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De la Françafrique à la Mafiafrique

 
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Auteur Message
Pakira
Super Posteur


Inscrit le: 01 Mar 2004
Messages: 1750

MessagePosté le: Mer 17 Aoû 2005 18:18    Sujet du message: De la Françafrique à la Mafiafrique Répondre en citant

De la Françafrique à la Mafiafrique




Qu'est-ce que c'est que cette histoire de Françafrique ? D'où ça vient ? Et comment le peuple français a-t-il été roulé dans cette affaire ? Je ne vais pas refaire toute l'histoire de l'Occident et de la France avec l'Afrique, rappeler l'esclavage depuis trois ou quatre siècles, et la colonisation depuis le XIXe siècle, etc. Remontons seulement de soixante ans. Après la deuxième guerre mondiale, il y a eu une pression des peuples pour se libérer - un phénomène qu'on a appelé la décolonisation. Cela s'est fait de proche en proche, avec des tentatives de résistance tragiques, comme la guerre d'Indochine ou la guerre d'Algérie, successivement, puis la guerre du Vietnam, où les États-Unis ont pris le relais de la France. Donc, le mouvement de l'histoire et d’autres phénomènes ont acculé De Gaulle, revenant au pouvoir en pleine guerre d'Algérie en 1958, à décider officiellement d'accorder l'indépendance aux anciennes colonies françaises au sud du Sahara. Ça, c'est la nouvelle légalité internationale proclamée. En même temps, De Gaulle charge son bras droit Jacques Foccart, son homme de l’ombre -responsable du parti gaulliste, de son financement occulte, des services secrets, etc.-, de faire exactement l'inverse, c'est-à-dire de maintenir la dépendance. C'est ça le point de départ de la Françafrique : si vous avez une nouvelle légalité internationale qui est l'indépendance et que vous voulez maintenir la dépendance, c'est illégal ; donc, vous ne pouvez le faire que de manière cachée, inavouable, occulte. La Françafrique, c'est comme un iceberg. Vous avez la face du dessus, la partie émergée de l’iceberg : la France meilleure amie de l’Afrique, patrie des droits de l’Homme, etc. Et puis, en fait, vous avez 90% de la relation qui est immergée : l’ensemble des mécanismes de maintien de la domination française en Afrique avec des alliés africains. Je vais le détailler par la suite.
Pourquoi ce choix de De Gaulle de sacrifier les indépendances africaines à l’indépendance de la France ? Il y a quatre raisons. La première, c’est le rang de la France à l’ONU avec un cortège d’Etats clients, qui votent à sa suite. La deuxième, c’est l’accès aux matières premières stratégiques (pétrole, uranium) ou juteuses (le bois, le cacao, etc.). La troisième, c’est un financement d’une ampleur inouïe de la vie politique française, du parti gaulliste d’abord, et puis de l’ensemble des partis dits de gouvernement, à travers des prélèvements sur l’aide publique au développement ou la vente des matières premières. Et puis il y a une quatrième raison, que j’ai repérée un peu plus tardivement, mais qui est aussi très présent : c’est le rôle de la France comme sous-traitante des Etats-Unis dans la guerre froide, pour maintenir l’Afrique francophone dans la mouvance anticommuniste, contre l’Union soviétique. Donc, pour ces quatre raisons, on met en place un système qui va nier les indépendances. Et c’est là que le peuple français a été roulé. Parce que, après la fin de la guerre d’Algérie, en 1962, quand on a demandé aux Français par referendum : «Est-ce que vous voulez tourner la page de plusieurs siècles de domination et de mépris de l’Afrique ?», les Français ont voté oui à 80%. Cela voulait dire : «Oui, on a fait des saloperies, mais il faut en finir ; on tourne la page et on veut traiter avec ces pays comme avec des pays indépendants». Or, vous allez le voir, on a mis en place non seulement un système néocolonial mais une caricature de néocolonialisme.
Comment s’y est-on pris ? Comment a-t-on construit cette face cachée de l’iceberg ? Premièrement, Foccart a sélectionné un certain nombre de chefs d’Etats « amis de la France », qui sont en fait des « gouverneurs à la peau noire ». Des gouverneurs à la peau noire c’est très pratique, parce qu’on a l’impression d’avoir des Etats indépendants, mais en fait ils ont des présidents français, ou tout comme. Un certain nombre d’entre eux ont la nationalité française et plusieurs, même, sont tout simplement des membres des services secrets français. Omar Bongo le reconnaît : il appartenait aux services secrets français. La manip’ est assez formidable : on avait des gouverneurs à la peau blanche, ce qui est un petit peu gênant pour faire croire à des indépendances ; et puis là, on recrute des gouverneurs à la peau noire.
Comment fait-on pour recruter ces gouverneurs ? On a commencé par une violence extrême. Il y avait un mouvement indépendantiste exceptionnel au Cameroun, l’UPC, mené par un personnage de la dimension de Mandela, qui s’appelait Ruben Um Nyobé. Ce mouvement, qui avait la confiance des populations camerounaises, luttait pour l’indépendance. Il a été écrasé entre 1957 et 1970 dans un bain de sang digne de la guerre du Vietnam, qui a fait entre cent mille et quatre cent mille morts, une centaine d’Oradour-sur-Glane…Cela ne figure dans aucun manuel d’histoire. Moi-même, je ne l’ai découvert qu’il y a une dizaine d’années. On a fait l’équivalent de la guerre d’Algérie au Cameroun ; on a écrasé un peuple, détruit une partie de ce pays.
Et puis ensuite on a eu recours à l’assassinat politique. Il y avait des leaders élus, de vrais représentants de leur peuple, comme Sylvanus Olympio au Togo. Eh bien, quatre sergents-chefs franco-togolais revenus de la guerre d’Algérie, après la guerre du Vietnam, ont fait un coup d’état avec l’appui de l’officier français qui était soi-disant chargé de la sécurité d’ Olympio : ils ont assassiné ce président le 13 janvier 1963. Quarante ans plus tard, un de ces officier, Etienne Gnassingbe Eyadema, est toujours au pouvoir, avec un règne digne de Ceaucescu, et un pays qui a sombré dans le chaos et la pauvreté. En Centrafrique, vous aviez un homme d’Etat très promoteur, Barthélemy Boganda : Il est mort dans un accident d’avion extrêmement curieux.
Pour le reste, on a procédé à la fraude électorale de manière massive ; on retrouvera ça un peu plus tard. On a écarte des candidats qui représentaient vraiment l’opinion de ces pays en promouvant des gens tout a fait dévoués à la cause française. Un seul a résisté, Sékou Touré, en Guinée. Mais il a subi en l’espace de deux ou trois ans tellement de tentatives de coups d’Etat et d’agressions de la part de Foccart qu’il a fini par imaginer de faux complots et par devenir paranoïaque. Vers la fin de sa vie, d’ailleurs, il s’est réconcilié avec Foccart.
Donc, à part la Guinée de Sékou Touré, l’ensemble des ex-colonies francophones ont été embarquées dans ce système, avec un certain nombre de chefs d’Etat auxquels on disait, en contrepartie de leur soumission : « servez-vous dans les caisses publiques, confondez l’argent public et l’argent privé, bâtissez–vous des fortunes». Un certain nombre ont pris ça au mot et ont constitués des fortunes égales à la dette extérieure de leur pays : Mobutu, Eyadema, Moussa Touré, etc. Donc « confondez l’argent public et l’argent privé, enrichissez-vous, mais laissez votre pays dans l’orbite française, laissez-nous continuer de prélever des matières premières à des prix défiant toute concurrence et de détourner une grande partie des flux financiers qui naissent de là».
En plus de ce choix d’un certain nombre de chefs d’Etat «amis», ou plutôt vassaux, les mécanismes de la Françafrique ont touché l’ensemble des domaines : politiques, économiques, financiers policiers, militaires… Par exemple, on a aussitôt recyclé les anciens de l’OAS, l’Organisation de l’armée secrète (qui avait mené la guerre contre les accords d’Evian, accordant l’indépendance algérienne), dans les polices politiques de ces pays africains. Nombre de ces Etats ont été doté de polices tortionnaires. Récemment, vous le savez, on a révélé que les tortionnaires dans la bataille d’Alger, Aussaresses et ses émules, ont été ensuite former les tortionnaires latino-américains, tellement on avait apprécié leurs expériences. On a mis en place auprès de chacun de ces chefs d’Etats un officier des services secrets chargé de le protéger… sauf lorsqu’il cessait de plaire. Le jour où le Nigérien Hamani Diori a voulu vendre son uranium ailleurs qu’en France, il a été déposé instantanément. Quant aux Comores, il y a eu deux chefs d’Etat assassinés, et un certain nombre d’autres déposés, par Denard et ses mercenaires. Les mercenaires, parlons-en. D’un côté, il y a la présence militaire officielle… mais c’est parfois gênant d’intervenir trop ouvertement. Alors, il y a un moyen beaucoup plus commode : ces gens qu’on présente comme des électrons libres, dont Denard est le prototype, et qui sont recrutés essentiellement dans les milieux d’extrêmes droites -j’y reviendrai. Et donc, on dit : « Voila, il y a des coups d’Etat, des révolutions, des renversements de présidents qui sont faits par des gens qu’on ne contrôle pas, ces fameux mercenaires, et ce Bob Denard qui sévit depuis 40 ans», désormais transformé en papy gâteau par la grâce du petit écran. Sauf que, chaque fois que Bob Denard a un procès, le gratin des services français vient dire à la barre: «Mais Bob Denard il est des nôtres ! C’est un corsaire de la République, pas un mercenaire. Il a toujours servi le drapeau français». Derrière ce fonctionnement opaque des mercenaires, la réalité, c’est bien un rappel aux chaînes de la dépendance.
Autre moyen de contrôler ces pays : Le franc CFA. On vous dit : «C’est formidable, on a doté ces pays d’une monnaie, avec le franc CFA». (CFA, cela veut dire : Colonie française d’Afrique…). Sauf que ce franc CFA convertible a permis, pendant des dizaines d’années, de faire évader les capitaux de ces pays. Au moment des campagnes électorale en France, on se mettait à pleurer sur le fait que tel Etat africain, le Cameroun ou le Togo, par exemple n’avait plus de quoi payer ces fonctionnaires. Donc, on envoyait un avion avec une aide financière directe, un chargement de billet CFA, à Yaoundé ou à Lomé. Et cet avion repartait aussitôt en Suisse où les francs CFA touts neufs étaient convertis, puis partagés entre le chef d’Etat destinataire et le décideur politique français. On faisait de même avec certains prêts. Autrement dit, c’est l’un des multiples moyens par lesquels on a enflé démesurément la dette du Tiers monde, avec des sommes dont les Africains n’ont évidemment jamais vu la couleur.
Autre moyen de détourner l’argent et de constituer des caisses noires : la création d’entreprises faux-nez des services français. Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf, a reconnu que Elf avait été crée pour ça. Dans cette compagnie, il y avait au moins quatre cents agents secrets. Et l’énorme différence, l’énorme rente qui peut provenir de l’argent du pétrole –payé très peu cher et en partie non déclaré-, toute cette énorme masse a servi aux services secrets à entreprendre un certain nombre d’actions parallèles, comme déclarer la guerre au Nigeria pour lui chiper son pétrole, ou faire des coups d’Etats dans un certain nombre de pays. Mais il y a eu aussi des faux-nez plus petits : un certain nombre d’entreprises de sécurité ou de fourniture aux missions de coopération facturaient deux ou trois fois le coût de leurs prestations pour détourner de l‘argent, par exemple vers un Bob Denard, qui contrôlait directement certaines de ces sociétés.
Je pourrais continuer longtemps comme ça. Je vous en donnerai un exemple encore plus tard. Ce dont il faut se rendre compte, c’est que dans la Françafrique, il y a eu une inversion permanente de ce qu’on vous déclare. Dans la face émergée de l’iceberg, vous avez la France qui affiche ses principes, et dans la face immergée, on voit l’application d’un monde sans lois, d’un monde sans règle, plein de détournements financiers, de criminalité politique, de polices tortionnaires, ou -on le verra tout à l'heure- de soutiens à des guerres civiles. Ça, c'est la réalité. C'est au moins 90% de la réalité. Alors, cette Françafrique, qui dure encore jusqu'à aujourd'hui, on conçoit bien qu'elle comporte un certain nombre de risques pour ces pays, qu'elle a de graves conséquences sur leur situation économique et politique.
Tout d'abord, quand on dit aux chefs d'Etat: «Servez-vous dans la caisse», peu à peu, la corruption va passer de la tête jusqu'au bas de la société. Et ce qui restait encore de services publics au moment de la décolonisation s'est transformé progressivement en self-service public. Aujourd'hui, les capacités de santé ou d’éducation dans ces pays sont tout à fait démontées.

Deuxièmement, on peut comprendre que ces «Etats» néocoloniaux, fondés sur ce qu'on appelle une économie de rente, de pillage, de prélèvement de la richesse des matières premières ou de détournement de l'aide publique au développement (au moins 50% de cette aide), n'ont aucun intérêt au développement économique. C'est une constante. Parce que, quand vous avez un développement productif - des usines, des lieux de fabrication-, des classes d'acteurs économiques apparaissent - des classes de salariés ou d'entrepreneurs- qui vont se mettre à contester l'usage de l'argent public. On voit surgir des gens qui n'ont plus un besoin absolu de l'argent de l'Etat pour vivre, qui se mettent à penser librement et à contester le pouvoir. Donc, si dans ces pays il n'y a pas de développement économique hors des matières premières, ce n'est pas un hasard ; ce n'est pas du tout parce que ces pays en seraient incapables. Si on oppose aux entrepreneurs des obstacles administratifs ubuesques, c'est tout simplement que le dictateur ne veut pas d'un développement économique qui contesterait son pouvoir. A Madagascar, l'un des seuls entrepreneurs qui a réchappé à cette mise en échec, Marc Ravalomanana, est devenu président avec un fort soutien de la population, parce qu'il produisait malgache et que, maire de la capitale, il avait rompu avec les traditions de pillage des biens publics. Donc, beaucoup de dictateurs ont préféré éviter ce danger. Ils ne tolèrent d'entrepreneurs que totalement corrompus et assujettis, vulnérables à des accusations de détournement.


D'autres phénomènes ont encore aggravé la situation, comme la poussée démographique. Et puis il y a eu, à la fin des années 1970, ce qu'on a appelé «La dette du tiers monde». En fait, il y avait trop d'argent dans les caisses de l'Occident et des pays pétroliers ; il fallait le recycler. Donc, on a poussé ces pays à s'endetter. On leur a dit : «Tout ça, c'est cadeau; on va vous faire une nouvelle forme d'aide publique au développement, on va vous prêter à 3, 2, voire même 0% et la différence avec le taux d'intérêt normal, on va compter ça comme de l'aide. Sauf que, quand ces prêts sont en partie ou totalement détournés, quand ces prêts vont dans des comptes en Suisse ou dans des paradis fiscaux, comme c'est le cas le plus souvent, avec quoi va-t-on rembourser ? L'argent a disparu et on n'a rien produit avec... Le cas du Congo-Brazzaville est caricatural, c'est une espèce d'alchimie extraordinaire. Voilà un pays qui avait beaucoup de pétrole. Ce pétrole, on le pompe, on l'achète presque pour rien, on n'en déclare pas une partie –un tiers, un quart ou la moitié, selon les gisements. Et donc, peu à peu, ce pays perd son pétrole. Mais en même temps, la dictature au pouvoir et ses amis de la Françafrique -les Sirven, Tarallo, Chirac, enfin tous les réseaux de la Françafrique- ont de gros besoins d'argent. Donc, au bout d'un certain temps, on ne se contente plus de la production présente mais, avec l'aide d'un certain nombre de banques, on va se faire prêter sur gage : le pétrole qui sera produit dans deux ans, trois ans, dix ans... Résultat, ce pays finit par avoir une dette qui est égale a trois fois sa production totale annuelle. Regardez la magie : ce pays a un plus, le pétrole, et ça se transforme en 3 moins, une dette égale à trois fois sa production pétrolière (et même davantage). Et puis, en plus, avec une partie de cet argent, on achète des armes pour armer les deux clans de la guerre civile, qui va détruire le pays au milieu des années 1990. Alors, vous allez dire: «Tout ça, c'est un fâcheux concours de circonstances». Sauf que je démontre dans un ouvrage, L'envers de la dette, que c'est le même personnage, Jack Sigolet, établi à Genève au cœur des paradis fiscaux, bras droit d'André Tarallo, le Monsieur Afrique d'Elf, qui à la fois vend le pétrole, gère la dette et achète les armes. Alors, dire que c'est une coïncidence, c'est un peu difficile.Donc, si le Congo-Brazzaville a été détruit -j'y reviendrai-, c'est la responsabilité d'Elf, et comme Elf était nationalisée, c'est la responsabilité de la France, c'est notre responsabilité à tous, en tant que citoyens de ce pays qui laisse opérer la Françafrique : à la fois nous pillons le pétrole, nous montons une dette totalement artificielle, la moussant comme œufs en neige à travers des commissions prélevées dans une kyrielle de paradis fiscaux, et nous achetons des armes pour détruire ce pays. C'est un petit raccourci de la dette du tiers monde. Vous le voyez, en fait de dette, si on fait les comptes, c'est plutôt nous qui devons de l'argent à ces pays.


Je continue : donc, à cette époque-là (les années 1980), on commence à enfler la dette. La dette, quand on y regarde de près, quand on regarde où est passé l'argent, c'est dans la plupart des cas une escroquerie absolument gigantesque. Alors, avec tout ça, on arrive à la fin des années 1980. Il y a une poussée démocratique après la chute du mur de Berlin. Et à ce moment-là, les dictateurs ont beaucoup de mal à résister à cette pression. Ils vont devoir affronter des élections, mais ils ne peuvent plus tenir comme discours politique: «Je me représente parce que je fais le bien du peuple, parce que je vais assurer son développement». Ce n'est plus crédible, et donc ils se mettent à utiliser l'arme ultime du politique, le bouc émissaire, qui malheureusement marche depuis les débuts de l'humanité. Ils se mettent à expliquer que, s'il y a des malheurs dans le pays, ce n'est pas leur faute, c'est la faute de l'autre ethnie, «cette ethnie que vous haïssez, n'est-ce pas, et qui, si elle vient au pouvoir, va vous ôter le pain de la bouche, prendre toutes les hautes fonctions, et même, éventuellement, vous massacrer». C'est ce discours qui a été tenu au Rwanda, c'est ce qui menace dans un certain nombre d'autres pays. C'est un scénario sous-jacent à ce qui se passe en Côte d'Ivoire. A la criminalité économique et à des régimes dictatoriaux souvent tortionnaires, on a rajouté une criminalité politique de masse en dressant les gens les uns contre les autres. Encore un dernier exemple du fonctionnement de la Françafrique. Rappelons le schéma de l'iceberg qui représente la Françafrique : en haut, vous avez la France meilleure amie de l'Afrique, patrie des droits de l'homme, etc. ; sous la ligne de flottaison, vous avez ces fonctionnements de solidarité entre un certain nombre de Français et d'Africains qui se sont organisés pour tenir ces pays politiquement (par la dictature), militairement (avec les mercenaires), et à travers un certain nombre de circuits financiers pompant l'argent des matières premières, l'argent de la dette, l'argent de l'aide publique au développement. L'un des exemples les plus récents et les plus achevés de ce fonctionnement en iceberg, c'est ce qui s'est passé après la poussée démocratique des années 1990.La Françafrique a été prise au dépourvu par une révolution démocratique au Bénin. Aussitôt, elle a organisé un système qui a marché de manière quasi infaillible pendant pratiquement dix ans. Il consiste en ceci : avec notre argent, l'aide publique au développement, on envoie des urnes transparentes, des bulletins de vote et des enveloppes dans ces pays ; on déclare : «Oui, vraiment, c'est bien, ils arrivent à la démocratie; donc, on va les aider» ; et en même temps, on envoie dans les capitales de ces pays des coopérants très spéciaux, des réseaux Pasqua ou de la mairie de Paris, qui vont installer un système informatique de centralisation des résultats un peu spécial : alors que les gens ont veillé jour et nuit auprès des urnes pour être sûrs que leur suffrage soit respecté, alors qu'ils ont voté à 70 ou 80% pour chasser le dictateur, ils se retrouvent à la fin avec un dictateur réélu avec 80% des voix... ou 52% s'il est modeste. Voilà encore une alchimie extraordinaire.


