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Aime Césaire nous a quitté
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hormheb
Grioonaute 1


Inscrit le: 31 Déc 2005
Messages: 190

MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 04:34    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Maryjane a écrit:
Chabine a écrit:
Note : est-ce qu'un des modos peut déplacer le topic vers le chapitre "Actualités DIASPORA" tout court (et non pas "Actualités Diaspora France"), MERCI BEAUCOUP Twisted Evil (j'arrive pas à le faire moi-même)


C'est fait Lady. Par ailleurs, les autres topics sur Césaire - ouverts après celui de Grankrao, sont verrouillés et tous dirigés vers celui-ci.

Merci Soul Sista ! Wink La ola ou té yé, dépi tan an ? Twisted Evil

C'est le coeur plein de joie que je viens ce soir témoigner de cette journée pleine d'émotions. Tellement d'émotions fortes que je suis littéralement sur les rotules Embarassed Je n'ai pas pu me rendre au stade aujourd'hui, trop de fatigue accumulée depuis jeudi m'ont clouée chez moi. Mais j'ai pu suivre l'ensemble de la cérémonie à la TV, et même si les mots me manquent, j'irai les chercher où ils se cachent pour vous raconter cette journée de communion d'un peuple tout entier avec le monde Smile

Mon coeur est rempli de joie de constater que vous avez été nombreux, en France, au Bénin, en Amérique du Nord et probablement ailleurs, à pouvoir suivre les obsèques, en direct Very Happy Comme Césaire l'avait dit lors de la libération de Mandela en 1990 : "les cloches de mon coeur ont carilloné : Mandela Libre ! Mandela Libre ! Mandela Libre !" Et bien là, c'est l'information qui a été libérée, le couvercle trop longtemps appuyé sur le volcan a sauté dans les airs avec cette éruption ultime Very Happy Maintenant, vous savez qui nous sommes, et vous savez comment nous avons dit au revoir à l'un de nos Pères. La vérité, trop longtemps baillonnée, détournée, falsifiée, vous est parvenue à travers les images de la négraille de mon peuple, debout, inattenduement debout jusqu'à la fin, pleurant, chantant, dansant son poète, Père de la Nation. Maintenant, nous savons qui nous sommes, et le reste du monde africain aussi Very Happy

Pour ceux qui n'auront malheureseument pas eu la chance de voir la cérémonie, et qui, sans doute, n'en auront qu'un compte-rendu déformé à travers les médias gaulois ou autres, il faut que vous sachiez comment ça c'est passé. Mettons les points sur les i toussuite :

- Le président de leur république françoise est arrivé en catimini, vers 13h30, à l'aéroport, et est reparti de la même façon ; ne vous laissez pas abuser par l'allocution présidentielle qui vous sera certainement infligée sur les TV gauloises, elle a eu lieu à l'aéroport, devant 2 pelés, 3 tondus, dont le préfet (normal, en tant que 1er représentant de l'état gaulois sur place) et le maire de F-de-F, très présent auprès du nabot de son arrivée jusqu'au départ du stade ; l'allocution a été retransmise en direct par RCI, la 2ème radio (privée de l'île), et je pense que personne ne l'aura entendue car tout le monde était soit en route vers le stade, soit déjà sur place, soit devant la TV ; elle a été retransmise ce soir immédiatement après le JT local, bon, normal, RFO est quand même une TV d'état, mais vu comment ils (RFO) ont joué le jeu aujourd'hui (en montrant les images du cortège en route pour la Joyau, suivi du drapeau ROUGE-VERT-NOIR tout au long du parcours, et jusqu'à la mise en terre Twisted Evil ), on leur pardonne, et on leur fait une grosse bise Wink

- l'hommage de la Nation au stade même s'est réduit à une minute de silence, du président devant le cercueil. Je trouve excellent et hautement symbolique que l'hommage de la Gaule soit réduit à du SILENCE, qu'il aie été obligé de la fermer et de s'incliner EN SILENCE devant son adversaire politique me semble être un symbole très fort Twisted Evil Il faut bien comprendre ce qui s'est passé là : la France a tenté de récupérer l'événement, mais la stature de Césaire a tout fait voler en éclats ; c'est LUI qui les a obligés à rapliquer en nombre, c'est le petit géant qui a gagné, depuis son cercueil, en vérité Cool Ce silence de la fausse République correspond tout à fait à la chape de plomb qui a pesé sur l'oeuvre de Césaire sa vie durant, il ne pouvait y avoir d'autre symbole, tout est cohérent, rien n'arrive par hasard ; les voix du mensonge se sont tues, pour laisser parler, éclater, rugir la poésie de Césaire, juste après... le silence de leur fausse République Twisted Evil

- Pour finir sur les têtes de pain rassis débarquées en vol affolé, sincèrement, nous n'en avons RIEN A FAIRE ; le PS ne trompe personne ; Bayrou (celui qui, Ministres de l'Education, avait rayé Césaire des programems il y a quelques années...Mad ) s'est copieusement ridiculisé, en évoquant au JT local son amour pour la poésie de Césaire, illustré d'une citation complètement grotesque et sortie de sa seule imagination ("un poète noir issue d'une terre noire"... Rolling Eyes ), pi-to-ya-ble et pathétique ; à mon sens, seul Sarkozy a compris que les Martiniquais ne seraient pas dupes, d'où le service minimum (arrivée et départ en catimini, pas de Carla ni de tralala Twisted Evil ) ; je trouve même que c'est, de tous ces médiocres politicaillons gaulois, celui qui a eu l'attitude la plus cohérente.

- Dernier point : le public a beaucoup applaudi Taubira et Pierre Aliker à leur arrivée dans la tribune des officiels ; si vous voyez des images où c'est le président nain qui semble être applaudi, ne soyez pas dupes ;

Cette mise au point étant faite (l'avis des gaulois semblant tenir à coeur à beaucoup d'entre vous Confused), passons à ce qui nous intéresse, à savoir ce grand rendez-vous de nos peuples avec notre Histoire.

Après l'entrée du président, dernier arrivé, protocole oblige, le Dr Pierre ALIKER, 101 ans, s'est levé pour rendre hommage a son ami de 75 ans. Les débuts de son allocution ont été, il faut bien le dire, assez pénibles, pour ne pas dire déchirants. En effet, dans une ultime coquetterie (je le reconnais bien là Laughing ), le centenaire a tenu à lire le message qu'il avait rédigé lui-même à la main le matin, et sans ses lunettes, svp Confused Cela fut, vous vous en doutez, assez difficile. Nous avons tous souffert pendant ces minutes interminables où il ne parvenait pas à déchiffre ses papiers, en l'encourageant pendant les pauses qu'il marquait par nos applaudissements. Finalement, Joëlle, la fidèle secrétaire d'Aimé Césaire, a eu la bonne idée de se lever pour suggérer au Dr de laisser de côté son manuscrit, et d'improviser. Ce que le Dr ALIKER (après avoir finalement accepté de chausser ses lunettes, grand canaillou, va Razz ) a fait avec le brio, la lucidité et la verve que nous lui connaissons (c'est un ennemi absolu de la langue de bois, souvent plus radical que Césaire lui-même). Il a terminé son allucation improvisée par une phrase qui n'en finira pas de résonner dans nos têtes :
http://www.lejdd.fr/cmc/culture/200816/l-adieu-a-cesaire_111980.html

"Les spécialistes des questions martiniquaises, se sont les Martiniquais"

Tonerre d'applaudissements dans le public, tribunes et espace officiels compris, même Yves Jégo a applaudi (visiblement gêné Twisted Evil ) mais pas Sarkozy, ni son voisin immédiat (le maire, pourtant autonomiste, de F-de-F... Confused ).

Ensuite, l'hommage artistique a commencé. 6 artistes et poètes d'Afrique et de la Diaspora sont entrés en scène :

- Daniel Maximin, poète de notre île soeur, la Guadeloupe, en sublime maître de cérémonie
- Jacques Martial, acteur et metteur en scène, également guadeloupéen, basé à Paris
- Rudy Silaire, acteur haïtien, basé en Martinique
- Aliou Cissé, acteur sénégalais, basé en Martinique
- l'immensémment courageuse artiste martiniquaise Suzy Cinga,
- et Akonio Dolo, artiste malien du pays dogon

et là, Césaire accomplit son dernier miracle : le déchaînement de la parole libérée. Un déferlement sans précédent, une éruption cosmique, un torrent de paroles coupantes comme des lames s'engouffra dans nos esprits ébahis Surprised Ils se sont tous surpassés. Tous. Daniel Maximin grandiose, virevoltant, s'adressant affectueusement à son ami en face de lui comme pour le faire revivre sous nos yeux, réussissant l'exploit d'évoquer toute la vie du poète Aimé, en donnant des clefs de ses oeuvres, avant de redonner la parole aux artistes, le discours scandé par le commandement : "PAROLE DÛE", code initiatique indiquant qu'un interlocuteur nouveau entrait dans la ronde. Rudy Silaire déclamant de sa voix forte, non seulement les passage de la Tragédie du Roi Christophe, oeuvre phare pour le peuple haïtien, mais aussi ce poème de Césaire à son peuple (Hors des jours étrangers) . Suzy Cinga, oubliant probablement (ou revivant peut-être ?) sa douleur de mère récemment endeuillée pour incarner la mère du Rebelle (Et les chiens se taisaient). Jacques Martial sortant de lui-même, la tête dans le ciel de F-de-F mais les pieds bien plantés sur terre, déclamant avec une force impériale le Cahier du retour au pays natal, le dos tourné à la tribune officielle... Mais c'est l'Afrique, représentée par deux de ses fils, qui m'a le plus émue, par la flûte d'Akono Dolo et la révérence (après la passion dans le texte dit) d'Aliou Cissé, qui a prononcé en wolof cet hommage précieux :

"Que la Terre te soit légère, Père...
Ton devoir est accompli.
Merci, Noble Père"


Merveilleux tourbillon de la parole, envoûtement général, non, vraiment, les poètes ne meurent jamais, mes frères, et surtout pas un poète comme celui-là Smile Que voulez-vous que nous fassent les pitoyables tentatives de récupération, quand une parole telle est libérée ? Qui peut rattraper le verbe d'Aimé Césaire ? Personne. Qui peut s'en emparer ? Nous tous. Qui peut nous en empêcher ? Même pas la mort Twisted Evil

L'heure de nous mêmes a sonné aujourd'hui, mes frères ! Elle a sonné et résonné au plus haut du ciel, depuis cette petite, minuscule poussière d'île perdue au milieu de la mer, vers le monde entier. La parole est à vous, faites-en bon usage ! Allez chercher à l'intérieur votre Nègre fondamental, où qu'il se trouve, et faites-le émerger à la surface ! Descendez dans la cale, et remontez avec la lumière !

Après ce magnifique hommage, la foule en liesse a accompagné la sortie du cercueil debout, dans le vent, en chantant "EIA pou Cézè !", sans s'arrêter, jusqu'au cimetière de la Joyau Shocked Les conques de lambi ont résonné au passage du convoi, selon la tradition héritée des caraïbes disparus, et reprise fidèlement par les descendants d'Africains que nous sommes.


Et le peuple de Martinique s'est mis en marche. Et il a marché, pendant plus d'une heure, sur les 5 kilomètres qui séparent le stade du cimetière de La Joyau, ils ont marché, chanté, dansé leur poète. un seul drapeau accompagné le Père de la Nation : le drapeau ROUGE-VERT-NOIR, pendant tout le parcours (et copieusement filmé par RFO, TV d'état Laughing il y a eu, tous ces derniers jours, comme un vent de rébellion au sein de la station de Clairière, comme pour se rattraper d'avoir tenu à l'écart le grand homme pendant 30 ans Surprised )

Et le peuple a marché, il a marché, il a chanté, il dansé... Deux heures après, à l'arrivée à la Joyau, un chant plus "sage" a résonné (Quand il est mort le poète, de Gilbert Bécaud), mais il y a eu du tambour aussi (je l'ai raté, m'étant absenté pour dire au revoir au poète au soleil couchant, en communion avec la nature). Normalement, la famille avait demandé une cérémonie intime, mais il a, malheureusement pour eux, été impossible de contenir une bonne partie de la foule. Cela m'a fait un peu de peine pour eux, car ce sont des gens très dignes, qui ont eu une vie sacrifiée au niveau familial (mère décédée il y a 40 ans, père ne leur appartenant plus depuis longtemps), j'aurais souhaité, pour eux, un peu d'intimité.

Et c'est ainsi que s'est achevée cette journée magique Very Happy Nous sommes tous très fatigués et très émus. La cérémonie sera rediffusée en intégralité tout à l'heure, sur RFO Martinique (peut-être sur Tempo et sur les autres chaînes RFO aussi, donc restez à l'affut, si vous avez raté la chose). Je vais essayer de ne pas m'endormir pour revoir l'épopée des 6 chevaliers du verbe Razz

Voilà, mes amis, ce qu'il en a été. Bientôt, vous aurez les images, photos, vidéos, qui inonderont le web. Pour l'heure, les guerriers de l'image qui étaient sur le terrain doivent profiter d'un repos justement mérité. Allez sur le site spécial de RFO consacré à Césaire, en attendant :
http://rfo.fr/evenements/aime-cesaire/index-fr.php?page=accueil#contenu
Buvez les paroles, imprégnez-vous des images, et remplissez-vous de la joie de notre peuple qui a, finalement, récupéré les Armes miraculeuses forgées par ce géant Very Happy

Un autre compte-rendu ici :
http://www.bondamanjak.com/content/view/4719/66/

Jeudi était un jour de pleurs. Aujourd'hui est un jour de joie. Césaire vit en nous pour l'éternité.

Césaire a rejoint le pays de l'enfance, et moi je vais revoir la joie de notre peuple. A demain, mes amis Wink Arrow

PS : l'esprit de FANON a également plané sur la cérémonie : à travers les paroles de Daniel MAXIMIN, mais également avec la présence de Mireille FANON, la fille de Frantz, la seule des invités officiels a avoir dénoncé la présence du président XENOPHOBE aux obsèques de Césaire, elle a suivi le cortège jusqu'au bout avec le maire de F-de-F. L'âme du Guerrier silex, mort loin de sa terre, était avec nous aussi Smile


Sister, Merci pour ce compte-rendu detaille.

