, je ne peux rien d’étranger » précédent. Des Noirs de France souffrent aussi de l’impossible fixation de leur conscience sur la représentation d’une destinée qui, au fond, ne peut jamais être choisie quand bien même la destination (le pays d’exil) le serait. Leur sort est alors livré aux soubresauts orchestrés à leur insu par l’inconscient. Je ne sais pas si ces Noirs sont nombreux en France, mais je sais qu’il en existe au moins un, dont je vais vous conter cursivement la dramatique histoire. Je ne peux malheureusement pas vous donner la référence précise de ce que je vais vous dire (qui remonte à un souvenir de près d’une vingtaine d’années) ni le nom de la station de radio que j’écoutais ni la date ni le nom de l'analyste que j’entendis. Je conduisais et ne pouvais pas noter. Donc, en circulant en voiture une après-midi, j’ai entendu un psychanalyste raconter ce qui était arrivé à un Africain vivant en France. C’est assez riche d’enseignements tout en étant profondément tragique. L’enfant de cet homme, un petit garçon d’environ neuf ans (je crois), travaillait mal à l’école française. L’analyse a révélé que l’échec de l’enfant venait d’un trouble inconscient de sa relation avec son père, lequel était lui-même rongé par un conflit intérieur inconscient : ce père avait refoulé la conscience douloureuse d’une dette à l’égard de l’Afrique de la mort. En effet, le père de cet expatrié est mort en Afrique mais il ne s’était pas rendu à ses funérailles africaines. Entendez : il n’était pas allé enterrer son père symboliquement et selon la tradition, selon le rite de la mort de son ethnie. En quelque sorte, il n’avait pas encore enterré son mort et cette absence de deuil était culturellement, ethniquement, une faute, origine d’une culpabilité inconsciente. La révélation de ce conflit a été suivie d’un retour cultuel « au pays natal » pour l’accomplissement des paroles et des actes du deuil « africain » de cet homme. S’étant réconcilié, en Afrique, avec la mort, cet homme s’est réconcilié avec la vie. Les nouveaux « cahiers d’un retour au pays natal » des Noirs de France sont faits de ces trous noirs qui, comme les « trous noirs » des espaces sidéraux, sont des absorbeurs gourmands d’énergie. Ce père ne pouvait rien transmettre à son enfant parce qu’il n’avait pas encore reçu tout d’Afrique. Il croyait avoir (il travaillait, recevait un salaire, etc.) mais il n’avait pas l’essentiel : l’africanité ancestrale de la vie et de la mort : il lui manquait le symbolique anthropologique de la mort, condition de la paix de son âme. Il ne savait pas que, parce qu’il n’avait pas fait son « travail de deuil » africain complet, la mélancolie avait inconsciemment parésié son élan vital et nui à la transmission générationnelle. Il en a été de cet Africain comme il en est aujourd’hui de beaucoup de Noirs de France, lesquels ont d’autres souffrances que celles que prétend guérir un parchemin législatif qui, en mai 2001, commémora partialement une très lointaine « traite négrière ». Ils sont malheureux en terre française parce qu’ils ont mal à leur terre ancestrale. L’absence de cette terre avait inconsciemment épuisé toute l’énergie de ce père et celle de son petit garçon. Le père, sans le savoir, avait mal à l’Afrique. Son « pèlerinage » au pays les a ressourcés tous les deux. Le père fut guéri d’Afrique. L’enfant fut ensuite guéri de son père. Il travailla bien à l’école française. Quand vous entendez cela, vous avez davantage envie de pleurer et de compatir que de crier « Vive le CRAN ! ». Singulière, cette douleur du père et de l’enfant n’est pas politique : elle est au-delà de la lutte des classes et de la lutte des races. Même si les rites de l’inhumation ou de la crémation reflètent l’étagement des classes sociales, on ne saurait nier qu’en tant qu'ils sont des signifiants premiers de la culture, la mort anthropologique et le deuil ne connaissent pas de classes, auxquelles ils s’imposent comme une contingence qui accompagne nécessairement le décès d’un homme. On ne peut pas dire que c’est parce que ce père et son enfant sont noirs que leur est arrivé ce tourment. Ni dire que c’est parce qu’ils sont immigrés. Ni que c’est parce qu’ils appartiennent à la « minorité visible ». Non, ces Noirs connurent cet état par un fait de culture qui leur échappe, les a déterminés psychiquement et échappe à la France. C’est pourquoi entre race et culture, je choisis la culture. La douleur que je viens de rapporter échappe, par conséquent, à la discrimination (fût-elle raciale) vécue ici ou là. La thérapie de la « discrimination positive » raciale ne peut donc point la guérir. J’exprime ma dette envers ce psychanalyste qui exposa ce savoir concluant. Aujourd’hui où la psychanalyse est tant galvaudée -(on se gave à tout bout de champ, à la radio ou à la télévision, de simulacres de psychanalyse des pédants à la manière des médecins de Molière)- et tant menacée par des pamphlets artificiellement façonnés, dépourvus de toute rigueur scientifique, il est utile de signaler les « miracles » (un mot d’une de mes élèves) dont elle est souvent capable. Ce cas « africain de France » en est l’illustration admirable.



Aucune anamnèse de « la traite négrière transatlantique », aucune « transversalité », aucun communautarisme ne peut accomplir la catharsis précédente. De même, il n’est pas certain qu’une loi mémorielle eût pu être d’un grand secours à cet Africain et à son petit garçon. Avant que le microcosme noir ne se mette à désirer pour eux ou à désirer ce qu’il imagine qu’ils doivent désirer, un bilan doit d’abord dire ce qu’ont ou n’ont pas les Noirs de France d’aujourd’hui, de quoi est faite leur absence de chez eux, de quel degré les paralyse la privation du symbolique. Kwame Nkrumah a dit jadis ce qu’ont, au fond d’eux, les Noirs et l’Afrique, à savoir « leur gloire ancienne, la grandeur ancestrale, le génie demeuré intact, le pouvoir de rétablissement de la race ». Quand elle est hors de chez elle, que reste-t-il de cette « belle âme » africaine, pure ? Les Noirs de France l’ont-ils encore ? En tout cas, ce n’est pas le « don » fait par l’Assemblée nationale française d’un texte de loi (loi Taubira) qui réhabilitera ce « pouvoir de rétablissement de la race ». Que les Noirs d’Afrique rendent donc opératoire ce pouvoir caché au fond de l'Africain et déchiffré par Kwame Nkrumah à l’époque des Indépendances. Mon avis est qu’il ne faut pas attendre de la « discrimination positive » l’offrande de cette tâche que les Noirs doivent accomplir seuls. Le travail, l’effort, parfois le sacrifice seront les moyens de la transformation du fatum et aideront à ce « rétablissement de la race ». Alors seulement les Noirs de France seront parce qu’ils auront et par ce qu’ils auront (ré)inventé. Au travail ! Tel est l'appel urgent du présent.



