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vendredi 30 novembre 6666

_____Conscience et connaissance de soi: Le Blanc et le Noir ont pour symbolique de base le conscient et l'inconscient ... L'Ego est toujours disposé à se laisser entraîner par la colère, L’homme normal ne se limite pas à l’horizon de son égo primaire.

DEPASSER L’EGO

par Karlfried Graf Dürckheim*

http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/conscoso.htm

L’homme normal ne se limite pas à l’horizon de son égo primaire. Il lui est naturel de dépasser les intérêts matériels de son égo grâce à des intérêts spirituels dont la réalisation présuppose le sacrifice ou du moins, un recul passager du petit moi.

L’homme en tant qu’individu découvre sa valeur personnelle, le sens de l’honneur et de la vie, au service du « monde », grâce à une oeuvre et à un travail en communauté, auxquels il se donne tout entier. Il assume une responsabilité, il se meut dans l’ordre des valeurs traditionnelles du vrai, du beau et du bon. L’acceptation de ces valeurs font le «noyau » de l’honnête homme; elles exigent non seulement le sacrifice des instincts primaires, mais aussi une fidélité inconditionnée. En revanche, elles représentent une source de joie qui dépasse en qualité et en profondeur tout plaisir ressenti sur le plan du moi primaire. Elles sont la récompense d’avoir su «lâcher» un ordre de valeur reconnu comme éphémère. Et c’est cette joie altruiste qui donne à la vie son « sens >, c’est ce sens qui devient la raison de vivre. Dès lors, sa disparition entraîne l’expérience du Vide. L’homme éprouve la souffrance du Vide lorsque le «sens» qu’il a donné à sa vie, s’efface. Par exemple, s’il est rejeté dans son « être au service des autres », l’amenant souvent à se dire «On ne veut plus de moi; je suis un incapable, 1’ «instrument sur lequel j’ai joué est brisé », l’oeuvre que j’ai servie est anéantie; l’homme que j’ai suivi m’a déçu. » Voilà quelques exemples parmi d’autres qui peuvent mettre un point final à une vie, même si l’homme en question dispose de tous les atouts matériels.

Ces différents cas ont mené depuis toujours leurs victimes jusqu’au seuil du suicide. La perte de la raison de vivre tue l’homme, être doué de raison. La perte de la valeur d’une vie tue celui pour lequel elle était le «sens» de son existence. La perte de l’honneur est anéantissement de celui pour lequel il constituait l’essentiel de son existence. Ainsi, sur le plan de l’individualité, le Vide est éprouvé à l’instant même, où, pour une raison ou une autre, la vie n’a plus de sens.

L’évolution de l’homme se déroule sur un échelon différent, c’est-à-dire un troisième plan, dès qu’il s’éveille à la voix de la Transcendance. Bien que la Transcendance se manifeste en un langage parti-culier, déjà sur le plan du moi élémentaire, et sans doute à travers les valeurs sur le plan de la personnalité, son propre langage ne sera entendu qu’au moment où tout ce qui est «réalité» pour le moi primaire, et pour la personnalité orientée vers le monde, s’écroule. Autrement dit, la disparition de toute raison existentielle de vivre, qui a mené la personnalité à sentir le vide effrayant, peut devenir le moment de l’apparition d’une réalité essentielle qui transcende toute réalité existentielle.

Le Vide, devenu le seuil d’une nouvelle vie fait irruption comme résultat d’un événement inattendu, ou comme le fruit d’un travail intérieur sur le chemin initiatique. Cependant, pour que le Vide devienne le but d’un travail intérieur il s’agit de bien comprendre son aspect positif. Celui-ci se révèle de la façon la plus impressionnante dans certaines situations où l’homme traverse 1’ « Horror Vacui » pour y trouver à l’instant même la «Benedictio Vacui ». Instants privilégiés, éprouvés lorsque incapable de se libérer d’une situation destructrice, l’homme atteint la limite de ses propres forces. Rejeté sur lui-même, à la merci de puissances qui le détruisent; seul, faible, isolé, et complètement submergé par le vide négatif, soudain il découvre une autre réalité qui le comble, et lui apporte une nouvelle vie.

  • Karlfried Graf Dürckheim, 1896-1988, professeur de philosophie puis de psychologie à l’Université de Breslau puis de Kiel. Chargé de mission au Japon, il fonde en 1947 avec son épouse Maria Hippius à Rütte près de Todtmoos en Forêt-Noire une Ecole de thérapie initiatique pour accéder à son Etre essentiel. Il a préparé les voies du Transpersonnel et Maria Hippius est venue ouvrir le Congrès européen du transpersonnel à Strasbourg en août 1990.

Quelques livres : 1949 Le Japon, 1951 La grande expérience, 1954 Hara centre vital de l’homme, 1961 Le Zen et nous, 1961 le quotidien comme exercice, 1976 Méditer pourquoi et comment ? 1984 L’expérience de la Transcendance, 1986 la percée de l’Etre, 1988 le don de la grâce, le son du silence, Pratique de la vie intérieure, Sagesse et amour …

http://www.europsy.org/aft/pg1304.html

Leçon 9. Conscience et connaissance de soi



C'est dans la conscience que le monde nous apparaît. C’est par la conscience que le sentiment est connu, que les choses sont décrites et pensées, que l’image est imaginée ou que le jugement est prononcé. Nous connaissons tout par la conscience. Mais connaissons-nous la conscience elle-même ? Ce qui est trop proche, n’est pas nécessairement compris. Nous passons certes notre vie dans la conscience, mais sans la connaître et sans nous connaître. C’est d’ailleurs pourquoi le monde de l'extériorité paraît toujours plus clair que celui de l’intériorité. Dans le monde extérieur il y a des objets aux contours précis, des choses qui sont distinctes et mesurables, bref le monde de l'objectivité et de la matière qui s'impose distinctement à la pensée.



Mais au plus proche de soi ? De la subjectivité de la conscience elle-même, que savons-nous ? Que savons nous de notre propre conscience? Rien peut-être. Bergson traduit cette difficulté : « N’y a-t-il pas là quelque chose de surprenant ? Nous sommes intérieurs à nous-mêmes, et notre personnalité est ce que nous devrions le mieux connaître. Point du tout ; notre esprit y est comme à l’étranger, tandis que la matière lui est familière et que, chez elle, il se sent chez lui".



Cela veut-il dire qu'être conscient, c'est être conscient de ce qui n'est pas soi ? On ne peut pas être conscient de soi ? Mais alors, comment pouvons-nous nous connaître dans ces conditions ? La conscience ne comporte-t-elle une présence à soi-même qui l'éclaire ou est-elle ignorante d'elle même, tout en ayant pouvoir de connaître tout le reste? Bergson lui-même répond : "une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s’extérioriser pour agir ». La conscience peut-elle se connaître elle-même?

A. Complexité de la connaissance de soi



Mais tout d'abord, que faut-il entendre par connaissance de soi? Tout dépend de ce que nous mettons par avance dans le "soi" que nous considérons comme devant être connu. C’est très étrange, mais ignorant ce que nous sommes, nous prétendons aussi par avance savoir ce que nous sommes ! Nous avons des préjugés sur ce que le "soi" peut être. Si nous admettons de manière implicite qu'il est possible de donner une définition précise au sens du "je suis", nous orienterons tout de suite la question "qui suis-je? ". C'est ce que nous faisons sans hésiter dans l'attitude naturelle.



Soyons honnêtes, pour beaucoup d'entre nous la réponse à la question "qui suis-je?" tient dans quelques opinions bien arrêtées : je suis Pierre A, Paul B. Un individu défini par sa culture, je suis mon corps, ou je suis mon rôle social et mon personnage. Pour d'autres, pour ceux qui sont méfiants vis à vis des réponses précédentes, le "qui suis-je ?" signifie d'avantage : je suis une personne avec ses qualités morales, une âme, un esprit, je suis un homme, je suis un caractère, un tempérament. Plus simple : je suis moi, je suis mon passé etc. A chacune de ces définitions correspond une forme de connaissance de soi. Que valent-elles?



1) Dire "je suis un breton", c'est se donner une identité par une définition culturelle. C'est marquer l'individualité qui me caractérise et m'identifier à une culture dont je suis fier, tout en m’opposant à d’autres. L'ennui, c'est que c'est une réponse très vague. Elle convient à des milliers d'autres êtres humains bretons comme moi. Elle définit seulement une appartenance de l'ego, une appartenance qu'il est à même de revendiquer. Ce n'est qu'une étiquette commode pour me faire valoir en me distinguant des autres peuples : les basques, les espagnols, les corses ou tout ce que vous voulez. C'est une identité qui n'est pas personnelle, mais collective. C'est aussi une figure de l'identité qui est fondée sur une fragmentation passablement conflictuelle.




