Grioo.com   Grioo Pour Elle     Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  
   RECHERCHER : Sur Grioo.com  Sur Google 
 Accueil  Rubriques  Archives  News pays     Contact   Qui sommes-nous ?     

Créer votre blog | Administrer votre blog |Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mercredi 7 mars 2012

___Histoire de l'Afrique. L'Afrique du Nord, berceau des berbères fut tour à tour sous l'emprise des Phéniciens.

Antiquité..

Afrique du Nord!

Les premières traces d'histoire écrite en Afrique datent de l'Égypte antique, dont le calendrier est toujours employé pour dater les cultures de l'âge du bronze et de l'âge du fer de la région. Le royaume d'Égypte atteint son apogée sous le Nouvel Empire, entre -1567 et -1080.

Les régions bordant la Méditerranée furent colonisées par les Phéniciens avant -1000. Ces derniers fondèrent Carthage en -814 et régnèrent sur toute l'Afrique du Nord habitée à l'ouest du golfe de Syrte.

À l'est, les Grecs fondèrent la ville de Cyrène vers -631. La Cyrénaïque devint une colonie florissante, bien qu'isolée par les déserts qui l'entouraient. Les Grecs exercèrent également une puissante influence en Égypte. La fondation d'Alexandrie est ainsi attribuée à Alexandre le Grand et la dynastie des Ptolémées tenta d'étendre son territoire vers le sud, léguant au passage des documents sur l'Éthiopie.

Les Romains vinrent cependant à bout des trois pouvoirs partagés de la Cyrénaïque, de l'Égypte et de Carthage. Cette dernière tomba en -146 après plusieurs siècles de rivalité, suivie en moins d'un siècle par les deux autres. Ils parvinrent jusqu'en Nubie et en Éthiopie, mais une expédition ordonnée par l'empereur Néron pour découvrir les sources du Nil fut un échec. Les écrits de Ptolémée, qui permettent de déduire l'étendue du monde connu (directement ou par des témoignages) des Romains, mentionnent les Grands Lacs réservoirs du Nil, des comptoirs commerciaux le long des côtes de l'océan Indien jusqu'à Rhapta en Tanzanie actuelle ainsi que le fleuve Niger.

L'invasion des Vandales au Ve siècle mit fin à la présence des civilisations classiques en Afrique. Les Vandales occupent brièvement l'Afrique du Nord et y fondent un royaume en 429, qui tombe aux mains de l'empire byzantin en 533.

Introduction du christianisme!

Selon la légende, Saint Marc apporta le christianisme à Alexandrie en 60 et en devint le premier évêque. C'est plus probablement l'Église de Jérusalem qui envoya des missionnaires. Vers 200, Alexandrie était le siège d'une Église officiant en grec ; en 325, l'Égypte comptait 51 évêchés et la Bible circulait en copte. En 400, 90 % des Égyptiens étaient chrétiens.

À Carthage, on rapporte l'exécution en 180 de douze chrétiens qui avaient refusé de pratiquer le culte impérial. En 203, Perpétue et Félicité sont condamnées à mort et exécutées dans l'arène. D'abord sporadiques, les persécutions deviennent plus fréquentes sous l'empereur Dèce entre 249 et 251. Le christianisme poursuit néanmoins son expansion vers le sud, en particulier en Numidie. Les persécutions reprennent sous Dioclétien, qui tente de détruire les textes religieux. Par la suite, Donatus Magnus, évêque de Cellae Nigrae, refusa d'admettre les traditores qui avaient remis les livres aux autorités romaines et provoque un schisme en 305. Le donatisme qui en émergea fut majoritaire dans le Maghreb tout au long du IVe siècle jusqu'à la dissolution du mouvement en 412 à l'issue du concile de Carthage. Il survécut cependant à la répression jusqu'au VIIe siècle et l'irruption des Arabes.

En Éthiopie, c'est Frumence d'Aksoum, commerçant fait prisonnier et premier évêque d'Aksoum, qui aurait converti le roi Ezana en 333 après être devenu son précepteur. En fait, plusieurs religions cohabitaient à la cour d'Ezana et des traces d'autres religions subsistent au moins jusqu'au Ve siècle. Les écritures furent traduites en guèze et le christianisme se répandit vers Adulis. Lors du déclin de leur royaume au VIIe siècle, les populations aksoumites se seraient rapprochées des peuples kouchitiques établis plus au sud pour ancrer l'Église et le royaume d'Éthiopie.

Moyen Âge!

Islamisation!

Salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan considérée comme la plus ancienne mosquée en Afrique du Nord, située à Kairouan en Tunisie.

À partir du VIIe siècle, les armées Arabes conquièrent l'Afrique du Nord. En 639, Amru ben al-As entre en Égypte à la tête de 4000 soldats. Quatre ans plus tard, en 643, il parvient en Libye, puis aux portes de Sbeïtla en 647. Après une brève interruption due à des querelles de successions, la conquête reprend en 665 sous Oqba Ibn Nafi Al Fihri, neveu d'Amru ben al-As. Il fonde Kairouan en 670 et en fait la capitale de l'Ifriqiya, ancienne province romaine fraîchement islamisée1 ; c'est au cours de la même année (670) qu'est fondée la Grande Mosquée de Kairouan considérée comme la plus ancienne mosquée de l'Afrique du Nord2. De là, il rejoint les côtes de l'Afrique de l'Ouest mais se heurte sur la route du retour à une forte résistance berbère emmenée par Koceila. Ce dernier parvient à prendre Kairouan et, après sa mort, les Arabes ne peuvent s'installer dans l'ouest de l'Algérie qu'en s'alliant aux Berbères.

Les chrétiens d'Égypte eurent le choix entre la conversion et le statut de dhimmi moyennant un impôt sur la terre. La plupart choisirent la seconde option et conservèrent d'importantes responsabilités administratives jusqu'au VIIIe siècle, où ils perdirent petit à petit leur pouvoir. L'arabe devint langue officielle et le copte fut relégué au rang de langue liturgique. Au XIVe siècle, les chrétiens ne comptaient plus que pour 10% de la population égyptienne.

Pendant cinq siècles, plusieurs dynasties puissantes se succédèrent en Afrique du Nord. En 910, la famille des Fatimides prit le pouvoir à Kairouan et s'étendit tant vers l'ouest que vers l'est, reprenant l'Égypte des mains des Turcs dans lesquelles elle était tombée entre temps. De sévères famines entre 1062 et 1073 amorcèrent son déclin et Saladin renversa le royaume en 1171.

lire la suite

___Anneaux de la Mémoire."Commerce triangulaire" Trafiquants de « bois d'ébène » (euphémisme utilisé par les négriers pour désigner les esclaves noirs)Monde atlantique (Afrique, Amériques, Caraïbes, Europe) et Océan indien

Nantes, port négrier;

L’organisation des Anneaux de la Mémoire (Shackles of Memory dans les pays anglophones) est une association loi 1901 de droit français ayant pour objectif de mieux faire connaître au grand public l’histoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs conséquences actuelles, dans la perspective de promouvoir de nouveaux échanges, équilibrés et équitables, entre les sociétés d’Afrique, d’Amérique et d’Europe.

Elle s’attache également à revisiter, approfondir certains aspects de l’histoire de différentes villes et régions, partout dans le monde. Elle a commencé par s’intéresser à la ville de Nantes (France) et à sa région, liées depuis le XVIIe siècle à la traite négrière et à l’esclavage. Elle poursuit son action à l’international, en accompagnant tous ceux qui souhaitent travailler sur ces pages sombres de l’histoire de l’humanité.

Des valeurs partagées (liberté, respect, égalité, solidarité…) et la recherche de la validité scientifique dans son approche des faits historiques, sociaux et économiques sous-tendent tout le travail et les projets de l’association.

Par cette appellation d’ « Anneaux de la Mémoire », l’association a voulu à la fois

évoquer les instruments de contention des captifs dans les caravanes africaines, sur les navires négriers et dans les plantations du Nouveau Monde ;

rappeler les maillons de la chaîne historique qui relie les populations concernées à ce passé ;



mais aussi mettre en évidence les alliances que peuvent passer entre eux les peuples de l’Atlantique et de l’Océan

Indien dans un nouveau commerce triangulaire d’intelligence et de prospérité.