Comme vous pouvez le comprendre, pour nous, les Noirs qui vivons en France et qui sommes des descendants d’esclaves et de colonisés, le présent historique n’est pas fait de mémoire mais de tourment, c’est-à-dire cette conscience tragique d’une solution de continuité entre la mémoire inconsciente et l’actualité exigeante. Freud, dans les conférences publiées sous le titre Cinq leçons sur la psychanalyse, écrit que « Les hystériques souffrent de réminiscences », donc de leur passé. Les Noirs de France, eux, souffrent de leur déchéance présente. La légitimité de ce qu’ils doivent apporter à eux-mêmes et à la France est fondée sur l’action quotidienne et originale, non sur la mémoire, qu’ils ont perdue, non sur le catéchisme d’une souffrance passée qui ne peut plus être aujourd’hui qu’esthétique. Certes tous ces Noirs de France qui sont nés loin d’ici ont mal à leur pays. Les Noirs exilés (Français ou étrangers de France), souffrent de lacunes de transmission de la tradition. Telle est leur étrange étrangeté, qui se cache au fond d’eux. Cette étrangeté n’est pas noire mais tout simplement humaine. Elle est ineffable et échappe au concept. Le discours indirect de l’inconscient a permis à la psychanalyse de la saisir dans la solitude du divan, en la faisant nommer par ce Noir que tourmentaient les formes variées de l’exil. Mais est-ce suffisant pour conclure que tous ces Noirs qui souffrent d’une présence prégnante de l’absence du « pays natal » forment une masse homogène par le seul fait qu’ils sont nés noirs ? Je réponds non, car, œuvres d’histoires particulières, parcours et récits de vies individuelles laminées par l’éloignement de leur terre, les protocoles d’existence que les Noirs déroulent en France sont singuliers et non interchangeables. La typologie qui précède vaut alors argument pour demander qu’on nous laisse tranquilles et qu’on cesse de forcer tous les Noirs de France à se voir d’abord comme Noirs et seulement noirs, surtout à se voir en Noirs formatés par les idéologies du microcosme noir, avant de se voir en hommes. Je résume donc notre point d’arrivée cet après-midi : À considérer la connaissance vraie des hommes et des choses, il n’existe pas, en France, un monde noir unique mais plusieurs mondes noirs qui sont autant de singularités déposées sur les rives fragiles du temps par la complexité de l’histoire (collective ou individuelle) et de la politique.



5) Avant de conclure cette conférence, je voudrais prolonger ces commentaires sur la typologie des Noirs de France en ajoutant une ultime remarque. On sait que l’émigration massive des Noirs du « Sud » vers la France (métropolitaine), en particulier, et vers le « Nord », en général (l’Europe, le Canada, les USA), ne remonte guère au-delà des années 1960. L’émigration vers la France commença, me semble-t-il, avec « les balayeurs sénégalais », expression qui cacha, à l’époque, un jugement versatile des Français « métropolitains » à l’égard de ces premiers Africains, nouvellement indépendants, qui venaient « contribuer au développement de la France » ou « manger le pain des Français », c’est selon (si vous voulez en savoir plus, écoutez Lili, la chanson de Pierre Perret…). Balayeurs noirs, ouvriers noirs, techniciens noirs, étudiants noirs, patrons noirs, cadres noirs, sont aujourd'hui légion en France (voir plus haut). Mais ils sont historiquement « jeunes » en France et n’ont pas encore produit d’héritage économique, politique et social, même si l'héritage esthétique négro-africain semble installé dans le paysage français. En quarante ans de présence, les Noirs de France ne pouvaient pas faire de miracles économiques, sociaux et culturels. D’où : ils n’ont pas encore engendré des « héritiers », au sens de Bourdieu & Passeron. Il est alors facile de déduire et de comprendre que la majorité de la « minorité visible » noire actuelle ne puisse pas combattre à armes égales avec la fraction blanche de la nation, dont elle est (ou se sent) aujourd’hui objectivement et légitimement la concurrente intellectuelle, économique et sociale. C’est là, en fait, l’ultime aspect du problème de la transmission : les Noirs de France du début du XXIe siècle ne sont pas en mesure d’exhiber l’héritage français noir spécifique (si tant est qu’il puisse en exister un qui soit spécifiquement noir dès lors qu’il est français) dont ils seraient les auteurs et qu’ils auraient transmis à leurs descendants. Par exemple, ils n’ont pas encore produit économiquement et socialement une bourgeoisie « noire » française ou de France qui serait en mesure de transmettre toutes les formes de sa propriété et de ses acquis (« noirs » ?). Mais je dois avouer que, pour moi, une bourgeoisie, à l’intérieur d'une nation, n’a pas de couleur de peau, sans que pour autant je puisse admettre la maxime politique qui attribue une identité historiciste et universelle aux bourgeois et aux prolétaires « de tous les pays » : les histoires des classes sociales sont des héritages singuliers de leurs nations. Althusser a eu le temps de nous apprendre que le « tout concret et vivant déjà donné » (Marx) est toujours historiquement complexe et surdéterminé.



De même, et plus important encore, une bonne partie de la première immigration noire des années 60 était analphabète et illettrée. Or la France est une nation fortement élitiste, qui élague par « les lettres, les sciences et les arts », autant de domaines dans lesquels aucune singularité ne peut surgir, s’installer, durer et dominer si, comme on parle de figures imposées dans une compétition de patinage artistique, elle n’a pas suivi certaines voies imposées de l’avoir, de l’être et du paraître français. L’école républicaine et l’instruction publique, en leurs trois niveaux (primaire, secondaire et supérieur), sont la voie commune, élémentaire et obligée de ce processus qui, en France, consacre la position d’élite de droit (par l’instruction) puis d’élite de fait (par la fonction politique). Parce que, par la force des choses, l’immigration des années 60 ne pouvait pas emprunter ces voies de l’élitisme français, elle n’avait rien de « français » à transmettre. Là est son manque originel, le déficit d’actes qui l’a déterminée ; qui l’a « plombée », en quelque sorte. Il m’est alors permis de faire la remarque suivante : ce n’est pas un hasard si ceux (le CRAN et d’autres) qui aujourd’hui posent - même mal - la « question noire » sont, comme on dit avec inexactitude cependant, des « immigrés de la deuxième génération », laquelle commence, en quelque sorte, à posséder assez d’avoir élitiste, d’être élitiste et de paraître élitiste « français » pour se présenter tumultueusement sur la scène politique, intellectuelle, sociale ou « médiatique » et réclamer sa part légitime de l’héritage français. Et seulement français ; dire que c’est noir est éminemment fallacieux. Bien qu’ils ne soient pas tous des enfants d’immigrés, au sens politique et juridique de ce mot, Christiane Taubira, Fodé Silla, Louis-Georges Tin, Patrick Lozès … sont des produits sociologiques de leur temps et de la conjoncture française complexe de l’immigration. Leur battage idéologique est un écho d’une certaine histoire, un vœu du temps présent, et n’était pas possible avant que ne leur vinssent le rôle et le statut d’héritier (toujours au sens de Bourdieu & Passeron). Mais c’est un écho parasité d’effet Larsen ! Car paradoxalement, s’ils injectent tapageusement le passé dans une actualité qui va plus vite qu’eux, s’ils clament leur différence « noire » comme fondement d’une argumentation politique, c’est parce qu’ils ont déjà quelque chose de français, et de « blanc », à réclamer. Finalement leur réclamation n’a rien d’authentiquement « noir » mais colorise de noir ce qui n’est que sociologiquement « blanc français ». Car après tout, derrière la « question noire » qu’ils posent se trouve plutôt la réclamation, consciente ou inconsciente, rationnelle ou pathologique, de leur part politique française - enfin venue - d’adolescence économique et sociale. On voit, par cette remarque, que la mise en avant aujourd’hui de la « question noire », en France, par ces élites de fait est elle-même idéologique : une autre demande s’avance masquée derrière l’apparent classicisme de l’expression « question noire ». Il y a là un déplacement idéologique remarquable ! Je dirai donc que, lorsque cette part « noire » française ou française « noire », c’est selon, sera significativement et définitivement gagnée par le travail, l’effort et le mérite, alors la race sera vêtue de classe, la classe sociale sera vêtue de culture et les Noirs de France seront « gauloisement » adultes. Il n’y aura plus de « question noire » mais une classique question sociale française, et seulement française (peut-être européenne, si l’Europe n’implose pas), une question sociale faite de la lutte des nantis blancs et noirs versus des laissés pour compte noirs et blancs. Imperceptiblement, les Noirs de France du XXIe siècle, et suivants, seront riches, cultivés, pauvres, déshérités, sans être vus noirs. Ils seront aussi députés sans être vus noirs, professeurs sans être vus noirs, présentateurs de télévision sans être vus noirs. La fonction seule fera signe et l’habit de la fonction fera le Noir.