2) Dire "je suis un élève de terminale", ou "je suis un étudiant", c'est aussi se donner une définition par le rôle auquel nous nous identifions. C'est une manière de mettre en avant mes droits, de me présenter devant un autre, de me distinguer de lui d'arborer une certaine identité. L'agent de police qui vous questionne vous demande vos « papiers d'identité » : "Et vous à l'arrière, vous êtes qui?" La réponse qui nous vient est de décliner notre nom et prénom. Je suis Anatole Dupuis. Mais le nom ne dit pas grand chose. C'est une étiquette posée pour identifier une personne. Il ne suffit pas de connaître son nom pour savoir qui on est ! Dire je suis "garçon de café", "joueur de tennis", musicien" ne m'en apprend rien. C'est une définition qui ne fait que préciser ce qui constitue mon travail, une de mes passions ou un de mes divertissements. Mais mon travail, mes passions, mes divertissements, ce n’est pas moi. Le travail me donne une identité, mais qui est aussi relative que mon appartenance à un peuple. Je peux m'identifier à ce que je fais, mais il reste que je ne suis pas ce que je fais. J'ai un travail, je ne suis pas mon travail. Je suis différent du personnage que les autres voient en moi et qui n'est pas moi. Le rôle m'appartient en tant qu'individu sur la scène du Monde. J'ai un rôle comme chacun en ce monde, mais je suis pas le rôle. Je joue un rôle, je ne suis pas le rôle. Je ne suis pas le personnage, mais par contre, se connaître soi-même, c'est sûrement être capable de regarder en face ce petit jeu par lequel je me prends pour un personnage. Ce jeu de l'identification de l'ego doit être vu et compris, car il permet de cerner l'activité du moi.



3) Dire "je suis mon corps" est peut-être une définition plus intéressante. En tout cas elle est commune. Qui ne s’identifie pas à son corps ? Dire « je suis mon corps » suppose non pas que j'ai un corps, mais que je suis mon corps. La midinette qui passe une heure devant le miroir de la salle de bain à se regarder implicitement partage cette opinion. Ce qui lui importe, c'est de soigner son apparence : regardez moi, "moi"! Ce qui veut dire mon corps splendide, mon visage charmeur, ma démarche chaloupée ! Ne rions pas. Nous traversons cette crise de l'identité qui nous confronte avec l'image du corps. La plupart des adolescents se sentent complexés et vivent mal cette relation au corps. Si en effet je crois que je suis mon corps et que dans la glace je vois la disgrâce ou la difformité, je me dis "je suis laid" et je souffre dans mon cœur d'être un individu laid. Me comparant à d'autres j'ai honte de mon corps et j'envie ceux qui ont été mieux avantagés par la nature. S'identifier au corps, c’est constituer une image de soi par laquelle nous risquons de tomber dans le narcissisme (Narcisse tombant amoureux de son reflet dans le miroir de l'eau), la flatterie qui consume de prétention, ou à l'inverse tomber dans l'auto-négation, la honte de soi.



L'image du corps n'est rien qu'une pensée qui enveloppe une représentation de ce que je suis. Elle ne tient que dans une attitude de conscience par l'identification à un objet, mon corps. Mais le sujet lui ? Qui est-il ? De même, tout ce qui relève des tests que l'on fait dans le sport ne concerne que l'évaluation de soi et non pas la connaissance de soi. Chercher la performance physique, c'est chercher une évaluation, ce n'est pas se connaître. Se connaître voudrait plutôt dire discerner exactement quel est l'équilibre que le moi entretient avec l'image du corps,



4) Dire je suis « moi », avec ce fichu "caractère", ce "tempérament" de cochon qui me caractérise par rapport aux autres, semble en apparence plus pertinent. Un individu actif et primaire se distingue nettement d'un individu passif et secondaire. Nous sommes psychologiquement très différents les uns des autres et c'est pourquoi il est vain de chercher un modèle universel de ce que nous devrions être ou pire de ce que les autres devraient être. C'est vouloir s'imposer une norme idéale et vouloir en imposer aux autres. Je suis ce que je suis. J'ai ma nature. Il est exact que la nature de chacun a une certaine constance dans la durée. On ne change pas facilement de caractère et encore moins de tempérament. Le tempérament est lié à la constitution physique, tandis que le caractère est un type psychologique. Cependant, si j'ai une constitution physique, puis-je dire que je suis une constitution physique ? Si j'ai un caractère, est ce que je suis le caractère ? D'autres que moi partagent les mêmes traits. Dire j’ai un caractère, c’est trahir le fait que le caractère est du côté de l’avoir, pas de l’être. Le caractère n'est pas moi, c'est le concept de caractère qui est seulement une classification commode pour m'appréhender moi sous quelques aspects relatifs à ma nature.



5) Dire que je suis une personne est-ce répondre à la question de savoir qui je suis? Une personne est un sujet moral qui possède une dignité éminente, dignité que ne possèdent pas les choses, qui elles ont seulement un prix. Être une personne, en avoir conscience, implique que j'exige des autres le respect qui m'est dû. Je ne suis pas un objet dont on peut faire ce que l'on veut, j'attends des autres qu'ils aient égard à ma dignité personnelle, qu'ils aient souci de ma faiblesse, de ma sensibilité ; qu'ils me prennent pour ce que je suis, en ayant pour moi des attentions. Je suis prêt à respecter les autres s'ils me respectent aussi. Être une personne me donne un statut responsable, être une personne me fait comprendre que je suis un être conscient, un être libre, autonome, indépendant, un être qui est redevable de ses actes devant lui-même. Être une personne c'est plus qu'être un objet, c'est être un sujet à part entière. L'enfant qui comprend qu'il est une personne cesse de se considérer lui-même de façon impersonnelle en disant de lui-même "Paul veut cela". Il dit "je". A partir de ce moment là, il peut regarder les autres autrement que comme des outils à son service, de simple moyens de satisfaire ses désirs. Il peut comprendre qu'il y a autour de lui une multiplicité d'êtres humains, des personnes comme lui, qui ont droit à autant d'égard qu'il en exige pour lui-même. Se connaître comme une personne à part entière c'est donc progresser dans la connaissance de soi, c'est se considérer d'avantage que comme un simple individu. Se définir comme une personne, c'est reconnaître la valeur universelle de l'identité qui est présente en chacun, et pas seulement une valeur particulière. Cependant, cette définition est somme toute assez formelle. Tout être humain est une personne. Cela ne me dit pas qui je suis ! Cela me donne des droits et des devoirs vis-à-vis des autres. Cela ne m'apprend pas encore ce que je suis en tant que conscience.



6) De même, dire "je suis un être humain", sans préciser ce que c'est que l'être humain, est aussi une réponse assez vague. L'homme est cette totalité qui enveloppe l'esprit et le corps. Si je dis "je suis un homme", je dois savoir ce qu'est fondamentalement un être humain, ce que cela peut signifier concrètement. Qu'est-ce que l'homme? Quelles potentialités résident en lui que je retrouve en moi? Quels sont les attributs que je partage avec tout les être humains? Qu'est-ce qui me distingue des autres hommes, qu'est-ce qui fait que je suis un être humain semblable et différent des autres?



Toutes ces questions nous ramènent invariablement vers le sujet conscient, le sujet qui dit "moi", "moi" en parlant de lui-même. Le moi se pense sous une certaine forme parce qu'il est d'abord un esprit. Je suis mes pensées, mes pensées font ce que je suis. C'est la raison pour laquelle la question de la connaissance de soi, si l'on met de côté les réponses d'ordre général, ne peut-être ressaisie que dans une approche introspective. L'introspection est la démarche que l'on retrouve dans la littérature autobiographique, la littérature du Journal intime. Elle est une tentative d'auto-analyse, de retour sur soi. Pour découvrir qui je suis, il faut que je puis-je préciser qui suis-je "moi ": a) avec mon histoire personnelle, avec la configuration de pensée qui m'est propre, avec mes opinions, l'image que j'ai de moi, ce que je porte dans mon intimité, ce que représente mon intériorité. Le sens du moi prend racine dans un passé et il tisse les souvenirs. L'idée que j'ai de moi n'est pas séparable de la mémoire. b) Il faut aussi que je parvienne à comprendre ce qu'est le moi et quel rôle il joue dans ma vie subjective. Tout cela est donné dans la conscience actuelle, puisque dès l'entrée dans la vigilance, le sens du moi apparaît.

B. Conscience intentionnelle et connaissance de soi



Et c'est bien là que réside la difficulté, car je suis certes conscient dans la vigilance, mais suis-je conscient de moi-même? C'est une chose d'être conscient en général, c'en est une autre d'être conscient de soi.




1) Bergson nous dit qu'une certaine ignorance de soi est nécessaire pour agir. En effet, l'attention à la vie fait que tout être vivant est d'abord conscient du milieu dans lequel il se trouve plus que de lui-même. L'adaptation du vivant au milieu remplit la conscience qu'il a de l'existence. L'homme, en tant qu'être vivant ne peut pas y faire exception. Chaque situation d'expérience convoque de notre part une action juste et répond à un engagement concret de la conscience dans le monde. Dès l'entrée dans la vigilance, nous ne regardons pas le monde comme un spectateur contemplatif, comme "un pur sujet intellectuel qui se contenterait d'enregistrer aussi impartialement que possible le panorama environnant". Les tendances que je porte en moi opèrent, elles tracent dans ma conscience du Monde un repérage. Je suis conscient du monde environnant à travers mes projections conscientes et ces projections sont aussi liées à des besoins biologiques. Ainsi, "le même paysage changera de sens pour l'animal, ou pour l'enfant, cela qu'il a faim, qu'il a soif, qu'il est fatigué, ou qu'il dispose d'une énergie surabondante à dépenser". (texte) Ce que l'on appelle la conscience immédiate, au sens courant, n'est donc pas immédiat. Le monde que nous prétendons voir hors de nous sous son vrai jour, est un monde que nous avons structuré de l’intérieur dans nos projections conscientes. Non seulement notre conscience est dans la vigilance toute tournée vers l'extériorité, mais elle se projette elle-même sans s'en rendre compte dans cette extériorité, parce qu'elle la constitue de part en part. C'est pourquoi nous devons dire que la conscience vigilante est d'ordinaire étroite, partielle, localisée et ne peut-être complète. A fortiori, elle n'est pas consciente d'elle-même, mais ignorante d'elle-même. (texte)



"Ainsi la conscience dont nous croyons d'ordinaire qu'elle nous livre une réalité indépendante de nous, imprime, bien au contraire à ce monde qu'elle révèle, la marque de notre être … La conscience immédiate n'est pas contemplative, mais active, engagée… Elle choisit les éléments de la situation qui correspondent à nos visées du monde et anticipe à travers eux la situation à venir qui satisfera nos réclamations urgentes. C'est pourquoi la conscience immédiate demeure fractionnaire, localisée, parcellaire". Les nécessités vitales ne préparent donc pas directement à la connaissance de soi.



