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Les revolutions populaires ''spontanees'' (ou provoquees)
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samuel
Grioonaute régulier


Inscrit le: 28 Jan 2005
Messages: 461

MessagePosté le: Jeu 10 Mar 2011 11:02    Sujet du message: Répondre en citant

Suwedi a ecrit:

Citation:
Kainfri se faisant récompenser lors d’une distribution gratuite de bon point par le bwana de Grioo aka "Moussa l’africain" est tout aussi suspect, j’ai vraiment hâte de décortiquer ce nouveau complot !


Salut Suwedi. Je sais pas si tu la connais celle-la mais je vais te la raconter. C'est l'histoire d'un type qui voit deux gars en train de se marrer. Alors il se dit, ''je vais me marrer comme eux.'' Et il se met a se marrer comme les autres. Tout a coup l'un des deux gars s'arrete et lui demande:

-Mais pourquoi tu te marres comme ca?

Et lui il repond:

- Je me marre parce que je vous ai vu vous marrer.

Et le gars se met a se marrer en lui disant:

-Ha! Ha! ...Alors comme ca...Ha! Ha!...Alors comme ca tu te marres...Ha! Ha!...tu te marres juste...Ha! Ha!!...juste parce que tu nous as vu nous marrer?''

Et tous se sont mis a se marrer. Et ils n'ont plus arrete de se marrer.

C'est une histoire de fous n'est-ce pas? Eh Bien! je ne te le fais pas dire...Euh..pardon..rire!

P.S.

Peut-etre que t'en as aussi une a me raconter pour qu'on continue de se marrer?
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Suwedi
Grioonaute 1


Inscrit le: 03 Mai 2006
Messages: 212

MessagePosté le: Ven 11 Mar 2011 10:05    Sujet du message: Répondre en citant

Oui Samuel, j’ai une histoire, ça concerne un blanc évoluant dans un club d’athlétisme au Mozambique au sein duquel il avait toujours le premier rôle dans la catégorie du 100 mètre, jusqu’au jour où un mozambicain fit un meilleur score.

Le blanc ne supportant pas cette compétition et le risque de perdre sa position pris les devants en y substituant dans la boisson de son dangereux rival des dérivés de l’érythropoïétine (EPO), qui par la suite fut ainsi accusé de dopage pour disparaître à jamais de la scène.

Si bien que fort de cette expérience, dorénavant il scrute et juge avec attention le potentiel de ces confrères afin d’y appliquer la même stratégie pour les éliminer de la plus haute marge du podium et exerce avec une grande subtilité une véritable campagne d’information sur le danger du dopage.

Vous l’avez compris il a tellement investie dans le futur des autres qu’il en est devenue insomniaque, Moussa l'africain se reconnaîtra surement lol.


Dernière édition par Suwedi le Ven 11 Mar 2011 10:47; édité 1 fois
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Suwedi
Grioonaute 1


Inscrit le: 03 Mai 2006
Messages: 212

MessagePosté le: Ven 11 Mar 2011 10:12    Sujet du message: Répondre en citant

Un point de vue du Grand Hugo Chavez sur la guerre civile se déroulant en Libye.



Chavez défend sa vérité sur la Libye ! par librepenseur007


Que penser de ces soi-disant frappes aériennes perpétrées sur Tripoli par Khadafi , ont-ils réellement eut lieu comme aime à le préciser le saint sépulcre de l’information immaculé de la vérité que sont les médias occidentaux ?
Pour les officiels Russes observant le ciel libyen depuis leur satellites, elles n’ont jamais eut lieu ! Complot ou pas complot ?




les frappes aériennes en Libye ont elles eu lieu... par hussardelamort
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Suwedi
Grioonaute 1


Inscrit le: 03 Mai 2006
Messages: 212

MessagePosté le: Ven 11 Mar 2011 10:47    Sujet du message: Répondre en citant

Libye : révolte populaire, guerre civile ou agression militaire ?


Interview : Grégoire Lalieu & Michel Collon


Après la Tunisie et l’Egypte, la révolution arabe aurait-elle gagné la Libye ?

Ce qui se passe actuellement en Libye est différent. En Tunisie et en Egypte, le manque de libertés était flagrant. Mais ce sont les conditions sociales déplorables qui ont véritablement poussé les jeunes à la révolte. Tunisiens et Egyptiens n’avaient aucune possibilité d’entrevoir un avenir.

En Libye, le régime de Mouammar Kadhafi est corrompu, monopolise une grande partie des richesses et a toujours réprimé sévèrement toute contestation. Mais les conditions sociales des Libyens sont meilleures que dans les pays voisins. L’espérance de vie en Libye est plus importante que dans le reste de l’Afrique. Les systèmes de santé et d’éducation sont convenables. La Libye est d’ailleurs l’un des premiers pays africains à avoir éradiqué la malaria. Même s’il y a de fortes inégalités dans la répartition des richesses, le PIB par habitant est d’environ 11.000 dollars. Un des plus élevés du monde arabe. Vous ne retrouvez donc pas en Libye les mêmes conditions objectives qui ont conduit aux révoltes populaires en Tunisie et en Egypte.


Comment expliquez-vous alors ce qui se passe en Libye ?

Pour bien comprendre les événements actuels, nous devons les replacer dans leur contexte historique. La Libye était autrefois une province ottomane. En 1830, la France s’empara de l’Algérie. Par ailleurs, le gouverneur égyptien Mohamed Ali, sous tutelle de l’Empire ottoman, menait une politique de plus en plus indépendante. Avec, d’une part, les Français en Algérie et, d’autre part, Mohamed Ali en Egypte, les Ottomans craignaient de perdre le contrôle de la région : ils envoyèrent leurs troupes en Libye.

A cette époque, la confrérie des Senoussis exerçait une influence très forte dans le pays. Elle avait été fondée par Sayid Mohammed Ibn Ali as Senoussi, un Algérien qui, après avoir étudié dans son pays et au Maroc, alla prêcher sa vision de l’islam en Tunisie et en Libye. Au début du 19ème siècle, Senoussi commençait à faire de nombreux adeptes, mais n’était pas bien perçu par certaines autorités religieuses ottomanes qu’il critiquait dans ses prêches. Après un passage en Egypte et à la Mecque, Senoussi décida de s’exiler définitivement en Cyrénaïque, dans l’est de la Libye.

Sa confrérie s’y développa et organisa la vie dans la région, y percevant des taxes, résolvant les conflits entre les tribus, etc. Elle possédait même sa propre armée et proposait ses services pour escorter les caravanes de commerçants passant par là. Finalement, cette confrérie des Senoussis devint le gouvernement de fait de la Cyrénaïque, étendant même son influence jusque dans le nord du Tchad. Mais ensuite, les puissances coloniales européennes s’implantèrent en Afrique, divisant la partie sub-saharienne du continent. Cela eut un impact négatif pour les Senoussis. L’invasion de la Libye par l’Italie entama aussi sérieusement l’hégémonie de la confrérie dans la région.


En 2008, l’Italie a versé des compensations à la Libye pour les crimes coloniaux. La colonisation avait été à ce point terrible ? Ou bien Berlusconi voulait se faire bien voir pour conclure des accords commerciaux avec Kadhafi ?

La colonisation de la Libye fut atroce. Au début du 20ème siècle, un groupe fasciste commença à diffuser une propagande prétendant que l’Italie, vaincue par l’armée éthiopienne à la bataille d’Adoua en 1896, devait rétablir la primauté de l’homme blanc sur le continent noir. Il fallait laver la grande nation civilisée de l’affront infligé par les barbares. Cette propagande affirmait que la Libye était un pays sauvage, habité par quelques nomades arriérés et qu’il conviendrait aux Italiens de s’installer dans cette région agréable, avec son paysage de carte postale.

L’invasion de la Libye déboucha sur la guerre italo-turque de 1911, un conflit particulièrement sanglant qui se solda par la victoire de l’Italie un an plus tard. Cependant, la puissance européenne ne contrôlait que la région de la Tripolitaine et devait faire face à une résistance tenace dans le reste du pays, particulièrement dans la Cyrénaïque. Le clan des Senoussis y appuyait Omar Al-Mokhtar qui dirigea une lutte de guérilla remarquable dans les montagnes. Il infligea de sérieux dégâts à l’armée italienne pourtant mieux équipée et supérieure en nombre.

Finalement, au début des années trente, l’Italie de Mussolini prit des mesures radicales pour éliminer la résistance. La répression devint extrêmement féroce et l’un de ses principaux bouchers, le général Rodolfo Graziani écrivit : « Les soldats italiens étaient convaincus qu’ils étaient investis d’une mission noble et civilisatrice. (…) Ils se devaient de remplir ce devoir humain quel qu’en fût le prix. (…) Si les Libyens ne se convainquent pas du bien-fondé de ce qui leur est proposé, alors les Italiens devront mener une lutte continuelle contre eux et pourront détruire tout le peuple libyen pour parvenir à la paix, la paix des cimetières… ».

En 2008, Silvio Berlusconi a payé des compensations à la Libye pour ces crimes coloniaux. C’était bien sûr une démarche intéressée : Berlusconi voulait bien se faire voir de Kadhafi pour conclure des partenariats économiques. Néanmoins, on peut dire que le peuple libyen a terriblement souffert du colonialisme. Et parler de génocide ne serait pas exagéré.


Comment la Libye gagna-t-elle son indépendance ?

Pendant que les colons italiens réprimaient la résistance en Cyrénaïque, le chef des Senoussis, Idriss, s’exila en Egypte pour négocier avec les Britanniques. Après la Seconde Guerre mondiale, l’empire colonial européen fut progressivement démantelé et la Libye devint indépendante en 1951. Appuyé par la Grande-Bretagne, Idriss prit le pouvoir. Pourtant, une partie de la bourgeoisie libyenne, influencée par le nationalisme arabe qui se développait au Caire, souhaitait que la Libye soit rattachée à l’Egypte. Mais les puissances impérialistes ne voulaient pas voir se développer une grande nation arabe. Elles appuyèrent donc l’indépendance de la Libye en y plaçant leur marionnette, Idriss.


Le roi Idriss répondit-il aux attentes ?

Tout à fait. A l’indépendance, les trois régions qui constituent la Libye - la Tripolitaine, le Fezzan et la Cyrénaïque - se sont retrouvées unifiées dans un système fédéral. Mais il faut savoir que le territoire libyen est trois fois plus grand que la France. A cause du manque d’infrastructures, les limites de ce territoire n’ont pu être clairement définies qu’après l’invention de l’avion. Et en 1951, le pays ne comptait qu’un million d’habitants. De plus, les trois régions nouvellement unifiées avaient une culture et une histoire très différentes. Enfin, le pays manquait de routes permettant aux régions de communiquer. En fait, la Libye était à un stade très arriéré, ce n’était pas une véritable nation.


Pouvez-vous préciser ce concept ?

L’Etat-nation est un concept lié à l’apparition de la bourgeoisie et du capitalisme. En Europe, durant le moyen-âge, la bourgeoisie capitaliste souhaitait développer son commerce sur une échelle aussi large que possible, mais était freinée par toutes les contraintes du système féodal. Les territoires étaient morcelés en de nombreuses petites entités, ce qui imposait aux commerçants de payer un grand nombre de taxes pour livrer une marchandise d’un endroit à un autre. Sans compter les divers privilèges dont il fallait s’acquitter auprès des seigneurs féodaux. Toutes ces entraves ont été supprimées par les révolutions bourgeoises capitalistes qui ont permis la création d’Etats-nations avec de grands marchés nationaux sans entraves.

Mais la nation libyenne a été créée alors qu’elle était encore à un stade précapitaliste. Elle manquait d’infrastructures, une grande partie de la population était nomade et impossible à contrôler, les divisions étaient très fortes au sein de la société, l’esclavage était encore pratiqué… De plus, le roi Idriss n’avait aucun projet pour développer le pays. Il était totalement dépendant des aides US et britanniques.


Pourquoi la Grande-Bretagne et les Etats-Unis le soutenaient-ils ? Le pétrole ?

En 1951, le pétrole libyen n’avait pas encore été découvert. Mais les Anglo-Saxons avaient des bases militaires dans ce pays qui occupe une position stratégique pour le contrôle de la mer Rouge et de la Méditerranée.

Ce n’est qu’en 1954 qu’un riche Texan, Nelson Bunker Hunt, découvrit le pétrole libyen. A l’époque, le pétrole arabe se vendait aux alentours de 90 cents le baril. Mais le pétrole libyen était acheté à 30 cents le baril tellement ce pays était arriéré. C’était peut-être le plus misérable d’Afrique.


De l’argent rentrait pourtant grâce au pétrole. A quoi servait-il ?

Le roi Idriss et son clan, les Senoussis, s’enrichissaient personnellement. Ils redistribuaient également une partie des revenus pétroliers aux chefs des autres tribus pour apaiser les tensions. Une petite élite s’est développée grâce au commerce du pétrole et quelques infrastructures ont été construites, principalement sur la côte méditerranéenne, la partie la plus intéressante pour commercer avec l’extérieur. Mais les zones rurales dans le cœur du pays restaient extrêmement pauvres et des tas de miséreux s’amassaient dans des bidonvilles autour des cités. Cela a continué jusqu’en 1969, quand trois officiers ont renversé le roi. Parmi eux, Kadhafi.


Comment se fait-il que la révolution soit venue d’officiers de l’armée ?

Dans un pays profondément marqué par les divisions tribales, l’armée était en fait la seule institution nationale. La Libye n’existait pas en tant que telle sauf à travers cette armée. A côté de ça, les Senoussis du roi Idriss possédaient leur propre milice. Mais dans l’armée nationale, les jeunes Libyens issus des différentes régions et tribus pouvaient se retrouver.

Kadhafi a d’abord évolué au sein d’un groupe nassériste, mais lorsqu’il a compris que cette formation ne serait pas capable de renverser la monarchie, il s’est engagé dans l’armée. Les trois officiers qui ont destitué le roi Idriss étaient très influencés par Nasser. Gamal Abdel Nasser était lui-même un officier de l’armée égyptienne qui renversa le roi Farouk. Inspiré par le socialisme, Nasser s’opposait à l’ingérence des puissances néocoloniales et prônait l’unité du monde arabe. Il nationalisa d’ailleurs le canal de Suez, jusque là géré par la France et la Grande-Bretagne, s’attirant les foudres et les bombardements de l’Occident en 1956.
Le panarabisme révolutionnaire de Nasser avait eu un effet important en Libye, notamment dans l’armée et sur Kadhafi. Les officiers libyens auteurs du coup d’Etat de 1969 suivirent le même agenda que Nasser.


Quels furent les effets de la révolution en Libye ?

Kadhafi avait deux options. Soit laisser le pétrole libyen aux mains des compagnies occidentales comme l’avait fait le roi Idriss. La Libye serait alors devenue comme ces monarchies pétrolières du Golfe où l’esclavage est encore pratiqué, où les femmes n’ont aucun droit et où des architectes européens peuvent s’éclater à construire des tours farfelues avec des budgets astronomiques qui proviennent en fait des richesses des peuples arabes. Soit suivre une voie indépendante des puissances néocoloniales. Kadhafi a choisi cette deuxième option, il a nationalisé le pétrole libyen, provoquant la colère des impérialistes.

Dans les années 50, une blague circulait à la Maison Blanche, au sein de l’administration Eisenhower qui se développa ensuite en véritable théorie politique sous Reagan. Comment distinguer les bons des mauvais Arabes ? Un bon Arabe fait ce que les Etats-Unis lui disent. En échange, il reçoit des avions, est autorisé à déposer son argent en Suisse, est invité à Washington, etc. Eisenhower et Reagan nommaient ces bons Arabes : les rois d’Arabie Saoudite et de Jordanie, les cheikhs et émirs du Koweït et du Golfe, le Shah d’Iran, le roi du Maroc et bien-sûr, le roi Idriss de Libye. Les mauvais Arabes ? Ceux qui n’obéissaient pas à Washington : Nasser, Kadhafi, Saddam plus tard…


Tout de même, Kadhafi n’est pas très…

Kadhafi n’est pas un mauvais Arabe parce qu’il fait tirer sur la foule. On fait la même chose en Arabie Saoudite ou au Bahreïn et les dirigeants de ces pays reçoivent tous les honneurs de l’Occident. Kadhafi est un mauvais Arabe parce qu’il a nationalisé le pétrole libyen que les compagnies occidentales considéraient - jusqu’à la révolution de 69 - comme leur appartenant. Ce faisant, Kadhafi a apporté des changements positifs en Libye, au niveau des infrastructures, de l’éducation, de la santé, de la condition des femmes, etc.


Bon, Kadhafi renverse la monarchie, nationalise le pétrole, s’oppose aux puissances impériales et apporte des changements positifs en Libye. Pourtant, quarante ans plus tard, c’est un dictateur corrompu, qui réprime l’opposition et qui ouvre à nouveau les portes du pays aux compagnies occidentales. Comment expliquer ce changement ?