Dès le Moyen Âge, la ville échange sel et vins avec le reste de l’Europe. C’est à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle que l’aventure commerciale et maritime s’accélère pour le port de Nantes. La navigation et la pêche hauturières se développent, notamment la pêche à la morue dans les eaux de Terre-Neuve. Nantes arme aussi quelques navires à la guerre de course, pratiquée par les corsaires. Enfin, les échanges avec les premiers territoires colonisés d'Afrique et d'Amérique s’amplifient. La ville va alors s’engager au XVIIIe siècle dans le commerce avec les colonies et dans le commerce triangulaire, plus risqué mais souvent aussi plus rentable.

Nantes ne pratiquait pas uniquement le commerce triangulaire mais la proportion de l'armement pour la traite négrière par rapport aux autres villes du royaume a fait considérer Nantes comme la cité maîtresse des trafiquants de « bois d'ébène » (euphémisme utilisé par les négriers pour désigner les esclaves noirs). On considère aujourd’hui que la traite fut le moteur réel de l’expansion maritime de Nantes aux XVIIIe et XIXe siècles.



De 1700 à 1750, les deux tiers de la traite négrière française sont assurés par Nantes.



Durant la période de traite illégale, après 1815, Nantes a armé près de 70 % des navires négriers français.



Sur 4 420 expéditions négrières françaises, 1 709 ont été recensées au départ de Nantes (environ 40 % du total), ce qui représente environ 450 000 Noirs déportés entre le XVIe et le XIXe siècle, par les seuls armateurs négriers nantais

..

L’étude de la traite des esclaves rencontre les difficultés inhérentes à tout « devoir de mémoire » concernant les « périodes sombres » de l’Histoire : comment, à partir d’éléments mémoriels construire une Histoire mieux fondée, sans sombrer dans le mythe simplificateur, et sans laisser les enjeux politiques empiéter sur un travail d’historiens ? L’association des Anneaux estime qu’à Nantes, comme dans les autres territoires impliqués dans le commerce triangulaire, il faut lutter contre la tentation simpliste de faire de la « mémoire de la traite », seulement une « mémoire de la libération » des esclaves.

Pour les Anneaux, on doit parier plutôt sur un travail historique libre et diversifié que sur une apparente réconciliation politique qui laisse dans l’ombre les enjeux de la mémoire. C’est pourquoi l’association développe des recherches et des activités pédagogiques originales, ancrées dans l’actualité des mémoires de l’esclavage. Celles-ci varient en fonction du lieu où l’histoire s’est jouée. L’association établit donc des partenariats avec des universités des trois continents concernés, afin de travailler sur l’histoire de la traite sans négliger celle de ses conséquences : histoire des racismes, des métissages, mais aussi des échanges culturels uniques qui jusqu’à nos jours se sont tissés dans chaque lieu concerné.

La volonté de l’association est de faire des anciens « anneaux » des esclaves une chaîne historique, pour résister tant à la haine des ennemis d’hier qu’à la repentance anachronique et artificielle. En invitant tous les héritiers de cette histoire à revisiter et à redécouvrir ce passé douloureux, les Anneaux cherchent aussi à réunir les peuples dans un désir de mémoire partagée.

En 1985, alors qu’était célébré par l’association « Triangle d’ébène » le tricentenaire du Code noir à Nantes, un colloque international sur la traite des noirs (« De la traite à l’esclavage ») rassembla à l'Université de Nantes plus d’une centaine de personnalités de la communauté scientifique historique mondiale. C’était la première fois en France qu’une manifestation d’une telle ampleur avait lieu sur les sujets de la traite négrière et de l’esclavage.

C’est dans le sillage de ce double événement à la fois symbolique et scientifique que l'association des Anneaux de la Mémoire fut créée par des Nantais soucieux de briser le silence et de rendre justice aux victimes de la traite atlantique et de l'esclavage. Les Anneaux de la Mémoire se sont officiellement constitués en association loi 1901 au mois de février 1991.

C'est la mémoire et l'histoire de cette traite, légale jusqu'en 1815 puis « illégale » mais florissante jusqu'en 1830 (en France) que les Anneaux de la Mémoire veulent faire vivre en partenariat avec les collectivités, les organismes culturels et les citoyens concernés (en France métropolitaine et d'Outre Mer, en Afrique et en Amérique). Exposition Les Anneaux de la Mémoiremodifier logo de l'exposition des Anneaux de la Mémoire au château des Ducs de Bretagne, Nantes Logo de l'exposition des Anneaux de la Mémoire

Au début des années 1990, l’association des Anneaux de la Mémoire présenta, avec le soutien de la municipalité de l’époque, au château des Ducs de Bretagne, une grande exposition historique sur le commerce triangulaire et le rôle qu’y joua le port de Nantes. Cette manifestation eut un grand retentissement à Nantes et, grâce au soutien de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), dans tous les pays africains, américains et européens concernés par le programme de la « Route de l’esclave ».

Depuis cette date, l’association développe son activité associative en multipliant ses actions en France comme à l’étranger, à destination des plus jeunes comme du grand public et des chercheurs initiés à la recherche historique.

lire la suite

___Les séropositifs arnaqués dans les hôpitaux camerounais.L’accès aux soins semble toujours très difficile pour les personnes séropositives au Cameroun. maladie santé sida townships VIH..

L’accès aux soins semble toujours très difficile pour les personnes séropositives au Cameroun.

C'est le constat dressé par l’ensemble des associations locales de lutte contre la maladie. Toutes ont dénoncé, lors d’une conférence-débat organisée le 12 mai 2011 à Douala, les abus qui auraient cours dans la plupart des hôpitaux publics du pays. En effet, ceux-ci ne respecteraient pas les prix homologués par le ministère de la Santé publique concernant les examens biologiques (bilans de suivi et autres analyses), les consultations et les médicaments antirétroviraux.

Sont ainsi pointés du doigt les directeurs de formations hospitalières et les coordonnateurs des hôpitaux de jour où sont généralement pris en charge les séropositifs. Le cas le plus flagrant dénoncé par le Programme pour le marketing social, très impliqué dans la sensibilisation à la lutte contre le sida et dans la prise en charge des personnes infectées par le VIH, est celui d'un hôpital de district de Douala, la capitale économique:



«Ça fait pratiquement un an que la directrice de l’hôpital de district de Nylon a augmenté les prix du bilan de suivi en l’absence de toute note ministérielle. Elle exige aux patients la somme de 13.000 francs CFA 20 euros au lieu de 3.000 francs CFA 5 euros, tel que stipule les textes», confirme Lucie Zambou, la présidente de l’association Sunaids, qui indique également que cet hôpital de proximité situé dans un quartier populaire de Douala «reçoit pourtant en moyenne 4.000 patients».

Des plaintes ont été déposées pour dénoncer ces pratiques. Mais les accusations sont battues en brèche par les formations sanitaires qui parlent, elles, d’une «campagne de désinformation orchestrée par ces leaders associatifs». Pourtant, le quotidien camerounais Mutations fait savoir que l’hôpital de district de Nylon aurait reçu une sommation du ministre de la Santé publique:



«Nous avons effectivement reçu plusieurs plaintes des leaders associatifs dénonçant ces pratiques à l’hôpital de Nylon. Une note du ministre de la Santé publique sommant le médecin chef de cet hôpital de revenir aux prix homologués vient d’ailleurs de nous parvenir», indique un représentant des pouvoirs publics dans la région du Littoral, dont dépend la ville de Douala.

Une autre association de lutte contre le sida, Positive-Generation, révèle pour sa part, des chiffres alarmants: 69% des hôpitaux ne respecteraient pas les coûts des examens biologiques et des consultations au Cameroun.



«A chaque visite dans les hôpitaux, on fait payer les consultations aux patients. Alors que c’est anormal», regrette Fogue Foguito, le responsable de cette association.

Il ajoute qu'à l’hôpital Laquintinie, le plus grand centre hospitalier de Douala, «une plaquette de dix comprimés d’antirétroviraux coûte 300 francs CFA 0,45 euro au lieu de 100 francs CFA comme prescrit dans les textes».

Autre chiffre inquiétant révélé à l'occasion de cette conférence-débat: plus de 34.000 personnes infectées par le VIH/sida ont perdu la vie en 2010 au Cameroun. Et le Comité national de lutte contre le sida (CNLS) indique qu'en 2010, ce sont 560.000 personnes qui vivent avec le virus dans ce pays.


************
******

  • L'Afrique du Sud a toujours peur du sida

Le secret de Chanda, film sud-africain sélectionné au festival de Cannes 2010, est en salle en Afrique du Sud depuis le 11 mars. Acclamé dans le monde entier, il a pourtant du mal à passer dans son propre pays.