2) Pourtant, si nous avons une conscience immédiate dans la perception du monde environnant, nous avons aussi la possibilité simultanément d'être conscient de nos pensées au même moment. La conscience immédiate n'enlève pas la possibilité d'une conscience réfléchie. Il doit bien y avoir dans la réflexion une possibilité pour la conscience de se connaître. Quand nous sommes conscients, c'est à une double conscience dont nous avons affaire. Bertrand Russel dit ceci : "Quand nous disons que nous sommes 'conscient', nous voulons dire deux choses : d'une part, que nous réagissons d'une certaine manière envers notre milieu ; d'autre part, qu'il nous semble trouver, en regardant en nous-mêmes une certaine qualité dans nos pensées et nos sentiments, qualité que nous ne trouvons pas dans les objets inanimés". Nous faisons une différence nette entre les choses qui simplement existent et un être humain qui peut-être conscient du monde environnant et se réfléchir lui-même. (texte)



Mais y a-t-il entre ces deux formes de conscience une différence de nature ou de degré? Ce qui marque la conscience immédiate, c'est le fait qu'elle soit traversée par l'intentionnalité consciente, ce que Russel reconnaît : "En ce qui concerne notre réaction envers le milieu, elle consiste à être conscient de quelque chose. Si vous criez 'Hé!' les gens se retournent, pas les pierres. Maintenant, quand, me repliant sur moi-même par introspection, je m'examine, quand je décèle en moi la peur, la timidité, cette conscience est-elle différente ? Russel soutient qu'entre cette conscience réflexive et la conscience immédiate, il n'y a qu'une différence de degré et pas de nature. "La partie la plus important de la notion de "conscience' concerne celle que nous découvrons par introspection. Non seulement nous réagissons envers les faits extérieurs, mais nous savons que nous réagissons". Que savons-nous? "Le fait de savoir ne nous apprend rien de plus que l'acte de voir"… "si l'on voit d'abord quelque chose, puis si l'on se dit qu'on vient de le voir, cette réflexion qui paraît introspective, est en réalité un souvenir immédiat". Russel veut dire que la simple constatation d'un fait conscient ne m'instruit pas, si elle se réduit à être un produit de la mémoire. Si la connaissance de soi est fondée sur la mémoire, sur la conscience réflexive, et que la conscience réflexive n'est qu’un dérivé de la conscience immédiate, on ne voit pas comment elle serait capable de donner le jour à une véritable connaissance de soi. La prise de conscience ne serait alors qu'un redoublement inutile de la perception et pas du tout une forme de compréhension.



3) C'est là une critique sévère qui a un mérite : elle nous oblige à considérer avec attention la nature de la vigilance quotidienne et le travail de l'intentionnalité. Qu'est-ce qu'être vigilant? C'est faire attention à. C'est être conscient du monde qui m'environne. C'est rester sur le qui-vive. Cette conscience est tout entière conscience de quelque chose, elle est intentionnelle de part en part. Si la conscience est seulement conscience de quelque chose, elle est tout entière au-dehors, elle est ek-statique, elle est un courant d'air, elle est un perpétuel arrachement à soi vers l'objet. Le principe de l’intentionnalité ne permet pas de comprendre l’intériorité de la pure conscience.



Ce point de vue a été développé par Sartre : "Connaître, c'est s'éclater vers, s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par-delà soi, vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre". Cela veut dire que pour Sartre, il n'y a pas de présence à soi dans la vigilance, parce que la conscience est tout entière arrachement vers l'objet, parce qu'elle est une conscience sujet/objet dont le contenu est déterminé par l'objet. L'intimité que j'aimerais atteindre, ce vif du sujet que je voudrais comprendre, est précisément ce que je quitte dès que je suis conscient ! La conscience est par nature dans la vigilance une conscience extravertie. Sartre continue : "du même coup, la conscience s'est purifiée, elle est claire comme un grand vent, il n'y a plus rien en elle, sauf un mouvement pour se fuir, glissement hors de soi, ; si, par impossible, vous entriez 'dans' une conscience, vous seriez saisi par un tourbillon et rejeté au dehors, près de l'arbre, en pleine poussière". (texte)



Sartre, partant de l'intentionnalité, ne peut arriver qu'à cette conclusion : "la conscience n'a pas de dedans, elle n'est rien que le dehors d'elle-même". Pas d'intériorité donc, pas de substance, pas de soi : elle n'est rien que du vent. Ce vent de conscience qui se retournerait sur lui-même pour se comprendre ne pourrait donc rien saisir : ce que je suis dès lors n'existe que dans la relation au monde, dans la relation à l'autre, et par conséquent, ce qui importe par dessus tout, c'est mon rôle dans le monde et mon personnage, car c'est cela qui me définit, me donne une consistance, car la consistance n'existe que sous le regard d'autrui, pour elle-même la conscience n'est rien.



Pourquoi parler de connaissance de soi, s'il n'y a pas de soi ? Il n’y a de savoir que celui des objets. S’il n'y a de savoir que fondée sur l'intentionnalité, il ne peut y avoir qu'une connaissance des choses. Dois-je en conséquence me considérer comme une chose ? C’est contradictoire, je suis pas un objet, je suis un sujet.



Cependant, il y a une ruse possible. De quel point de vue suis-je une chose ? Comment me considérer comme une potiche ? Il suffit de penser que je suis regardé. Sous le regard des autres, je ne suis justement qu'une petite chose, une petite chose honteuse, un petit individu. Sartre suit cette analyse, le cogito de Sartre (non le cogito de Descartes) est un cogito extraverti : On me regarde, donc j'existe ! ! Ce que je suis ? Ce que les autres voient. Soyons honnêtes, c'est le postulat de la plupart d'entre nous. Ce que je suis, j’ai depuis l’enfance admis que c'est ce que je pouvais montrer sous le regard des autres, ce que je ne peux donc pas atteindre par moi-même. J'ai nécessairement besoin des autres pour me connaître, car eux seuls semblent pouvoir me révéler à moi-même tel que je suis. Ce sont les autres qui voient en moi le salaud, l'hypocrite, le lâche, ce petit personnage ridicule que je me donne et que je ne vois pas. L'autre vient en quelque sorte s'immiscer entre moi et moi pour me révéler à moi-même, englué que je suis dans mon existence au point de ne pas la remarquer. Sartre ne conçoit la connaissance de soi que comme une connaissance indirecte qui passe par la médiation d'autrui.



Et pourtant, si ma conscience est par nature libre, capable de prendre n'importe quelle incarnation, elle est bien une flamme de liberté consciente qui ne peut-être enfermée dans aucune forme. Si la conscience est liberté, elle n'est jamais un personnage, un dehors, un paraître. La connaissance de soi serait donc ici révélation de ma mauvaise foi (texte) qui fait que je m'entête à jouer un personnage que je ne suis pas Pour m'éveiller de cette tromperie sur moi-même, je dois éclairer en moi ce qui reste dans l'ombre. La grande valeur de la relation à autrui dans la connaissance de soi, c'est d'éclairer les angles morts que je n'aperçois pas. (texte)

C. Connaissance de soi et Présence




Les critiques précédentes posent des problèmes difficiles. Si nous voulons bien tenir compte des objections, nous devrons préciser plusieurs points : a) quelle forme peut prendre la connaissance de soi, si ce n'est pas celle d’un savoir objectif? b) qu'est ce qu'une prise de conscience de soi ? c) Quelle forme de conscience est requise pour qu'il y ait connaissance de soi?