J'avais tres peur des jeudi quand j'ai appris que les obseques avaient lieu ce dimache et surtout que Sarko allait s'y rendre.
je me suis demande si ce n'est pas lui qui a dicte la date. et surtout que les medias gaulois ont reduit l'evenement a sa plu simple expression et en mettant en avant " tiens, La france fait du grand pour Cesaire, voyez tous le spolitiques qui s'y rendent et bla bla bla...". De toute facon on ne pouvait pas attendre mieux d'eux.
J'avais donc tres peur que l'on se retrouve dans la meme situation que les obseques de Coretta Scott King, pour laquelle Bush a negotie sa presence contre toute allocutaion prononcee par des heros de droits civiques qui critiquent sa politique et il a cite notamment Harry belafonte qui etait programme pour lire l'oraison funebre. Nous savons tous la suite, Harry n'est pas venu et Bush a bel et bien trone en premiere place et en plus la ceremonie s'est deroule non pas a ebenezer Baptist church dde atlanta mais a "New birth" church de Lithonia (banlieue de atl) d'un certain Eddie Long, pasteur qui a "vendu" son ame a Bush depuis l'ere Bush I. Quelle honte !!
J'ai vu la ceremonie. Merci RFO on line.
Des que j'ai vu maximin en MC, j'ai compris que nous n'avons pas cede sur certains plans (l'entourage politique actuelle de Cesaire ne m'a jamais inspire confiance). Puis j'ai vu aussi les drapeaux spontanes. La aussi j'y ai vu le peuple en phase, en osmose avec son heros, le "Negre fondamental"!

Toutefois, Chabine renseigne-nous sur le choix de cette date pour les obseques. Je croyais que nous allions prendre plus de tps, question de faire venir des "personalites" de la diaspora et de faire une ceremonie avec une connotation plus internationale.
Qui a choisi la date ? la famille ou c'est le calendrier de Sarko ?
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lolo01
Bon posteur


Inscrit le: 02 Oct 2005
Messages: 565

MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 05:36    Sujet du message: Répondre en citant

Pour les hommages on oublie le nègre qu'il fut et on en fait un symbole. Taubira, négligé aujourd'hui subira le même sort. A lire absolument

http://identitenegre.blogspot.com/2008/04/le-ngre-disparat-pour-laisser-place-au.html
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Le vrai ennemi de l'homme noir est l'homme noir lui même.

Découvrir ce blog :
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Mère Evé
Grioonaute


Inscrit le: 30 Mar 2006
Messages: 26

MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 10:03    Sujet du message: Répondre en citant

Ce soir, au Lavoir Moderne Parisien, lecture hommage à Aimé Césaire aminée par Caya Makhele avec Ferdinand Batsimba, Maxime N'Débéka, Tierno Monenembo, Fayçal Chehat

Le programme initial, Imaginaires d'Afrique, a été changer pour le transforme en lecture-débat en hommage à Césaire.

LECTURE, Avec Tierno Monénembo, Maxime N’Débéka, et Fayçal Chehat Animé par Caya Makhélé Responsable des pages littéraires du magazine Continental, directeur des éditions Acoria

Thème : Imaginaires d’Afrique, du regard intérieur à l’ouverture sur le monde. Autour des thèmes porteurs de leurs écritures, trois écrivains venus d’Afrique disent et racontent le monde tel qu’ils le voient bouger et se transformer, tout en nous éclairant sur leurs destins individuels.

Tierno Monénembo : Originaire de la Guinée, Tierno Monénembo est l'un des plus importants écrivains du monde francophone. Le romancier à l'écriture inventive et exigeante, signe avec La ribu des Gonzesses (éditions Cauris et Acoria), sa première pièce de théâtre.

Maxime N'Débéka Poète, dramaturge, l’auteur de Toi, le possible chimérique (poésie, Acoria éditions, 2008) a été condamné à mort une première fois en 1972 par les autorités congolaises en raison de son engagement pour la liberté et la justice, Maxime N’Débéka a dû à plusieurs reprises se contraindre à l’exil. Après un bref répit en 1996, où sur proposition d’un collectif d’artistes, il est devenu ministre de la Culture du Congo Brazzaville, la guerre civile, un an plus tard, l’a de nouveau conduit à trouver refuge hors des frontières du Congo. Il est accueilli actuellement en Ville-Refuge à Blois.

Fayçal Chehat Né en Algérie, l'auteur de Celles qui n’aimait pas les hommes (Acoria éditions) vit et travaille en France depuis 1975. Journaliste indépendant, il fonde en 1992 La Lettre du Sport Africain et La Lettre des Musiques et des Arts Africains, devenue Africultures. En 2003, il participe au lancement de Foot Africa, dont il devient le rédacteur en chef. Son premier roman, Hommes perdus au pays du cul du diable, est paru en 2000 aux Éditions Paris-Méditerranée. Il a également publié Le Livre d'or du sport algérien : 1962-1992 (Éditions ANEP, Alger, 1993).

Réservez vos places (gratuites) : http://www.rueleon.net/programme_lmp.php?Id=17&id=2117

Adresse :
35 rue Léon 75018 Paris (Métro Barbès ou Château Rouge)
Réservation: 01 42 52 09 14
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melbamoor
Grioonaute 1


Inscrit le: 15 Sep 2005
Messages: 113

MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 10:20    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Chabine

nous étions place de l'Hotel de Ville ou, Michelle Maillet notre ancienne speakrine arborait une fleur de balisier à la main....

Tu as oublié de dire qu'il y eut également des HAITIENS venus avec leur Rara, sorte de conque de Lambis mais plus longue dans laquelle ils soufflaient afin de rendre HOmmage à notre AIME, aimé....

et puis ici la pluie n'a pas arrété de tomber, tomber, tomber, heureusement qu'il y avait une bache plastique,
nous n'avons pas eu droit à des chaise, meme en plastique sur la place de l'Hotel de Ville........

mon dos est en charpi depuis 2 jours station debout......


je ne ferai pas plus de commementaires, ha si j'ai aperçu à à l'écran; dans la foule des amis de Paris, rentrés pour la circonstante, certains travaillant sur réseau aérien, (les chanceux ils auraient pu inviter les copains)..

Les billets ont été pris d'assaut sur Air Caraibles Confused


A pli ta...
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sang froid
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Inscrit le: 18 Juin 2006
Messages: 203

MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 11:04    Sujet du message: Répondre en citant

Je connaissais peu l'homme Césaire, juste quelques dictées au Lycée extraites de ses oeuvres, souvent mal expliquées et surtout pas replacées dans leur contexte. Les documentaires et reportages diffusés sur France O depuis sa disparition m'ont permis de mieux connaître le Grand homme. J'ai été très touché de l'entendre dire un certain nombre de choses lors d'une interview en 2004. Pour ne pas être trop long, je vais en citer deux.

- construire une école ou un dispensaire, c'était pour Césaire faire de la poésie Very Happy Very Happy Very Happy C'est très beau, surtout que ces infrastructures étaient destinées à des pauvres, très pauvres. Tous les maires d'Afrique devraient se mettre à la poésie Idea

- la marginalisation du continent Africain constitue de nos jours une des raisons qui pouvaient le mettre en colère. Combien sont-ils d'intellectuels en Afrique à être autant attachés à leur continent ?

Nous n'avons pas besoin d'un autre Césaire, à chacun à son niveau d'essayer de venir en aide aux plus faibles.
Je vais relire l'oeuvre du Grand homme et dès que je le pourrai, aller dans son péyi pour lui rendre l'hommage qu'il mérite.
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TjenbeRed
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Messages: 1214
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 11:28    Sujet du message: La pétition de Claude RIBBE Répondre en citant

Une seule discussion pour traiter de la disparition d'Aimée CESAIRE me paraît une gageure. La discussion risque de tourner inévitablement au fourre-tout. Mais soit...

Depuis quelques jours, je reçois des mails de Claude RIBBE appelant à signer sa pétition pour l'entrée au Panthéon parisien d'Aimé CESAIRE.

Je souhaitais faire partager aux Grioonautes la réponse que je viens de lui envoyer.

Citation:
Cher Monsieur,

Je serais presque gagné par l'optimisme, à suivre votre évolution intellectuelle depuis quelques mois.

Il est heureusement loin le temps où l'Afrique et les Africains vous étaient tabous, où vous dénonciez chez les plus engagés d'entre nous le racisme anti-blancs, sans vous rendre compte que vous ne faisiez que servir ce qu'Aimé CESAIRE appelait le "pseudo-humanisme", savoir "une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste [des droits de l'homme]".

Je me rappelle votre triste discours, place Vauban, lorsqu'il s'agissait de dénoncer à juste raison les hommages rendus à Napoléon-Bonaparte. Comment pouviez-vous alors accorder autant de place au racisme anti-blancs ? A vous écouter, jamais TOUSSAINT LOUVERTURE, jamais DELGRES ne se seraient levés.

Peut-être votre passage à la tête du Collectif-Dom, que j'avais appelé de mes vœux, vous aura-t-il ouvert les yeux sur l'aveuglement (volontaire ?) de ceux qui pensent que la géographie la plus simpliste (la localisation commune de populations ultra-marines) prime l'Histoire de ces populations, descendants d'esclaves déportés d'Afrique d'une part et descendants d'esclavagistes émigrés d'Europe d'autre part ?

Je me réjouis de vous voir aujourd'hui défendre ardemment la mémoire d'Aimé CESAIRE, lui qui se décrivait comme un "Antillais, un Africain transporté".

Cependant, la prudence me commande de ne pas signer de chèque en blanc, de me défier de ces opérations de communication qui fleurissent jusqu'aux plus hauts sommets de l'Etat et qui s'étiolent dès la cueillette de leurs fruits.

Je ne signerai donc pas votre pétition. Votre cheminement sur le pont jeté par Aimé CESAIRE entre les Antilles et l'Afrique arrive trop tard.

Du moins est-il trop récent à mes yeux.

_________________
"Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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Anse
Grioonaute 1


Inscrit le: 19 Juil 2005
Messages: 281

MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 11:39    Sujet du message: Répondre en citant

« Je ne me suis jamais posé la question. Je n’ai aucune prétention particulière. J’ai dit ce que je pensais, j’ai dit ce que je croyais. Je ne sais pas si j’ai raison ou si j’ai tort, mais je reste fidèle à cela et à l’Afrique fondamentale. On m’a beaucoup déformé, transformé, caricaturé. Je crois simplement en l’homme. Je ne suis pas du tout raciste. Je respecte l’homme européen. Je connais son histoire. Je respecte le peuple français. Je respecte tous les hommes quels qu’ils soient, mais je pense aussi qu’il faut leur faire la leçon et leur dire que l’homme nègre, ça existe et que lui aussi il faut le respecter. Pourquoi ai-je dit « négritude » ? Ce n’est pas du tout que je crois à la couleur. Ce n’est pas du tout ça. Il faut toujours resituer les choses dans le temps, dans l’Histoire, dans les circonstances. N’oubliez pas que quand la négritude est née, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, la croyance générale, au lycée, dans la rue, était une sorte de racisme sous-jacent. Il y a la sauvagerie et la civilisation. De bonne foi, tout le monde était persuadé qu’il n’y avait qu’une seule civilisation, celle des Européens - tous les autres étaient des sauvages. Bien sûr, il y a des gens plus ou moins brutaux ou plus ou moins intelligents. Lisez Gobineau. Même dans Renan, j’ai été effaré, j’ai trouvé des pages absolument extraordinaires. Bien entendu, l’opinion publique déforme, vulgarise. Même les nègres... Je me rappelle encore, un jour où j’étais près de la bibliothèque Sainte-Geneviève : un grand type vient vers moi, un homme de couleur. Il me dit : « Césaire, je t’aime bien, mais il y a une chose que je te reproche. Pourquoi parles-tu comme ça de l’Afrique ? C’est une bande de sauvages. Nous n’avons plus rien à voir avec eux. » Voilà ce qu’il m’a dit. C’est terrible ! Même les nègres en étaient convaincus. Ils étaient pénétrés de valeurs fausses. C’est contre cela qu’il s’agissait, et qu’il s’agit, encore, de réagir. Et puis un beau jour, Léopold Sédar Senghor a dit : « On s’en fout ! Nègre ? Mais oui, je suis un nègre ! Et puis après ! » Et voici comment est née la négritude : d’un mouvement d’humeur. Autrement dit, ce qui était proféré et lancé à la figure comme une insulte amenait la réponse : « Mais oui, je suis nègre, et puis après ! »

* Entretien avec Maryse Condé, écrivain guadeloupéen – Magazine Lire, juin 2004
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Fille d'Afrique
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 11:42    Sujet du message: L'Hommage à Césaire. Répondre en citant

Oui, c'était grandiose. Un Hommage digne de L'HOMME.

Et toute la sarkosie, figée sur sa chaise, honteuse et hagarde, ne sachant trop ce qui lui arrive, lorsque les voix des artistes nègres, nos artistes donnent corps au Verbe de Césaire. Sarkozy et sa clique ont reçu là en direct la réponse au discours de Dakar.

En me levant ce matin, je me sentais plus légère, confiante en notre peuple. Le message de Césaire est notre arme.

Merci Aimé Césaire. Repose en paix. Nous savons que ton auréole sera toujours au-dessus de nos têtes. Nous continuerons d'avancer, car il n'est plus possible de reculer, nous ne voulons plus reculer. Merci encore.
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 12:10    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
"Gwan nomm' lan" est plus approprié

Merci, Chabine, j'en prends bonne note. D'ailleurs il faudra bien que je me procure un dico kréyol. Celui de chabin Confiant (que j'ai feuilleté au Salon du Livre 2008) est vraiment sublime, mais encore trop cher pour moi...

Encore mille mercis pour tout le taf que tu fais dans ce topic (et beaucoup d'autres...). J'étais scotché devant FranceO hier, et ai bu goulûment la trop courte minute de silence imposée au chef Zorey en guise d'oraison. Trop courte au regard de 70 ans de black out "républicain" infligé à l'oeuvre du Nègre Fodamental...

J'étais à Présence Africaine vendredi, et ai compris toute l'effervescence des libraires/lecteurs qui téléphonaient pour commander du Césaire : ai été très agréablement surpris d'entendre (à la télé) que Cahier... est l'oeuvre la plus vendue par cette maison, y compris devant NNC (?). En tout cas, il y a une analogie avec ma trajectoire personnelle, telle que c'est une oeuvre de Césaire (Discours...) qui m'a aiguillonné vers celles de CAD : et suis assez "enjaillé" de t'entendre dire que souvent c'est un Africain de son entourage qui aiguillonne quelque Africain-Antillais vers Césaire. Comme quoi...