Dès le départ, Kadhafi s’est opposé aux grandes puissances coloniales et a généreusement soutenu divers mouvements de libération dans le monde. Je trouve qu’il a été très bien pour ça. Mais pour être complet, il faut aussi préciser que le colonel était anticommuniste. En 1971 par exemple, il fit dérouter vers le Soudan un avion transportant des dissidents communistes soudanais qui furent aussitôt exécutés par le président Nimeyri.

En fait, Kadhafi n’a jamais été un grand visionnaire. Sa révolution était une révolution de nationaliste bourgeois et il a instauré en Libye un capitalisme d’Etat. Pour comprendre comment son régime est parti à la dérive, nous devons analyser le contexte qui n’a pas joué en sa faveur, mais aussi les erreurs personnelles du colonel.
Tout d’abord, nous avons vu que Kadhafi était parti de rien en Libye. Le pays était très arriéré. Il n’y avait donc pas de gens éduqués ou une forte classe ouvrière pour appuyer la révolution. La plupart des personnes ayant reçu une éducation faisaient partie de l’élite qui bradait les richesses libyennes aux puissances néocoloniales. Evidemment, ces gens n’allaient pas soutenir la révolution et la plupart d’entre eux quittèrent le pays pour organiser l’opposition à l’étranger.

De plus, les officiers libyens qui ont renversé le roi Idriss étaient très influencés par Nasser. L’Egypte et la Libye prévoyait d’ailleurs de nouer un partenariat stratégique. Mais la mort de Nasser en 1970 fit tomber le projet à l’eau et l’Egypte devint un pays contre-révolutionnaire, aligné sur l’Ouest. Le nouveau président égyptien, Anouar al-Sadate, se rapprocha des Etats-Unis, libéralisa progressivement l’économie et s’allia avec Israël. Un bref conflit éclata même avec la Libye en 1977. Imaginez la situation dans laquelle se trouvait Kadhafi : le pays qui l’avait inspiré et avec lequel il devait conclure une alliance capitale devenait soudainement son ennemi !

Un autre élément contextuel a joué en défaveur de la révolution libyenne : la baisse importante du cours du pétrole dans les années 80. En 1973, dans le cadre de la guerre israélo-arabe, les pays producteurs de pétrole décidèrent d’un embargo, faisant grimper en flèche le prix du baril. Cet embargo provoqua le premier grand transfert de richesses du Nord vers le Sud. Mais dans les années 80, eut lieu ce qu’on pourrait appeler une contre-révolution pétrolière orchestrée par Reagan et les Saoudiens. L’Arabie Saoudite augmenta considérablement sa production de pétrole et inonda le marché, provoquant une chute radicale des prix. Le baril passa de 35 dollars le baril à 8 dollars.


L’Arabie Saoudite ne se tirait-elle pas une balle dans le pied ?

Cela eut en effet un impact négatif sur l’économie saoudienne. Mais le pétrole n’est pas le plus important pour l’Arabie Saoudite. Sa relation avec les Etats-Unis prime avant tout, car c’est le soutien de Washington qui permet à la dynastie saoudienne de se maintenir au pouvoir.

Ce raz-de-marée pétrolier eut des conséquences catastrophiques pour de nombreux pays producteurs de pétrole qui s’endettèrent. Et tout cela se produisit dix années seulement après la montée au pouvoir de Kadhafi. Le dirigeant libyen, parti de rien, voyait en plus les seuls moyens dont il disposait pour construire quelque chose, fondre comme neige au soleil avec la chute des cours du pétrole.
Notez également que cette contre-révolution pétrolière accéléra la chute de l’URSS, alors empêtrée en Afghanistan. Avec la disparition du bloc soviétique, la Libye perdait son principal soutien politique et se retrouva très isolée sur la scène internationale. Isolement d’autant plus grand que l’administration Reagan avait placé la Libye sur la liste des Etats-terroristes et imposé toute une série de sanctions.


Qu’en est-il des erreurs commises par Kadhafi ?

Comme je l’ai dit, ce n’était pas un grand visionnaire. La théorie développée autour de son livre vert est un mélange d’anti-impérialisme, d’islamisme, de nationalisme, de capitalisme d’Etat et d’autres choses encore. Outre son manque de vision politique, Kadhafi a d’abord commis une grave erreur en attaquant le Tchad dans les années 70. Le Tchad est le cinquième plus grand pays d’Afrique et le colonel, considérant sans doute que la Libye était trop petite pour ses ambitions mégalomaniaques, a annexé la bande d’Aozou. Il est vrai qu’historiquement, la confrérie des Senoussis exerçait son influence jusque dans cette région. Et en 1935, le ministre français des Affaires étrangères, Pierre Laval, voulut acheter Mussolini en lui proposant la bande d’Aozou. Mais finalement, Mussolini se rapprocha d’Hitler et l’accord resta lettre morte.

Kadhafi a néanmoins voulu annexer ce territoire et s’est livré à une lutte d’influence avec Paris dans cette ancienne colonie française. Finalement, les Etats-Unis, la France, l’Egypte, le Soudan et d’autres forces réactionnaires de la région, ont soutenu l’armée tchadienne qui mit en déroute les troupes libyennes. Des milliers de soldats et d’importantes quantités d’armes furent capturés. Le président du Tchad, Hissène Habré, vendit ces soldats à l’administration Reagan. Et la CIA les utilisa comme mercenaires au Kenya et en Amérique latine.

Mais la plus grande erreur de la révolution libyenne est d’avoir tout misé sur les ressources pétrolières. En effet, les ressources humaines sont la plus grande richesse d’un pays. Vous ne pouvez pas réussir une révolution si vous ne développez pas l’harmonie nationale, la justice sociale et une juste répartition des richesses.
Or, le colonel n’a jamais supprimé les discriminations ancestrales en Libye. Comment mobiliser la population si vous ne montrez pas aux Libyens que, quelque soit leur appartenance ethnique ou tribale, tous sont égaux et peuvent œuvrer ensemble pour le bien de la nation ? La majorité de la population libyenne est arabe, parle la même langue et partage la même religion. La diversité ethnique n’est pas très importante. Il était possible d’abolir les discriminations pour mobiliser la population.

Kadhafi a également été incapable d’éduquer le peuple libyen sur les enjeux de la révolution. Il n’a pas élevé le niveau de conscience politique de ses citoyens et n’a pas développé de parti pour appuyer la révolution.



Pourtant, dans la foulée de son livre vert de 1975, il instaure des comités populaires, sorte de démocratie directe.

Cette tentative de démocratie directe était influencée par des concepts marxistes-léninistes. Mais ces comités populaires en Libye ne s’appuyaient sur aucune analyse politique, aucune idéologie claire. Ce fut un échec. Kadhafi n’a pas non plus développé de parti politique pour appuyer sa révolution. Finalement, il s’est coupé du peuple. La révolution libyenne est devenue le projet d’une seule personne. Tout tournait autour de ce leader charismatique déconnecté de la réalité. Et lorsque le fossé se creuse entre un dirigeant et son peuple, la sécurité et la répression viennent combler le vide. Les excès se sont multipliés, la corruption s’est développée de manière importante et les divisions tribales se sont cristallisées.

Aujourd’hui, ces divisions resurgissent dans la crise libyenne. Il y a bien sûr une partie de la jeunesse en Libye qui est fatiguée de la dictature et qui est influencée par les événements en Tunisie et en Egypte. Mais ces sentiments populaires sont instrumentalisés par l’opposition dans l’est du pays qui réclame sa part du gâteau, la répartition des richesses étant très inégale sous le régime de Kadhafi. Bientôt, les véritables contradictions vont apparaître au grand jour.

On ne sait d’ailleurs pas grand-chose sur ce mouvement d’opposition. Qui sont-ils ? Quel est leur programme ? S’ils voulaient vraiment mener une révolution démocratique, pourquoi ont-ils ressorti les drapeaux du roi Idriss, symboles d’un temps où la Cyrénaïque était la province dominante du pays ? Ont-ils demandé leur avis aux autres Libyens ? Peut-on parler de mouvement démocratique lorsque ces opposants massacrent les Noirs de la région ? Si vous faites partie de l’opposition d’un pays, que vous êtes patriotique et que vous souhaitez renverser votre gouvernement, vous tentez cela correctement. Vous ne créez pas une guerre civile dans votre propre pays et vous ne lui faites pas courir le risque d’une balkanisation.




Selon vous, il s’agirait donc plus d’une guerre civile résultant des contradictions entre clans libyens ?

C’est pire, je pense. Il y a déjà eu des contradictions entre les tribus, mais elles n’ont jamais pris une telle ampleur. Ici, les Etats-Unis alimentent ces tensions afin de pouvoir intervenir militairement en Libye. Dès les premiers jours de l’insurrection, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a proposé d’apporter des armes aux opposants. Dans un premier temps, l’opposition organisée sous le Conseil National a refusé toute ingérence des puissances étrangères, car elle savait que cela jetterait le discrédit sur son mouvement. Mais aujourd’hui, certains opposants en appellent à une intervention armée.

Depuis que le conflit a éclaté, le président Obama a dit envisager toutes les options possibles et le sénat US appelle la communauté internationale à décréter une zone de non-vol au-dessus du territoire libyen, ce qui serait un véritable acte de guerre. De plus, le porte-avion nucléaire USS Enterprise, positionné dans le golfe d’Aden pour combattre la piraterie, est remonté jusqu’aux côtes libyennes. Deux navires amphibies, l’USS Kearsage et l’USS Ponce, avec à leur bord plusieurs milliers de marines et des flottes d’hélicoptère de combat, se sont également positionnés dans la Méditerranée.

La semaine passée, Louis Michel, l’ancien commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire de l’Union Européenne, s’est demandé avec force sur un plateau de télévision quel gouvernement aurait le courage de défendre devant son parlement la nécessité d’intervenir militairement en Libye. Mais Louis Michel n’a jamais appelé à une telle intervention en Egypte ou à Bahreïn. Pourquoi ?


La répression n’est-elle pas plus violente en Libye ?

La répression était très violente en Egypte, mais l’Otan n’a jamais positionné des navires de guerre le long des côtes égyptiennes pour menacer Moubarak. On l’a tout juste appelé à trouver une issue démocratique !

Pour la Libye, il faut être très prudent avec les informations qui nous parviennent. Un jour, on parle de 2.000 morts et le lendemain, le bilan est revu à 300. On a aussi dit dès le début de la crise que Kadhafi avait bombardé son propre peuple, mais l’armée russe, qui surveille la situation par satellite, a officiellement démenti cette information. Si l’Otan se prépare à intervenir militairement en Libye, nous pouvons être sûrs que les médias dominants vont diffuser la propagande de guerre habituelle.

En fait, la même chose s’est passée en Roumanie avec Ceausescu. Le soir du réveillon de Noël 1989, le premier ministre belge Wilfried Martens a fait un discours à la télévision. Il a prétendu que les forces de sécurité de Ceausescu venaient de tuer 12.000 personnes. C’était faux. Les images du fameux charnier de Timisoara ont également fait le tour du monde. Elles étaient censées démontrer la violence aveugle du président roumain. Mais il s’est avéré plus tard que tout cela était une mise en scène : des cadavres avaient été sortis de la morgue et placé dans des fosses pour impressionner les journalistes. On a aussi dit que les communistes avaient empoisonné l’eau, que des mercenaires syriens et palestiniens étaient présents en Roumanie ou bien encore que Ceausescu avait formé des orphelins pour en faire des machines à tuer. C’était de la pure propagande pour déstabiliser le régime.

Finalement, Ceausescu et sa femme furent tués après un simulacre de procès qui dura 55 minutes. Bien sûr, tout comme Kadhafi, le président roumain n’était pas un enfant de chœur. Mais que s’est-il passé depuis ? La Roumanie est devenue une semi-colonie de l’Europe. La main d’œuvre bon marché y est exploitée. De nombreux services ont été privatisés au profit des compagnies occidentales et sont hors de prix pour une grande partie de la population. Et maintenant, chaque année, des tas de Roumains vont pleurer sur la tombe de Ceausescu. La dictature était une chose terrible, mais depuis que le pays a été économiquement détruit, c’est pire !


Pourquoi les Etats-Unis voudraient-ils renverser Kadhafi ? Depuis une dizaine d’années, le colonel est devenu à nouveau fréquentable pour l’Occident et a privatisé une grande partie de l’économie libyenne au profit des compagnies occidentales.

Il faut analyser tous ces événements à la lumière des nouveaux rapports de force dans le monde. Les puissances impérialistes sont en déclin alors que d’autres forces sont en plein essor. Récemment, la Chine a proposé de racheter la dette portugaise ! En Grèce, la population est de plus en plus hostile à cette Union Européenne qu’elle perçoit comme une couverture de l’impérialisme allemand. Les mêmes sentiments se développent dans les pays de l’Est. Par ailleurs, les Etats-Unis ont attaqué l’Irak pour s’emparer du pétrole mais au final, seule une compagnie US en profite, le reste étant exploité par des compagnies malaisiennes et chinoises. Bref, l’impérialisme est en crise.

Par ailleurs, la révolution tunisienne a fortement surpris l’Occident. Et la chute de Moubarak encore plus. Washington tente de récupérer ces mouvements populaires, mais le contrôle lui échappe. En Tunisie, le premier ministre Mohamed Ghannouchi, un pur produit de la dictature Ben Ali, était censé assurer la transition et donner l’illusion d’un changement. Mais la détermination du peuple l’a contraint à démissionner. En Egypte, les Etats-Unis comptent sur l’armée pour maintenir en place un système acceptable. Mais des informations me sont parvenues confirmant que dans les innombrables casernes militaires disséminées à travers le pays, de jeunes officiers s’organisent en comités révolutionnaires par solidarité avec le peuple égyptien. Ils auraient même fait arrêter certains officiers associés au régime de Moubarak.

La région pourrait échapper au contrôle des Etats-Unis. Intervenir en Libye permettrait donc à Washington de briser ce mouvement révolutionnaire et d’éviter qu’il ne s’étende au reste du monde arabe et à l’Afrique. Depuis une semaine, des jeunes se révoltent au Burkina-Faso mais les médias n’en parlent pas. Pas plus que des manifestations en Irak.

L’autre danger pour les Etats-Unis est de voir émerger des gouvernements anti-impérialistes en Tunisie et en Egypte. Dans ce cas, Kadhafi ne serait plus isolé et pourrait revenir sur les accords conclus avec l’Occident. Libye, Egypte et Tunisie pourraient s’unir et former un bloc anti-impérialiste. Avec toutes les ressources dont ils disposent, notamment les importantes réserves de devises étrangères de Kadhafi, ces trois pays pourraient devenir une puissance importante de la région. Probablement plus importante que la Turquie.


Pourtant, Kadhafi avait soutenu Ben Ali lorsque le peuple tunisien s’est révolté.

Cela montre à quel point il est faible, isolé et déconnecté de la réalité. Mais les rapports de force changeants dans la région pourraient modifier la donne. Kadhafi pourrait changer son fusil d’épaule, ce ne serait pas la première fois.


Comment pourrait évoluer la situation en Libye ?

Les puissances occidentales et ce soi-disant mouvement d’opposition ont rejeté la proposition de médiation de Chavez. Ce qui laisse entendre qu’ils ne veulent pas d’issue pacifique au conflit. Mais les effets d’une intervention de l’Otan seront désastreux. On a vu ce que cela a donné au Kosovo ou en Afghanistan.

De plus, une agression militaire pourrait favoriser l’entrée en Libye de groupes islamistes qui pourraient s’emparer d’importants arsenaux sur place. Al-Qaïda pourrait s’infiltrer et faire de la Libye un deuxième Irak. Il y a d’ailleurs déjà des groupes armés au Niger que personne ne parvient à contrôler. Leur influence pourrait s’étendre à la Libye, au Tchad, au Mali, à l’Algérie… En fait, en préparant une intervention militaire, l’impérialisme est en train de s’ouvrir les portes de l’enfer !

En conclusion, le peuple libyen mérite mieux que ce mouvement d’opposition qui plonge le pays dans le chaos. Il lui faudrait un véritable mouvement démocratique pour remplacer le régime de Kadhafi et instaurer la justice sociale. En tout cas, les Libyens ne méritent pas une agression militaire. Les forces impérialistes en déroute semblent pourtant préparer une offensive contre-révolutionnaire dans le monde arabe. Attaquer la Libye est leur solution d’urgence. Mais cela leur retomberait sur les pieds.


source : http://www.michelcollon.info/Libye-revolte-populaire-guerre.html
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Suwedi
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MessagePosté le: Ven 11 Mar 2011 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

On ne peut pas faire plus conspirationniste qu'Alex Jones, une radio que j'écoute touts les jours que Dieu-Amon fait ! Dans une de ces émissions un pasteur du nom de Lindsey Williams enquêtant sur les implications de la marée noire de BP, a pu avoir des informations très intéressante 8 mois plus tôt sur l'élaboration par les élites américaines d'une crise majeur qui devrait ébranler touts le moyen-orient :


1/2 Lindsey Williams : avenir des pétro-dollars... par hussardelamort



2/2 Lindsey Williams: les réserves de pétrole US... par hussardelamort
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samuel
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MessagePosté le: Ven 11 Mar 2011 16:04    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Suwedi. Merci pour ces interventions tout a fait edifiantes. J'ai surtout aime l'analyse sur la Libye (j'y reviendrai). En fait, certains veulent toujours nous empecher de nous poser des questions et de tenter de d'analyser les phenomenes politiques au-dela de leurs manifestations mediatiques (ce qu'ils voient a la tele et ce que leur en dit la presse de Bwana). Comme ils manquent d'imagination, ils ne savent rien faire d'autre que de decrocher les formules creuses du pret-a-penser politique; formules du genre ''theorie du complot'', ''paranoia'', etc. par lesquelles on essaye de disqualifier les discours qui vont a contre-courant du sens commun. C'est chez eux un reflexe pavlovien.

