L’amour de l’amour

« L’officier SS fait sortir des rangs trois musiciens juifs. Il leur demande d’exécuter un trio de Schubert. Boulversé par cette musique qu’il adore, l’officier SS laisse les larmes lui envahir les yeux. Puis, lorsque le morceau est achevé, il envoie les trois musiciens dans la chambre à gaz. »

De telles scènes se sont produites pendant la seconde guerre mondiale. Elles résument à elles ce que fut cette guerre : au coeur de la vielle Europe, berceau des Lumières et de la Démocratie, le summum de la barbarie a été atteint. Les peuples à l’origine du meilleur de l’humanité ont également été à l’origine du pire.

Cette scène permet également d’introduire la différence que l’on peut faire entre l’amour et l’amour de l’amour. Ce SS aime Schubert, sa réaction le prouve, mais il n’aime pas aimer Schubert, sa réaction le démontre également. S’il avait aimé aimer Schubert, il aurait fait le maximum pour soustraire ces trois musiciens à leur exécution et pour pouvoir revivre aussi souvent que possible cet amour de Schubert.

Autre exemple plus terre à terre : nous aimons bien manger et respirer de l’air pur, mais nous n’aimons pas aimer bien manger et aimer respirer de l’air pur. Nous cherchons en effet à multiplier les occasions de bien manger et respirer mais nous faisons peu de choses pour assurer durablement à l’humanité des occasions de bien manger et respirer.

D’une certaine manière, l’amour est consommation et destruction alors que l’amour de l’amour est bienvaillance et protection.

En guise de conclusion, souhaitons à ceux qui connaissent l’amour de tendre vers l’amour de l’amour. Quand à ceux qui connaissent l’amour de l’amour, se croient-ils arrivés ? Souhaitons leur de tendre vers l’amour de "l’amour de l’amour", une expérience difficile à concevoir mais dont on pressent qu’elle est cette forme de l’amour qui ne fait pas de différence entre les objets possibles de l’amour. Un amour inconditionnel de tout...

A l’origine de cette réflexion, le livre "Traité de savoir-survivre par temps obscurs" de Philippe VAL. Un livre comme je les aime : qui stimule la réflexion.