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RDC : Joseph Kabila, Mobutu light ?

 
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Gempa
Grioonaute


Inscrit le: 09 Juin 2008
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MessagePosté le: Dim 06 Mar 2011 20:53    Sujet du message: RDC : Joseph Kabila, Mobutu light ? Répondre en citant

Il y a dix ans, c’est un Joseph Kabila mystérieux et timide qui prenait la place de son père, assassiné. Beaucoup ont alors cru au réveil congolais. Mais aujourd’hui, le chef de l’État marche sur les pas de ses deux prédécesseurs et règne sur un pays sinistré, miné par la corruption et la violence. Retour sur un espoir déçu.
http://www.jeuneafrique.com/Articles/Dossier/ARTJAJA2612p020-027.xml0/zimbabwe-angola-president-rwandardc-joseph-kabila-mobutu-light.html

L’énigme Joseph Kabila n’en est plus une. Longtemps, le jeune homme timide qui prêta serment le 26 janvier 2001 à l’Assemblée nationale congolaise sous les yeux incrédules des députés, de ses compatriotes et de la communauté internationale, a su faire du mystère un allié. Dans un pays habitué depuis quatre décennies à être dirigé par des personnalités écrasantes, charismatiques et dictatoriales, ce gamin de 29 ans qui écoutait plus qu’il ne parlait, suggérait plus qu’il ne s’exprimait, était à la fois un risque et une chance. Risque d’être rapidement balayé par l’un de ses mentors. Chance d’être enfin le chef moderne, modeste et avisé qui saura faire progresser la République démocratique du Congo (RDC) de l’état de satrapie vers les rivages de la bonne gouvernance.

Dix ans plus tard, le masque est tombé. La chrysalide qui inspirait à Jacques Chirac, George W. Bush, Kofi Annan et au roi des Belges un irrépressible désir de protection, au point de le porter à bout de bras sur le tipoye de l’élection présidentielle de 2006, est devenu un papillon solitaire et autocratique, de la famille de ces lépidoptères tropicaux connus sous le nom de monarques, lesquels se nourrissent du suc des plantes vénéneuses – en l’espèce, ici, du pouvoir. Aujourd’hui, alors que la RD Congo se dirige tout droit vers un scrutin à la magistrature suprême prévu pour novembre prochain et taillé sur mesure pour sa reconduction (un seul tour), Joseph Kabila Kabange règne sur un pays sinistré, gangrené par la corruption, miné par l’injustice, l’impunité et les scandales financiers.

Pourquoi et comment un homme qui incarna tant d’espoirs et fut à un moment si populaire, en est-il venu à s’inscrire dans la désespérante lignée des Bula Matari, ces « casseurs de pierres », surnom donné par les Congolais à tous ceux qui, de Léopold II à Kabila père en passant par Mobutu, les ont gouvernés pour le pire ? Chronique d’une métamorphose avortée…

Acte I : Joseph entre en scène

Kinshasa, le 17 janvier 2001. Réunis d’urgence autour de la table du Conseil national de sécurité, les ministres ont les yeux fixés sur un fauteuil vide : celui du président Laurent-­Désiré Kabila. Tous savent déjà que, grièvement blessé la veille par l’un de ses gardes du corps, le « kadogo » Rachidi Minzele Kasereka, le « Mzee » a été évacué à la hâte en direction d’Harare, au Zimbabwe. Mais tous ignorent que ce transfert chez Robert Mugabe est en réalité un maquillage. La mort du tombeur de Mobutu a été constatée la veille en fin d’après-midi par les urgentistes de la clinique Ngaliema, où son chef d’état-major particulier, le colonel Eddy Kapend, l’a fait transporter dans les minutes qui ont suivi l’assassinat. Et pour cause : afin que soit maintenue pendant quelques heures la fiction d’une agonie réversible, la totalité du personnel de la clinique a été embarquée de force avec la dépouille en direction du Zimbabwe. Nul ne doit parler, le temps que se règle la succession.

Chuchotements, regards en coin, bouffées d’angoisse, les ministres n’ont qu’une seule question en tête : qui va s’asseoir dans le fauteuil présidentiel ? L’attente est interminable. Tout à coup, le directeur de cabinet du « Mzee » fait son entrée, accompagné d’un jeune homme en uniforme, les yeux baissés, le béret sagement plié sur l’épaulette, que chacun reconnaît aussitôt : « Le chef de l’État a été blessé. Il est en soins intensifs à Harare. Le ­général-major Joseph Kabila a été désigné pour assurer l’intérim. Je vous demande de l’applaudir. » Le fils du défunt se pose un bref instant dans le fauteuil du chef. Applaudissements debout. Fin de la séance. Il n’a pas dit un mot.