Avec toutes les precautions oratoires que j'ai prises et le fait que des le debut j'aie dit que je ne faisais que me poser des questions, que je n'affirmais rien et n'avais aucune certitude, je ne vois donc pas ce qui me vaut toutes ces attaques et ces railleries stupides. Fallait-il que je ne m'interroge pas tout simplement parce que certains ne veulent voir dans ces evenements que ce que les media en disent?

Voici ce que j'ai ecrit quand je m'adressais a Jofrere. Je voudrais bien qu'on me dise ce qui la-dedans n'est pas une interrogation legitime.

Citation:
Tout d'abord, il faut eviter tout sentimentalisme et tenter d'analyser froidement les choses, sans se laisser tromper par l'euphorie du moment car de telles 'revolutions'' comprennent toujours des acteurs de toute nature dont les motivations sont differentes. Donc je ne veux pas dire qu'il n'y pas des gens sinceres ou de vrais revolutionnaires dans les foules que tu vois a la tele, mais ils ne sont malheureusemnbt pas seuls et je pense que tu te trompes tres lourdement si tu crois que la CIA ou n'importe quelle autre puissance reste les bras croises devant de tels evenements. Tu te trompes encore plus lourdement si tu crois que les ''revolutionnaires'' ont toujours et a tout moment l'initiative du mouvement, de sa direction et de ses objectifs. C'est toujours une lutte ou des acteurs multiformes interviennent et l'issue du combat dependra du rapport de forces qui sera finalement etabli. Que ce soit a l'origine du mouvement ou durant son processus, tu as toujours des forces opposees qui luttent pour imposer leurs vues et il n'y a aucun doute que la CIA a eu une main et continuera d'avoir une main dans l'affaire. Donc il n'est pas impossible qu'au lieu d'etre ''progressiste'' ceci debouche sur une regression.
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Kainfri
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MessagePosté le: Sam 12 Mar 2011 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

Suwedi a écrit:
Moussa l'Africain a écrit:
Allons Kainfri, pourquoi ne vous inclinez-vous pas devant la perspicacité des experts en géopolitique, qui parviennent depuis leur PC à percer à jour les complots les plus obscurs ?

Votre scepticisme est suspect, vous devez être un agent à la solde de la CIA et du complot judéo-galactique, plus précisément chargé de la désinformation.



Kainfri se faisant récompenser lors d’une distribution gratuite de bon point par le bwana de Grioo aka "Moussa l’africain" est tout aussi suspect, j’ai vraiment hâte de décortiquer ce nouveau complot ! Laughing

Par contre c'est vrai qu'expliquer la destitution de Moubarak par les américains seraient assez contradictoire au vue de l’énorme intérêt qu'il suscite dans cette région stratégique pour Israël. Mais il y a quelque piste intéressante qui pourrait expliquer ce fait, notamment le rapprochement entre Moubarak et Ahmadinedjad ... dans une volonté d’apaisement commune entre sunnite et chiite initié par ce premier, ce qui est inacceptable aussi bien pour les Israéliens et les américains !

Sauf que si Moubarak est parti, tout le système (largement subventionné par l'armée américaine) reste en place.

Comme je l'ai souvent dit, la géopolitique est très très compliquée, et les explications simplistes...
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Sound
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MessagePosté le: Dim 13 Mar 2011 03:11    Sujet du message: Répondre en citant

Moi je dis que Moubarak il est gentil avec les Noirs, que Ben Ali il est gentil avec les Noirs, Qu'Amadinejab il est gentil avec les Noirs, que Kadhafi il est gentil avec les Noirs, que les Émirs du Golfe sont gentils avec les Noirs et que TOUS doivent rester à leur poste, même Goebbels, Himmler et Hitler !

Je suis un Noir tellement imbibé de discours griotesque que j'admets absolument TOUT sans réfléchir !

Tout le monde est gentil, ouais, j'en suis sur !

Je suis un noir, soumis aux Arabes, mes Maîtres, parce qu'ils sont, eux aussi, Africains !

Oui, je vénère les Arabes, même s'ils ont émasculé nombre de mes ancêtres et nombre de Grioonautes !
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samuel
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MessagePosté le: Lun 14 Mar 2011 11:42    Sujet du message: Répondre en citant

Kainfri a ecrit:

Citation:
Sauf que si Moubarak est parti, tout le système (largement subventionné par l'armée américaine) reste en place.

Comme je l'ai souvent dit, la géopolitique est très très compliquée, et les explications simplistes


Puisque c'est ce que tu penses aussi j'aimerais bien que tu me dises en quoi ton point de vue est different du mien puisaue c'est ce que je me suis efforce de demontrer. Ou bien est-ce que c'est tout juste un reflexe chez toi?

Voici entre autres ce que j'ecrivais:


Citation:
Jofrere et autres, je vous invite a lire l'article qui suit. Vous me direz ensuite si c'est une revolution qu'il y a eu en Egypte ou non car pour moi une revolution ne signifie pas seulement les gens dans la rue ou la fuite du president, fut-il un dictateur ou l'alternance politique ou meme le changement de personnel politique. Une revolution, ce n'est pas seulement un changement au sommet de L'Etat. C'est un changement structurel et social et politique profond qui se traduit notamment par l'arrivee au pouvoir des couches et classes sociales qui en etaient exclues. Or ce n'est pas a ce que nous sommes en train d'assister actuellement. Et en Tunisie et en Egypte, l'armee, le pilier de L'Etat est reste la meme dans sa composition et son role. C'est la meme oligarchie qui conserve l'essentiel du pouvoir. Seuls les dictateurs et quelques personnes qui leur sont liees ne sont plus la.


Maintenant, nous ne savons pas quel est le rapport de force qui sera finalement instaure. De cela dependra l'issue finale de cette lutte. Il faut donc lire attentivement ce que les gens disent au lieu de ressasser tes prejuges sur les uns et les autres.
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Suwedi
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MessagePosté le: Jeu 17 Mar 2011 13:24    Sujet du message: Répondre en citant

Proche-Orient : la contre-révolution d’Obama


Après avoir hésité sur la conduite à tenir face aux révolutions arabes, l’administration Obama a choisi la manière forte pour sauver ceux de ses vassaux qui peuvent l’être encore. Comme par le passé, c’est l’Arabie saoudite qui a été chargée de mener la contre-révolution. Riyad a réussi à faire reconnaître ses pions libyens par la communauté internationale au détriment des insurgés et vient d’envahir le Bahreïn, écrasant dans le sang la révolte populaire.
Notez


Thierry Meyssan
Jeudi 17 Mars 2011


A la demande du roi Hamad ibn Isa Al-Khalifa et avec le soutien des Etats-Unis, les troupes saoudiennes entrent dans Bahreïn pour y écraser la révolte (14 mars 2011)
A l’issue d’une réunion au palais de l’Elysée avec trois émissaires de la rébellion, le président Nicolas Sarkozy a annoncé, le jeudi 10 mars 2011, que la France ne reconnaissait plus le régime du colonel Khadafi comme représentant la Libye, mais le Conseil national libyen de transition (CNLT).
Il s’agit là d’un acte contraire à toute la tradition diplomatique française qui, jusqu’à présent, ne reconnaissait pas des gouvernements, mais des Etats. Cette décision fait suite à une autre par laquelle, le 4 décembre 2010, la France a reconnu Alassane Ouattara comme président de la Côte d’Ivoire en remplacement de Laurent Gbagbo.

Paris, qui a été suivi par la majorité de la Communauté internationale dans le cas ivoirien, espère l’être aussi dans le cas libyen. Il n’échappe cependant à personne que les décisions du président Nicolas Sarkozy n’ont pas été prises dans l’intérêt de la France —dont les entreprises sont chassées de Côte d’Ivoire et ne tarderont pas à l’être de Libye—, mais à la demande expresse des administrations Obama et Netanyahu.
Deux opérations se jouent simultanément : le déplacement du dispositif militaire US du Proche-Orient vers l’Afrique, et le sauvetage des régimes arabes fantoches.

Faire entrer les troupes impériales en Afrique
Ainsi que je n’ai cessé de l’expliquer depuis quatre ans et demi, la victoire de la Résistance libanaise face à Israël à l’été 2006 a mis fin à la stratégie états-unienne de remodelage du « Proche-Orient élargi » (Greater Middle East) [1]. Malgré diverses tentatives, dont la « main tendue » par Barack Obama lors de son discours du Caire [2], Washington n’est pas parvenu à élaborer de stratégie de remplacement. Apparemment tout continue comme avant, mais en réalité les États-Unis se désinvestissent lentement de cette région. Au demeurant, les réserves pétrolières du Proche-Orient étant en déclin alors qu’un investissement militaire massif et coûteux ne rapporte qu’à long terme, Washington a tourné son regard dans d’autres directions.

Après avoir envisagé de se concentrer sur les Caraïbes, c’est sur l’Afrique que l’Empire a jeté son dévolu. Il faut faire vite, car en 2013, un quart du pétrole et des matières premières consommés aux États-Unis proviendra du continent noir. Définitivement convaincu par les travaux du think tank israélien Institute for Advanced Strategic & Political Studies (IASPS), Washington a accéléré la création de l’AfriCom. Le véritable pouvoir qui gouverne les États-Unis depuis le coup d’État du 11 septembre 2001 a alors hissé Barack Obama à la Maison-Blanche et le général William E. Ward à l’AfriCom.

On se souvient que le sénateur d’origine kenyanne Barack Obama a travaillé activement à la création de ce dispositif et a entrepris une tournée spéciale en Afrique en août 2006 qui se termina par un débriefing au siège de l’AfriCom à Stuttgart. Il s’était particulièrement occupé des intérêts des firmes pharmaceutiques sur le continent noir et de la préparation de la partition du Soudan [3]. Le général Ward, quand à lui, n’est pas seulement un noir américain, il est aussi l’ancien responsable de l’assistance sécuritaire US à l’Autorité palestinienne, c’est-à-dire le coordinateur de sécurité entre Mahmoud Abbas et Ariel Sharon. Il fut chargé de la mise en œuvre de la « Feuille de route » et du retrait unilatéral des forces israéliennes de Gaza, préalable à la construction du Mur de séparation, à la séparation des Territoires palestiniens en deux (Gaza et la Cisjordanie) et à leur transformation en « bantoustans » distincts.

Le conflit de Côte d’Ivoire, qui oppose Laurent Gbagbo (élu par la majorité des Ivoiriens) à Alessane Ouattara (soutenu par une minorité d’Ivoiriens et par les immigrés burkinabés) amorce le plan de « remodelage de l’Afrique ». Encore faut-il trouver une porte d’entrée pour les troupes impériales, alors que tous les États africains se sont officiellement opposés au déploiement de l’AfriCom sur leur territoire. C’est là que le soulèvement libyen intervient.

La vague de révolte contre l’impérialisme qui agite le monde arabe depuis décembre 2010 a fait tomber le gouvernement de Saad Hariri au Liban, a provoqué la fuite de Zine el-Abbidine Ben Ali hors de Tunisie, la chute d’Hosni Moubarak en Égypte, des troubles au Yémen, à Bahrein et en Arabie saoudite, et des affrontements en Libye. Dans ce pays, le colonel Mouammar Khadafi s’appuie sur les Kadhafa (tribu du Centre) et la majorité des Makarha (tribu de l’Ouest). Il doit faire face à une vaste coalition qui, outre les Warfala (tribu de l’Est), compte aussi bien des monarchistes pro-occidentaux et des intégristes wahhabites que des révolutionnaires communistes ou khomeinistes. Washington a transformé cette insurrection en guerre civile : les mercenaires africains de la société israélienne CST Global sont venus sauver Khadafi [4], tandis que les mercenaires afghans des services secrets saoudiens sont venus appuyer les monarchistes et des groupes islamistes labellisés « Al-Qaeda ».
Outre les combats, la situation provoque une crise humanitaire internationale : en deux semaines, 230 000 immigrés ont fuit le pays (118 000 vers la Tunisie, 107 000 vers l’Égypte, 2 000 vers le Niger, et 4 300 vers l’Algérie).

Cette situation cruelle justifie une nouvelle « guerre humanitaire », selon la terminologie éculée de la communication atlantique.
Le 27 février, les insurgés fondent le Conseil national libyen de transition (CNLT). De son côté, le ministre de la Justice Moustafa Mohamed Aboud al-Djeleil, qui était l’interlocuteur privilégié de l’Empire au sein du gouvernement Kadhafi, se rallie à la révolution et créé un Gouvernement provisoire. Les deux structures fusionnent le 2 mars : l’étiquette CNLT est conservée, mais le Conseil est désormais présidé par Aboud al-Djeleil. En d’autres termes, Washington a réussi à placer son pion à la tête de l’insurrection.

Les premiers débats du CNLT nouvelle formule donnent lieu à de vifs échanges. Les pro-US proposent de faire faire appel à l’ONU pour empêcher les bombardements de l’armée loyaliste, ce que la majorité refuse. Le 5 mars, un diplomate britannique et une escorte de commandos des SAS débarquent par hélicoptère à Benghazi. Ils tentent de rencontrer le CNLT et de le persuader de faire appel au Conseil de sécurité, mais les insurgés refusent toute ingérence étrangère et les expulsent.
Coup de théâtre : Aboud al-Djeleil, qui ne parvient pas à faire évoluer la position du CNLT, le convainc d’instituer un Comité de crise présidé par Mahmoud Djebril. Ce dernier prend position en faveur de la zone d’exclusion aérienne.

Mahmoud Djebril (ministre de la planification) et Ali Essaoui (ambassadeur en Inde) ont rejoint les insurgés et ont été choisis par les Occidentaux pour représenter la Libye de l’après-Khadafi.

Les agences de presse occidentales s’efforcent de présenter Mahmoud Djebril comme « un intellectuel démocrate » qui réfléchissait depuis longtemps à l’évolution du pays et avait rédigé un projet intitulé Vision libyenne. En réalité, il siégeait aux côtés de son ami al-Djeleil dans le gouvernement Khadafi où il était ministre de la Planification. A l’instar de ce qui s’est passé dans les premiers jours des révolutions tunisienne et égyptienne, des cadres du régime tentent de se désolidariser du dictateur pour rester au pouvoir. Ils croient y parvenir en détournant le processus révolutionnaire et en servant les intérêts impériaux. Les voici maintenant qui agitent le drapeau rouge-noir-vert à l’étoile et au croissant du roi Idriss [5], tandis que Mohammed el-Senoussi, le prétendant au trône, déclare depuis Londres aux chaînes de télévisions saoudiennes qu’« Il est prêt à servir Son peuple ».