Mais voyons ! À propos, y a-t-il, en France, des « bo-bo » (bourgeois bohêmes) noirs ? Si la réponse est affirmative, alors de qui se moque-t-on, quand on dit que « la France n’est guère prête à aider les populations noires qui sont pourtant largement discriminées » ?







CONCLUSION :






La question que j’ai proposée comme titre de cette conférence : Qu’est-ce qu’être Noir, en France, à l’aube du XXIe siècle ? peut à présent recevoir une réponse. Être Noir en France, à l’aube du XXIe siècle, ce n’est pas être un Noir commun, un Niger niger, comme aurait dit un taxonomiste, mais être Noir, c’est être rendu visiblement noir par les discours et les actes simplificateurs de quelques Noirs. J’ai voulu intituler cette conférence : « Comment peut-on être Noir ? » (Avec les guillemets qui signaleraient un emprunt que vous reconnaissez…). Mais je n’ai pas osé cette familiarité voire cette parenté avec l’auteur des Lettres persanes. Je n’ai pas voulu entendre les commentaires et persiflages de la salle, du genre : « Usurpateur ! ». « Pour qui se prend-il ? ». « Il se prend pour Montesquieu maintenant ?». « Et puis quoi encore ? », etc. Eh ! bien, j’ose quand même : Comment peut-on être Noir ? La réponse est laconique, j’allais dire déroutante, tant elle est paradoxale : Dans la France incertaine du début du XXIe siècle, un homme est Noir aussi dans le regard de quelques Noirs. Souvent il n’est noir que dans le regard de Noirs, ceux qui, dans leurs discours ou leurs écrits, ne cessent de le montrer noir, « minorité visible ».



Noir, je suis donc effectivement cerné, encerclé, assiégé par des regards noirs, qui m’assignent à résidence identitaire de Noir. Parce que le microcosme noir en a besoin pour son confort idéologique et ses intérêts, je suis commis de me comporter en « Noir », puisque je sais que je suis un Noir, et de me justifier comme « Noir » et noir, de me conditionner pour être vu « Noir » sans être autre que noir. C’est paradoxal, mais la France mérite mieux que ce faux problème. Comble de paradoxe : ce sont des Noirs qui montrent les Noirs aux Blancs, à qui ils disent : Voyez ces Noirs, ils existent en tant que Noirs et parce qu’ils sont Noirs. Faites quelque chose pour eux, les pauvres, incapables qu’ils sont de se faire tout seuls et de se délester du plomb de leur négrité. Ils sont là, patients, inertes, et attendent votre générosité de Blancs. Donnez-leur un peu de discrimination positive. Les Senghor, les Césaire, les Damas, les Jean Price-Mars n’ont - heureusement ! - jamais quémandé cette générosité raciale blanche. Le paradoxe continue : moi qui suis noir, je ne suis pas cerné par des Blancs mais par des Noirs, qui me rappellent que je suis noir et qu’ils se chargent de le dire aux Blancs (aveugles) à ma place. C’est ce que veut l’ego embusqué de ces Noirs « parisiens » qui, parés d’esthétique ou vernis de rhétorique, sont à l’affût de la gloire et du pouvoir. Parce qu’une minorité de Noirs l’a imaginairement inclus dans une minorité pigmentairement damnée, héréditairement fichée de seconde zone, le Noir de France du début du XXIe siècle est même sommé de se sentir laissé pour compte (puisqu’il doit attendre l’aumône de la « discrimination positive »), de « faire le Noir » en quelque sorte, par exemple, cagoulé et casseur, dans quelque banlieue, bref de jouer l’éternel ségrégué de service.



Il est donc en France aujourd’hui un type d’êtres humains, dont je fais partie, qui est assiégé par des discours qui le condamnent à une existence imaginaire d’homme noir « visible », d'organisme non génétiquement modifiable, comme si l’être de culture ne s’était pas substitué à l’être de nature (la couleur de la peau). Cette assignation à résidence identitaire est scandaleuse. En tout cas, je la récuse. Le délire obsidional dont je vous entretenais au début de cette conférence existe bel et bien : je suis assiégé par des regards de Noirs qui, depuis les sphères de la représentation (« media ») ou de la décision politique, me disent comment je dois me préparer à être vu Noir dans le regard des Blancs. Un regard qu’ils font vieux de l'âge baroque et qui m’enserre aujourd’hui dans une mémoire de scène, comme si le temps de l'histoire s’était arrêté.

  • * *


J’ai commencé cette conférence par des remarques sur les jeunes Noirs de France et leur école. Je la terminerai par l’école. Le mérite du « mode » français, c’est son école républicaine gratuite. L’école est obligatoire aussi. Certains parents ne doivent pas l'oublier. Que l’école soit laïque, c’est là une haute spécificité du mode français, spécificité strictement endogène qui, après cent ans, n’a cependant pas encore entièrement reçu une place identifiée, stable et définitive au sein de ce mode. Des pressions religieuses, dont certaines sont récentes, viennent très souvent brouiller les cartes de la laïcité et la faire douter d’elle-même. Quoi qu’il en soit, le mérite de l’école, c’est la convergence nécessaire voire la connivence entre l’égale ouverture proposée aux talents des enfants et l’effort que ceux-ci acceptent de consentir pour y expérimenter et parfaire leur talent natif. Alain a écrit que « tout homme doit être pris premièrement comme un génie universel ». Ce grand philosophe a raison. J’ai toujours accueilli mes élèves par ce regard humaniste. D’ailleurs autrement, me semble-t-il, « c’est un peu Mozart assassiné ». Le même humanisme accueille, chez Saint-Exupéry, l’enfant de par la terre entière et, chez Montaigne, l’Indien « peuple enfant » des Amériques. Dans les deux cas, le devoir veut que l’on sauve l'Homme, dans son innocence ou dans sa différence.