1) Pour connaître le Soi, il ne s'agit pas de connaître un objet, ou connaître une chose, connaître le soi c'est comprendre cela par quoi il y a des choses et des objets, le sujet (texte). L'identité d'objet n'est pas l'identité du sujet. (texte) Or, nous sommes dans l'attitude naturelle à ce point imprégnés des habitudes de pensées fondées sur l'intentionnalité, que lorsque nous abordons la connaissance de soi, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que le soi est une sorte de "chose". Mettons une chose "spirituelle", comme il y a des choses "matérielles". Nous disons "j'ai" une âme, comme nous dirons j'ai un scooter dans ma remise ou j’ai un canif dans la poche. Comme si l'âme était une sorte de chose en notre propriété ! C'est un contresens, car précisément, si l'âme est le Soi, elle est l'ultime possesseur et non pas une chose possédée. Cela, Maine de Biran le fait remarquer contre Descartes, tout en le commentant : "je suis pour moi-même non point une chose ou un objet dont j'affirme l'existence en lui donnant la pensée pour attribut, mais un sujet qui se reconnaît et s'affirme à lui-même son existence, en tant qu'il s'aperçoit intérieurement". S'il peut y avoir une conscience de quelque chose, c'est toujours sur le fond de la conscience de soi. Le sens intime est au cœur de la conscience du sujet. (texte) Dans toute conscience de quelque chose le soi s'éprouve lui-même, parce qu'il est originellement donné à lui-même, parce qu'avant toute conscience d'objet le Soi est Présence. (texte)



Mais peut-on parler dans le sens intime d'une forme de connaissance ? Il est possible de répondre par la négative à cette question. L'argument a été développé par Kant. dans la Critique de la Raison pure. Selon lui, le je suis, de l'unité du Je de la conscience se réduit à "la conscience que je suis… Je n'ai donc aucune connaissance de moi tel que je suis, mais je me connais seulement tel que je l'apparais à moi-même. La conscience de soi-même n'est donc pas encore, il s'en faut, une connaissance de soi-même". Si nous appelons connaissance de soi, la connaissance de l’individu et de ses particularités, il est clair que la conscience de soi n'est pas une connaissance de soi, bien qu'elle la rende possible. Mais ce petit moi individuel, ce petit jardin de notre moi précieux, est-il l'essentiel de ce que nous avons à connaître? Est-ce le soi ? Le Je conscient du sens intime est-ce l'ego? Est-ce le sens du Je qui est dans le sentiment du Soi? Et puis, cette lumière de la conscience qui éclaire toute expérience peut-elle être individuelle ?



2) Faire retour sur soi n'est pas un acte qui ne fait que stupidement redoubler la perception. La prise de conscience de soi favorise un éveil. Si je me suis comporté comme un imbécile, si j'ai été violent et que j'en prends conscience, je ne suis plus tout à fait un imbécile ou un violent au sens habituel, je commence à me voir tel que je suis. Mais la vigilance quotidienne autorise-t-elle la prise de conscience? Avouons que non. C'est un peu comme si dans la vie quotidienne la plupart d'entre nous étions dans une sorte de somnolence et qu'il nous fallait quelques instants de lucidité dans notre existence pour casser la routine de nos habitudes. La prise de conscience ne devrait pas être seulement occasionnelle. La prise de conscience est un processus continu où elle n'est rien. On ne peut dire en ce sens que l'on s'éveille définitivement, car si c'est pour s'endormir dans une nouvelle habitude, ce n'est plus une prise de conscience. Il y a chez René Daumal un texte magnifique à ce sujet :



"Tel homme s’éveille, le matin, dans son lit. A peine levé, il est déjà de nouveau endormi ; en se livrant à tous les automatismes qui font que son on corps s'habiller, sortir, marcher, aller à son travail, s'agiter selon la règle quotidienne, manger, bavarder, lire un journal – car c’est en général le corps seul qui se charge de tout cela –, ce faisant il dort. Pour s’éveiller il faudrait qu’il pensât : toute cette agitation est hors de moi. Il lui faudrait un acte de réflexion. Mais si cet acte déclenche en lui de nouveaux automatismes, ceux de la mémoire, du raisonnement , sa voix pourra continuer à prétendre qu’il réfléchit toujours; nais il s’est encore endormi. Il peut ainsi passer des journées entières sans s’éveiller un seul instant. Songe seulement à cela au milieu d'une foule, et tu te verras environné d'un peuple de somnambules. L'homme passe, non pas, comme on dit, un tiers. de sa vie, mais presque toute sa vie à dormir de ce vrai sommeil de l'esprit. Et ce sommeil, qui est l‘inertie de la conscience a beau jeu de prendre l’homme dans ses pièges : car celui-ci, naturellement et presque irrémédiablement paresseux, voulait bien s'éveiller certes, mais comme l'effort lui répugne, il voudrait; et, naïvement il croit la chose possible, que cet effort une fois accompli le plaçât dans un état de veille définitif ou au moins de quelque longue durée; voulant se reposer dans son éveil, il s'endort. De même qu'on ne peut pas vouloir dormir, car vouloir, quoi que ce soit, c’est toujours s'éveiller, de même on ne peut rester que si on le veut à tout instant".(texte)



Le processus continu d'éveil par lequel nous mettons constamment en lumière ce que nous sommes est la lucidité. (texte) La lucidité est un état de constante observation de tout ce qui advient en moi et pas seulement une vigilance qui m'attache à l'extériorité. Elle ne peut pas reposer sur une division entre un sujet/objet, parce qu'elle n'est pas en réalité le résultat d'une réflexion introspective sur soi. Observer sans juger, sans condamner, ne crée pas de division, l'observation lucide se maintient dans l'unité du sentiment. La lucidité n'est pas une forme d'auto-analyse où le moi se diviserait en moi-juge/moi-condamné, ce qui caractérise l'introspection. La lucidité et l'introspection sont donc deux choses très différentes, contrairement à ce que la tradition réflexive a pu croire dans la philosophie occidentale. La lucidité n'est pas une manière de se replier sur son moi, une forme de nombrilisme psychologique qui prétend juger et évaluer les misères ou les progrès du moi. Elle est une attention complète, une vigilance passive, une vigilance sans objet, une attention non-divisée à ce qui est qui laisse se déployer la manifestation consciente. Dans la lucidité, dis Krishnamurti " je dois être ouvert à chaque pensée, à chaque sentiment, à chaque humeur, à chaque refoulement ; et au fur et à mesure qu'il y de plus en plus de lucidité expansive, il y a une libération de plus en plus grande des mouvements cachés des pensées, des mobiles, des poursuites. Ainsi, la lucidité est liberté, elle octroie la liberté; elle concède la liberté". Par contre, l'introspection reste enfermée dans l'arène de l'ego qui se glorifie, ou se condamne, qui se juge ou se déjuge. "l'introspection cultive les conflits, les processus d'isolation du soi". Il est tout à fait symptomatique que l'introspection aboutisse souvent à ce constat déprimant que je n'arrive pas à me changer, je suis moi si médiocre, si petit que je n'arrive jamais à être celui qui je voudrais être. Elle cultive le conflit avec soi, car elle enveloppe toujours un jugement, une évaluation, or comprendre et se comprendre, ce n'est pas juger.



La conséquence en est que la lucidité – correctement comprise - ne nourrit pas l'ego, elle tend plutôt à le dissoudre. C'est pourquoi la question "qui est lucide dans la lucidité ?" est en fait une question dépourvue de sens. Par contre il est très clair que la réponse à la question : "qui s'auto-analyse dans l'introspection ?" est : l'ego. Il n'y a pas de "moi" dans la lucidité, mais seulement la conscience témoin, la conscience attentive à ce qui est, la conscience impersonnelle, (texte) qui est capable justement de discerner les mécanismes de l'ego et sa nature. C'est dans cette conscience, par un processus de constante découverte que peut avoir lieu une véritable connaissance de soi. (texte)



3) Cette conscience qui n'est pas l'ego, mais qui l'éclaire, nous ramène à ce que d'autres auteurs dénomment la Présence. L'ego apparaît pour la présence ce qu'il est : un simple objet tissé par la pensée. "Vous n'êtes ni objet, ni ego. Ce que vous êtes fondamentalement ne peut-être objectivé". Aussi, quand nous cherchons à tout prix à nous définir, à nous mettre dans une boîte en disant je suis "un sportif", "un père de famille", "une femme", nous ne faisons que nous identifier à une forme posée par l'esprit. Ainsi se compose toutes les représentations de la connaissance de soi, on s'imagine être ceci ou cela pour donner une sorte de consistance à l'ego. Il faut retourner l'argument de Kant : en réalité, la pure conscience de soi est la vraie connaissance de soi, parce que le Soi est en-deçà de toutes les formes et de toutes les définitions. (texte) Le Soi est la Présence sans forme, pur témoin, c'est la conscience qui s'individualise dans une forme en devenant l'ego. Parce que le Soi ne se différencie pas de la pure Conscience, la voix d'approche du Soi par l'intellect ne peut-être que négative : "ce que vous êtes ne s'atteint qu'en éliminant ce que vous n'êtes pas". Toute définition est une limitation qui peut-être rejetée. Je peux dire ce que je ne suis pas, car il est dans la nature même du langage de particulariser, d'objectiver, mais je ne peux pas dire ce que je suis. (texte) Par contre, ce que je suis, je peux l'éprouver en profondeur quand le sentiment d'être s'épanouit librement. Mais de la Présence, l'ego ne peut pas tirer parti, lui qui n'existe que dans la limite, la recherche d'une identité. Aussi, comme le dit Jean Klein, "l'ego ne peut se connaître lui-même parce qu'il s'identifie à ce qu'il pense, à ce qu'il sent, expérimente. Pour l'ego, il n'y a que résistance, réaction de défense, agitation. C'est le témoin qui éclaire et montre ce qu'est l'ego : une illusion. L'état de témoin contemplatif nous conduit à découvrir ce que nous ne sommes pas. Nous devenons conscients de notre corps, de nos schémas de pensées, des mobiles de nos actes dont nous n'étions auparavant pas conscients." Il ne s'agit pas pour autant d'en tirer hâtivement la conclusion : « alors, nous ne sommes rien ! » La Présence n'est rien de défini, (texte) parce que tout ce qui est objet s'appuie sur elle, sa Vacuité est plénitude d'être et non pas un vide. L’identification est la clé. En latin, ce mot est formé sur idem qui veut dire « pareil ». Le terme facere veut dire « faire ». Quand je m’identifie-à, je « fais pareil », pareil à moi, à la forme que se donne le moi en s’appropriant d’abord l’objet.