Le 7 mars, le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui réunit l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, « demande au Conseil de sécurité de l’ONU de prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils en Libye, dont l’imposition d’une zone d’exclusion aérienne ». Cette déclaration saugrenue dévie le débat du Conseil de sécurité qui, depuis la résolution 1970 [6], cherchait à faire entendre raison au colonel Khadafi en limitant ses déplacements et en gelant ses avoirs. Le CCG reprend au niveau étatique la proposition émise par l’ambassadeur de Libye à l’ONU, déjà rallié au CNLT.
Prétendument à l’initiative de députés, Mahmoud Djebril se rend à Strasbourg pour informer le Parlement européen de la situation dans son pays. Son transport est organisé par l’armée française. Sous l’impulsion du libéral belge Guy Verhofsdat et de l’écologiste franco-allemand Daniel Cohn-Bendit, le Parlement adopte une résolution appelant à une intervention internationale [7].
Le Premier ministre britannique David Cameron et le président français Nicolas Sarkozy adressent une lettre en sept points au président de l’Union européenne Herman van Rompuy [8]. Ils souhaitent que le Conseil européen extraordinaire reconnaisse le CNLT, soutienne une mise en accusation de Khadafi par le Tribunal pénal international et approuve une intervention militaire internationale. Cependant, leurs demandes sont rejetées [9]. L’Allemagne refuse de s’engager sur un terrain mouvant, tandis que la Bulgarie récuse le CNLT et accuse son président —Aboud al-Djeleil— d’être un criminel impliqué dans les tortures des infirmières bulgares longuement détenues par le régime.
Simultanément, les ministres de la Défense de l’OTAN se réunissent à Bruxelles pour préparer une possible zone d’exclusion aérienne [10].
Le CNTL —que la France a reconnu le 10 mars— remet le 12 mars une lettre au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Le texte reprend la position saoudienne : il demande de « mettre fin à l’effusion de sang par le biais d’une décision imposant une zone d’exclusion aérienne en Libye et en reconnaissant le Conseil national de transition comme représentant de la Libye ». Immédiatement réunis à huis clos au Caire, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe récusent la délégation officielle libyenne et reconnaissent le CNTL comme nouvel interlocuteur, puis ils satisfont à sa demande et saisissent le Conseil de sécurité des Nations Unies pour établir la « zone de non-survol ».
Cette décision doit être comprise pour ce qu’elle est : les régimes arabes fantoches, mis en place par les États-Unis et Israël font appel à leurs suzerains pour se maintenir. Le Conseil de sécurité peut décréter une zone d’exclusion aérienne, mais il ne peut pas la faire respecter. La mise en œuvre reviendra à l’OTAN. Ce sont donc les forces impériales, déguisées avec des casques bleus, qui cloueront au sol l’aviation libyenne en bombardant ses aéroports et ses installations fixes et mobiles de missiles sol-air, puis éventuellement, en abattant ses appareils en vol.
La Ligue arabe n’a pas indiqué le détail du vote. Sur 22 États membres, seuls 2 ont voté non : l’Algérie, qui craint la présence de l’OTAN sur sa frontière Est, et la Syrie, qui persiste seule contre tous à résister à l’hégémonie états-unienne et au sionisme. Il est probable que le Liban et d’autres se sont abstenus.
Contrairement à ce que laissent entendre les responsables occidentaux, l’Union africaine n’a jamais souhaité une intervention militaire étrangère. Au contraire, elle l’a explicitement rejetée le 10 mars [11]. Et pour cause : il est clair pour chacun de ses membres que le drame libyen est volontairement amplifié pour servir de prétexte au débarquement massif des forces armées états-uniennes en Afrique.
Sauver les monarchies du Golfe
Dans le Golfe, l’Arabie saoudite est le centre du dispositif impérial.

Au début du XXe siècle, cet État a été créé par la famille des Saoud avec l’appui des Britanniques, à l’issue de guerres de conquête extrêmement meurtrières. Avec ses réserves pétrolières —les plus importantes du monde—, il est tombé dans l’orbite états-unienne à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’accord du Quincy, conclu entre le roi Ibn Saoud et le président Roosevelt, fait obligation aux Saoud d’approvisionner en pétrole les États-Unis et fait obligation aux États-Unis de protéger la famille régnante (et non le pays).
L’Arabie saoudite n’est pas à proprement parler un État et n’a pas de nom, c’est juste la partie d’Arabie appartenant aux Saoud. Ceux-ci la gèrent dans leur intérêt personnel (et celui des États-Unis) et mènent ostensiblement une vie de débauche bien éloignée de l’austérité wahhabite dont ils se réclament. Le roi Ibn Saoud ayant eu 32 épouses et 53 fils, il a été convenu pour limiter les conflits familiaux que la couronne ne se transmettrait pas de père en fils, mais de frère à frère. Son fils aîné étant mort de maladie, c’est son fils cadet, alors âgé de 51 ans, qui lui succéda en 1953. Puis son troisième fils, alors âgé de 60 ans, en 1964, et ainsi de suite. Le roi actuel est âgé de 87 ans, il a récemment subi de lourdes opérations et n’en a probablement plus pour longtemps à vivre. Son frère Sultan, qui devrait lui succéder, est atteint de la maladie d’Alzheimer.
De tout cela, il résulte un régime impopulaire et fragile, qui a déjà failli s’effondrer en 1979. C’est pourquoi aussi bien Riyad que Washington observent avec crainte les insurrections arabes qui le cernent, au Yémen et au Bahreïn.
L’armée saoudienne est déjà présente au Yémen. Avec l’aide de la CIA, elle espère aider le président Ali Abdullah Saleh à mater la révolte. Reste Bahreïn.
Bahreïn est une petite île de la taille de la Micronésie ou de l’île de Man. Au XVIIIe siècle, elle a été prise à la Perse par les Al-Khalifa (des cousins de la famille régnante au Koweït). La monarchie est donc sunnite alors que la population d’origine est arabe chiite. À la différence des autres monarchie du Golfe, son économie n’est pas centrée sur la rente pétrolière. Il y a cependant une forte immigration (environ 40 % de la population totale), principalement venue d’Iran et d’Inde.


En 1923, le Bahreïn est tombé dans l’orbite britannique. Londres a déposé l’émir et placé son fils, plus conciliant, sur le trône. Durant les années 50 et 60, nationalistes arabes et communistes tentèrent de libérer le pays. Le Royaume-Uni répondit en dépêchant ses meilleurs spécialistes en répression, dont Ian Henderson, désormais connu comme le « boucher de Bahreïn ». En définitive, le pays retrouva son indépendance en 1971, mais ce fut pour tomber dans l’orbite des États-Unis qui y installèrent leur base militaire navale régionale et y attachèrent la Ve flotte. Les années 80 furent le théâtre de nouveaux troubles, inspirés par l’exemple de la Révolution iranienne. Dans les années 90, l’ensemble des forces d’oppositions s’unirent —à la fois marxistes, nationalistes arabes et khomeinistes— durant une longue intifada.

Le calme ne revint qu’en 1999 avec la montée sur le trône du roi Ahmad. Despote éclairé, il institua une Assemblée consultative élue et favorisa l’accès des femmes aux postes à responsabilité, ce qui lui concilia son opposition historique, mais lui aliéna les extrémistes de la minorité sunnite sur laquelle repose son régime.

Depuis le 14 février 2011, des manifestations se succèdent dans l’île. Initialement organisées par le Wefaq, le parti khomeiniste, elles dénonçaient la corruption et le système policier. Il s’agissait de réformer la monarchie et non de l’abolir. Cependant, le succès populaire du mouvement et la brutalité de la répression ont conduit à une rapide radicalisation, malgré une timide tentative d’ouverture du prince héritier [12].


La monarchie a perdu sa légitimité après les révélations du resserrement de ses liens avec le mouvement sioniste. Depuis 2007, les Khalifa ont tissé des liens avec l’American Jewish Committee. Selon l’opposition bahreïnie, ils ont été noués par l’entremise d’Alain Bauer, le conseiller du président français chargé de la refonte du système policier bahreïni.

Le secrétaire US à la Défense, Robert Gates, est venu le 13 mars 2011 à Manama rencontrer le roi de Bahreïn pour lui apporter le soutien des Etats-Unis. Le lendemain, l’armée saoudienne est entrée dans le royaume pour écraser la rébellion.

Désormais, la plupart des manifestants luttent pour le renversement de la monarchie ; ce qui constitue la ligne rouge à ne pas franchir aux yeux des autres monarchies du Golfe et de leur protecteur états-unien. C’est pourquoi le secrétaire US à la Défense, Robert Gates, s’est rendu le 13 mars à Manama. Officiellement, il a invité le roi à prendre en compte les réclamations de son peuple et à trouver une issue paisible au conflit. Bien sûr, ce type de conseil ne ressort pas d’un secrétaire à la Défense, mais d’un secrétaire d’État. En réalité, M. Gates est venu conclure le volet politique d’une opération militaire déjà prête.

Le lendemain 14 mars, les cinq autres monarchies du Conseil de coopération du Golfe ont donné leur accord pour l’activation du « Bouclier de la péninsule », une force d’intervention commune, prévue de longue date pour contenir la possible expansion de la Révolution khomeiniste. Le soir même, 1 000 soldats saoudiens et 500 policiers émiratis sont entrés à Bahreïn.

L’état d’urgence a été décrété pour trois mois. Le peu de libertés qui étaient tolérées ont été suspendues. Le 16 mars à l’aurore, les forces des monarchies coalisées, armées et encadrées par les États-Unis, ont délogé les manifestants des lieux où ils campaient, utilisant des gaz de combat à la place de gaz lacrymogènes, et des tirs à balles réelles. Les autorités reconnaissent plus de 1 000 blessés graves, dont plusieurs centaines par balles, mais uniquement 5 morts, ce qui est un ratio peu crédible.


Washington a donc tranché. Après avoir tenu un discours lénifiant sur les Droits de l’homme et avoir salué avec un enthousiasme forcé le « printemps arabe », l’administration Obama a choisi la force pour sauver ce qui peut l’être encore.

Comme lorsque les communistes renversèrent la monarchie afghane, c’est le vassal saoudien qui a été chargé par Washington de conduire la contre-révolution. Il a armé une faction de l’opposition libyenne, et a substitué au débat onusien sur des sanctions contre la Libye, le débat sur la création d’une zone d’exclusion aérienne, c’est-à-dire sur l’intervention militaire. Il est intervenu militairement à Bahreïn.
Rien ne distingue la « doctrine Obama » de la « doctrine Brejnev ». En 1968, les chars du Pacte de Varsovie mettaient fin au « printemps de Prague » pour préserver l’Empire soviétique vacillant. En 2011, les blindés saoudiens écrasent le peuple bahreïni pour préserver l’Empire anglo-saxon.

L’opération a été conduite dans le silence assourdissant des médias occidentaux, hypnotisés par les catastrophes naturelles et nucléaires qui frappent le Japon au même moment.
La Révolution française avait dû faire face à l’invasion des monarchies coalisées. La Révolution russe a dû affronter les armées blanches. La Révolution iranienne a dû résister à l’invasion irakienne. La Révolution arabe doit désormais vaincre l’armée saoudienne.


Thierry Meyssan
Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).



[1] Lire : L’Effroyable imposture 2. Manipulations et désinformations, par Thierry Meyssan, Editions Alphée-JP Bertrand, 2007.
[2] « Discours à l’université du Caire », par Barack Obama ; « Le discours d’Obama au Caire », par Fidel Castro Ruz ; « Obama et les arrières-pensées de la main tendue aux musulmans », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 et 9 juin 2009
[3] « L’esperienza politica africana di Barack Obama », par Thierry Meyssan, in Eurasia, Rvista di Studi Geopolitici, Vol. 3, 2009.
[4] « Israël vole au secours de son allié Khadafi », « La société de mercenariat CST Global et le criminel de guerre Israel Ziv nous écrivent », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 3 et 7 mars 2011.
[5] « Quand flottent sur les places libyennes les drapeaux du roi Idris », par Manlio Dinucci, Réseau Voltaire, 1er mars 2011.
[6] « Résolution 1970 du Conseil de sécurité », Réseau Voltaire, 26 février 2011.
[7] « Résolution du Parlement européen sur le voisinage sud, en particulier la Libye », Réseau Voltaire, 10 mars 2011.
[8] « Lettre conjointe de Nicolas Sarkozy et David Cameron à Herman Van Rompuy sur la Libye », Réseau Voltaire, 10 mars 2011.
[9] « Déclaration du Conseil européen sur le voisinage sud, en particulier la Libye », « Remarks by Herman Van Rompuy at the press conference following the extraordinary European Council on EU Southern Neighbourhood and Libya », Réseau Voltaire, 11 mars 2011.
[10] « Press conference by Anders Fogh Rasmussen on Libya », Voltaire Network, 10 mars 2011.
[11] « Communiqué de l’Union africaine sur la Libye », Réseau Voltaire, 10 mars 2011.
[12] « Crown Prince Salman bin Hamad bin Isa Al Khalifa interview with Bahrain TV », Voltaire Network, 6 mars 2011.


Jeudi 17 Mars 2011

http://www.alterinfo.net/Proche-Orient-la-contre-revolution-d-Obama_a56398.html
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Olmeque
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MessagePosté le: Lun 21 Mar 2011 20:54    Sujet du message: Et pour la Libye Répondre en citant

Salut,

En ce qui concerne la Libye, les journalistes nord americains l'envisageaient déjà avant la fin des revoltes tunisiennes. Alors le fait qu'on se demande si les politiciens l'esperaient est normal...

http://www.youtube.com/watch?v=K3MDeMWn89o&feature=player_embeddedhttp://www.youtube.com/watch?v=K3MDeMWn89o&feature=player_embedded
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samuel
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MessagePosté le: Sam 16 Avr 2011 15:26    Sujet du message: Répondre en citant

Cette fois-ci c'est le tres serieux New York Times, le journal le plus credible aux Etats-Unis, qui l'affirme: Washington a bel et bien sa main dans ce qui se passe dans le monde arabe. Aussi bien en amaont qu'en aval elle a tente de ''provoquer'' et plus tard d'instrumentaliser ces revolutions. Ce qui ne veut pas dire pour autant que certaines d'entre elles (telles que celles d'Egypte et de Tunisie par exemple au contraire de celle de Libye) ne sont pas pour autant de ''vraies'' revolutions du moins dans leur phase actuelle ou les forces populaires tentent d'en preserver les acquis et de les orienter dans le sens de leurs interets tout en se heurtant a la resistance des forces retrogrades qui tentent (en ce moment difficilement) d'en controler et pervertir les objectifs.

Afin que les specialistes de l'amalgame et les pecheurs en eau trouble ne transforment mes propos et n'essayent de me faire dire ce que je n'ai pas dit, je repete donc ce que j'avais ecrit:

Citation:
C'est toujours une lutte ou des acteurs multiformes interviennent et l'issue du combat dependra du rapport de forces qui sera finalement etabli. Que ce soit a l'origine du mouvement ou durant son processus, il y a toujours des forces opposees qui luttent pour imposer leurs vues...'


Et voici l'article du Courrier International:

Citation:
Révoltes arabes • Le rôle joué par Washington
(Courrier International 16/04/2011)

Plusieurs organisations financées par l'Etat américain ont joué un rôle en amont dans les soulèvements du monde arabe, révèle The New York Times.

Parmi celles-ci : l'ONG Freedom House, basée à Washington, ainsi que l'International Republican Institute et le National Democratic Institute, organisations affiliées aux deux grands partis américains.

Si ces organisations n'ont pas déclenché les hostilités contre les autocrates locaux, cela fait plusieurs années qu'elles contribuent au financement et à la formation des militants prodémocratie dans la région, souligne le quotidien américain.

Elles ont notamment apporté leur soutien aux dirigeants du mouvement de la jeunesse du 6 avril en Egypte, du Centre pour les droits de l'homme de Bahreïn, ainsi qu'au jeune leader yéménite Entsar Qadhi.


© Copyright Courrier International


Et voici l'article original du New York Times, paru dans l'edition du 14 Avril. Il est expressement intitule: ''U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings'' (des groupes americains ont contribue a faire ''couver'', ou mieux, ''fomenter'' les soulevements arabes). Ils ajoutent plus loin que ces groupes ont joue un role tres important dans l'incitation aux protestations. Ce qui, comme je l'ai dit plus haut, ne remet pas pour autant en cause le caractere ''populaire'' et ''revolutionnaire'' de ces mouvements selon les acteurs et les objectifs affiches a differentes phases du processus.

Citation:
U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings
By RON NIXON
Published: April 14, 2011

WASHINGTON — Even as the United States poured billions of dollars into foreign military programs and anti-terrorism campaigns, a small core of American government-financed organizations were promoting democracy in authoritarian Arab states.

The money spent on these programs was minute compared with efforts led by the Pentagon. But as American officials and others look back at the uprisings of the Arab Spring, they are seeing that the United States’ democracy-building campaigns played a bigger role in fomenting protests than was previously known, with key leaders of the movements having been trained by the Americans in campaigning, organizing through new media tools and monitoring elections.

A number of the groups and individuals directly involved in the revolts and reforms sweeping the region, including the April 6 Youth Movement in Egypt, the Bahrain Center for Human Rights and grass-roots activists like Entsar Qadhi, a youth leader in Yemen, received training and financing from groups like the International Republican Institute, the National Democratic Institute and Freedom House, a nonprofit human rights organization based in Washington, according to interviews in recent weeks and American diplomatic cables obtained by WikiLeaks.

The work of these groups often provoked tensions between the United States and many Middle Eastern leaders, who frequently complained that their leadership was being undermined, according to the cables.
The Republican and Democratic institutes are loosely affiliated with the Republican and Democratic Parties. They were created by Congress and are financed through the National Endowment for Democracy, which was set up in 1983 to channel grants for promoting democracy in developing nations. The National Endowment receives about $100 million annually from Congress. Freedom House also gets the bulk of its money from the American government, mainly from the State Department.
No one doubts that the Arab uprisings are home grown, rather than resulting from “foreign influence,” as alleged by some Middle Eastern leaders.

“We didn’t fund them to start protests, but we did help support their development of skills and networking,” said Stephen McInerney, executive director of the Project on Middle East Democracy, a Washington-based advocacy and research group. “That training did play a role in what ultimately happened, but it was their revolution. We didn’t start it.”
Some Egyptian youth leaders attended a 2008 technology meeting in New York, where they were taught to use social networking and mobile technologies to promote democracy. Among those sponsoring the meeting were Facebook, Google, MTV, Columbia Law School and the State Department.