TjenbeRed a écrit:
Je ne signerai donc pas votre pétition. Votre cheminement sur le pont jeté par Aimé CESAIRE entre les Antilles et l'Afrique arrive trop tard. Du moins est-il trop récent à mes yeux.

Trop violent pour notre Ribbe : red menm Exclamation
Il faudrait lui envoyer l'article Le Nègre disparaît pour laisser place au symbole pour qu'il voit à quel point cette proposition pour le panthéon est piégeuse...
TjenbeRed, c'est bien connu que les derniers convertis sont souvent d'un zèle brouillon et encombrant : y-a-t-il vraiment eu de "cheminement" en ce qi concerne notre cher amis???? Patience, patience...
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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 15:55    Sujet du message: Répondre en citant

Un merci particulier à Jacques Martial, j'ai eu des larmes à l'entendre, le ton était d'une remarquable sincérité...

La cerémonie était tout simplement belle...

Merci
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Chabine
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 21:17    Sujet du message: Répondre en citant

Salut à tous,

Toujours pas reposée, ayant veillé jusqu’à tard dans la nuit pour revoir la rediffusion intégrale des obsèques, mais envie de partager encore ces émotions historiques avec tous Smile

Quelques oublis réparés sur la cérémonie d’hier, tout d’abord :
C’est Serge Bilé, le plus Ivoirien des Martiniquais, le plus Martiniquais des Ivoiriens, qui a présenté la cérémonie. Avec un enthousiasme communicatif, et aussi, comme à son habitude, sans langue de bois (il a rappelé que Césaire avait été longtemps banni d’antenne sur la TV publique… oui oui, celle qui l’emploie aujourd’hui… son comparse d'antenne était légèrement gêné aux entournures... Twisted Evil ). Et la musique qui a accompagné tous les intermèdes d’hommage, sur RFO, est le Requiem composé par Manuel Césaire, fils de Mano Césaire (violoniste de Malavoi, et neveu d’Aimé), à l’occasion du crash de 2005.
Je réponds à quelques une de vos remarques, sur le forum mais aussi reçues par MP.

Quelqu’un m’interroge sur ce qui lui semble relever d’une certaine précipitation dans la préparation des obsèques. Je reprends ses questions :
Citation:
toi qui est sur place, essaie de voir et comprendre pourquoi on a precipite ces obseques en 3 jours ? qui controle vraiment l'agenda ici ?

Citation:
Je reste perplexe sur la rapidite: Jeudi a Dimanche.
Sais-tu que en Afrique quand un grand homme ns quitte (Roi par example) il ft au moins 2 semaines avt les obseques. La dure en general varie avec l'ampleur que l'on veut donner a la ceremonie.

hormheb a écrit:
Toutefois, Chabine renseigne-nous sur le choix de cette date pour les obseques. Je croyais que nous allions prendre plus de tps, question de faire venir des "personalites" de la diaspora et de faire une ceremonie avec une connotation plus internationale.
Qui a choisi la date ? la famille ou c'est le calendrier de Sarko ?

Indéniablement la famille, j'en suis persuadée. Je ne suis pas dans le secret des dieux (plus exactement, je ne cherche pas à l’être, les proches de Césaire ont besoin de paix !), mais ce que je peux dire, c’est qu’ici, si les obsèques sont, dans notre culture, un élément extrêmement important de la vie sociale (presque davantage qu’un mariage ou une naissance), il n’arrive jamais qu’on impose un tel délai pour les obsèques, je pense par égard pour la famille. Nous nous attendions tous à la nouvelle, depuis l’hospitalisation de Césaire, une semaine avant, je pense que ça a permis de prendre quelques dispositions pour la préparation des obsèques, mais honnêtement, contrairement à ce que j’ai pu penser la semaine dernière, je ne pense pas que la date officielle de la mort aie fait l’objet d’une manipulation de l’agenda (même si je pense que la situation était irréversible dès le lendemain de l’hospitalisation, mais je m’appuie uniquement sur mon intuition, et je ne chercherai pas à en savoir davantage à ce sujet non plus). La date des funérailles a même été repoussée d’un jour par rapport au souhait initial de la famille (qui préférait le samedi, et en effet, des obsèques le dimanche, ça ne se fait pas, ici), à la demande des officiels, pour permettre au maximum de personnes du peuple de se recueillir, lors de la veillée du vendredi à dimanche matin, mais aussi pour que le maximum d’officiels puisse assister à la cérémonie. Sincèrement, je pense que la famille a eu la main haute sur l’ensemble de la célébration (refus du Panthéon, refus d’un office religieux, choix des hommages artistiques lors de la cérémonie), suivis du parti politique fondé par Césaire (qui a organisé, il faut le dire, de main de maître, le parcours d’adieu dans F-de-F), et cela est tout à fait normal. Je suis, par contre, très triste que la famille n'aie pas pu jouir de quelques minutes d'intimité lors de la mise en terre, la foule n'ayant pas respecté leurs consignes. Là, je trouve que nous avons été irrespectueux Sad Ils ont tant donné, ils se sont tant sacrifiés, se privant de leur père alors que leur mère n'est plus là depuis longtemps, j'ai trouvé que c'était très égoïste. J'espère qu'ils nous pardonneront Confused

Citation:
Vu de Paris tous les medias ont confine l'evenement a la Martinique et on insiste sur la presence des personalites francaises!

En effet : VU DE PARIS. Mais ici, c’est la Martinique, pays volcanique, alors excuse-moi, on s’en fout ! Rolling Eyes
Cela dit, au JT de France 2 ce matin (midi heure de Paris), quelle ne fut ma surprise de constater :
- que, loin de souligner les cafouillages du début de l’allocution du Dr Pierre ALIKER, les journalistes gaulois ont choisi le passage… où il cite Marx ! Razz Twisted Evil Surprised
« Que jamais l’intérêt général ne soit noyé dans les eaux glacées des intérêts particuliers ». Excellent ! Twisted Evil

- ils n’ont pas pu faire autrement que de montrer la ferveur populaire du cortège qui a accompagné le convoi jusqu’au cimetière. Sans censurer, sans omettre de montrer, bien en évidence, le drapeau qui a accompagné le poète jusqu’à sa dernière demeure, le drapeau ROUGE-VERT-NOIR, non pas celui du Parti fondé par Césaire (qui a, cependant les mêmes couleurs), non : le drapeau de la MARTINIQUE SOUVERAINE. Par deux fois, il a été montré, à la sortie du stade, et dans le moment fort de la mise en terre, où le drapeau était tenu en dais, dans le crépuscule de la Joyau. J’avoue que j’en suis tombée à la réserve, et j’en ai eu les larmes aux yeux.
Citation:
Tu ne trouves pas ca curieux que nos elites locales n'est pas prevenu ca ?

Je trouve qu’elles ont admirablement répondu, y compris le maire de F-de-F, que j’ai trouvé très empressé auprès de Sarkozy, mais qui a quitté ostensiblement le stade avec la fille de Fanon, celle qui a traité le nabot de xénophobe. Comme quoi il a, malgré tout, affiché une certaine liberté (je reste sceptique, mais j’ai mes raisons).
Citation:
Je ne veux pas verser dans le soupcon pueril, mais je crois quand meme que l'aura international de Cesaire devrait amener en Martinique pas mal de personalite international de renom. Pas seulement des universitaires, mais aussi des politiques de la diaspora et du continent. Et veritablement donner une dimension planetaire a cet evenement.

Il y en a eu beaucoup, des personnalités de la Diaspora et du Continent. Mais comme je l’ai dit plus haut, imposer des jours, voire des semaines d’attente à la famille comme aux martiniquais était inenvisageable, inadmissible, du moins dans notre culture.
Citation:
C'est le plus grd hommage que l'on pouvait rendre a Cesaire.

Difficile de rendre à Césaire un hommage plus grand que celui que son peuple lui a rendu hier, tu ne trouves pas ? Very Happy

Citation:
J'ai bien peur que cette precipitation reponde a l'agenda de Mr Sarkozi qui ne pouvait qu'etre la le jour qu'il a lui-meme choisi.

La présence du nabot a été un non-événement, il est arrivé et est reparti la queue entre les pattes. Glissons !
Il faut bien comprendre une chose : quelle que soit l’organisation voulue sur place, quelle que soit la motivation de nos médias locaux (et, croyez-moi, ils ont été extraordinaires), ce que le monde verra à l’extérieur sera toujours sélectionné, censuré ou remonté selon le prisme de ceux qui donnent à voir l’événement. Informer, c’est avant tout « mettre en forme ». Et sans médias propres, nous nous condamnons à être frustrés lorsque nous ne sommes pas sur place. Mais rassurez-vous, cette fois-ci, l’info va se déverser sur le web. Et même peut-être autrement, une réflexion est en cours pour faire parvenir à la diaspora les enregistrements de ces journées historiques.
Il faut éviter de perdre de vue les enjeux réels, et essayer de nous faire confiance à nous-mêmes, sans nous condamner d’avance à l’échec. Nous avons été dignes du grand poète, finalement, non ?
Je suis d’accord avec ça :
Citation:
controler son destin. c'est aussi controler, diriger les evenements qui nous touchent. Les obseques en ft partie. Nous semblons l'oublier et ns contenter des hommages dans tous les sens.

Mais il ne faut pas oublier que, pour contrôler les événements qui nous touchent, encore faut-il contrôler nos médias. Les Latino-américains l’ont compris avec Telesur. Et nous, c’est pour quand ? C’est la seule façon. La SEULE Confused
Citation:
J'ai bcp aime ce qu'a dit Maximin et l'organisation faite en si peu de temps. Pas de discours de politiques. Surtt pas Sarko. Bravo pour ca !

Mais je trouve tjrs que cela aurait du etre plus ouvert vers la Caraibe et l'Afrique en particulier. A moins que j'ai rate des choses.

L’hommage de la Nation réduit à une minute de SILENCE, je trouve qu’on s’en est admirablement bien sortis. La prochaine fois, on enferme Sarkozy dans les WC du stade, promis Laughing
Quant à l’ouverture sur la Caraïbe et l’Afrique, je ne sais pas ce qu’il te faut de plus : sur les 6 artistes retenus, 2 guadeloupéens (c’est extrêmement important pour l’union de nos peuples, à part Kassav’ et Euzhan Palcy, peu l’ont compris), 1 haïtien, 2 africains (Sénégal et Mali), et, finalement, une seule Martiniquaise, je trouve que c’était un choix excellent. Et puis je ne sais pas si vous imaginez le sens que ça a eu d’entendre résonner un chant funèbre en wolof dans l’enceinte du stade, face aux représentants gaulois mais surtout face au peuple martiniquais. C’est une révolution ! Surprised La dernière fois que j’ai ressenti quelque chose de semblable, c’est quand, en août dernier, quand les chamanes Kalina de Guyane, peuple frère des Kalinagos disparus de la Caraïbe, ont présidé la cérémonie de départ du Tour de la Martinique des Yoles rondes, grande messe sportive de notre péyi. La voix des ancêtres africains, vivante et vibrante, après l’écho des ancêtres caraïbes disparus… C’est tout simplement ENORME ce qu’Aliou Cissé a accompli hier. D’ailleurs, il me semble qu’il n’a même pas serré la main du nabot, après l’hommage, il est allé directement embrasser les enfants de Césaire, et a détourné la tête du nabot… Laughing Laughing Laughing Comment on dit « BRAVO L’ARTISTE », en wolof ? Twisted Evil
Sommes toutes, cette cérémonie a été tout à fait fidèle à ce qu’a été Aimé. Pas de discours politique, en dehors du seul habilité à le faire, le Dr Pierre Aliker (j’ai oublié d’évoquer sa référence à Marx, dans son allocution d’hier, en plus de la revendication d’un « pouvoir local fort »). Pas d’hommages pompeux et ampoulés, de discours soporifiques qu’il avait en horreur (c’est pour cela qu’il a refusé l’Académie française, la nomination au Prix Nobel, et même de voir des rues baptisées de son nom, le coup de l’aéroport, il s’y opposait depuis des années, c’est Sarkozy qui a fait le forcing pour faire l’intéressant). Non, un hommage artistique, la parole au poète, immortel à travers ses écrits. L’incandescence du verbe, vibrante pour l’éternité, par delà la mort, c’est exactement ce qu’il lui fallait.

Citation:
Sur ce point, je reste sur ma faim. Imposer une dimension plus internationale aurait mis les gaulois au pied du mur ! On ne peut rien attendre d'eux, bien sur!

Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi vous en êtes encore là, à attendre quoi que ce soit des gaulois. L’heure de nous-mêmes a sonné, vous n’avez pas entendu, han ? Mad

Citation:
Mais je me serai fait un plaisir de voir ts ces messieurs relegues en 2eme voir 3eme rnad ds la ceremonie

Ca a pratiquement été le cas… En même temps, mon cher, je comprends ton désir, mais c’est en grande partie notre faute à nous, Martiniquais, si nous devons supporter des gaulois aux premiers rangs, puisque nous ne nous sommes pas encore affranchis. C’est notre responsabilité. Le jour venu, fais-nous confiance.
Citation:
car les 2 premiers sont occupes par des personnalites internationales de la diaspora et la, ils ne peuvent riend ire car c'est la famille apres tt qui organise.

Oui, le moindre des respects, c’est effectivement de suivre les souhaits de la famille, et vu le peu que je sais de leur personnalité, et de leur engagement de vigies morales et culturelles, je suis convaincue que cela a été le cas.
Citation:
Qui n'est pas content ne vient pas. Sarko a bien du mettre son discours la ou je pense qd la famille a fait savoir que son discours etait pas lebienvenu (j'ai lu ca ds le figaro en ligne).

Ben tu vois !
Citation:
en tt cas il faudra nous sortir les coulisses de la ceremonie...
je comte sur toi

Je ferai de mon mieux, mais tu sais, ça n’aura pas valeur de vérité, il y aura beaucoup de « on m’a dit que… mais je te dis que… ». Tu devrais davantage faire confiance à ce que tu as ressenti sur le moment, ça aura probablement davantage de sens.
Citation:
En tt cas, pour moi, pas de pantheon. Il reste chez nous.