L’école française est donc ordonnée à la maxime tirée de la citation d’Alain. Mais quand elle accueille les enfants in situ, cette école ne postule cependant ni le génie magnifique (dont rêvent beaucoup de parents d’élèves) ni le cancre absolu (que certains maîtres imprudents diagnostiquent précocement et péremptoirement, par conséquent, de manière erronée). Notre école adopte simplement une posture attentive mais active par laquelle elle instruit, sans avoir premièrement comme autre but que la mise en œuvre des moyens qui in fine révèlent et confirment la puissance et la diversité des talents des enfants-élèves. Évidemment, cette école ne voit aucunement la couleur de la peau de l'enfant qu’elle accueille. Par sa définition autant que par sa mission et sa pratique, l’école française ignore le racisme. Elle fait seulement appel à des vertus morales qui sont comme ses corollaires d’ignition du devenir de l’enfant : ces vertus ont pour nom le courage, l’effort, l’abnégation, le recouvrement de la peine, le désir de connaître. Elles sont à la fois le signe et la condition du mérite et de la réussite de l’enfant. Et chaque fois que l’école s'écarte de sa définition ou n’atteint pas sa mission, chaque fois que l’école faillit, ce n’est jamais sa faute, vu qu’elle n’est qu’un moyen, mais c’est à cause d’addenda mesquins dus à des politiques (politiciens et actions) de courte vue, des politiques comptables qui, pièces rapportées d’idéologies variées, la réajustent à vue ou la rafistolent sur le mode du bricolage du dimanche. C’est aussi dû à cette phase récente de l’histoire de l’école que couvre l’effervescence du pédagogisme et de l’enseignement « hors sol », ce stade éminemment idéologique où l’on voit des intellectuels se faire « pédagogues » en livres et de livre. Ceux-là se font plaisir en faisant de l’école une fin en soi et de l’élève un être désincarné de laboratoire, c’est-à-dire cet inconnu si « beau » et inconditionné qu’il n’est de nulle part, si ce n’est dans la tête ou le livre du pédagogiste. Des extravagances insouciantes de tel ministre de l’Éducation nationale en mal de plaisir populiste peuvent parachever le détournement de l’école de sa mission dans les échanges. Il n’empêche cependant, la conséquence désirable des valeurs rappelées précédemment, lorsque l’école convient à sa fin, peut s’appeler formation intellectuelle ou, tout simplement, instruction, c’est-à-dire l’avoir d’homme, cumulé, de l’enfant en devenir de citoyen. En effet, puisque l’homme vit en société et sous régime d’échanges, il ne peut pas être ou paraître sans avoir, il ne peut pas non plus recevoir sans donner ou avoir donné. Ma pratique de l’école française me pousse à dire qu’elle s’adosse à cet échange primordial. Dès lors, le discours idéologique construit sur les Noirs de France par un petit nombre de Noirs de France apparaît comme un habile écran de fumée qui veut cacher la réalité et la vérité incontournables du mode français d’inscription de l’homme dans le mouvement de la Nation, à savoir la fonction non raciste de l’école et le mérite que celle-ci attend de tous les enfants pour modeler la plasticité de leur talent. Mais la réalité et la vérité sont comme les ludions des cours de physique ou les bouées de signalement de danger qui dandinent sur la mer parce que, ne restant jamais sous l’eau, elles en jaillissent toujours spontanément et de leur propre force. La vérité et la réalité du mode français surgiront et survivront aux artefacts idéologiques fabriqués par le microcosme noir. Que la France continue de proposer l’école républicaine à ses Noirs et à tous les enfants de toutes les couleurs qui « poussent » sur son sol. Quant à nous, parents noirs, scolarisons nos enfants. Aux jeunes noirs de France, je dis : N’écoutez pas les idéologues du microcosme (noir ou renforcé d’autres couleurs). Assumez-vous en tant qu’hommes, tout simplement, soit comme Français, soit comme Européens, soit comme « Étrangers de France ». Apprenez, apprenez et apprenez encore ! Gavez-vous joyeusement de savoirs et de savoir-faire, eux qui sont sans couleur et sans odeur mais qui ont la saveur de la liberté, laquelle est toujours au bout du chemin de la connaissance. Jeunesse noire de France, acceptez les peines et les plaisirs de l’école. Citoyen noir (j’accepte provisoirement cette expression mal formée) et, de surcroît, professeur, c’est ce peu éducatif que, ce soir, je vous demande ou vous conseille. Le reste viendra par surcroît.

Castel JEAN

Meaux, le 09 mai 2006


Le post scriptum :

Le 19 juin 2007, 12h14

Après la publication de cette conférence sur Internet, le 9 mai 2007, et au lendemain des différentes élections françaises, une observation majeure m’a semblé s’imposer à ceux qui partagent les vues défendues dans Qu’est-ce qu’être Noir, en France, à l’aube du XXIe siècle ? :

- Nicolas Sarkozy, un fils d’immigrés européens, a été élu Président de la République française, le mois dernier.

- Rachida Dati, une fille de l’immigration maghrébine, dirige depuis un mois un ministère régalien, en France.

- Rama Yade, une fille de l’immigration africaine, a été nommée ce matin Secrétaire d’État aux Affaires étrangères de la France.

On ne va pas me faire accroire que Sarkozy est là où il est, dans les lambris du Palais de l’Élysée, par « discrimination positive ». On ne va pas me faire accroire que Rachida Dati est au rang de ministre de la République par « discrimination positive ». On ne va pas me faire accroire que Rama Yade est au rang de Secrétaire d’État par « discrimination positive ». Ils doivent ce qu’ils sont à ce qu’ils ont acquis et conquis par le courage, l’effort, l’abnégation, le talent (voyez l’intervention de Rama Yade, dimanche dernier sur TF1) et le mérite. Je m'avance et parie : aucun parti politique démocrate qui gouvernera la France n'osera désormais "faire moins". Certes, je sais qu’un grand disert d’extrême droite n’a pas eu scrupule ni retenue -même après les lois nazies de Nuremberg- d’aller fouiller dans l’arbre généalogique de Nicolas Sarkozy pour y dénicher sa « perle » de l’année politique, son argument électoral de mise à mort de l’adversaire, à savoir… le nombre très précis de grands-parents étrangers de l’actuel Président de la République française. Comme quoi, même un immigré européen (hongrois) ne serait pas soluble dans la francité que ce grand disert appelle « de souche ». Voire ! Ça me fait penser de nouveau au jeune Noir « exotique » de l’émission de Paul Amar (voir le nœud Mon blog intégré au site de la barre principale de navigation de ce site)… Mais malgré la « perle » que je viens de rappeler, il demeure qu’à regarder ces « visages » (c’est là une citation) différents qui nous gouvernent désormais, en France, je sais une grande chose : c’est que ces succès saillants -désormais incontournables et irréversibles- de l’immigration inaugurent l’invalidation (que j’attendais) de la thèse de ceux qui soutiennent la « discrimination positive » - ainsi que sa condition et/ou son corollaire : le comptage ethnique - comme moyen de mettre fin au racisme et à la misère des « minorités visibles » (quand bien même Nicolas Sarkozy ne relèverait pas de la catégorie « minorité visible »).

Je pourrais tirer argument de ces observations et dire que j’ai raison de soutenir le contenu de la conférence que vous venez de lire : ce qui fait un homme, ce n’est pas la couleur de sa peau ni son prétendu attribut d’être un « descendant d’esclaves », mais c’est ce qu’il a et est, compte tenu de ce qu’il a fait de lui. Je n’ai cependant pas le droit d’avoir raison contre le « mieux disant » microcosmial. Jadis Raymond Aron n’avait pas le droit d’avoir raison contre Sartre. (Sans prétention…).

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______L'Afrique, pourquoi se croit-elle pauvre?

Les africains jouiront de la prospérité aussitôt qu'ils décident qu'ils en ont envie. Quant aux sycophantes et nervis qui soutiennent les nombreux tyrans africains, on leur réserve un traitement qui rappelle l'action collective qu'ont jadis subi les voleurs du marché.

Lorna Nicole Kayitesi Rédactrice, Le Gouvernement . com

1 novembre 2006 Ouidah, Bénin

Le Royaume . com

L'Afrique, pourquoi a-t-elle stagné alors que les économies des autres continents se sont développées ces dernières décennies? C'est une question que s'est posée la radio nationale américaine (National Public Radio, NPR) cette semaine. La réponse qu'elle s'est donnée? L'échec africain est dû aux maladies tropicales, aux pratiques agricoles dépassées, aux subventions et tarifs occidentaux qui nuisent aux exportations africaines, et aussi, admet-on, aux dictateurs voleurs. La radio américaine a fait preuve de générosité en évitant de citer la responsabilité des africains eux-mêmes, et cette faveur semble obvier l'accusation redoutée de racisme.