“We learned how to organize and build coalitions,” said Bashem Fathy, a founder of the youth movement that ultimately drove the Egyptian uprisings. Mr. Fathy, who attended training with Freedom House, said, “This certainly helped during the revolution.”
Ms. Qadhi, the Yemeni youth activist, attended American training sessions in Yemen.

“It helped me very much because I used to think that change only takes place by force and by weapons,” she said.
But now, she said, it is clear that results can be achieved with peaceful protests and other nonviolent means.
But some members of the activist groups complained in interviews that the United States was hypocritical for helping them at the same time that it was supporting the governments they sought to change.
“While we appreciated the training we received through the NGOs sponsored by the U.S. government, and it did help us in our struggles, we are also aware that the same government also trained the state security investigative service, which was responsible for the harassment and jailing of many of us,” said Mr. Fathy, the Egyptian activist.
Interviews with officials of the nongovernmental groups and a review of diplomatic cables obtained by WikiLeaks show that the democracy programs were constant sources of tension between the United States and many Arab governments.
The cables, in particular, show how leaders in the Middle East and North Africa viewed these groups with deep suspicion, and tried to weaken them. Today the work of these groups is among the reasons that governments in turmoil claim that Western meddling was behind the uprisings, with some officials noting that leaders like Ms. Qadhi were trained and financed by the United States.
Diplomatic cables report how American officials frequently assured skeptical governments that the training was aimed at reform, not promoting revolutions.
Last year, for example, a few months before national elections in Bahrain, officials there barred a representative of the National Democratic Institute from entering the country.
In Bahrain, officials worried that the group’s political training “disproportionately benefited the opposition,” according to a January 2010 cable.
In Yemen, where the United States has been spending millions on an anti-terrorism program, officials complained that American efforts to promote democracy amounted to “interference in internal Yemeni affairs.”
But nowhere was the opposition to the American groups stronger than in Egypt.
Egypt, whose government receives $1.5 billion annually in military and economic aid from the United States, viewed efforts to promote political change with deep suspicion, even outrage.
Hosni Mubarak, then Egypt’s president, was “deeply skeptical of the U.S. role in democracy promotion,” said a diplomatic cable from the United States Embassy in Cairo dated Oct. 9, 2007.
At one time the United States financed political reform groups by channeling money through the Egyptian government.
But in 2005, under a Bush administration initiative, local groups were given direct grants, much to the chagrin of Egyptian officials.


A noter que je n'ai pas reproduit tout l'article, qui est trop long. Il peut etre lu ici: http://www.nytimes.com/2011/04/15/world/15aid.html?_r=1&scp=1&sq=freedom%20house&st=cse
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MessagePosté le: Ven 29 Avr 2011 06:04    Sujet du message: Répondre en citant

Salut,
La crise Libyenne semblait suspect, comme le guide est "tout un personnage haut en couleur", ça joue en faveur des va-t-en guerre dans l'opinion publique. Mais c'était sûre que les raisons données par bienveillance pour ce peuple étranger (pire quelques villes seulement) ne tenaient pas la route. Le but d'un état est de ce succéder à lui même, rien d'autre, certainement pas de faire plaisir à des "non-électeurs ". L'article de Jean-Paul POUGALA donne des chiffres; on pourra être pour ou contre les raisons qu'il développe, mais c'est intéressant de les connaître.

http://www.actubenin.com/2011/?Les-vraies-raisons-de-la-guerre-en
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MessagePosté le: Ven 29 Avr 2011 11:17    Sujet du message: Répondre en citant

Nous avons maintenant la Syrie dans l'œil du cyclone et un attentat au Maroc qui de source sûr, je vous l’affirme n’a pas été perpétré par la population, mais bien par une organisation ou quelque chose de cet ordre, car visiblement une rumeur circulait déjà sur l’éventualité d’un événement dramatique à venir.

Pour la Syrie, apparemment il ne s’agit pas d’une manifestation spontanée initié par la population mais bien par certain groupe, peut-être religieux dont nous avons quelque témoignage recueilli ici même :


Citation:
En Syrie, les forces de sécurité poursuivent la chasse aux terroristes. Mercredi soir, la télévision syrienne a diffusé les aveux de deux membres de deux réseaux terroristes démantelés à Deraa et Lattaquié. Les deux détenus ont reconnu avoir agressé l’armée et les forces de sécurité, ouvert le feu sur les voitures circulant dans les deux régions, et brulé des biens publics.

Ahmad Mohammad Hussein, membre d’une cellule terroriste rattrapée par les forces de sécurité, a dit avoir ouvert le feu sur les voitures circulant à l’autoroute de Deraa lundi dernier, dont une appartenant à la banque commerciale syrienne.

Selon lui, un cheikh de Deraa a rassemblé la population devant la mosquée et a demandé à certains jeunes de bruler des pneus et de remplir des bouteilles de clous et d’essence pour les lancer sur les soldats dès leur arrivée.

« Certains fauteurs de troubles étaient des personnes cultivées. Ils ont coupé la route principale et empêché le passage des citoyens pour pouvoir contrôler leurs cartes d’identité ou leurs passeports. Ils détenaient certains passagers et permettaient à d’autres de poursuivre leur chemin », a-t-il raconté.

Et d’ajouter : « Certains groupes armés postés au barrage portaient des fusils, des mitrailleuses automatiques, et des revolvers. Ils les recherchaient du cheikh Walid Cheikh qui nous disait que celui qui combat et qui tue l’armée et les forces de sécurité sera considéré comme un martyr. Ce dernier les cherchait de cheikh Ahmad Sayassina».

« Au passage d’une voiture appartenant à la banque commerciale syrienne du côté des frontières jordaniennes, des jeunes ont tenté de l’arrêter, mais le chauffeur a accéléré sa vitesse, et ces derniers ont ouvert le feu en sa direction et ont jeté des bouteilles Molotov et des pierres sur sa voiture », a précisé le membre de la cellule terroriste, qui explique que cet incident s’est répété avec un chauffeur d’une voiture koweitienne dont la voiture s’est renversée à cause des tirs sur l’un des pneus du véhicule ».
Selon lui, des jeunes ont pris d’assaut le siège du parti Baas dans la ville, ils l’ont mis à feu, cassé les chaises et la caméra propre à la municipalité.


A Lattaquié, le dénommé Ghassan Selwaya, l’un des membres d’une cellule terroriste a reconnu que celle-ci a commis des meurtres contre les soldats, les services de sécurité, et les citoyens dans les quartiers de la circonscription. Il a été arrêté pour avoir incendié les bus et résisté aux patrouilles de l’armée.

« Un homme est venu nous informer que des manifestations auront lieu vendredi à la mosquée Khaled ben Walid. Nous lui avons dit que nous sommes prêts à semer le chaos mais nous avons besoin d’armes. Ce dernier nous a alors fourni des armes que nous avons utilisées contre l’armée, les forces de sécurité et les citoyens », a-t-il avoué.

Il a raconté avoir pris d’assaut un bus de la municipalité pour confisquer les armes de la police. « Nous étions nombreux et nous nous étions mis d’accord de tendre une embuscade aux policiers », a-t-il expliqué.

Et de poursuivre : « Je conduisais moi-même le bus et j’ai voulu le stopper avec l’un des hommes armés qui étaient avec moi devant la gendarmerie pour tuer les gardes présents sur place, confisquer leurs armes et entrer à l’intérieur pour faire sortir le reste ».

« Je portais un revolver de type 9 mm, un autre de calibre 8,5 mm, et un fusil automatique que m’a donnés l’un des manifestants qui se considérait comme étant « le dirigeant de la révolution » », a-t-il Selwaya, affirmant que les manifestations qualifiées de pacifiques étaient en effet des manifestations armées. « Nous avons ouvert le feu sur les forces de sécurité et l’armée pour les tuer », a-t-il conclu.


Almanar


Citation:
L'échec des Occidentaux à faire passer une déclaration anti-syrienne au Conseil de sécurité

Le projet anti-syrien des quatre membres occidentaux du Conseil de sécurité a échoué. Rédigé, par l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et le Portugal et mis en circulation lundi, le projet de la déclaration de presse concernait la situation en Syrie, condamnant l'attitude de Damas vis-à-vis des troubles sévissant dans le pays. Selon les sources diplomatiques, l'hostilité de certains membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité dont la Russie, la Chine et le Liban à cette démarche, ont fait échouer ce projet. Le représentant de la Syrie auprès de l'ONU a fustigé l'ingérence des Occidentaux dans les affaires intérieures de son pays. Pour Bachar al-Jaafari, les récents troubles en Syrie trouvaient leur origine dans les incitations et les immixtions étrangères, notamment israéliennes. Il a vivement critiqué l'agrandissement que font les Occidentaux, notamment les Américains, de la situation en Syrie. "L'administration américaine et dans son sillage les médias US, donnent de faux bilans des pertes militaires et civiles en Syrie, ''ils falsifient les questions liées à mon pays" a martelé Bachar al-Jaafari, qui a aussi appelé l'ONU et son Conseil de sécurité à remplir leurs devoirs dans le stricte cadre de la Charte onusienne, et d'agir dans le sens de la pacification et de la stabilisation mondiale. Il a aussi dénoncé vivement les allégations des autorités américaines quant à l'ingérence iranienne dans les affaires syriennes. "Nouer l'Iran et la Syrie est un scénario hollywoodien monté de toutes pièces par les Américains, un scénario voué à l'échec", a souligné le représentant de la Syrie à l'ONU.


http://french.irib
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Dernière édition par Suwedi le Ven 29 Avr 2011 11:39; édité 1 fois
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Suwedi
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MessagePosté le: Ven 29 Avr 2011 11:37    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens !! Pas un mot sur les déclarations de Poutine, qui commence sérieusement à perdre patience dû fait de la montée en puissance de l’impérialisme occidental piétinant au passage les intérêts Russes et Chinois. La question qui demeure est de savoir pendant combien de temps vont-ils accepter de voir leurs intérêts se faire piétiner par l’Empire Occidental en faillite ?

Citation:
Vladimir Poutine : l'actuelle situation en Libye est liée à l'intérêt suscité par ses réserves de pétrole et de gaz

Le premier ministre russe Vladimir Poutine n'a pas exclu mardi devant les journalistes à Copenhague que l'actuelle situation en Libye soit liée à l'intérêt suscité à l'étranger par ses réserves de pétrole et de gaz.
"A signaler que pour les réserves de brut en Afrique, la Libye arrive en première position et en quatrième pour le gaz. Une question se pose: n'est-ce pas là l'intérêt essentiel de ceux qui y opèrent à présent?", a déclaré M.Poutine à l'issue des négociations avec son homologue danois Lars Loekke Rasmussen.

La Libye a demandé à la Russie de convoquer une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'Onu pour discuter de la "tentative de prendre pour cible" le colonel Mouammar Kadhafi et du bombardement de "sites civils" en Libye.

Un appel auquel la Russie a partiellement répondu dans la journée par la voix de Vladimir Poutine.

"Ils disaient qu'ils ne voulaient pas tuer Kadhafi. Maintenant certains responsables disent oui, nous cherchons à tuer Kadhafi. Qui a autorisé cela, y a-t-il eu un quelconque procès ? Qui s'est arrogé le droit de tuer cet homme ?, s'est emporté le premier ministre russe lors d'une visite au Danemark.

L'Otan a nié avoir voulu tuer Kadhafi lors d'une conférence de presse, doutant de sa présence dans les bâtiments au moment de l'attaque.

Les bombardements menés sous l'égide de l'Otan sont "contraires aux résolutions du Conseil (de sécurité de l'Onu 1970 et 1973) et violent les lois et conventions internationales", a-t-on ajouté de même source.

Moscou a multiplié ces dernières semaines les critiques à l'égard de la coalition internationale, jugeant que son intervention outrepassait le mandat de l'ONU.

La Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, s'était abstenue le 17 mars lors du vote de la résolution 1973, permettant ainsi son adoption, l'intervention d'une coalition internationale contre le régime du colonel Kadhafi et le déclenchement de frappes aériennes.


source

Citation:
La soi-disant communauté civilisée a fondu sur la Libye et détruit ses infrastructures, a fait remarquer le premier ministre russe, Vladimir Poutine, en visite de travail à Copenhague.

"Nous devons rester dans le cadre du droit international sans laisser de côté notre responsabilite et prendre soin des civils. Mais quand la soi-disant communauté civilisée se jette de toute sa puissance sur un petit pays, en détruisant ses infrastructures édifiées au fil des générations, est-ce bon ou mauvais? Cela ne me plaît pas", a déclaré M.Poutine à l'issue des négociations russo-danoises.

Initiées à la mi-février des manifestations monstres pour le départ du colonel Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, ont vite dégénéré en confrontation armée entre les forces gouvernementales et les insurgés.

Le 17 mars, le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté une résolution autorisant la création d'une zone d'exclusion aérienne en Libye et le recours à la force pour protéger la population civile des troupes du colonel Kadhafi. La Russie s'est abstenue.

L'opération internationale contre le régime libyen a débuté le 19 mars. Le 31 mars, l'Otan en a pris le commandement.

Moscou accuse régulièrement la coalition occidentale de violer la résolution onusienne et d'épouser délibérément la cause insurgée au lieu de se limiter à la protection des civils.


source



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MessagePosté le: Ven 29 Avr 2011 17:29    Sujet du message: Répondre en citant

Sujet est très intéressant n'étaient ces jérémiades perpétuelles qui plombent un peu le thread. Anyway.
L'article du NY Times est intéressant. Il met en éclairage la position ambigüe des US qui font la promotion des réformes et de la démocratie tout en aidant matériellement et militairement les régimes en place. Le cas egyptien est en ce sens intéressant quand on compare les chiffres. L'Egypte reçoit 1.5 milliards de dollars à comparer aux quelques centaines de millions de dollars que doivent se partager annuellement les associations dont on parle ici.
L'article du NY Times conclut en disant que même si les américains ont aidé et formé certains leaders de ces pays en amont, on ne peut pas dire qu'ils aient provoqué les émeutes. C'est clair, tout le monde est d'accord, il n'y a pas de débat là dessus.
Nous savons que ces association existent, qu'elles reçoivent de l'argent de l'administration. Nous savons aussi que l'influence américaine dans le monde progresse via les associations religieuses. On pourrait même évoquer les banlieues françaises qui sont la cible depuis un moment déjà de l'administration américaine. Il y a des sites qui font très bien ce boulot. Je me souviens d'ailleurs d'avoir lu il y a 2 ou 3 ans sur le réseau voltaire le lien entre la galaxie Gbagbo et les églises évangéliques américaines.
La question est de savoir ce qu'on fait de ces informations. Quelle est la problématique?
La dérive que je fustige moi, c'est celle qui consiste chez certains à tellement se focaliser sur l'action occulte des USA ou de la France dans ces évènements, qu'ils en arrivent à ne même pas s'intéresser aux dynamiques internes de ces pays, politiques, sociales et économiques, plus intéressantes à mon avis pour expliquer ce qui se passe au Moyen Orient en ce moment.
La meilleure façon d'analyser ce qui se passe dans un pays est déjà de connaitre la structure de ce pays. Le peuple n'est jamais une masse informe d'individus, c'est toujours un tissu plus ou moins complexe d'organisations, qu'elles soient claniques, religieuses, politiques voire sociales ou idéologiques. Et cette complexité interragit en interne mais est aussi confrontée à des stimuli externes.
Connaitre la Lybie c'est bien, mais connaitre le Cameroun ou la RDC c'est encore mieux.
Cette connaissance me parait plus intéressante que le faux débat sur les uns qui croiraient ce que leur disent les "médias occidentaux" et les autres qui seraient plus perspicaces.
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MessagePosté le: Ven 29 Avr 2011 17:40    Sujet du message: Répondre en citant

Suwedi a écrit:

La Russie, qui dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité, s'était abstenue le 17 mars lors du vote de la résolution 1973, permettant ainsi son adoption, l'intervention d'une coalition internationale contre le régime du colonel Kadhafi et le déclenchement de frappes aériennes.


comme écrit dans ton article, il sait pourquoi il n'a pas opposé son véto. Nul n'est naïf dans cette affaire. Donc il exerce là son ministère de la parole.
Tout comme sarkozy quand il appelle de ses voeux l'application de mesures fortes en Syrie. Seuls comptent les actes ici.
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MessagePosté le: Mer 15 Juin 2011 11:46    Sujet du message: Répondre en citant

Cette révolution contrôlée de l’extérieur semble se poursuivre en Syrie avec comme dénominateur commun une possible intervention militaire de l’Empire hégémonique d’Occident à l’instar de la Lybie. Il est impératif de signaler une vaste opération de propagande médiatique et de désinformation à l’encontre de la Syrie, cette fameuse répression du gouvernement Syrien est sujette à caution comme vous l’avez déjà remarqué pour les plus éclairés d’entre nous, elle ne s’oriente pas envers sa propre population mais contre des éléments armées qui ont fait plusieurs centaines de morts contre les forces de l’Ordre et de l’Armée. Il ne s’agit nullement d’une population d’indignés comme en Tunisie ou en Égypte mais d’Individus armés et organisés militairement disposant d’une force de frappe létale classant donc leur intervention comme un coup d’état. Il a été exposé récemment un charnier où été enterré plus de centaines cadavres appartenant à l’armée Syrienne tué par des insurgés localiser dans une ville, reprise militairement récemment par l’armée.