Aux yeux de tous ceux qui assistent à la scène, ce personnage fragile, visiblement tétanisé par ses nouvelles responsabilités, arrivé la veille à minuit sous une pluie battante depuis Lubumbashi, où son père l’avait relégué pour le punir de la déroute de Pweto face aux troupes rwandaises, est une solution bâtarde et éphémère de compromis. Ils n’ont pas tort. En coulisses, le Zimbabwe et l’Angola, les deux parrains du régime de Kinshasa, poussent leurs pions sans que l’on sache encore aujourd’hui pourquoi le colonel Eddy Kapend, qui eut alors tous les pouvoirs pendant près de vingt-quatre heures, ne les a pas utilisés à son profit. Le problème, pour les faiseurs de rois d’Harare et de Luanda, c’est qu’ils ne parviennent pas à s’accorder et que leurs efforts s’annihilent. Alors autant mettre en avant un général de 29 ans au destin de fétu de paille, que l’on balaiera le moment venu. Mais on ne se méfie jamais assez des marionnettes : il arrive parfois que ce soient elles qui tirent les fils.

Acte II : Joseph, le bon élève

Pendant trois ans, jusqu’au mauvais tournant pris avec la démission contrainte de Freddy Matungulu Mbuyamu, sans doute le ministre de l’Économie et des Finances le plus apte qu’ait connu la RD Congo depuis longtemps, le style Kabila étonne et séduit. À l’intérieur comme à l’extérieur, vis-à-vis de ses pairs, le jeune chef de l’État apparaît comme un élève attentif, désireux d’apprendre le métier, proche de la jeunesse, discret et qui a en horreur le culte de la personnalité.

La mise à l’écart en douceur des gardiens du temple kabiliste Abdoulaye Yerodia Ndombasi et Mwenze Kongolo, ces « tontons » qui avaient le don de l’agacer en l’appelant « fiston », est bien vue par l’opinion. Joseph s’entoure d’un « comité stratégique » dynamique et imaginatif dans lequel on retrouve Vital Kamerhe, Guillaume Samba Kaputo, Léonard She Okitundu, Kikaya Bin Karubi, les généraux Etumba, Olenga, Numbi et quelques autres. Il y a aussi, bien sûr, un petit homme ­passe-muraille, ingénieur des mines aussi intelligent que secret, ex-gouverneur du Katanga brusquement apparu sur le devant de la scène lors des obsèques du « Mzee », et devenu depuis ministre à la Présidence : Augustin Katumba Mwanke. Une amitié complice le lie à Joseph, qui venait régulièrement se réfugier chez lui à Lubumbashi lorsqu’il avait maille à partir avec son tyran de père. Mais en ce début des années 2000, Katumba Mwanke n’est pas encore le génie décrié de Kabila. Dissimulateur, habile, sûr de lui et de sa connaissance intime des rouages de son jeune maître, ce Katangais de Pweto se fait humble.

C’est avec cette équipe et le soutien sans faille de la communauté internationale que le Joseph Kabila première manière engrange les succès. Les accords de Pretoria et de Luanda débouchent sur le retrait des troupes rwandaises et ougandaises, et le dialogue national peut enfin s’ouvrir avec l’opposition. Sur le plan économique, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui avaient cessé toute collaboration depuis plus de vingt ans, reviennent, des programmes plein leurs cartons. « Je veux faire de la RD Congo la Chine de l’Afrique ! » proclame Kabila.

Mais le printemps de Kinshasa connaît son premier accroc début 2003. Le principal artisan de ce petit miracle qu’est le retour des bailleurs de fonds s’appelle Freddy Matungulu Mbuyamu et il a un vilain défaut : cet ancien du FMI est honnête, intransigeant sur les dépenses et garde un œil vigilant sur la Banque centrale, que dirige l’inamovible Jean-Claude Masangu, beaucoup trop laxiste à ses yeux. Aussi, lorsqu’un jour de janvier Augustin Katumba Mwanke vient le voir pour lui demander de transférer sur-le-champ 50 millions de dollars sur le compte de la présidence au titre des « dépenses de souveraineté », le ministre, dont la signature est indispensable, renâcle. Avant de céder de mauvais gré, non sans avoir averti qu’un second versement douteux de ce type risquerait fort de compromettre les relations avec les institutions de Bretton Woods.