L’île du poète est un magnifique panthéon, en effet. L’idéal aurait été qu’il repose à Basse-Pointe, face à l’Atlantique, et donc à l’Afrique, au Sénégal, le regard tourné vers le frère sérère, mais ça fait loin de sa ville d’élection, et loin pour que tous puissent se recueillir. En tous cas, le Panthéon vous attend (by the way, vous n’auriez pas un terme plus afrocentriste pour désigner la même chose, please ?).
MalcUM a écrit:
Entendre aujourd'hui les socialistes dirent qu'ils étaient de gauche constitue l'entretien d'une confusion qu'il faut immédiatement lever!
La GAUCHE n'a jamais été ANTICOLONIALISTE! Retenez bien ceci mais le fait que Césaire dans la départementalisation a souhaité relever le niveau de vie de ces concitoyens noir-e-s avec la mise en place d'une politique sociale permet à la gauche de sous entendre l'équation politique sociale = gauche.

Oui, c’est effectivement ce que Césaire a voulu. La Gauche françoise ? Aucun intérêt de commenter…

MalcUM a écrit:
N'oubliez pas les KARAM envoyé pour salir Césaire de son vivant et KELMAN qui franchit la limite de la servilité pour dire "en hommage à Césaire" que la Négritude conduira au communautarisme.

Karam ? Kelman ? Connait pas, pas vu, pas intéressant. Glissons.
MalcUM a écrit:
Ces esclaves (les plus vils car les autres voulaient s'affranchir tandis qu'eux revendiquent leur chaines pour un peu de pain) pullulent et constituent un frein à la prise de conscience, frein d'ailleurs avec de moins en moins d'effets vus la réaction hostile qu'ils génèrent chez les concerné-e-s.

Un frein pour qui consent à se laisser freiner… Nous avons mieux à faire, non ? Confused

MalcUM a écrit:
Je n'ai pas pu le rencontrer et l'entendre personnellement, mais un jour j'irais aux Antilles m'incliner sur sa tombe. Il faut que nos enfants le fasse et consacrent ainsi NOS HEROS! Mais il faut surtout leur donner la pédagogie afin que soit extrait l'essence du Discours, afin que la voix des malheurs qui n'avaient pas de bouche se démultiplie au point que tous en aient!

Vous savez maintenant qu’il y a, quelque part, une poussière d’île qui attend votre visite Wink

MalcUM a écrit:
Armés vous de la Science disait Cheikh Anta Diop et par la connaissance directe arrachez votre Liberté, d'abord en esprit et ensuite en actes. C'est bien ce que Césaire a démontré en nous faisant effectuer le travail de DESALIENATION mentale!
Une fois cela effectué, vous saurez distinguer le décalage entre les paroles et les actes des oppresseurs, de leurs valets et enfin vous saurez remettre le NEGRE de façon FONDAMENTALE dans sa propre CENTRALITE, extirpant de sa personnalité la pollution eurocentrique!

Beaucoup de combat sont encore à mener, mais surtout l'accession à la connaissance directe doit nous préoccuper!

Oui, connaissance directe, et, en ce qui concerne l’œuvre de Césaire, LA PAROLE EST DÛE, QU’ELLE SOIT LÂCHEE, DESORMAIS !!! Assez des discours de diversion sur le caractère soi-disant hermétique de sa poésie, ce sont les autres qui ont voulu verrouiller sa parole. PAROLE DÛE !!!
MalcUM a écrit:
Tout en espérant que Césaire ne nous sera pas arraché en le mettant au Panthéon

Où ça tu as dit ??? Yo sé di zot pa ka tann’ ??? Fanmiy’la di NON SE NON !!! Pourquoi encore cette crainte ridicule qu’il nous soit enlevé ? Nous sommes 400 000, vous croyez vraiment qu’on laissera quelqu’un nous l’enlever ? Après les jours que nous venons de vivre ? Alors que, de son vivant, des hommes se relayaient pour dormir à même le sol, sur la véranda de sa maison, pour le protéger, au cas où ? Alors qu’il repose dans le pays qui n’a pas laissé l’avion du raciste tortionnaire borgne se poser, il y a 20 ans déjà ? Le prochain qui me reparle de Panthéon, je prends l’avion pour lui foutre une calotte ! Hein ? Bon ! Evil or Very Mad
MalcUM a écrit:
par celles et ceux là qui le sachant devenu inaudible,

Césaire ? INAUDIBLE ??? Après la journée d'hier ? BREF, glissons ! Rolling Eyes Arrow

MalcUM a écrit:
essaieront de rendre sont propos "normatif" pour en faire une doctrine (il sera enfin "reconnu" en France, mais édulcoré de l'essentiel), je vous salue et vous recommande la communion, avec Césaire, mais avec tous ceux et celles d'entre nous qui acceptent la reconnexion à la Matrice, la cellule mère, KAMIT.

La dernière précision est inutile, la connexion coule de source chez Césaire. Par contre, c’est notre responsabilité A TOUS ET A CHACUN de nous approprier ses œuvres, SANS MEDIATION AUCUNE. C’est valable en particulier pour le propre peuple de Martinique, probablement un des plus ignorants de l’œuvre de Césaire, pour cause de censure plus ou moins officieuse (et absolumment officielle dans les écoles). Il appartient à chacun d’aller s’abreuver à la source Confused
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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Chabine
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 21:28    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
Chabine a écrit:
De deux : Césaire a été un grand Africain, il le savait parfaitement, seuls des esprits étroits comme celui de ce monsieur peuvent ramener la dimension d'un homme à des coordonnées géographiques (et d'ailleurs, le reste de l'Afrique n'a pas demandé la permission pour s'imprégner de Césaire, et bien davantage que nous, Antillais, d'ailleurs, ceux qui témoignent sont unanimes : ce sont des Africains qui les ont amenés à Césaire, souvent pendant leurs études en France).

Et moi qui avait cru un instant que tu allais aller au-delà de ces broutilles ( comme tu le conseillais si bien plus haut ), broutilles qui sont certes un bon paquet mais qui n'attenuent en rien l'hommage rendu à l'homme , qui soit dit en passant comme Fanon et Ama Mazama n'appartient pas/plus à la seule Martinique , comme CAD d'ailleurs n'a plus appartenu au Sénégal seul depuis sa transcendance !

Excuse-moi, mon ami, il me semble qu’il y a un léger malentendu. Relis-moi bien, stp, sinon tu vas finir Gaou Twisted Evil A quel endroit tu as lu que je revendiquais Césaire pour ceci ou cela ? A quel moment tu as pu lire autre chose que ce qui est écrit, à savoir :
« Césaire a été un grand Africain », ou encore « le reste de l'Afrique n'a pas demandé la permission pour s'imprégner de Césaire, et bien davantage que nous, Antillais »
Pourquoi chercher palabre inutile ? Pourquoi cette leçon déplacée de ta part ? Pour tout te dire, les proclamations selon lesquelles Césaire appartiennent à ceci ou cela me paraissent bien vaines. En premier lieu irrespectueuses vis-à-vis de la famille. Ensuite, pour avoir palpé ce que représentait Césaire pour le petit peuple martiniquais, franchement, allez leur dire à eux à qui appartient Césaire. Moi-même je ne m’y sens pas autorisée. Très sincèrement. Césaire habite ma conscience, mais il n’a certainement pas habité ma vie quotidienne comme ce fut le cas de ces milliers de martiniquais humbles. Le reste, c’est du vent, de la théorie, excuse-moi, de la foutaise. Les écrits de Césaire, comme toute parole lorsqu’elle est imprimée ou même simplement dite, appartiennent à tous. Le reste…
Relis-moi bien et relis les propos de ce professeur, et viens me dire lequel fait dans la broutille.
Ce monsieur pense que c’est une anomalie de la nature que Césaire soit né dans une île aussi petite, au lieu de « féconder » le continent. Je dis et re-dis qu’il est à côté de la plaque, et ce à double titre.

1/ Comment ça, Césaire « aurait pu » féconder le continent ? Cela n’a pas été le cas, peut-être ? Alors pourquoi ce sont des Africains qui nous enseignent, mieux que personne, à dire Césaire ? Césaire n’a pas écrit pour l’Afrique ? Pour son frère sénégalais ? Pour le Kongo ? La poésie de Césaire est-elle autre chose qu’africaine ?

2/ Être étonné de ce que Césaire soit né sur une poussière d’île, c’est être passé à côté d’une dimension essentielle de ce qu’il a été. J’y ai beaucoup réfléchi, ce weekend.
Césaire dit, dans le documentaire « Une voix pour l’Histoire » (d'Euzhan Palcy et Annick Thébia-Melsan) :
« Nous sommes des Africains, oui, peut-être, mais des Africains extirpés, déportés, arrachés, à la recherche d’eux-mêmes, alors que l’Africain du continent n’a jamais douté de son être ».
Partant de là, de la prise de conscience première, comment s’étonner de ce que le volcan soit né de la blessure, de l’humiliation, des siècles de fouet et de crachats de l’esclavage ? C’est tout à fait dans la logique de l’Histoire. Nous, le grand peuple Africain, sommes un peuple uni dans la diversité. Chacun de nos peuples a sa propre histoire. Il y a eu les grandes civilisations africaines. Vous avez suivi un chemin et chacun a un combat différent à suivre aujourd’hui, même s’il y a des points communs. Il y a eu la plaie ouverte de l’esclavage. Partant de là, des chemins différents ont été tracés. Il y a eu l’épopée glorieuse et victorieuse d’Haïti, puis la tragédie qui traîne jusqu’à nos jours. Il y a eu l’épopée glorieuse mais vaincue, de la Guadeloupe qui, elle, a de vrais héros de chair et de sang, malgré tout. La Martinique n’a pas eu de révolte majeure. Du moins… pas de révolte des hommes…. N’oubliez pas que nous avons un volcan, et que le feu qu’il a craché au siècle dernier a anéanti la capitale des colons, le petit Paris des Antilles. 28 000 morts en quelques minutes, une des plus grandes tragédies de l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas rien. C’est une « blessure sacrée », comme le dit la 1ère phrase du poème qui figurera sur la tombe de Césaire. Il y aurait, du reste, beaucoup à dire de la dimension spirituelle de cette terre, et si les lieux de promenade favoris du poète étaient la Montagne Pelée et le Diamant, croyez-moi, ce n’est certainement pas par hasard… Mais bon, c’est un autre sujet.
Chaque peuple est à la fois universel et unique dans son histoire. Chaque peuple recèle sa part de vérité en lui-même et pour lui-même, même s’il en émane une part d’universalité. En Martinique, les hommes ont peiné, et peinent encore à se révolter par le sang et par les armes. Il y avait, il y a donc encore une rébellion latente, qui a fini par exploser à travers le verbe, de Césaire, puis de Fanon. Que cela se soit passé en Martinique n’est pas si étonnant, au regard de l’histoire. Ca n’a pas force d’exemplarité, oh non, loin de là. Je partage depuis longtemps l’impatience qu’exprime Césaire dans son poème : « Hors des jours étrangers ».
"mon peuple

quand
hors des jours étrangers
germeras-tu une tête tienne sur tes épaules renouées
et ta parole

le congé dépêché aux traîtres
aux maîtres

le pain restitué la terre lavée
la terre donnée

quand
quand donc cesseras-tu d'être le jouet sombre
au carnaval des autres
ou dans les champs d'autrui
l'épouvantail désuet


demain
à quand demain mon peuple
la déroute mercenaire
finie la fête
(...)"

Ferrements, 1960

Tu sais, Gnata, je n’aime pas le chauvinisme, qui est le travers poussant certains à considérer leur pays supérieur à d’autres, généralement préalable du racisme. Par contre, j’ai toujours aimé ceux qui ont l’amour de leur pays, et qui te le font partager, ce qui est différent du chauvinisme à courte vue. Je ne suis pas en train de te dire : Vive mon péyi, la Martinique c’est le centre du monde, c’est pluss mieux que partout ailleurs, etc Rolling Eyes Tu sais Gnata, notre petite Martinique, elle peut disparaitre demain matin, d’un instant à l’autre, tout à l’heure, même… Depuis le séisme du 29 novembre dernier, crois-moi, nous en sommes très très très conscients Confused A tout moment, un séisme plus fort, des tsunamis dévastateurs, tant à l’Est qu’à l’Ouest, un volcan extrêmement ombrageux menacent notre existence. Les ouragans, nous les surmontons, mais le reste, qui sait ? Qui sait ? Chaque jour peut fort bien être le dernier. C’est peut-être pour cela que nous avons un sens de l’urgence qui, dans notre cas, s’exprime par la parole… Nous avons un volcan dont la gueule ouverte fûme encore… Notre péyi est tout petit, mais immense dans notre cœur.
Alors oui, je suis désolée, mais s’étonner de la naissance de Césaire ici, c’est passer à côté de quelque chose d’essentiel. J’ajouterais que s’étonner qu’il se soit enraciné ici, c’est également passer à côté de l’homme engagé aux côtés de plus humbles. Et pour qui mieux lutter que pour les siens ? N’a-t-on pas assez reproché à Fanon, avec des arguments parfois légitimes, d’être parti se battre ailleurs ? N’est-ce pas, quelque part, plus facile d’aller lutter ailleurs, plutôt que de descendre au fond de la cale de son propre pays, et tenir, et se battre, au quotidien ?
Gnata a écrit:
Je ne sais pas ce que nous ( citoyens comme officiels ) comptons faire pour péréniser cet esprit , il ne s'agit plus d'inaugurer un ènième lycée du nom de ce vénérable oubien un momument et s'asseoir , mais comment faire pour diffuser sa pensée , ce qui est toujours plus facile à dire qu'à faire...

Il suffit d’aller à la source. Et aussi de préserver ce lien précieux que Césaire ET Senghor ont tissé il y a plus de 70 ans de part et d’autre de l’océan qui nous a séparés. Permettez-moi ici de rendre hommage à Senghor. Oui, Senghor. Celui que nous n’aimons pas. Qui ne nous intéresse pas. Dont les courbettes face à la France nous exaspèrent. Oui, Senghor, car sans Senghor, point de Césaire. Césaire l’a dit et proclamé toute sa vie : c’est Senghor qui l’a révélé à lui-même, et l’introduisant à l’Afrique. Ils n’ont jamais eu les mêmes options politiques, depuis le Quartier Latin, mais Césaire est toujours resté fidèle au frère. Et c’est grâce à cette amitié qu’aujourd’hui, notre peuple est en mesure d’accepter sa filiation Africaine. Je dis aujourd’hui, car c’est Césaire qui a permis ça, et je pense que la révolution finale (l’acceptation de ses racines africaines) est en marche dans l’esprit des Martiniquais seulement depuis hier. Les Martiniquais suivront Césaire, et ce retour aux sources, c’est à Senghor que nous le devons. Lui aussi, il a bien travaillé, finalement. Son rôle était de se trouver là. Alors Honneur et Respect pour l’ami sérère.
Le Sénégal a été grand hier, parmi nous.