Le secret de Chanda © Dreamer Joint Venture GmbH Alsbrik 2010, Courtesy of Sony Pictures Classics

l'auteur

Sophie Bouillon

partager

taille du texte




topics

cinéma Festival de Cannes film Johannesburg maladie santé sida townships VIH

Si j’étais allée voir seule Le Secret de Chanda (ici, en V.O., Life, Above All) au cinéma de Johannesburg, j’aurais sans doute partagé l’enthousiasme général. Ce film sud-africain, acclamé en Europe, récompensé par de nombreux prix, sélection Un Certain Regard au festival de Cannes 2010, décrit avec un réalisme stupéfiant les ravages de l’épidémie du sida dans les townships sud-africains. Le tabou qui l’entoure, le manque d’éducation et de traitement, les familles divisées, la prostitution, les problème d’alcool, de chômage et les rumeurs qui se propagent dans la communauté aussi vite que la maladie se développe dans l’organisme. Chanda, 12 ans, «plus éduquée et plus forte» que sa mère, va tenter de surmonter la honte et la maladie au milieu de l’ignorance et des croyances populaires. Le film est enfin sorti dans son pays natal le 11 mars 2011, après avoir fait le tour du monde.

J’avais proposé à deux jeunes d’un quartier pauvre de Johannesburg, un township comme on les appelle ici, de m’accompagner.



«Attention, c’est un film triste, les avais-je prévenus. Mais je pense que c’est important pour vous de le voir.»

Briser les tabous

Naïvement, je pensais que ce film faisait partie d’un processus d’éducation et de prévention contre le sida, persuadée (par mon éducation européenne) que l’on a besoin de faire face à sa réalité pour mieux la comprendre. Naïvement aussi, je m’étais demandé pourquoi on ne le montrait que dans les salles de cinéma d’art et d’essai des quartiers chics. Après tout, pourquoi ne pas organiser des diffusions dans les townships? C’est là-bas que le message devrait être diffusé.

Bien que l’Afrique du Sud est le pays où l’on compte le plus grand nombre de personnes séropositives au monde (5,6 millions sur 49 millions d'habitants), il n’y a quasiment aucune campagne de prévention, aucun panneau dans les rues ou très peu. En 2009, seulement un tiers des hommes avaient fait un test dans leur vie. Une publicité passe à la télé, certes, mais il y est davantage question de football que de maladie —et encore moins de préservatif. Personne ne parle vraiment du sida, cette chose abstraite et tellement omniprésente que l’on préfère vivre avec pour l’oublier. Dans les townships ou les campagnes, là où l’épidémie fait des ravages, cela reste un sujet tabou. Et pourtant, le pays dénombre deux millions d’orphelins.

Les deux adolescents avaient hésité et finalement accepté mon invitation, davantage pour sortir de chez eux que pour aller voir le film d’ailleurs. J’avais réservé les places en avance, pensant que Life, Above All, film local, attirerait les foules. Mais la salle était quasiment vide quelques jours après sa sortie. Une poignée de blancs, un homme noir venu seul, et nous.

Pour résumer le film, il y est question de la mort du début à la fin. Il commence avec l’enterrement de la petite soeur de Chanda. Les chants puissants traditionnels prennent aux tripes et à la gorge dès les premières minutes, lorsque le petit cercueil d’un nourrisson est recouvert de terre. Pendant deux heures, les images choc se succèdent: la mère de Chanda est «atteinte d’une maladie», sa meilleure amie se prostitue et le secret se fait de plus en plus lourd à porter à mesure que le sida s’installe dans les maisons.

Le générique de fin retentit. Lourd. Pesant. La salle s’éclaire peu à peu et dévoile les yeux gonflés des spectateurs. Le malaise est palpable. Certains se mouchent, d’autres cachent leur visage. L’homme noir est resté figé dans son siège, et fixe l’écran. Je me rends alors compte que l’un des deux adolescents a quitté la salle avant la fin. A 18 ans, on est un homme, on n’a pas le droit d’être triste. Il est parti se recueillir dans le couloir. La jeune fille est restée, visiblement choquée par ce qu’elle venait de voir: la mort lente de sa communauté.

A ce moment-là, j’ai compris le sens de la sélection du Secret de Chanda au Festival de Cannes. Car il faut sans doute avoir «un certain regard», un autre regard, pour apprécier ce film. Celui, distant, d'un Européen qui n’est pas confronté au sida dans sa vie quotidienne. Alors, on apprendra beaucoup sur l’Afrique du Sud et sur l’épidémie. Car le film est très réaliste. Trop réaliste, peut-être. Sans espoir.

Je ne m’étais alors jamais posé la question de savoir comment un juif qui avait subi le drame des camps de concentration avait pu «regarder» La vie est belle. Ou comment un Africain «regardait» Amistad, terrible film de Spielberg sur l’esclavage. Ont-ils «un autre regard» que celui d’un jury de cinéma sur la Croisette? «Un certain regard» blanc sur les noirs?

Il y a quelques semaines, le festival du film français de Johannesburg a diffusé La Vénus Noire d’Abdelatif Kechiche. La moitié des spectateurs ont quitté la salle, souvent des Sud-africains, en majorité noirs, car ils ne supportaient pas la cruauté et le racisme avec lesquels était traitée Sarah Baartman, «cobaye africain» transportée à la fin du XIXe siècle en Europe. On chuchotait entre les sièges que «les Sud-Africains ne peuvent rien attendre d’un film sur leur histoire, produit et réalisé par un Français».

Est-ce que le Secret de Chanda aurait été traité avec plus de subtilité si son réalisateur avait été noir et issu d'un township? Oliver Schmitz est sud-africain, certes, mais il a grandi et vit au Cap, bien loin du quotidien des townships et des campagnes. Gillian Schutte, professeure de cinéma à l’université de Johannesburg et réalisatrice, a écrit une chronique dans le Mail & Guardian intitulée «Pourquoi je n’emmènerai pas mon fils voir Life, Above All». Selon elle, le cinéma sud-africain est encore aux mains d’une élite blanche incapable de parler de la vie des noirs sans verser dans le stéréotype: les Africains ne comprennent rien au problème du sida; la figure de l’homme est salie par l’alcoolisme, la lâcheté et la tromperie; les guérisseurs traditionnels font fortune en proposant des traitements absurdes aux gens désespérés.

Il est facile en Afrique du Sud de jouer la carte de la «race» dès que les blancs parlent des noirs et vice versa. Malheureusement dans la vie des townships tous ces stéréotypes sont bien souvent la réalité —mes deux adolescents le concèdent volontiers. Mais ce film leur «a rappelé trop de choses vécues à la maison, sans y apporter de solutions ni d’espoir de voir les choses changer». Ils n’ont pas souhaité en parler davantage, arguant que de toute façon, «je ne pouvais pas comprendre».

Ce film est réalisé par un blanc, pour un public blanc ou de classe aisée avec toutes les meilleures intentions du monde. Les autres, ceux qui sont confrontés au sida n’y apprendront pas grand chose, sauf à se prendre leur vie minable et l’incompétence de leurs parents en pleine figure, pendant que leur voisin blanc pleurniche sur son siège, terriblement triste et impuissant.

Ce n’est pas tant le prétendu racisme que les deux adolescents n’ont pas pu supporter, mais la honte et l’humiliation de voir des inconnus découvrir leur vie et pleurer sur leur sort des pauvres Africains victimes de la plus grande épidémie que le monde a jamais connue. La pitié permanente que l’on ressent en tant qu’Européens vis-à-vis de l’Afrique n’est-elle pas aussi une forme de racisme?

Une série télévisée, Intersexions, est diffusée tous les mardis sur la chaîne nationale SABC1. Sponsorisée par Usaid, le fonds de développement américain, elle a le mérite d’expliquer comment le virus se propage entre un mari trompeur des townships, une jeune fille sexuellement active des banlieues riches et des enfants nés avec une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Toutes les races et catégories de population sont représentées, dans la plus grande vraisemblance que peut apporter la fiction.

Ce genre de programme que l’on peut regarder dans l’anonymat de son salon joue un rôle beaucoup plus important dans les consciences que l’empathie d’un jury au festival de Cannes face à la misère de l’Afrique du Sud. La série explique aussi que le sida n’est pas seulement une maladie de pauvres noirs; c’est une épidémie qui nous concerne tous et c’est seulement en l’abordant ainsi que l’on pourra lutter efficacement contre le virus et faire tomber les tabous. Et avec, la honte.