Une dizaine de jours plus tard, Katumba revient le voir : il lui faut à nouveau 50 millions. Cette fois, Matungulu refuse tout net et se rend à Lubumbashi pour tenir un discours prévu de longue date devant l’Assemblée provinciale du Katanga. En pleine séance, Katumba l’appelle au télé­phone : « Reviens à Kinshasa immédiatement, c’est un ordre du président ! » Le ministre saute dans un avion, passe deux heures pénibles dans les locaux du Conseil national de sécurité, où on le menace, rentre chez lui et rédige sa lettre de démission, qu’il ira lui-même déposer le lendemain sur le bureau du président. Dans l’heure qui suit, la garde républicaine débarque à son domicile de fonction et le jette dehors. Mortifié, Freddy Matungulu a depuis réintégré le FMI à Washington, avec l’amère satisfaction d’avoir été le premier à tester les méthodes, qui deviendront la règle, du tandem au pouvoir.

Voir "Le petit Kabila illustré". http://www.jeuneafrique.com/photos/008022011102202000000petit-kabila-illustre-2.jpg(Cliquer pour agrandir)


Acte III : Joseph se révèle

De 2003 à l’élection présidentielle d’août 2006, si le ver est dans le fruit, ce dernier a encore belle allure. Sous l’influence de Katumba Mwanke, qui le révèle en quelque sorte à lui-même, le jeune président se découvre un goût pour le luxe qu’il ne se connaissait pas. Joseph s’intéresse aux avions présidentiels, commence à acquérir des fermes et se comporte face aux contrats miniers comme un enfant émerveillé dans un magasin de jouets. Mais cette dérive demeure acceptable aux yeux des Congolais – qui en ont vu bien d’autres en la matière – et des partenaires étrangers, tant qu’elle reste discrète et que l’intéressé n’a pas les chevilles qui enflent.

Or Joseph Kabila, qui a bien conscience de l’importance du scrutin de 2006, la joue encore modeste. Mieux : il réussit la performance d’apparaître comme l’élément rassembleur du gouvernement de transition issu des accords de Sun City, en juin 2003. Face au tonitruant Jean-Pierre Bemba et à l’insaisissable Azarias Ruberwa, deux vice-présidents aux appétits nationaux, Kabila est celui qui calme le jeu et ­fédère les ambitions. Ponctuel, rigoureux, il laisse chacun s’exprimer lors des conseils des ministres avant de dégager en quelques minutes une position consensuelle. « Sa capacité de synthèse était étonnante, résume un témoin de l’époque. Jamais il n’a été aussi bon que pendant la transition. »

En réalité, si le Joseph Kabila de 2006 a sans doute beaucoup appris et progressé, prenant peu à peu cons­cience de ses capacités manœuvrières, ce n’est pas au service de l’État que ces acquis seront crédités, mais au sien propre. Les mois qui précèdent la présidentielle sont une période de manducation effrénée et généralisée, chaque camp, celui de Bemba – vice-président en charge de l’Économie et des Finances – et celui de Kabila, engrangeant les bénéfices des premières renégociations de contrats miniers. Puis viennent l’élection elle-même, somme toute démocratique, et la victoire, due en partie à Vital Kamerhe, qui en quelques mois a transformé un parti exsangue, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), en machine à gagner. Le vrai Kabila peut alors apparaître. Mais il lui reste un compte à solder…

Acte IV : Joseph sur son nuage

À Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph Kabila a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. Naïf, Kamerhe y a cru, et sans doute était-ce là la faute que le président attendait. La perspective de la primature est la première à s’évanouir. À quelques jours du scrutin, sur les conseils de Katumba Mwanke, qui ne cesse de lui murmurer à l’oreille que Kamerhe est un ambitieux, donc un rival potentiel, Kabila sort du PPRD et annonce qu’il se présente en tant que candidat indépendant avec le soutien du parti. Tout en le couvrant de cadeaux pour mieux l’anesthésier – montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur –, il se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre.

Devenu président de l’Assemblée nationale après l’élection, Vital Kamerhe, qui croit encore que son destin est inscrit dans une certaine forme de fidélité au chef de l’État, profite d’une réunion en présence de Katumba Mwanke, de Samba Kaputo et du général Etumba pour lui poser la question de confiance : « Quel genre de président dois-je être ? Du type de ceux qu’affectionnait Mobutu, soumis et servile ? Ou du type monseigneur Monsengwo, qui a mis l’Église au milieu du village ? » « Sois Monsengwo », répond Kabila, qui sait qu’en l’encourageant ainsi à faire preuve d’indépendance le bouillant Kamerhe ne tardera pas à franchir la ligne rouge. Après deux années ponctuées de coups d’éclat, ce dernier finira en effet par se placer lui-même hors jeu. Mis en minorité à l’Assemblée, viré du perchoir, il a depuis basculé dans l’opposition, au point de se porter candidat à la prochaine présidentielle…

