France †
« Qu’est-ce qu’être français » : par Gaston Kelman
Linternationalmagazine.com , publié le 11/01/2010
Dans une tribune publiée dans « Actualité Internationale » du mois de janvier - en kiosque actuellement - l’Ecrivain Gaston Kelman, conseiller du Ministre Eric Besson, revient sur débat autour de l’Identité françaises.
Retrouvez l’intégralité de cette tribune dans "Actualité internationale" du mois de Janvier 2010.
...Extraits
"...L’identité nationale, c’est sous cet intitulé que le ministre de l’immigration de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire a lancé le grand débat qui secoue le Landerneau français. C’était prévisible....Je pense pour ma part avoir une réelle légitimité à en parler et un profond besoin qu’il y ait ce débat..."
"...J’étouffais que la voix dégoulinant de condescendance mièvre, le premier Blanc venu m’apprenne qu’il aimait les Noirs – je ne parle même pas des autres - et que je devais être fier de mes origines, étant entendu que la négrité était une ethnie à jamais consignée dans un mode de vie, dans une culture et sur un continent, une origine..."
"...J’ai en effet commis une trilogie sur les thèmes de culture et d’identité, liés aux migrations vers la France. Mon approche s’opposait diamétralement à celle de la pensée de l’élite française en la matière. Néanmoins, mes théories ont rencontré un succès exceptionnel. Ce qui prouve que la France profonde dont on disait qu’elle n’était pas prête à aborder le débat sur l’identité, étouffait d’en être privé. Il me tardait donc que ce thème soit vulgarisé, peut m’importait par qui. L’institut Montaigne l’a fait avec ma modeste participation. Le ministère a emboîté le pas. Alors, la France s’est emballée. Celle d’en bas s’est passionnée ; celle d’en haut a éructé..."
"...Le lundi 21 décembre,
SOS Racisme lance une pétition demandant au président de la République de "mettre fin aux réunions publiques" sur l’identité nationale... L’un des signataires de cette pétition n’est autre que le député européen Daniel Cohn-Bendit.
"...D’une revendication des enfants issus de l’immigration dont le slogan – la marche pour l’égalité – envoyait un message clair de recherche de fraternité, on a fait une marche des étrangers, une marche des beurs. Tombant dans ce piège d’une bienpensance qui ne pouvait supporter la présence de ces métèques dans le giron de la nation, SOS s’est mise à défendre ses potes, de vagues potes, alors que ceux-ci voulaient être des frères égaux. Les beurs étaient-ils des potes ou des frères...Et à cause d’une coupable quête d’opportunisme politique, la France a continué dans une errance identitaire où une partie des Français autochtones était à jamais des beurs, des blacks et des potes..."
"...Certains veinards vous apprennent qu’ils ont dépassé les limites étroites des nations et qu’ils sont citoyens européens, ou citoyens du monde. Soit ! L’Afrique rêve de panafricanisme. On parle de renaissance africaine et Achille Mbembe propose un concept ambitieux, celui d’Afropolitanisme, renaissance africaine tournée non vers le passé, mais plutôt construction d’un modèle culturel, sinon civilisationnel, dont la capitale serait la cosmopolite mégapole de Johannesburg..."
"...Véritable précurseur de la redéfinition de l’identité française, Frantz Fanon est un psychiatre et écrivain français originaire de Martinique. Il s’oppose autant à Césaire, père de la négritude, qu’a René Maran. Comme interpellant Césaire et sa négritude, il s’interroge : Qu’est-ce que c’est que cette histoire de nation nègre ! Je suis français par ma nationalité, par ma culture. Héritier des Lumières, il est français jusqu’à l’utopie généreuse, celle qui le pousse à fuir les Antilles pétainistes et à s’engager clandestinement avant sa majorité pour libérer la France ; celle qui le pousse à prendre les armes contre cette même France quand il estime qu’elle prive l’Algérie de son droit le plus inaliénable, la liberté. Son combat pour l’Algérie vient illustrer cette déclaration sienne : « si je pousse un cri, il ne sera point nègre », car il n’y a pas de cri de couleur, il n’y a que le cri de l’homme qui souffre..."
"...l’uniformité du Noir est une création du Blanc. D’ailleurs Fanon n’arrêtera pas de dire que rien de concret ne relie les Noirs dans l’espace – le Noir de Harlem et celui de Bobo-Dioulasso – ou dans le temps – les pharaons noirs et le gamin de Pointe-à-Pitre. Le Noir affirme-t-il, n’existe que dans la mesure où il se pose par rapport au Blanc..."
"...La créolité est un puissant support d’identité. C’est une langue, une culture, une gastronomie. Eléments d’autant plus puissants qu’ils ont été inventés par des femmes et des hommes à qui l’on déniait l’humanité ; une langue inventée pour inventer une vie, une culture au moment où les langues disparaissent. Si la créolité est en rupture avec la Négritude, elle est précurseur de troisième mouvement de l’identité antillaise. La culture créole est devenue indépendante de la négrité...."
"...« Ce que je fais pour le petit Malien, je ne le ferais pas pour le Polonais. Car je ne dois rien au Polonais ». C’est un jeune professeur, la trentaine à peine, qui me tient ces propos. On lui a fourré dans le crâne que de toute éternité, il était coupable par héritage de l’esclavage, de la colonisation, du néo-colonialisme...."
Retrouvez l’intégralité de cette tribune dans "Actualité internationale" du mois de Janvier 2010 - actuellement en Kiosque.
Gaston Kelman est un écrivain français auteur de plusieurs livres à succès. Il est actuellement le conseiller d’Eric Besson, Ministre français de l’Immigration. Il est aussi membre du club des éditorialistes du mensuel « Actualité Internationale »
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