Si ce n'est pas impossible, ça requerrait beaucoup d'efforts pour un journaliste américain ou européen de faire une analyse égale à la profondeur de la question. Les noms des pays africains sont déjà trop complexes, semble-t-il. Si on fait une recherche dans les archives du journal français Le Monde, par exemple, on constate que cette publication discute tantôt du Centrafrique, tantôt de la Centrafrique. (L'article masculin s'applique, en effet, à cause de l'origine du nom, "le centre de l'Afrique".) Les médias américains, eux, utilisent rarement l'adjectif national correct. On parle notamment de Ivory Coast president ou de Cameroon economy au lieu de Ivorian president ou de Cameroonian economy. Rarissimes sont les journalistes américains qui savent qu'il faut distinguer entre le Congo Brazzaville et le Congo Kinshasa. On n'oserait pas faire une analyse de la France sans diplôme dans le sujet, mais une petite recherche sur Internet suffit pour un examen de la Sierra Leone. Ainsi, les mythes à propos des supposées différences raciales au sein du peuple rwandais, inventés par un colonisateur allemand de l'autre siècle, redeviennent perpétuellement de bonnes nouvelles à imprimer.

Les africains, ne sont-ils véritablement que des pions secoués par des circonstances hors de leur contrôle? Sans surprise, la NPR a tort. Les africains jouiront de la prospérité aussitôt qu'ils décident qu'ils en ont envie.

Est-ce nécessaire de céder à la désespoir et de risquer sa vie en faisant voile vers les côtes espagnoles, ou de chercher un européen célibataire de 60 ans offrant le mariage avec un visa? Doit-on s'inspirer de ces prétendus leaders africains qui courent après le G8 pour tendre la sébile? La délivrance de la misère, viendra-t-elle du gouvernement ou des ONG caritatives étrangères?

Blague-t-on? L'Afrique boira une rasade de courage. Ensuite, on se mettra au travail et aux études avec un fanatisme jamais vu. La confiance qui a facilité la naissance des cultures et des arts les plus éclatants et divers du monde, voilà ce qui relèvera ce continent dans lequel l'âme humain est arrimé.

Lorsque les africains auront fait le choix de la prospérité, ils n'accepteront rien que la liberté économique absolue, sur le modèle de Dubaï, conjuguée à la liberté sociale à la néerlandaise et la démocratie à la sénégalaise. Le continent pourra ensuite saisir des occasions inouïes qui décupleront la valeur de ses ressources humaines et naturelles.

Quant aux sycophantes et nervis qui soutiennent les nombreux tyrans africains, on leur réserve un traitement qui rappelle l'action collective qu'ont jadis subi les voleurs du marché.

Le peuple africain s'avisera que son histoire de chefs villageois bienveillants ne donne aucun prétexte à ces tyrans kleptomanes insignifiants. Le petit gabonais Bongo sert d'exemple. (Par hasard, son site de propagande s'appelle legabon.org, alors que ce site de lumières s'appelle legabon.com et gabonais.com, ce qui nous rend des voisins virtuels.) Dictateur et toxicomane du pouvoir depuis 1967, il vient d'annocer qu'il compte se faire élire encore une fois en 2012. Il est l'un des plus grands propriétaires de biens immobiliers parisiens, grâce à son habileté en escamotant la richesse gabonaise. Nombreux sont les gabonais, pourtant, qui lui remercie d'investir au moins une petite partie de l'argent gabonais au Gabon.

Ces âmes perdues vont bientôt se rendre compte que dans l'époque moderne, il n'y a qu'un chef, c'est-à-dire le peuple lui-même. Ce géant, intoxiqué par les insectes tyrans, saura assumer ses forces. Il s'étonnera de la grande facilité d'écraser ces moustiques gênants: il suffit de taper des mains. Le géant en a eu assez de leurs bourdonnement et petit spectacle.

Le géant dira en effet que le respect de l'autre passe par la liberté économique et sociale. Son gouvernement "n'enlèvera pas de la bouche de Travail le pain qu'il a gagné," comme a dit Thomas Jefferson. De plus, sachant que le bonheur intellectuel constitue le fondement du génie africain, on ne tolérera aucune entrave au développement de l'individualité de chacun.

La compassion, elle, et la solidarité forment des bases de société trop importantes pour les abandonner au profit de l'influence dégradante de la bureaucratie. Les africains s'occupent volontairement des besoins d'autrui, et n'ont aucun besoin de l'idéologie européenne discréditée que constitue le socialisme. Un gouvernement fort fait preuve d'une modération forte. Est-ce qu'on allume un feu dans une cheminée de bois?

Une fois que l'individu endosse ses propres besoins, il pourra déterminer son destin. Au contraire, un gouvernement qui prétend être une maman dorlotant n'en est pas une, étant donné que ce genre de chienlit empêche la liberté nécessaire pour la prospérité et le bonheur. Garantir la protection de la nature et de l'enfant, lutter contre la force et la fraude – elles ne sont pas nombreuses, les activités que le gouvernement peut assurer mieux que les individus, les associations, ou les sociétés.

La compassion, ça veut dire aussi le partage du message de la liberté. Dans toutes les écoles, qui doivent rester privées pour donner une diversité de pensée et une compétitivité revigorant, il faut requérir des études approfondies dans la nécessité de la liberté. Mais aussi, il faut que se multiplient les leaders libéraux, ce qui veut dire qu'on doit être innovateur en disséminant ce message. Une fois la liberté saisie, décupleront ces histoires d'entrepreneurs africains réussis et d'usines construites en Afrique.

La vraie unité africaine doit se baser sur l'attachement à la liberté. Avec la découverte de l'ADN, on sait que la race n'existe pas. D'ailleurs, la géographie dépend de l'histoire des caprices des géographes. (On peut, après tout, marcher jusqu'en Chine.) La seule chose qui mérite d'être un lien unificateur, c'est ce qui apporte le bonheur. Ces dons de Dieu s'appellent la liberté et l'amour, qui forment un tout.

http://www.lafrique.com/afrique/articles/amour-femme/

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______La démocratie en Afrique, mythe ou réalité ? Si, les dirigeants africains agissent ainsi c'est parce qu' ils sont pistonnés par lobbies européens dont ils font l'affraire.

Pour avoir étudié dans les mêmes écoles (pour la plupart) que les "présumés lobbies européens", nos dirigeants africains devraient pouvoir déjouer les ruses de ces derniers.

Malheureusement pour nous pauvres peuple africain, une fois élus, nos dirigeants ne se préoccupent que de trouver des idées pour s'enrichir et rester le plus longtemps possible au pouvoir, au mieux y mourir. Alors impossible que te tels individus travaillent pour la croissance de leurs pays et selon une éthique démocratique. Cher auteur de cet article, je salue votre réflexion sur cette question de démocratie qui n'existe que de nom et utilisée comme rideau pour voiler LA DEMOCRATURE que subit le peuple.

Il est généralement admis que la démocratie est un mode de gouvernement où le peuple exerce la souveraineté. Pour Abraham Lincoln, la démocratie est « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». Prise dans ce sens, la démocratie s'oppose à tout pouvoir qui n'est pas l'émanation du peuple. Dans la véritable démocratie, le détenteur du pouvoir est le peuple appelé souverain primaire. Les citoyens ne pouvant tous exercer cette souveraineté, ils délèguent leur pouvoir à un nombre restreint d'élus qui l'exercent à leur place. Ces personnes sont désignées à travers des élections libres et transparentes. Ainsi, le pouvoir exercé par les élus l'est au nom du peuple qui le lui a temporairement transféré et à qui ils doivent rendre compte.