Nous, avec notre argent, on aide les gens à se doter d'instruments de démocratie; au même moment, les réseaux de la Françafrique arrivent à faire en sorte que ces peuples aient encore pire qu'un dictateur, un dictateur «légitimé démocratiquement». Et ça ne s'est pas passé que dans un pays ; ça s'est passé cinquante fois entre 1991 et 2003, avec chaque fois le même système, chaque fois le même discours, que ce soit au Togo, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Gabon, à Djibouti, en Mauritanie, etc.
Il n'y a eu que trois ou quatre exceptions, dans deux pays pauvres d'abord, parce qu'ils sont trop pauvres pour intéresser beaucoup la Françafrique : le Mali, avec le renversement du dictateur Moussa Traoré, et le Niger, où quelques officiers progressistes ont renversé le dictateur installé par Foccart, qui s'appelait Ibrahim Baré Maïnassara. Alors là, quand ils ont renversé le dictateur, la France a crié à l'interruption du processus démocratique. Elle a coupé sa coopération. Et donc les Nigériens ont organisé leurs élections sans et malgré la France. Et ça a donné les élections les plus incontestées depuis quarante ans en Afrique. Il n'y a pratiquement pas eu un bulletin contesté.
Et puis, il y a encore deux exceptions célèbres. Au Sénégal, où il y avait une fraude instituée depuis très longtemps, s'est produite une invention démocratique. La société, qui en avait marre de l'ancien régime corrompu -ça ne veut pas dire que le nouveau est parfait, loin de là-, voulait au moins pouvoir changer de président. Eh bien, ils ont jumelé les téléphones portables et les radios locales de manière à annoncer en direct les résultats à chaque dépouillement d'urne, pour que l'on ne puisse pas truquer la totalisation. Dans d'autres pays, on a retardé du coup la mise sur le marché des téléphones portables… Un autre exemple, extraordinaire, presque unique dans l'histoire de l'humanité, c'est Madagascar. Jour et nuit, pendant quatre ou cinq mois, entre cinq cent mille et un million de personnes ont tenu la rue pour défendre le candidat élu et obtenir son installation à la place du dictateur soutenu par l’Elysée et par la Françafrique. Sous la pluie, des femmes de soixante-dix ans, des mères de famille, etc., une marée humaine se gardant de toute violence, a réussi peu à peu, par son courage, a dissuader l'armée et les milices du régime. Chaque fois que l’armée voulait attaquer le mouvement populaire, il y avait toujours une femme ou une fille de général dans la manifestation qui appelait sur son téléphone portable le père ou le mari pour dire: «Nous sommes dans la manifestation». Et peu à peu, les généraux, les officiers ont craqué l'un après l'autre, ils sont passés dans le camp du président élu. C'est un exemple vraiment assez exceptionnel, tellement inquiétant pour les dictateurs en place qu'ils ont mis un an avant de reconnaître le nouveau régime.
Donc, tout n'est pas désespéré. Mais disons que pour ce qui est de notre rôle, du rôle de la France, on a passé son temps à faire «valider» par les urnes l'inverse de la volonté du peuple, quitte à dégoûter les gens de la démocratie.
Alors, J'avance. Je passe rapidement car je n'ai pas le temps de faire l'histoire de la Françafrique. Je vais quand même vous décrire brièvement ses réseaux, très, très sommairement. Et puis, je vous donnerai un ou deux exemples récents avant de passer à la mafiafrique.
Ces réseaux, Je vais d'abord vous les énumérer tels qu'ils nous sont apparus en première lecture, si je puis dire, et puis ensuite vous les décrire tels que nous les voyons maintenant, parce que c'est un peu différent, et à force d'y travailler, on y voit un peu plus clair. Je vous le dis rapidement, je n'ai pas le temps de détailler et d'insister -tout ça se trouve dans mes différents ouvrages. Simplement, je vais d'abord vous décrire un foisonnement.
II y a ce qu'on appelle les réseaux politico-affairistes. Le plus important d'entre eux, c'était le réseau Foccart, créé sous De Gaulle ; disons que c'était le réseau gaulliste. Et puis il y eut les réseaux néogaullistes -principalement le réseau Pasqua-, le réseau Giscard, le réseau Mitterrand, le réseau Madelin, le réseau Rocard, etc.
Ensuite, il y a quelques très grandes entreprises qui jouent un rôle dominant là où elles se trouvent. Il y a Elf, bien entendu, qui faisait la politique de la France au Gabon, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Nigeria, en Angola, etc. Il y a Bouygues, qui contrôle les services publics en Côte d'Ivoire, qui a hérité d'une grande partie des subventions d'investissement de l'aide publique au développement. Il y a Bolloré qui a le monopole des transports et de la logistique sur une bonne partie de l'Afrique. Il y a Castel, qui contrôle les boissons, etc.
Et puis il y a les militaires. La plupart des hauts dignitaires de l’armée française ont fait leurs classes en Afrique où ils ont eu des carrières accélérées, deux ou trois fois plus rapides, avec des soldes faramineux. L'armée française tient beaucoup à l'Afrique ; elle fait encore la politique de la France au Tchad ou à Djibouti. La plupart des généraux africains francophones, y compris les généraux-présidents, sont ses «frères d'armes».
Vous avez encore les différents services secrets, qui se disputent entre eux et qui ont chacun un rôle dans la Françafrique. Vous avez la DGSE, le principal service secret vers l'étranger, qui contrôlait de près chacun des «gouverneurs à la peau noire». Vous en avez un autre, qu'il est beaucoup plus surprenant de rencontrer en Afrique, la DST (Direction de la sécurité du territoire). En principe, elle ne devrait s'occuper que de l'intérieur de la France. Mais elle s'occupe aussi de l'extérieur pour diverses raisons. D'abord parce qu'il s'agirait de protéger la France des dangers de l'immigration. Ensuite, la DST, qui est une police politique, fait de la coopération avec l'ensemble des polices politiques de toutes les dictatures du monde. Donc, elle devient copine avec toutes les «sécurités intérieures» des pires dictatures. Et du coup la DST se retrouve impliquée dans beaucoup de pays, comme le Gabon, le Burkina, l'Algérie, l'Angola, etc. J'ai oublié de dire que, bien entendu, les réseaux françafricains sont devenus les mêmes au Maghreb qu'en Afrique noire, avec exactement les mêmes mécanismes en Algérie, en Tunisie et au Maroc que ceux que je vous ai décrits jusqu'à présent. Après la DGSE et la DST, il y a la Direction du renseignement militaire, poisson-pilote de l'armée, qui fait la propagande de la France lors des conflits en Afrique, et puis l'ancienne Sécurité militaire, qu'on appelle maintenant DPSD -sur laquelle je reviendrai-, qui, entre autres, contrôle les mercenaires et les trafics d'armes.
Il faut rajouter un certain nombre de réseaux d'initiés : une obédience franc-maçonne dévoyée, la Grande Loge Nationale Française (GLNF), fort à droite, à laquelle appartiennent tous les dictateurs franco-africains, une forte proportion des responsables des services secrets, des généraux français et africains, les dirigeants de grands médias comme TF1, une partie du lobby nucléaire et pétrolier, etc. Vous avez des sectes, très présentes en Afrique et liées à la Françafrique, comme les Rose-Croix ou même le Mandarom...
Il y a encore le Trésor, du ministère des Finances, l'administration française la plus puissante : elle applique à l’Afrique les politiques de la Banque mondiale.
Après cette description panoramique un peu éclatée, je vais revenir à un historique plus unifié, que je n'ai compris qu'assez tard, au début des années 2000, en travaillant sur le livre Noir Chirac. La relecture de la guerre froide m'a fait un peu déplacer les accents en considérant notamment que la dépendance de la France ou des décideurs français vis-à-vis des politiques américaine et atlantiste était beaucoup plus importante qu'il n'y paraissait. J'ai compris en particulier que le discours antiaméricain, qui est la propagande de base de la Françafrique, et notamment des réseaux Pasqua, est une propagande à usage subalterne. Parce qu'en réalité, ceux qui crient le plus fort leur antiaméricanisme sont les plus liés aux Américains : vieille astuce !
Selon ma perception d'aujourd'hui, l'historique des réseaux de la Françafrique s'est passé de la manière suivante. Vous avez au départ le réseau Foccart, qui agrégeait tous les éléments anticommunistes des réseaux de la guerre froide, ce qui incluait notamment un certain nombre d'éléments issus de l'extrême droite ou de la mafia corse -y compris mêlés à des trafics de drogue. J'ai expliqué dans La Françafrique et dans Noir silence que Charles Pasqua avait été l'initiateur de la French connection vers les Etats-Unis. Il m'a attaqué en diffamation, mais pas sur ce point. Sous couvert de Pernod-Ricard et au nom des services secrets, il a couvert un trafic de drogue, mais c'est un grand classique des services secrets. Et puis, en 1970, Pasqua se dispute avec Foccart et donc crée un réseau dissident, un réseau néogaulliste (les néogaullistes se distinguent des gaullistes en étant beaucoup plus dans la mouvance américaine). Et Pasqua devient le financier de la carrière de Chirac, qui est en train de monter en puissance et qui va devenir Premier ministre en 1974. A partir de 1974, le tandem Pasqua-Chirac prend les rênes du futur RPR et de la Françafrique, tandis que le réseau Foccart est déclinant.
Ensuite, apparaît Mitterrand. On croît qu'il va changer les choses, mais pas du tout : Mitterrand suivait les traces de Foccart depuis 1948. Il se contente de montrer sa capacité de nuisance en faisant publier Affaires africaines par son ami Pierre Péan, dénonçant le système Elf et le Gabon de Bongo. La Françafrique comprend, on lui donne une part du gâteau et Jean-Christophe Mitterrand se branche sur les réseaux Pasqua : le réseau Mitterrand, c’est en fait une simple branche des réseaux Pasqua.
En 1986, Chirac se réconcilie avec Foccart, qu'il emmène à la cellule Afrique de Matignon. Par conséquent, à partir de 1986, Chirac détient toutes les clés de la Françafrique : non seulement Pasqua, mais aussi Foccart. Et comme toute instance trop dominante a tendance à se diviser, à partir de 1989 se manifeste une tension extrême entre Pasqua et Chirac, avec des alternances de dispute et de réconciliation, c’est ce que j'appellerai plus tard «le conflit des anciens et des modernes» -grâce auquel nous avons appris a peu près tout ce que nous savons sur la Françafrique. Parce que tout ce que je vous raconte n'est pas seulement le fruit d'un travail considérable de dépouillement d'informations et de recoupements. C'est aussi paru crûment dans la presse, parce que les deux camps -Chirac-Juppé contre Pasqua et les anciens- se bombardaient par presse interposée, exposant les saloperies de l'autre. Ainsi, ce qu'on a appelé l'Angolagate, c'est tout simplement la guerre des modernes -Juppé, de Villepin contre les réseaux Pasqua, la guerre aussi de la DGSE, du côté des modernes, contre la DST pasquaïenne, du côté des anciens. Je n'ai pas le temps de vous détailler tout ça, mais ce qui est clair, c'est quand même que le néogaullisme chiraquien contrôle la Françafrique depuis 1974, c'est-à-dire pratiquement depuis trente ans, et qu'il est l'ami des principaux dictateurs africains. (…)

François- Xavier Verschave (Survie)

http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm
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"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
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MessagePosté le: Jeu 18 Aoû 2005 15:40    Sujet du message: Répondre en citant

Françafrique : les figures légendaires

1 – Au commencement, était Félix Houphouët-Boigny

C’est en 1950 que l‘Ivoirien Félix Houphouët a changé de camp, un retournement auquel oeuvra particulièrement Francois Mitterrand, ministre de la France d’outre-mer. On négligera le suffixe Boigny, à peu près aussi décisif que le d’Estaing de Giscard. Le jeune Félix est né autour de 1900. Il a étudié et brièvement exercé la médecine. Héritier d’une chefferie traditionnelle et d’un vaste domaine agricole à Yamoussoukro, il s’est affirmé peu à peu comme le leader des planteurs ivoiriens. En 1944, il accède à la tête de leur syndicat. En 1946, il fonde et préside le Rassemblement démocratique africain (RDA), parti précurseur de l’anti-colonialisme panafricain. Il est élu à la Chambre des députés, à Paris, où il obtient l’abolition du travail forcé. Beau début !
Mais la répression déclenchée en 1949-1950 par le gouverneur Péchoux va changer la donne. De nombreux militants du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la section ivoirienne du RDA, sont emprisonnés et condamnés. Le sénateur Victor Biaka-Boda, de l’aile intransigeante du PDCI, est torturé et assassiné par des supplétifs syriens de l’armée coloniale, le 28 janvier 1950. Il a été trahi par ceux qui, dans son parti, prônent la collaboration avec le colonisateur.
Leader déjà célèbre du RDA panafricain, chef d’un PDCI honni par les colons, Houphouët a peur pour sa vie. Ses intérêts de gros planteur l’éloignent des révoltes urbaines. Une plainte pour détournement de mineure (une de ces très jeunes filles françaises qu’il affectionne) est étouffée. Parce qu’il se sent menacé, parce qu’il est tenu, parce que c’est son avantage, et parce qu’il sera pris au piège de son nouveau discours francophile, Houphouët devient l’homme des Français. Ce n’est pas seulement qu’il sert leurs intérêts, et les siens au passage. Son ascension politique, de 1952 au tournant de l’indépendance, ira de pair avec un consentement : être exclusivement entouré de conseillers politiques, financiers et militaires francais. Parmi eux, Guy Nairay et Alain Belkiri seront les plus constants.
Le premier, un Guadeloupéen, a commencé sa carrière en Côte d’Ivoire au début des années cinquante, comme commandant de cercle à Gagnoa. Dès 1956, trois ans avant qu’Houphouët ne devienne Premier ministre, Paris suggère au leader ivoirien de faire de Guy Nairay son directeur de cabinet. L’ancien administrateur colonial est resté à ce poste jusqu’au décès d’Houphouët en 1993 – et même au-delà, auprès du successeur Konan Bédié ! C’est également en 1956 qu’Alain Belkiri a été nommé par la France secrétaire général du gouvernement d’Abidjan. Nonobstant l’indépendance, il est demeuré la cheville ouvrière de l’exécutif ivoirien.
Côté militaire, notons seulement cette observation d’un futur directeur du Sdece, Pierre Marion : « Notre chef de poste (à Abidjan) sert de conseiller (à Houphouët) pour les questions de renseignement. » Cela se passe en 1981, plus de vingt ans après l’ « Indépendance » ! « En Côte d’ivoire, note un observateur pointu, il n’y a de pouvoir que de la « Présidence » mais Houphouët est le seul citoyen ivoirien qui en fasse partie. »
Il s’est laissé littéralement circonvenir. De 1958 jusqu’à l’ultime maladie, en 1993, il va garder un contact téléphonique quasi quotidien avec jacques Foccart, devenu un ami très proche. De son côté, Foccart était, « aussi souvent que nécessaire, en relation avec Guy Nairay », et voyait « fréquemment aussi Alain Belkiri […], qui veillait à l’application des décisions ». Ce lien avec Paris, ou plutôt ce câble, aura tenu quarante ans, surplombant au passage l’indépendance formelle de 1960. Houphouët ne voulait pas de cette indépendance. Il
reprocha amèrement à de Gaulle de l’avoir imposée, d’avoir abandonné le projet d’une communauté francophone sous hégémonie française officielle. Mais, avait compris le Général, un tel Empire new look serait intenable, du moins en gestion directe. Houphouët ne s’y est jamais fait : « J’ai attendu en vain sur le parvis de l’église, avec mon bouquet de fleurs fanées à la main. »
Faute de mariage, va pour le concubinage ! les accords de coopération signés dès 1961 reprenaient de fait l’essentiel des dispositions financières et militaires prévues par la communauté. Dans ce cadre, Houphouët « oubliera très vite sa déception pour prendre en main la défense des intérêts de la France en Afrique ». Cela supposait l’assainissement de leur base ivoirienne. Toute concurrence politique intérieure est impitoyablement éliminée, démantelée à coups de faux complots.
En 1959, le complot dit « du chat noir », où le fétichisme à tête de chat se mêle à des intrigues matrimoniales, reste anecdotique. Suit en 1961, avec la complicité de Foccart, une série d’arrestations d’étudiants ivoiriens à Paris. Ces coups d’essai débouchent en 1963 sur le « complot des jeunes » et le « complot des anciens » : on l’aura deviné, ces deux assignations successives permettent de ratisser large. La quasi-totalité des hommes politiques mêlés à la lutte anticoloniale et aux débats qui entourèrent l’indépendance sont arrêtés. Les anciens de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France, la légendaire FEANF, sont particulièrement visés, tout comme les étudiants qui ont créé ou animent sa résurgence ivoirienne.
Le docteur Houphouët assiste personnellement à la torture de ses principaux rivaux ou opposants potentiels : flagellation au nerf de bœuf, à la lanière tressée, au fouet de liane, à la matraque plombée ; cataplasmes de piment pilé sur les plaies, ou onguents de même composition dans les orifices naturels ; chantage sur les proches. Les uns sont disqualifiés par l’aveu de crimes imaginaires, les autres vont croupir trois ou quatre ans en prison. Quelques-uns, comme Ernest Boka, périssent sous la torture, ou de mauvais traitements. C’est peu, diront certains, par rapport aux crimes commis en d’autres pays. Mais l’opposition est brisée. Toute résistance, au pillage intérieur comme à l’aventurisme extérieur, est découragée pour plusieurs décennies.
Dès lors, la richesse d’Houphouët ne va cesser d’enfler, surpassant longtemps la plus grosse fortune française. Elle a été évaluée à 60 milliards de francs français : plus que le produit national brut ivoirien. Même sur ce chiffre est surestimé, plusieurs indices étayent son ordre de grandeur – à commencer par l’ampleur des cagnottes concédées aux courtisans. Houphouët a mobilisé sans peine, « sur sa cassette personnelle », le milliard de francs qu’a coûté la basilique de Yamoussoukro. A la fin de sa vie, il détenait d’innombrables intérêts et propriétés en Côte d’Ivoire, en France et en Suisse. Une voie d’accumulation parmi bien d’autres : Houphouët produisait plus de 30 000 tonnes d’ananas par an, un tiers de la production ivoirienne, avec des ouvriers payés par le budget de l’Etat !
Au terme de cette présidence avisée, la riche Côte d’Ivoire a réussi à battre le record mondial de l’endettement : 240 % de sa production annuelle en 1993, dans un pays rongé par la corruption. Tel est le legs du « vieux sage » à son pays. « Quel est l’homme sérieux dans le monde qui ne place pas une partie de ses biens en Suisse ? », lança-t-il un jour à des enseignants en grève …

