____Un bilan mitigé, Quand les langues se délient. La part d'ombre de Joseph Kabila.. Kinshasa, capitale d'un grand corps malade. Le Congo est un scandale géologique.
Par http://www.777-mafia.com/us/home, mercredi 21 novembre 2012 à 14:45 :: ___Battlefiel IV - BLOODSLATTERS - Survival Of The Fittes - Everyday Gun Play - Street Life :: #4234 :: rss
Kinshasa, capitale d'un grand corps malade
La République démocratique du Congo est un pays aujourd'hui à l'agonie. Symptomatique des maux qui rongent l'ancienne colonie belge, sa capitale, Kinshasa, abandonnée à la corruption et aux ordures...
Une voiture incendiée dans les rues de Kinshasa. REUTERS / Finbarr O'Reilly
l'auteur
Pierre Cherruau
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Mise à jour du 10 décembre 2011: Le président sortant de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a été proclamé le 9 décembre vainqueur de l'élection présidentielle à un tour du 28 novembre, a annoncé la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Selon les résultats provisoires communiqués par le président de la Céni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, Joseph Kabila, 40 ans, élu une première fois en 2006, l'a emporté avec 48,95 % des voix, devant l'opposant de 78 ans, Etienne Tshisekedi, qui a totalisé 32,33 % des suffrages. Ce dernier s'est immédiatement proclamé "président élu". A Kinshasa, la capitale du pays où Tshisekedi aurait obtenu près de 64% des suffrages, le climat est tendu. Des accrochages ont éclaté vendredi dans la ville, peu après l'annonce des résultats par la Céni.
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Nicolas Sarkozy a commencé jeudi 26 mars sa tournée africaine par une visite en République démocratique du Congo. Une première pour un chef d'Etat français depuis 25 ans. Mais il aura passé à peine quelques heures dans cette capitale, symbolisant l'agonie d'un pays qui avait tout pour réussir. Dommage qu'il ne soit pas resté plus longtemps, la visite de Kinshasa vaut le détour et permet d'appréhender quelques-uns des maux de ce pays à l'agonie. Une ville en ruine
À deux pas des murs de l'Ambassade de France, les trottoirs défoncés de Kinshasa sont jonchés d'ordures. «Et dire que c'était la plus belle capitale d'Afrique» se désole Julien Basongo, un avocat d'affaires qui boit une bière belge, la Primus, à une terrasse de ce centre ville qui a tout d'un bidonville.
«Dans le quartier des ambassades, il y a encore l'eau et l'électricité le plus souvent, mais dans le reste de la ville, c'est de pire en pire. On est devenu nostalgiques de l'époque de Mobutu (au pouvoir jusqu'en 1997)» constate ce Kinois qui ne comprend pas comment son pays a pu en arriver là.
C'est d'autant plus vrai que la RDC est dépourvue de routes. Pour parcourir le pays les Congolais n'ont d'autre choix que de monter dans des avions de compagnies privées qui battent des records de dangerosité. Le dollar comme valeur refuge
Pourtant, à Kinshasa comme dans les villages, les dollars américains tiennent lieu de monnaie. «La seule devise à laquelle nous faisons vraiment confiance, c'est l'Américaine» souligne un chauffeur de taxi qui circule à Matongué, quartier de la capitale où la bière se vend six dollars. Un quotidien kinois, le Soft international, vendu dans la rue, s'achète sept dollars. Une fortune pour des Congolais dont la grande majorité vivent avec moins d'un dollar par jour. Selon le FMI, en 2008, le PIB (Produit intérieur brut) par habitant était d'à peine 206 dollars. Pourtant, peu de capitales présentent un tel étalage de voitures de luxe alors que les routes sont criblées de nids-de-poule.
Faute de transport en commun, les Congolais sont obligés de monter dans des taxis d'un autre âge. Sans freins, avec des volants venus d'autres modèles, des freins à main qui ne fonctionnent pas. La moindre course de quelques minutes se monnaie facilement 20 dollars américains.