Malheureusement, plusieurs pays du Tiers-Monde présentent une démocratie de façade, caricaturée. L'on fait certes parler les urnes mais le résultat n'est pas l'expression de la volonté souveraine du peuple mais plutôt de la puissance du prince. En conséquence, les dirigeants deviennent, au fil du temps, de moins en moins enclins à accepter le contrôle du peuple. La démocratie devenant alors le pouvoir du plus fort, par le plus fort et pour le plus fort. Quelques exemples peuvent être tirés à la volée de l'histoire récente.

Le cas de la dernière élection présidentielle au Rwanda est éloquent. Dans ce pays, les Hutus, ethnie rivale à celle du Président en place, représentent plus de 75 % de la population. Le fort clivage ethnique préexistant au génocide de triste mémoire y a été exacerbé après ce dernier et tout particulièrement par la domination mono ethnique exercée par l'ethnie minoritaire au pouvoir depuis 1994. Il est inconcevable dans un tel pays que le chef de l'Etat en place puisse gagner les élections avec près de 95 % des suffrages exprimés.

Dans la démocratie comme dans la dictature, la victoire se prépare. La méthodologie utilisée différencie la victoire de l'une de celle de l'autre. Que s'est-il réellement passé ? Le Président Kagame a d'abord mis en détention préventive durant près de 2 ans son prédécesseur et challenger, Pasteur Bizimungu, il fait recours pour le référendum constitutionnel à des électeurs venant des provinces voisines de la R.D. Congo sous son occupation. Il a instauré un climat de peur dans le chef des électeurs de l'ethnie rivale : dissolution du principal parti adversaire jugé par lui, d'essence ethnique ; arrestation des opposants, enlèvements, intimidations pendant la campagne électorale, interpellations, pour fermer la boucle, bourrage des urnes. La communauté internationale se trouve aujourd'hui devant un plébiscite. Pourrait-on prétendre, au vu de ces résultats, que le peuple rwandais a si massivement porté son choix sur l'homme fort de Kigali ? En réalité, c'est sa main de fer qui l'a maintenu au pouvoir. Sa puissance militaire, financière et sa politique implacable lui ont assuré cette victoire.

Le candidat du Front patriotique rwandais a obtenu une majorité écrasante, face à son adversaire Faustin TWAGIRAMUNGU qui n'a pu récolter que 3,5 %. Ce dernier a dénoncé l'intimidation et le harcèlement dont ses partisans ont été objet de la part des autorités gouvernementales durant toute la campagne électorale. Ces faits ont été confirmés par des observateurs neutres dépêchés sur place par l'Union Européenne.

Comme le dirait l'ancien président congolais Pascal Lissouba : « On n'organise pas les élections pour les perdre ».

L'expérience nous a montré qu'il était plus facile à celui qui est au pouvoir de se faire un résultat qu'à celui qui veut y accéder d'avoir un résultat. Réalité du Tiers-monde !

Qu'est-ce qu'en fait les élections en Afrique sinon un moyen pratique de légitimation d'un pouvoir spolié et confisqué au peuple ? Après 30 ans de règne sans partage au Togo, le Général-Président Eyadema dont le pouvoir a été marqué par des violations massives des droits de l'homme et des assassinats politiques, a été réélu à la tête du pays le 1er juin dernier avec 57 % des suffrages. Ce scrutin, comme on peut s'en douter, a été entaché par de nombreuses irrégularités.

Les hommes forts d'Afrique utilisent presque la même méthode pour se faire des résultats aux présidentielles. Quatre mois avant ces élections, soit au mois de février 2003, le Président togolais, par l'entremise de ses services, avait procédé à de nombreuses intimidations et arrestations parmi les membres de l'opposition. Marc Palanga et Mazama Takasa tous deux membres d'UFC ont été arbitrairement détenus et ont subi des tortures. Certains candidats ont même été empêchés de se présenter devant les électeurs. C'est le cas notamment de Gilles Christ Olympio. Pendant la compagne présidentielle, les candidats de l'opposition ont connu plusieurs entraves qui les ont empêchés soit de circuler librement sur toute l'étendue du territoire soit d'organiser des réunions politiques. Le RPT, parti du Président Eyadema, a monopolisé les médias publics en violant les dispositions légales qui garantissaient indistinctement aux candidats l'accès libre et égal aux médias de l'Etat.

Tout est mis en œuvre pour consacrer le pouvoir du plus fort, par le plus fort et pour le plus fort qui ne ménage aucun effort pour asseoir son autorité en République Démocratique du Congo, l'ancien Président Mobutu a eu recours à l'épuration ethnique ou la traque dans une province donnée des citoyens non-originaires en vue de les empêcher d'exprimer leur opinion.

L'instauration d'un climat d'émeutes pour intimider les populations d'une région peu favorable au régime en place de voter massivement, l'élimination par des moyens législatifs des adversaires aux origines douteuses, les violations des libertés publiques et l'arrestation des adversaires politiques, la confiscation, pour sa compagne, des médias et des finances publiques par le candidat sortant, référendum et recensement truqués … Ce sont là les ressources stratégiques dont se servent les dictateurs africains aux allures de démocrates.

Le pouvoir sensé revenir au peuple lui est arraché par ceux qui détiennent les moyens de contrainte : la force publique (armée, police), les finances de l'état (achat des consciences) et l'intelligence. Ces derniers confisquent la " souveraineté " populaire, désignent les animateurs des divers échelons du pouvoir. Il va de soi que ces derniers exerceront ce pouvoir sans entrave aux intérêts de leurs bienfaiteurs. Le peuple dans tout cela n'y trouvera aucun compte. Sa souveraineté primaire n'est plus qu'escroquerie. Il n'a pas délégué les animateurs et ceux-ci ne lui rendent pas compte. Le peuple n'a en sa main aucun moyen de contrôle ou de contrainte.

Dans un pays où le pouvoir a été pris par les armes (coup d'état, révolution, …), l'autorité suprême se maintient au pouvoir en truquant la forme des élections et leurs résultats, le peuple est impuissant. Celui qui est au pouvoir n'a aucune envie d'être contrôlé par le peuple. Il n'acceptera pas les critiques fussent-elles constructives. Il va élaborer des théories sur la démocratie en vue de légitimer son pouvoir. Le Président Mobutu comme tant d'autres a créé un parti unique qui était national et obligatoire pour tout citoyen. Il a déclaré en 1990 : " Il y a des gens qui en veulent à mon fauteuil ". Il trouvait si évident que le pouvoir lui revenait de droit presque divin. Il était sien et aucune personne, même choisie par le peuple, ne pouvait convoiter " son fauteuil ".

Si le Président Laurent Désiré Kabila avait été élu Président de la République par le peuple, il ne pouvait aucun jour prétendre remettre son pouvoir au peuple. Pour lui, le pouvoir avait été confisqué par Joseph Désiré Mobutu. Kabila l'a récupéré pour son compte, puis prétendre le remettre au peuple à travers les CPP, comités de pouvoir populaire. LD Kabila dira à l'installation des CPP : « Je vous remets le pouvoir à travers les CPP … Organisez-vous … ». Un homme peut-il prétendre remettre le pouvoir au peuple de qui doit émaner tout pouvoir ou c'est le peuple qui doit donner le pouvoir à un élu ? Au cas où un homme remettrait le pouvoir au peuple, il démissionnerait de son poste en vue de laisser à ce peuple la latitude, non seulement de s'organiser pour mieux exercer le pouvoir, mais la faculté de se choisir aussi ses nouveaux dirigeants.