Citation:
La preuve par le charnier

Les autorités syriennes ont affirmé avoir mis à jour, dimanche 12 juin, une fosse commune à Jisr al-Choughour, ville insurgée – non loin de la frontière turque, où au moins 120 soldats et policiers ont trouvé la mort le 6 juin, suite à une attaque de groupes insurgés. C’est à l’occasion de la reprise de contrôle de la ville par l’armée, ce week-end, que le charnier a été découvert : il contenait les dépouilles – vêtues d’uniformes – de membres de la police et de l’armée, sans doute tombés dans l’attaque du 6 juin. La télévision syrienne a précisé que les cadavres étaient mutilés. Le fait que cette fosse ait été, à l’évidence vu l’état de relative conservation des corps, creusée voici quelques jours, alors que la ville était livrée aux insurgés islamistes, ne peut que corroborer la version du gouvernement syrien sur l’identité de ces morts. Ce charnier confirme, s’il en était besoin, que les forces de l’ordre syrienne ne sont pas confrontés à de pacifiques manifestants désarmés, ou pas seulement. Les combats contre les groupes armés se poursuivraient à Maaret al-Nouman, non loin de Jisr al-Choughour. Il semble bien que les troupes syriennes soient en train de reprendre le contrôle de cette portion nord-ouest du pays, limitrophe de la Turquie. Les médias occidentaux continuant de qualifier systématiquement de « civils » les victimes de l’armée dans cette région.

source








La propagande de guerre de s’arrête pas là, il y a notamment l’affaire de ce fameux blog où une soit disante lesbienne du nom Amina s’est révélé être un américain vivant en écosse ! Son témoignage de la difficulté de vivre dans un pays non libre comme la Syrie et qui a soulevé plus de 14 000 manifestant sur sa soi-disant détection par les forces de l’ordre Syrienne du fait de son homosexualité s’est révélé être une grosse imposture !

Citation:
Propagande de Guerre : Bloggeuse Gay de Damas

Lancé en février 2011 par la courageuse Amina Abdallah Arraf, le blog « Gay Girl in Damascus » s’est efforcé de décrire la situation des lesbiennes en Syrie et la répression politique du régime dictatorial des Al-Assad.

Le 7 juin 2011, une personne se présentant comme son cousin, annonçait à la une du blog que la jeune femme avait été arrêtée par trois hommes armés qui l’avaient emmenée dans une voiture banalisée arborant un écusson officiel sur le pare-brise. [1]

Immédiatement, une vague de solidarité se levait sur la Toile, de multiples comptes Facebook appelaient à sa libération, et des manifestations étauient organisées devant plusieurs ambassades syriennes.

Las ! Démasqué par des militants syriens qui avaient identifié son IP, l’activiste anti-Assad Tom MacMaster a dû reconnaître qu’Amina Abdallah Arraf n’existait pas et que son blog était un leurre.

De nationalité états-unienne, Tom McMaster est maître de conférence à l’Université St Andrews (Écosse) où il termine un doctorat sur l’économie syrienne. Il est actuellement en Turquie où il a participé au congrès anti-Assad appelant à une intervention de l’OTAN en Syrie.

« Gay Girl in Damascus » a largement été cité durant les derniers mois dans la presse anglo-saxonne comme un témoignage direct de la « répression » en Syrie.

La Syrie laïque ne réprime pas l’homosexualité qui ressort de la vie privée. Par contre, les takfiristes qui tentent depuis deux mois de renverser le régime souhaitent instaurer un État islamique qui punirait de mort l’homosexualité.
source

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MessagePosté le: Mer 15 Juin 2011 11:58    Sujet du message: Répondre en citant

Qui arme et qui est derrière cette guerre en Syrie ? Si ce n’est l’Empire hégémonique d’Occident !


Citation:
Syrie en ébullition, navire de guerre américain en Mer Noire

Le ministère russe des Affaires étrangères choisit rarement un dimanche pour faire une déclaration officielle. De toute évidence, une chose d'une extrême gravité est survenue à Moscou pour que la Russie éprouve un besoin urgent de s’exprimer. La provocation a été l'apparition d'un croiseur lance-missiles des États-Unis en Mer Noire, venu y effectuer des exercices navals avec l'Ukraine. Le croiseur USS Monterrey, équipé du système de défense aérienne AEGIS, participe aux exercices conjoints entre les Etats-Unis et l’Ukraine, Sea Breeze 2011 [Brise de mer 2011].

Par M. K. Bhadrakumar
Asia Times Online, le 14 juin 2011

article original : "Syria on the boil, US warship in Black Sea"

Un exercice naval américano-ukrainien n’a rien d'extraordinaire. L'an dernier, un autre exercice avait déjà eu lieu. Mais, ainsi que Moscou l’a soulevé, « En laissant de côté la question non réglée de la possible architecture du bouclier antimissile européen, la Russie voudrait savoir, en conformité avec les décisions du sommet de Lisbonne entre la Russie et l’OTAN [Organisation du Traité de l'Atlantique Nord], quelle ‘contrariété’ a pu pousser le commandement étasunien à déplacer de la Méditerranée vers l'Est la principale unité de frappe du groupement régional de défense antimissile, formé par l'OTAN dans cette région? »

La déclaration du ministère des Affaires étrangères s’est poursuivie en offrant sa propre explication selon laquelle le Monterrey a été envoyé dans les eaux européennes dans le cadre de l'approche adaptative progressive de l’administration américaine pour construire le segment européen du bouclier antimissile global. La première étape de ce programme envisage le déploiement d'un groupe de navires de guerre américains dans la mer Adriatique, la mer Égée et la mer Méditerranée, afin de protéger l'Europe du Sud d’éventuelles frappes de missiles. Cette déclaration a précisé que le rôle des missiles des navires de guerre américains, dans les exercices anti-piraterie Sea Breeze 2011, n’est pas clair.

« Nous devons dire que nos préoccupations continuent d'être ignorées et, sous couvert de pourparlers sur la coopération européenne au regard du bouclier antimissile, des efforts sont en cours en vue de construire la configuration du bouclier antimissile, dont les conséquences sont dangereuses et à propos desquelles nous avons informé nos partenaires américains et de l'OTAN », a ajouté la déclaration russe.

Les États-Unis affirment qu'il s'agit d'un exercice naval de routine. D'un autre côté, Moscou interroge : « S'il s'agit d'une démarche ordinaire, alors il est difficile de comprendre pourquoi un navire de guerre avec ce type d'armement a été choisi pour manœuvrer dans cette région assez sensible. »

Il ne fait aucun doute que les États-Unis accentuent la pression sur la flotte russe en Mer Noire. La provocation des Etats-Unis se déroule dans le contexte de la crise en Syrie. La Russie bloque obstinément les tentatives étasuniennes de racolage pour une intervention en Syrie du style de celle en Libye. Pour Moscou, si les Etats-Unis veulent un changement de régime en Syrie, c’est principalement pour obtenir la liquidation de la base navale russe dans ce pays.

La base syrienne est le seul point d’ancrage de la Russie en Méditerranée. La flotte russe en Mer Noire dépend de sa base en Syrie pour maintenir une présence effective en Méditerranée. Avec la création de bases militaires américaines en Roumanie et l'apparition du navire de guerre américain dans la région de la mer Noire, l'encerclement [de la marine russe] se resserre. C'est un jeu du chat et de souris, où les États-Unis prennent le dessus.

Le régime dirigé par Bechar el-Assad est ostensiblement répressif, puisque des massacres sont rapportés presque quotidiennement. Mais les reportages occidentaux passent totalement sous silence l’aide extérieure apportée à l'opposition syrienne. Personne ne s’intéresse à prouver ou à mettre doute, par exemple, les circonstances dans lesquelles 120 personnes de la sécurité syrienne auraient pu être tuées lors d’un seul « incident ».

L'implication de l'Ouest, de l'Arabie Saoudite, des Israéliens et des Turcs dans les troubles en Syrie est parfaitement limpide, mais il ne faut surtout pas l’évoquer quand on parle de « la Syrie en ébullition ». Bref, la Russie a perdu la guerre de l'information sur la Syrie. Désormais, son dilemme est que, lorsqu’un processus de démocratisation louable se déroulera en Syrie et que le « printemps arabe » y poussera de toutes ses forces pour faire une apparition, l’on considèrera qu’elle fait une obstruction illogique.

Moscou a clairement fait savoir que la Russie ne tolèrera pas de résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Syrie, quel que soit son libellé ou son contenu. Elle a également voté contre la manœuvre occidentale à l'Agence Internationale à l'Energie Atomique (AIEA), la semaine dernière, d'ouvrir au Conseil de sécurité un dossier nucléaire sur la Syrie – semblable au dossier iranien.

Le dilemme de Moscou est de ne pouvoir expliquer ouvertement sa version de l’agenda géopolitique des Etats-Unis vis-à-vis de la Syrie. Toute explication de ce genre exposerait la vacuité de la réinitialisation américano-russe, pour laquelle le Kremlin du président Dimitri Medvedev a assidûment travaillé. Mais Washington ne va pas non plus laisser la Russie s'en tirer. Il est certain que les Etats-Unis resserrent le nœud coulant autour du cou d'Assad.

En d'autres termes, les États-Unis veulent que la Russie laisse la Syrie tranquille pour que l'Occident passe à l’attaque. Mais la Russie connaît déjà la suite : un régime pro-occidental à Damas qui succèderait à Assad fermerait sa base navale en Syrie.

Les enjeux sont très élevés. L'an dernier, le directeur-adjoint du renseignement militaire russe a été tué dans des circonstances mystérieuses alors qu’il effectuait une tournée d'inspection de la base navale en Syrie. Son corps a été retrouvé flottant dans la Méditerranée, au large de la côte turque. Il est sûr que de nombreuses agences de renseignements sont profondément impliquées dans le bouillon syrien.

Tout d'abord, un changement de régime en Syrie est devenu absolument essentiel pour briser l'isolement régional d'Israël. L'espoir américano-israélien est que les reins du Hezbollah puissent être brisés et que l'alliance syro-iranienne prenne fin, si le régime d'Assad est renversé à Damas. Une fois encore, un changement de régime en Syrie forcerait la direction du Hamas à quitter Damas. Khalid Meshaal, le chef du Hamas, vit à Damas depuis plusieurs années sous la protection d’Assad.

Par conséquent, tout mouvement sur le processus de paix israélo-palestinien selon les conditions d'Israël ne sera possible que si les États-Unis et Israël parviennent à convaincre la Syrie. Washington et Tel-Aviv ont essayé de persuader la Russie de s'aligner et d'accepter leur « défaite » en Syrie. Mais Moscou s’est accroché à ses idées. Et maintenant, en envoyant ce navire de guerre dans la Mer Noire, les Etats-Unis ont signalé qu'ils feront payer à la Russie son obstination et sa prétention à être une puissance en Méditerranée et au Proche-Orient.

Le résultat des élections législatives en Turquie, assurant un nouveau mandat au parti « islamiste » au pouvoir, l’AKP (le Parti de Justice et du Développement), renforce considérablement la position américaine sur la Syrie. Ankara a durci sa position envers Assad et a commencé à le critiquer ouvertement. On peut s’attendre à ce que la Turquie, dans les semaines à venir, joue un rôle plus importun dans la déstabilisation d’Assad et pour forcer un changement de régime à Damas. L’ironie, c’est que la Turquie contrôle également le détroit du Bosphore.

En améliorant ses liens avec la Turquie, au cours des dix dernières années, Moscou avait espéré qu’Ankara s'orienterait progressivement vers une politique étrangère indépendante. Les attentes du Kremlin étaient que les deux pays pourraient s’unir pour former un condominium sur la mer Noire. Mais au fil des événements, il devient clair qu’Ankara revient à ses priorités antérieures, en tant que pays de l'OTAN et partenaire de premier plan des Etats-Unis dans la région. On ne peut blâmer Ankara : la Turquie a fait une évaluation fine et a tiré un bilan concluant, selon lequel ses intérêts sont mieux servis en s’identifiant avec la manœuvre de l'Ouest pour effectuer un changement de régime en Syrie.

En outre, Ankara estime rentable de s’identifier à l'approche saoudienne vis-à-vis du bouleversement au Proche-Orient. Les riches Arabes des pays du Golfe Persique, riches en pétrole, sont prêts à envoyer leurs « billets verts » en Turquie. Ankara partage également les craintes saoudiennes sur l’ascension de l'Iran comme puissance régionale.

En somme, les États-Unis sont lentement mais sûrement en train de prendre le dessus avec leur agenda de changement de régime en Syrie. Moscou cèdera-t-il à cette pression immense et acceptera-t-il de réduire son influence en Syrie ? C’est la grande question. Moscou a menacé de coopérer avec Pékin et d’adopter une position commune sur la Syrie. Mais la capacité de Moscou à contrer le rouleau compresseur américain sur la Syrie s’affaiblit de jour en jour.

Le cours des événements sur la Syrie aura certainement un impact profond sur la réinitialisation américano-russe. L'administration Obama semble s’être bien documentée et a conclu que cela vaut la peine de prendre ce risque pour assurer la sécurité d'Israël. Le navire de guerre qui a vogué sur la Mer Noire porte le message sans équivoque adressé à la Russie, d'accepter de n’être que l’ombre pâle de l'ancienne Union soviétique.

M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière dans les services extérieurs indiens pendant plus de 29 ans. Ses affectations incluent l'Union Sovétique, la Corée du Sud, le Sri Lanka, l'Allemagne, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Ouzbékistan, le Koweït et la Turquie.

Copyright 2011 - Asia Times Online / Traduction JFG-QuestionsCritiques

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Citation:
Qui est derrière la violence en Syrie ?

Le texte ci-dessous est dû à As’ad Abu Khalil. Né en 1960 au Liban, il vit aux Etats-Unis où il enseigne les sciences politiques à la California State University et à Berkley. Spécialiste du Proche-Orient, il a notamment signé un Dictionnaire historique du Liban et des ouvrages sur Ben Laden et l’Arabie Saoudite. Venu du marxisme, Abu Khalil se définit aujourd’hui comme anarchiste et athée, pro-palestinien, antisioniste, et a pris position contre les guerres du Golfe ainsi que la politique étrangère américaine en général. Mais il a également une position critique envers le Hamas et la quasi-totalité des factions libanaises. Dans son texte, il s’interroge sur l’origine de la violence en Syrie : il en impute la majeure part au régime de Bachar al-Assad, mais, et c’est ce qui rend son regard intéressant, il pointe le sectarisme et la violence des opposants salafistes et wahabites au régime de Damas. S’appuyant sur un correspondant local, il accuse d’ingérence directe dans le conflit syrien les Américains, les Saoudiens, les Emiratis et jusqu’à Israël.