«Le Congo est une kleptocratie. Tout l'argent que rapportent les mines part dans les poches des dignitaires du régime et des militaires. Rien n'est fait pour développer des infrastructures», souligne un jeune médecin qui tient à garder l'anonymat par peur des représailles. Selon un récent rapport de Human Rights watch, le régime de Joseph Kabila (qui est arrivé au pouvoir en 2001) aurait fait éliminer physiquement plus de 500 opposants au cours des derniers mois. Pas de services
A Kinshasa, il est presque impossible de trouver une ligne de téléphone fixe. Au total, le pays en compte moins de 10 000, alors que la RDC est peuplée de plus de soixante millions d'habitants. L'un des taux d'équipements les plus bas du monde. Du coup, les Congolais se sont rabattus sur les portables. Ils en possèdent cinq millions. Un juste retour des choses pour un pays qui contribue grandement à la production des mobiles. La RDC possède 30% des réserves mondiales de coltan, un minerai essentiel à la production de portable. Les abonnements aux portables se paient, eux aussi, en dollars
Autre paradoxe, dans ce pays, si pauvre, il est difficile de trouver une chambre d'hôtel correcte à moins de 200 dollars dans la capitale. Un appartement de bonne taille dans un «quartier sécurisé» va facilement coûter 4 à 5000 dollars par mois. Mais même dans des hôtels de luxe, des clients ont récemment été tués par des «balles perdues».
Le président français Nicolas Sarkozy ne passe pas la nuit dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Après quelques heures à peine en RDC, il sera de l'autre côté du fleuve Congo pour dormir à Brazzaville, la capitale de l'autre Congo, avec lequel la France entretient d'excellents rapports. La capitale de l'autre Congo, ex-colonie française est réputée plus sûre. L'épineux problème posé par l'ONU
A Kinshasa, le coût de la vie a encore augmenté avec l'arrivée de la mission des Nations Unies (MONUC) en 1999. Elle compte déjà 15 000 militaires et 3000 civils. «Jusque dans les villages, à cause d'eux on connaît les dollars. Ils payent les filles avec. En Ituri (Est de la RDC), les villageoises ont rebaptisé les dollars les Uruguayens à cause de la «générosité» des casques bleus latino américains. Ils ont été jusqu'à ouvrir des bordels avec des mineures», explique sous couvert d'anonymat un représentant de la MONUC.
Chaque année, la MONUC coûte plus d'un milliard de dollars aux Nations Unies, sans parvenir à mettre un terme aux conflits armés qui ont fait près de 4 millions de victimes au cours des dernières années.
Dans cette économie dollarisée, où 90% de la population est sans emploi, la «débrouille» est devenue la règle. Payé 100 dollars par mois, Claude, un journaliste de la télévision nationale avoue tout de go qu'il vit de la corruption, «comme tout le monde».
«Mon salaire mensuel me paie une soirée en boîte à Matongue avec les copains. C'est juste de l'argent de poche. Mais quand un homme politique veut passer à la télévision, il me donne 5000 dollars américains. Ici, ça marche comme ça.»
Pierre Cherruau
- La part d'ombre de Joseph Kabila
S'il paraît plus sûr de lui que lors de sa prise de pouvoir en République Démocratique du Congo, des questions se posent toujours sur la capacité de Kabila à diriger son pays.
Joseph Kabila à Montreux, Suisse, 2010. © Valentin Flauraud / Reuters
l'auteur
Anne Khady Sé
conflits Etienne Tshisekedi Laurent-Désiré Kabila Mobutu Sese Seko opposition politique présidentielle 2011
Mise à jour du 9 octobre 2012: Trois jours avant sa première visite en Afrique, le président François Hollande a haussé le ton, le 9 octobre 2012, vis-à-vis de Kinshasa, jugeant la situation démocratique en République démocratique du Congo (RDC) "tout à fait inacceptable".
Au côté du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en visite à Paris, le président français a vivement critiqué la politique de l'immense pays d'Afrique centrale présidé par Joseph Kabila depuis l'assassinat de son père, Laurent Désiré, en 2001.