Fille d'Afrique a écrit:
Césaire n'est pas mort, il est en nous, en nous, il agira.
Ainsi soit-il.

C’est exactement ça. PAROLE DÛE.
Anse a écrit:
émouvant ! Bravo au peuple Martiniquais qui a dit aurevoir à Césaire avec dignité.

un Bravo spécial à Daniel Maximin et les autres, quel hommage!!!

Maximin a plané tel un djinn malicieux sur toute la cérémonie, tel un soleil joyeux et bondissait Very Happy Il sait, lui, que les poètes ne meurent jamais. C’est lui qui avait dit quelques jours avant : « Césaire il ne faut pas le pleurer, il faut le chanter ! ». Merci pour la parole RENDUE.
Anse a écrit:
je regrette qu'il n'y ait pas eu ne serait-ce qu'un seul président africain à cette cérémonie, mais bon nos dictateurs on les connait !

Ben si tu connais vos dictateurs, alors pourquoi les vouloir présents ? Je ne comprends pas vos contradictions Rolling Eyes Déjà qu’on a du se taper Sarkozy, il vous a manqué qui d’autre ? Bongo ? Biya . Sassou ? Déby ? Rolling Eyes Moi j’attendais Mandela et Chavez. Point-barre.

Maximin a dit à son ami :
« Tu n’étais pas de la race des dictateurs, de ceux qui commandent le peuple malgré sa volonté »
Le message n’est-il pas assez clair ? Moi je trouve très bien que l’Afrique aie été représentée par des hommes de culture. Dans la tribune officielle, mais surtout dans le Verbe dit. Dans la PAROLE DÛE. Et je comprends qu’Haïti n’ai pas pu envoyer plus que des Ministres, dans la situation actuelle, sans premier ministre, avec un peuple qui crie famine, le président Haïtien a quand même des sujets plus sérieux à traiter (et quelques présidents africains aussi, non ? Le peuple a faim, quand même ! )

Anse a écrit:
J'ai cru comprendre qu'il y a eu des initiatives privées d'africains qui ont fait le voyage pour la Martinique pour honorer Césaire, c'est le plus important.

merci à RFO qui nous a permis de vivre en direct ce moment (ça se poursuit d'ailleurs, le cortège se dirige en ce moment vers le cimétière.)

Nous attendons de toutes façons, les visites des amis qui viendront plus tard Smile
Anse a écrit:
Je viens de voir le drapeau du Cameroun dans le cortège !!!! Wink

Et oui, c’est, avec le drapeau ROUGE-VERT-NOIR, et aussi avec le drapeau Haïtien qui flottait à la Joyau, le seul qui aie accompagné Césaire jusqu’à sa dernière demeure. Je ne savais pas les K-mer si présents en Martinique (c’est plutôt Sénégal/Bénin/Togo/ Côte d’Ivoire, ici), ils sont partout, vraiment !
Panafricain a écrit:
Très peu de personnes sont célébrées de leur vivant. A part Mandela, je n'en connais pas beaucoup d'aillleurs. C'est bien que la France ait rendu hommage à Césaire. Si ces personnalités ne s'étaient pas déplacées, elles auraient été traitées de tous les noms. C'est un bon début que la France lui ait rendu hommage.

Encore un pour regarder en direction de la France, alors que c’est au sein de nous-mêmes qu’il s’est passé quelque chose… BREF ! Rolling Eyes Glissons.
Anse a écrit:
innsa a écrit:
On nous refait la même qu’a la mort de l’Abbe Pierre : un grand homme était vivant, matraquant un discours que personne n’écoutait.
Aujourd’hui qu’il est mort, tout le monde est la pour dire qu’il était un grand homme !!!
Quelles sont les proposition Aimé Césaire qui ont été pris en compte et appliqués : aucune !
Quelles sont ces pensées qui vont etre pris en compte et appliqués : aucune
La caravane passe… tous les hypocrites sont de la fête aujourd'hui pour se faire voir, demain, le negre restera un negre aux yeux du blanc, on félicitera tf1 qui a eu le courage de mettre au 20h un negre, on nous parlera d’identité nationale etc etc

Un homme est mort, il etait vivant hier! c'est quand il etait vivant qu'il fallait le celebrer


Innsa, on s'en fout de ce que peuvent penser les autres, ou même de leur présence, l'important c'est l'hommage qui lui a été rendu par les siens. les autres, leur hypocrisie ou autres, ça vaut ce que ça vaut...............

Je ne te le fais pas dire Mad
Farao a écrit:
TV5 Monde aussi a retransmis la cérémonie en direct, pratiquement jusqu'à l'arrivée du cercueil au cimetière de La Joyau. Ça a été vraiment très intense, avec des moments forts: L'évocation du poète par Daniel Maximin et ses pairs (magnifique), et la foule à pied qui accompagne son poète jusqu'à sa dernière demeure...
Ça a été un grand moment de communion auquel nous autres, téléspectateurs aux quatre coins du monde, avons aussi participé.

Mon cœur est plein de joie de savoir que tu as pu suivre le tout, depuis chez toi, Farao Very Happy Alors, vous avez vu qui nous sommes ? Vous avez vu comment nous célébrons nos morts ? Vous avez vu que nous sommes vos fils, où faut vous refaire la démonstration ?
Quel plus beau nom pour le repos éternel d'un tel homme que La Joyau ? Very Happy

hormheb a écrit:
J'ai vu la ceremonie. Merci RFO on line.
Des que j'ai vu maximin en MC, j'ai compris que nous n'avons pas cede sur certains plans (l'entourage politique actuelle de Cesaire ne m'a jamais inspire confiance).

N'EST-CE-PAS ! Du reste, la citation de Marx sur l'intérêt général qui ne devait pas se noyer "dans l'eau glacée des intérêts particuliers", à mon avis, ne s'adressait nullement aux politiques français, mais bien à nos politiques (très divisés actuellement) Confused

hormheb a écrit:
Puis j'ai vu aussi les drapeaux spontanes. La aussi j'y ai vu le peuple en phase, en osmose avec son heros, le "Negre fondamental"!

Cool Cool Cool
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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Chabine
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 21:45    Sujet du message: Répondre en citant

lolo01 a écrit:
Pour les hommages on oublie le nègre qu'il fut et on en fait un symbole. Taubira, négligé aujourd'hui subira le même sort. A lire absolument

http://identitenegre.blogspot.com/2008/04/le-ngre-disparat-pour-laisser-place-au.html

A nous de savoir dépasser les mystifications et d'aller nous abreuver à la source. L'analyse est à souligner, mais je m'inquiète de constater que beaucoup de réactions vont quand même dans le sens d'une démission d'avance Confused "Ah ouais, ils vont essayer de le récupérer, ils vont nous le prendre et nous le mettre au frigo, pardon, au Panthéon, ils vont pas le mettre au programme des écoles", gna gna gna... EH QUOI ??? Personne ne sait plus lire ? Pourquoi attendre docilement qu'on nous serve la pâtée ? RIEN ne nous empêche d'aller à la source aujourd'hui. RIEN.

melbamoor a écrit:
Bonjour Chabine

nous étions place de l'Hotel de Ville ou, Michelle Maillet notre ancienne speakrine arborait une fleur de balisier à la main....

Tu as oublié de dire qu'il y eut également des HAITIENS venus avec leur Rara, sorte de conque de Lambis mais plus longue dans laquelle ils soufflaient afin de rendre HOmmage à notre AIME, aimé....

Je ne les ai pas vus, j'avoue que je n'avais plus vraiment les yeux en face des trous, après tant d'émotions (ma ka fè sa man pé, wi ! Smile ). Par contre, c'est en revoyant l'arrivée au cimetière cette nuit que j'ai vu flotter le drapeau haïtien, tout à fait à sa place aux funérailles de Césaire.

melbamoor a écrit:
et puis ici la pluie n'a pas arrété de tomber, tomber, tomber, heureusement qu'il y avait une bache plastique,

Ici aussi, le ciel a beaucoup pleuré. Seulement dans la nuit avancée la lune pleine a réussi à déchirer les nuages, pour nous baigner d'une douce lumière réconfortante. J'ai pensé au poète qui, comme nous l'a dit le djinn Maximin, avait peur de la nuit, lui préférant l'aube. Je me suis demandé s'il aimait, comme moi, les nuits de pleine lune. Confused
melbamoor a écrit:
nous n'avons pas eu droit à des chaise, meme en plastique sur la place de l'Hotel de Ville........

mon dos est en charpi depuis 2 jours station debout......

Quant à moi, man pa ka tchimbé ankô Embarassed
Je vois mal comment la Mairie de Paris aurait mis des chaises, l'esprit parisien consistant à servir son propre intérêt, à être "malin", elles auraient toutes disparu... Confused Le poète valait bien un petit mal de dos, comme l'a écrit Aimé, c'est le moment de se ceindre les reins (marré ren'w, kwa Smile )

sang froid a écrit:
- construire une école ou un dispensaire, c'était pour Césaire faire de la poésie Very Happy Very Happy Very Happy C'est très beau, surtout que ces infrastructures étaient destinées à des pauvres, très pauvres. Tous les maires d'Afrique devraient se mettre à la poésie Idea

Je ne connaissais pas cette citation. Par contre, ça me rappele l'itw d'une petite fille, 6/7 ans maximum, qui, au stade, disait joliment son affectation pour Césaire "car c'est grâce à lui que nous avons des écoles" Smile

sang froid a écrit:
- la marginalisation du continent Africain constitue de nos jours une des raisons qui pouvaient le mettre en colère. Combien sont-ils d'intellectuels en Afrique à être autant attachés à leur continent ?

Je pense en effet qu'une des leçons de Césaire, à travers son attachement viscéral à son île (que certains Guadeloupéens lui reprochent fort, du reste, car il ne serait jamais allé chez eux, je ne sais pas si c'est vrai), est que nous devons d'abord agir chez nous, aimer notre pays, nous aimer nous-mêmes en premier lieu. Amour du pays natal qui ne diminuait en rien son attachement viscéral aux îles soeurs de la Caraïbe, à la Guyane de Damas, et à l'Afrique Mère.

sang froid a écrit:
Nous n'avons pas besoin d'un autre Césaire, à chacun à son niveau d'essayer de venir en aide aux plus faibles.

Tout à fait d'accord, je me méfie des déifications, par contre je retiens les leçons des hommes. Césaire nous lègue son humanité, mais si nous ne la faisons pas fructifier, à quoi cela aura servi ?
sang froid a écrit:
Je vais relire l'oeuvre du Grand homme et dès que je le pourrai, aller dans son péyi pour lui rendre l'hommage qu'il mérite.

Je vais finir par ouvrir un hôtel, si ça continue... Laughing Laughing Laughing

Fille d'Afrique a écrit:
Oui, c'était grandiose. Un Hommage digne de L'HOMME.

Merci pour nous Smile

Fille d'Afrique a écrit:
Et toute la sarkosie, figée sur sa chaise, honteuse et hagarde, ne sachant trop ce qui lui arrive, lorsque les voix des artistes nègres, nos artistes donnent corps au Verbe de Césaire. Sarkozy et sa clique ont reçu là en direct la réponse au discours de Dakar.

8 mots pour commenter l'hommage d'un peuple. Tout un paragraphe pour regarder, encore et toujours, en direction des têtes de pain rassis. Vous savez quoi ? S'il y a 4 martiniquais qui ont entendu parler du discours de Dakar, ça fait beaucoup...
Et nos chants, vous en avez pensé quoi ?
Et nos danses de mauvais nègres, vous en avez pensé quoi ?
Et ces milliers de martiniquais en marche, pendant 2 heures ?
Et notre drapeau ? Et notre dignité retrouvée ? Vous en pensez quoi ?

Les français ceci, les français cela, yen ki sa, alow ! Mad
Quand l'heure de VOUS MÊMES aura sonné, faites-moi signe, hein... Rolling Eyes Excusez-moi, mais ça m'énerve à la fin.

C'est comme l'autre CRETIN FONDAMENTAL, là, le foulosophe en chef qui ne respecte rien et qui demande de mettre le poète au frigo depuis une semaine avant sa mort, sans aucune retenue Evil or Very Mad Qu'est-ce que vous voulez que ça nous fasse ? Combien de temps allez vous mettre avant de cesser de permettre à ces gens d'exister ? Confused

OGOTEMMELI a écrit:
Encore mille mercis pour tout le taf que tu fais dans ce topic (et beaucoup d'autres...). J'étais scotché devant FranceO hier, et ai bu goulûment la trop courte minute de silence imposée au chef Zorey en guise d'oraison. Trop courte au regard de 70 ans de black out "républicain" infligé à l'oeuvre du Nègre Fodamental...

Et encore le blanc par ci, et le blanc par là, et gna gna gna... Rolling Eyes Vous vouliez un discours de 3 heures du nabot, ou quoi ??? Mad Pour moi, cette minute de silence a été juste : PAR-FAI-TE ! Cool

OGOTEMMELI a écrit:
J'étais à Présence Africaine vendredi, et ai compris toute l'effervescence des libraires/lecteurs qui téléphonaient pour commander du Césaire : ai été très agréablement surpris d'entendre (à la télé) que Cahier... est l'oeuvre la plus vendue par cette maison, y compris devant NNC (?).

Ben tiens, si tu peux te renseigner la prochaine fois que tu y vas, pour savoir pour quand sont prévues les rééditions du recueuil de Poésies complètes, stp, merci d'avance Wink

OGOTEMMELI a écrit:
En tout cas, il y a une analogie avec ma trajectoire personnelle, telle que c'est une oeuvre de Césaire (Discours...) qui m'a aiguillonné vers celles de CAD : et suis assez "enjaillé" de t'entendre dire que souvent c'est un Africain de son entourage qui aiguillonne quelque Africain-Antillais vers Césaire. Comme quoi...