Qui est derrière la violence en Syrie ? C’est la question-clef. J’ai enquêté, parlé et pensé et voici mes conclusions à ce propos :
1) Le régime est le premier et principal coupable des violences en Syrie. C’est indiscutable. L’argument selon lequel des « gangs criminels » écumeraient le pays tuant des soldats aussi bien que des manifestants est clairement un mensonge. Ca n’a même pas de sens. Pourquoi feraient-ils ça ? Qui sont-ils, et comment le régime peut-il les laisser se développer ? Il y a des civils qui tirent et tuent, mais ils appartiennent au peuple. Mais le régime porte une double responsabilité pour toutes les tueries en Syrie : ce système oppressif tire sa légitimité de sa prétention à assurer la sécurité du peuple syrien, et donc il est responsable aussi des meurtres commis par les opposants (si ces meurtres sont perpétrés contre la population comme le prétend le régime).
2) Pourquoi présumer que les Frères musulmans sont une association pacifique ? La révolte des Frères à la fin des années 70 et au début des années 80 n’était certes pas pacifique (…) et je ne pense pas qu’ils aient soudainement décidé de renoncer à la violence. Le régime jordanien a reconnu au début des années 80 qu’il avait armé la confrérie, et celle-ci a également reçu des armes d’Israël (via les phalanges libanaises). A cette époque, les Frères musulmans ne ciblaient pas seulement les hommes en arme du régime baasiste mais aussi des civils alaouites. Leur violence sectaire n’a fait d’ailleurs que resserrer les rangs des Alaouites et ont même poussé nombre d’entre eux qui étaient opposés au régime à se rapprocher de ce dernier.
3) D’après ce que j’ai entendu, il y a en Syrie des groupes wahabites et salafistes, avec de l’argent et des armes, qui ont été actifs. Je ne serais pas surpris si les Hariri (clan libanais pro-occidental dont sont issus deux récents Premiers ministres, NdT) étaient impliqués, eux aussi, dans la crise syrienne. Je pense même que c’est très probable. Un informateur fiable de ce blog, basé en Syrie, me dit (je traduis sa contribution de l’arabe) : »Oui, il y a des bandes professionnelles, entraînées et organisées qui sont contrôlées par des religieux qui viennent tous d’Arabie Saoudite, comme Adnan al-Ar ur, et qui pratiquent la violence contre les autres groupes religieux… A Lattaquié (le grand port syrien), des éléments armés qui ont d’abord vécu une vie apparemment normale au sein de cellules dormantes, avant de perpétrer des actes de sabotage et de sédition, et j’ai vu ça moi-même quand je me suis trouvé sur place… A Tell Kalakh (près de la frontière nord du Liban) existent des groupes dissidents qui sont financés par l’argent de Hariri, et non par les hommes de Hariri comme le prétendent les médias de Damas. A Banyas (sur la côte, au sud de Lattaquié), on dit que ce sont désormais des officiers saoudiens ou desEmirats arabes unis, et même un membre du Mossad israélien qui contrôlent les services de sécurité. On y a posé des pièges parce que la ville abrite un générateur et une raffinerie de pétrole ainsi qu’un pipe-line transportant le pétrole d’Irak. A Homs (près de la frontière nord du Liban), des poches d’activistes extrémistes – qui pour certaines étaient en place avant le régime baasiste – ont été réactivées à coup d’argent saoudien. La ville d’Idlib (au nord du pays et au sud-ouest d’Alep) est aujourd’hui en flammes, et la Turquie soutient la subversion avec des armes et même des combattants.. L’armée syrienne rencontre des difficultés dans son avance, les ponts et passages ayant tous été piégés. » Tout ceci émane de mon informateur et je n’ai aucun moyen de vérifier ses informations.
PS. Nir Rosen (1) a ajouté ceci : « La Syrie était une zone d’entraînement essentielle pour les agitateurs de type Zarqawi (responsable d’Al Qaida en Irak, Ndt), ils disposaient d’abris sûrs à Damas et à Alep, d’un réseau de soutien dans tout le pays (…) et j’aimerais bien savoir ce qui se passe dans la région frontalière avec l’Irak où les familles ont des liens étroits de par et d’autre de la frontière et où les gens de Zarqawi disposent de caches sûres. Prenons la ville syrienne d’Abu Kamal, par exemple, qui fait face à la ville irakienne de Husselba in al-qaim : les Américains ont lancé depuis cette dernière un raid contre Abu Kamal voici quelques années, y tuant quelques responsables d’Al Qaida. Or Abu Kamal a connu un mouvement de soulèvement contre Damais voici quelques semaines. Je pense donc que le « facteur Zarqawi » est important aussi dans cette crise. Ces gens parlent tout le temps de la bataille finale qui aura lieu à Sham. »
(1) Nir Rosen est un journaliste américain, collaborateur du Washington Post, du New York Times Magazine, de Rolling Stone et de la Boston Review, bien connu Outre-Atlantique pour ses articles et livres sur la Guerre d’Irak – il a passé deux ans dans le pays. Contrairement à l’establishment américain, il considère que le Hezbollah libanais n’est pas une organisation terroriste mais un « mouvement de résistance politique largement populaire et légitime« . Surtout il est connu pour sa réplique à Joe Biden, alors sénateur (avril 2008), qui lui demandait ce que les Américains pouvaient faire pour améliorer la situation en Irak : « En tant que journaliste, j’ai assez de mal à conseiller un pouvoir impérialiste sur la façon de devenir un pouvoir impérialiste plus efficace. Je ne pense pas que nous soyons là-bas dans l’intérêt du peuple irakien. Et je ne pense pas que ça ait jamais été notre motivation. »


http://www.infosyrie.fr/re-information/qui-est-derriere-la-violence-en-syrie/


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Suwedi
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MessagePosté le: Mer 15 Juin 2011 13:00    Sujet du message: Répondre en citant

EXTENSION DU DOMAINE DE LA MANIPULATION
Que se passe-t-il en Syrie



Alors que des centaines de Syriens, civils et militaires, viennent de tomber sous les coups de snipers financés par les saidiris et encadrés par la CIA, les médias occidentaux accusent le gouvernement de Bachar el-Assad de tirer sur sa population et sur ses propres forces de l’ordre. Cette campagne de désinformation vise à justifier une possible intervention militaire occidentale. Le philosophe Domenico Losurdo rappelle que la méthode n’est pas nouvelle. Simplement, les nouveaux moyens de communication l’ont rendue plus sophistiquée. Désormais, le mensonge n’est pas seulement véhiculé par la presse écrite et audiovisuelle, il passe aussi par Facebook et YouTube.




Obsèques de 15 policiers à l’hôpital militaire Tishreen de Damas, le 27 avril 2011. En un mois, plusieurs centaines de Syriens, civils et militaires, ont été assassinés par des groupes de francs-tireurs financés par le clan saoudien des Saidiris et encadrés par la CIA



Depuis quelques jours, des groupes mystérieux tirent sur les manifestants et, surtout, sur les participants aux funérailles qui ont suivi les événements sanglants. De qui sont composés ces groupes ? Les autorités syriennes soutiennent qu’il s’agit de provocateurs, essentiellement liés aux services secrets étrangers. En Occident, par contre, même à gauche on avalise sans aucun doute la thèse proclamée en premier lieu par la Maison-Blanche : ceux qui tirent sont toujours et seulement des agents syriens en civil. Obama est-il la bouche de la vérité ? L’agence syrienne Sana rapporte la découverte de « bouteilles de plastique pleines de sang » utilisé pour produire « des vidéos amateurs contrefaites » de morts et blessés chez les manifestants. Comment lire cette information, que je reprends de l’article de L. Trombetta dans La Stampa du 24 avril ? Peut-être les pages qui suivent, tirées d’un essai qui sera bientôt publié, contribueront-elles à jeter quelque lumière là-dessus. Si quelqu’un se trouvait étonné voire incrédule à la lecture du contenu de mon texte, qu’il n’oublie pas que les sources que j’y utilise sont presque exclusivement « bourgeoises » (occidentales et pro-occidentales). (Voir aussi addenda en fin de texte, NdT).

« Amour et vérité »

Ces derniers temps, par les interventions surtout de la secrétaire d’État Hillary Clinton, l’administration Obama ne rate pas une occasion de célébrer Internet, Facebook, Twitter comme instruments de diffusion de la vérité et de promotion, indirectement, de la paix. Des sommes considérables ont été attribuées par Washington pour potentialiser ces instruments et les rendre invulnérables aux censures et attaques des « tyrans ». En réalité, pour les nouveaux media comme pour les plus traditionnels, la même règle est de mise : ils peuvent aussi être des instruments de manipulation et d’attisement de la haine et même de la guerre. La radio a été savamment utilisée en ce sens par Goebbels et par le régime nazi.

Pendant la Guerre froide, plus encore qu’un instrument de propagande, les transmissions radio ont constitué une arme pour les deux parties engagées dans le conflit : la construction d’un efficient « Psychological Warfare Workshop » est un des premiers devoirs assignés à la CIA . Le recours à la manipulation joue un rôle essentiel aussi à la fin de la Guerre froide ; entre-temps, à côté de la radio, est intervenue la télévision. Le 17 novembre 1989, la « révolution de velours » triomphe à Prague, avec un mot d’ordre qui se voulait gandhien : « Amour et Vérité ». En réalité un rôle décisif est joué par la diffusion de la fausse nouvelle selon laquelle un étudiant avait été « brutalement tué » par la police. C’est ce que révèle, satisfait, à vingt ans de distance, « un journaliste et leader de la dissidence, Jan Urban » protagoniste de la manipulation : son « mensonge » avait eu le mérite de susciter l’indignation de masse et l’effondrement d’un régime déjà périclitant.

À la fin de 1989, bien que fortement discrédité, Nicolae Ceausescu est encore au pouvoir en Roumaine. Comment le renverser ? Les mass media occidentaux diffusent massivement dans la population roumaine les informations et les images du « génocide » perpétré à Timisoara par la police de Ceausescu. Qu’était-il arrivé en réalité ? Laissons la parole à un prestigieux philosophe (Giorgio Agamben), qui ne fait pas toujours preuve de vigilance critique à l’égard de l’idéologie dominante mais qui a synthétisé ici de façon magistrale l’affaire dont nous traitons :

« Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des cadavres à peine enterrés ou alignés sur les tables des morgues ont été déterrés en hâte et torturés pour simuler devant les caméras le génocide qui devait légitimer le nouveau régime. Ce que le monde entier avait sous les yeux en direct comme vérité sur les écrans de télévision, était l’absolue non-vérité ; et bien que la falsification fût parfois évidente, elle était de toutes façons authentifiée comme vraie par le système mondial des media, pour qu’il fût clair que le vrai n’était désormais qu’un moment du mouvement nécessaire du faux » .

Dix ans après, la technique décrite ci-dessus est de nouveau mise en acte, avec un succès renouvelé. Une campagne martèle l’horreur dont s’est rendu responsable le pays (la Yougoslavie) dont le démembrement a déjà été programmé et contre lequel on est déjà en train de préparer la guerre humanitaire :

« Le massacre de Racak est atroce, avec des mutilations et des têtes coupées. C’est une scène idéale pour susciter l’indignation de l’opinion publique internationale. Quelque chose semble étrange dans la tuerie. Les Serbes tuent d’habitude sans procéder à des mutilations […] Comme la guerre de Bosnie le montre, les dénonciations d’atrocités sur les corps, signes de tortures, décapitations, sont une arme de propagande diffuse […] Peut-être n’est-ce pas les Serbes mais les guérilleros albanais qui ont mutilé les corps » .

Si ce n’est qu’à ce moment-là, les guérilleros de l’UCK ne pouvaient pas être suspectés d’une telle infamie : c’étaient des freedom fighters, des combattants de la liberté. Aujourd’hui, au Conseil d’Europe, le leader de l’UCK et père de la patrie au Kosovo, Hashim Thaci, « est accusé de diriger un clan politico-criminel né à la veille de la guerre » et impliqué dans le trafic non seulement d’héroïne mais aussi d’organes humains. Voici ce qui arrivait sous sa direction au cours de la guerre : « Une ferme à Rripe, en Albanie centrale, transformée par les hommes de l’UCK en salle d’opération, avec comme patients des prisonniers de guerre serbes : un coup dans la nuque, avant d’explanter leurs reins, avec la complicité de médecins étrangers » (on présume occidentaux) . Et vient ainsi au jour la réalité de la « guerre humanitaire » de 1999 contre la Yougoslavie ; mais pendant ce temps son démembrement a été porté à terme et au Kosovo s’installe et veille une énorme base militaire étasunienne.

Faisons un autre saut en arrière de plusieurs années. Une revue française de géopolitique (Hérodote) a mis en relief le rôle essentiel joué, au cours de la « révolution des roses » qui a lieu en Géorgie à la fin de 2003, par les réseaux télévisés qui sont aux mains de l’opposition géorgienne et par les réseaux occidentaux : ils transmettent sans discontinuer l’image (qui s’est révélée ensuite fausse) de la villa qui serait la preuve de la corruption d’Edouard Chevardnadze, le dirigeant qu’il s’agit de renverser. Après la proclamation des résultats électoraux qui signent la victoire de Chevardnadze et qui sont déclarés frauduleux par l’opposition, celle-ci décide d’organiser une marche sur Tbilissi, qui devrait sceller « l’arrivée symbolique, et pacifique même, dans la capitale, de tout un pays en colère ». Bien que convoquées de tous les coins du pays à grands renforts de moyens propagandistes et financiers, ce jour-là affluent pour la marche entre 5 000 et 10 000 personnes : « ce n’est rien pour la Géorgie » ! Et pourtant grâce à une mise en scène sophistiquée et de grande professionnalité, la chaîne de télé la plus diffusée du pays arrive à communiquer un message totalement différent : « L’image est là, puissante, celle d’un peuple entier qui suit son futur président ». Désormais les autorités politiques sont délégitimées, le pays est désorienté et abasourdi et l’opposition plus arrogante et agressive que jamais, d’autant plus que les médias internationaux et les chancelleries occidentales l’encouragent et la protègent . Le coup d’État est mûr, il va porter au pouvoir Mikhaïl Saakashvili, qui a fait ses études aux USA, parle un anglais parfait et est en mesure de comprendre rapidement les ordres de ses supérieurs.

Internet comme instrument de liberté

Venons-en maintenant aux nouveaux media, particulièrement chers à Madame Clinton et à l’administration Obama. Pendant l’été 2009 on pouvait lire dans un quotidien italien réputé :

« Depuis quelques jours, sur Twitter, circule une image de provenance incertaine […] Devant nous, un photogramme d’une valeur profondément symbolique : une page de notre présent.
Une femme avec le voile noir, qui porte un t-shirt vert sur des jeans : extrême Orient et extrême Occident ensemble. Elle est seule, à pieds. Elle a le bras droit levé et le poing fermé. Face à elle, imposant, la gueule d’un SUV, du toit duquel émerge, hiératique, Mahmoud Ahmadinejad. Derrière, les garde du corps.
Le jeu des gestes touche : de provocation désespérée, celui de la femme ; mystique, celui du président iranien ».

Il s’agit d’ « un photomontage », qui certes semble « vraisemblable », pour arriver plus efficacement à « conditionner des idées, des croyances » . D’autre part, les manipulations abondent. À la fin du mois de juin 2009, les nouveaux media en Iran et tous les moyens d’information occidentaux diffusent l’image d’une belle fille touchée par une balle : « Elle commence à saigner, elle perd conscience. Dans les secondes qui suivent ou peu après, elle est morte. Personne ne peut dire si elle a été prise dans le feu croisé ou si elle a été touchée de façon ciblée ». Mais la recherche de la vérité est la dernière chose à laquelle on pense : ce serait de toutes façons une perte de temps et ça pourrait même se révéler contre-productif. L’essentiel est ailleurs : « à présent la révolution a un nom : Neda ». On peut alors diffuser le message désiré : « Neda innocente contre Ahmadinejad », ou bien : « une jeunesse courageuse contre un régime vil ». Et le message s’avère irrésistible : « Il est impossible de regarder sur Internet de façon froide et objective la vidéo de Neda Soltani, la brève séquence où le père de la jeune femme et un médecin essaient de sauver la vie de le jeune iranienne de vingt-six ans » . Comme pour le photomontage, dans le cas aussi de l’image de Neda, nous sommes en présence d’une manipulation sophistiquée, attentivement étudiée et calibrée dans tous ses détails (graphiques, politiques et psychologiques) dans le but de discréditer et de rendre la plus odieuse possible la direction iranienne. (Voir addenda en fin de texte, NdT).

Et nous arrivons ainsi au « cas libyen ». Une revue italienne de géopolitique a parlé à ce propos d’ « utilisation stratégique du faux », comme le confirme en premier lieu la « déconcertante affaire des fausses fosses communes » (et d’autres détails sur lesquels j’ai attiré l’attention). La technique est celle dont on se félicite et qu’on utilise depuis des décennies, mais qui à présent, avec l’avènement des nouveaux media, acquiert une efficience terrible : « La lutte est d’abord représentée comme un duel entre le puissant et le faible sans défense, et rapidement transfigurée ensuite en une opposition frontale entre le Bien et le Mal absolus ». Dans ces circonstances, loin d’être un instrument de liberté, les nouveaux media produisent le résultat opposé. Nous sommes en présence d’une technique de manipulation, qui « restreint fortement la liberté de choix des spectateurs » ; « les espaces pour une analyse rationnelle sont comprimés au maximum, en particulier en exploitant l’effet émotif de la succession rapide des images » .

Et ainsi, on retrouve pour les nouveaux media la règle déjà constatée pour la radio et la télévision : les instruments, ou potentiels instruments, de liberté et d’émancipation (intellectuelle et politique) peuvent se renverser et souvent se renversent aujourd’hui en leur contraire. Il n’est pas difficile de prévoir que la représentation manichéenne du conflit en Libye ne résistera pas longtemps ; mais Obama et ses alliés espèrent dans l’intervalle atteindre leurs objectifs, qui ne sont pas vraiment humanitaires, même si la novlangue s’obstine à les définir comme tels.

Spontanéité d’Internet

Mais revenons au photomontage qui montre une dissidente iranienne défier le président de son pays. L’auteur de l’article que je cite ne s’interroge pas sur les artisans d’une manifestation si sophistiquée. Je vais essayer de remédier à cette lacune. A la fin des années 90 déjà, on pouvait lire dans l’International Herald Tribune : « Les nouvelles technologies ont changé la politique internationale » ; ceux qui étaient en mesure de les contrôler voyaient augmenter démesurément leur pouvoir et leur capacité de déstabilisation des pays plus faibles et technologiquement moins avancés .