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Qui est vraiment Joseph Kabila? La question, lancinante, continue de se poser, dix ans après son arrivée au pouvoir en République démocratique du Congo. A 30 ans, celui qui était alors chef d’état-major de l’armée de terre congolaise a hérité des lourdes responsabilités de son père, Laurent-Désiré Kabila. Cet ex-maquisard, à la tête de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), fort du soutien militaire du Rwanda, avait contraint Mobutu Sese Seko à fuir le pays en 1997, après 32 ans de règne. Il avait ensuite été assassiné le 16 janvier 2001 par son garde du corps, dans des circonstances restées mystérieuses.
L’entourage de Kabila père avait aussitôt propulsé Kabila fils comme successeur. Beaucoup se sont alors posé des questions sur son autonomie, sa capacité à prendre le destin du Congo en main, mais aussi sur son indentité. Pourquoi Joseph Kabila a-t-il été scolarisé à Dar-es-Salam, en Tanzanie, sous le nom de Hippolyte Kabange Mtwale? Pour des raisons de sécurité liées à la clandestinité de son père, répondent ses biographes. Est-il vraiment le fils de Laurent-Désiré Kabila et de la Congolaise Sifa Mahanya? Sur les photos, la ressemblance avec sa mère paraît frappante. Mais ses détracteurs insistent de leur côté sur une autre ressemblance, moins évidente, avec un certain Adrien Christopher Kanembe… Un Rwandais, ancien camarade de maquis de Kabila père, lequel aurait adopté ses enfants après sa mort.
Cette thèse est reprise par Etienne Kabila Taratibu, 46 ans, qui se présente comme l’aîné «biologique» de Laurent-Désiré Kabila. Cet homme ne cesse de revendiquer l’héritage du Mzee (le sage en swahili, le surnom donné à Laurent-Désiré Kabila) et d’accuser l’actuel chef de l’Etat d’imposture. Dans une vidéo diffusée sur Internet (VIDEO), il l’appelle Hippolyte Kanambe. Plus grave encore, il l’accuse d’avoir joué un rôle dans le meurtre de son père —sans avancer le moindre début de preuve.
Réponse de l’entourage de Kabila: l’imposteur n’est autre qu’Etienne Kabila. Ce grand frère encombrant raconte avoir pris le chemin de l’exil en Afrique du Sud après la mort de son père, redoutant pour sa propre vie. Des craintes ensuite corroborées par la disparition d’une soeur, Aimée Kabila, qui revendiquait elle aussi sa part de l’héritage. Cette femme a été assassinée chez elle à Kinshasa, à 32 ans, par des hommes en armes, dans la nuit du 15 au 16 janvier 2008. Sept ans exactement après la mort de son père. La garde présidentielle est fortement soupçonnée d’avoir procédé à une liquidation. Quand les langues se délient
A Kinshasa, il se murmure que Joseph Kabila ne serait disposé à partager les mannes du pouvoir qu’avec sa soeur jumelle, Jaynet Kabila Kyungu. Cette dernière se distingue dans les bonnes oeuvres, en tant que présidente de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila, mais aussi dans les médias, en tant que propriétaire de la chaîne de télévision privée Digital Congo.
A la veille des secondes élections démocratiques organisées en RDC, prévues pour le 28 novembre, les mauvaises langues se déchaînent à propos de l’homme fort du pays. Kabila, élu une première fois en 2006 avec 58% des voix, est dénoncé par l’opposition et la société civile pour la modification, en janvier 2011, de la Constitution. Ce qui lui avait permis de supprimer le deuxième tour de l’élection présidentielle. Le président, qui peut se faire réélire avec une majorité simple au premier tour, est accusé par les ONG de semer un climat de peur. Jérôme Bonso, coordinateur de la coalition Agir pour les élections transparentes et apaisées (Aeta), dénonce une tension politique croissante:
«La décision du gouvernement congolais d’interdire les manifestations politiques et publiques révèle son incapacité à prévenir et à répondre à la violence électorale, et va à l’encontre de la Constitution congolaise.»