A propos des CPP de Kabila, après avoir prétendument remis le pouvoir au peuple, le même “remetteur” de ce pouvoir s'est réservé le droit d'en choisir les animateurs au sommet. A leur tour, ces animateurs ont nommé les dirigeants provinciaux voire urbains et de district. Le peuple, comme avant, est exclu de l'exercice du pouvoir.

Les dictatures actuelles cherchent à se faire passer pour des démocraties. Elles savent que pour durer au pouvoir sans être inquiété et pour exploiter la population dans l'impunité qu'un vernis de démocratie ferait toujours l'affaire. C'est pourquoi loin d'être totalitaire, elle ne cherche pas à obtenir l'adhésion de tous les citoyens ; il s'agit en fait de ce que certains appellent “la démocrature”. Dans la démocrature, tout ou presque, est équilibré : atteintes aux libertés, répressions dosées, voire gratification en biens matériels pour inhiber des soulèvements et des rejets en bloc. En Afrique actuellement la démocrature est plus à la mode que la démocratie. Cette démocrature est appelée par d'autres “la démon -cratie” qui est le pouvoir des démons par les démons et pour les démons.

Le pouvoir des plus forts… En République Démocratique du Congo, prétendant combattre la dictature de Laurent - Désiré Kabila, une rébellion fut déclenchée en août 1998, à l'Est de ce pays, rébellion menée par le Rassemblement congolais pour la Démocratie. Quelques temps après, une autre rébellion entra en danse, le Mouvement pour la Libération du Congo, puis d'autres petits mouvements rebelles virent le jour. Chose qui étonne, ces mouvements qui prétendent se battre pour l'instauration d'un Etat de droit, excellèrent dans les violations des droits de l'homme dans les territoires sous leur contrôle. La recherche de la démocratie était devenue le cadet de leurs préoccupations, il fallait à tout prix faire usage de la force pour accéder au pouvoir. Ce que sanctionna les accords de Sun-City. Puisque chacune des parties s'estimait forte et puissante, on avait plongé le pays dans une guerre meurtrière et dévastatrice pour le peuple. Au bout de leur souffle, les parties décidèrent de négocier la paix et la répartition du pouvoir qui aboutit à un gouvernement issu des négociations. Quel intérêt ce gouvernement va-t-il défendre ? Tout compte fait, pas celui du peuple car chacun sachant qui l'a placé à tel poste, à qu'il rendra des comptes. C'est cette personne qui pourra éventuellement décider de son maintien ou de son éviction. La démocratie, loin d'être seulement le pouvoir des plus forts par les plus forts et pour les plus forts, devient alors le pouvoir des gouvernants par les gouvernants et pour les gouvernants…ou comme le dirait le citoyen moyen, le gouvernement des démons par les démons et pour les démons.

Cette réalité congolaise est aussi ivoirienne et de plusieurs pays africains dans lesquels le peuple ne s'est pas choisi ses représentants.

Le pouvoir des gouvernants, par les gouvernants et pour les gouvernants ! La souveraineté, le pouvoir suprême devient l'émanation de ceux qui se sont imposés au pouvoir. Ceux-ci, pour mieux exercer ce pouvoir choisissent les gens qui doivent les aider à gouverner, à qui ils délèguent une portion de leur pouvoir. La démocratie devient alors le gouvernement où les plus forts exercent la souveraineté… ce qui a fait dire à Mgr Marini Bodho, Président coopté du Sénat congolais à l'occasion de l'ouverture de la session extraordinaire du Sénat, le 22 août 2003 : « Cet holocauste de plus de 3.500.000 morts immolés sur l'autel de nos intérêts égoïstes et qui nous valent d'être là, aux différents postes que beaucoup d'entre-nous occupent ».

Comment gagner les élections “démocratiquement” en Afrique ? En pointant le canon aux électeurs, en muselant une presse très bruyante et pauvre, en laissant rêver les opposants et contrecarrer leur action, en invitant et laisser faire les observateurs internationaux qui, malgré leurs rapports négatifs, n'empêcheront pas les Présidents de leurs pays de prendre acte des “résultats”.

http://wakawaka.posterous.com/la-democratie-en-afrique-mythe-ou-realite

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_____Pourquoi l'Afrique si riche est pourtant si pauvre ?

Présentation

Contre la servilité des élites africaines. Essai pour de nouveaux remèdes. "L'Afrique noire est mal partie", écrivait René Dumont dès les années 1960. Et c'est aux élites africaines qu'incombe la responsabilité essentielle. Et pourtant, cette partie du monde, suivant les estimations américaines de 1966, qui regorge de richesses incommensurables dans son sous-sol, voire sur sol même, est l'une des plus privilégiées au monde par la Nature. Comment concevoir ce paradoxe inintelligible ? Sans nier la responsabilité historique des élites politiques du monde occidental, les acteurs de ce désastre sont les élites politiques de l'Afrique noire. *

Extrait du livre

« Pourtant, si l'on met de côté la prégnance des préjugés qui empêche de juger avec raison, c'est-à-dire de façon critique et sereine, on peut dire qu'en tout temps, les peuples noirs d'Afrique ont beaucoup plus apporté aux autres peuples qu'ils n'en ont reçu en retour. Et s'il y avait réellement un tribunal de l'Histoire, et que tous les peuples de la terre devaient être jugés, soumis à son verdict, on verrait que les peuples africains n'ont jamais porté aucun tort à aucun peuple étranger à leur continent. Leur violence, incontestable, est toujours endogène. Tous les crimes abominables que les hommes ont commis les uns à l'égard des autres, tant dans le passé lointain que récent, ne l'ont été par aucun peuple noir. L'occident judéo-chrétien ne cesse de parler d'amour : mais que de crimes commis en son nom ? Même la terre dite sainte, génératrice de toutes les religions ethniques et conquérantes, ne souffre d'aucun pardon. La haine y est avivée, l'intolérance permanente, et l'hostilité réciproque y est érigée en règle de vie quotidienne. Qui peut le contester ? En revanche, en Afrique du Sud, l'on a fait preuve d'un niveau magnanime d'humanité. Malgré la violence barbare subie pendant des décennies, dans l'indifférence de l'Occident chrétien, les Noirs ont su pardonner, après la révolution humaniste du pardon à leurs offenseurs aux Etats-Unis opérée par le pasteur Martin Luther King, résoudre dans la paix le problème d'apartheid dont ils ont été victimes ; et créer une ère de vie et de co-existence dans la différence ; un exemple unique dans l'histoire de l'Humanité. Partout, sur terre, où il y a de la ségrégation dans l'habitat, ce n'est presque jamais le fait de Noirs, dès lors que l'autre est différent d'eux, mais celui des religions de l'amour, conquérantes ou ethniques. Aussi, l'amour est du côté des peuples non guerriers, comme ceux dont il est question ici, à savoir les Africains subsahariens, ou comme les Tibétains, les Amérindiens, certains peuples des îles du Pacifique, les Aborigènes d'Australie etc ».