Nous sommes là en présence d’un nouveau chapitre de guerre psychologique. Dans ce domaine aussi les USA sont décisivement à l’avant-garde, ayant à leur actif des décennies de recherche et d’expérimentations. Il y a quelques années Rebecca Lemov, anthropologue de l’université de l’État de Washington, a publié un livre qui « illustre les tentatives inhumaines de la CIA et de certains parmi les plus grands psychiatres de "détruire et reconstruire" la psyché des patients dans les années 50 » . Nous pouvons alors comprendre un épisode qui s’est déroulé dans cette même période. Le 16 août 1951, des phénomènes étranges et inquiétants vinrent troubler Pont-Saint-Esprit, « un village tranquille et pittoresque » situé « dans le Sud-est de la France ». Oui, « le pays fut secoué par un mystérieux vent de folie collective. Cinq personnes au moins moururent, des dizaines finirent à l’asile, des centaines donnèrent des signes de délire et d’hallucinations […] Beaucoup finirent à l’hôpital avec la camisole de force ». Le mystère, qui a longtemps entouré ce coup de « folie collective », est maintenant dissipé : il s’agît d’une « expérimentation menée par la CIA, avec la Special Operation Division (SOD), l’unité secrète de l’Armée USA de Fort Detrick, au Maryland » ; les agents de la CIA « contaminèrent au LSD les baguettes vendues dans les boulangeries du pays », causant les résultats que nous avons vus ci-dessus . Nous sommes aux débuts de la Guerre froide : bien sûr les États-Unis étaient des alliés de la France, mais c’est justement pour ça que celle-ci se prêtait facilement aux expérimentations de guerre psychologique qui avaient certes comme objectif le « camp socialiste » (et la révolution anticoloniale) mais pouvaient difficilement être effectuées dans les pays situés au-delà du rideau de fer.

Posons-nous alors une question : l’excitation et l’attisement des masses ne peuvent-ils être produits que par voie pharmacologique ? Avec l’avènement et la généralisation d’Internet, Facebook, Twitter, une nouvelle arme a émergé, susceptible de modifier profondément les rapports de force sur le plan international. Ceci n’est plus un secret, pour personne. De nos jours, aux USA, un roi de la satire télévisée comme Jon Stewart s’exclame : « Mais pourquoi envoyons-nous des armées s’il est aussi facile d’abattre les dictatures via Internet que d’acheter une paire de chaussures ? » . À son tour, avec une revue proche du département d’État, un chercheur attire l’attention sur « comment il est difficile de militariser » (to weaponize) les nouveaux media pour des objectifs à court terme et liés à un pays déterminé ; il vaut mieux poursuivre des objectifs de plus ample envergure . Les accents peuvent varier, mais la signification militaire des nouvelles technologies est dans tous les cas explicitement soulignée et revendiquée.

Mais Internet n’est-il pas l’expression même de la spontanéité individuelle ? Seuls les plus démunis (et les moins scrupuleux) argumentent ainsi. En réalité —reconnaît Douglas Paal, ex-collaborateur de Reagan et de Bush senior— Internet est actuellement « géré par une ONG qui est de fait une émanation du Département du Commerce des USA » . S’agit-il seulement de commerce ? Un quotidien de Pékin rapporte un fait largement oublié : quand en 1992 la Chine demanda pour la première fois à être reliée à Internet, sa requête fut rejetée en raison du danger que le grand pays asiatique ne put ainsi « se procurer des informations sur l’Occident ». Maintenant, au contraire, Hillary Clinton revendique l’ « absolue liberté » d’Internet comme valeur universelle à laquelle on ne peut renoncer ; et cependant —commente le quotidien chinois— « l’égoïsme des États-Unis n’a pas changé » .

Peut-être ne s’agit-il pas seulement de commerce. À ce sujet, l’hebdomadaire allemand Die Zeit demande des éclaircissements à James Bamford, un des plus grands experts en matière de services secrets états-uniens : « Les Chinois craignent aussi que des firmes américaines (étasuniennes, NdT) comme Google soient en dernière analyse des outils des services secrets américains (étasuniens, NdT) sur le territoire chinois. Est-ce une attitude paranoïde ? » « Pas du tout » répond-il immédiatement. Au contraire même —ajoute l’expert— des « organisations et institutions étrangères [aussi] sont infiltrées » par les services secrets étasuniens, lesquels sont de toutes façons en mesure d’intercepter les communications téléphoniques dans tous les coins de la planète et doivent être considérées comme « les plus grands hackers du monde » . Désormais —affirment encore dans Die Zeit deux journalistes allemands— cela ne fait aucun doute :

« Les grands groupes Internet sont devenus un outil de la géopolitique des USA. Avant, on avait besoin de laborieuses opérations secrètes pour appuyer des mouvements politiques dans des pays lointains. Aujourd’hui il suffit souvent d’un peu de technique de la communication, opérée à partir de l’Occident […] Le service secret technologique des USA, la National Security Agency, est en train de monter une organisation complètement nouvelle pour les guerres sur Internet » .

Il convient donc de relire à la lumière de tout ceci quelques événements récents d’explication non aisée. En juillet 2009 des incidents sanglants sont survenus à Urumqi et dans le Xinjiang, la région de Chine habitée surtout par des Ouigours. Sont-ce la discrimination et l’oppression contre des minorités ethniques et religieuses qui les expliquent ? Une approche de ce type ne semble pas très plausible, à en juger du moins par ce que réfère de Pékin le correspondant de La Stampa :

« De nombreux Hans d’Urumqi se plaignent des privilèges dont jouissent les Ouigours. Ceux-ci, de fait, en tant que minorité nationale musulmane, ont à niveau égal des conditions de travail et de vie bien meilleures que leurs collègues Hans. Un Ouigour, au bureau, a l’autorisation de suspendre son travail plusieurs fois pas jour pour accomplir les cinq prières musulmanes traditionnelles de la journée […] En outre ils peuvent ne pas travailler le vendredi, jour férié musulman. En théorie ils devraient récupérer le dimanche. Mais le dimanche les bureaux sont en fait déserts […] Un autre point douloureux pour les Hans, soumis à la dure politique d’unification familiale qui impose encore l’enfant unique, est le fait que les Ouigours peuvent avoir deux ou trois enfants. En tant que musulmans, ensuite, ils ont des remboursements en plus dans leur salaire étant donné que, ne pouvant pas manger de porc, ils doivent se rabattre sur la viande d’agneau qui est plus chère » .

Elles apparaissent alors pour le moins unilatérales ces accusations portées par l’Occident contre le gouvernement de Pékin de vouloir effacer l’identité nationale et religieuse des Ouigours. Alors ?

Réfléchissons sur la dynamique des incidents. Dans une ville côtière de Chine où, malgré les différentes traditions culturelles et religieuses préexistantes, des Hans et des Ouigours travaillent côte à côte, se répand tout d’un coup la rumeur selon laquelle une jeune fille han a été violée par des ouvriers ouigours ; il en résulte des incidents au cours desquels deux Ouigours perdent la vie. La rumeur qui a provoqué cette tragédie est fausse mais voici que se répand alors une deuxième rumeur plus forte encore et encore plus funeste : Internet diffuse dans son réseau la nouvelle selon laquelle dans la ville côtière de Chine des centaines de Ouigours auraient perdu la vie, massacrés par les Hans dans l’indifférence et même sous le regard complaisant de la police. Résultat : des tumultes ethniques dans le Xinjiang, qui provoquent la mort de presque 200 personnes, cette fois presque toutes hans.

Eh bien sommes-nous là en présence d’une intrication malheureuse et fortuite de circonstances ou bien la diffusion des rumeurs fausses et tendancieuses visait-elle le résultat qui s’est effectivement produit ensuite ? Nous sommes dans un situation où il s’avère désormais impossible de distinguer la vérité de la manipulation. Une société étasunienne a réalisé des « programmes qui permettraient à un sujet engagé dans une campagne de désinformation de prendre simultanément jusqu’à 70 identités (profils de réseaux sociaux, account in forum etc.) en les gérant parallèlement : le tout sans qu’on puisse découvrir qui tire les ficelles de cette marionnette virtuelle ». Qui a recours à ces programmes ? Il n’est pas difficile de le deviner. Le quotidien cité ici, non suspect d’antiaméricanisme (anti-étasunien, NdT) précise que la société en question « fournit des services à diverses agences gouvernementales étasuniennes, comme la CIA et le ministère de la Défense » . La manipulation de masse célèbre son triomphe tandis que le langage de l’Empire et la novlangue se font, dans la bouche d’Obama, plus doux et suaves que jamais.

Revient alors en mémoire l’ « expérimentation conduite par la CIA » pendant l’été 1951, qui produisit « un mystérieux vent de folie collective » dans « le village pittoresque et tranquille » de Pont-Saint-Esprit. Et de nouveau nous voici obligés de nous poser la question initiale : la « folie collective » peut-elle être produite seulement par voie pharmacologique ou bien aujourd’hui peut-elle être le résultat du recours, aussi, aux « nouvelles technologies » de la communication de masse ?

On comprend alors les financements par Hillary Clinton et par l’administration Obama destinés aux nouveaux media. Nous avons vu que la réalité des « guerres sur Internet » est désormais reconnue même par de réputés organes de presse occidentaux ; sauf que dans le langage de l’Empire et dans la novlangue la promotion des « guerres sur Internet » devient la promotion de la liberté, de la démocratie et de la paix.

Les cibles de ces opérations ne restent pas sans rien faire : comme dans toute guerre les faibles cherchent à combler leur désavantage en apprenant des plus forts. Et voici que ces derniers crient au scandale : « Au Liban ceux qui maîtrisent le plus les news media et les réseaux sociaux ne sont pas les forces politiques pro-occidentales qui soutiennent le gouvernement de Saad Hariri, mais les "Hezbollah" ». Cette observation laisse poindre un soupir : ah, comme ce serait beau si, ainsi qu’il en a été pour la bombe atomique et pour les armes (proprement dites) les plus sophistiquées, même pour les « nouvelles technologies » et les nouvelles armes d’information et de désinformation de masse, ceux qui détiennent le monopole étaient les pays qui infligent un interminable martyre au peuple palestinien et qui voudraient continuer à exercer au Moyen-Orient une dictature terroriste ! Le fait est —se lamente Moises Naïm, directeur de Foreign Policy— que les USA, Israël et l’Occident n’ont plus affaire aux « cyberidiots d’autrefois ». Ceux-ci « contre-attaquent avec les mêmes armes, font de la contre information, empoisonnent les puits » : une véritable tragédie du point de vue des présumés champions du « pluralisme » . Dans le langage de l’Empire et dans la novlangue, la timide tentative de créer un espace alternatif à celui qui est géré ou hégémonéisé par la superpuissance solitaire devient un « empoisonnement des puits ».



De nombreux snipers ont été arrêtés par les forces de l’ordre au cours des dernières semaines et leurs cellules démantelées. Chaque soir, la télévision syrienne publie de nouveaux interviews des terroristes qui relatent comment ils ont été recrutés, formés et armés (capture d’écran du Journal télévisé du 26 avril 2011)


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MessagePosté le: Mar 25 Oct 2011 08:52    Sujet du message: decryptage election tunisienne Répondre en citant

http://www.atlantico.fr/decryptage/tunisie-elections-assemblee-constituante-influence-france-bas-triomphe-turquie-erdogan-karim-douichi-209830.html

Citation:

C’est pratiquement sûr. Ce n’est plus simplement d’une grande victoire dont on parle aujourd’hui en Tunisie au vu du score réalisé par le parti islamiste Ennahda, dans les premières élections libres dans le pays, mais quasiment d’un véritable triomphe. Même si Abdelhamid Jelassi, porte-parole d’Ennahda a le succès humble, les 45 % des voix que son parti aurait engrangées en font la première force politique du pays.

Ils sont en effet loin ces temps où les militants islamistes se terraient un peu partout quand ils ne croupissaient pas dans les geôles de Ben Ali ou quittaient la Tunisie vers des rivages plus cléments. Ils sont tout aussi loin ces élections législatives d’avril 1989 où les listes du Mouvement de la Tendance Islamiste (MTI) fraîchement baptisé parti Ennahda se voyait voler une éclatante victoire électorale en n’obtenant finalement que 13 % alors qu’il en avait remporté 30 %.

Depuis, les principaux dirigeants d’Ennahda pourchassés par l’implacable police politique de Ben Ali ont préféré aller « prêcher » la bonne parole ailleurs. Dans sa fuite, le leader d’Ennahda, Rached Ghannouchi, tente de rejoindre alors la France. Celle-ci ne veut pas indisposer le président tunisien qui jouissait de solides amitiés au sein de l’establishment français. La France qui craignait la montée de l’islamisme radicale au Maghreb tourne le dos à Ghannouchi qui se rabat sur l’Angleterre.

A Londres, le patron d’Ennahda noue des relations avec les islamistes de tous bords qui font de la capitale britannique leur fief. Il se lie d’amitié avec le soudanais Hassan Tourabi. Il effectue également plusieurs séjours dans les pays du golfe et notamment au Qatar. Malgré les accusations des autorités tunisiennes de l’époque, on ne lui connait pas de liens avec les salafistes violents ou avec les Djihadistes. Londres refuse à maintes reprises de l’extrader vers la Tunisie ou de réduire ses activités.

En France, les leaders d’Ennahda sont malmenés par les sbires du régime tunisien. Les services de sécurités tunisiennes, saisies par les militants islamistes, préfèrent regarder ailleurs. C’est le grand désamour entre Ennahda et la France. Cette coupure va aller crescendo avec l’arrivée de la droite au pouvoir. Sous la présidence de Jacques Chirac, la France quand elle ne ferme pas les yeux sur les dérives du régime de Ben Ali, l’encense publiquement. Cela s’aggrave encore plus sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Alors que le modèle tunisien tant vanté par les élites politiques françaises se craquelle de toutes parts, les ministres et les responsables politiques de l’hexagone multiplient les déclarations élogieuses et les visites « privées » et officielles dans le pays du jasmin. Quand la crise de décembre 2010, qui fut fatale au président Ben Ali, éclate, les dirigeants d’Ennahda réapparaissent sur les plateaux des télévisions arabophones. En France, la « myopie » est toujours de mise. Elle durera jusqu’à la fuite du dictateur et le retour triomphal de Rached Ghannouchi et des autres leaders islamistes.

C’est donc à partir de janvier 2011, qu’en France on redécouvre Ennahda. Aucun lien n’existe réellement entre les dirigeants de ce parti et les officiels français. Rached Ghannouchi et ses ouailles regardent vers la Turquie. Le chef des islamistes tunisiens rappelle à chacune de ses sorties que la Turquie est aujourd’hui l’exemple à suivre, d’autant plus qu’il se délecte à rappeler que les islamistes turcs se sont dans les années 1990 inspirés des idées défendues par Ennahda.

Cela dit, la victoire des islamistes ne sonne pas à elle seule le glas de l’influence de la France en Tunisie. La deuxième place du Congrès pour la république (CPR)-crédité de 15 % des suffrages- dont le leader Moncef Marzouki n’a pas pu être élu à Nabeul est un mauvais signe à l’adresse de la France. C’est effectivement le très charismatique Mohamed Abdou, dirigeant au CPR, dont le discours nationaliste et teinté d’un panarabisme très hostile à l’ancienne puissance colonisatrice qui a forgé cette deuxième place du CPR. Mohamed Abdou a lui aussi à maintes reprises affirmé sa fascination pour le modèle turc.

D’un autre côté, le Parti démocrate progressiste (PDP) de Nejib Chebbi et de Maya Jribi, adepte d’une laïcité à la française a essuyé une cuisante défaite. Monté en épingle par la pesse française, la popularité présumée de ce parti a été balayée par les résultats provisoires du vote pour l’assemblée constituante. Un autre signal que la France est en perte de vitesse dans un pays où elle a été jusque-là sans concurrence.


Karim Douichi
Karim Douichi est journaliste et analyste politique marocain sur le site maghreb-intelligence.


On a beaucoup parlé des révolutions arabes il y a quelques mois. La révolution tunisienne étant le facteur déclenchant d'un mouvement de grande ampleur. Lorsqu'on discute on émet des hypothèses d'un mouvement comme celui là, on le fait par rapport aux incertitudes qui pèsent sur le futur. On essaie donc en fonction de certaines hypothèses de prévoir ce qui pourrait se passer dans le futur. Le positif là dedans, c'est que les choses se réalisent et on peut donc confronter nos hypothèses à la réalité des faits.
Les premières élections libres en Tunisie sont en train de se dérouler. Il apparaît d'après ce qu'on lit partout que le régime qui va sortir ds urnes risque d'être beaucoup moins favorable à la France que le précédent Il apparaît aussi que les candidats chouchou des médias français se sont fait laminer.
Quelle sera la pratique gouvernementale du nouveau pouvoir? Qu'adviendra-t-il des legs sociétaux de l'ère Bourguiba? Comment se concrétisera dans les faits, en termes géopolitiques, les références répétés à la Turquie d'Erdogan?
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