Exit, donc, Kamerhe. Et place – toute la place – à Joseph Kabila Kabange, fils de son père et petit-fils spirituel de Mobutu, un zeste de répression en moins et une rondelle de démocratie en plus. « Il prête serment le 6 décembre 2006 et, dès le 7, un nouveau Joseph­ sort de l’ombre », explique un proche. Un Kabila sûr de lui, à la limite de l’arrogance, à qui son inséparable bras droit Katumba ne cesse de répéter qu’il ne doit sa victoire à personne, qu’il est le chef d’un immense pays convoité, d’une puissance en devenir, à côté duquel ses voisins ne sont que des sous-préfectures. Brusquement, Joseph Kabila devient injoignable au téléphone, même pour ses collègues chefs d’État, même pour le Belge Louis Michel, qui fut pourtant son mentor auprès de la communauté internationale, même pour Chirac, même pour Bush, qui doivent passer par le conseiller en charge de la diplomatie, Marcellin Cishambo, pour parvenir à le joindre.

Ce Joseph-là ne se déplace plus à l’aéroport pour y accueillir ses homologues, ne reçoit plus les ambassadeurs, se fait systématiquement attendre lors des audiences officielles, déambule, mains dans les poches, devant ses pairs médusés, l’air vaguement absent, le sourire goguenard. « Lors des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance, le 30 juin 2010, il nous a tous plantés, sans nous attendre, à la fin du défilé, raconte un chef d’État invité. On s’est retrouvé dans la cohue, avec les shégués, les gamins des rues, qui commençaient à piller les chaises de la tribune officielle. Le soir, au dîner, il a récidivé. Entre-temps, il était parti se raser la barbe et les cheveux. On n’a rien compris. »

Le processus compensatoire qui mène de l’introversion – coquille protectrice contre les excès d’un père abusif – à la suffisance, est pourtant classique. Revers de la médaille : Kabila n’a aujourd’hui aucun ami, aucun proche parmi les chefs d’État de la planète. « Seul Paul Kagamé a une certaine influence sur lui », commente un observateur attentif, qui ajoute, féroce : « Mais il s’agit là d’une relation de dominant à dominé. Joseph ne s’est jamais vraiment remis d’avoir été l’élève du général rwandais Kabarebe, ni de la défaite de Pweto. »

Acte V : Joseph, Mobutu light ?

Un théâtre d’ombres. Depuis quatre ans, le gouvernement de la RD Congo ressemble à une assemblée de fantômes sous la houlette de Premiers ministres qui jouent sans barguigner leur rôle de figurants rétribués. Il arrivait au vieil Antoine Gizenga, dernier survivant du Jurassic Park des années 1960, de s’assoupir en plein conseil des ministres. Son successeur, Adolphe Muzito, est plus éveillé, mais le résultat est le même. Chacun sait à Kinshasa que les vraies décisions se prennent désormais au sein du cabinet parallèle, celui qui, autour du président, réunit Katumba Mwanke, Évariste Boshab, les généraux Etumba et Kabulo, auxquels parfois se joignent quelques ministres directement reliés à Kabila, ou encore le gouverneur de la Banque centrale, Jean-Claude Masangu. Il y a peu encore, le général John Numbi, patron de la police, faisait partie de ce premier cercle. Mais depuis qu’il est venu aux oreilles du président que ce militaire apprécié de ses hommes, mulubakat comme lui, était bien vu par les chancelleries occidentales au point d’en faire un rival potentiel, Numbi n’est plus en grâce. À cet égard, l’affaire de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya, dans laquelle il pourrait être impliqué et dont il aura bien du mal à se remettre, tombe étrangement à pic.

Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de ce cabinet noir, surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux prêt chinois, dont l’idée aurait été soufflée à Joseph Kabila par le président angolais José Eduardo dos Santos lors d’un voyage à Luanda, a également été géré de A à Z par le gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi. Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cash est roi et la corruption reine, des conseillers occultes font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux.

Joseph Kabila n’a pas de marabout, il n’est ni franc-maçon ni rosicrucien, mais il a son Israélien, Dan Gertler. Il a aussi sa propre famille, très impliquée dans le business. Si la maman, Sifa Mahanya, autrefois influente, a été éloignée à Lubumbashi, Janet, la sœur jumelle, Zoé, le frère cadet et quasi-sosie, Joséphine, la petite sœur étudiante aux États-Unis, et Olive, la première dame, tiennent le haut du pavé. Tout Kinshasa fait des gorges chaudes des frasques, des deals (notamment avec les entrepreneurs libanais et chinois) et de l’enrichissement effréné de l’entourage présidentiel, dont les membres collectionnent appartements et villas en Afrique du Sud et en Belgique. À l’exemple de Joseph lui-même, dont les ranchs ultramodernes de la route de Bandundu, à une centaine de kilomètres de Kinshasa, et de la route de Kasumbale, non loin de Lubumbashi, font l’admiration des zélateurs du ré­gime – tout comme sa nouvelle et superbe résidence officielle katangaise –, acquérir une ferme est ainsi devenu un must pour les nouveaux nababs congolais.