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Rumba Chardon 16.06.2010 constats evidents, poigants, quoique parfois orientés. il est évident que l'afrique, n'est pas pauvre, mais elle a été apauvrie par le plus grand génocide de l'histoire de l'humanité qu'a été l'esclavage, puisqu'il s'est perpétré sur des siècles, puis pillée par la colonisation restée impunie. Livre papier 25,9 € Livre Numérique (pdf) 7,9 € Commander

http://www.manuscrit.com/book.aspx?id=11834

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______La société civile africaine réclame un nouveau modèle économique

La société civile africaine réclame un nouveau modèle économique Par Marc Wegerif | jeu, 13 mai 2010 - 10:35

Pour la première fois, le Forum économique mondial (FEM) sur l’Afrique s’est tenu en Tanzanie du 5 au 7 mai. Les réunions du FEM sont dominées par les dirigeants d’entreprise et de gouvernement tandis que l’avis de personnes ordinaires est rarement pris en considération. Oxfam a apporté son soutien au Forum du peuple africain, une conférence qui a eu lieu en parallèle du FEM. Marc Wegerif y a participé :

Le forum du peuple africain est né de la volonté de créer un espace d’échange d’idées entre les personnes affectées par les décisions prises au FEM par les grosses entreprises et leur permettre de s’exprimer sur ce qu’ils souhaitent pour l’avenir et sur la façon d’y parvenir. Un forum de ce genre est désormais plus que nécessaire pour faire face aux menaces telles que le changement climatique, la hausse du prix des denrées alimentaires et l’exploitation par les entreprises.

Le Forum a été un véritable succès. Plus de 300 personnes ont participé à deux jours de débats sur le thème : « Pour la prospérité, la résilience et une croissance inclusive en Afrique ». Des débats animés ont porté sur des sujets allant du changement climatique à l’accaparement des terres par les entreprises étrangères, en passant par le rôle des femmes dans l’économie.

Les conclusions ont été claires : « Le modèle économique actuel ciblé sur la croissance, et les investissements des grosses entreprises qui en résulte, sont rarement bénéfiques aux populations. Les inégalités se multiplient et les pauvres sont de plus en plus pauvres » a conclu le dernier communiqué du forum. Le fait que les priorités du FEM sont souvent établies au détriment des peuples africains les plus pauvres s’est révélé être un sentiment partagé par tous.

Le point fort du premier jour a été pour moi le discours d’ouverture du Professeur Issa Shivji, un expert tanzanien sur les questions de développement et leader en son domaine. En s’appuyant sur la place qu’a occupé l’Afrique dans l’économie pendant le siècle dernier, il a argumenté que les dirigeants d’entreprise du FEM ne font qu’encourager une ère d’ « accumulation primitive » basée sur l’exploitation continue des ressources africaines au détriment du peuple africain. « Ce n’est pas le peuple africain qu’ils veulent mais juste l’Afrique », a-t-il déclaré.

A la différence du FEM, certains des secteurs les plus marginalises de la société ont eu la possibilité de s’exprimer amplement. Les groupes de femmes, les petits agriculteurs, les éleveurs et les pauvres des villes sont tous particulièrement affectés par les mesures prises par le FEM. Ils ont tous parlé de leurs problèmes et de leurs expériences comme le fait d’être expulsés de leurs terres pour laisser la place aux multinationales ou du manque d’investissement dans les services de santé et dans l’équité des sexes.

Le deuxième jour les participants ont bravé des pluies torrentielles pour débattre des problèmes du changement climatique et du rôle et des responsabilités des grosses entreprises. Les participants aux forum ont été informés de la façon dont les sécheresses prolongées, les inondations et les variations du climat affectent les communautés tanzaniennes. Ils ont appelé les entreprises a réduire leurs émissions de CO2 de façon radicale, à payer des indemnisations pour leur impact sur le changement climatique et la destruction environnementale et à accroitre l’investissement dans les énergies « propres » afin de fournir de l’électricité à toute la population.

Les multinationales ont aussi été au centre de la réunion consacrée aux accaparements des terres et ont été accusées de voler les terres et les ressources naturelles des petits producteurs. Dans un grand nombre de cas, les entreprises étrangères se sont accaparées des terres appartenant à des communautés locales sans respecter, ou trop peu, les droits juridiques ou traditionnels fonciers. En Tanzanie par exemple, les participants ont expliqué comment des agriculteurs de Kisarawe ont du céder leurs terres à une entreprise de biocarburants et comment à North Mara une entreprise minière étrangère a pollué les sources d’eau locales.

Les gouvernements africains ont eux aussi été critiqués pour “ne pas en faire assez pour protéger les droits et les intérêts des citoyens.” Certains services essentiels tels que la santé et l’éducation, dont dépendent les populations, ne s’améliorent pas et dans certains cas sont même en train de se détériorer à cause des politiques de réductions des coûts adoptés par les gouvernements.

Le Forum a représenté un espace où les citoyens pouvaient discuter de leur propre développement et émettre des suggestions pour un avenir meilleur et plus juste. Le monde devrait écouter ce qu’ils ont à dire.

http://blogs.oxfam.org/fr/blog/10-05-13-la-societe-civile-africaine-reclame-un-nouveau-modele-economique

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______livre: Ni droite, ni gauche ni au centre: L'Idéologie fasciste en Afrique. Quel chef d'Etat pour demain ? Un président aux ordres ou un président qui défend nos intérêts?

http://www.amazon.fr/Ni-droite-gauche-LId%C3%A9ologie-fasciste/dp/2213606390

Décidément, il sera dit que ce mois de novembre 2010 sera tout particulièrement marqué par une avalanche de tout azimuts de propos démagogiques et mensongers en vue des élections présidentielles.

Les Africains sont saturés de toutes ces duperies à des fins électorales et en font une véritable overdose. Ce triste théâtre ne convainc quasiment plus le peuple africains qui aspire à un changement profond et véritable et ce sans concession. L' afrique glisse vers la catastrophe et les AFRICAINS sont inquiets. Force est de constater que nos politiciens sont les champions du Monde dans les rubriques mensonges, calomnies, duperies et démagogie.

Il faut bien avouer que nos président Eternels, n’ont plus rien à proposer aux Africains dans le domaine de la gouvernance de l'afrique : à l’heure actuelle existe-t-il réellement un véritable projet politique et social cohérent, sérieux pour l'AFRIQUE UNIS et les Africains ?

Certes non.

La situation Alarmante dénonce avec force la vraie démagogie et les fausses promesses politiques qui ont entraînés les travailleurs, la jeunesse et le peuple Français à la banqueroute économique et à la misère sociale.

  • La société Africaines adore décerner décorations et trophées à toutes sortes de personnalités. Nous, les Jeunes Patriotes, nous offrons la palme d’or de la démagogie de la « république bananière » à 10 Champions :
  • 1. Robert Gabriel Mugabe, 85 ans, président du Zimbabwe depuis 1987
  • 1 ex æquo. Girma Wolde-Giorgis Lucha, 85 ans, président de l’Ethiopie depuis 2001
  • 2. Abdoulaye Wade, 83 ans, président du Sénégal depuis 2000
  • 3. Mohammed Hosni Said Moubarak, 81 ans, president de l’Egypte depuis 1981
  • 4. Mwai Kibaki, 78 ans, président du Kenya depuis 2002
  • 5. Paul Biya, 76 ans, président du Cameroun depuis 1981
  • 6. Bingu Wa Mutharika, 75 ans, président du Malawi depuis 2004
  • 7. Hifikepunye Lucas Pohamba, 74 ans, président de la Namibie depuis 2005
  • 8. Zine El-Abidine Ben Ali, 73 ans, president de la Tunisie depuis 1987
  • 9. Rupiah Banda, 72 ans, président de la Zambie par intérim depuis 2008
  • 9 ex æquo. Bouteflika, 72 ans, président de l’Algérie depuis 1999
  • 10. Ellen Johnson-Sirleaf, 71 ans, présidente du Libéria depuis 2006
  • 10 ex æquo. Mamadou Tandja, 71 ans, président du Niger depuis 1999

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