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[Panafricain]

Le réseau va quadriller tout le pays Les zones rurales jusqu'ci se sont passées de la haute technologie Onze ans après le génocide effroyable qui a coûté la vie à 800.000 personnes, le Rwanda veut maintenant jouer un rôle de pionnier de la haute technologie. Dan Simmons, de la BBC, s'est rendu sur place. Il donne des détails sur ce projet ambitieux.

Pour de nombreuses raisons, le Rwanda a quelque peu tardé à se mettre à utiliser les nouvelles technologies de l'information et de la communication. En dehors des villes, une grande partie de la population vit de la petite agriculture, et se passe de la "haute technologie". Mais tout pourrait changer. Depuis quelques années, en effet, le Rwanda s'est fixé un but ambitieux: non seulement rattraper son retard, mais aussi entraîner l'AFrique à sa suite dans la nouvelle société de l'information.

Un vaste réseau

Des câbles à haut débit commencent à tisser un réseau à travers le pays. Et le Rwanda a au moins un avantage: pour relier les villes de nombreux pays africains, couvrant souvent des distances considérables, la pose de câbles en fibre optique est souvent tenue pour trop onéreuse. Mais le Rwanda est un pays de relativement petite taille, à forte densité de population.

Déjà, Kigali a été reliée à Gitarama, et d'ici la fin de l'année les autorités espèrent pouvoir relier entre eux les cinq principaux centres urbains, dans lesquels habitent plus de la moitié des habitants du pays.

Des stations relais permettront aussi des connections sans fil, reliant les utilisateurs aux fameux câbles à plusieurs kilomètres de distance. Ils bénéficieront d'une rapidité de transfert de l'ordre de 2 Mo/seconde, avec des services téléphoniques, mais aussi Internet, et la télévision.

Le réseau sera "évolutif", susceptible d'être constamment modernisé et développé. Il sera plus rapide et plus fiable que les liaisons par satellite utilisées dans les pays voisins.

Diversification

TerraCom, l'entreprise chargée du projet, se dit certaine de pouvoir ainsi transformer la vie des Rwandais. La directrice de son service financier, Sandra Rwamushaija, explique: "de nombreux Rwandais n'ont jamais quitté le pays, ou même Kigali. Le nouveau réseau leur permettra de s'informer sur ce qui se passe ailleurs dans le monde".

Pour Sandra Rwamushaija " les Rwandais verront mieux comment diversifier leurs activités, au lieu de s'en tenir à celles dont ils ont l'habitude. Ils pourront imaginer des nouveaux moyens de se faire de l'argent, autrement que par la seule agriculture".

L'administration, ainsi que les écoles et les entreprises, seront les premières servies. Mais pour l'instant, le prix mensuel de la connection ( 125 dollars, soit environ 68 000 Francs CFA ) est trop élevé pour la plupart des habitants.

Souvenir du cauchemar

Comme dans la majorité des pays africains, c'est donc dans les cafés Internet - les cybercafés - que la plupart des membres du public pourront s'apercevoir du changement. Récemment encore, ces établissements avaient des problèmes de connection quand ils se servaient du réseau téléphonique pour accéder à Internet. Maintenant, grâce à la fibre optique, les cybercafés sont de plus en plus nombreux à bénéficier d'une connection stable et deux fois plus rapide qu'avant.

Le rêve technologique du Rwanda est lié au cauchemar du génocide de 1994. Les tueurs visaient tout particulièrement l'intelligentsia, les gens instruits. Mais après la fin des combats, le nouveau gouvernement qui avait pris le pouvoir avait la ferme intention de tout changer, et de donner au Rwanda un avenir meilleur.

Pendant que d'autres pays africains parlaient de la "fracture numérique", le Rwanda, lui, faisait tout pour surmonter ce handicap, proposant des concessions fiscales aux investisseurs dans le domaine tenchnologique, et attirant une aide étrangère.

Le KIST

Une ancienne caserne joue maintenant un rôle clé dans le projet. Le bâtiment abrite en effet le KIST ou Kigali Institute of Science, Technology and Management (institut des sciences, de la technologie et de la gestion de Kigali). Plus de trois mille étudiants y sont inscrits.

Les enseignants du secondaire y apprennent notamment les meilleurs moyens de transmettre à la jeune génération une expertise dans le domaine de l' informatique. D'autres étudiants apprennent le fonctionnement interne des PCs.

Mais il existe aussi des formules accélérées, de plus courte durée, et moins chères. Le Professor Eliphis Bisanda, responsable du service de la scolarité, est formel: "après quatre mois de formation, les étudiants sont prêts à se mettre au travail".

"C'est ce dont le pays a besoin aujourd'hui" ajoute-t-il, " nous manquons de spécialistes et de techniciens en informatique, et la demande est élevée".

Pour l'instant, en effet, le nombre des postes vacants dépasse celui des candidats - ce qui a pour effet d'encourager les jeunes à entreprendre des études dans ce domaine, sachant qu'ils trouveront certainement un emploi.

Yves Kimenyi Gatsinzi, diplômé du KIST, aajoute pour sa part: " J'ai maintenant une excellente situation - je suis responsable de près de 200 PCs, de sept serveurs, et de quatre sous réseaux".

Aller plus vite

Paul Kagamé Le président Kagamé est le principal instigateur du programme Le président du Rwanda, Paul Kagamé, est considéré comme le principal instigateur de ces changements, et il est très optimiste.

" Nous voulons aller plus vite, dépasser le stade actuel", déclare-t-il à la BBC. " Le seul obstacle majeur est que nous avons des ressources limitées, mais je crois que nous allons bientpot disposer de ressources supplémentaires, et nous devons faire vite pour assurer la formation de nos techniciens. A mon avis, nous avons déjà fait des progrès appréciables".

Pour lui, le but peut se résumer en une formule: " faire du Rwanda le centre technologique de la région".

A Kigali même, il est déjà possible dans certains quartiers d'accéder à Internet par des connections sans fil. Dans un pays développé, ceci n'aurait rien d'extraordinaire, mais en Afrique, un tel progrès est significatif.

Obstacles

Reste que le Rwanda doit encore surmonter de nombreux obstacles avant que son rêve ne devienne réalité. La majorité des Rwandais vit encore dans la pauvreté, sans électricité par exemple. La plupart des enfants arrêtent leur scolarité avant d'arriver en secondaire.

Mais l'administration et le secteur privé vont certainement bénéficier des changements. Et on espère qu'en mettant davantage d'écoles en ligne, et en poursuivant l'effort de formation dans le domaine de l'informatique, la population dans son ensemble finira elle aussi par en profiter.


BBC

http://www.radio-kankan.com/index.php?id=52&backPID=42&tt_news=9182

[Kamiche]

Cet article illustre ce qu'on disait deja dans un précédent thread, à savoir qu'en Afrique il faut former des ingénieurs et techniciens dans les new techs en masse, et surtout que ce ne soit plus une affaire d'élites.