2 – Omar Bongo, un tiers de siècle de régime policier et corrompu

Je ne m’étendrai pas sur la dilapidation des exceptionnelles richesses du Gabon, œuvre conjointe d’Omar Bongo et de ses nombreux amis français : il y faudrait plusieurs ouvrages. Les juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky, aidées par le procureur de Genève Bernard Bertossa, sont en train d’ailleurs d’en écrire quelques chapitres. Avec « Affaires africaines », Pierre Péan a commencé à lever le voile. Plus tard, dans « L’Homme de l’ombre», il a raconté un épisode clef de l’accession au pouvoir de Bongo – l’évènement qui, dit-il, l’a décidé à se dresser contre le système Foccart. Il s’agit encore d’un assassinat, tellement significatif qu’il n’est pas possible, ici, de ne pas en faire mémoire.
Un tiers de siècle de régime policier et corrompu ne permet de l’imaginer, mais les quelque 500 000 Gabonais avaient goûté jusqu’en 1965 un début de démocratie : d’authentiques mouvements politiques s’étaient formés, parvenant à se faire entendre lors des campagnes électorales et à obtenir des élus. Bien sûr, la fraude électorale « orientait » les scrutins, de telle sorte que l’homme au pouvoir soit d’abord l’élu de Paris : depuis l’indépendance, c’était Léon M’Ba.
Ce président se rend tellement insupportable qu’il est écarté par l’ armée gabonaise le 18 février 1964, sans un coup de feu. Les officiers gabonais, formés à Saint-Cyr, confient le pouvoir au principal opposant civil, Jean-Hilaire Aubame.
Aussitôt, celui-ci s’emploie à rassurer l’ambassadeur de France : le nouveau régime n’a pas la moindre hostilité envers l’ancienne métropole.
Mais où va-t-on si les Gabonais, ou d’autres Africains du pré carré francophone, se mettent à désavouer le président que leur a choisi la France ? Foccart en convainc de Gaulle : c’est un crime de lèse-Empire. Il faut envoyer l’armé française restaurer Léon M’Ba. Après quelques cafouillages, deux régiments de parachutistes débarquent à Libreville le 19 février : le 7e RPIM basé à Dabar, et les paras de Bouar, en Centrafrique. Ils cernent le camp militaire de Lahala, où est retranchée la petite armée gabonaise. Maurice Robert, le chef du Sdece-Afique, mène les opérations pour Jacques Foccart. Il ordonne d’en finir dans la journée.
Un des officiers français chargés de la besogne est l’ami de promotion d’un lieutenant gabonais assiégé. Il interpelle son collègue :
-Rends-toi, nous te traiterons en officier.
- Non, vous humiliez le peuple gabonais, je ne me rendrai pas !
- je t’ai en ligne de mire, je vais te tuer si tu ne viens pas …
-Tue-moi, je préfère la mort à la honte.
- C’est idiot …
-Comme une quinzaine de ses hommes, l’officier gabonais est abattu.
Léon M’Ba est rétabli. On fabrique a posteriori les fausses demandes d’intervention qui « justifient » l’ingérence française. Mais le ressentiment populaire reste vif. Il faut « normaliser » et quadriller le Gabon. Les opposants sont emprisonnés, les libertés étouffées. Le gratin foccartien vient prendre en main ce pays de cocagne. Ex-baroudeur du Sdece, Bob Maloubier est chargé de monter une garde présidentielle cofinancée par ELF. On ressort le trio de choc, révélé lors de la sanglante répression camerounaise : Maurice Dellaumey devient ambassadeur à Libreville ; Georges Conan monte une police politique qui organise la délation entre Gabonais ; Georges Maîtrier est chargé de commander et instruire la gendarmerie locale. Un an après l’assassinat d’Olympio, il a encore pris du galon : il est lieutenant-colonel. L’action du trio punitif n’est pas laissée au hasard : « J’allais régulièrement prendre les instructions de Jacques Foccart qui suivait de très près l’évolution de la situation au Gabon », précise Delauney. Le Gabon est incontestablement devenu un « Foccartland ».
Léon M’Ba, cependant, est vraiment trop impopulaire, et il est atteint d’un cancer. Il faut le remplacer. Foccart opte pour le directeur du cabinet présidentiel, Albert-Bernard Bongo, ancien sous-officier de l’armée française. C’est le bon profil pour gouverner un néocolonial, on l’a vu avec Eyadéma. Le Colonel Maurice Robert est déjà son ami. Et Andé Tarallo, qui va s’affirmer comme le futur grand manitou financier d’ELF, a pu jauger son ouverture aux circuits extra-gabonais.
Quelques scrutins truqués plus tard, Bongo se retrouve vice-président, investi de tous les pouvoirs. Il devient président fin 1967, à la mort de Léon M’Ba. Il instaure un parti unique, le PDG : Parti démocratique gabonais (sic). Trente ans plus tard, « légitimé » par une démocratisation trafiquée, le PDG Bongo de l’entreprise France-Gabon est toujours en place. Fortune faite. Sous un parapluie militaro-policier français.
Omar Bongo est peut-être l’auteur de la définition la plus explicite du clientélisme néocolonial : « L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant. » Pour la France, le moteur gabonais est une merveille géopolitique, à double injection : pétrole et uranium. La politique d’indépendance atomique du général de Gaulle passait par l’organisation d’une filière ultra-protégée d’approvisionnement en uramium. Pierre Guillaumat fonda le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) et présida Elf-Aquitaine. Le haut-commissaire à l’énergie atomique de Giscard, Michel Pecqueur, devint président d’Elf sous le premier septennat de Mitterrand, avant d’atterrir dans le nucléaire gabonais : la présidence de la Compagnie des mines d’uranium de Franceville. La surveillance de cet ensemble ultra-sensible était assurée par la Comilog, en principe vouée à l’exploitation des mines de manganèse. Dirigée par Delauney, homme lige de Foccart, cette société aux « pertes » vertigineuses a su accueillir jean-Christophe Mitterand au sein de son conseil d’administration…
Bongo a joué un rôle décisif dans les négociations franco-arabes sur le pétrole. Adhérant à l’Opep, l’organisation des pays exportateurs de pétrole, il s’est converti dans le même mouvement à l’islam ; avec la bénédiction de Foccart. Roland Dumas a jumelé son fief de Sarlat avec Franceville, la ville natale de son ami Omar – qui paie généreusement ses conseils. Dans le grand marchandage franco-iranien de l’ « affaire des otages du Liban », Libreville a discrètement accueilli les négociations entre Charles Pasqua et Gorbanifar, l’homme de l’Irangate. Foccart, Pasqua, Dumas, Jean Christophe Mitterrand, Elf, le nucléaire, le pétrole… : comme la suite de Bongo à l’hôtel Crillon, la corne d’abondance gabonaise est un aimant surpuissant.
C’est aussi une sorte de Superphénix des relations frano-africaines, un surgénérateur tous comptes faits ruineux pour l’intérêt de la France, mais pas pour tout le monde. On tente d’y bétonner de lourds secrets d’Etat, y compris nucléaires, en s’inquiétant de la sismicité de l’ex-Zaïre tout proche. On est débordé par ces déchets à vie longue, que confinent de plus en plus mal les banques suisses ou l’assassinat et quelques gêneurs. Malgré toute l’énergie qui s’y brasse, le cœur en fusion ne parvient pas à brûler toutes les traces des entreprises les plus déraisonnables, ou les plus déshonorantes, basées ou échafaudées à l’abri de la forteresse gabonaise –avec souvent le parrainage d’Houphouët. Ainsi la guerre du Biafra.

François- Xavier Verschave (Survie)

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MessagePosté le: Jeu 18 Aoû 2005 15:48    Sujet du message: Répondre en citant

Chirac, un enfant des services secrets, du lobby militaire et de la franc-maçonnerie

Percer le secret Chirac est une gageure. Projeté sur le devant de la scène par l’élection de 1974, Jacques Chirac aura accompli ce prodige d’être onze ans durant l’une des têtes de l’exécutif (deux mandats de Premier ministre et un septennat présidentiel) et pendant deux lustres le leader de l’opposition à François Mitterrand, sans que cette longue exposition au regard public n’ait débouché sur une véritable biographie d’ampleur, critique et analytique. Tout se passe comme si Jacques Chirac avait été le marionnettiste de lui-même. Très vite, il a perçu que son image publique était un leurre commode. Chaleureux et changeant, énergique et mécanique, dévoreur de dossiers et clientéliste... Le citoyen se perd dans ce portrait à facettes. Chirac a façonné une image paravent, un personnage bouclier lui permettant d'agir à sa guise. En prenant Jacques Chirac au sérieux, en cherchant à décrypter le «vrai Chirac», on tombe sur un iceberg, dont seule nous est visible une pointe émergée. Pour plonger en profondeur et non rester à la surface, un rapide retour sur l'histoire de l'après-guerre est indispensable. Le lecteur doit d'abord comprendre à quel point la réalité du pouvoir, en Europe et en France, n'avait rien à voir, dans les années cinquante ou soixante, avec ce que nous avons lu dans les journaux et appris à la télévision. Beaucoup de Français, dont moi-même, ont été si imprégnés de l'histoire «politiquement correcte» distillée par l’idéologie du 18 juin 1940, de la Résistance, puis du sursaut d'indépendance de 1958, qu'ils n'ont pas vu, ou ont sous-estimé, le degré de dépendance réelle de la France et de l'Europe par rapport à des stratégies conçues outre-Atlantique.

Une série de travaux récents, dans des domaines apparemment très différents, nous obligent à un changement de perspective. Ils modifient notre perception de l'histoire de France (et du monde) depuis 1945. Fondés sur une documentation impressionnante, ils sont difficilement récusables. Certains n'ont eu jusqu'ici qu'un écho limité, d'autres ont fait grand bruit. Il est impossible, en tout cas, de ne pas les intégrer dans la compréhension du passé et des enjeux du présent. Ils amènent à relire autrement la naissance et les choix fondamentaux du gaullisme, puis du néogaullisme; ils sont indispensables au décryptage de la trajectoire de Jacques Chirac et de la manière dont il a choisi d'exercer le pouvoir. Les racines de son impunité se trouvent là. Il s'agit de décrire, en quelque sorte, le berceau dans lequel il naît politiquement, en 1962. Je propose donc au lecteur de l'emmener dans l'histoire décapée de quatre enjeux longtemps top secret, "gérés" par les Américains dans le cadre de l'Otan, de la CIA et de leurs dépendances :

1) L'implantation progressive du nucléaire militaire dans plusieurs dizaines de pays, avec un important concours français (une expansion soutenue par les lobbies militaro-industriels, reliés via l'enjeu énergétique aux lobbies pétroliers). Cette histoire est encore largement taboue. Elle permet cependant de comprendre le sens de la mise sur orbite de Jacques Chirac par le triangle Dassault-Pompidou-Juillet, et l'importance que cette «marque de fabrique» a eu sur toute la carrière du futur président de la République.

2) Les alliances anticommunistes avec les anciens nazis ou collaborateurs, l'extrême-droite européenne, les mafias, les conservateurs catholiques, etc. pilotées en sous-main par une organisation secrète au sein de la CIA (le réseau "stay behind" ou Gladio). Elles nous donnent une clef pour comprendre pourquoi Jacques Chirac a accepté en Afrique, pour le compte du camp occidental, les liaisons les plus criminelles qui soient, sans que les citoyens français en soient même informés.

3) L'essor de certains paradis fiscaux (en particulier le Luxembourg) et des circuits d'argent sale pour financer ces stratégies coûteuses, en grande partie cachées au Congrès américain. Ils montrent l'importance de l'économie parallèle dont les «affaires» ne donnent qu'un aperçu. Nous sommes loin du financement illégal du RPR ou du PS. Les pompes à finances alimentent une économie grise où Jacques Chirac et ses alliés se déploient avec aisance.

4) Le choix de faire porter les trois stratégies précédentes par des milieux d'initiés, coutumiers du secret (excroissances maçonniques, "chevaleries", sectes). La présence envahissante de la GLNF (Grande Loge Nationale Française) en Françafrique et en Chiraquie ne s'explique pas autrement. Ces quatre « stratégies » affichent une idéologie commune : l'anti-communisme, à n'importe quel prix. Leur danger vient de l'excès du secret. Discutables dans leur principe, elles correspondaient initialement à une forme de "raison d'État". Faute de contrôle démocratique, elles ont connu de folles contorsions. Elles ont précipité l'expansion d'un "monde sans loi", d'une mondialisation difforme, grevée de risques énormes : nucléaires, financiers, totalitaires, etc.Une criminalité multiforme y prolifère.
Les quatre démarches sont complémentaires : la plus importante est déployée par le lobby militaro-industriel autour du nucléaire, avec. des ouvertures sur les secteurs plus classiques de l'armement et de l'énergie, la seconde, celle du réseau stay behind d'ingérence politique, vise à tenir under control quantité de pays avec des méthodes et des correspondants le plus souvent inavouables, la troisième dégage par des circuits financiers parallèles les fonds très importants nécessités par les deux premières, la dernière cherche à enrôler massivement les acteurs des trois premières dans des confréries qui verrouilleront les obligations d'entraide et de secret.
Chacune de ces stratégies est en soi dangereuse, mais leur synergie l'est encore davantage. Voulue ou constatée, elle dote l'ensemble d'une forte autonomie, permettant de mieux échapper aux contrôles administratifs et parlementaires. Le concentré de puissance ainsi disponible et l'obsession du secret étaient justifiés par la dangerosité de l'Empire adverse, adossé à un projet et des méthodes totalitaires. Mais l'on devine que les ingrédients du départ, jamais vraiment corrigés en un demi-siècle, portaient en germe les pires dérives : le plus néfaste, outre l'absence de contrôle, a été sûrement la forte proportion de recrues factieuses ou mafieuses, en tout cas peu concernées par la démocratie. Puis il y eu les effets d'entraînement, de contagion. Nombre d'agents des stratégies en cause n'avaient pas au début les mœurs de voyous qu'ils ont pu acquérir en route. Il convient de considérer leurs trajectoires dans la durée. Dans sa marche vers le pouvoir, Chirac a suivi en quelque sorte une initiation à l'envers. En règle générale, les hommes politiques font leurs classes à l'échelle d'un département ou d'un parti, parfois d'un cabinet ministériel, avant de prendre conscience progressivement, par un jeu de cooptation et de dévoilement, de la part souter- raine du pouvoir et de la complexité des lignes de fractures réelles entre les forces politiques. Couvé par Marcel Dassault, Georges Pompidou et Pierre Juillet, Jacques Chirac, à moins de trente ans, était déjà totalement initié au monde du secret, de l'armement et de la finance parallèle. Entre 1962 et 1969, il aura ainsi traité de «dossiers d'armement, d'aéronautique et d'immobilier», avant d'occuper les fonctions de trésorier de la campagne de Georges Pompidou !
L'action politique classique, de la campagne électorale aux projets collectifs, est pour lui seconde. Ce «fou de campagne électorale», cette «bête politique» comme ses dévots se plaisent à le décrire, a d’autant plus accentué son image d’élection qu’il était avant tout un homme d’action, plus à l’aise dans l’ombre que dans la lumière.

François- Xavier Verschave (Survie)

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MessagePosté le: Jeu 18 Aoû 2005 19:54    Sujet du message: Répondre en citant

Leur françafrique finira très mal ! Et ce jour là, à cause de vouloir trop voler et trop manger, ils auront tout perdu!
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MessagePosté le: Ven 19 Aoû 2005 16:37    Sujet du message: Répondre en citant

La complicité des médias dans la Françafrique


Lors d’un débat organisé à Paris le 18 janvier 2001, François-Xavier Verschave a décortiqué le rôle d’un certain nombre de médias dans la perpétuation de la Françafrique.


Avec la Françafrique, on est devant des défis extraordinaires pour la démocratie et aussi pour la presse. Au départ, c’est assez simple à comprendre. Cette Françafrique est mise en place par des gens qui appartiennent aux services secrets est un domaine réservé, quasi-militaire. Que fait-on dans les domaines militaires ? Depuis toujours, de la désinformation. C’est une arme essentielle de la guerre. Depuis toujours, les responsables des services secrets sont chargés de contrôler étroitement ce qui se passe dans différents pays. Si vous lisez les mémoires de Claude Silberzahn ancien directeur de la DGSE, ou d’Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, il y a plusieurs pages où ils nomment leurs amis dans la presse, certains dans le plus célèbre des quotidiens français. Et ils expliquent comment on peut faire ami-ami avec certains journalistes pour faire passer discrètement les thèses de leurs services. Il y a donc une stratégie permanente. Certains ont ainsi fait l’étymologie du terme "khmers noirs", montrant comment à partir de 1993, les services ont distillé dans quelques médias choisis cette notion, qui visait à diaboliser le FPR et les Tutsis et qui a concouru à préparer le génocide. Vous avez donc une manipulation courante des médias. La France est le seul pays démocratique, à ma connaissance, qui a une police des médias : il existe 57 000 fiches de journalistes au RG. Je ne comprends pas que la presse tolère ça. C’est quelque chose d’insupportable. Dans ces fiches, on trouve évidemment tous les petits problèmes personnels des gens, leurs problèmes d’impôts... Moyennant quoi, un certain nombre de journalistes peuvent être discrètement tenus. Rappelez-vous un épisode formidable, il y a quelques jours, sur TF1. Quand PPDA a osé parler de blanchiment, Charles Pasqua a répondu : "M Poivre d’Arvor, si je n’étais pas votre ami, je vous répondrais sur un autre ton. Rappelez-vous que j’ai été deux fois ministre de l’Intérieur." Publiquement ! Comprenne qui pourra ! Ces moyens de chantage sont importants. Une journaliste spécialisée sur les questions africaines me disait un jour : il y a trois moyens de tenir les journalistes spécialisés sur l’Afrique, qui sont relativement peu nombreux. Il y a l’argent, le sexe et l’alcool. Parfois les trois ensemble. Des moyens classiques, souvent les bons. Il en existe un quatrième : le dopage. Sachant qu’il est très difficile d’avoir des informations sur ces questions, vous procurez à des journalistes que vous choisissez des informations de premier ordre, des "scoops". Ces journalistes deviennent des ténors de l’information, mais si vous ne leur fournissez plus d’informations, ils sont en manque. Bien entendu l’un des principes de base de la désinformation, c’est qu’il faut avoir de la très bonne information. Donc les désinformateurs sont ceux chez lesquels on trouve en permanence la meilleure des informations. Vous avez aussi les journalistes au service de tel ou tel clan de la Françafrique. Vous repérez à un moment donné qu’ils tirent toujours sur le même clan, ce qui signifie qu’ils sont alimentés par le clan adverse. C’est un peu comme pour l’affaire Elf. Il faut savoir que chacun des journalistes très bien renseignés a en fait accès au dossier par l’avocat de l’une des parties. Donc il va tout balancer sauf ce qui concerne sa partie. Dans un autre journal, vous avez un autre avocat, etc. Donc vous pouvez repérer un certain nombre de biais. Cela, c’est du décryptage élémentaire des médias. Mais parfois, cela va plus loin. Comme dans l’affaire du Rwanda, où il y a eu des cas de désinformation extraordinaires. Au Congo, cette désinformation est allée jusqu’à censurer quasiment une guerre civile. Seul un journaliste a réussi à s’y rendre, de Témoignage Chrétien, et quand il est revenu, on s’est arrangé pour faire sombrer son papier et l’étouffer de manière sordide. TF1 a voulu envoyer une équipe, elle a été décommandée à la dernière minute. Autre cas bien connu. Mon éditeur Laurent Beccaria a travaillé avec une journaliste, Dominique Lorentz, qui a découvert que l’ensemble de l’affaire des prises d’otages et des attentats à Paris dans les années 1980 était un chantage permanent de l’Iran pour obtenir l’uranium enrichi promis au shah à la fin des années 1970 de manière à disposer de la bombe atomique. Elle explique comment Chirac et Mitterrand ont cédé au chantage, tandis que Michel Barouin, qui s’y opposait, a été supprimé pour cela. Dominique Lorentz, dans "Une Guerre", explique aussi comment l’uranium enrichi est parti du Gabon. Ce livre a reçu les éloges des plus grands experts. Quand Laurent Beccaria est arrivé chez son patron de chez Stock, Claude Durand, qui avait pris l’avis de Lagardère, il lui a dit : ce livre est imparable, mais impubliable. Il ne faut pas casser la machine. Donc Beccaria est parti imprimer ce livre en Espagne. Il a fondé sa maison d’éditions, les Arènes, il a tiré "Une Guerre" à 10 000 exemplaires partis comme des bouchées de pain : le tout Paris renseigné l’a lu. Eh ! bien il y a eu huit articles préparés dans les plus grands médias, ils ont tous été bloqués. Ce livre majeur, pour comprendre un élément très important de l’histoire de France des années 1980, a été totalement censuré. A ma connaissance, seul un journaliste, Mathieu Aron, en a parlé sur France Info, ainsi qu’un journal féminin. Tout le reste a été censuré. Connaissez-vous une démocratie occidentale où, sur un livre aussi important, on est capable de faire un silence total ? On aurait pu très bien démolir ce livre. On aurait pu dire : ce livre ne vaut rien. Non. Le silence total ! On est face à une capacité de pression absolument exceptionnelle. Pour finir, je voudrais faire un sort rapide à la presse franco-africaine : D’abord Jeune Afrique. Son directeur Béchir Ben Yahmed a avoué que depuis le début des années 1980, il mangeait tous les mois avec Jacques Foccart. Cela s’est tellement bien passé que Foccart a fait de Jeune Afrique le légataire universel de ses œuvres. Ça annonce la couleur... D’après ce que j’ai pu comprendre, Jeune Afrique est peut-être plus riche des articles qu’il n’a pas publiés que de ceux qu’il a publiés. C’est-à-dire que ces excellents articles étaient soumis à ceux qui étaient visés, et remisés, moyennant sans doute des compensations. Vous avez ainsi dans Jeune Afrique, en permanence, des publi-reportages extrêmement coûteux. Jeune Afrique a donc souvent été partie prenante dans les mauvaises causes. Mais ce magazine suit le mouvement, c’est-à-dire que, de temps en temps, il se pose en révolutionnaire : une tactique habituelle. Africa international a été fondé par deux éminences de la Françafrique, Jean-Yves Ollivier, qui a joué et qui joue encore un rôle majeur dans toute cette histoire, et le colonel Léthier, ancien numéro deux de la DGSE, qu’on trouve au cœur d’un certain nombre d’opérations d’Elf. Le nouvel Afrique Asie, journal révolutionnaire, doit parfois concéder à certains tyrans notoires car il faut bien vivre...Donc c’est assez difficile de se faire une idée de ce qui se passe en Afrique dans la presse spécialisée. Et nous, à Survie, comment travaillons-nous ? Nous croisons quatre sources. D’abord l’ensemble de la presse et de la documentation française. Quand on connaît le pedigree et la généalogie de l’ensemble des journalistes, on repère qu’il y en a une quinzaine qui, malgré toutes ces conditions défavorables, malgré parfois leur rédaction, font magnifiquement leur travail. Les meilleurs articles sortis depuis dix ans sur la Françafrique ont été publiés par Patrick de Saint-Exupéry dans le Figaro. Car il ne faut pas faire de manichéisme : il y a des journalistes libres dans tous les médias. Un journaliste m’a accueilli pendant une heure sur LCI, la chaîne de Bouygues, pour parler de la Françafrique. Au milieu j’ai parlé, parmi les réseaux, de Bouyuges. Je me suis quand même excusé à la fin en lui disant que j’étais désolé parce que j’allais sans doute lui attirer des ennuis. Il m’a dit : "Bof ! Tant que je suis là, je suis là". Il a fini par être viré, mais il y a des gens courageux. Donc ne soyons pas manichéens, car la liberté existe et il y a des gens qui l’exercent tous les jours et que l’on peut repérer. On peut aussi repérer les désinformateurs. A condition d’y aller avec des pincettes, on trouvera aussi chez eux de la très bonne information. Quand M Silberzahn dit que Jacques Isnard, qui rend compte des questions militaires dans Le Monde et qui cite en permanence ses sources dans les services secrets, est un très bon ami, ce que dit Isnard n’est peut-être pas vérité d’évangile mais pour connaître le point de vue de la DGSE, c’est excellent. Donc vous trouvez pas mal de choses dans la presse française, mais c’est insuffisant. Il faut la croiser avec la presse étrangère qui a d’autres biais. Il y a les presses belge, anglaise, américaine, sud-africaine, d’autres pays d’Afrique... Nous avons aussi un réseau de correspondants que nous avons tissé : experts, journalistes, responsables d’associations à travers le monde avec qui nous confrontons nos informations. Et puis il y a une source énorme d’informations, c’est le millier d’Africains qui, eux, ne peuvent publier, sinon au risque de leur vie, et qui viennent auprès de ceux qui veulent parler, fournir un certain nombre de choses. Bien entendu, ce n’est pas non plus une source entièrement fiable, mais quand vous la croisez avec les autres, vous repérez des informations viables. Et tout ça finit par faire une force d’informations non négligeable. Vous savez, bien que j’ai intitulé ce livre "Noir silence" en avril 2000, parce que nous étions persuadé qu’il y aurait un boycott total dans les médias, ce qui n’a pas manqué de se produire, à deux exceptions près (RFI et France Culture), eh bien quand les affaires ont éclaté, un certain nombre de journalistes non spécialistes de l’Afrique se sont rendus compte que c’était bizarre : la liste des mises en examens ressemblait à l’index de "Noir Silence" ! A partir de là, on a commencé à parler du livre un peu partout.

