Côte d'Ivoire - Laurent Gbagbo - Manifestations - Politique africaine

Après la dissolution du gouvernement, des incidents éclatent dans les rues d'Abidjan

AFP - Des jeunes de l'opposition ivoirienne ont manifesté mercredi matin à Abidjan et dans l'intérieur du pays contre la dissolution du gouvernement et de la commission électorale par le président Laurent Gbagbo, a-t-on appris de sources concordantes.

A Abidjan, dans le quartier de Koumassi (sud), quelques dizaines de jeunes ont barré l'une des rues principales avec des blocs de ciment, mis le feu à des pneus et déversé des ordures sur les voies, a constaté une journaliste de l'AFP.

Une vingtaine de policiers déployés sur place les ont rapidement dispersés.

"Nous manifestons contre la décision anticonstitutionnelle prise par le candidat (au scrutin présidentiel) Laurent Gbagbo pour retarder les élections", a déclaré Souleymane Konaté, responsable local du Rassemblement des jeunes pour la démocratie et la paix (RJDP), mouvement de jeunesse de la principale coalition d'opposition.

Dans le quartier voisin de Marcory, d'autres jeunes du même bord ont protesté, endommageant un bus avant d'être eux aussi dispersés.

A Treichville, non loin du pont Charles-de-Gaulle qui enjambe la lagune pour conduire au quartier administratif du Plateau, des manifestants avaient, presque au même moment, brûlé un bus, selon des témoins. Le véhicule partiellement calciné était stationné sur un côté de la voie.

Dans la capitale politique Yamoussoukro, des manifestants rassemblés devant le grand marché ont été dispersés par la police anti-émeute à l'aide de gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins. Une dizaine de personnes ont été interpellées, selon une source policière.

Comme depuis lundi, des manifestations ont eu lieu dans d'autres localités de l'intérieur du pays.

A M'Bahiakro (centre-est), des manifestants ont marché jusqu'à la préfecture où une "motion de protestation" devait être lue, a indiqué Memon Coulibaly, responsable local du Rassemblement des républicains (RDR) de l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, l'un des principaux partis d'opposition.

Des marches ont également été organisées à Dimbokro, Daoukro (centre) et Bondoukou (est), ont rapporté une militante et des responsables.

Après la double dissolution annoncée vendredi, l'opposition a apppelé à "s'opposer par tout moyen" au pouvoir en place.

Ces incidents surviennent alors que le Premier ministre reconduit Guillaume Soro poursuit de difficiles tractations pour former un nouveau cabinet.

Laurent Gbagbo a annoncé la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante. Reconduit dans ses fonctions, le Premier ministre, Guillaume Soro, a jusqu'à lundi pour former une nouvelle équipe.

Par Dépêche (texte) Pauline SIMONET (vidéo)



AFP - Le président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé vendredi soir la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI), à la suite de la crise ouverte par la polémique sur une "fraude" présumée du chef de la CEI, Robert Beugré Mambé.

Il a aussitôt reconduit le chef de l'ex-rébellion Guillaume Soro au poste de Premier ministre, que celui-ci occupe à la suite de l'accord de paix signé en 2007. Il l'a chargé de lui proposer un nouveau gouvernement lundi prochain ainsi que le "format" d'une nouvelle CEI.

"Le processus de paix est de nouveau en panne", a lancé M. Gbagbo dans une allocution télévisée, faisant allusion à la polémique ouverte en janvier et aux récentes violences liées au contentieux judiciaire sur la liste électorale.

Evoquant l'enquête du parquet ouverte sur instruction d'un de ses proches, le ministre de l'Intérieur Désiré Tagro, le chef de l'Etat a accusé M. Mambé, qui appartient à l'opposition, d'avoir "mené une opération illégale visant à obtenir l'inscription frauduleuse de 429.030 personnes sur la liste électorale".

Analyse du correspondant de RFI à Abidjan





"Au moment où nous pensions être au bout de nos efforts pour avoir des élections propres, nous constatons qu'en réalité le processus de paix (...) est pris en otage par des partis politiques", a-t-il dénoncé.

"Nous ne sommes pas face à une simple crise dans la crise", a jugé M. Gbagbo.

"C'est l'Accord politique de Ouagadougou (de 2007) dans son ensemble que l'on veut saboter" alors que "nous n'avons aucune raison de l'abandonner", a-t-il estimé.

"Afin de lever toute hypothèque sur le processus de paix et permettre à la Côte d'Ivoire d'aller en toute confiance à des élections propres", il a annoncé, invoquant l'article 48 de la Constitution qui lui permet de prendre "des mesures exceptionnelles", que "le gouvernement était dissous".

M. Soro est "reconduit dans ses fonctions", a-t-il souligné.

"Il est chargé de me proposer dès le lundi 15 février 2010 un nouveau gouvernement", qui aura pour "mission" de mener "les dernières actions nécessaires pour sortir la Côte d'Ivoire définitivement de la crise", a dit le président Gbagbo.

La CEI est également "dissoute", a poursuivi le chef de l'Etat.

"Je demande au Premier ministre de me proposer dans un délai de sept jours à compter d'aujourd'hui (vendredi) le format d'une nouvelle commission électorale crédible qui pourra organiser les élections justes et transparentes", a-t-il indiqué.

Le processus électoral est quasi-paralysé depuis l'éclatement de la polémique autour de la commission. Le camp présidentiel réclamait le départ du chef de la CEI. M. Mambé, soutenu par l'opposition, a récusé toute fraude et avait refusé de démissionner.

Sans cesse reporté depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, le scrutin présidentiel est destiné à clore la grave crise née du coup d'Etat manqué de 2002.

http://www.france24.com/fr/20100212-cote-ivoire-gbagbo-dissout-gouvernement-soro-commission-electorale-presidentielle

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