Tous les comédiens antillais disent que ce sont des Africains qui leur ont fait découvrir Césaire Confused

Sinon, pour revenir sur l'absence des présidents africains,, je trouve ça excellent. Ca dit parfaitement qui ils sont. Il parait que dans l'un des documentaires qui sont passés sur Césaire, on rappele une représentation de la Tragédie du Roi Christophe, où les dignitaires singent les aristocrates (décadents) français, le public africain s'est levé dans un tonerre d'applaudissements, et les "hauts dignitaires" du gouvernement qui étaient dans la salle se sont levés et l'ont quittée en silence. On parle des années 60/70 Twisted Evil

Dans le quotidien d'aujourd'hui, y'a une citation de Bongo, à côté d'une photo de lui, souriant : "avec Césaire, c'est la dernière lumière qui s'éteint". Ben oui, mon cochon, c'est ce que tu aurais voulu, hein ? Twisted Evil Raté ! La lumière a allumé des milliers de petites bougies avant de partir vers les étoiles, d'où elle nous éclairera encore plus Twisted Evil C'est ce genre de déclarations que vous auriez souhaité voir sur notre terre ? Rolling Eyes

C'est comme cet article :
http://www.lobservateur.sn/articles/showit.php?id=17508&cat=actualite

A l'opposé de l'avis de l'auteur, j'estime, au contraire, que l'absence des potentats africains, que vous n'avez pas élu, qui vendent leur pays et tuent leur propre peuple, cette absence honore Césaire au plus haut point Twisted Evil

Aucun POTENTAT du continent n’a fait le déplacement pour accompagner le poète martiniquais à sa dernière demeure. L’Afrique a HONORE Aimé Césaire.

Twisted Evil
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 22:46    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
TjenbeRed a écrit:
Je ne signerai donc pas votre pétition. Votre cheminement sur le pont jeté par Aimé CESAIRE entre les Antilles et l'Afrique arrive trop tard. Du moins est-il trop récent à mes yeux.

Trop violent pour notre Ribbe : red menm Exclamation
Il faudrait lui envoyer l'article Le Nègre disparaît pour laisser place au symbole pour qu'il voit à quel point cette proposition pour le panthéon est piégeuse...
TjenbeRed, c'est bien connu que les derniers convertis sont souvent d'un zèle brouillon et encombrant : y-a-t-il vraiment eu de "cheminement" en ce qi concerne notre cher amis???? Patience, patience...

Je ne suis pas très optimiste s'agissant de Claude RIBBE. Je crains une sorte de repositionnement tactique de sa part depuis quelques temps. Mais qui sait, peut-être a-t-il été transformé à la (re)lecture de CESAIRE...

Très intéressant l'article dont tu as donné le lien. Cela dit, il ne me déplairait pas de voir une plaque (une plaque, pas son cercueil) au nom de CESAIRE posée sur les murs du Panthéon, à côté de celles dédiées à TOUSSAINT LOUVERTURE et à DELGRES (si je ne m'abuse dans le cas de ce dernier). Libre à nous ensuite de faire vivre le message d'Aimé CESAIRE au-delà de la symbolisation de son seul nom.
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(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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hormheb
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 22:59    Sujet du message: C ds l'air video au sujet de cesaire Répondre en citant

http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_article=2761
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MessagePosté le: Lun 21 Avr 2008 23:14    Sujet du message: Re: C ds l'air video au sujet de cesaire Répondre en citant

hormheb a écrit:
http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_article=2761


Merci du lien. J'ai pris l'émission en cours et j'ai raté le début. Sincèrement vu le caveau des autres panthéonisé c'est assez lugubre. Que le corps de Césaire reste en martinique. L'approche du CRAN qui demande que son nom sois gravés dans le panthéon: why not? mais bon la meilleure façon de Panthéonisé Césaire; c'est par son oeuvre qui devront être ensaigné dans toutes les écoles. Une émission très instructive et de plus l'annedocte ou lesironies du destin: C'est Bayrou qui à l'époque avait bloqué l'enseignement de de l'oeuvre de Césaire au bac. Les électeurs s'en souviendront. Une émission à voir.
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 00:06    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ceux qui ont envie de regarder autre chose que la TV française (pour venir déblatérer sans fin ici après "wèèèèè, ils ont dit, ils ont pas dit ça"... Rolling Eyes ) :

- le passage le plus fort et le plus émouvant du parcours funèbre dans Fort-de-France, vendredi 18 avril : l'hommage des jeunes du lycée Schoelcher
http://martinique.artblog.fr/180517/Le-lycee-Schoelcher-a-rendu-hommage-a-son-professeur/

http://martinique.artblog.fr/180362/Arrivee-du-corps-d-Aime-David-Ferdinand-Cesaire-au-lycee-Schoelcher/

Une des images qui restera gravée le plus longtemps dans les mémoires, de l'avis général. Allez reprendre à ces enfants d'Aimé les livres de Césaire dont ils se sont vaillament saisis, et qu'ils brandirent à l'unisson, en hommage au poète Smile

En fait, on n'avait pas bien compris Shocked Tout le monde a repris en coeur le refrain chanté par les lycéens, pensant qu'il s'agissait de "Bélya pour Cézè" (sur le même air que : "Bélya Manmay'la"), en fait, les paroles sont bien plus profondes :

"PEYI A POU Cézè !"

Le pays pour Césaire ? Ou UN PAYS POUR CESAIRE ? Smile

Une petite photo pour le souvenir de l'amitié des poètes : Césaire, Aimé, et Maximin, le djinn Smile


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Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
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WILDCAT
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 00:07    Sujet du message: Répondre en citant

Quand Césaire cite Sekou Touré à travers le prisme de sa pièce "La Tragédie Roi Christophe". Il n'y a rien à dire cet homme était un fin politicien en prônant la départemantalisation de la Martinique et sentait avec le "NON" de Sékou Touré à De Gaulle que la tragédie était en marche et que tôt ou tard les masques tomberont. De plus; autre point positif à mon point de vue c'est la défection de Césaire du parti communiste . Je n'ai que du respect pour cet homme.

Citation:
Aimé Césaire : « Il est bien plus difficile d’être un homme libre que d’être un esclave »
Par Khalid Chraibi
vendredi 18 avril 2008



A l’occasion de la disparition d’Aimé Césaire, nous publions cette interview recueillie par notre ami Khalid Chraibi, en avril 1965 à Paris, à l’occasion de la création, au théâtre de l’Odéon de Paris, de la pièce d’Aimé Césaire « La Tragédie du Roi Christophe », dans une mise en scène de Jean Marie Serreau. Cette pièce avait précédemment été présentée à Berlin, Venise, Salzburg, Vienne et Bruxelles. La pensée du grand poète et dramaturge qu’était Aimé Césaire est toujours d’actualité sur de nombreuses questions qui nous intéressent aujourd’hui.

La Tragédie du Roi Christophe, malgré les scènes de détente quila parsèment, est une pièce extrêmement dure. Historiquement, elle retrace un épisode authentique de l’Histoire d’Haïti, mais souvent, on a l’impression que, par-delà Haïti, c’est à l’Afrique moderne que le Roi Christophe s’adresse. Que représente pour vous cette pièce ?

Tout d’abord, je désire insister sur le fait que la tragédie du Roi Christophe représente un épisode authentique de l’Histoire d’Haïti. En France, beaucoup de gens m’interrogent sur le Roi et croient que c’est une histoire imaginaire. Il n’en est rien. Nous avons une documentation extrêmement détaillée sur le règne du Roi Christophe, les ruines de la Citadelle qu’il a construite pourcommémorer à tout jamais la libération d’Haïti existent encore.

La pièce respecte scrupuleusement l’histoire, les événements, au point que beaucoup de mots prononcés par Christophe sont historiques, parfois rapportés tels quels. C’est donc une pièce haïtienne, Antillaise avant tout. J’ai même essayé de donner à la langue française cette couleur antillaise, à la fois dans le vocabulaire et la syntaxe. Cette atmosphère authentique, on la retrouve aussi dans une certaine emphase, très caractéristique de la vie politique haïtienne.

Cela, pour mettre en garde contre les analogies trop rapides. Mais, il est clair que par-delà Haïti, le Roi Christophe de ma pièce s’adresse à l’Afrique(indirectement, si vous voulez). J’ai été frappé moi-même, et si j’ai choisi ce sujet, c’est pour cela, par l’intérêt que l’épisode du Roi Christophe présente, et les analogies qui existent entre les problèmes qu’il eut à résoudre et ceux auxquels doivent faire face les pays sous-développés.

Aucune analogie n’est totale, mais en fait le Roi Christophe, c’est un peu l’homme d’Etat aux prises avec les problèmes de l’indépendance réalisée, quand il faut édifier l’Etat : c’est à ce moment-là que se présentent les grands problèmes : liberté, démocratie ou autocratie, les relations entre le « leader » et le « peuple », le grave problème du choix des idéologies, le problème de la différentiation en classes sociales de la population. Le Roi Christophe est aux prises avec tout cela, et dramatiquement, il échoue, car il n’est pas préparé à cela... Il est un esclave révolté, un homme de sang et d’orgueil, mais malgré ses bonnes intentions, il échoue.

Je ne cache pas, dans ma pièce, ses faiblesses ni ses ridicules, mais ne le condamne pas, car par-delà son ridicule, il y a l’amour qu’il porte à son « peuple » (je n’aime pas ce terme, mais il n’y en a pas d’autre !), et l’orgueil collectif qu’il veut rendre à ses concitoyens humiliés par la colonisation. Son aventure est tragique : il s’isole, un fossé se creuse entre lui et la population, et il se retrouve seul. Or, c’est là le problème de la condition de l’homme politique dans les pays sous-développés, et en Afrique particulièrement. Je n’ai pas voulu faire une pièce didactique, dont l’objet essentiel serait « d’enseigner », ... ce qui ne signifie pas non plus qu’on ne puisse pas en tirer la leçon.

On me demande souvent : « Etes-vous Christophien ou non ? » . La réponse n’est pas simple. Je suis choqué par toute une série d’attitudes du Roi Christophe, qui a un côté « nouveau riche », un côté « Monsieur Jourdain ». Et puis, par les moyens extrêmement brutaux, le côté « despote » du personnage qui ne peut avoir mon approbation. Mais le Roi Christophe n’est pas un héros, c’est un homme, dans toute sa complexité, et c’est cela qui est dramatique, pathétique. L’originalité de ma pièce, c’est de montrer l’aspect multiple des gens. On peut ne vouloir voir dans le Roi Christophe que son ridicule, ces ducs de la Marmelade qu’il nomme à sa « Cour », et dire : « Eh bien, voyez les nègres ! ». Ce que j’ai voulu faire, c’est expliquer ces singeries humainement, et on s’aperçoit alors qu’il y a une démarche qui ne manque pas de pathétique ni de grandeur. En fin de compte, c’est ce côté pathétique, « grand », qui émerge le plus.

Le Roi Christophe est un esclave, et ses démarches sont maladroites, ridicules parfois, mais attendrissantes. Ces démarches, je les comprends. Et il y a surtout la tragédie de l’homme qui dit : « On nous vola nos noms ». Car, moi-même, mon nom, qu’a-t-il d’authentique par rapport à moi ?

Ce que j’ai voulu, c’est, par-delà le ridicule, retrouver et expliquer la démarche humaine. Car, il est très facile de se moquer des Haïtiens qui ont de « drôles de noms », tous ces Toussaint, etc., mais il ne faut pas oublier que ces noms, ces sobriquets (Trou Bonbon, Tape-à-l’œil...) ce sont les Français qui les ont donnés aux Antillais.

Vous parlez du Roi Christophe avec respect pour sa souffrance, mais avec amour aussi, bien qu’il soit le « tyran ». A ce sujet, un des personnages de votre pièce dit, et cela explique le drame du Roi Christophe : « L’Histoire pour passer n’a parfois qu’une voie. Et tous l’empruntent... si bien que celles de la liberté et de l’esclavage se confondraient. » Cette affirmation est très grave, à notre époque caractérisée par le « mythe du Chef ». Voudriez-vous, pour éviter tout malentendu, nous expliquer plus en détail votre pensée ?

Le problème de la mystique du Chef est en effet extrêmement grave. Lénine, c’est aussi le chef, si vous voulez. Mais il ne faut pas de malentendu : Christophe échoue ; et c’est parce qu’il a pris la mystique du chef, qu’il s’est isolé, qu’il n’a pas suffisamment tenu compte de son peuple, qu’il échoue. Parce qu’il ne manifeste pas de « compréhension », comme dit un des personnages. Pourquoi alors la pièce est-elle un hymne à Christophe ? C’est parce que, malgré toutes ses erreurs, ses faiblesses, c’est un homme qui a voulu la grandeur de son peuple, qui a voulu réhabiliter sa race, parce qu’il était porté, dans ses actes, par une grandiose aspiration à la dignité.

C’est un homme très ambigu, mais très important en ce qu’il constitue une articulation historique : c’est un homme de transition. Je n’ai pas voulu simplifier, j’ai voulu montrer les choses dans leur ambiguïté. Lénine lui aussi, qui comprenait cet aspect ambigu des hommes, a parlé en termes élogieux de certains hommes de l’Histoire qui étaient de grands féodaux, mais qui étaient aussi des libérateurs de leur peuple.

En dehors du côté politique du Roi Christophe, il y a le côté humain : c’est le problème de l’homme seul, de l’action, du tragique de la condition humaine. Mais il y a aussi le côté religieux et métaphysique, qui ne ressort pas à la lecture de la pièce, mais que j’ai accusé à la représentation sur scène : il y a l’existence d’une lutte secrète. Remarquez le couple Christophe-Hugonin. Tout le monde y voit un côté shakespearien : roi et bouffon. Mais plus profondément, il faudrait partir d’un côté africain. Christophe, l’homme dur, est la représentation du Dieu « SHANGO », le grand « Dieu du ciel » de la mythologie du Dahomey, du Brésil et de Haïti. C’est le « tonnerre », Dieu très violent, mais bienfaisant et rajeunisseur : il est l’orage, qui est violent, mais qui féconde la terre en apportant la pluie bienfaisante. Extraordinairement, Shango est le seul Dieu de la mythologie qui se tue : il se pend.

L’autre aspect des choses est représenté dans cette mythologie par un Dieu-clown, que les Anglais appellent « trickster » (qui joue des tours), incarné dans la pièce par le « bouffon » Hugonin. C’est un Dieu malin qui, sous son caractère ironique, représente l’autre aspect, complémentaire, des choses. C’est la lutte de l’esprit ironique contre l’esprit sérieux. Or, Christophe s’est suicidé, et Hugonin devient fou. Le « bouffon » qui devient fou, c’est cela la tragédie, aussi, dans son horreur.