François- Xavier Verschave (Survie)

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"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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Pakira
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MessagePosté le: Ven 19 Aoû 2005 16:55    Sujet du message: Répondre en citant

Premiers mots d’une propagande en miroir

En juillet 1994, les forces françaises de l’opération Turquoise ont joué les services d’ordre dans l’exode de la population hutu de l’Ouest du Rwanda (2 millions de personnes), organisé par les « bergers du génocide » vers le Zaïre de Mobutu. Les unes et les autres ont pris soin de laisser quelques camps de personnes déplacées à l’intérieur du Rwanda, avec parmi eux quantité de miliciens imprégnés de l’idéologie génocidaire, capables de mener des raids meurtriers dans le voisinage. En 1995, le nouveau gouvernement rwandais annonce qu’il va fermer ces camps les uns après les autres. Suivons à ce sujet le témoignage de la journaliste belge Colette Braeckman : « Ces camps ont été vidés progressivement, mais les gens les plus durs ne partaient pas, ne retournaient pas sur leurs collines, ils se concentraient dans le camp de Kibeho qui a fini par regrouper 120 000 personnes. Je suis allée à Butare avant l’attaque du FPR sur Kibeho. Tout le monde dans la région disait : Kibeho est presque un bastion militaire ; c’est un endroit où se mélangent les civils déplacés avec un forte concentration de militaires, d’Interahamwe qui, selon les gens, faisaient parfois des incursions au départ de kibeho. Ils attaquaient les villages, ils dissuadaient les gens de rentrer dans les villages. Si l’on regarde ça sur un plan militaire, il est très clair que Kibeho était un point d’ancrage et que, s’il y avait eu une attaque depuis les camps de réfugiés du Kivu où l’armée et les milices du génocide étaient en train de se reconstituer, ils pouvaient faire jonction avec le camp de Kibeho, qui était aux portes de Butare. Donc, c’était un bastion militaire, et c’est pour cela que Kibeho a été vidé avec des moyens extrêmes par le FPR, des moyens militaires. Il y a eu une vraie bataille : on a tiré sur la foule, ce qui a fait des milliers de morts, ça été un carnage, mais un carnage qui n’était pas dans un camp de réfugiés stricto sensu, c’est un carnage dans un bastion militaire.»

Un carnage qui a fait entre 1 200 et 5 00 morts. Le 24 avril 1995, Stephen Smith relate le massacre de Kibeho sous le titre : « Un pouvoir sectaire et revanchard » - deux adjectifs repris du corps de l’article : « S’agit-il d’un accident, d’un enchaînement fatal et meurtrier qui, malgré le drame, ne permet pas de mettre en cause la nature du nouveau régime ? La réponse est non : issu d’un génocide, le régime de Kigali se montre par trop sectaire, revanchard et irrespectueux des droits de l’Homme. » Stephen Smith rappelle alors les principales exactions commises dans le pays : accusations de génocide lancées par des occupants sans titre contre les anciens propriétaires de champs ou de maisons, disparition de certains magistrats, situation catastrophique des prisons. Il cite le chef du gouvernement zaïrois Kengo wa Dondo : « Apparemment, de leurs habitants hutus, il ne veulent pas. » […]

« Pourquoi ce silence, cette connivence avec le nouveau régime ? Coupable, l’an dernier, d’avoir laissé s’accomplir le génocide dans l’indifférence, la communauté internationale veut éviter, à tout prix, de se savoir critiquée par le régime sorti des fosses communes. Le monde extérieur, où était-il ? accusaient, lors des récentes commémorations du génocide, des pancartes fabriquées en série par les propagandistes du nouveau régime. Leur chantage à la mauvaise conscience vient de faire de nombreuses victimes. »

Bien évidemment, Stephen Smith n’explique pas le contexte spécifique rappelé par Colette Braeckman, la guerre que la France continue de mener contre le FPR : en association avec Mobutu, Paris, ses conseillers militaires et ses services secrets aident les militaires et miliciens du génocide à préparer leur revanche depuis le Zaïre, juste à côté de la frontière avec le Rwanda. Kibeho ressemble à une tête de pont. Pour Stephen Smith, ce n’est pas la France qui fourbit une revanche ignominieuse. C’est le régime de Kigali qui, définitivement, est « revanchard ». Cela relève de « l’accusation en miroir » qui fut l’une des caractéristiques de la propagande génocidaires, nourrie des manuels français de la guerre psychologique. Rappelons par ailleurs que l’adjectif « revanchard » n’a cessé de servir avant le génocide pour justifier la lutte finale contre les Tutsi – cette « race féodale » qui n’aurait jamais accepté d’être évincée au début des années soixante par le « peuple majoritaire hutu ». Qu’il se retrouve dans le titre d’un article de Libération montre une continuité du langage et renvoie à des sources, françaises et rwandaises, pas vraiment recommandables.

Dans cet article du 24 avril 1995, Stephen Smith déploie pour la première fois (à notre connaissance) une expression d’une terrible ambiguïté sémantique : il désigne le pouvoir de Kigali comme un régime « issu d’un génocide », un « régime sorti des fosses communes » - ce qui donne au lecteur non informé, et peu le sont sur l’Afrique, l’impression que le régime est l’auteur des fosses communes en question. Cette expression ne cessera de revenir sous la plume de Stephen Smith, comme un slogan, comme un missile. Elle est à la fois meurtrière et inattaquable en justice, car celui qui la prononce peut toujours jouer de la polysémie de la cheville « issu de ». Mais qui oserait, à part les pires antisémites, qualifier indéfiniment Israël de « régime issu des fours crématoires » ? Et combien de temps pareil exercice pourrait-il durer dans Libération ou Le Monde sans une réaction indignée des lecteurs ? Eh bien, Stephen Smith, moins d’un an après le génocide d’un million de Tutsi, ose cela à propos du Rwanda.

Déjà aussi il parle du « chantage à la mauvaise conscience » exercé par ceux qui rappellent le souvenir du génocide, et bientôt il évoquera un « fonds de commerce ». Là encore, les formules (les slogans ?) sont très habiles. Car bien sûr tout n’est pas pur chez les survivants, et le FPR est très capable de cynisme. Mais la répétition de ces expressions dans deux organes majeurs de la presse française va aboutir à un résultat inespéré pour les responsables français, politiques ou militaires, révisionnistes du génocide de 1994 et négateurs de la complicité tricolore : parler du génocide devient suspect, ceux qui insistent à le faire sont les « idiots utiles » du pire des régimes d’Afrique ( !), un régime diabolisé puisqu’il est l’ennemi de la France. Et ainsi l’on oublie qu’il y a eu infiniment pire que ce régime gérant trop brutalement une société laissée en ruines par le génocide : le cercle des concepteurs du génocide et de leurs complices, dont beaucoup ne sont pas encore jugés, ni même accusés. Notons au passage que Libération a consacré au massacre de Kibeho une surface éditoriale (texte et photos) proche de la moitié de toute celle accordée au génocide.

Utiles anonymes

Sept jours plus tôt, le 17 avril 1997, un autre article de Stephen Smith (« Le pouvoir rwandais accusé de tueries au Zaïre » ) inversait également les rôles. Il était question des camps de réfugiés hutu au Kivu, province orientale du Zaïre, où deux millions de civils, emmenés par les organisateurs du génocide, servaient de bouclier humain pour la reconstitution de leurs forces armées et milices : « Le problème, ce n’est pas tant la prise d’otage de la population civile par les responsables du génocide et de l’ancien régime. En fait, les extrémistes hutu sont concentrés dans deux camps – Kashusha au nord et Nyramyengwé au sud de Bukavu. L’emprise des dignitaires de l’ancien régime est réelle, mais, dans les autres camps qui abritent quelques 250 000 réfugiés, les gens ont non seulement créé des écoles, des églises et des restaurants, mais aussi de nouveaux partis politiques, comme le Rassemblement pour le retour de la démocratie et des exilés rwandais, RDR, affirme un humanitaire. Le problème, c’est l’obstruction, voire la terreur à laquelle se livre le FPR’’, confie, sous le sceau de l’anonymat, un haut responsable des Nations unies. Il a dû renvoyer mardi dernier 26 camions chargés de 1 00 tonnes d’aide alimentaire, que le gouvernement de Kigali avait bloqués à Cyangugu, de l’autre côté de la frontière, en accusant la communauté internationale de nourrir les criminels. »

On retrouve dans ces passages plusieurs des caractéristiques fréquentes du style Smith : évoquer très brièvement le vrai sujet (pour ne pas que l’on puisse dire qu’il ne l’a pas fait), et l’oublier ensuite pour aller au message ; faire dire ce message par des interlocuteurs anonymes, recouverts d’une appellation générique (« humanitaire », « haut responsable »). Cet anonymat peut se comprendre s’il s’agit de témoins qui risquent leur vie, ou s’il est exceptionnel. Mais il est systématique, et du coup on ne peut pas savoir à quel type d’humanitaire ou de haut responsable onusien on a affaire. Or en l’occurrence ce serait essentiel : il est vite apparu que certaines ONG ont sciemment favorisé la reconstitution, dans les camps du Kivu, d’une sorte d’Etat de deux millions de personnes, aux portes du Rwanda, dirigé et encadré par l’armée et l’administration génocidaires ; la moitié de l’argent dépensé par l’aide de l’ONU et des ONG se transformaient en une sorte d’impôt finançant le projet de « revanche », très explicite et bien visible dès la fin de l’année 1994. Ce qui a conduit Médecins Sans Frontière, par exemple, à quitter ces camps. L’ONU a été au moins un complice passif – comme elle l’a été pendant le génocide. Une passivité qui s’explique par une faiblesse décisionnelle congénitale, mais aussi par le fait qu’une partie des hauts responsables de l’ONU, autour de Boutros Boutros-Ghali et du lobby français, penchait pour l’ancien régime devenu génocidaire.

Tout cela transparaît dans la relation des faits par Stephen Smith. L’accusation faite à la communauté internationale de « nourrir les criminels » relevait de l’évidence pour tous ceux qui s’informaient sur les camps du Kivu. Or cette accusation se trouve disqualifiée par l’ « autorité » d’un « haut responsable des Nations unies ». Pour montrer l’innocence de l’organisation des réfugiés, Stephen Smith circonscrit à deux camps, les plus importants n’étant pas cités – (secret défense ?) et il évoque, sous l’autorité morale d’un sympathique « humanitaire », la très démocratique création de « nouveaux partis politiques comme le ‘‘Rassemblement pour le retour de la démocratie et des exilés rwandais’’ ». Or ce RDR n’est autre que la vitrine politique que s’est donnée le clan génocidaire… Stephen Smith pouvait-il ne pas le savoir, alors que tous les observateurs du Rwanda le savaient ? Quel est du coup le statut de ce bref propos « humanitaire », qui apparaît au lecteur d’autant plus informatif qu’il n’est pas commenté ? Un cas d’école des techniques de désinformation.

MACABRES COMPTABILITES

Le 27 février 1996, Libération consacre ses cinq premières pages à un sujet unique : « Rwanda : enquête sur la terreur tutsie ». Ce titre barre la une, avec en sous-titre « Plus de 100 000 Hutus auraient été tués depuis avril 1994 », puis une photo d’après le massacre de Kibeho. A l’intérieur, cinq photos, toutes extraites du massacre de Kibeho.

Premier problème : l’ensemble de l’illustration photographique est hors sujet. Car le dossier de quatre pages, réalisé par Stephen Smith, se veut une enquête sur la face méconnue de massacres imputés à l’Armée patriotique rwandaise, issue du FPR au pouvoir à Kigali. Or celui de Kibeho a fait l’objet de nombreux reportages dans les médias et de plusieurs enquêtes, même si aucun rapport incontestable n’a précisé le nombre de morts.

L’une des photos les plus choquantes montre des bébés vers lesquels un soldat pointe le canon de son arme automatique. La légende (corrigé le lendemain…) laisse entendre qu’il s’agit d’un militaire de l’APR. Or c’est un soldat de l’ONU !

L’enquête de Stephen Smith voudrait contribuer à éclairer la question du nombre des victimes des représailles de l’APR. Le sujet n’est pas neutre. Tandis que Stephen Smith et d’autres limiteront très longtemps à 500 000 le chiffre des victimes du génocide (qui est en réalité proche d’un million, et peut-être davantage), un nombre considérable de victimes du FPR (certes rapporté à quelque 6 millions de Rwandais hutu) alimenterait la thèse du « double génocide ». Dans les milieux proches des génocidaires et même chez les opposants au régime de Kigali, les chiffres ont enflé au fil du temps : 30 000, 250 000, 312 726, plus de 500 000… chacun annonçant des preuves que l’on a pas toujours vues, ni pu confronter à des éléments matériels.

Le dossier de Libération est lui-même assez contradictoire. Une seule affirmation : d’octobre 1990 à février 1996, la guerre civile, les représailles au génocide et les exactions postérieures ont impliqué le FPR et l’APR dans « le massacre d’au moins plusieurs dizaines de millier de civils ». L’historien Gérard Prunier dont l’expertise est sollicitée à l’appui du dossier, se demande : « Combien ? 30 000, 40 000, 50 000 ? C’est difficile à dire. » Stephen Smith, à partir de décomptes effectués par ses sources rwandaises dans la préfecture de Gitarama, balance par extrapolation le chiffre de 150 00, puis tente ( ?) de le nuancer en admettant qu’un tel calcul supposerait « - au mépris des faits – que l’intensité des représailles du FPR et la proportion de Hutus resté sur place lors de son avancée aient été partout les mêmes ». Il conclut par cette étrange formule : « Ce calcul n’a d’autre valeur que d’engager clairement la responsabilité des nouveaux dirigeants. » Un calcul plus politique que scientifique, donc.

Finalement, entre les 30 000 à 50 000 victimes de représailles évoquées par Gérard Prunier (qui ne sont guère contestées, et qu’il faut situer dans un contexte d’horreur absolue, sans oublier les 40 000 victimes de l’épuration en France) et le chiffre 150 000 échafaudé contre le gouvernement de Kigali, la rédaction de Libération coupe la poire en deux. Elle titre : « Plus de 100 000 Hutus auraient été tués… » Elle se couvre avec un conditionnel, mais le message est passé.

Le chiffre (rond) de 100 000 a désormais (en France) toute la crédibilité de Libération. Le 8 mars, Témoignage chrétien embraye : « Le Rwanda face à un nouveau génocide ? », en sous-titrant, sans besoin d’argumenter : « La communauté internationale semble découvrir au vu de témoignage accablants qu’à leur tour des populations hutues ont été encore massacrées en grand nombre (plus de 100 000 en deux ans). » Libération et Stephen Smith ont « réussi » une double opération : dans l’esprit du public français « informé », les représailles que l’expert Gersony évaluait à quelque 40 000 ont franchi le cap de 100 000, remettant en selle la thèse du « double génocide » ; et le nombre forcément élevé des victimes de 1994 s’étend jusqu’à la période actuelle : « Les populations hutues […] sont encore massacrées. »

C’est à cet amalgame temporel qu’invite la confection du dossier de Libération, qui distingue mal les époques. Les photos du massacre de Kibeho assurent la transition entre 1994 et 1996. Or le scandale qu’il a suscité, à juste titre, montre bien qu’aucun massacre important ne pouvait se passer en 1996 au Rwanda sans provoquer d’innombrables analyses et commentaires. Cette année-là, les observateurs des droits de l’Homme, plus nombreux qu’en aucun autre pays, répertoriaient entre 50 et 100 victimes d’exactions par mois. C’était encore beaucoup trop, mais n’avait rien à voir avec l’étiquette « double - génocidaire » dont il fallait affubler le gouvernement de Kigali.

Cette propagande, diffusée en France et par la France (Mitterrand, Juppé, Chirac et de Villepin ont employé le pluriel « génocides » à propos du Rwanda), ne pouvait que conforter le moral des génocidaires et faire le jeu des extrémistes tutsi. Elle relève donc aussi de la « prophétie autoréalisatrice » dont sont friands les adeptes de la guerre psychologique.

François- Xavier Verschave (Survie)
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MessagePosté le: Ven 19 Aoû 2005 16:58    Sujet du message: Répondre en citant

Guerre psychologique et accusation en miroir

« Les propagandistes [du Hutu Power, le noyau génocidaire] développèrent les mêmes thèmes de façon répétitive, avant et pendant le génocide. […] Certaines similarités […] sur le plan tactique indiquent […] qu’une coordination délibérée existait au sein du groupe des propagandistes et entre ces derniers et les autorités. Dans un document polycopié s’intitulant
‘‘Note Relative à la Propagande d’Expansion et de Recrutement’’, trouvé dans la préfecture de Butare, un de ces propagandistes donnait à ses collègues des conseils sur la façon la plus efficace d’influencer un public. L’auteur, qui de toute évidence avait reçu une formation universitaire, se livrait à une analyse détaillée d’un ouvrage de Roger Mucchielli publié à Paris en 1970 et intitulé Psychologie de la publicité et de la propagande.

« […] L’auteur prétend reprendre les leçons enseignées dans cet ouvrage et qu’elles sont inspirées de Lénine et de Goebbels. L’auteur préconise l’utilisation des mensonges, de l’exagération, du ridicule et de l’insinuation pour attaquer l’opposant […]. Ne pas surestimer l’intelligence du public visé par la campagne. Les propagandistes […] doivent persuader l’opinion publique que l’adversaire représente la guerre, la mort, l’esclavage, la répression, l’injustice et la cruauté sadique.