Fan absolu de motos (il en possède une vingtaine et tourne pendant des heures dans les allées de la parcelle présidentielle sur l’un ou l’autre de ses engins, pour se délasser), grand amateur de 4x4, qu’il conduit à tombeau ouvert avec une belle maestria (« Il ne s’embourbe jamais ! » commente, admiratif, un proche), expert en jeux vidéo, Joseph Kabila Kabange aurait sans doute pu être, dans une autre existence, un pilote de rallye émérite sur les pistes africaines. Le destin a voulu que, depuis dix ans, le véhi­cule dont il tient le volant s’appelle la RD Congo. Or celui-là, contrairement aux autres, fait sérieusement du surplace. Il arrive que le destin commette des erreurs de casting…[url][/url]
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Gempa
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MessagePosté le: Dim 06 Mar 2011 21:51    Sujet du message: Répondre en citant

La parution de cette article a déclenché une véritable tempête politico-médiatique à Kinshasa. Dès la parution du numéro en question, Joseph Kabila a demandé à son ministre de la Communication, Lambert Mende Omalanga, de réagir. Ce que notre zélé ministre s’est empressé de faire en nous faisant parvenir un (très) long droit de réponse, :

Citation:
Notre dernière enquête sur le bilan de Joseph Kabila a déclenché un petit tsunami politico-médiatique à Kinshasa. Aussitôt après nous avoir fait parvenir un long droit de réponse, le ministre de la Communication, Lambert Mende a, sur ordre, été le lire en direct à la télévision, avant d’en arroser la presse qu’il contrôle. Le tout assorti d’accusations aussi paranoïaques que diffamatoires. Nous aurions pu aisément arguer de cette mauvaise manière pour refuser de publier ce texte, mais nous l’avons néanmoins maintenu. Pour deux raisons. J.A. a toujours ouvert ses colonnes à la contradiction, fût-elle la plus vive: telle est notre conception de la liberté d’expression. Et la lecture de ce droit de réponse suffit en elle-même à valider le bienfondé de notre diagnostic: de Mobutu à Kabila, il n’y a que les hommes qui changent. François Soudan.



C’est une volée de bois vert qui a été infligée à Joseph Kabila, le président de la RD Congo, dans la livraison no 2612 du 30 janvier 2011 de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Les 14 pages qui lui ont été consacrées sous un titre très engagé : Kabila = Mobutu light ont la causticité du vitriol. Ce n’est pas la première fois que le défunt dictateur du Zaïre inspire la chronique. Il y a quelques années, le périodique kinois Le Soft avait disserté sur « Bemba, fils Mobutu ». Dans le microcosme politique kinois, être assimilé à Mobutu, l’antihéros, est une forme d’injure suprême. Il apparaît assez clairement que l’objectif de cette série d’articles d’une rare virulence est de démolir la réputation d’une personnalité politique qui se prépare à affronter le verdict des urnes dans moins d’un an. Pour l’édification des lecteurs de J.A., le gouvernement de la RD Congo, contrairement au régime autocratique qui sévissait dans ce pays il n’y a pas si longtemps, n’a pas censuré ce brûlot, librement distribué aux quatre coins du Congo-Kinshasa. Il tient cependant à faire quelques mises au point :

1. Dans ces articles où tout s’entremêle (vie privée, politique, économie, sécurité, relations internationales, élections, etc.) dans un assez curieux agencement, on perçoit nettement en filigrane une implacable hostilité à l’égard du président du Congo-Kinshasa. Ainsi, Joseph Kabila, après un pseudo « pacte tacite » (les mots sont de J.A.) avec les capitales occidentales (« aide contre démocratie »), aurait vu remballer le tapis rouge que lui déroulaient auparavant lesdites capitales. L’auteur de l’article prétend même que ce refroidissement envers JKK serait observé également chez ses homologues africains qui seraient agacés par « ce qu’ils perçoivent comme de l’arrogance à leur égard ».

2. La vérité, c’est que le président Kabila que d’aucuns souhaitaient voir demeurer ad vitam æternam un « gamin de 29 ans, fétu de paille » (les mots sont encore de J.A.) a pris de l’étoffe et de l’assurance. Ce qui n’est pas pour déplaire au peuple congolais dont il défend avec plus de pugnacité les intérêts légitimes, notamment par rapport aux contrats léonins sur les mines dont la revisitation fait grincer les dents des prédateurs et de leurs affidés dans le pays. Il y a peu de doute : cette campagne de sape musclée est le fait des forces qui militent pour un statu quo ante auquel les Congolais n’ont aucun intérêt. En effet, pourquoi et pour qui serait-il si dramatique que Joseph Kabila ait gagné en assurance et ne reçoive plus de « leçons » par téléphone de l’extérieur ?