Sophie Bouillon

lire la suite

___Sida: trente ans après, la capote reste capitale.Depuis l'apparition du sida il y a trente ans, la recherche a mis au point des médicaments antirétroviraux efficaces.

Sida: trente ans après, la capote reste capitale Depuis l'apparition du sida il y a trente ans, la recherche a mis au point des médicaments antirétroviraux efficaces. Mais le préservatif demeure la clef de voûte de la prévention.

AIDS awareness - condom use (in Chimoio town, Mozambique) by tonrulkens via Flickr CC

l'auteur

http://www.slateafrique.com/2377/sida-trente-ans-apres-preservatif-reste-vital

Jean-Yves Nau

partager

taille du texte




topics

dépistage HIV médecine médicaments OMS Onusida préservatif prévention recherche santé sida

Nous le savons depuis plus d’un quart de siècle: il n’existe que deux méthodes pour prévenir la transmission (sexuelle) du virus du sida. La première —largement idéaliste et prônée par le Vatican— préconise la chasteté absolue avant le mariage suivie d’une réciproque et totale fidélité. La seconde —de caractère nettement plus pragmatique— se résume à l’utilisation systématique du préservatif masculin; du moins lorsque les partenaires estiment être l’un et l’autre dans ce qu’il est convenu d’appeler une situation potentiellement «à risque».

Deux méthodes seulement? C’est ici oublier que, depuis plusieurs années, de nouvelles voies de prévention sont explorées grâce notamment aux spectaculaires progrès obtenus dans les traitements à base de médicaments antirétroviraux. En janvier 2008, des médecins de la Commission fédérale suisse pour les problèmes liés au sida avaient ainsi fait sensation en affirmant qu’une personne séropositive n’ayant plus de virus détectable dans le sang depuis au moins six mois –ce grâce à un traitement antirétroviral suivi scrupuleusement– et n’ayant par ailleurs aucune autre infection sexuellement transmissible «ne transmettait pas le virus par le biais de contacts sexuels».

  • Le traitement précoce réduit les risques de transmission

On en sait aujourd’hui un peu plus sur le sujet grâce aux résultats d’un essai clinique international mené chez des couples dont l’un des membres est infecté par le VIH et l’autre non; des couples dits «(séro)discordants». Baptisée «HPTN 052», cette étude a été menée auprès de 1.763 couples volontaires (pour la plupart hétérosexuels) vivant dans neuf pays: Afrique du Sud, Botswana, Brésil, Etats-Unis, Inde, Kenya, Malawi, Thaïlande et Zimbabwe.

Les chercheurs ont constitué deux groupes. D’une part des couples chez lesquels la personne infectée était traitée au plus vite. De l’autre des couples chez lesquels le traitement était mis en œuvre beaucoup plus tardivement. Et dans tous les cas (c’est une obligation éthique compliquant immanquablement le travail statistique) la nécessité de prodiguer régulièrement à tous ces couples les conseils élémentaires de prévention pour réduire les risques de transmission.

Principale conclusion: le fait de traiter précocement des hommes et des femmes infectés par le VIH réduit —en moyenne— de 96% le risque d'infecter un partenaire sexuel non infecté.



«Cet essai clinique montre de façon convaincante que traiter des séropositifs avec des antirétroviraux au plus tôt peut avoir un impact majeur pour réduire la transmission du VIH, se félicite Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (organisme qui a financé l’étude). Les précédentes données sur le potentiel des antirétroviraux pour réduire la contagion d’un séropositif provenaient seulement d’études observationnelles ou épidémiologiques.»

Tel n’est plus le cas, puisque l’on dispose désormais de solides données chiffrées et concrètes.

Le Dr Fauci n’est pas le seul à applaudir. Les responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida) se sont également réjouis de ces résultats. Ils voient là «une percée scientifique qui change considérablement la donne et assurera l’avancement de la révolution de la prévention».



«Cette percée place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires, estime Michel Sidibé, directeur exécutif d’Onusida. Nous devons maintenant nous assurer que les couples ont la possibilité de choisir le traitement de prévention et qu’ils y ont accès.»

«Cette avancée est cruciale car nous savons que la transmission par voie sexuelle représente environ 80% des nouvelles infections», a renchéri Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. Quant au Pr Wafaa el-Sadr (Université Columbia de New York), membre du groupe ayant mené cette étude, il estime, sans immodestie, que cette dernière «sera toujours considérée comme une étude phare qui pourrait bouleverser mondialement le traitement et la prévention du VIH».

On peut comprendre un tel enthousiasme. L’étude «HPTN 052» avait été lancée en 2008 et ne devait s’achever qu’en 2015. Elle a, pour des raisons éthiques, été arrêtée après la découverte des premiers résultats importants observés au terme d’une évaluation intermédiaire; résultats obtenus par un groupe d’experts indépendants. Dans les couples au sein desquels la personne séropositive était traitée avec une association de trois médicaments antirétroviraux, un seul cas de transmission a été constaté; et ce contre 27 cas dans le groupe «témoin». Il était dès lors contraire à l’éthique de poursuivre un tel travail. Campagnes de dépistage

Spectaculaires, ces résultats ne sauraient pour autant faire l’objet de trop d’extrapolations et laisser penser qu’un traitement précoce peut désormais se substituer à toute prévention complémentaire. Les auteurs de l’étude soulignent eux-mêmes que «l’on ne peut pas les généraliser à la population dans son ensemble» et notamment chez des patients séropositifs qui ont de nombreux partenaires et qui n’auraient peut-être pas «la même constance dans leur traitement» que les personnes vivant au sein de couples «discordants» mais stables.

A Paris, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la découverte du VIH, qualifie ce travail d’«hyper important». Elle souligne toutefois que la transformation d’une démarche thérapeutique en une approche préventive n’est «jamais du 100%». «Mon message c’est "continuez à vous prévenir par les moyens classiques, et essayez surtout de ne pas être infecté"», souligne-t-elle. Le Conseil national du sida, qui réfléchit depuis plusieurs années à ces questions, fait une analyse similaire. Il rappelle notamment que l’effet préventif du traitement ne peut être pleinement obtenu qu’à la double condition de parvenir à un dépistage beaucoup plus large et précoce de l’infection, et d’inscrire le nouvel outil dans une approche de prévention dite «combinée».

De la même manière, Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence française de recherches sur le sida, estime que si cette étape est «vraiment importante», il ne faut en aucun cas «opposer les traitements antirétroviraux aux autres méthodes de prévention». En d’autres termes, le préservatif doit continuer à être utilisé dans les situations «à risque». C’est d’autant plus nécessaire que sur les 33 millions de personnes infectées dans le monde, on estime qu’environ les deux tiers n’ont jamais été dépistées et ne savent donc pas qu’elles sont séropositives et donc susceptibles de transmettre l’infection par voie sexuelle. Et il faut ajouter que l’administration très précoce d’associations de médicaments antirétroviraux ne peut financièrement être envisagée dans la plupart des pays, africains notamment, les plus touchés par l’épidémie de sida. Pour autant, de nouvelles recherches sur ce thème vont être prochainement menées.



«Il nous faut maintenant valider le concept d’antirétroviraux à l’échelle de la population générale, précise le Pr Delfraissy. C’est l’objet d’un essai qui doit être conduit à partir de 2011 en Afrique du Sud. Il nous faut également approfondir les effets sur le long terme des traitements pris précocement sur l’infection à VIH elle-même, et sur les co-infections comme la tuberculose.»

On est ainsi aujourd’hui dans une situation quelque peu paradoxale, les progrès –réels– obtenus en termes de prévention via les médicaments ne permettant nullement de faire l’économie du préservatif, seule méthode qui en pratique fait la preuve de son efficacité; même si cette dernière n’atteint pas toujours immanquablement les 100%.

La situation actuelle n’est pas sans rappeler les limites de la pratique de la circoncision à des fins préventives. En 2007, après une série d’études plus ou moins controversées menées en Afrique, l’OMS avait décidé d’inclure la pratique de la circoncision parmi les possibles stratégies de prévention du sida. Deux ans plus tard, d’autres études établissaient que la circoncision d’hommes séropositifs ne conduisait nullement à une réduction du risque de transmission du VIH à leurs partenaires sexuelles féminines.

