Une certitude se confirme avec la maladie du Président Bongo, tous ces chefs d'état, au pouvoir depuis le siècle dernier, finiront par partir ou mourir: Messieurs Museveni, Mugabe, Bongo, Biya, Obiang Nguéma, Khadaffi, Moubarak, Compaoré, etc... Cela se produira peut être dans la prochaine décennie (2010-2020) L'histoire, même la pire (mal intentionnée) qui soit, possède toujours ses failles. La question est de savoir si nous, africains, serons prêts à profiter collectivement de cette faille qui s'ouvrira fatalement, à l'instar de ce qu'ont su faire les afro américains avec l'élection de Mr Obama aux USA. Il y aura bien un moment où sur la photo collective du sommet de l’UA, on ne verra plus certains visages présents depuis des décennies !! Mais le simple fait de changer de président ne changera pas le destin des pays d’une baguette magique. Ce fait pourra marquer le début d’une nouvelle dynamique, par ailleurs déjà enclenchée par les sociétés civiles dans certains pays.

Les pistes pour sortir l'Afrique de son état actuel son connues et simples. De Sankara à Cheikh Anta Diop, le développement du continent a été suffisamment réfléchi. Sommes nous collectivement prêts à relever le défi. Une chose est de savoir ce qu’il faut faire, une autre de le mettre en pratique et de savoir associer la population aux enjeux : assumer son passé et sa culture (depuis l’Egypte antique à nos jours) Valoriser le travail, la justice, la solidarité, vivre avec ses moyens et non au dessus de ses moyens pour résoudre ses propres problèmes, l'intégration économique régionale, l'alternance du pouvoir, la fin de la tentation tribale…Eviter les successions familiales comme celle du Togo ou de la RDC, dont on voit poindre la tentation au Sénégal, au Gabon, en Libye...Maximiser nos atouts : une jeunesse africaine nombreuse, forte et vigoureuse ; des richesses naturelles en organisant les secteurs économiques et la formation professionnelle autour de nos points forts…Diversifier les partenariats avec les continents étrangers et rendre caduques des accords qui nous lient avec d'anciennes métropoles, signés par des aînés à qui on ne reconnaît aucune légitimité.

Tout cela est non exhaustif et dit en vrac. Volontairement. La question est de savoir s’il existe une méthode africaine, clairement indentifiable (bien entendu avec des spécificités suivants les pays ou sous région) une vision commune résumable en dix lignes et qui fixe le cap pour les vingt cinq prochaines années ? Dans le cadre de cette méthode, il faudra sans doute passer par le concept de réconciliation nationale et de commission vérité, tels que réalisés en Afrique du Sud, dans la plupart des pays; afin d'éviter les chasses aux sorcières inutiles, de mobiliser toutes les énergies vers la construction du continent. Bien entendu, il y aura lieu de punir les exactions commises, mais de grâce, pas au tribunal pénal international, ni à l'étranger. L'Afrique règlera elle même ses comptes avec elle même, dans sa spécificité.

On peut jaser ou gloser autant que l’on veut, ce moment de l’histoire arrive à grands pas où ces rois perdus à la tête de nos pays partiront. La question est de savoir si nous avons suffisamment anticipé puis préparé cette transition afin d’en tirer le maximum de profit. Si nos parcours intellectuels, professionnels, politiques ou socioculturels… nous permettent de ne pas commettre les mêmes erreurs que nos aînés (des dirigeants n’ayant jamais été élus avant d’accéder au pouvoir par exemple…) Notre génération, qui a vu les premières vraies alternances (Bénin, Afrique du Sud, Mali, Ghana, Sénégal…) en attendant que la fatalité nous impose les prochaines, sait que l’alternance ne suffit pas si elle n’est pas accompagnée d’un projet, d’une méthode simple, efficace et populaire (les hommes politiques promettront le soppi à qui veut l’entendre pour accéder au pouvoir et on soupçonne la suite…) ; d’une exigence vis-à-vis de soi capable d’obliger les politiques à souscrire à cette même exigence. Préparons nous y car la lutte contre ceux qui veulent continuer à voir le continent souffrir, en interne comme en externe, sera rude. Toutes les idées et initiatives, achevées, en cours et futures, sont les bienvenues.