« Outre ces suggestions, le propagandiste propose deux techniques qui seront fréquemment utilisées au Rwanda. La première consiste à ‘‘créer ’’des événements, afin de donner de la crédibilité à la propagande. […] L’‘‘ attaque’’ des 4 et 5 octobre [du FPR] contre Kigali [une pure mise en scène conçue par les service secrets français] fut un de ces événements […].

« Il nomme sa seconde proposition ‘‘accusation en miroir’’, voulant signifier ici que ses collègues propagandistes doivent imputer à leurs ennemis ce que eux-mêmes et leur parti se préparent précisément à faire. Il explique : ‘‘Ainsi, celui qui utilise la terreur accusera l’adversaire d’utiliser la terreur.’’ Par ce moyen, les propagandistes peuvent persuader les auditeurs et les ‘‘honnêtes gens’’ qu’ils sont attaqués et qu’il est juste de prendre toutes les mesures nécessaires dans un but de ‘‘légitime défense’’. Cette tactique fut très efficace, à la fois dans des cas spécifiques […] et dans le cadre d’une campagne plus large pour convaincre les Hutu que les Tutsi avaient l’intention de les exterminer.»

François- Xavier Verschave (Survie)

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MessagePosté le: Ven 19 Aoû 2005 17:00    Sujet du message: Répondre en citant

zingh2005 a écrit:
Comment le Roi Chirac a financé sa dernière campagne électorale ( Je me demande d'ailleurs quel genre de coup tordu il inventera cette fois-ci pour se faire réelire...peut être que la fausse rivalité avec son fils spirituel, qui n'est qu'une propagande à usage subalterne, représente le début de l'opération...):



Citation:
Acte 1. Pourquoi l'élection de Jacques Chirac à la dernière présidentielle devrait être invalidée.

Avertissement de la rédaction de mouvement.net : Tzotzil Trema se définit lui-même comme « agitateur clandestin ». Sous se pseudonyme se cache un écrivain, qui eut son heure de gloire dans les années 80, et a décidé depuis de ne plus rien publier de son vivant. En exclusivité pour mouvement.net, il a toutefois accepté de livrer des chroniques régulières, qui ne relèvent pas à proprement parler du journalisme, mais d'une forme de fiction littéraire, la «politique fiction ». Question : la fiction ne dit-elle pas, souvent, le vrai?


«Qu'est-ce que vous voulez ! La vérité, en politique, c'est celle qui est perçue beaucoup plus que celle qui est. Je suis incapable de vous dire quelle est la vérité. En politique, la vérité, la seule qui compte, c'est celle qui est perçue. » (Jacques Chirac, dans Jacques Chirac, trois jours en Corrèze, film de François Reichenbach, tourné en 1975, diffusé par TF1 le 16 septembre 1976).

Après avoir retardé de quelques semaines la distillation de mes dernières élucubrations, je me jette enfin à l'eau, et entreprends ici même d'ouvrir les premières pages d'un procès politique qui n'est, à vrai dire, qu'un roman-feuilleton de politique-fiction. Inutile, donc, d'y aller avec le dos de la cuiller. L'idée est simple : Jacques Chirac ne doit sa confortable réélection à la Présidence de la République française qu'à une magistrale et massive fraude électorale, auprès de laquelle la vieille histoire des faux électeurs de la mairie du Ve arrondissement de Paris fait figure de masturbation d'enfant de chœur.

Il faudrait, sans doute, commencer par le début. Nous devrions alors plonger au cœur des années 60, lorsque Jacques Chirac fait ses premières armes au sein du cabinet de Georges Pompidou. Un vrai journaliste-écrivain, Henry Deligny, l'a raconté dans le menu détail, bien mieux que je ne saurais le faire. Cela a été écrit, publié... et curieusement passé sous silence par la quasi-totalité de la presse. Pour le lecteur impatient qui brûlerait d'en savoir plus, je recommande tout simplement la saine et instructive lecture de Chirac ? On vous avait prévenus, paru en mars 2002 aux éditions Syllepse (réédition d'un ouvrage initialement intitulé Chirac ou la fringale du pouvoir, publié en 1977 aux éditions Alain Moreau).

J'en viens donc allégrement au temps présent. La dernière élection à la Présidence de la République du citoyen Chirac, Jacques, devrait être invalidée, car ses comptes de campagne ont été grossièrement maquillés et falsifiés. Chacun se souvient du forcing médiatique, orchestré par TF1 une année durant, sur le thème de «l'insécurité », avec force reportages, faits divers montés en épingle, etc. Ce leitmotiv, bien plus habilement mené que l'ancien La France a peur de l'ex-présentateur Roger Gicquel, a constitué à lui seul le thème premier de la campagne présidentielle, assurant la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen et la victoire triomphale que l'on sait de Jacques Chirac. Je montrerai ultérieurement que cette présence au second tour de Jean-Marie Le Pen, loin d'être le fruit du hasard, a été savamment orchestrée, plusieurs mois auparavant, par les équipes de Jacques Chirac. Le matraquage sécuritaire de TF1 n'y aura pas été pour rien, comme s'en sont d'ailleurs émus à juste titre certains responsables socialistes. Mais bon : connaissant les liens anciens qui unissent Chirac à la famille Bouygues, qui se perpétuent avec les derniers rejetons des deux familles, Sarkozy Nicolas et Bouygues Martin, copains comme cul et chemise ; on pourrait dire que cela fait naturellement des plans de bataille d'une habituelle guerre politique, que le général Jospin a été bien naïf d'ignorer.
Dans ces conditions, il n'y aurait guère matière à fouetter un chat, qu'il soit de gouttière ou d'Elysée. Sauf que là où le bât blesse, c'est que la prestation (de service) de TF1 devrait figurer dans les comptes de campagne du candidat Chirac. En effet, le groupe Bouygues n'a pas mis sa chaîne de télévision au service du Président sortant sans en faire payer le prix fort. Avec Jérôme Monod et Nicolas Sarkozy aux basses œuvres, une transaction secrète a même été convenue. A l'heure où j'écris ces lignes, je ne suis pas en mesure de vous en livrer le montant. Seule certitude à ce jour, il s'agit de plusieurs millions d'euros (ça sen fort l'argent de le françAfrique!!! ...commentaire perso). Car le groupe Bouygues, aux abois, est menacé d'un sort similaire à celui de Vivendi Universal. Les investissements inconsidérés réalisés par Bouygues ces dernières années dans le secteur à haut risque de la téléphonie mobile plongent en effet les comptes de la maison mère dans le rouge. Il suffit pour s'en convaincre de consulter le cours de l'action Bouygues depuis févier 2001. A cette époque, l'action Bouygues était cotée à 60 euros. En septembre 2002, elle sombrait vers les 20 euros !
Jacques Chirac a plusieurs cordes à son arc pour assurer à Bouygues les contrats mirifiques qui devraient permettre de redresser la barre. Les ventes à l'étranger, par exemple. Devant le Parlement européen, Jacques Chirac n'a pas plaidé pour rien la cause de la Turquie, appelant les eurodéputés à « montrer plus de compréhension à l'égard du gouvernement turc. (...) Cessons de nous comporter en donneurs de leçons sur les droits de l'homme et de la démocratie », avait-il déclaré en juillet 1995. Parmi les enjeux sous-jacents à cette bienveillante mansuétude à l'égard du gouvernement turc : la construction du tunnel sous le Bosphore, promise à Bouygues. A l'époque, le directeur du journal pro-gouvernemental Hürriyet, Ertugrul Özkök, ne s'y était pas trompé. Dans un éditorial intitulé (en français) Merci Monsieur, il écrivait ainsi : «La Turquie et la France sont devenues des pays qui prouvent, mieux que tout autres au monde, la vigueur de la Realpolitik ».
Naturellement, ce n'est qu'un exemple, parmi beaucoup d'autres possibles. Depuis qu'il est entré au cabinet de Georges Pompidou, coaché par Marcel Dassault lui-même, Jacques Chirac est un habitué des «bonnes manières» de la «Realpolitik». Ainsi que le rappelle Henry Deligny (op. cit.) : «Pompidou, c'est Papa Kangourou. Pour Chirac, la Ve République se rattache à la sous-classe des marsupiaux, ces drôles d'animaux qui ont deux matrices avec leur poche à l'extérieur. Zygote né de l'union d'un ovule de la bourgeoisie d'affaires avec la gamète ENA, sa conception l'a tenu cinq ans dans l'utérus pompidolien : de 1962 à 1967, il se forme à l'intérieur du cabinet de l'hôtel Matignon. (...) Dans le cabinet de Matignon, il a d'abord eu une charge technique : il regroupe les dossiers qui sont transmis à certains ministères à l'échelon supérieur parce que les décisions ou l'arbitrage relèvent du Premier ministre. Le domaine réservé de Jacques Chirac rassemble l'équipement, la construction, les travaux publics, les transports. Dans cette période florissante de l'Etat UDR, quand Poniatowski voit "l'affairisme qui hante [...] certaines antichambres ministérielles" au point qu'on y confond "les copains et les coquins", Chirac regroupe les dossiers qui débordent les seuls pouvoirs du ministre responsable. Permis de construire, dérogations, programmes et opérations, tous les projets délicats et importants se retrouvent sur le bureau du chargé de mission et valent bientôt à Chirac une réputation précise, à la fois dans le personnel de Matignon et dans le monde de la banque, des affaires, de la promotion immobilière. Dédaigneux, un de ses collègues fait la moue : "C'est plus un homme d'affaires qu'un fonctionnaire". Un autre dit : " C'était une période en or ". Son entregent et son audace dans ces négociations retiennent l'attention de Juillet et de Pompidou, qui lui confiera la gestion de la Fondation Claude-Pompidou, puis ultérieurement la caisse électorale de sa campagne présidentielle ».

Certes, c'était il y a longtemps. Depuis, rien n'a changé, sauf que Chirac ne roule plus pour d'autres que lui-même. Pour ce grand drogué du Pouvoir, l'accoutumance et la dépendance ont même pris des proportions hallucinantes. Et aucun deal ne l'effraie. Celui avec Bouygues en est la dernière illustration. Nous en avons aujourd'hui la preuve sous les yeux avec l'annonce du plan Perben, qui prévoit d'ici 2007 la construction de 30 nouvelles prisons, le plan le plus important en France depuis Albin Chalandon. Soit plus de 13.000 places de prison ! Coût prévisionnel de ce marché fort juteux : 1,42 milliards d'euros... Et qui sont les entreprises leader de ce marché ? Suez-Lyonnaise, la Sodexho, Idex-Sogerhex et... le groupe Bouygues, déjà actif sur un programme de prisons à construire entre 2002 et 2004 (pactole total : 200 millions d'euros).
Comme le révèle astucieusement le magazine économique Challenges : «Ecarté sans ménagement du très ambitieux programme "13000 places" lancé, en 1987, par Albin Chalandon, alors ministre de la Justice, le groupe Bouygues compte bien, cette fois-ci, verrouiller le marché. Reste à savoir si, après la mise en examen de plusieurs de ses cadres dirigeants, le géant du BTP fera à nouveau le pari d'un lobbying façon bulldozer ». Très bien, sauf que Challenges se trompe sur un point essentiel : le lobbying n'a plus besoin d'être. Quel est le principal concurrent de Bouygues sur le marché des prisons ? Le groupe Suez-Lyonnaise, dont l'ancien président, Jérôme Monod, a été avec Sarkozy l'une des éminences grises de la campagne électorale de Chirac. Faut-il un dessin ? Suez-Lyonnaise et Bouygues se sont évidemment partagé le marché des nouvelles prisons, avant même qu'il ne soit attribué. Bien sûr, cela s'appelle «entente illicite » et «abus de position dominante ». Mais bon, on ne va pas s'embêter pour si peu...
Pour veiller à la bonne exécution de ce programme, Chirac a même tenu à ce que le gouvernement Raffarin compte un «secrétaire d'Etat aux Programmes immobiliers de la Justice », le fidèle Pierre Bédier, ex-maire de Mantes-la-Jolie. Et pourquoi pas un conseiller d'Etat à la Récolte des Petits Pois en Corrèze ? Bref, ce maroquin ministériel n'est rien d'autre qu'un secrétariat d'Etat au remboursement de la dette électorale de Jacques Chirac envers le groupe Bouygues ! Si vous faites une recherche croisée sur internet des mots «prisons » et «Bouygues », vous trouverez sur ce saisissant raccourci, qui renvoie au site de L'Express : «Les nouvelles prisons de Dominique Perben (...) Bourse. Achetez Bouygues ». Tout est dit !
Enfin non, tout n'est pas dit. Car le plan de Dominique Perben et Pierre Bédier, loin de livrer à Bouygues et Suez-Lyonnaise le seul marché de la construction des prisons, dissimule d'autres marchés, tout aussi juteux, et à long terme ! Sur ces nouvelles places de prison, le gouvernement Raffarin compte en effet «faire appel au secteur privé pour la conception, la construction, la maintenance, et une partie du fonctionnement (nourriture, blanchisserie) ». Au chapitre de la «maintenance », il y a notamment l'encadrement du travail effectué par les prisonniers à l'intérieur des centres de détention ; travail qui n'est évidemment pas rémunéré au Smic, loin s'en faut ! Bref, dans un proche avenir, le groupe Bouygues sera en mesure de faire assembler ses téléphones mobiles par des prisonniers, pour peanuts. Plus besoin de délocaliser : vive le progrès social !.Sur ces trente nouvelles prisons, une innovation majeure : huit d'entre elles seront réservées aux mineurs. Au même moment, mes amis de Mouvement me font savoir que le ministère de la Culture enterre le programme de soutien aux friches culturelles et que le ministère de l'Education ampute à tour de bras dans les budgets de l'éducation artistique. Dame ! C'est que Bouygues n'a investi ni dans la rénovation des banlieues (au contraire de Malraux qui, en son temps, avait su préserver et redorer les centres ville), ni dans les lycées, et encore moins dans les écoles d'art et d'architecture ! Jacques Chirac a su en tirer les conclusions qui s'imposaient. Cela s'appelle la «Realpolitik ».
Résumé, pour celles et ceux qui auraient eu du mal à suivre la démonstration : les quelques millions d'euros investis par Bouygues-TF1 au titre d'une prestation de service en communication sur la campagne électorale de Jacques Chirac, qui ont fait de surcroît l'objet d'une facturation occulte, doivent être imputés aux comptes de campagne du candidat-Président : très loin, donc, des seuls 403.752 euros dépensés et officiellement déclarés par Jacques Chirac au Conseil Constitutionnel. Le plafond, prévu par la loi, du financement d'une campagne électorale, a donc été allégrement dépassé. Quel citoyen digne de ce nom osera, si c'est possible, saisir le Conseil Constitutionnel, pour obtenir l'annulation de l'élection de Jacques Chirac à la Présidence de la République Française ?



http://www.mouvement.net/html/fiche.php?doc_to_load=2417


Merci,c'est interessant,pour Bouygues,allaz faire un tour sur le topic de la CI pour voir Cool
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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Pakira
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MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2005 16:43    Sujet du message: Répondre en citant

D’une guerre du pétrole à l’autre


Histoire – Dans son livre «Noir silence», François-Xavier Verschave évoque deux guerres pétrolières menées par la Françafrique pour garantir l’indépendance énergétique de la France et satisfaire les appétits des réseaux mafieux les plus voraces. Nous retranscrivons ici le fruit de ses recherches sur le Biafra (1967) et le Congo-Brazzaville (1997).