  • *



L'intentionnalité qui œuvre dans la vigilance limite par nature la connaissance que nous avons de nous-mêmes. Dans l'état de veille, nous sommes la plupart du temps tiraillés vers le monde et notre conscience est une conscience d'objet. Aussi pensons-nous naïvement que nous sommes un objet parmi les autres, une chose parmi les choses, parce que nous l'avons toujours cru et que cette croyance est typique de l'attitude naturelle. Nous nous prenons pour un individu et nous nous identifions au premier objet qui nous est donné : le corps.



Comprenant que les objet n'existent que pour le sujet, nous en venons tout de même à saisi que le nœud du problème est de comprendre le sens intime du Je. Le pas suivant consiste à comprendre ce qu'est par nature le moi, comment il est posé par la conscience, à travers la pensée. Il y a là un champ entier de découvertes à faire sur soi-même dans la lumière de la lucidité. Ce que nous allons alors petit à petit découvrir, c'est que nous ne sommes pas ce que nous croyons être.

  • *

Questions:

1. Quand voyons-nous se manifester la prévalence d'une identité culturelle?

2. Y a-t-il une différence entre la fonction sociale et le rôle du point de vue de l'identité?

3. En quoi la notion de personne est-elle insuffisante sur le plan de la connaissance de soi?

4. Que cherchons-nous dans l'idée de tempérament et de caractère?

5. Que nous soyons des êtres doués de conscience implique-t-il nécessairement que nous ayons connaissance de nous-mêmes?

6. Pourquoi dire de la lucidité qu'elle doit être un processus continu?

7. Comment comprendre la formule selon laquelle le Soi ne peut pas être objectivé ?

Dialogues et commentaires



© Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan. Accueil. Télécharger, Index analytique. Notion. Leçon précédente. Leçon suivante.

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_____La chute des tyrans: J'accuse! l'égo de tous les dysfonctionnements humains.. cet animal qui est à l'oeuvre dans le monde intérieur de chacun d'entre nous... Cet animal, je l'appelle l'ego: L'homme est un loup pour l'homme.

J'accuse !

Le vrai coupable habite dans l'homme, depuis toujours.

J'accuse !

Le vrai coupable habite dans l'homme, depuis toujours. Mais nous ne l'avons manifestement jamais encore démasqué, puisqu'il continue à agir sans empêchement majeur, et cela depuis la nuit des temps. Le vrai coupable est à l'intérieur de chacun d'entre nous. C'est lui qui nous pousse à l'injustice, au rapport de forces, à la cruauté, à l'acceptation de fausses valeurs, telles que l'argent, le pouvoir et le sexe, valeurs utilisées sans discernement, ce qui débouche sur les abus répertoriés ci-dessus.

Car nous sommes tous deux à l'intérieur : notre âme, dont le siège est le coeur, et notre ego, qui fonctionne dans le mental, et qui nous persuade que l'argent, le pouvoir et le sexe sont des valeurs en soi, suffisantes pour nous rendre heureux. Malheureusement, cela provoque l'exploitation de l'homme par l'homme, de la femme par l'homme, du faible par le fort, du pauvre par le riche, de l'enfant par l'adulte, de l'être humain par... l'animal, cet animal qui est à l'oeuvre dans le monde intérieur de chacun d'entre nous. Cet animal, je l'appelle l'ego. C'est lui le vrai coupable.

C'est lui que ce texte accuse. C'est lui qui est pointé du doigt dans la formule connue:

L'homme est un loup pour l'homme. Car l'ego-loup prend forcément figure humaine lorsqu'il fonctionne à l'intérieur de nous. Il n'en reste pas moins un prédateur...

Mais sa réussite magistrale, c'est la récupération de toutes les religions pour son usage personnel. Car sa compréhension des Ecritures (que nous croyons être la nôtre) nous a acculés à dénaturer l'idée de la divinité au point d'accepter d'honorer un Dieu indigne de ce nom, ce qui nous a tous rendus indignes de notre véritable nature humaine. Ce faux dieu, en fait, n'est rien d'autre que notre propre ego, qui s'érige en potentat à l'intérieur de nous, et fait de nous ses esclaves, souvent rebelles, mais jamais vainqueurs de façon définitive - puisque nous n'avons jamais identifié jusqu'à présent la véritable origine de toutes nos souffrances.

La dualité humaine. Depuis toujours nous nous battons pour la justice et le paradis sur terre. Depuis toujours, notre lutte débouche sur l'échec, et nos souffrances continuent à couvrir la terre de nos cris et de nos larmes. Aujourd'hui, pourtant, beaucoup de gens ont conscience de cela et refusent d'avaliser l'inacceptable. Nous cherchons désespérément une porte de sortie. Nous la trouverons le jour où nous pourrons pointer du doigt notre ego, le véritable responsable de cette situation désastreuse, afin de l'exclure du pouvoir de chacun d'entre nous.

J'accuse l'ego de tous nos dysfonctionnements humains. Il a de nombreux symboles : Il est le diable dans toutes les religions, le monstre dans les contes de fées, le serpent dans la Genèse, le dragon chez les Chinois, et en règle générale, l'animal dans la plupart de nos comportements injustes et intolérants. Il est ce qui nous reste du préhominien, cet être encore animal, qui est devenu homme en prenant conscience. Depuis l'homme préhistorique, cette conscience n'a cessé de se développer. Aujourd'hui, elle se heurte aux limites de notre inconscient. C'est pourquoi le rêve est peut-être le moyen le plus sûr de sortir du pouvoir de notre ego, car si nous savons l'identifier dans nos images nocturnes ou nos visions éveillées, nous aurons de bonnes chances de lui ôter la possibilité de nous manipuler.

En effet, son pouvoir vient essentiellement du fait que nous croyons être lui. Comment ne pas s'identifier à lui, puisqu'il pense dans notre tête? La conclusion est très naturelle: 'Je suis celui qui pense...' Toute la philosophie de Descartes est ici remise en question. "Je pense, donc je suis." Mais qui est ce "Je" ? Eh bien parfois, c'est vraiment moi (mon âme, mon coeur), mais trop souvent, ce n'est pas moi, c'est mon ego. C'est alors celui dont parle Pascal : "Le moi est haïssable." Encore faut-il faire la diffférence entre les deux "moi". L'un est notre âme, d'essence divine (puisqu'immortelle, selon les théologiens), et ce moi-là, il nous faut absolument l'aimer et lui donner le pouvoir intérieur. Car si l'âme de chaque être humain avait toujours le pouvoir de décision, notre humanité souffrante changerait radicalement de visage.

À l'inverse, cela donne toujours des catastrophes, lorsque nous laissons un animal inintelligent penser à notre place. Les animaux fonctionnent sur la peur. C'est normal, puisque la loi du plus fort est leur loi naturelle. Du coup, le plus fort mange le plus faible. Cela est tout à fait acceptable dans le règne animal, mais c'est une ignominie dans le règne humain, même si le verbe manger doit être remplacé par les verbes 'harceler, écraser, exploiter, opprimer, brutaliser, agresser, tyranniser, violer et tuer'.

La peur est la base de ces fonctionnements. Avoir peur de l'autre est la meilleure façon de justifier sa propre violence. Si les tyrans n'avaient pas peur d'être destitués, ils ne seraient pas des tyrans. C'est pourtant leur tyrannie qui les destitue en dernière analyse. Cette vérité fondamentale repose sur un paradoxe évident. Ce qui n'empêche pas la tyrannie de continuer à faire des ravages, sur le plan des nations, mais aussi des rapports sociaux, familiaux et personnels. C'est l'exact contraire du respect d'autrui.

Le respect d'autrui ne peut fonctionner sans le respect de soi, c'est-à-dire de notre humanité, en refusant de donner le pouvoir à notre ego, afin de le donner à notre âme. Ce refus doit se manifester d'abord dans les relations personnelles, en posant fermement un principe simple, qui est de ne jamais accepter l'inacceptable. Même au nom de l'amour - surtout au nom de l'amour, car ce serait accepter l'emprise de l'ego de l'autre sur soi. Cela n'est pas de l'amour, c'est du pouvoir, de la possessivité, de l'égoïsme, ce qui explique que cela débouche toujours sur la mort de l'amour.

Dissocier ces deux racines en nous, faire croître notre âme en excluant notre ego, est une porte de sortie dont nous n'avons encore jamais fait l'expérience.

Si nous la faisons tous ensemble, nous découvrirons avec surprise que toutes les souffrances qui nous écrasent sont générées par notre ego. Nous pourrons alors remplacer son joug par celui dont le Christ (=symbole de notre âme) affirme qu'il est doux et léger. "Ce que vous faites au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous le faites."

Cela pourrait bien signifier que notre âme (= le Christ) est la même à l'intérieur de chaque être humain - ce qui suppose que chaque être humain possède une âme. Dans les siècles précédents, nous nous sommes posé la question au sujet des noirs, et même au sujet des femmes. Je pense (j'espère) que cette question n'est plus d'actualité... On peut comprendre alors que si je blesse quelqu'un (par des paroles, des coups ou un comportement d'exclusion), je l'atteins dans son âme, qui est de la même essence que la mienne. C'est pourquoi je m'atteins moi-même en dernière analyse. Or, cette âme universelle que nous partageons tous (au delà des clivages de politique, de religion, de société, de sexe, de race ou de nation), cette âme ne peut s'épanouir - selon moi - que dans notre vraie nature, visible dans le nom que nous nous sommes donné: l'être humain. J'ai tendance à croire - je suis même persuadée - que la divinité que tant de gens recherchent, n'est rien d'autre que notre humanité.