L’OMS et l’Onusida rappelaient alors que la pratique de la circoncision ne protégeait pas complètement et qu’elle ne saurait remplacer à elle seule les autres méthodes de prévention. Là encore, le recours au préservatif continue à être la règle; et ce d’autant plus que la promotion officielle de la circoncision pouvait avoir un effet paradoxal en laissant croire à une protection absolue et conduire, de ce fait, à une augmentation des infections. Prévention «combinée» ou pas, le latex demeure indispensable.

Jean-Yves Nau


*********
*********
**

  • Sida: le Fonds mondial plombé par des détournements de fonds en Afrique

Le Mali a été pris la main dans le sac. La Côte d’Ivoire, la Mauritanie, la Zambie et Djibouti sont désormais sous surveillance renforcée.

Fingers Crossed / Dedos Cruzados, by JoséMa Orsini via Flickr CC

l'auteur

Jean-Yves Nau

partager

taille du texte




topics

Amadou Toumani Touré antirétroviraux corruption Côte d'Ivoire Djibouti Mali Mauritanie Michel Kazatchkine paludisme santé sida tuberculose VIH Zambie

Etat d’alerte au siège genevois du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cette prestigieuse institution sanitaire est désormais officiellement victime de malversations et de multiples détournements de fonds.

Pour l’heure, le Mali est visé. D’autres pays africains pourraient suivre. Cette affaire sans précédent est doublement importante. Dans sa dimension financière bien évidemment, mais, plus encore sans doute, dans sa dimension symbolique puisque ce Fonds n’existe que grâce à la solidarité internationale.

A Genève, on sait être confronté à une double urgence. D’abord, mesurer l’ampleur exacte des malversations dont est victime cette institution, et ensuite, évaluer les conséquences pratiques de ces affaires dans les pays africains les plus affectés par ces trois fléaux infectieux.

L’existence prouvée de détournements de fonds risque fort en effet de nuire aux activités futures de cette institution internationale créée il y a moins de dix ans pour, précisément, pallier les errements précédents de la «solidarité nord-sud» dans le champ du financement de la lutte contre ces trois maladies sévissant à l’échelle planétaire.

Le 2 mars, le Français Michel Kazatchkine (qui venait alors d’être reconduit dans ses fonctions de directeur général) annonçait qu’il suspendait le jour même une subvention de près de 14 millions de dollars (10 millions d’euros) précédemment allouée à la lutte contre le sida au Mali.

«La mesure prend effet immédiatement et restera en vigueur jusqu’à ce que de nouvelles dispositions aient été prises pour gérer cette subvention, précisait-on à Genève. Le récipiendaire principal actuel, le “Groupe Pivot Santé Population” sera remplacé.» Le Mali en flagrant délit

Cette décision faisait suite à la mise au jour d’éléments probants faisant état d’une utilisation abusive de crédits versés. Le Fonds mondial rappelait alors qu’en décembre 2010 il avait déjà, au Mali, suspendu deux subventions destinées à la lutte contre le paludisme et en avait résilié une troisième ciblant la tuberculose, après avoir établi que des fonds avaient été détournés et que certaines dépenses n’étaient pas justifiées.

C’est une enquête menée par l’Inspecteur général du Fonds mondial qui a permis de mettre au jour le détournement d’environ 4 millions de dollars (2,86 millions d'euros) et d’établir que de hauts responsables chargés de la mise en œuvre des subventions avaient émis fausses factures, faux documents d’appel d’offres, et qu’ils étaient à l’origine de surfacturations de biens et services, notamment en ce qui concerne les activités de formation.

Concrètement, les trois mesures touchant le Mali prises en décembre concernaient:

- une subvention contre le paludisme de 14,8 millions de dollars (10,59 millions d'euros) pour l’achat et la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide;

- une subvention de 3,3 millions de dollars (2,36 millions d'euros) pour l’achat de médicaments contre le paludisme;

- une subvention de 4,5 millions de dollars (3,22 millions d'euros) destinée à la lutte contre la tuberculose ciblant entre autres les détenus, les communautés minières et les patients atteints de tuberculose.

Au total, le Fonds mondial avait alors conclu des accords de subvention avec le Mali pour un montant de 123 millions de dollars (88 millions d'euros), dont 79 millions (56,5 millions d'euros) avaient déjà été versés.

La quatrième décision de suspension qui vient d’être prise ne devrait pas concerner, dans ce pays, les 22.500 personnes infectées par le VIH et actuellement traitées par des médicaments antirétroviraux: leurs soins sont financés par une autre subvention, gérée par le Haut Conseil national de lutte contre le sida du Mali.

On précise à Genève que les mesures nécessaires ont été prises pour qu’il n’y ait aucune interruption des traitements des personnes souffrant de formes dites «multirésistantes»: les subventions suspendues ont été transférées à de nouvelles entités «qui ont fait leurs preuves en matière de gestion et de capacité opérationnelle».

On ajoute encore que le gouvernement malien a «condamné» les malversations et qu’il «collabore» avec le Fonds mondial pour assurer une reprise aussi rapide que possible des activités sanitaires subventionnées. Dans ce pays, seize personnes soupçonnées d’être à l’origine des malversations sont en détention. Lutter contre la corruption

Le Fonds mondial annonce d’autre part que quatre pays subventionnés vont faire l’objet d’un renforcement des contrôles avec des «restrictions imposées à leur mouvement de trésorerie»: trois pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Djibouti, Mauritanie) et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Enfin de nouvelles mesures de surveillance vont être prises, «destinées à empêcher et à détecter une éventuelle utilisation abusive de crédits alloués à des programmes de formation dans les 144 pays qui bénéficient de financements du Fonds mondial».

Comment, en somme, éteindre (au mieux et au plus vite) les feux de brousse de la corruption? Pour l’heure, le Fonds a choisi: faire toute la lumière sur les malversations identifiées et en faire une large publicité. En décembre 2010, Michel Kazatchkine avait affiché sa fermeté:

«Le Fonds mondial ne tolère aucune fraude et il nous incombe d’agir immédiatement pour y mettre fin, récupérer les fonds détournés et établir les moyens les plus fiables pour acheminer les ressources vers les personnes qui en ont le plus besoin.

La suspension de subventions est, pour le Fonds mondial, le moyen de faire comprendre aux parties concernées que les détournements de fonds ne sont pas acceptables. Il s’agit ensuite de travailler de façon constructive avec les pays pour résoudre les problèmes et concentrer nos efforts pour sauver des vies.

Je salue le président du Mali, Amadou Toumani Touré, pour la fermeté dont il fait preuve dans la lutte contre la corruption.» Une situation médiatique délicate

Pour autant, maîtriser la médiatisation n’est pas chose facile; a fortiori quand il s’agit de corruption. C’est ainsi que le directeur général du Fonds a jugé nécessaire, fin janvier, de faire une «mise au point», estimant que «certains médias» n’avaient pas pris l’exacte mesure de la situation; des médias montant la mayonnaise et, pour se faire, se refusant à rappeler qu’aucun soupçon de corruption ne venait «entacher l’immense majorité des crédits que verse le Fonds mondial et qui donnent des résultats hors du commun dans la lutte contre les trois maladies».

Etrange situation, d’autant plus délicate (incestueuse?) qu’en octobre 2010 —au lendemain des promesses faites par des donateurs publics et privés de verser 11,7 milliards de dollars (8,3 milliards d'euros) sur trois ans—, le Fonds s’était félicité du fait que cinq journaux européens (The Financial Times, El País, Le Figaro, Bild Zeitung, et The Independent) lui aient «offert» des espaces publicitaire pour «remercier ses donateurs».

Et Michel Kazatchkine d’ajouter:

Toute notre reconnaissance va à ces journaux qui nous ont offert un espace publicitaire. Leur démarche relève de la pure générosité et nous permet de remercier la population des pays qui ont apporté une contribution majeure au Fonds mondial.»

Aujourd’hui, le Fonds mondial fait savoir qu’il «exige» le remboursement de 34 millions de dollars (24,3 millions d'euros) qui ont disparu dans différents pays sur un total de 13 milliards de dollars (9,3 milliards d'euros) de crédits versés. 34 millions de fuites sur 13 milliards de réservoir?

S’indigner? S’émouvoir? Le même Fonds se plaît à rappeler le nombre —des millions— de morts prématurées qui ont pu être évitées grâce à son action et à celles de ses donateurs.