Vous avez écrit, en introduction à votre pièce :« Les pays coloniaux conquièrent leur indépendance, là est l’épopée.L’indépendance conquise, ici commence la tragédie. » Voudriez-vous nous commenter cette pensée ?

Effectivement, la lutte pour l’indépendance est glorieuse, magnifique. Mais, je dirais que c’est « relativement facile ». Qu’on ne se méprenne pas sur ma pensée. La lutte pour l’indépendance coûte beaucoup de sang et de larmes, c’est un acte héroïque, mais c’est « facile » comparé aux problèmes qu’il faut résoudre, une fois l’indépendance conquise. La lutte est épique, mais avec du courage et de l’enthousiasme, c’est réalisable. C’est l’épopée. Après l’indépendance, c’est la tragédie. Car, c’est à ce moment-là, et les gens devraient s’en rendre compte, que la lutte difficile commence, que la lutte pour la libération prend son sens. A ce moment-là, on lutte pour soi-même, il n’y a plus d’alibi possible, l’homme est aux prises avec lui-même.

C’est là le côté le plus viril de la lutte, mais aussi le plus dur.Car l’esclave, à la limite, n’a pas de responsabilités :théoriquement, il se contente de faire le travail qu’on lui ordonne de faire, de manger et de dormir.

Citation:
Naturellement, il est bien plus difficile d’être un homme libre que d’être un esclave. Mais toute la dignité de l’homme vient de ce qu’il préfère la liberté difficile à l’esclavage et la soumission faciles. C’est de cela que les pays nouvellement indépendants doivent prendre conscience, c’est de cela que le Roi Christophe a pris conscience... Sekou Touré a très bien exprimé cela en répondant au Général de Gaulle : « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’esclavage. »

Votre œuvre, l’une des plus profondément originales du Tiers Monde et des temps modernes d’une manière générale, trouve son inspiration la plus puissante dans les racines les plus « authentiques » de Haïti et de sa culture, mais c’est en même temps une œuvre extrêmement difficile et élaborée du point de vue artistique. C’est l’un des points les plus délicats de l’art contemporain du Tiers Monde : l’art doit-il d’abord chercher à être accessible au grand public, ou bien l’artiste doit-il faire son travail « en artiste », sans faire de concessions aux contingences de son époque ?

Votre question est extrêmement intéressante, et soulève un problème très important. Je vais essayer d’y répondre. Tout d’abord, bien que mon œuvre soit « haïtienne », je suis Martiniquais, non Haïtien. Mais je suis « Antillais » surtout (les Antilles englobant Haïti, la Martinique, etc. Haïti m’a intéressé parce qu’elle a l’histoire la plus mouvementée, la plus passionnante, la plus glorieuse, la plus malheureuse aussi. Savez-vous que Haïti est la première colonie noire à s’être battue pour son indépendance puis, une fois son indépendance conquise, à prendre le régime de république ? Cela se passait à la fin du 18è s. Et pourtant, actuellement, le peuple haïtien est l’un des peuples les plus malheureux, à cause de la situation que vous connaissez. J’ai été fasciné par Haïti, parce que c’est une sorte « d’œil grossissant » pour toutes les Antilles, et pour l’Afrique aussi, et en étudiant l’histoire d’ Haïti, on pourrait avoir une idée de tous les problèmes du Tiers-Monde.

En ce qui concerne votre question sur l’œuvre « difficile », c’est un problème esthétique extrêmement important. Difficile ? Vous dirais-je qu’à mon avis, cela n’est pas entièrement, totalement vrai ? En ce qui concerne mon œuvre, en particulier mon recueil de poèmes « Cahier d’un retour au pays natal », je dois vous dire que ce qui m’a toujours frappé, c’est que malgré leur caractère de prime abord « ésotérique », mes lecteurs les plus compréhensifs sont des gens du peuple. Il y a des milliers d’Africains qui connaissent par cœur de grands extraits du « Cahier d’un retour... », et pourtant c’est une œuvre difficile. Les hommes de culture française, occidentale, sont ceux qui parlent le plus de la difficulté de mon œuvre. Cette œuvre rejoint, par ses démarches, les démarches de la pensée dite « primitive ».

Des gens disent : « c’est du surréalisme ». Mais alors, beaucoup de paysans africains font du surréalisme sans le savoir, car la pensée africaine n’est pas analytique, sa démarche est synthétique, analogique et métaphorique. C’est cela le « surréalisme ». Le surréalisme est opposé à la tendance analytique occidentale, mais est conforme à la pensée africaine. Vous avez l’exemple de cet Africain, Amos Tutola, homme du peuple qui était concierge dans un hôtel, et qui s’est mis à écrire des œuvres d’une poésie et d’une fraîcheur extraordinaires, toutes en métaphores. S’il était sorti de l’université, on aurait dit : « c’est un surréaliste ». Le développement de la culture occidentale s’est fait au détriment du sens de l’image, et on est très surpris de voir combien mon œuvre,dite difficile par les intellectuels, est relative.

Mais il y a un problème malgré tout, et c’est pour cela que, depuis quelque temps, je me suis dirigé vers l’art théâtral. Pour moi, le théâtre est le moyen de sortir de la contradiction que vous signalez, et de mettre la poésie à la portée des masses, de « donner à voir » comme dirait Eluard. Le théâtre, c’est la mise à la portée du peuple de la poésie.

Le théâtre est très important dans nos pays sous-développés, il y a dans ces pays une faim de théâtre. Car ce sont des pays quis’interrogent. Autrefois, ils étaient soumis à une domination étrangère, ils subissaient leur sort. Maintenant, ce sont eux qui forgent leur destinée, et mettent en question, et le théâtre est la mise en question de la vie par elle-même. Avec l’indépendance, le Tiers-Monde est arrivé à l’âge où l’on s’interroge sur soi-même, et c’est là l’âge du théâtre.

Arthur Miller a écrit : « L’art se doit de témoigner sous peine de tomber dans l’artifice et la complaisance. Quand je parle de l’art en tant que témoin, c’est simplement pour lui rendre sa fonction première, qui est d’ouvrir les yeux à la vie et non pas de procurer un faux réconfort. » Cela, c’est le thème de « l’art engagé », un des thèmes les plus discutés du Tiers-Monde. Quels commentaires feriez-vous à propos de cette citation ?

Je suis tout à fait d’accord avec cette phrase de Miller et, à ma manière, je considère que je témoigne. Le Roi Christophe est un témoignage. « Ouvrir les yeux à la vie », comme dit Miller, c’est ce que je disais tout à l’heure : « la vie qui prend conscience d’elle-même et fait prendre conscience (par le théâtre). » Je suis rigoureusement « engagé » et ne conçois pas qu’un artiste du Tiers-Monde ne soit pas engagé. Cela ne signifie pas que l’engagement permet d’éviter les problèmes esthétiques qui se posent à l’artiste, mais l’engagement est nécessaire. Je ne conçois même pas que nous ne puissions pas l’être. Je ne conçois pas que l’artiste puisse rester un spectateur indifférent, refusant de prendre une option.

Mais, attention à la notion d’engagement : engagement ne signifie pas pour l’artiste être engagé dans un parti politique, avoir sa carte de membre, et son numéro. Etre engagé, cela signifie, pour l’artiste, être inséré dans son contexte social, être la chair du peuple, vivre les problèmes de son pays avec intensité, et en rendre témoignage. Pour citer un maghrébin, Kateb Yacine par exemple est un hommeabsolument représentatif. Son œuvre reflète les souffrances du peuple algérien qui lutte pour la libération, elle porte témoignage. C’est cela l’engagement. Toute œuvre d’art, d’ailleurs, à condition d’être profonde, porte témoignage, et elle ne le peut que si elle estvraiment vécue, sous-tendue par tout le drame intérieur de l’écrivain,qui résulte de l’engagement. Kateb Yacine, c’est l’Algérie.

Ce qu’il faut distinguer, c’est les niveaux de l’engagement. L’engagement politique est un niveau. Mais ce n’est pas le seul niveau. Le deuxième niveau est celui de l’engagement de l’écrivain, et cet engagement est plus fort encore. Il faut fixer l’engagement de l’écrivain à son propre niveau. Si cela n’était pas vrai, alors Dostoïevski ne serait pas un artiste engagé, à cause de ses attitudes politiques. Et pourtant, Dostoïevski est un artiste engagé, qui porte témoignage, parce que nul n’a exprimé de manière aussi profonde la réalité du peuple russe.

Je lutte là contre une conception trop primaire et schématique del’engagement, et contre la littérature des « mots d’ordre », la littérature « dirigée » qu’on a pu voir naître dans certains pays.L’artiste doit être suffisamment engagé dans sa situation pour vivre dramatiquement à lui tout seul les problèmes de son peuple. Dans cette optique, Kateb Yacine porte tout le drame du peuple algérien, tout comme Kafka portait le drame du peuple juif. C’est cela l’art engagé.

Propos recueillis par Khalid Chraibi

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WILDCAT
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 00:16    Sujet du message: Répondre en citant

WILDCAT a écrit:
Quand Césaire cite Sekou Touré à travers le prisme de sa pièce "La Tragédie Roi Christophe". Il n'y a rien à dire cet homme était un fin politicien en prônant la départemantalisation de la Martinique et en voyant plus tard le "NON" de Sékou Touré à De Gaulle que la tragédie était en marche et que tôt ou tard les masques tomberont. De plus; autre point positif à mon point de vue c'est la défection de Césaire du parti communiste . Je n'ai que du respect pour cet homme intègre et visionnaire.

Citation:
Aimé Césaire : « Il est bien plus difficile d’être un homme libre que d’être un esclave »
Par Khalid Chraibi
vendredi 18 avril 2008



A l’occasion de la disparition d’Aimé Césaire, nous publions cette interview recueillie par notre ami Khalid Chraibi, en avril 1965 à Paris, à l’occasion de la création, au théâtre de l’Odéon de Paris, de la pièce d’Aimé Césaire « La Tragédie du Roi Christophe », dans une mise en scène de Jean Marie Serreau. Cette pièce avait précédemment été présentée à Berlin, Venise, Salzburg, Vienne et Bruxelles. La pensée du grand poète et dramaturge qu’était Aimé Césaire est toujours d’actualité sur de nombreuses questions qui nous intéressent aujourd’hui.

La Tragédie du Roi Christophe, malgré les scènes de détente quila parsèment, est une pièce extrêmement dure. Historiquement, elle retrace un épisode authentique de l’Histoire d’Haïti, mais souvent, on a l’impression que, par-delà Haïti, c’est à l’Afrique moderne que le Roi Christophe s’adresse. Que représente pour vous cette pièce ?

Tout d’abord, je désire insister sur le fait que la tragédie du Roi Christophe représente un épisode authentique de l’Histoire d’Haïti. En France, beaucoup de gens m’interrogent sur le Roi et croient que c’est une histoire imaginaire. Il n’en est rien. Nous avons une documentation extrêmement détaillée sur le règne du Roi Christophe, les ruines de la Citadelle qu’il a construite pourcommémorer à tout jamais la libération d’Haïti existent encore.

La pièce respecte scrupuleusement l’histoire, les événements, au point que beaucoup de mots prononcés par Christophe sont historiques, parfois rapportés tels quels. C’est donc une pièce haïtienne, Antillaise avant tout. J’ai même essayé de donner à la langue française cette couleur antillaise, à la fois dans le vocabulaire et la syntaxe. Cette atmosphère authentique, on la retrouve aussi dans une certaine emphase, très caractéristique de la vie politique haïtienne.

Cela, pour mettre en garde contre les analogies trop rapides. Mais, il est clair que par-delà Haïti, le Roi Christophe de ma pièce s’adresse à l’Afrique(indirectement, si vous voulez). J’ai été frappé moi-même, et si j’ai choisi ce sujet, c’est pour cela, par l’intérêt que l’épisode du Roi Christophe présente, et les analogies qui existent entre les problèmes qu’il eut à résoudre et ceux auxquels doivent faire face les pays sous-développés.

Aucune analogie n’est totale, mais en fait le Roi Christophe, c’est un peu l’homme d’Etat aux prises avec les problèmes de l’indépendance réalisée, quand il faut édifier l’Etat : c’est à ce moment-là que se présentent les grands problèmes : liberté, démocratie ou autocratie, les relations entre le « leader » et le « peuple », le grave problème du choix des idéologies, le problème de la différentiation en classes sociales de la population. Le Roi Christophe est aux prises avec tout cela, et dramatiquement, il échoue, car il n’est pas préparé à cela... Il est un esclave révolté, un homme de sang et d’orgueil, mais malgré ses bonnes intentions, il échoue.

Je ne cache pas, dans ma pièce, ses faiblesses ni ses ridicules, mais ne le condamne pas, car par-delà son ridicule, il y a l’amour qu’il porte à son « peuple » (je n’aime pas ce terme, mais il n’y en a pas d’autre !), et l’orgueil collectif qu’il veut rendre à ses concitoyens humiliés par la colonisation. Son aventure est tragique : il s’isole, un fossé se creuse entre lui et la population, et il se retrouve seul. Or, c’est là le problème de la condition de l’homme politique dans les pays sous-développés, et en Afrique particulièrement. Je n’ai pas voulu faire une pièce didactique, dont l’objet essentiel serait « d’enseigner », ... ce qui ne signifie pas non plus qu’on ne puisse pas en tirer la leçon.

On me demande souvent : « Etes-vous Christophien ou non ? » . La réponse n’est pas simple. Je suis choqué par toute une série d’attitudes du Roi Christophe, qui a un côté « nouveau riche », un côté « Monsieur Jourdain ». Et puis, par les moyens extrêmement brutaux, le côté « despote » du personnage qui ne peut avoir mon approbation. Mais le Roi Christophe n’est pas un héros, c’est un homme, dans toute sa complexité, et c’est cela qui est dramatique, pathétique. L’originalité de ma pièce, c’est de montrer l’aspect multiple des gens. On peut ne vouloir voir dans le Roi Christophe que son ridicule, ces ducs de la Marmelade qu’il nomme à sa « Cour », et dire : « Eh bien, voyez les nègres ! ». Ce que j’ai voulu faire, c’est expliquer ces singeries humainement, et on s’aperçoit alors qu’il y a une démarche qui ne manque pas de pathétique ni de grandeur. En fin de compte, c’est ce côté pathétique, « grand », qui émerge le plus.