3. François Soudan situe l’accroc au “printemps de Kinshasa”, illustré par la rupture du deal entre Kabila et les capitales occidentales au début de l’an 2003 lorsque le ministre Matungulu Mbuyamu, “l’homme du FMI”, démissionna. On a beau manipuler la casuistique, tout Congolais averti comprend que pour les inspirateurs de ce commentaire, le vrai “crime” de Joseph Kabila, c’est d’avoir osé privilégier les intérêts nationaux de la RD Congo et de ne pas avoir laissé les « maîtres » gérer à leur guise les ressources du Congo par missi dominici interposés. Une façon comme une autre de chercher à faire marcher le train de l’Histoire à reculons. Ces inspirateurs étaient du reste dans le premier cercle du pouvoir en 2003 sans lever le petit doigt pour plaider en faveur de cette sorte de tutelle de Bretton Woods sur leur pays.

4. Les prédateurs et leurs affidés n’acceptent pas que le président Joseph Kabila sur la timidité duquel ils comptaient pour continuer à exploiter sans contrepartie significative les richesses de la RD Congo se soit métamorphosé en ce défenseur « moderne, modeste et avisé » des intérêts nationaux de son pays, qui « agace jusqu’à ses voisins africains ». Du coup, même les quelques qualités dont il était crédité avant sa « mue » (horreur du culte de la personnalité, grande capacité de synthèse) ne sont plus perçues par ceux qui ont programmé sa mise à l’écart et multiplient les fausses accusations à cet effet.

5. L’article introductif de François Soudan s’ouvre sur une affirmation : « Il y a dix ans, c’est un Joseph mystérieux et timide qui prenait la place de son père, assassiné. Beaucoup alors ont cru au réveil congolais… » Tout y est dit comme si pour l’auteur le mystère et la timidité étaient à ranger parmi les « qualités » que l’on voudrait trouver chez un chef d’État africain. Pourtant, J.A. a construit sa réputation professionnelle flatteuse sur un engagement constant en faveur de la transparence qui est aux antipodes d’une gestion « mystérieuse » et « timide » d’un État. Deux poids, deux mesures ?

6. Il est reproché au président congolais de s’être transformé en « papillon solitaire » après avoir été à son avènement « la chrysalide qui inspirait à Jacques Chirac, George W. Bush, Kofi Annan et au roi des Belges un irrépressible désir de protection, au point de le porter à bout de bras sur le tipoye de l’élection présidentielle de 2006 ». J.A. ne dit pas à ses lecteurs si les compatriotes – et électeurs – de Joseph Kabila apprécieraient que leur président soit « protégé » par d’autres au lieu de les protéger, le cas échéant face aux intérêts desdits autres. Les espoirs déçus sont en fait portés par ceux qui pensent que, cinquante ans après l’indépendance, il leur revient toujours la mission d’octroyer aux Congolais leurs dirigeants et à ces derniers leurs programmes d’action. Les Congolais ont payé le prix du sang pour récupérer leur souveraineté que J.A. a tort de considérer comme une simple vue de l’esprit. C’est un des soubassements du contentieux entre Joseph Kabila et ceux qui, de l’extérieur, tentent de lui faire payer son indocilité.

7. Kabila = Mobutu Light, est un poncif émasculateur. À quelque facette de la très forte personnalité de l’autocrate de la deuxième République que l’on puisse se référer, rien ne permet d’induire un quelconque jumelage entre les deux styles de gouvernement. Mobutu vouait une reconnaissance éternelle à ses mentors occidentaux qui l’avaient créé de toutes pièces, malgré quelques ruades passagères pour amuser la galerie. Joseph Kabila, né dans les maquis de son père et venu au pouvoir à la faveur des péripéties du mouvement révolutionnaire lancé par ce dernier avant d’être élu démocratiquement en 2006, a d’autres repères politiques et idéologiques, n’en déplaise aux kings makers occidentaux qui prétendent l’avoir « porté à bout de bras sur le tipoye des élections », une injure à la souveraineté des Congolais qui s’étaient bel et bien prononcés en faveur de JKK. Homme sobre et introverti, Joseph est donc tout sauf le « petit-fils idéologique » de Mobutu.