En tous cas, cela pourrait être une hypothèse de départ, très facile à vérifier dans la vie courante. Car les résultats seraient très différents de ceux que nous connaissons, puisque le principe même de la supériorité (d'un individu sur un autre, ou d'un groupe sur un autre) serait mis à mal. Cette supériorité-là est une fausse valeur qui nous permet d'écraser autrui à partir du moment où il est jugé 'inférieur'. Le couple qui apparaît alors va toujours dans le sens du plus fort: Noble/serf, colon/indigène, patron/ouvrier, tyran/esclave, gourou/disciple, homme/femme, adulte/enfant.... et même sur le plan sportif : vainqueur/vaincu !

Or, la véritable supériorité est celle de l'âme sur l'ego. C'est la seule qui soit fiable et que nous devons reconnaître pour valable, si nous voulons sortir de l'impasse. Car chaque individu possède une âme, et en ce sens, chacun a droit au respect, avec cette précision indispensable que le premier respect est celui que nous nous devons à nous-mêmes, en mettant notre âme à la première place, avant notre ego. Celui qui applique cette loi naturelle ne se rendra jamais coupable d'injustice, et en cela, il rendra véritablement hommage à 'Dieu' (en lui obéissant) = en obéissant à son âme...

Le problème est presque risible, lorsqu'on réalise que nous pensons presque tous que croire en l'homme évacue forcément la croyance en Dieu. Le paradoxe devient crucial si ce que j'avance est juste : Dieu est notre humanité. Il ne peut se manifester en nous et autour de nous que si nous laissons s'épanouir cette humanité, si nous devenons pleinement et consciemment des êtres humains dignes de ce nom. C'est alors que nous deviendrons ce Dieu que nous implorons depuis toujours en vain, puisqu'il ne peut s'exprimer (et nous couvrir de ses bénédictions) tant que nous ne lui laisserons pas le pouvoir en manifestant notre humanité - qui nous rend semblables à lui.

Les religions, se voyant incapables d'installer le paradis sur terre, l'ont toutes repoussé dans l'autre monde, après la mort, et encore, sous condition d'avoir cru en un Dieu dont chacune assure que le sien est le seul à être authentique. Comment peut-on croire cela au XXIème siècle ? Dieu n'a pas de besoins par définition. La perfection exclut le manque. C'est nous qui avons besoin de lui. Or il est là, disponible, immédiatement accessible - s'il est notre âme.

Un humanisme fondé sur l'exclusion de l'ego

L'ego se prend pour Dieu. Un Dieu sélectif, raciste, nationaliste, vengeur, sexiste... se rend coupable d'un favoritisme injuste par définition. Mais qui ai-je donc décrit dans ce portrait indigne ? Je n'ai décrit que l'homme, qui se rend coupable de ces tragiques défauts chaque fois qu'il obéit à son ego. C'est lui qui nous pousse au manichéisme qui génère toutes les souffrances de la terre. "C'est l'autre qui est dans l'erreur." Le tour est joué, et nous en sommes tous les victimes, chaque fois que nous projetons ce jugement sur le plan extérieur.

Seul, le plan intérieur rétablit la justice. Car seul, l'ego nous rend racistes, nationalistes, vengeurs, sexistes, puisque nous nous rendons alors coupables d'actes qui le favorisent, au détriment de notre âme. C'est ainsi que nous honorons depuis toujours un faux dieu symbolisé par le diable, en essayant de le détruire dehors, alors qu'il est bien au chaud à l'intérieur de chacun de nous. Il résulte de cette analyse que le seul ennemi que les Ecritures nous demandent de détruire, ce n'est ni notre voisin, encore moins notre voisine, et pas davantage celui qui croit en un Dieu différent, c'est uniquement notre ego.

Tous les dossiers de ce site parlent de ce diable d'ego... et donnent des outils pour le faire apparaître et se débarrasser de lui. Être soi-même est devenu depuis quelques années le but servi par de multiples modes d'emploi. Mais de quelle identité s'agit-il ? Celui qui n'a pas fait la différence entre son véritable soi (son âme) et son faux-self (son ego), celui-là risque fort de développer l'ego de son disciple, sur le modèle du sien, au lieu de lui donner accès à sa véritable identité. Car il n'y a pas d'exception à cette base d'une psychologie nouvelle: Nous sommes tous deux à l'intérieur, tous partagés entre notre âme et notre ego, que nous soyons... prêtre, psy, prof, parent, enfant, jeune ou vieux, blanc ou noir, homme ou femme, habitant des cités ou représentant politique, syndicaliste ou patron, SDF ou président de la république...

Tant que cela ne sera pas le fondement de toute analyse, nous ne pourrons pas véritablement donner le pouvoir à notre humanité, dont le symbole le plus connu est... 'Dieu'.

Une théologie qui inclut l'homme dans sa recherche de Dieu... En devenant simplement humains, nous deviendrons ce Dieu auquel nous ne croyons plus guère, que nous supplions pourtant dans les épreuves et que nous oublions dans l'abondance, ce Dieu qui attend patiemment que nous venions vers lui, ce que nous ferons en comprenant simplement qu'il est notre âme, autrement dit notre bonté naturelle, notre humanité authentique: les valeurs de notre coeur.

Mais pour devenir ce Dieu que nous sommes vraiment, il nous faut d'abord prendre conscience de notre ego, afin de le réduire et de l'exclure du pouvoir intérieur. Car selon mon analyse, l'ego est l'obstacle majeur qui nous empêche de devenir pleinement humains. Le jour où nous en serons capables, nous saurons avec certitude que Dieu n'est rien d'autre que notre humanité...

Quelle surprise, mais aussi quel soulagement !

Une vieille dame, de quatre-vingt-huit ans aujourd'hui, élevée dans la stricte religion catholique, a commencé à douter de tout ce qu'on lui avait inculqué, en se posant cette simple question : 'Comment le Dieu auquel je crois peut-il envoyer en enfer ces millions d'êtres humains qui croient en un autre Dieu que le mien ?' Elle ne va plus à la messe. Pourtant, elle est devenue beaucoup plus humaine, plus ouverte, plus tolérante. 'Je ne peux plus croire en ce Dieu-là', dit-elle souvent. À mon avis, elle n'a jamais été aussi proche de Dieu que depuis qu'elle l'a remis en question. Car Dieu, s'il existe, n'a pas besoin qu'on l'idolâtre, ni qu'on prenne sa défense (quelle arrogance!). Il nous demande seulement de témoigner de lui à travers l'amour que nous nous portons les uns aux autres. Cela tombe sous le sens, et pourtant, nous sommes impuissants à l'accomplir, même si c'est dit clairement dans toutes les Ecritures.

Le jour où plus personne ne croira à un dieu névrotique qui exige de nous le rejet, l'exclusion, l'intolérance et même le meurtre, en son nom, nous serons capables de résoudre le problème des banlieues, du racisme, du sexisme, de la pauvreté, du mondialisme, de la ségrégation, de la tyrannie, de la cruauté, du terrorisme et de tous les rapports de force sur toute la terre. Car ce jour-là, tout le monde aura compris que c'est notre ego qui est à la base de tous ces comportements. Alors, nous cesserons de lui donner le pouvoir.

Et ce ne sera pas si difficile. Réfléchissez et vous verrez que tout s'enchaîne.

C'est l'idée première qu'il faut changer. Qu'il suffit de changer. La vraie fraternité commence là. Tout le reste suivra. L'ego exclu, l'homme peut devenir humain. C'est tout ce que 'Dieu' nous demande. Si c'est si difficile à obtenir, c'est parce que nous sommes tous - tous - à un moment ou à un autre, capables d'être notre ego. Mais cela s'explique simplement par le fait que nous ignorons sa présence en nous. Diffusons cette information, et voyons les résultats obtenus, rien qu'en ayant conscience de cette base psychologique. Nous risquons fort d'en être surpris. C'est le premier pas qui coûte. Mais celui-là ne se fera pas sur des sentiers battus et rebattus. Il inaugurera une voie véritablement nouvelle, où tout deviendra tout à coup possible.

Trois problèmes majeurs sont connus de tout le monde. Le logement, l'emploi et les salaires insuffisants. Je ne suis certes pas compétente en la matière, mais je vais exposer en vrac certaines de mes idées, qui sont du reste plutôt des 'ressentis'.

Le logement. Il y a quelques années, Alain Madelin, au cours d'une interview télévisée, avait proposé de transformer les loyers des HLM en location-ventes. Au bout de vingt ans, le locataire devenait donc le propriétaire de son logement. Cette idée n'a été reprise par personne, même pas par lui... Et elle est tombée aux oubliettes. Pourtant, ce serait un moyen extraordinaire de résoudre le problème des banlieues, car rien ne motiverait davantage les gens à prendre soin de leur habitat. Mais bizarrement, je n'en ai plus jamais entendu parler, même pas par les médias, qui auraient pu jouer un rôle de pression sur tout l'appareil politique, y compris la gauche, qui n'a jamais relayé cette idée. C'était pourtant une mesure simple, humaine, et dont je ne mets pas l'efficacité en doute.