1 – Biafra pétrolo-humanitaire

En 1967, le Nigeria entrait dans une terrible tragédie. La décolonisation avait laissé une Fédération précaire, composée de trois régions et d’une multiplicité de peuples. Depuis un an, des luttes de pouvoir dégénéraient en pogroms inter-ethniques. Certains leaders ibos, emmenés par le lieutenant-colonel Odumegu Emeka Ojukwu, décidèrent la sécession du Sud-Est, leur région d’origine, sous le nom de « Biafra ». Ils la décidèrent, admet l’un des principaux collaborateurs d’Ojukwu, contre la volonté de la majorité des habitants de cette région, « y compris les Ibos » : la population en aurait « rejeté complètement l’idée si elle avait été consultée librement ». Mais la sécession avait une forte odeur pétrolière : le « Biafra » était la principale zone de production du Nigeria –alors sixième producteur mondial, avant l’Algérie et la Libye.
Le tandem franco-ivoirien Foccart-Houphouët sauta sur ce qui lui parut une magnifique opportunité : on pouvait à la fois diviser le Nigeria, géant anglophone toisant des voisins francophones dix fois moins peuplés, et damer le pion aux majors pétrolières anglo-saxones en ouvrant un boulevard à une nouvelle venue : Elf, filiale pétrolière des services secrets foccartisés.
En 1965, de Gaulle avait chargé son ancien ministre des Armées Pierre Guillaumat de créer une compagnie pétrolière, Elf. L’entreprise est conçue en fait comme un service secret moderne, à vocation économico-politique et, à l’occasion crypto-militaire. Guillaumat est l’homme de la situation : durant la guerre 1939- 1945, il fut un des fondateurs de la Direction générale des services spéciaux (DGHSS). Selon LoÏk Le Floch-Prigent, l’un de ses successeurs à la tête de l’entreprise pétrolière, Guillumat « truffe Elf d’anciens des services [de renseignement], et il ne se passe rien dans les pays pétroliers, en particulier en Afrique, dont l’origine ne soit pas Elf […]. Foccart y installe ses anciens. C’est […] devenu une habitude, une sorte de loi non écrite, qu’Elf soit une agence de renseignement, avec un certain nombre de véritables spécialistes qui sont en prise directe avec les services ».
A Abidjan, lesdits services sont sur le pied de guerre. Dès 1963, Jacques Foccart a fait détacher auprès du cabinet d’Houphouët le lieutenant-colonel Raymond Bichelot. Ce pionnier du « service Action » du Sdece a pour mission de « suivre de près l’évolution politique du continent africain ». Un analyste plutôt musclé. Dès lors, le vibrionnant et exalté Jean Mauricheau-Beaupré, homme-orchestre des « opérations spéciales » foccartiennes, va avoir portes ouvertes à la présidence ivoirienne. De Paris, Foccart a lui-même des contacts directs avec les dirigeants du Biafra en voie de sécession.
Houphouët, on l’a vu, s’est enrôlé dans la défense des intérêts de la France en Afrique. Il en convient avec Foccart, cette défense exige la balkanisation du continent. Elle s’oppose aux ambitions panafricaines d’un Kwame N’Krumah, le charismatique leader ghanéen. Oublié l’objectif du RDA, le Rassemblement démocratique africain, fondé deux décennies plus tôt par Houphouët ! Un journaliste guinéen épingle plaisamment ce ralliement à la stratégie foccartienne : « Houphouët-Boigny a raté le train de l’Histoire. En définitive, il n’aura pris qu’un faux car ».
La scission du Nigeria sert ces perspectives. « Même sans perler en termes militaires, que pèserait une poussière d’Etats francophones devant ces deux puissances ? », le Nigeria et le Ghana, s’interroge le gaulliste Yves Guena. Jacques Foccart est aussi clair : « de mon point de vue, le Nigeria était un pays démesuré par rapport à ceux que nous connaissions bien et qui faisait planer sur ceux-ci une ombre inquiétante ». Pour de Gaule lui-même, « le morcellement du Nigeria est souhaitable ». Par sa taille, ce pays est forcément suspect d’impérialisme envers une Afrique francophone balkanisée – Une balkanisation délibérée, qui relègue cette Afrique sous la houlette de l’Empire français. Le Nigeria, de surcroît, avait poussé l’insolence jusqu’à rompre les relations diplomatiques avec Paris pour protester contre les essais atomiques français au Sahara. Impardonnable ! A la première occasion, donc l’Empire contre-attaque … Pour compléter l’ambiance, on peut noter que la sécession du Biafra est proclamée onze jours après le veto gaullien à l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne.
L’aubaine biafraise suscite en fait une véritable « ligue latine » contre les Anglo-Saxons. Les visées françaises sont en effet soutenues par le Portugal de Salazar, qui conservait son empire africain contre l’avis américain, et par l’Espagne de Franco, qui possédait encore la Guinée équatoriale. C’est de la partie insulaire de cette colonie, Fernando Po, que partira vers le Biafra une grande part des approvisionnements en armes. Grâces aux excellents contacts de Mauricheau-Beaupré, le régime d’apartheid sud-africain et le pouvoir blanc rhodésien s’allient à cette coalition archéo-impérialiste du Sud-Ouest européen.
Alors que la sécession, proclamée le 27 mai 1967, était en passe d’être réduite par le gouvernement nigérian, les mercenaires, les armes et les fonds secrets franco-africains ont prolongé durant trente mois une effroyable guerre civile, qui fit deux à trois millions de morts.
Sur la suggestion d’Houphouët, de Gaulle demande à Elf, qui obtempère, de verser au leader sécessionniste Ojukwu les redevances dues au Nigeria pour le pétrole extrait en zones biafraises. De Gaulle sait bien que cet argent va servir à acheter des armes. Plus encore, il donne carte blanche à Foccart pour qu’il « aide la Côte d’Ivoire à aider le Biafra ». Avec quel argent ? « Pour l’essentiel, en tout cas, cela venait des caisses de l’Etat. Plusieurs ministères ont été mis à contribution ». Houphouët y va aussi de sa « cassette personnelle », insondable. Il garantit plusieurs emprunts contractés par les Biafrais pour des achats d’armes. Le Gabon fait de même. Et Lagos distribue aux correspondants de la presse étrangère les photocopies d’une convention signée entre le Biafra et la banque parisienne Rothschild, celle dont le Premier ministre Georges Pompidou fut directeur général jusqu’en 1962 : la banque obtient l’exclusivité des droits d’extraction « de différents minerais solides, liquides et d’extraction », contre versement immédiat de 6 millions de livres. Eventée, la transaction n’aura pas de suite. Dès août 1967, Le Canard enchaîné signale la présence au Biafra de « conseillers » européens « qui ressemblent à s’y méprendre à des barbouzes français dépendant de Jacques Foccart, secrétaire général à la Communauté et à l’Elysée ».
Le Canard n’a pas tort. On retrouve le colonel Roger Faulques, cet ancien officier du 11ième choc (le service Action du Sdece) qui, avec l’aval foccartien, avait commandé sept ans plus tôt les « affreux » du Congo. Aux côtés du leader de la sécession katangaise Moïse Tshombe, ces anciens militaires français, à peine sortis des guerres d’Indochine et d’Algérie, avaient constitué l’ossature de la « gendarmerie katangaise ». Un cas de figure assez voisin de celui du Biafra : la France aidait une riche province minière à se détacher une ex-colonie vaste et fragile, émancipée par une métropole européenne concurrente. Roger Faulques, qui n’avait encore que le garde de commandant, dirigeait les opérations militaires des sécessionnistes katangais contre les forces de l’ONU. Selon « le Monde », il « s’était rendu tristement célèbre par son rôle lors des interrogatoires qui ont eu lieu à la villa Sussini pendant la guerre d’Algérie. »
Un autre ancien mercenaire du Congo, le très médiatique Bob Denard, s’agite autour du Biafra. Blessé, il ne participe pas aux combats, mais il veille au recrutement et à la logistique. Il va s’affirmer comme le chef d’une milice foccartisante, pour trois décennies.
A Abidjan, Jean Mauricheau-Beaupré, secondé par Philippe Lettéron, dispose de moyens très importants. Il coordonne sous le nom de « Monsieur Jean », ou « Mathurin », l’ensemble des opérations d’aide française au Biafra. C’est à lui qu’en réfère Roger Delouette, alias Delore. Cet ingénieur agronome, envoyé en mission en Côte d’Ivoire, est chargé fin 1969 d’y contrôler secrètement les transports d’armes vers le Biafra. Le 5 avril 1971, il sera arrêté aux Etat-Unis en possession de quarante-quatre kilos d’héroïne et d’un carnet d’adresses instructif. Les liens entre les trafics d’armes ou de drogues et les services secrets sont un grand classique.
L’éminence foccartienne Maurice Delauney a été, on l’a dit, nommée au poste stratégique d’ambassadeur à Libreville. Il y coordonne la stratégie pro-biafraise, assisté de Jean-Claude Brouillet, patron de la compagnie d’aviation transgabon et chef d’antenne du Sdece. Delauney, Mauricheau, Lettéron et Denard sortent à peine d’opérations de déstabilisation au Katanga et au Kivu, contre un Mobutu jugé trop proche des Américains. « Tout s’imbrique » admet Foccart, presque dépassé par l‘incroyable activisme de ses disciples. Le 27 octobre 1967, Delauney adresse au lieutenant-colonel Ojukwu une lettre qui lui recommande « le colonel Fournier et ses trois collaborateurs », tous appartenant au Sdece.
Les livraisons d’armes massives ont déjà commencé -dès les premiers succès de l’armée fédérale du Nigeria. Le 13 juillet 1967, selon le mercenaire Rolf Steiner, un « premier avion français chargé de munitions » atterrit à ULI, au Biafra, « venant du Gabon ». L’ambassade américaine à Lagos signale la fourniture par l’armée française d’un bombardier B26, « illégalement acheminé à Enugu, capitale du Biafra, par un équipage français ».
A partir d’août 1968, des dizaines d’avions déversent sans arrêt des tonnes de matériel militaire sur les deux aérodromes
-deux morceaux de route droite – que les Biafrais peuvent encore utiliser. L’avance fédérale est stoppée brutalement.
A Lagos, on manifeste contre la France. Mille tonnes d’armes et de munitions sont livrées en deux mois ! Libreville, Abidjan et Fernando Po sont les points de départ d’un véritable pont aérien. Ce que confirme Ojukwu : il y a « plus d’avions atterrissant au Biafra que sur n’importe quel aérodrome d’Afrique à l’exception de celui de Johannesburg ». Une dépêche d’Associated Press précise : « Chaque nuit, des pilotes mercenaires transportent de Libreville au Biafra une vingtaine de tonnes d’armes et de munitions de fabrication française et allemande […] Les avions sont pilotés par des équipages français et l’entretien est aussi assuré par des Français. »
Le journaliste Michel Honorin a suivi des mercenaires au Biafra. Il achève de tirer le portait d’une France semi-officielle surprise en plein délit de trafic d’armes. « De trois à six avions [arrivent] chaque soir au Biafra […] Une partie des caisses, embarquées au Gabon, portent encore le drapeau tricolore et l’immatriculation du ministère français de la Guerre ou celle du contingent français en Côte d’Ivoire. »
Il ne s’agit pas que d’armes légères. La France fournit à l’armée biafraise 20 automitrailleuses et 16 hélicoptères. En 1969, le pilote suédois Carl Gustav Von Rosen, qui mène des attaques aérienne pour le compte du sécessionnistes, ne cache pas la provenance de son escadrille : il dispose, indique-t-il au « Monde », de cinq avions Saab « équipés pour le combat, sur une base aérienne militaire proche de Paris ». Cet afflux d’armes, cette noria d’avions-cargos et cet appui aérien installèrent durablement la guerre civile, décuplant le nombre de victimes. Le soutien diplomatique apporté au Biafra par le général de Gaulle en personne contribua à faire échouer les négociation de paix d’Addis-Abeba, durant l’été 1968 : adossé à ce personnage prestigieux, l’intransigeance biafraise écarta, selon le New York Times, « la dernière chance de mettre un terme à un sanglant jeu militaire qui pourrait être un suicide pour les Biafrais ». En 1969 encore, alors que Foccart, conscient de l’impasse, songeait à une relance des négociations, de Gaulle estimait « que le moment n’était pas venu, qu’il faillait aider les Biafrais à marquer des points sur le terrain, en sorte qu’ils puissent négocier en meilleure position ».
L’appui diplomatique n’est qu’un élément, et pas le plus important, d’une campagne terriblement moderne, et à bien des égards prophétique, visant à capter la sympathie internationale. D’un côte, la misère de plus en plus tragique causée par la prolongation de la guerre civile suscitait un sursaut de générosité incontestable – celui des premiers french doctors, qui deviendront Médecins sans frontières -, de l’autre, une formidable intoxication médiatique et l’utilisation intense du camouflage humanitaire aidaient à prolonger la guerre … Ralph Unwechue, délégué du Biafra à Paris parlait clairement d’une « conquête de l’opinion publique » française.
L’action psychologique fut conçue et menée, magistralement, par la société Makpress, basée à Genève. En dix-sept mois ( de février 1968 à juin 1969), cette agence de publicité lança une série d’actions de presse dont l’édiction abrégée comprend, en deux volumes, quelque 500 pages de textes, d’articles et de communiqués. Cette propagande permit aux thèses biafraises de tenir le haut du pavé, étouffant les arguments de Lagos. Le thème le plus martelé fut celui du « génocide » par la faim.
Pour y couper court, le gouvernement nigérian accepte, dès septembre 1968, qu’une équipe internationale de quatre observateurs, des officiers supérieurs canadiens, suédois, polonais et anglais, vienne enquêter ces accusations. A l’unanimité, la commission conclut que « le terme de génocide est injustifié ». En France, personne ne la croira. Personne ne signalera le traitement correct des prisonniers de guerre biafrais, ni des groupes ibos vant dans les zones reconquises par l’armée fédérale.
On ne voit plus, dans les médias, qu’une litanie de visages décernés, les films et photos d’enfants biafrais à l’agonie. Engagés dans le camp sécessionniste, le mercenaire Rolf Steiner explique, méprisant, le pourquoi de ce matraquage : « La stupide sensibilité blanche, écrit-il, ne réagissait en définitive qu’aux malheurs atteignant les jolis petits minois. » Certes la famine sévit réellement en zone rebelle. Mais Ojukwu, jusqu’au-boutiste, en a fait un enjeu nationaliste. Il refuse le couloir terrestre de ravitaillement proposé par le gouvernement de Lagos, car « accepter des secours ayant transité à travers le territoire fédéral équivaudrait [pour les Biafrais] à reconnaître qu’ils sont effectivement encerclés et qu’ils ne doivent leur survie qu’à la mansuétude des fédéraux ».
Traité d’affameur, pilonné par les médias, le gouvernement fédéral se résigne à la création d’un pont aérien diurne. Il accepte toutes les garanties militaires exigées à ce sujet par les Biafrais, atteste le Premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau. Mais Ojukwu rejette finalement cette offre fédérale : si elle avait été acceptée, le monde entier aurait compris que les vols nocturnes servaient au seul ravitaillement en armes et munitions…
La propagande développe aussi l’image d’une guerre de religion : une marée de musulmans s’apprêterait à exterminer 14 millions de chrétiens biafrais. On oublie que, sur quinze membres du Conseil exécutif fédéral de Lagos, neuf sont chrétiens, et que le clivage de départ ressortait plus d’une exacerbation ethnique que du fanatisme religieux ; après la capitulation du Biafra, l’amnistie aussitôt proclamée par Lagos viendra contredire les prédictions de « génocide » encore répétées par Ojukwu depuis son premier exil ivoirien. Chevaliers blancs des chrétiens affamés, les mercenaires sont pleinement réhabilités. Leur chef, Bob Denard, retrouve une virginité perdue au service de Mobutu : elle resservira dans de futures aventures foccartiennes. La presse célèbre les exploits de ces baroudeurs, encadrant un peuple de résistants héroïques. C’est tout juste si elle ne leur confère pas l’aura des volontaires des Brigades internationales, trente ans plus tôt –bien que Franco fasse partie de la coalition pro-biafraise.
Même chose pour les héroïques pilotes d’avions-cargos, commandés par le capitaine rhodésien Jack Malloch. Mauricheau-Beaupré est au mieux avec la Rhodésie de Ian Smith, attardée dans l’apartheid et membre de la coalition pro-biafraise. Après la fin du conflit, la logistique foccartienne basée au Gabon renverra l’ascenseur : elle fera son beurre d’un contournement intensif du blocus de la Rhodésie.
En, France, une grande campagne de collecte de fonds est lancée avec l’appui de la télévision publique, l’ORTF, et du gouvernement. Le présentateur sollicité reçoit 30 000 francs « pour galvaniser la générosité des Français en faveur du Biafra ». Mais l’urgence humanitaire couvre le trafic d’armes. Significativement, à Paris, le Conseil des ministres du 12 juin 1968 a décidé simultanément l’embargo sur les armes et l’intensification de l’aide humanitaire. Le commandant Bachman, un officier suisse, déclare tranquillement à la Feuille d’Avis de Lausanne « être parti pour le Biafra sous le pavillon de la Croix-Rouge » et y avoir livré des armes.
Livraisons de vivres et de matériel de guerre sont intimement mêlés sous ce pavillon protecteur, et très rémunérateur (plus de 30 000 dollars par mois pour un chef de bord) : on fournit « pétoires et munitions en caisse de babyfood et lait concentré de la Croix-Rouge », raconte le docteur Ducroquet, un Foccartien de Libreville. L’opération est facilitée par une coïncidence : le délégué de la Croix-Rouge dans la capitale gabonaise n’est autre … que l’attaché militaire français, le colonel Merle.
Même l’Agence France-Presse l’admet, les avions-cargos chargés d’armes « atterrissent de nuit sur l’aérodrome dUli plus ou moins sous la protection des avions d’aide humanitaire. Ce qui n’empêche pas ces derniers de se voir imposer des « droits d’atterrissage », qui serviront à acheter des armes….
Laissons Jacques Foccart résumer la méthode employée, avec le détachement de l’âge et d’une insensibilité raffinée :
Les journalistes ont découvert la grande misère des Biafrais. C’est un bon sujet. L’opinion s’émeut et le public en demande plus. Nous facilitions bien entendu le transport des reporter et des équipes de télévision par des avions militaires jusqu’à Libreville et, de là, par les réseaux qui desservent le Biafra. »
(…) L’engagement français au Biafra est également révélateur des mécanismes de décision franco-africains. De Gaulle dit à Foccart que le morcellement du Nigeria est souhaitable, il manifeste à l’occasion sa sympathie pour la cause biafraise, il n’ignore pas ce que fait son Monsieur Afrique. Mais il n’insiste sans doute pas davantage. Il a de plus en plus de soucis franco-français qui, en 1969, le conduiront à la démission. « S’il m’arrivait de penser un peu différemment » du général de Gaulle, admet Foccart, « j’allais alors dans le sens qui me paraissait meilleur. Si le résultat était mauvais, je faisais rappeler à l’ordre. S’il était bon… je n’en entendais plus parler ». Quant au spécialiste foccartien de l’action clandestine, Jean Mauricheau-Beaupré, « il me gagnait à la main. Il en faisait plus que ce qui était prévu ». Et le colonel Maurice Robet, chef très foccartien des opérations du Sdece en Afrique, officier traitant de Bob Denard ? « Il ne me disait peut-être pas tout » ! Il n’empêche : de l’Elysée aux barbouzes de Mauricheau, la, chaîne de décision ne sera jamais désavouée, ni rompue. Maurice Robert a été promu chef du service de renseignement d’Elf, et Bob Denard n’a fait un peu de prison, pour la forme, qu’en 1996.
Au Biafra, l’orchestration est plus foccartienne que gaulliste, disons même houphouéto-foccartienne. Houphouët est surnommé « B.B. » (Big Brother) par les leaders biafrais !
Il se montrera encore plus acharné qu’eux, présentant le gouvernement nigérian comme un suppôt du communisme et de l’islamisme réunis… Selon le chargé d’affaires du Biafra à Paris, Ralph Uwechue, c’est le duo Houphouët-Foccart qui a convaincu, voire « contraint », le général de Gaulle de soutenir le Biafra, en misant sur son anglophobie bien connue.
Ce feu vert élyséen a été obtenu contre la conviction du Premier ministre Maurice Couve de Murville, « littéralement horrifié », et contre l’avis des diplomates du quai d’Orsay, « qui n’apprécient pas ce qui leur apparaît comme une politique aventureuse décidée en dehors d’eux », assène Foccart. En, voulant souligner, comme de coutume, la pusillanimité des tenants d’une politique étrangère traditionnelle, l’homme de l’ombre » montre en fait les risques considérables engendrés par sa politique sauvage, incontrôlée, livrée à l’arbitraire des coups de tête, des coups de cœur et autres coups de sang-les seins et ceux de ses amis chefs d’Etat. Sans parler des bavures de son réseau.
(…)




2 - Congo-Brazzaville : la sale guerre d’Elf

Entre 1979 et 1991, la production pétrolière congolaise a doublé. Sassou I encaisse non seulement les "royalties" correspondantes, mais 6 milliards de dollars de dettes. De quoi se faire des amis. Et se tailler une armée sur mesures, recrutée sur une base ethniste dans son Nord natal.
Comme dans le Zaïre voisin, l'argent très inégalement redistribué, l'insupportable fardeau de la dette et la faillite du pays finissent par exaspérer la population. Elle le fait savoir en imposant, début 1991, une Conférence nationale souveraine (CNS).

Une nation pas vraiment souveraine
Durant un peu plus de cent jours (25 février-10 juin 1991), le peuple suit passionnément un débat politique de haute tenue. Un moment fondateur. Le bilan est tiré de trois décennies d'indépendance. Le dictateur est formellement condamné pour ses turpitudes, ses crimes et ses détournements, mais l'ambiance n'est pas à la vengeance. Il bat sa coulpe : «L'avenir de la démocratie appartient non à ceux qui prétendent être innocents, purs et sans tache, mais à ceux qui sauront se convertir à cette nouvelle exigence».
Sensible à cette offre de conversion, la CNS maintient Sassou à la tête de l'État. Elle transfère cependant ses prérogatives à un Premier ministre de transition. Elle élit à ce poste André Milongo et décrète la fin du parti unique. Elle demande aussi un audit sur la gestion de l'or noir : la Banque mondiale a fait remarquer que le rendement de l'exploitation pétrolière était, curieusement, «l'un des plus bas du monde». Ni Jacques Chirac, ni Charles Pasqua, ni Elf, ni Omar Bongo, gendre de Sassou, n'admettent ce scénario. Le général-président complote immédiatement avec eux. Leur implication concertée est démontrée. En perquisitionnant la Tour Elf, les juges Joly et Vichnievsky ont saisi dans le coffre-fort du colonel Jean-Pierre Daniel, responsable de la sécurité du groupe pétrolier, deux notes rédigées en 1991. J'ai été moi-même saisi à leur lecture, un peu comme lorsque deux projecteurs s'allument dans l'aven d'Orgnac.

Tout un monde
souterrain se découvre.
«23 avril 1991. Compte-rendu entrevue avec M. Tarallo. B. vient de voir Sassou et lui a proposé d'exécuter les opposants qui lui seraient désignés. Sassou vient de recevoir les pièces des blindés achetés par l'intermédiaire de M'Baye, directeur du Renseignement gabonais. Transport aérien de Genève à LBV [Libreville], puis ensuite LBV-Brazza ».
Autrement dit, le patron d'Elf en Afrique, André Tarallo, s'intéresse jusque dans le détail à l'armement d'un président bridé par la Conférence nationale souveraine. Tarallo est très proche de Charles Pasqua, et en bons termes avec Jacques Chirac. Il suit l'activité de l'exécuteur B. On s'oblige à ne pas penser au capitaine Barril. Pure coïncidence, le 4 avril 1991, un article de Libération signé du pseudonyme Eric Landal (en réalité Pierre Péan) signalait que quatre mercenaires, recrutés par la société SECRETS de Barril, étaient allés donner un coup de main au général Sassou. Le recruteur aurait été l'ancien adjudant Gérard Louis. Cet article est à rapprocher de la seconde note du colonel Daniel, datée du 27 novembre 1991 et tout à fait explicite:
«Le chef d'état-major congolais Jean-Marie Mokoko a rejoint Brazza le 26 novembre. Sassou doit essayer de le persuader d'agir. Bongo, dès son retour le 25, avait téléphoné à Sassou dans le même sens. L'entretien du 24 novembre chez A.T. André Tarallo n'avait pas atteint le but recherché. Mokoko reste légal mais ne va rien entreprendre... sauf si le gouvernement installé par la CNS ne tient pas ses promesses. Une équipe de mercenaires est prête à agir depuis LBV».
La note signale ensuite l'arrivée de quatre Corses dans l'île de Sao Tome, où se préparait l'opération pro-Sassou. Cette frénésie putschiste d'Elf et des réseaux se retrouve dans un souvenir de Christine Deviers-Joncour, confirmé par son amant Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand. Au début des années quatre-vingt-dix, à la Tour Elf, la belle était entrée dans le bureau d'Alfred Sirven, caïd de la compagnie. Elle surprend Sirven donnant des ordres au téléphone comme un véritable chef de guerre : «II faut garder des réserves, surprendre à tel endroit, attaquer à tel autre». Roland Dumas nous l'a confirmé en tout point : "C'est vrai que Christine est venue me raconter cela et que je lui ai dit de ne pas s'en occuper. C'était Omar Bongo qui voulait écarter Pascal Lissouba pour remettre son beau-père Sassou-Nguesso en selle. Vous vous souvenez? Les armes transitaient par le Gabon!»
Comme indiqué dans la note du colonel Daniel, Sao Tome a été une base durable des offensives pro-Sassou. Début 1995, plusieurs sources confirmaient au journaliste au Monde Eric Fottorino que le ministre de l'Intérieur d'alors, Charles Pasqua, contribuait à soutenir Sassou en armes et en hommes entraînés. (…)
Le 15 janvier 1992, le président Sassou tente un coup d'État, qui échoue grâce à la mobilisation de la population. Chargé de l'audit pétrolier, le cabinet Arthur Andersen y renonce, invoquant la «force majeure» : les compagnies, Elf en tête, bloquent systématiquement l'accès aux éléments comptables et aux données financières.