8. Il n’est pas banal de voir J.A., journal réputé progressiste, condamner un chef d’État africain pour ne pas avoir à la tête du ministère des Finances un agent du Fonds monétaire international. Pas banal aussi, ce reproche à l’homme politique Joseph Kabila de vouloir gouverner autrement que certains de ses aînés du sérail africain. Qui ignore le sort peu enviable réservé à certains membres parmi les plus prestigieux du « Club des chefs d’États » en Afrique du Nord notamment ? Ceux qui veulent absolument le voir se couler dans un moule aussi suranné que décrié par nos peuples ne voudraient-ils pas tout simplement le pousser au suicide politique ?

9. J.A. évoque les problématiques de l’impunité, de l’affairisme et de la corruption comme s’il s’agissait de tares créées de toutes pièces par Joseph Kabila lors de son avènement aux affaires, il y a dix ans. C’est tromper l’opinion que ne pas indiquer qu’il s’agit de fléaux hérités de la deuxième République mobutiste qui a étendu ses tentacules sur le pays trente-deux ans durant et contre lesquels Joseph Kabila a mobilisé très fermement l’ensemble des institutions de la République en redonnant de nouveaux moyens à la magistrature et au système de sécurité. C’est également brosser un tableau incomplet de la situation du Congo-Kinshasa que de ne pas signaler que Joseph Kabila ne possède pas des châteaux en Occident.

10. L’histoire de l’élection présidentielle de 2006 et du fonctionnement des institutions congolaises après celle-ci telle que rendue par J.A. est totalement tronquée. À parcourir la version reprise par J.A., on remonte facilement à la « gorge profonde » qui a généreusement inspiré les auteurs. La légende d’infamie servie aux lecteurs de J.A. est le fruit de l’ego surdimensionné d’un ancien cacique tombé en disgrâce et qui, depuis lors, consacre son temps à se venger. […]

On retrouve les thèmes de prédilection des multiples prestations mondaines de « gorge profonde », la source de J.A. depuis le second semestre 2007 : attaques systématiques contre quiconque tourne autour du chef, particulièrement les Katangais accusés de lui faire ombrage, acharnement sur des personnalités restées fidèles à JKK comme le speaker de l’Assemblée nationale Boshab, le député Augustin Katumba Mwanke ou le chef d’état-major général des FARDC, Didier Etumba. […]

11. Selon Marianne Meunier (« Chronique d’un isolement avancé ») un « contrat tacite » (sic !) aurait été passé entre le numéro un congolais et « les Occidentaux ». Les entorses à cet engagement de la part du président congolais auraient « provoqué le retrait du tapis rouge ». Au terme de cet accord, « les bailleurs de fonds occidentaux financent le processus électoral (370 millions d’euros). En échange, l’élu doit veiller à la bonne gouvernance économique et à la démocratie ». Un vrai roman à l’eau de rose. Mais voici qu’en dépit du certificat de bonne gouvernance économique que fut l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE, de la bonne tenue générale des paramètres macroéconomiques et de la consolidation des libertés démocratiques nonobstant les dysfonctionnements plus anecdotiques que structurels montés en épingle par une opposition en mal de visibilité, Marianne Meunier découvre un nouveau péché cardinal de Joseph Kabila : la révision des contrats miniers « le plus souvent en défaveur des compagnies occidentales ». Elle ne dit pas comment la bonne gouvernance et la transparence peuvent faire l’économie d’une revisitation corrective des contrats léonins qui pullulent dans les placards du gouvernement. Plus loin, on entre de plain-pied dans l’autre péché du numéro un congolais : « La signature des contrats chinois en septembre 2007. Dans la foulée, la rupture de l’accord entre l’État congolais et le groupe minier canadien First Quantum crispe Ottawa ». La messe est dite : on sort carrément des principes pour plonger dans la défense des spoliateurs qui financent « gorge profonde ». Mais ce n’est pas tout. Joseph Kabila serait également coupable d’être « bercé par les refrains du panafricanisme. Il n’a pas de tropisme occidental. Thomas Sankara dont il dit avoir appris “la fierté” est sa référence. Une facette tenue cachée jusqu’en 2006 alors que le pays était sous tutelle, mais qui s’est révélée après l’onction du suffrage universel ». On croit rêver : C’est à devenir une république bananière que J.A., pourtant fervent admirateur, comme la majorité des Congolais, du regretté révolutionnaire burkinabè, nous destine. Dont acte. […]

12. La RD Congo a suffisamment prouvé sa bonne foi en revoyant à la baisse ses projets d’infrastructures dans le cadre des contrats chinois. Le but en était d’intégrer les exigences des partenaires occidentaux. Il ne faut pas en plus exiger d’elle de renoncer à sa souveraineté. Ceux qui attendaient une telle démarche de Joseph Kabila se sont trompés. Le partenariat mutuellement avantageux que le gouvernement souhaite entretenir avec la communauté internationale n’est pas à confondre avec un bradage de nos ressources que les Congolais n’accepteront jamais.