L'emploi. J'ai entendu dernièrement un patron expliquer les avantages qu'il retirait à embaucher du personnel de couleur, venant des cités. En fait, leur reconnaissance était telle, qu'en échange de leur salaire, il était sûr d'avoir la ponctualité, le sérieux, l'engagement et l'investissement qui sont nécessaires dans une entreprise. Une campagne publicitaire allant dans ce sens serait probablement beaucoup plus efficace que les spots sur la discrimination positive. Je ne connais pas de meilleur moyen que la confiance pour obtenir du rendement. Tout le monde le sait, car tout le monde l'a vécu. Nous avons tous été des enfants et nous savons tous que le goût de travailler passait toujours par l'amour que nous avions pour l'enseignant. Celui qui sait se faire aimer obtient tout. C'est vrai dans tous les domaines, en famille, à l'école, dans la relation de couple, et bien entendu au boulot. Le patron qui règne par la terreur ou par l'exploitation de son personnel, aura un jour ou l'autre le retour du bâton.

Mais comme les abus sont également possibles dans l'autre sens (cf l'analyse de la première partie de ce dossier), il faut mettre des garde-fous, sans faire de corporatisme étroit, sans langue de bois, sans malhonnêteté intellectuelle. Un employé incapable doit pouvoir être renvoyé, y compris dans la fonction publique, où la sécurité de l'emploi donne lieu à des abus inacceptables. Car le 'mauvais' employé n'est souvent mauvais que parce qu'il n'a pas trouvé sa voie. Il peut réussir dans un autre secteur, et c'est ce qui se passe souvent quand il a le courage de partir de lui-même. Encore faut-il lui en donner le droit et la possibilité. Allons un peu plus loin: Le 'tire-au-flanc' ne l'est parfois que par réaction à une mauvaise ambiance de travail. Mais il peut l'être aussi parce qu'il obéit à son ego. Réduire son ego (=en prendre conscience) peut suffire à lui rendre sa conscience professionnelle.

Certaines vérités ne sont pas agréables à entendre. Pourtant, il faut bien savoir que la remise en cause de soi est indispensable pour tout le monde. On ne peut rien construire sur le mensonge. La vérité, c'est la vérité, et elle touche chaque individu, du plus faible au plus puissant. Chacun a des qualités (ce qui le relie à son âme) et des défauts (qui viennent de son ego). Pour se libérer des seconds, il faut d'abord les reconnaître. Les nier, c'est les installer dans la durée.

Car notre société crée des besoins dont elle exclut ensuite toute une partie de la population. La sur-consommation des nantis s'étale devant les yeux des pauvres, soumis à la sous-consommation, ce qui finit par exploser dans la révolte, la violence, les vols et le commerce parallèle de la drogue.

Les salaires. Les syndicats dénaturent leur rôle, en poussant leurs adhérents à faire des grèves pour des motifs trop souvent corporatistes, au lieu de viser des buts plus généraux, comme par exemple, un salaire minimum à 1500 euros pour tous. Cela aurait un résultat immédiat sur les nombreuses mesures d'assistanat, qui deviendraient du coup beaucoup moins intéressantes qu'un travail justement rémunéré. Ce que les employeurs donnent en charges sociales pourrait être ajouté en partie au salaire, et les pertes faites d'un côté seraient partiellement compensées grâce aux économies générées par la disparition probable du RMI, et autres mesures de survie, par exemple. La lutte contre le chômage passe - peut-être - par un partage fraternel des richesses, partage que l'ego refuse de toutes ses forces, mais qui nous mène visiblement dans un cul-de-sac, dont nous sommes finalement tous vitimes, que nous soyons dans l'opulence ou dans la misère.

Mais il faudrait alors en contre-partie que les patrons puissent débaucher un 'parasite', car les abus existent, tout le monde le sait, mais on n'a le droit de parler que des abus perpétrés dans l'autre sens, ceux des patrons (qui existent aussi, bien entendu). Personnellement, je pense que le premier abus d'un patron, c'est de payer ses employés au SMIC. Or, c'est la loi qui l'y autorise. On voit bien que le rôle des politiques est fondamental.

Note. J'ai passé vingt-cinq ans de ma vie dans l'enseignement. Le système des inspections est pervers, et continue de l'être. Une jeune institutrice de CP disait dans un reportage récent que la méthode syllabique (B-A=BA) donnait des résultats excellents. Toute sa classe sait lire. Pourtant, son inspecteur l'a sabrée, parce qu'elle n'applique pas la méthode semi-globale préconisée par les circulaires. Au lieu de considérer les résultats, on exige l'application d'une méthode dite moderne, même si elle fait des désastres. C'est le contraire du bon sens. En ce qui concerne les enseignants, bon nombre ne sont pas faits pour ce métier, et restent pourtant trente-sept annuités et demie (aujourd'hui 40) dans la fonction publique, n'apprenant rien aux générations d'élèves qui leur passent entre les mains. Quand aura-t-on l'honnêteté de le reconnaître ? On se plaint de n'être pas aussi bien payé que dans le privé - et c'est vrai. Alors, faisons un marché : Un bien meilleur salaire pour compenser la perte de la sécurité de l'emploi. On aurait de meilleurs enseignants, qu'il faudrait inspecter en changeant aussi les méthodes d'inspection. Dégraisser le mamouth a fait sauter un ministre. Pourtant, le mamouth est vraiment à dégraisser. Quand les enseignants auront-ils l'honnêteté de le reconnaître ?

Utopies ? Peut-être. Mais on pourrait au moins essayer. L'exploitation de la masse par une minorité au pouvoir n'est pas une fatalité. Quand j'étais enfant, j'entendais les adultes parler d'un riche comme d'un 'millionnaire'. Aujourd'hui, les fortunes personnelles sont affichées fièrement par leurs détenteurs et atteignent des sommes astronomiques. Et personne n'ose dire que c'est honteux. Il n'y a plus ni logique ni bon sens dans nos sociétés modernes. Les parachutes dorés viennent récompenser ceux qui sont à l'origine de la faillite de leur entreprise, les footballers gagnent des sommes indécentes (ils sont du reste 'achetés' comme une marchandise), le monde du show-biz dépasse toute mesure et les stars sont couvertes d'or - littéralement. L'argent semble être le seul moteur d'un mondialisme complètement inhumain. On mesure tout à l'aune du 'combien ça rapporte ?' Cela fausse notre regard, qui devient méprisant en ce qui concerne les valeurs de la fraternité.

La crise financière qui vient de secouer les Bourses partout dans le monde en est un résultat qu'on aurait dû et pu prévoir.

On commence du coup à se poser les bonnes questions : À quoi sert d'avoir des milliards ? N'est-ce pas le contraire du bon sens, et même du bonheur ? Comment peut-on être heureux dans le luxe, alors qu'à sa porte, la misère jette à la rue des familles entières ? La vraie richesse est celle du coeur, tout le monde le sait. Alors, tenons-en compte, au lieu de le savoir sans l'appliquer, depuis toujours...

Il est indispensable d'avoir suffisamment d'argent. On peut même en avoir beaucoup, mais il est honteux d'en avoir trop, quand tant de gens souffrent et se privent, à cause du manque. Et cela, j'insiste, c'est l'ego qui nous persuade que c'est normal.

Ce n'est pas normal. Si les entreprises avaient des remises d'impôt quand elles augmentent leurs employés, elles le feraient. Or, elles le peuvent, puisqu'elles font des chèques énormes pour l'humanitaire (avec déduction d'impôts, évidemment, sans quoi elles ne le feraient pas). Je ne suis pas contre l'aide humanitaire, bien sûr, mais j'aimerais que cette aide se fasse aussi à notre porte. Du reste, ce ne serait pas une aide, mais une juste rétribution des services rendus, du travail effectué. Quel patron accepterait le salaire qu'il donne à ses employés si les rôles étaient inversés ?

Du reste, des initiatives ponctuelles ont déjà lieu, comme le commerce équitable. Il y a aussi des patrons qui paient leurs employés au-dessus du SMIC, qui avalisent les 35 heures, qui donnent une participation aux bénéfices, qui accordent des primes et des gratifications... Cela peut se généraliser et s'intensifier, dans d'autres domaines.

À quand le premier sportif qui refuse d'être trop payé ? À quand le premier artiste qui refuse un trop gros cachet ? À quand le premier nanti qui refuse l'excès d'argent ? Le premier médecin qui se satisfait du prix de ses consultations ? La célébrité (dans quelque domaine que ce soit) autorise à (se) vendre de plus en plus cher, alors même que le besoin d'argent ne se fait plus sentir. Une autre logique existe, qui consiste à baisser ses prix à partir du moment où on est devenu riche. Mais non, on en veut toujours davantage. Est-ce que ça rend plus heureux ? C'est vraiment une question qu'il faudrait que chacun se pose.

Je rêve d'une société où l'écart entre les salaires les plus petits et les plus grands serait de l'ordre de x 10. Autrement dit, si le minimum est de 1500 Euros par mois, le maximum serait de 1500 x 10 (= 15.000 Euros par mois). Mais je m'empresse d'ajouter que cela ne doit pas être imposé. Toutes ces idées ont déjà été plus ou moins proposées, et elles ont toujours débouché sur des abus odieux, toujours à cause de l'ego, qui est capable de tout dénaturer. Ce type de rapport entre les salaires devrait pouvoir être 'choisi' librement et installé par chacun, dans sa sphère personnelle, jusqu'à ce que cela devienne une réalité collective.