Gâcheurs de démocratie, dictateur non repenti
Le processus de démocratisation va cependant jusqu'à son terme - formellement tout au moins. Une Constitution est adoptée par référendum, avec 97 % des suffrages. Pascal Lissouba est élu à la présidence de la République, avec 60 % des voix. Éliminé au premier tour, Sassou l'a soutenu au second, contre Bernard Kolelas.
Mais Lissouba se montre ingrat avec son allié de la dernière heure. Sassou doit renoncer au pouvoir. Il se retire dans son fief d'Oyo avec l'essentiel des 397 hommes du Groupement aéroporté de parachutistes, surnommés les «Gâtés», et une grande partie des armes de la Garde présidentielle. Il va conserver, et pour cause, une influence décisive sur l'armée qu'il a modelée. Partageant son temps entre ses résidences en France et son village au Congo, où il est entouré de conseillers libyens et marocains, il rassemble les moyens de son retour au pouvoir. Par la force, puisque tous les scrutins ont montré que son camp, ou plutôt son clan, était très largement rejeté par le suffrage populaire.
Pascal Lissouba est lui aussi un vétéran du Parti congolais du travail et de ses luttes intestines, amnistiées par la Conférence nationale souveraine. A priori, il n'a pas la tâche facile : l'armée est acquise à Sassou, l'endettement est colossal, Elf impose une diète financière à un État en cessation de paiement. Sassou I a laissé les caisses vides : le pétrole est hypothéqué jusqu'en 2001. Lissouba parvient à desserrer l'étau en mettant Elf en concurrence (ô sacrilège!) avec des pétroliers US. Le 27 avril 1993, il obtient de la firme américaine Oxy (Occidental Petroleum) 'un versement de 150 millions de dollars, contre un accès direct à une partie du pétrole congolais. Une brèche considérable est ouverte dans l'hégémonie d'Elf, obligée de payer très cher pour rattraper le coup.
Mais Lissouba se fourvoie politiquement. Au lieu de miser sur l'adhésion populaire capitalisée par la CNS, il entre littéralement en guerre avec le maire de Brazzaville Bernard Kolelas, héraut du Pool. Pour l'affronter, et pour se garder de Sassou, il choisit de se doter de milices ethnistes, formées de jeunes désœuvrés et «chanvrés».
C'est l'engrenage. Kolelas et Sassou se dotent aussi de milices, respectivement les Ninjas et les Cobras. Ces derniers sont créés en juillet 1993 par les colonels Ngakala et Oba, proches de Sassou, Ils sont entraînés par d'anciens militaires, à commencer par les «Gâtés», ou Bérets rouges. Lissouba de son côté, pour équiper son armée personnelle et s'assurer une retraite confortable, entre dans le grand jeu de la corruption. Elf, qui continue d'être en relation avec Sassou abonde aussi le camp de Lissouba : le Président est le gardien officiel des robinets du pétrole. Sous l'influence délétère de sa conseillère Claudine Munari, l'élu du peuple rejoint la Françafrique, ses pompes et ses loges.
Une gestion ruineuse, une politique ethnicisée et manœuvrière : Pascal Lissouba n'est pas en très bonne posture pour le scrutin présidentiel de juillet 1997. Sassou Nguesso non plus. Mais il est surarmé, et dispose à l'étranger de solides alliances. J'ai évoqué au chapitre précédent le sinistre «général Giap», Jean-Marie Tassoua. Ce fidèle de Sassou, ex-directeur des assurances congolaises, ancien de Paribas, admet qu'en janvier 1995 son leader lui a confié la délicate charge de «traficoter un peu pour s" armer. En Angola, en Afrique du Sud, en Namibie ou en France, ce sont surtout les relations du président qui nous ont permis de gagner la guerre». Jacques Chirac et Charles Pasqua, ainsi que l'émissaire Jean-Yves Olivier, comptent indubitablement parmi ces relations. Mi-1995, au début du gouvernement Juppé, l'Elysée a mis le frein sur les velléités putschistes de Sassou. Le frein est ôté fin 1996. Le 1er novembre à 17h30, Chirac reçoit en secret Sassou Nguesso et son gendre gabonais Omar Bongo. Le 3 juin 1997, 25 tonnes de fret partent du Bourget à destination des partisans de Sassou, via le Gabon. Le 5 juin, à l'amorce d'une guerre civile qui va détruire Brazzaville, le général congolais se concerte durant une heure au téléphone avec Jacques Chirac.
Bien entendu, Sassou attribuera au président Lissouba la responsabilité du déclenchement de cette guerre. À l'aube du 5 juin, il est retranché avec ses miliciens dans sa résidence brazzavilloise. Arrive une troupe "loyaliste". Elle veut arrêter les auteurs de plusieurs assassinats commis lors de la campagne électorale. Sassou se pose en agressé. (…)
Autre facteur de guerre : le président Lissouba a fini par obliger les compagnies pétrolières à quasi doubler la part du Congo dans les revenus de l'or noir, de 17 à 33 %. Il veut aussi accroître la responsabilité du pouvoir congolais dans la gestion du pactole, par un accord de partage de production (un "partenariat") plutôt que d'en rester au système de concession. Comme en 1977, Sassou a sorti semble-t-il une carte maîtresse : selon Bernard Kolelas, il a promis à Elf et ses consœurs, dont l'américaine Chevron, d'en revenir aux 17% et de laisser tomber le "partenariat".
Je ne reviendrai pas sur le soutien massif que Sassou a reçu de la Françafrique durant la guerre civile de 1997, malgré les déclarations officielles de neutralité : fournitures d'armes, de mercenaires et d'avions, envoi de contingents tchadien et marocain. Pierre Aïm aurait joué un rôle non négligeable dans le montage de ces interventions, si l'on en croit l'opposition tchadienne. Mais c'est l'intervention de l'Angola qui décida du sort des armes. D'autant que se constituait le 29 août un front anti-Sassou, l'Espace républicain pour la défense de la démocratie et de l'unité nationale (ERDDUN), rassemblant 90 % des parlementaires et des élus locaux. Bernard Kolelas, son président, devenait un Premier ministre à la représentativité peu contestable.
L'éditorialiste Alexandre Adier, proche de Jacques Chirac, ne cache rien : la France «appuie la nouvelle alliance dans l’Atlantique Sud du Congo-Brazzaville de Sassou-Nguesso et du Gabon avec le nouveau protégé d'Elf-Erap que devient insensiblement l'Angola postcommuniste». Une alliance publiquement saluée l'été suivant par Jacques Chirac lui-même, lors de sa visite officielle à Luanda. (…)

ELF donne la mesure
«C'est clair, au Congo-Brazzaville, chaque balle a été payée par Elf», nous confiait une personnalité socialiste. Je me permets de repartir de La Françafrique :
«La stratégie du groupe pétrolier Elf a été déterminante. Alors qu'il vient d'enchaîner les découvertes de champs pétroliers majeurs au large des côtes angolaise et congolaise, il voyait cet eldorado marin exposé à la vague révolutionnaire issue de la région des Grands lacs. Les régimes corrompus du Gabon, du Cameroun et de Guinée équatoriale étaient menacés. Celui de Brazzaville sombrait... Il y avait le feu au lac... de pétrole ! Des bateaux-navettes ordinairement utilisés par Elf ont débarqué des unités angolaises et des "Cobras" de Nguesso pour s'emparer du port de Pointe-Noire, centre névralgique de l'exploitation pétrolière et clef de la conquête du Congo.
Opportunément, en 1996, le réseau Pasqua-Marchiani avait gavé d'armements russes les troupes angolaises. À l'Élysée, Jacques Chirac n'avait donc plus, en ligne directe avec l'ami Bongo, qu'à sceller la coalition anti-Lissouba, sans lésiner sur les moyens proprement français : l'armée de l'Air et les Services spécialisés dans les trafics d'armes. Les services secrets de l'État et ceux d'Elf, rappelons-le, ont beaucoup d'agents en commun. Depuis le temps du Biafra, ils savent organiser conjointement des livraisons occultes d'armements».
Toutefois, ce serait faire injure à la réputation d'Elf que d'omettre le fait suivant : elle a armé les deux côtés, comme elle le fit jadis – et le faisait encore jusqu'en 1999 - dans la guerre civile angolaise. Elle a continué de verser des redevances mensuelles au gouvernement de Lissouba, jusqu'à ce que sa chute soit assurée. Elle aurait garanti ses achats d'armes en Iran, au Kirghizistan et en ex-Yougoslavie. Deux anciens dirigeants d'Elf, encore très liés au groupe, se seraient fortement impliqués dans ces achats, avec l'argent de la célèbre mais discrète banque FIBA (la tirelire Elf-Bongo). Toutes les victimes de la guerre civile peuvent donc dire : «Merci, Elf!» L'ancien ministre de la Coopération Jean-Pierre Cot en reste tout perplexe : «L'affaire du Congo-Brazzaville pose problème. S'il s'agit pour nous de ne plus intervenir avec notre mission militaire de coopération, ou par les accords de défense, mais par l'intermédiaire d'une société pétrolière, en l’occurrence Elf, je ne vois pas très bien où est l'avantage en fin de compte».
«Aujourd'hui encore, la France, dans certains pays d'Afrique, se confond avec Elf», diagnostiquaient en 1994 trois journalistes très informés. Au Gabon et au Congo, «Elf est depuis les années soixante, années des indépendances, plus qu'une simple compagnie pétrolière : tout à la fois la banque et le parrain des pouvoirs locaux». C'est toujours vrai. Cela risque de l'être davantage avec le doublement de puissance du groupe Elf-TotalFina. Le Monde osera-t-il encore titiller l'un de ses plus gros actionnaires ? Son questionnement restait timide mi-1997, mais il avait le mérite d'être posé : Avant d'incriminer la démocratie «dont, selon certains, la crise congolaise confirmerait l'inadaptation à tout ou partie du continent africain», mieux vaudrait s'interroger sur l'influence déstabilisatrice qu'à pu avoir la seule vraie puissance économique du pays : Elf [...]. Si la France peut quelque chose au Congo, c'est sans doute de ce côté-ci qu'il faut regarder.
La France des "décideurs" s'en gardera bien. Peut-elle regarder Elf dans les yeux sans en être aveuglée ? Visé lui aussi par les enquêtes des juges Joly et Vichnievsky alors qu'il était encore président du Congo-Brazza, Pascal Lissouba se serait rebiffé : «Si je suis impliqué officiellement, je ferai des révélations fracassantes qui ne manqueront pas d'avoir de graves répercussions intérieures françaises». Il avait demandé à Jack Sigolet, un associé du président d'Elf-Gabon, André Tarallo, de créer une Société financière congolaise (SFC), théoriquement destinée à aider les petites et moyennes entreprises. En pratique, selon un audit réalisé par le cabinet Ernst & Young, la SPC aurait plutôt servi de "caisse noire", pour récompenser en France les prestations de "professionnels" et de personnalités politiques amies.
Plus ennuyeux pour Elf, la justice française a fait saisir durant l'été 1998 les comptes de trois de ses filiales, dans une affaire à rebondissements. En septembre 1993, par l'entremise d'une société luxembourgeoise LMC, l'Etat brazzavillois obtient de plusieurs banques internationales un "prêt" de 150 millions de dollars, en principe destiné à construire des lycées, moderniser la justice et relancer l'économie. Le prêt est garanti, entre autres, par Elf-Congo. Ni les lycéens, ni les juges congolais ne voient la trace de cet argent. À Brazzaville, l’Etat ne l'a pas vu passer, mais ne porte pas plainte ! Les banques non plus, sans doute discrètement remboursées. Seul s'agite l'intermédiaire, le gérant de LMC Francis Le Penven, floue de sa commission. Victime d'intimidations, convoqué par la DST, il finit pourtant par obtenir un jugement qui contraint la caution - le groupe Elf- à le dédommager. C'est ainsi qu'on apprend, par des familiers du dossier, que l'argent du prêt a «abouti chez des proches de Pascal Lissouba, mais aurait également servi à financer des campagnes électorales françaises». Avec près d'un milliard de francs, on peut en effet diversifier les "investissements". Elf, garant de l'opération, n'en aurait rien su?
Le Congo rompu et corrompu, son économie et ses finances ravagées servent depuis longtemps de maison de tolérance. Ou de "loge" annexe à la GLNF, ce qui revient à peu près au même, vu le laxisme du recrutement de cette obédience maçonnique. Un député gaulliste, informateur de deux journalistes du Canard enchaîné, leur expliquait que les fausses factures du RPR parisien font de fréquents détours par ce pays. L'auteur présumé de ces documents de complaisance, l'entrepreneur Francis Poullain, ne manquait pas de se rendre au Congo-Brazza, accompagné du bras droit de Michel Roussin à la Coopération, Philippe Jehanne. Dans une ambiance très fraternelle.

(Source Noir silence)

François- Xavier Verschave (Survie)

http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2005 23:56    Sujet du message: Répondre en citant

There are so many conspiracy theories involving our continent that it's sad. What's the solution for us to fight this twisted and corrupted system?
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:06    Sujet du message: Répondre en citant

Machiavel a écrit:
There are so many conspiracy theories involving our continent that it's sad. What's the solution for us to fight this twisted and corrupted system?
ce ne sont pas des théories, c'est bien ce qui n'a pas l'air de vouloir pénétrer ton esprit... c'en est pitoyable...En tout cas:
" qd le chasseur charge, le lion se bat les yeux et la machoire ouverte car s'il les garde fermés, il finira empaillé."
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:14    Sujet du message: Répondre en citant

muana kongo a écrit:
Machiavel a écrit:
There are so many conspiracy theories involving our continent that it's sad. What's the solution for us to fight this twisted and corrupted system?
ce ne sont pas des théories, c'est bien ce qui n'a pas l'air de vouloir pénétrer ton esprit... c'en est pitoyable...En tout cas:
" qd le chasseur charge, le lion se bat les yeux et la machoire ouverte car s'il les garde fermés, il finira empaillé."


Okay, ce sont des faits. Rolling Eyes Alors que devons nous faire pour combattre ce systeme tordu et corrumpu? Confused
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:42    Sujet du message: Répondre en citant

Machiavel a écrit:
muana kongo a écrit:
Machiavel a écrit:
There are so many conspiracy theories involving our continent that it's sad. What's the solution for us to fight this twisted and corrupted system?
ce ne sont pas des théories, c'est bien ce qui n'a pas l'air de vouloir pénétrer ton esprit... c'en est pitoyable...En tout cas:
" qd le chasseur charge, le lion se bat les yeux et la machoire ouverte car s'il les garde fermés, il finira empaillé."


Okay, ce sont des faits. Rolling Eyes Alors que devons nous faire pour combattre ce systeme tordu et corrumpu? Confused
pourquoi pas commencer par maitriser son fonctionnement et ses failles ... ? cf l sujet "infos de base"...
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:56    Sujet du message: Répondre en citant

muana kongo a écrit:

pourquoi pas commencer par maitriser son fonctionnement et ses failles ... ? cf l sujet "infos de base"...


Un ami a moi Camerounais m'a parler d'un livre intitule "négrologie" Je suis bien curieux
de savoir de quoi il parle là-dedans. Il m'a aussi parler des pages du "Canard Enchaîné" et du dossier Elf Aquitaine(sp?). Auriez vous des liens parle de ces sujets mentionnes car moi je trouve pas ca sur le net.
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 01:21    Sujet du message: Répondre en citant

Machiavel a écrit:
muana kongo a écrit:

pourquoi pas commencer par maitriser son fonctionnement et ses failles ... ? cf l sujet "infos de base"...


Un ami a moi Camerounais m'a parler d'un livre intitule "négrologie" Je suis bien curieux
de savoir de quoi il parle là-dedans. Il m'a aussi parler des pages du "Canard Enchaîné" et du dossier Elf Aquitaine(sp?). Auriez vous des liens parle de ces sujets mentionnes car moi je trouve pas ca sur le net.
pour négrologie:
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=2682
je conseillerais plus négrophobie il analyse non seulement le livre négrologie (dont l'auteur est un des pions de la françafrique) mais met aussi en avant bien des détails sur le système de la françafrique.
Pour les dossiers elf et d'autres, j'ai placé les liens dans le sujet "infos de base, ici: http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=3231 "
les liens particulièrement celui-ci: http://www.cadtm.org sont à visiter complètement pour la situation politico-économique africaine.
Ensuite, il y a le site de l'ONU à visiter régulièrement (les archives de ces 10-15 dernières années). Ils donne pas mal des conclusions des experts de l'ONU sur l'implication des pays et multinationales dans la déstabilisation africaine.

Après ces lectures, je pense que tu te rendras cpte q l'une des meilleures armes dont nous disposons, c'est notre pouvoir d'achat (mais ça j'y reviens dès que j'ai le tps dans un sujet dédié à cet effet).
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MessagePosté le: Mer 24 Aoû 2005 10:46    Sujet du message: Répondre en citant

zingh2005 a écrit:
Citation:
l'une des meilleures armes dont nous disposons, c'est notre pouvoir d'achat (mais ça j'y reviens dès que j'ai le tps dans un sujet dédié à cet effet).


Muana, pourquoi pas en faire un article diffusé dans une des rubriques ("opinion" par exemple) du site?
ok, l'idée en vaut la peine je vais faire le nécessaire.
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MessagePosté le: Mar 30 Aoû 2005 00:31    Sujet du message: Répondre en citant

Dans le même ordre d'idée, vous pouvez écouter Noel Mamère au colloque de la ligue des droits de l'homme au sujet de la Françafrique en cliquant sur ce lien :
- http://www.ldh-france.org/media/actualites/colloque/7-NMamere1.mp3

Vous pourrez aussi écouter les autres contributions ici :
- http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=1070

Pour ceux qui préfèrent lire, voilà toute l'intervention de Mamère :

Citation:
Le rôle de la France dans l'installation et le maintien de la dictature togolaise

Intervention de Noël Mamère

Colloque de la Ligue des Droits de l'Homme

Assemblée nationale - 9 avril 2005


Mesdames, Messieurs, chers amis.

La réponse au sujet que mes amis de la Ligue des droits de l'homme m'ont demandé de traiter : le rôle de la France dans l'installation et le maintien de la dictature togolaise ” est d'une simplicité biblique. La France depuis le 13 janvier 1963 n'a cessé de soutenir militairement, politiquement , économiquement, financièrement par tous les moyens disponibles la dictature togolaise et depuis le 13 janvier 1967, le régime, le clan, la famille Eyadéma. Aujourd'hui comme hier, les Présidents de la république, de droite ou de gauche, les gouvernements de la République de droite comme de gauche ont maintenu à bout de bras le régime togolais. Le 12 janvier 1963, l'ambassadeur Henri Mazoyer a fait connaître aux putchistes dirigés alors par le jeune sergent Eyadema le lieu, -l'ambassade américaine- où s'était réfugié Sylvanus Olympio. Ce même ambassadeur qui avait fait pression pour que le commandant Georges Maitrier, chef de la gendarmerie nationale, dont le contrat arrivait à terme en 1962, puisse le prolonger dans le cadre de la coopération militaire franco-togolaise. C'est Georges Maitrier qui conçut et organisa le coup d'Etat de 1963 avec le soutien directe de l'ambassade, des services et de l'Elysée qui détestaient l'indépendance d'esprit de Sylvanus Olympio. Maitrier et Mazoyer n'étaient pas là par hasard. Ils avaient été mis en place par Jacques Foccard, le fondateur des réseaux de la Françafrique. La fin de la guerre d'Algérie et les milliers de soldats démobilisés ayant permis la création d'un vivier permettant à des militaires comme Eyadema ou Maitrier de se reconvertir. Le néo-colonialisme n'est pas une invention d'intellectuels de gauche. C'est l'héritage direct d'indépendances qui ne furent pas menées à terme. Et quand des responsables politiques comme Lumumba, Sankara, Olympio voulurent conduire leur pays à une véritable indépendance, la réponse fut l'assassinat politique télécommandé depuis Paris… L'objectif des réseaux de la Françafrique a toujours été le même : faire du Togo, un protectorat. Si le Togo n'a pas de pétrole, il a des phosphates et le réseau opaque des sociétés écrans lié à cette exploitation a permis au clan Eyadema de s'enrichir sur le dos du peuple togolais mais aussi de fournir des subsides à des proches ou à des hommes politiques en France qui ont soutenu, encouragé et cautionné la dictature. De fait, Eyadéma a vendu son pays à tous, pour son unique profit, celui de son clan et de ses amis français. Mais le Togo ne lui appartient pas, ni à lui, ni à sa famille, ni à l'armée. Le Togo appartient aux citoyens togolais

Je disais que ce régime corrompu, autoritaire et sans droit a été soutenu par tous les régimes. Le 13 janvier 1983, 20 ans après l'assassinat de Sylvanus Olympio, François Mitterrand accepta l'invitation d'Eyadéma et de fait reconnut la légitimité de la politique conduite depuis le meurtre fondateur d'Olympio. On connaît le rôle de Jean Christophe Mitterrand auprès des amis africains de l'Elysée dont Eyadéma. Mais c'est aussi un homme comme Michel Rocard qui en tant que député européen reconnut la légalité des élections de 2002 pourtant dénoncées comme totalement truquées par la communauté internationale. De même Fodé Sylla, député européen du groupe communiste a défendu ce régime. Il en a été d'ailleurs récompensé par Jacques Chirac qui l'a fait nommer au Conseil économique et social en 2004.