13. « L’isolement avancé » dont parle Marianne Meunier n’est pas le fait du président Joseph Kabila, loin s’en faut. C’est une véritable stratégie déstabilisatrice délibérée contre le président Joseph Kabila qui a cessé d’être ce qu’on aurait voulu qu’il fût et qu’on accuse de tous les péchés pour mieux le noyer. Mais c’est sans compter avec la clairvoyance du peuple congolais, qui, après avoir perdu Patrice Emery Lumumba en 1961 et Mzee Laurent-Désiré Kabila en 2001, n’est plus dupe et sait se prendre en charge.

14. Il n’y a pas si longtemps, François Soudan avait bravement dénoncé le « Congo bashing », ce lynchage médiatique systématique de la RD Congo qui est devenu un lieu commun aussi bien dans une certaine presse que dans les rapports d’ONG et agences internationales bien-pensantes. Dommage qu’il semble avoir été pris en tenaille, entre, d’une part le propriétaire de J.A., le respecté Béchir Ben Yahmed, qui donne l’impression d’avoir pris en grippe Joseph Kabila (du simple fait qu’il ait succédé à son défunt père ?), et d’autre part, les devoirs de l’amitié envers un ancien courtisan congolais éconduit et inconsolable. Pour mémoire, M. Soudan écrivait, entre autres, ceci : « Le problème dans cet exercice de “Congo bashing” (que l’on pourrait traduire par “critique permanente et systématique”) est que tout élément à décharge, ou tout simplement explicatif, de la situation actuelle, est a priori écarté. […] »

Certes, on l’a vu, deux choses ont changé sous le soleil depuis cette réflexion pertinente : « gorge profonde » connu de tous comme un indécrottable complexé adepte du « muzungu anasema » (littéralement : « le blanc a dit… ») et ami de l’auteur a claqué la porte de la majorité présidentielle lumumbiste-kabiliste pour passer dans le camp des partisans de la souveraineté surveillée ; par ailleurs, le propriétaire de J.A. s’est laissé convaincre par les sirènes tonitruantes du Congo bashing que son directeur de la rédaction avait pourtant décriées. Mais cela suffit-il pour que cesse d’exister cette « volonté des Congolais de vivre ensemble [qui] ne s’est jamais démentie en un demi-siècle d’Histoire tourmentée, malgré les guerres civiles et les multiples ingérences extérieures » dont parlait François Soudan et dont Joseph Kabila est à ce jour l’incarnation vivante ?

En fait, le seul parallélisme qui ne fait pas de doute et qui transparaît dans tous ces articles est celui établi entre Joseph Kabila prétendu « petit-fils idéologique de Mobutu » et accusé de considérer « ses voisins comme des sous-préfets », et Patrice Emery Lumumba taxé de « dangereux communiste » en 1960, le tout traduisant une flambée d’adrénaline chez ceux pour qui Kabila aujourd’hui comme Lumumba en 1960 n’est qu’un obstacle à éliminer à tout prix, quitte à trouver n’importe quel prétexte. Cinquante ans après, le peuple congolais, blanchi sous le harnais des épreuves, ne se laissera plus faire.

Lambert Mende Omalanga

Ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement de la RD Congo



Réponse :

Je ne peux que donner raison au ministre Lambert Mende sur un point : là où Mobutu aurait très certainement donné l’ordre d’interdire ce numéro de J.A., Joseph Kabila, lui, ne l’a pas censuré. Même s’il ne s’agit là, après tout, que de la mise en application d’une règle élémentaire de la démocratie, cette différence est à porter au crédit du chef de l’État. Ainsi que je l’ai moi-même écrit en comparant les deux hommes : « Un zeste de répression en moins, une rondelle de démocratie en plus. »

Pour le reste, le style a beau changer et les années s’écouler, la rhétorique hélas reste la même. Comme sous Mobutu, le nationalisme offre un paravent commode à la mauvaise gouvernance ; comme sous Mobutu, l’insinuation sur de pseudo-sources masquées sert à élaborer une improbable théorie du complot ; comme sous Mobutu, la critique du bilan d’un homme est assimilée à la critique de tout un pays et de tout un peuple. Malgré son incontestable talent de juriste, M. Mende aura bien du mal à nous convaincre que Kabila = Lumumba, même en version light.

En guise de conclusion, une phrase : « Il est indéniable que nous avons aussi connu de regrettables ratés, notamment en matière de développement, de progrès social et de droits humains […]. Il importe d’en cerner la teneur et les causes. » L’auteur ? Joseph Kabila, lors de son discours du cinquantenaire, en juin 2010. Qu’avons-nous fait, dans cette enquête, si ce n’est suivre cette lucide et présidentielle recommandation ?

François Soudan
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