Oui, oui, je sais, je rêve. Mais j'aime rêver...

Alors, même si mes calculs sont faux, même s'ils demandent à être revus et corrigés, à quand un peu de bon sens et de fraternité entre nous ?

Liberté Egalité Fraternité. Formule magnifique. Pourquoi avons-nous tant de mal à la mettre en pratique ? Peut-être parce qu'il nous manque les trois fonctionnements intérieurs complémentaires: la conscience (de l'ego, notre ennemi intérieur), l'honnêteté (de reconnaître nos dysfonctionnements), et la responsabilité (assumer que chacun d'entre nous joue un rôle dans le désastre collectif), car nous sommes tous capables d'avaliser les comportements indignes de l'ego. La formule connue: Moi, c'est pas pareil', révèle sa présence, car ce moi-là fonctionne sur l'inégalité et l'injustice.

Chacun d'entre nous, petit ou grand, faible ou puissant, jeune ou vieux, noir ou blanc, riche ou pauvre, homme ou femme, chacun d'entre nous est susceptible d'être son ego, et de trahir son âme.

Mais cela peut changer. Cela doit changer. C'est vital aujourd'hui.

On voit bien que c'est possible. Alors, on commence quand ?

PS. Voici un poème de Jeanne Benameur, plein d'humour et de vérité...

Quand je suis né, j'étais noir / Quand j'ai grandi, j'étais noir / Quand je vais au soleil, je suis noir / Quand j'ai peur, je suis noir / Quand je suis malade, je suis noir / Quand je mourrai, je serai noir. ....... Tandis que toi, homme blanc / Quand tu es né, tu étais rose / Quand tu as grandi, tu étais blanc / Quand tu vas au soleil, tu es rouge / Quand tu as froid, tu es bleu / Quand tu as peur, tu es vert / Quand tu es malade, tu es jaune / Quand tu mourras, tu seras gris. ....... Et après ça, tu as le toupet de m'appeler 'homme de couleur' !


***

La chute des tyrans.

Cette chute s'installe un peu partout dans le monde, que la tyrannie soit fondée sur des valeurs de gauche ou de droite. Les peuples se révoltent pour obtenir leur indépendance et installer la démocratie. Les résultats sont souvent assez faibles dans le domaine du mieux-être. Les nouveaux dirigeants reprennent à leur compte l'exploitation du faible par le pouvoir, quel qu'il soit. On se demande comment cela est possible. On dirait que l'expérience ne sert jamais de leçon.

Les émeutes de banlieues.

Elles sont le signe d'un ras-le-bol de la part d'une population exclue de la richesse nationale, mise à l'écart pour des causes inavouables de racisme, d'intolérance religieuse et d'exploitation de l'homme par l'homme. Ce dernier abus dépasse largement les cités, car de nombreux ouvriers employés au SMIC se sentent sûrement concernés par la révolte, même si leur peau est blanche et leur nom français. Pourquoi faut-il que le pouvoir en place abuse toujours de ses prérogatives jusqu'à ce que l'injustice subie déclenche la révolution, qui lui fait tout perdre ? Où est la fraternité de notre logo républicain qui orne le fronton de toutes les mairies ? Ce n'est qu'une formule qui n'a pas de racines dans notre coeur, et qui ne peut donc avoir de résultats dans nos actes.

Les exactions du faible sur plus faible que lui.

Mais pourquoi l'exploité est-il capable d'autant de noirceur que son exploiteur ? Pourquoi l'exclu se venge-t-il aveuglément sur le premier innocent venu ? S'il est une victime, pourquoi est-il aussi capable d'être un bourreau ? Pourquoi pille-t-il les magasins, incendie les voitures de ses voisins, met le feu à une handicapée dans un bus, détruit les écoles qui accueillent les enfants de ses propres cités ?

Et avant cela, pourquoi fait-il brûler une fille qui réclame sa liberté, exactement comme lui, mais cette fois, par rapport à lui ? Pourquoi est-il capable de ce viol collectif, cette horreur qu'on appelle les tournantes ? Pourquoi empoisonne-t-il ses propres copains, et lui-même, avec la drogue qui détruit et dénature ceux qui s'en servent ? Pourquoi est-il capable d'une violence gratuite qui provoque le rejet de la part des autres habitants ? Pourquoi règne-t-il par la peur, alors même qu'il revendique plus de justice et de fraternité ? Pourquoi la violence conjugale fait-elle tant de victimes parmi les femmes, alors même que leurs conjoints disent les aimer ? Les aimer jusqu'à les frapper, les violer et les tuer ? Pourquoi l'excision ? Pourquoi la circoncision ? Pourquoi les mariages forcés? Pourquoi tant d'abus de la part des parents sur leurs enfants, même devenus adultes ?

J'accuse !

Le vrai coupable habite dans l'homme, depuis toujours.

J'accuse !

Contenu de ce dossier. Les émeutes des banlieues, en Novembre 2005, ont véritablement secoué notre pays. Le résultat le plus flagrant, c'est que le gouvernement (comme l'ensemble des français), a tout à coup réalisé qu'il y avait un vrai problème. Pourquoi faut-il toujours aller jusqu'au bout de l'injustice pour la reconnaître comme telle et essayer de la changer ? Je vais proposer une explication qui n'a jamais été envisagée (à ma connaissance), et la solution qui en découle automatiquement, assortie de quelques mesures simples. Je reconnais par avance que mes compétences sont limitées dans le domaine politique (celui des mesures). À la fin de mon analyse, vous trouverez en post-scriptum un poème de Jeanne Benameur: la lettre de l'homme noir à son frère blanc.

La répétition du même processus

Les exemples sont si nombreux, que c'est une constante dans l'évolution de notre humanité. Toutes les sociétés depuis toujours, ont été basées sur le pouvoir de quelques-uns sur la masse du peuple. Je ne veux pas remonter au-delà du XVIIIème, le siècle des lumières, car le terme dont on l'a nommé symbolise la conscience, et c'est ce dont notre humanité a besoin pour changer vraiment.

1789. La révolution française. La révolte s'appuyait sur des siècles d'injustice. La noblesse avait tous les droits, et le peuple n'en avait aucun. Si le pouvoir en place avait fait preuve d'humanité, il n'y aurait pas eu de révolution... Les injustices et les abus qui ont eu lieu dans l'autre sens semblent prouver que l'homme est incapable de bon sens et de véritable justice. Les têtes coupées témoignent d'une barbarie acceptée et reconnue par tous, à cette époque-là.

XIXème siècle. La révolution industrielle. Elle a eu entre autres résultats le développement d'une bourgeoisie fondée sur le patronat. Le peuple agricole s'est peu à peu transformé en peuple ouvrier. Si les patrons avaient traité leurs employés avec humanité, en leur donnant des salaires décents pour un temps de travail normal, au lieu de chercher en priorité à augmenter leur fortune personnelle, il n'y aurait pas eu au siècle suivant la grande grève de 1936. Les syndicats ont été un contre-balancier indispensable, à cause des abus du patronat.

XXème siècle. La fin de la colonisation. Les abus du pouvoir en place ont fini par provoquer la révolte des indigènes dans tous les pays d'Afrique et d'Asie. Encore une fois, si le partage du pouvoir et des richesses avait eu lieu, si le petit peuple avait été traité avec justice et égalité, les résultats auraient été sans doute très différents. Mais il semble que la logique des abus de pouvoir soit une constante dont nous n'avons jamais pu nous défaire. La meilleure preuve en est donnée par toutes les dictatures qui ont suivi le départ des colons, et qui ont été installées par les nouveaux dirigeants, pourtant sortis eux-mêmes du peuple exploité. Comment est-ce possible? Sommes-nous donc incapables de véritable fraternité ?

Le mouvement féministe. Il a été déclenché par les abus du pouvoir masculin. Les hommes ont maintenu les femmes dans l'esclavage quotidien du ménage-lessive-cuisine, avec le seul rôle de mère disponible à la maison, celui d'hétaïre à l'extérieur. Nous avions, paraît-il, le cerveau plus petit que celui des hommes. C'est ce qui nous rendait inférieures. Cela, je l'ai vécu personnellement. Mon père était effectivement plus intelligent que ma mère, mais il avait deux fils et une fille (moi). Je fus la seule à faire des études longues. Comment se sortait-il de cette contradiction ? Je n'en sais rien, mais il véhiculait sans la remettre en cause la supériorité masculine contre laquelle je m'insurgeai à l'adolescence. Il eut un jour cet argument qui me laissa pantoise, non pas parce que je l'ignorais, mais parce que cela venait de lui, que je considérais comme un intellectuel intelligent: "Qui est-ce qui pisse le plus haut?" Il n'y a pas de discussion possible dans la mauvaise foi et les arguments imbéciles. Aujourd'hui nous n'en sommes plus là. Mais les femmes ont encore du chemin à faire pour conquérir l'égalité des droits. Elles ont toutefois expérimenté l'autre extrémité du balancier, avec les abus que cela comporte forcément. L'homme-kleenex, qu'on jette après usage en est un exemple parlant. Lorsqu'on se révolte contre un fonctionnement inique, il semble évident qu'il vaut mieux éviter de le reproduire pour son compte personnel. C'est pourtant ce qu'on fait toujours, semble-t-il...

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