Mais bien évidemment c'est la droite française qui remporte la palme d'or au festival des hypocrites et des soutiens à la dictature. Il y a bien sur le fameux Charles Debbasch, celui qui écrit les constitutions et les lois à la chaîne. Ce juriste qui en France est poursuivi par la justice pour affaires douteuses travaille au rendement pour légitimer le régime Eyadéma. Il y a son compère l'avocat jacques Vergès. Il y a Pierre Mazeaud. Il y a bien sûr Charles Pasqua, dont l'association demain la France fut financée à hauteur de près de 5 millions de francs. Mais il y a aussi jacques Chirac qui au lendemain de la mort du dictateur déclarait que celui-ci était à la fois un ami personnel et un ami de la France. Et de fait si un quarteron de militaires togolais a mis au pouvoir Faure, le fils du dictateur, le metteur en scène et le scénariste du mauvais feuilleton que vit le Togo depuis le 7 février s'appelle Jacques Chirac.. Dans un premier temps on désigne le fils du dictateur comme Président élu jusqu'à 2008, puis on accepte d'organiser des élections, puis on présente Faure uniquement comme un simple candidat parmi d'autres, respectueux des institutions et de la légalité démocratique. A chaque fois le but est le même : endormir la vigilance de la communauté internationale, empêcher l'organisations d'élections libres et transparentes, faire silence sur la continuité du régime, isoler l'opposition démocratique. Dans toutes ces différentes phases, le rôle de la France a été déterminant. Chirac a voulu que l'Union Européenne qui avait boycotté le régime en 1993 n'intervienne pas dans le domaine réservé du président de la République. La France avait été le seul pays à l'époque à s'opposer à des sanctions plus lourdes de la part de l'Union européenne. Celui qui organise sur le terrain togolais la mise en scène du scénario conçu à Paris est le lieutenant - colonel Benoît, responsable de la DGSE à l'ambassade de France à Lomé. Il était déjà en poste dans les années 60 au moment de l'assassinat de Sylvanus Olympio.

Il y a donc un fil rouge de la politique française au Togo depuis 42 ans. C'est pourquoi les démocrates africains et français doivent faire d'ici le 24 avril une campagne pour dénoncer concrètement les liens qui unissent la dictature togolaise la France. Car ce n'est pas du Togo dont on parle, mais du Tchad, de Djibouti, des deux Congo du Gabon, de la République Centrafricaine, de la Mauritanie… Contrairement à ce qui est dit, la France n'hésite pas entre l'indifférence et l'ingérence en Afrique ; elle est indifférente aux aspirations des peuples au développement et à la liberté. Elle s'ingère dans les affaires qui peuvent encore lui rapporter. Le Togo en est un symbole éclatant. Elle y est toujours liée par un accord de défense signé le 10 juillet 1963 et par des accords de coopération technique et militaire signés le 29 mars 1976. Ses militaires forment depuis des décennies ceux qui répriment actuellement les manifestations du peuple togolais. Les armes qui tuent et blessent les manifestants à Lomé sont des armes et des balles françaises tirées par des soldats et des gendarmes formés par l'armée française en vertu de ces accords de coopération.

Les Verts ne s'intéressent pas à la politique africaine et au Togo le temps d'une campagne. Ils s'y intéressent depuis toujours. Le premier candidat écologiste à la Présidence de la République René Dumont a été l'un des premiers a montré comment l'accumulation des facteurs négatifs en matière de politique économique, démographique, agricole entravaient le développement de l'Afrique. Dés 1962, c'est- à dire dés l'accession du dictateur Eyadema au pouvoir, il s'écriait « l'Afrique noire est mal partie ». Il montrait aussi comment la démocratie et le développement étaient indissociables alors que les dictatures s'épanouissaient sur l'ensemble du continent. Il nous appelait chacun à notre poste de nous dépêcher de remplir toutes les conditions qui faciliteraient le décollage de l'Afrique car, ajoutait-il, nous y avons le plus strict intérêt en tant que nations riches. 43 années plus tard, ces pronostics s'avèrent plus que jamais crédibles au Togo comme à Djibouti ou 28 ans après la première élection, le dictateur a été réélu hier alors qu'il était le seul candidat en lice. Ce que nous faisons c'est une lecture politique de la stratégie française en Afrique subsaharienne et nous disons qu'elle continue à être marquée par la domination de l'Elysée et de l'Etat-major qui influencent par l'intermédiaire de réseaux occultes ce qu'il est convenu d'appeler la « Françafrique ». Or cette Françafrique continue à s'employer à saboter tous les efforts de renouveau. Cette “Françafrique” a empêché la constitution de la Commission d'enquête du Parlement sur le Rwanda. Cette Françafrique s'agite derrière le soutien de Sassou N'guesso et a entraîné des milliers de morts au Congo Brazzaville; cette Françafrique permet le soutien aux dictatures pour permettre à ces entreprises, Total, Bolloré, Cogéma, Bouygues, à son industrie de l'armement de garder ses positions face notamment à ses concurrents américains ou européens. Et nous, écologistes français, nous avons le devoir par rapport à l'Afrique, par rapport aux peuples africains mais aussi par rapport à notre propre peuple d'être les premiers à dénoncer les conséquences de cette politique menée par ces réseaux. Il y a trop de liens entre notre pays et le continent africain, trop de passions, trop d'histoire. L'idée que l'on entend traîner ici ou là que nous devrions nous débarrasser du soit disant fardeau africain parce qu'il n'est pas rentable, que nous devrions tirer un trait sur les rapports franco-africains, est une idée erronée. Oui, nous ne voulons plus d'ingérence de l'armée et de l'Elysée dans les affaires africaines. Mais nous ne voulons pas non plus que l'ingérence soit remplacée par l'indifférence, la connivence par la banalisation des rapports franco-africains. Ce lâchage programmé en fin de compte ne servirait qu'à mettre l'Afrique sous la coupe réglée des entreprises multinationales. Nous pensons qu'entre la politique de Foccard et la loi d'airain de l'OMC, il y a place pour des rapports eurafricains qui tiennent compte des peuples et du développement durable des pays du Sud. Ni la France, ni l'Europe ne peuvent envisager de tourner le dos à leur partenaire naturel du Sud. L'Afrique ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui si nous français comme d'autres européens allemands, belges, portugais ou anglais n'y avions pas pillé impunément les ressources humaines et les matières premières, d'abord avec l'esclavage que l'Assemblée nationale a condamné ici même comme un crime contre l'humanité, ensuite avec le colonialisme, enfin avec le néocolonialisme qui sous l'égide de Monsieur Foccard a exercé sa domination durant trois décennies.

Les discours lénifiants sur la coopération entre la France et l'Afrique n'ont pas de sens si nous ne les remettons pas dans ce contexte historique. Le néo-colonialisme n'est pas une invention c'est une réalité d'aujourd'hui :

- Non, il n'y a pas de coopération possible sans démantèlement des réseaux de la Françafrique, sans démantèlement des dictatures clefs de la région et notamment de celle du Togo ;

- Non, il n'y a pas de coopération sans contrôle démocratique par le Parlement et la société civile de la diplomatie française ;

- Non, il n'y a pas de coopération sans soutien explicite aux processus démocratiques et coopération avec les partis démocratiques et progressistes; c'est pourquoi nous demandons le contrôle des scrutins ( bulletin unique, contrôle et révision des listes électorales, établissement des cartes d'électeurs, renforcement des médias locaux en langues locales et répartition du temps de parole…) ; ce sont toutes ces conditions qui, notons-le, n'existent pas aujourd'hui au Togo où des milliers de personnes ont manifesté encore hier pour simplement obtenir le droit de recevoir leur carte d'électeur ;

- Non, il n'y pas de pas de coopération sans une redéfinition des bases de la politique de l'immigration : c'est pourquoi nous demandons la régularisation des sans-papiers, la libéralisation de la politique des visas, la liberté de circulation ;

- Non il n'y a pas de coopération sans contrôle des conséquences de la mondialisation néo-libérale en Afrique: c'est pourquoi nous demandons la levée du secret bancaire ;l' annulation de la dette;la fin des paradis fiscaux, l'enquête sur les réseaux financiers et leurs implications politiques en France ;

- Non, il n'y a pas de coopération sans mémoire ni droit de réparation. C'est pourquoi nous demandons la création d'une commission d'enquête sur le Rwanda et d'une commission d'enquête sur la responsabilité de la France dans les crimes politiques (Sankara, N'Gouabi, Félix Moumia, Sylvénus Olympio..) ;

La conclusion politique d'un tel colloque est un exercice difficile surtout dans un contexte marqué par la dégradation de la situation dans l'Afrique subsaharienne, par la montée des tensions ethniques dans de nombreux pays dont la côte d'ivoire est le plus grave des exemples, par le dévoiement des processus démocratiques, par le développement des inégalités. C'est ce contexte et les responsabilités que la France y a eu et y tient bien souvent encore qui explique la dégradation du rayonnement de la France en Afrique. La France à tort ou à raison est considérée comme l'héritière de la Déclaration des Droits de l'homme, de la Révolution de 89 et dans le même temps, nous méprisons ceux qui sont attirés par cette République des Lumières. La hache de Saint- Bernard, les expulsions de sans-papiers bâillonnés et enchaînés, les centres de rétention, la caution d'élections truquées, l'envoi de matériel militaire, le manque de transparence, tout cela ne peut pas être mis au compte des profits et pertes. Nous devons nous rappeler le discours inaugural de Sylvanus Olympio : l'idée de l'Unité africaine a fait du chemin. Pour des raisons peut - être faciles à comprendre, les puissances administrantes et européennes de l'Afrique occidentale ont peu fait dans le passé pour promouvoir une politique de coopération entre les différents territoires. La responsabilité de cette tâche audacieuse doit désormais incomber aux Africains eux-mêmes . Vive le Togo indépendant ”. Voilà pourquoi Sylvanus a été assassiné. Voilà pourquoi son fils Gilchrist Olympio ne peut pas se présenter aux suffrages Voilà pourquoi la France de Chirac a installé et maintenu cette dictature pendant 42 ans et fait tout pour qu'une monarchie héréditaire continue à gérer les intérêts de la Françafrique. je ne me mettrais pas à la place de l'opposition togolaise pour savoir qu 'elle est la bonne stratégie , le boycott ou la participation au scrutin du 24 avril. Ce qu'elle doit d'abord faire c'est avant tout conserver son unité. Mon rôle à moi comme à celui de mes collègues députés, le rôle des Verts comme de tous les démocrates en France c'est de mettre fin à ce scandale des rapports entre la France et le Togo qui n'est pas une affaire interne au Togo ou à l'Afrique mais qui est un bien un scandale de la République, une affaire française de plus que nous devons dénoncer ici si nous voulons être digne de cette maison, l'Assemblée nationale qui est né de la lutte contre les tyrans. La liberté, l'égalité, la fraternité ce n'est pas seulement valable pour la France ou les européens , c'est une aspirations de tous les peuples, de tous les africains, de tous les togolais. Nous sommes tous des togolais.

Je vous remercie.

Noël Mamère
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Mobutu Sese Seko
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MessagePosté le: Mar 30 Aoû 2005 19:20    Sujet du message: Répondre en citant

Source d’information et références:

Les Dossiers du Canard enchaîné(Erik Emptaz)

Fric, politique, barbouzes et pétroleuses

L’empire d’essence

Enquête sur un super scandale d’état


Page 21 : Responsable du renseignement sous le règne de Guillaumat et de Chalandon, Maurice Robert se rend du 31 mars au 6 avril 1977 au Gabon. Cet envoyé d’Elf est reçu longuement par Bongo. A son retour, Robert rédige un compte rendu de cette réunion avec les autorités gabonaises. A l’intention de Guillaumat, Levy et Tarallo. La lecture en est édifiante. Ce document classé « secret » montre en effet les relations intimes entre le président gabonais et les gaullistes. On est en 1977, un an avant les élections législatives. Giscard est président, Raymond Barre Premier ministre. « S’agissant de la politique Française, le président Bongo ne comprend pas pourquoi la majorité et le président de la république partent battus alors que les élections législatives ont lieu dans un an. Il met tous ses espoirs en Jacques Chirac et pense que il faut continuer à l’aider.

Dans cette même note, Robert ajoute : « A noter que le président Bongo est tout a fait opposé a la désignation comme conseiller technique a Libreville de M. Meyer, inspecteur des Finances, jugé homme de gauche, brillant donc dangereux »

L’ « aide » du Gabon vers le RPR transite notamment par la Fiba, la petite banque franco-gabonaise qui est sous la coupe d’Elf. Le trading sera la principale pompe a finances du groupe et de ses amis africains. Elf trading est délocalisé en Suisse au début des années 80. Histoire de rester discret.


Page 23 : « Elf a livré a Bongo les relevés bancaires de l’oppositions gabonaises »…. « Pour le compte d’Elf, des barbouzes ont fausse le jeu, ouvrant discrètement des enveloppes avant les appels d’offre, a l’époque de Lissouba, notamment ». Tous les renseignements sur la chute de Sassou Nguesso ont été gentiment communiques par Silberzhan, le prédécesseur de Dewattre, a Le Floch-Prigent.

Page 29 : Installe en 1967 à la tête de l’émirat gabonais par papa Foccart avec le soutien actif de Sdece (aujourd’hui DGSE) et d’Elf, Omar Bongo a tout de suite tout compris. « La France sans l’Afrique, c’est un véhicule sans carburant, l’Afrique sans la France, un véhicule sans chauffeur ». Dans les rares moments de tension avec la France, l’ami Omar, sans doute le plus fidèle de l’Afrique post-coloniale, n’hésite pas a rappeler que le gérant de la station-service peut toujours se mettre en grève… Ces temps-ci, c’est la juge Eva Joly, qu’il nomme délicatement « la Norvégienne » ou « Eva-la-jugette », qui agace « Omar ». Non seulement elle fait des misères a ses amies comme Andre Tarallo et Roland Dumas, mais, en plus, elle fouine dans les filiales et les compte d’Elf Gabon. Lui qui a toujours travaille pour la « France éternelle » et dispose a Paris d’un formidable réseau relationnel dans tous les partis politiques et l’administration française (avec toutefois une préférence pour le RPR et les services secrets) trouve que rien ne va plus. Il craint que le couvercle de la marmite du village franco-africain, soulevé par Phillipe Jaffré, le patron d’Elf Aquitaine, ne finisse par lui écrasé les orteils, qu’il a, lui aussi, très sensibles.

Page 30 : …Plus gaulois qu’Astérix, le président Gabonais en a la taille, très petite, qu’il surmonte avec des chaussures a hautes talonnettes, ainsi que la moustache. On ne parlera pas de ses fortes colères. La comparaison s’arrête la. Sa potion magique, ce sont les 8 milliards de francs de recettes de l’or noir pour a peine 800 000 habitants (1 million avec les « étrangers »). Bon comédien, sachant faire rire ses interlocuteurs par ses mimiques, Omar Bongo adore jouer les naïfs et les innocents. Homme de réseaux, il entretient une diplomatie secrète avec de nombreux acteurs et « activistes » a tous les niveaux du pouvoir, non seulement en France, mais dans plusieurs capitales de la région d’Afrique centrale, dont il est le doyen….

….Depuis trente ans, rive droite comme rive gauche, quel que soit le locataire a l’Elysée ou a Matignon, Omar Bongo bénéficie ainsi d’un traitement a part. Seule exception notable : en 1981, lorsque Jean-Pierre Cot, tout nouveau ministre de la Coopération d’une gauche qui n’avait pas encore goûté au caviar, s’est mis dans l’idée que la Gabon (et surtout ses dirigeants) était trop riche pour continuer a bénéficier de l’aide de la coopération française. Suicidaire… Cot est limogé en décembre 1982, et le dossier gabonais est confie par François Mitterrand a des gens « sérieux » : François de Grossouvre et Roland Dumas…La vie reprend alors son cours dans le petit village africain. En échange d’un soutien inconditionnel et d’une pudique ignorance de tous les circuits financier peu orthodoxe a Libreville, Bongo poursuit une aide discrète a ses amis français.


Page 37 : Avec la bénédiction de l’Elysée, la compagnie française aurait donc finance l’effort de guerre de Sassou Nguesso », écrit « Le Figaro » le 15/10/97(ce que Philippe Jaffré ne cessera de démentir).

« Selon les services de Renseignement français (…)les miliciens « Cobras » de Sassou Nguesso ont pu, grâce a des financements occultes fréquents dans les milieux pétroliers, acheter des armes en Europe », révèle « Le Monde » (17/10/1997). Avant de préciser, dans un second article : « Sassou Nguesso(…), en promettant aux pétroliers de se montrer moins gourmand que M. Lissouba, qui avait augmente les taxes et la part de l’Etat dans l’exploration du pétrole, s’est assure leurs bonnes grâces, obtenant du même coup le financement de son effort de guerre ».
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Mer 31 Aoû 2005 09:01    Sujet du message: Répondre en citant

C'est ici qu'il faut essayer de nous démontrer qu'il n'y a au fond pas de réseau d'influence contre l'Afrique ou qu'ils ne sont pas si influents que ça.
alors panafricains et les autres puisque vous m'avez l'air motivés à nous convaincre que la françafrique, le fmi, la bm, les accords de coopération etc... ne sont pas liés à la situation africaine, c'est ici. amusez-vous bien.

ps: panafricain je vais essayer de te retrouver le lien pour l'origine de l'ivoirité. c'est un pdf qui était dispo et devrait encore l'être en principe.. bref, je te confirme ça dès q j'ai le tps.
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Mer 31 Aoû 2005 10:19    Sujet du message: Répondre en citant

panafricain a écrit:
muana kongo a écrit:
panafricain:
j'ai enlevé ton post parce qu'il est plus à sa place dans la partie sur la françafrique de pakira.

tu discutes là de l'importance de la françafrique, fmi, bm dans la politique africaine, là n'est pas l'objet de mon sujet.
remets ton post là bas si tu veux et on pourra en discuter là-bas.


Tu fais de la censure maintenant ? Shocked il me semblait que je repondais à tes propos. (tu affirmais que je pensais que les "negres étaient tarés"). Je ne vois pas que ça a faire dans le sujet de Pakira. C'est toi qui ramene tout à la Françafrique.

C'est la pensée unique qui règne en maître ici ou quoi ? Faut pas s'etonner que l'Afrique soit mal partie Rolling Eyes
encore une fois, je ne t'mpêche pas de t'exprimer, cesse de te victimiser comme ça... relis moi soigneusement et compte le nbre d'occurences des réf. à la françafrique par ex. en comparaison de tes posts "en réponse aux miens". je te signale q les 3/4 du tps tu réponds à côté... je te l'ai dit, puisque tu focalises tout sur la françafrique alors que je parle du système des relation afriq-occident en général, qui n'est d'ailleurs pas le thème centrale du sujet de discussion que j'ai ouvert... et que tu sembles déterminé à prouver que la situation africaine actuelle n'est pas liée au système relationnel ci-dessus, tout en te bornant à l'aspect françafrique, hé bien l'endroit est plus approprié. Maintenant si tu es sûr de ce que tu dis et de pouvoir le démontrer, cesse de choisir la pose victimaire en polluant mon post et fais-le (ta démo) ici.
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