Quand fera-t-il connaître le nombre des morts résultant des malversations financières dont les plus pauvres et les plus exposés au sida, au paludisme et à la tuberculose ont été victimes? Malversations que ce Fonds a certes su détecter, malversations dont il fait état, mais qu’il n’a pas su prévenir?

Jean-Yves Nau

lire la suite

___Sida: l’engagement des grand-mères africaines. Les orphelins du sida sont légion en Afrique subsaharienne, malgré quelques progrès observés dans la lutte contre la maladie.

Sida: l’engagement des grand-mères africaines

L'Auteur

http://blog.slateafrique.com/femmes-afrique/2011/06/03/sida-le-courage-des-grand-meres-africaines/

Anne Collet Topics

association humanitaire, éducation, sida

Les orphelins du sida sont légion en Afrique subsaharienne, malgré quelques progrès observés dans la lutte contre la maladie. Pour s’occuper d’eux, les grand-mères reprennent du service.

Au Swaziland, il y a un an, le 6 mai 2010, un sommet rassemblant 450 grand-mères d’Afrique sub-saharienne originaires de 12 pays parmi les plus touchés par l’épidémie de sida (Afrique du Sud, Botswana, Kenya, Malawi, Mozambique, Namibie, Rwanda, Tanzanie, Ouganda, Zambie et Zimbabwe) marquait grâce à une association fondée en 2003 par le Canadien Stephen Lewis, le début d’un grand mouvement de reconnaissance de ces vieilles dames africaines en charge des orphelins du sida. Lewis un diplomate et ancien envoyé spécial des Nations unies pour le sida en Afrique, avait constaté alors qu’il était en poste au Malawi, que les grand-mères sans moyens ni aide des Etats, faisaient des merveilles en endossant les unes après les autres le rôle de chefs de famille. Dans les pays concernés, nombreux sont les enfants orphelins du sida qui n’ont qu’une grand-mère pour refuge. Poussées par les circonstances, celles-ci accueillent ces enfants très souvent perturbés pour prendre en charge leur éducation.

Victimes indirectes du sida, les grand-mères tentent donc de créer une dynamique dans toute l’Afrique et même au-delà, avec l’espoir de recevoir de l’aide internationale: outre les frais de scolarité, les besoins en logement, nourriture et soins pour elles-mêmes comme pour les enfants qu’elles élèvent et qui ne sont pas toujours leurs propres descendants, sont incommensurables. Mais grâce à la fondation Stephen Lewis, des ONG locales ont compris le message et commencent à leur venir en aide. C’est le cas de Swapol qui a permis au Swaziland d’accueillir le sommet. En Ouganda, l’idée proposée par l’association St Francis d’offrir 100 dollars aux grands-mères afin de leur permettre de démarrer leur propre micro-entreprise, fait tâche d’huile.

Pour les organisateurs du sommet de 2010, ces grand-mères africaines, certaines sont âgées de 90 ans, sont des êtres indomptables et infatigables. Elles accueillent sous leur toit dix, douze et parfois quinze enfants et réussissent à maintenir un lien social. «Ces femmes extraordinairement courageuses, enterrent leurs propres enfants et s’occupent de leurs petits enfants orphelins en faisant appel à une incroyable réserve d’amour et de résilience», résume Stephen Lewis, qui a invité 42 grand-mères canadiennes à les rencontrer.

Depuis cette date, le mouvement a pris une ampleur internationale. Le Canada tout entier est mobilisé dans une campagne intitulée «de Grand-mère à Grand-mère» et vient en aide à celles qu’il considère comme les «héroïnes méconnues de l’Afrique». 12 millions de dollars canadiens (8,700 millions d’euros) ont été à ce jour collectés et acheminés aux Africaines par l’intermédiaire d’associations locales de lutte contre le sida.

Les grand-mères africaines ont malheureusement encore du pain sur la planche. L’Afrique subsaharienne est en effet de loin la région la plus touchée au monde par l’épidémie de sida qui continue à faire de nombreux orphelins. Selon les statistiques publiées par Onusida en 2010, on y dénombrait 22,4 millions de séropositifs et 1,8 millions de nouveaux cas par an. En outre, 1,3 millions de personnes sont mortes du sida au cours de la seule année 2009.

lire la suite

___Lutte-t-on vraiment contre le sida en Afrique? Santé, éducation, infrastructures: quelle priorité?

En juin 2011, les pays membres de l'ONU ont réaffirmé leur engagement dans la lutte contre le sida. Un vœu pieux de plus, sans contraintes. Pour le ministre sénégalais de la Santé, il faut «mettre la communauté internationale devant ses responsabilités».

Teaching scouts about HIV/AIDS 04, by hdptcar via Flickr CC

l'auteur

http://www.slateafrique.com/2853/lutte-sida-vih-pays-nord-aide-financement-afrique

Camille Biet

partager

taille du texte




topics

maladie Modou Diagne Fada Objectifs millénaires du développement ONU Onusida santé Sénégal sida VIH

«On ne peut pas dire que tout le monde nous a laissés tomber, mais on remarque que beaucoup de pays hésitent à nous soutenir». Le ministre sénégalais de la Santé Modou Diagne Fada s’exprimait le 10 juin 2011, dans un entretien avec SlateAfrique, sur l’importance de donner une suite concrète aux engagements pris pour la lutte contre le sida.

L’équation est simple. Un objectif: 15 millions de personnes sous traitement d’ici 2015. Un coût: 4,2 milliards d’euros par an. Une inconnue: la source de financement pour atteindre cet engagement (PDF).

Au mois de juin 2011, les pays membres des Nations unies ont de nouveau formulé une promesse mais sans prendre en compte l’aspect pratique, sans s’imposer aucune obligation; juste un «vœu pieux» de plus. Cet engagement doit sauver la vie de millions d’Africains. Il s’agit donc, comme le dit Fada, de «mettre la communauté internationale devant ses responsabilités».

Ils sont encore 9 millions de malades à ne pas avoir accès aux soins nécessaires. Près de 360.000 enfants naissent chaque année avec le VIH, et ces chiffres concernent plus particulièrement l’Afrique. Une Afrique lâchée par les pays du Nord dans sa lutte contre l'épidémie.



«Tout le monde ne nous a pas abandonnés: la France a maintenu son niveau de financement au Fonds mondial contre le sida et les Etats-Unis le financent à près de 50%», indique le ministre.

Pourtant, Fada précise que d’autres restent réticents:



«Nous appelons l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et les autres qui ont suspendu leur participation au Fonds mondial à revoir leur décision», ajoute-t-il.

Quant aux pays émergeants comme la Chine, explique le ministre de la Santé, ils continuent de recevoir l’aide du Fonds:



«Si la Chine ne participe pas au Fonds, elle pourrait tout de même s’abstenir d’en bénéficier», souligne-t-il.

Pour une prise en charge africaine

22,5 millions de personnes vivent avec le VIH en Afrique. 60% sont des femmes. Le taux de prévalence dans certains pays est particulièrement élevé, avec jusqu'à une personne sur quatre porteuse du virus. La très grande majorité des enfants vivant avec le VIH dans le monde se trouvent sur le continent noir.

Les inquiétudes restent donc sérieuses et la baisse des financements n’est pas faite pour rassurer. Les présidents malien, camerounais, rwandais, gabonais et nigérian se sont déplacés à New York en juin pour faire le point sur dix ans de lutte contre le sida. Les autres pays africains se sont fait représenter par leur ministre des Affaires étrangères ou leur ministre de la Santé.

Les pays «donateurs» n’ont envoyé personne. Ils n‘ont pris aucun engagement concret et n’ont pas abordé dans la déclaration finale les thèmes chers aux Africains, comme le prix des médicaments. C’est donc à l’Afrique maintenant de prendre les choses en main.

Mais si les Africains sont d’accord pour dire qu’il faut mettre fin à cette pandémie qui ronge le continent, les désaccords persistent, comme d’habitude, lorsqu’il s’agit de se réunir pour des politiques de santé communes:



«On doit harmoniser les interventions concernant cette pandémie au niveau de l’Afrique. Il est important, au niveau africain, qu’on dispose d’un institut qui prenne en charge les politiques régionales de santé publique, les stratégies régionales de lutte contre le sida», note Fada.



Il ajoute que «tous les pays Africains doivent s’engager dans la voie de respecter les recommandations d’Abudja qui veulent que 15% du budget soit destiné à la santé. Ce n’est pas encore le cas dans tous les pays africains. Et je crois que tous sont obligés aujourd’hui de renforcer leurs ressources financières destinées à la santé. Il ne sert à rien de dire que nous allons attendre tout de l’extérieur jusqu'à aliéner notre autonomie. Nous sollicitons le soutien extérieur, mais nous devons, nous, pays africains, accepter de mettre la main à la poche.»