«Joseph Kabila gère son affaire comme un chef de village, en distribuant de l’argent à gauche et à droite, mais aussi comme un chef militaire, qui n’hésite pas à faire liquider ceux qui le gênent», note un journaliste congolais qui préfère garder l’anonymat.
Et pour cause: pas moins de six journalistes ont été tués dans l’Est du Congo, où les milices rebelles comme l’armée régulière continuent de perpétrer des exactions contre les civils —le viol étant devenu une arme de guerre aussi banale que massive.
La peur persiste à Kinshasa, parmi les défenseurs des droits de l’homme, depuis la mort de Floribert Chebeya. Président de l’association La voix des sans-voix (VSV), Chebeya avait dénoncé l’assassinat d’Aimée Kabila, sur lequel il enquêtait, et prêté ses locaux à Etienne Kabila Taratibu pour sa seule et unique conférence de presse en RDC. Il a été retrouvé mort dans sa voiture, le 2 juin 2010, après un rendez-vous avec la direction de la police. «Ici, on peut zigouiller tranquille», dénonçait déjà le Collectif des organisations des jeunes solidaires du Congo Kinshasa (Cojeski) en 2008. Ce regroupement de 340 associations de jeunes dénonçait un climat d’impunité qui ne s’est guère amélioré depuis.
Joseph Kabila, aujourd’hui âgé de 40 ans, a pris de la bouteille. Il délègue beaucoup à Augustin Katumba Mwanke, ancien gouverneur de la province du Katanga (sud-est de la RDC), mais concentre entre ses mains beaucoup de pouvoirs. Il gère lui-même la Défense et la diplomatie, et demande en vain le départ des 20.000 Casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc). Aujourd’hui, il défend son bilan, même si les critiques pleuvent. Quelques tronçons de route ont été goudronnés dans les grandes villes, mais les infrastructures restent délabrées. L’accès à l’eau et l’électricité est devenu problématique, même dans les quartiers huppés de Kinshasa. La RDC a affiché une croissance de 6,1% en 2010, grâce à la hausse des cours mondiaux des minerais, mais les défis restent immenses. L’indicateur de perception de la corruption publié par Transparency International en 2010 classe la RDC en 164e position sur une liste de 178 pays. Un bilan mitigé
A l’actif de Joseph Kabila, cependant, la fin de la deuxième guerre du Congo, avec les accords de paix de Sun City, signés en 2002. Il a ensuite mené un gouvernement de transition avec quatre vice-présidents issus des groupes rivaux. Il a organisé en 2006 les premières élections démocratiques depuis quarante ans dans l’ex-Zaïre. Il les a remportées face à Jean-Pierre Bemba, un rival dont il s’est débarrassé depuis. Jean-Pierre Bemba a refusé, après les élections, de voir sa milice intégrée au sein des Forces armées congolaises (FAC). Il a dû fuir Kinshasa, où sa résidence a été prise d’assaut. Ensuite, le «petit Mobutu» a été inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis par la branche armée de son mouvement en Centrafrique.
Son principal concurrent, aujourd’hui, pèse nettement moins lourd. Vital Kamerhe, 52 ans, fut son directeur de campagne en 2006. L’homme a pris de l’importance en tant que négociateur de la paix dans les Grands Lacs, puis président de l’Assemblée nationale, de 2006 à 2009. Il a rompu pour fonder son propre parti lorsque Kabila a lancé une offensive militaire dans l’Est, sans lui demander son avis. Porté par son égo plus que par un quelconque programme, Vital Kamerhe, originaire du Kivu, passe lui aussi pour un Rwandais à Kinshasa. Dans cette mégalopole de 10 millions d’habitants (14% de la population totale du pays), on éprouve toujours un certain ressentiment à l’égard de ceux que l’on considère comme des occupants venus d’un pays moins vaste. Vital Kamerhe n’a pas réussi à s’entendre avec Etienne Tshisekedi, l’opposant de toujours, pour former un front commun contre le candidat Kabila, qui se prépare à un second mandat.
Anne Khady Sé
http://www.slateafrique.com/63353/kabila-le-president-qui-prend-de-l-assurance
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