Le temps, les occasions m’ont amenés à ce poème de Guy TIROLIEN que tous les enfants de mon age ont appris “par coeur” ! Oh le gros mot ! Monsieur le Professeur Hyancinthe BASTARAUD a été un de ces petits enfants de Marie-Galante la Galette si chère au poète. Il a malgré tout a été à cette école ! Il y a trouvé ces extraodinaires INSTITUTEURS DU PEUPLE, ces hussards de la république … Et l’on connait la suite ! Mais pourquoi diable nos “Instits” ont-ils, ont-elles laissé choir un tel titre de gloire ! Don Elder CAMARA leur aurait sans doute dit : J’ai vu dans le bas chemin conduisant à l’école, un titre mort de Honte de s’être laissé préféré à un autre !

Cela ne nous empêche pas de vous aimez Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs les Professeurs des Ecoles !

  • Seigneur
  • je suis très fatigué

je suis né fatigué et j’ai beaucoup marché depuis le chant du coq et le morne est bien haut qui mène à leur école

  • Seigneur je ne veux plus aller à leur école ,

faites je vous en prie que je n’y aille plus

  • Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches

quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois où glissent les esprits que l’aube vient chasser

  • Je veux aller pieds nus par les sentiers brûlés

qui longent vers midi les mares assoiffées

  • je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers

je veux me réveiller lorsque là bas mugit la sirène des blancs et que l’usine ancrée sur l’océan des cannes vomit dans la campagne son équipage nègre

  • Seigneur je ne veux plus aller à leur école

faites je vous en prie que je n’y aille plus

  • Ils racontent qu ‘il faut qu’un petit nègre y aille

pour qu’il devienne pareil aux messieurs de la ville aux messieurs comme il faut;

  • Mais moi je ne veux pas

devenir comme ils disent un monsieur de la ville un monsieur comme il faut

  • Je préfère flâner le long des sucreries

où sont les sacs repus que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune

  • Je préfère

vers l’heure où la lune amoureuse parle bas à l’oreille des cocotiers penchés écouter ce que dit dans la nuit la voix cassée d’un vieux qui raconte en fumant les histoires de Zamba et de compère Lapin et bien d’autres choses encore qui ne sont pas dans leur livre .

  • Les nègres vous le savez n’ont que trop travaillé

pourquoi faut il de plus apprendre dans des livres qui nous parlent de choses qui ne sont point d’ici . Et puis elle est vraiment trop triste leur école triste comme ces messieurs de la ville ces messieurs comme il faut qui ne savent plus danser le soir au clair de lune qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds qui ne savent plus conter de contes aux veillées

  • Seigneur je ne veux plus aller à leur école.



Balles d’Or a été publié par Présence Africaine en 1961 rédition en 1982

http://halleyjc.blog.lemonde.fr/2007/10/02/priere-dun-petit-enfant-negre-extrait-de-balles-dor-de-guy-tirolien/

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