«Nous avons beaucoup de priorités dans nos pays. Est-ce que c’est l’éducation? Est-ce que c’est l’agriculture? Est-ce que ce sont les infrastructures? C’est sûr que si la santé rentre en compétition avec ces secteurs-là, elle risque d’être maltraitée», avoue le ministre.

C’est parce que les priorités sont multiples que les pays donateurs ne peuvent pas oublier leur responsabilité. Le Fonds mondial, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida doivent maintenir leurs budgets et même réussir à les augmenter.

Prendre des engagements sans les coupler avec des décisions opérationnelles, c’est donner un coup d’épée dans l’eau. Pour leur défense, les pays du Nord sont affectés par une crise économique aiguë. Ceci étant dit, il devrait être facile de mettre en place quelques éléments qui permettraient l’obtention de résultats rapides et efficaces.

- Faire évoluer les sources de financement avec les «financements innovants», notamment une taxe sur les opérations financières. L’idée semble bonne, mais certains pays se refuseraient à taxer les actionnaires.

- Faire baisser le prix des médicaments en développant les génériques. Là, on s’attaque à la propriété intellectuelle des grandes firmes pharmaceutiques. Un sacrilège pour certains.

- Simplement mieux gérer l’argent et éviter les malversations et la corruption. Il semble que le fond mondial tente déjà d’améliorer sa gestion depuis le scandale malien, où près de 3 millions d'euros ont disparu avant d’atteindre les bénéficiaires. Ne pas abandonner maintenant

La lutte contre le sida est une lutte de santé publique qui devrait mettre tout le monde d’accord. Une lutte qui, pour une fois, ne devrait pas être politique, ni affectée par des considérations nationales. Moins encore du fait que jusque-là, les résultats sont probants. Mais c’est une lutte qui requiert de l’argent et qui implique une industrie à laquelle on ne touche pas, une industrie pharmaceutique qui prospère et dont les éléments les plus humanistes sont souvent mis au placard au profit de ceux qui, justement, créent le profit.

Quand tous les pays du monde applaudissent et se font féliciter dans cette grande salle historique de l’Assemblée générale des Nations unies pour un engagement sans valeur, c'est un goût amer qui reste dans la bouche, un goût d’impuissance. Le goût du désespoir. Il ne faut pas non plus oublier qu'aucun des «objectifs du Millénaire pour le développement» n’est en passe d’être réalisé… En 2015, il faudra rendre des comptes sur ces engagements, ainsi que sur celui qui vient d'être pris vis-à-vis du sida.

Les résultats des participations financières dans la lutte contre le VIH sont visibles, concrets: des malades sous traitement, des vies sauvées, des enfants qui naissent sans êtres porteurs de la maladie… L’objectif du triple zéro («zéro nouvelle infection, zéro discrimination et zéro mort due au sida») formulé par le chef de l’Onusida Michel Sidibé est atteignable —si les pays riches mettent la main à la poche. Il n’est pas concevable que les pays du Nord laissent tomber l’Afrique maintenant.

Camille Biet

lire la suite

____Ethiopie - Swaziland: Les séropositifs n'ont plus la foi en l'eau bénite. Sida: mieux vaut circoncire que guérir? circoncision maladies prévention santé science sida VIH

L’Éthiopie est l’un des pays au monde le plus touché par la pandémie de sida. Sur une population de 90 millions d’habitants, 1,2 millions de personnes sont séropositives.

Dans cet État de la Corne de l’Afrique, les superstitions sont encore bien présentes. Comme l’explique The Wall Street Journal, les communautés chrétiennes orthodoxes éthiopiennes (la religion dominante dans le pays) tentent souvent de combattre le virus par des pratiques religieuses.

Les fidèles de cette Eglise croient notamment dans le pouvoir de l’eau bénite. Selon eux, une source de la montagne d’Entoto, située au-dessus de la capitale Addis-Abeba, permet de guérir la maladie.

Une journaliste du quotidien américain est allée à la rencontre de certains de ces pratiquants.

Elle a recueilli le témoignage de Melaku, un séropositif, âgé de 30 ans. Il y a cinq ans, il est venu lui aussi à Entoto à la recherche d’un miracle.



«A l’aube chaque jour, il descendait un ravin escarpé et s’étendait nu dans une piscine naturelle. Les prêtres tenant des croix, versaient à six reprises de l’eau sur les gens», peut-on lire dans l’article.

Malgré le décès de nombreux malades, Melaku est resté sur place: «J’essayais d’avoir la foi dans l’eau bénite.»

Il a ensuite fait la rencontre d’une autre séropositive, Tigist. Elle aussi a rejoint le groupe de croyants, mais le remède n’a pas été efficace: «Elle est devenue plus malade, elle vomissait l’eau bénite.»

Melaku a alors décidé de transporter sa compagne à l’hôpital. Tout en continuant à prendre de l’eau bénite, Tigist a finalement accepté la thérapie antirétrovirale, un traitement qui permet de réduire la mortalité chez les personnes infectées par le VIH.

Comme le constate The Wall Street Journal, de plus en plus d’Ethiopiens ont accès aux médicaments. Même s’ils continuent à croire en Dieu, ils ne sont plus réfractaires à la médecine.

«J’encourage les gens à se faire baptiser et à prendre leurs médicaments chaque jour», explique ainsi un prêtre d'Entoto.

Selon les dernières données disponibles, en février 2010, 250.000 Ethiopiens avaient débuté une thérapie antirétrovirale, alors qu’ils n’étaient que 72.000 en 2007.

Le nombre de morts liés au sida a ainsi baissé de 71.900 en 2007, à 28.100 trois ans plus tard.

Melaku et sa compagne ne sont plus retournés à la source miraculeuse depuis deux ans. Tout en tenant dans sa main deux flacons de rétroviraux, Tigist conclut le reportage :



«Je crois toujours dans le pouvoir de l’eau, mais comme les médicaments m’aident, je pense qu’ils sont plus puissants.»

Le Swaziland a anticipé les résultats d’études qui concluent à l’efficacité préventive de l’ablation du prépuce.

Harare, capitale du Zimbabwe, le 9 février 2011. REUTERS/Philimon Bulawayo

l'auteur

Jean-Yves Nau


**circoncision maladies prévention santé science sida VIH

http://www.slateafrique.com/15911/vertus-et-limites-de-la-circoncision-antisida

Mise à jour du 2 février 2012: La campagne financée par la France dans le township d’Orange Farm en Afrique du Sud a permis de circoncire plus de 25.000 hommes entre 2008 et 2011. Dans le bidonville, le pourcentage de séropositifs a déjà diminué de 25%, selon un reportage de Ouest-France.

                                                          ***

Le 15 juillet 2011, il annonçait, à grand renfort de publicité, qu’il s’engageait personnellement pour soutenir une campagne de circoncision de masse, visant à lutter contre la propagation du sida dans son pays. Un pays qui détient un bien triste record: celui d’être le plus touché au monde par cette pandémie sexuellement transmissible.



«Flanqué d'une imposante suite royale, dont sa mère, quatre de ses treize épouses et nombre de ses enfants, des guerriers en tenue, des danseuses aux seins nus et une fanfare militaire, le dernier monarque absolu d'Afrique a demandé à ses sujets mâles de se faire circoncire», mandait il y a peu l’Agence France Presse (AFP), depuis Johannesburg.

Or, une semaine plus tard, mercredi 19 juillet, trois groupes de chercheurs annonçaient à Rome, où se tenait une conférence internationale sur le sida, disposer de nouvelles preuves statistiques de l’efficacité préventive de la circoncision.

Mswati III, devant plusieurs milliers de personnes réunies dans la ville de Mankayane, déclarait:



«Il est bon que nos jeunes hommes bénéficient d'une initiative pour les aider à combattre la maladie Je compare ce virus à un terroriste. Il est là pour éradiquer notre peuple». Et le monarque d’insister, demandant à ses sujets de «rester éloigné des activités qui peuvent donner la maladie».

On peut comprendre l’initiative de Mswati III: plus d’un quart de son peuple (1,2 millions de personnes) est infecté par le VIH. La campagne de prévention dont le roi vient de faire la publicité est soutenue par le gouvernement américain qui y participe à hauteur de 30 millions de dollars (21 millions d’euros). Lancée en février dernier, elle vise à circoncire, sur un an, 160.000 hommes âgées de 15 à 49 ans Mais pour l’heure, seuls 3.000 individus se sont portés volontaires. Les promoteurs de la campagne espèrent que l'intervention du roi ne restera pas sans effet:



«Mswati III n'a pas précisé s'il comptait lui-même se faire circoncire, précise aujourd’hui l’AFP. La circoncision, longtemps pratiquée au Swaziland, avait été peu à peu abandonnée au 19e siècle.»

Devin, Mswati III? A Rome, une semaine après l’exposé du monarque, plusieurs scientifiques apportaient la preuve qu’en terre africaine la pratique de la circoncision pouvait aider à lutter contre la diffusion par voie sexuelle du virus du sida.

Mais la plupart des spécialistes de cette question ont aussi rappelé, à cette occasion, que ce moyen de prévention ne pouvait être efficacement utilisé qu’en association avec d’autres méthodes, à commencer par le recours systématique au préservatif en cas de rapport sexuel potentiellement contaminant. Un message qui n’est pas simple à transmettre auprès de personnes qui le plus souvent ignorent si elles sont ou non infectées par le VIH. Un moyen de prévention, pas de protection

La question du possible rôle préventif de la circoncision n’est pas nouvelle. Elle repose pour l’essentiel sur le postulat que certaines cellules présentes sur la face interne du prépuce seraient des portes d’entrée privilégiées du virus au sein de l’organisme, lors d’une relation sexuelle.

Sur cette base, et compte-tenu des diverses résistances rencontrées dans le recours au préservatif masculin, des études furent lancées au début des années 2000 pour évaluer le plus scientifiquement possible l’efficacité de cette pratique dans plusieurs pays africains.

En décembre 2006, l’Institut national américain de l’allergie et des maladies infectieuses annonçait qu’il mettait fin prématurément à deux essais cliniques menés en Ouganda et au Kenya après avoir constaté que la circoncision conférait une protection partielle, de l’ordre de 50%, contre l’infection par le VIH. Cette observation confirmait alors les données d’un essai franco-sud-africain (financé par l’Agence nationale française de recherche sur le sida), conduit en 2005, et qui montrait une diminution statistiquement significative des taux d’infection chez des jeunes adultes circoncis.

En mars 2007, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida annonçaient qu’ils recommandaient officiellement la pratique de la circoncision comme moyen de prévention. Les deux organismes insistaient toutefois sur le fait que cette pratique ne protégeait pas complètement et qu’elle ne devait pas remplacer les autres méthodes de prévention. La circoncision pouvait être «proposée» (là où elle n’était pas pratiquée pour des raisons religieuses) quand il existait un taux de séropositivité élevée et où la transmission hétérosexuelle prédomine —soit l’Afrique australe et une partie de l’Afrique de l’Est.

Et l’OMS comme l’Onusida de souligner que tout devrait être mis en œuvre pour mettre en garde les hommes circoncis et leurs partenaires contre «un sentiment erroné de sécurité». Il fallait aussi veiller à ce que ce geste soit proposé et non imposé.

Mais tout le monde ne partageait pas ce point de vue préventif; notamment ceux pour qui la prévention ne peut être fondée sur une mutilation. En juin 2007, le Conseil national français du sida jugeait que la circoncision constituait «une modalité discutable de réduction des risques de transmission du VIH». Il critiquait notamment les modèles mathématiques extrapolant l’impact possible sur l’épidémie d’une politique d’incitation et prédisant une possible diminution d’environ deux millions des nouvelles infections et de 300.000 décès au cours des dix prochaines années.

Il estimait alors que ce type de modèle mathématique ne tenait pas compte «de données sociologiques, anthropologiques ou de la possibilité de reproduire dans la vie réelle des résultats obtenus dans des expériences encadrées».

Un succès confirmé «dans le monde réel»

Pour autant, en mai 2009, le gouvernement du Botswana annonçait le lancement d’un programme visant à circoncire en cinq ans 80% de la population masculine (soit 460.000 hommes), afin de limiter la propagation du sida dans ce pays d’Afrique australe fortement touché par l’épidémie. Cette initiative reposait pour une large part sur les conclusions d’une étude qui venait d’être publiée dans le journal de la Société internationale du sida estimant que dans ce pays, la circoncision d’environ un demi-million d’hommes d’ici 2012 devrait prévenir quelque 70.000 cas d’infection du sida d’ici 2025. Puis, en juillet 2009, de nouvelles études menées dans le district de Rakai en Ouganda et publiées dans The Lancet remettaient tout en en question.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la décision prise par le roi du Swaziland et la publication des résultats présentés à Genève, et notamment ceux de la nouvelle étude conduite sous l'égide de Agence française de recherches sur le sida (ANRS) par l’équipe de l’épidémiologiste Bertran Auvert.

Ce dernier explique avoir voulu confirmer «dans le monde réel» ses observations faites antérieurement dans plusieurs pays d'Afrique noire, et qui avaient conclu à une baisse du risque d'infection de 60% chez les hommes hétérosexuels. L’étude a été menée à Orange Farm, un bidonville de la banlieue de Johannesburg, en Afrique du Sud, où l’infection par le VIH touche 40% des hommes non circoncis (et 45% des femmes) âgés de 35 à 39 ans. La moitié des hommes de ce bidonville (soit plus de 20.000 personnes) ont répondu à une campagne massive d’incitation à la circoncision (interventions radiophoniques ou par haut-parleur, porte-à-porte, affichettes dans les stations de taxis ou les centres de santé...).

Les chercheurs expliquent ne pas avoir observé de différences de comportement sexuel entre les hommes circoncis et ceux qui ne le sont pas: même utilisation de préservatifs (34%), même fréquence de relations sexuelles, même nombre de partenaires... Ces observations sont confirmées par une autre étude réalisée auprès de 2.200 hommes de 18 à 35 ans dans la province kényane de Nyanza.

Les chercheurs français ont d’autre part constaté que dans le groupe des hommes circoncis, le taux d’infection était de 76% inférieur à celui de ceux qui ne l’avaient pas été. Selon Bertran Auvert, les femmes, qui ne sont pas protégées directement par la circoncision de leur partenaire, devraient bénéficier indirectement de la réduction du risque.



«C'est la première fois qu'une étude au niveau mondial montre qu'un programme de prévention entre adultes hétérosexuels marche dans le monde réel», s'est-il réjoui auprès de l'AFP, ajoutant que la circoncision n'intervenait qu'une fois dans la vie, était peu coûteuse (40 euros), et qu’elle était «de plus en plus acceptée socialement». Selon une autre étude conduite par des chercheurs ougandais, la circoncision serait de nature à procurer aux hommes davantage de satisfaction sexuelle.

Pour autant, les termes de l’équation sanitaire n’ont pas varié. Ainsi, plusieurs spécialistes participant à la conférence de Rome ont insisté sur le fait que la circoncision ne pouvait être que «complémentaire d'un autre moyen de prévention». Pas, ici, de loi du tout ou rien.



«Arrêtons de penser qu'un outil de prévention va suffire, a notamment déclaré à l’AFP Françoise Barré-Sinoussi, co-prix Nobel de médecine 2008 pour ses recherches sur la découverte du VIH.



Si on veut diminuer l'incidence de l'infection dans le monde, ça ne va pas être la circoncision toute seule, les préservatifs tout seuls, le traitement comme prévention tout seul: c'est un ensemble, dont font partie aussi l'éducation et la lutte contre la stigmatisation. Il ne faut pas se leurrer, même quand on aura une possibilité de "cure" (rémission), ce que j'espère, même quand on aura un vaccin, ce ne seront que des outils supplémentaires à rajouter dans le circuit».

Devin, Mswati III? En l’an 2000, au sujet des séropositifs, le roi avait cru pouvoir affirmer qu'ils devraient être «marqués et stérilisés». Avait-il prévu, lors de sa harangue du 15 juillet dernier, qu’une semaine plus tard des militants d'associations de lutte contre le sida manifesteraient dans la capitale Mbabane pour demander le maintien de la distribution des traitements antirétroviraux, malgré la très grave crise économique qui frappe ce petit royaume au bord de la banqueroute?

Jean-Yves Nau

http://www.slateafrique.com/83727/ethiopie-eau-benite-medicaments-antiretroviraux-sida

lire la suite