Le Roi Christophe est un esclave, et ses démarches sont maladroites, ridicules parfois, mais attendrissantes. Ces démarches, je les comprends. Et il y a surtout la tragédie de l’homme qui dit : « On nous vola nos noms ». Car, moi-même, mon nom, qu’a-t-il d’authentique par rapport à moi ?

Ce que j’ai voulu, c’est, par-delà le ridicule, retrouver et expliquer la démarche humaine. Car, il est très facile de se moquer des Haïtiens qui ont de « drôles de noms », tous ces Toussaint, etc., mais il ne faut pas oublier que ces noms, ces sobriquets (Trou Bonbon, Tape-à-l’œil...) ce sont les Français qui les ont donnés aux Antillais.

Vous parlez du Roi Christophe avec respect pour sa souffrance, mais avec amour aussi, bien qu’il soit le « tyran ». A ce sujet, un des personnages de votre pièce dit, et cela explique le drame du Roi Christophe : « L’Histoire pour passer n’a parfois qu’une voie. Et tous l’empruntent... si bien que celles de la liberté et de l’esclavage se confondraient. » Cette affirmation est très grave, à notre époque caractérisée par le « mythe du Chef ». Voudriez-vous, pour éviter tout malentendu, nous expliquer plus en détail votre pensée ?

Le problème de la mystique du Chef est en effet extrêmement grave. Lénine, c’est aussi le chef, si vous voulez. Mais il ne faut pas de malentendu : Christophe échoue ; et c’est parce qu’il a pris la mystique du chef, qu’il s’est isolé, qu’il n’a pas suffisamment tenu compte de son peuple, qu’il échoue. Parce qu’il ne manifeste pas de « compréhension », comme dit un des personnages. Pourquoi alors la pièce est-elle un hymne à Christophe ? C’est parce que, malgré toutes ses erreurs, ses faiblesses, c’est un homme qui a voulu la grandeur de son peuple, qui a voulu réhabiliter sa race, parce qu’il était porté, dans ses actes, par une grandiose aspiration à la dignité.

C’est un homme très ambigu, mais très important en ce qu’il constitue une articulation historique : c’est un homme de transition. Je n’ai pas voulu simplifier, j’ai voulu montrer les choses dans leur ambiguïté. Lénine lui aussi, qui comprenait cet aspect ambigu des hommes, a parlé en termes élogieux de certains hommes de l’Histoire qui étaient de grands féodaux, mais qui étaient aussi des libérateurs de leur peuple.

En dehors du côté politique du Roi Christophe, il y a le côté humain : c’est le problème de l’homme seul, de l’action, du tragique de la condition humaine. Mais il y a aussi le côté religieux et métaphysique, qui ne ressort pas à la lecture de la pièce, mais que j’ai accusé à la représentation sur scène : il y a l’existence d’une lutte secrète. Remarquez le couple Christophe-Hugonin. Tout le monde y voit un côté shakespearien : roi et bouffon. Mais plus profondément, il faudrait partir d’un côté africain. Christophe, l’homme dur, est la représentation du Dieu « SHANGO », le grand « Dieu du ciel » de la mythologie du Dahomey, du Brésil et de Haïti. C’est le « tonnerre », Dieu très violent, mais bienfaisant et rajeunisseur : il est l’orage, qui est violent, mais qui féconde la terre en apportant la pluie bienfaisante. Extraordinairement, Shango est le seul Dieu de la mythologie qui se tue : il se pend.

L’autre aspect des choses est représenté dans cette mythologie par un Dieu-clown, que les Anglais appellent « trickster » (qui joue des tours), incarné dans la pièce par le « bouffon » Hugonin. C’est un Dieu malin qui, sous son caractère ironique, représente l’autre aspect, complémentaire, des choses. C’est la lutte de l’esprit ironique contre l’esprit sérieux. Or, Christophe s’est suicidé, et Hugonin devient fou. Le « bouffon » qui devient fou, c’est cela la tragédie, aussi, dans son horreur.

Vous avez écrit, en introduction à votre pièce :« Les pays coloniaux conquièrent leur indépendance, là est l’épopée.L’indépendance conquise, ici commence la tragédie. » Voudriez-vous nous commenter cette pensée ?

Effectivement, la lutte pour l’indépendance est glorieuse, magnifique. Mais, je dirais que c’est « relativement facile ». Qu’on ne se méprenne pas sur ma pensée. La lutte pour l’indépendance coûte beaucoup de sang et de larmes, c’est un acte héroïque, mais c’est « facile » comparé aux problèmes qu’il faut résoudre, une fois l’indépendance conquise. La lutte est épique, mais avec du courage et de l’enthousiasme, c’est réalisable. C’est l’épopée. Après l’indépendance, c’est la tragédie. Car, c’est à ce moment-là, et les gens devraient s’en rendre compte, que la lutte difficile commence, que la lutte pour la libération prend son sens. A ce moment-là, on lutte pour soi-même, il n’y a plus d’alibi possible, l’homme est aux prises avec lui-même.

C’est là le côté le plus viril de la lutte, mais aussi le plus dur.Car l’esclave, à la limite, n’a pas de responsabilités :théoriquement, il se contente de faire le travail qu’on lui ordonne de faire, de manger et de dormir.

Citation:
Naturellement, il est bien plus difficile d’être un homme libre que d’être un esclave. Mais toute la dignité de l’homme vient de ce qu’il préfère la liberté difficile à l’esclavage et la soumission faciles. C’est de cela que les pays nouvellement indépendants doivent prendre conscience, c’est de cela que le Roi Christophe a pris conscience... Sekou Touré a très bien exprimé cela en répondant au Général de Gaulle : « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’esclavage. »

Votre œuvre, l’une des plus profondément originales du Tiers Monde et des temps modernes d’une manière générale, trouve son inspiration la plus puissante dans les racines les plus « authentiques » de Haïti et de sa culture, mais c’est en même temps une œuvre extrêmement difficile et élaborée du point de vue artistique. C’est l’un des points les plus délicats de l’art contemporain du Tiers Monde : l’art doit-il d’abord chercher à être accessible au grand public, ou bien l’artiste doit-il faire son travail « en artiste », sans faire de concessions aux contingences de son époque ?

Votre question est extrêmement intéressante, et soulève un problème très important. Je vais essayer d’y répondre. Tout d’abord, bien que mon œuvre soit « haïtienne », je suis Martiniquais, non Haïtien. Mais je suis « Antillais » surtout (les Antilles englobant Haïti, la Martinique, etc. Haïti m’a intéressé parce qu’elle a l’histoire la plus mouvementée, la plus passionnante, la plus glorieuse, la plus malheureuse aussi. Savez-vous que Haïti est la première colonie noire à s’être battue pour son indépendance puis, une fois son indépendance conquise, à prendre le régime de république ? Cela se passait à la fin du 18è s. Et pourtant, actuellement, le peuple haïtien est l’un des peuples les plus malheureux, à cause de la situation que vous connaissez. J’ai été fasciné par Haïti, parce que c’est une sorte « d’œil grossissant » pour toutes les Antilles, et pour l’Afrique aussi, et en étudiant l’histoire d’ Haïti, on pourrait avoir une idée de tous les problèmes du Tiers-Monde.

En ce qui concerne votre question sur l’œuvre « difficile », c’est un problème esthétique extrêmement important. Difficile ? Vous dirais-je qu’à mon avis, cela n’est pas entièrement, totalement vrai ? En ce qui concerne mon œuvre, en particulier mon recueil de poèmes « Cahier d’un retour au pays natal », je dois vous dire que ce qui m’a toujours frappé, c’est que malgré leur caractère de prime abord « ésotérique », mes lecteurs les plus compréhensifs sont des gens du peuple. Il y a des milliers d’Africains qui connaissent par cœur de grands extraits du « Cahier d’un retour... », et pourtant c’est une œuvre difficile. Les hommes de culture française, occidentale, sont ceux qui parlent le plus de la difficulté de mon œuvre. Cette œuvre rejoint, par ses démarches, les démarches de la pensée dite « primitive ».

Des gens disent : « c’est du surréalisme ». Mais alors, beaucoup de paysans africains font du surréalisme sans le savoir, car la pensée africaine n’est pas analytique, sa démarche est synthétique, analogique et métaphorique. C’est cela le « surréalisme ». Le surréalisme est opposé à la tendance analytique occidentale, mais est conforme à la pensée africaine. Vous avez l’exemple de cet Africain, Amos Tutola, homme du peuple qui était concierge dans un hôtel, et qui s’est mis à écrire des œuvres d’une poésie et d’une fraîcheur extraordinaires, toutes en métaphores. S’il était sorti de l’université, on aurait dit : « c’est un surréaliste ». Le développement de la culture occidentale s’est fait au détriment du sens de l’image, et on est très surpris de voir combien mon œuvre,dite difficile par les intellectuels, est relative.

Mais il y a un problème malgré tout, et c’est pour cela que, depuis quelque temps, je me suis dirigé vers l’art théâtral. Pour moi, le théâtre est le moyen de sortir de la contradiction que vous signalez, et de mettre la poésie à la portée des masses, de « donner à voir » comme dirait Eluard. Le théâtre, c’est la mise à la portée du peuple de la poésie.

Le théâtre est très important dans nos pays sous-développés, il y a dans ces pays une faim de théâtre. Car ce sont des pays quis’interrogent. Autrefois, ils étaient soumis à une domination étrangère, ils subissaient leur sort. Maintenant, ce sont eux qui forgent leur destinée, et mettent en question, et le théâtre est la mise en question de la vie par elle-même. Avec l’indépendance, le Tiers-Monde est arrivé à l’âge où l’on s’interroge sur soi-même, et c’est là l’âge du théâtre.

Arthur Miller a écrit : « L’art se doit de témoigner sous peine de tomber dans l’artifice et la complaisance. Quand je parle de l’art en tant que témoin, c’est simplement pour lui rendre sa fonction première, qui est d’ouvrir les yeux à la vie et non pas de procurer un faux réconfort. » Cela, c’est le thème de « l’art engagé », un des thèmes les plus discutés du Tiers-Monde. Quels commentaires feriez-vous à propos de cette citation ?

Je suis tout à fait d’accord avec cette phrase de Miller et, à ma manière, je considère que je témoigne. Le Roi Christophe est un témoignage. « Ouvrir les yeux à la vie », comme dit Miller, c’est ce que je disais tout à l’heure : « la vie qui prend conscience d’elle-même et fait prendre conscience (par le théâtre). » Je suis rigoureusement « engagé » et ne conçois pas qu’un artiste du Tiers-Monde ne soit pas engagé. Cela ne signifie pas que l’engagement permet d’éviter les problèmes esthétiques qui se posent à l’artiste, mais l’engagement est nécessaire. Je ne conçois même pas que nous ne puissions pas l’être. Je ne conçois pas que l’artiste puisse rester un spectateur indifférent, refusant de prendre une option.

Mais, attention à la notion d’engagement : engagement ne signifie pas pour l’artiste être engagé dans un parti politique, avoir sa carte de membre, et son numéro. Etre engagé, cela signifie, pour l’artiste, être inséré dans son contexte social, être la chair du peuple, vivre les problèmes de son pays avec intensité, et en rendre témoignage. Pour citer un maghrébin, Kateb Yacine par exemple est un hommeabsolument représentatif. Son œuvre reflète les souffrances du peuple algérien qui lutte pour la libération, elle porte témoignage. C’est cela l’engagement. Toute œuvre d’art, d’ailleurs, à condition d’être profonde, porte témoignage, et elle ne le peut que si elle estvraiment vécue, sous-tendue par tout le drame intérieur de l’écrivain,qui résulte de l’engagement. Kateb Yacine, c’est l’Algérie.

Ce qu’il faut distinguer, c’est les niveaux de l’engagement. L’engagement politique est un niveau. Mais ce n’est pas le seul niveau. Le deuxième niveau est celui de l’engagement de l’écrivain, et cet engagement est plus fort encore. Il faut fixer l’engagement de l’écrivain à son propre niveau. Si cela n’était pas vrai, alors Dostoïevski ne serait pas un artiste engagé, à cause de ses attitudes politiques. Et pourtant, Dostoïevski est un artiste engagé, qui porte témoignage, parce que nul n’a exprimé de manière aussi profonde la réalité du peuple russe.

Je lutte là contre une conception trop primaire et schématique del’engagement, et contre la littérature des « mots d’ordre », la littérature « dirigée » qu’on a pu voir naître dans certains pays.L’artiste doit être suffisamment engagé dans sa situation pour vivre dramatiquement à lui tout seul les problèmes de son peuple. Dans cette optique, Kateb Yacine porte tout le drame du peuple algérien, tout comme Kafka portait le drame du peuple juif. C’est cela l’art engagé.

Propos recueillis par Khalid Chraibi

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Didier_Daan
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 00:52    Sujet du message: Répondre en citant

Anse a écrit:
Je viens de voir le drapeau du Cameroun dans le cortège !!!! Wink

Et je ne pense pas qu´il était porté par les représentants officiels d´un Président qui s´est auto-proclammé "meilleur élève de Mitterand"...
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Kodjo
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

On Gran Mèsi.


"On Gran Nom Pou On Gran Nonm"
(Riddla et Ludovic Tinval
)





Vidéo de RFO Martinique


Mp3 de Myspace


(A mon goût, vidéo de RFO Martinique mieux réussie
que celle trouvable sur Dailymotion ou Youtube).

Source

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Ex_Harmony
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 12:35    Sujet du message: Répondre en citant

Un Homme immense est parti retrouver ses ancetres; son OEUVRE monumentale restera sur terre.La cérémonie funéraire était vraiment émouvante et le maitre de cérémonie (Maximin je crois) était vraiment au top, j'ai vraiment apprécié les artistes qui étaient là ,ainsi que tout les vrais gens qui étaient là au stade pour un ultime au revoir.Les hypocrites ont finalement perdu quant ils se sont incliné devant la dépouille du Maitre contrairement à lui durant sa vie O combien importante par rapport à son oeuvre sa nature et surtout son refus de courber l'échine comme d'autres traitres
En tout cas ce n'est qu'un au revoir pour nous tous car nous sommes destinés à le retrouver un jour et n'oublions pas que Césaire et d'autres grands nous ont laissé des armes pour AVANCER sans peur et nous élever contres les injustices. Je n'ai pas tout lu de l'OEUVRE du Maitre mais je sais que nous devons nous organiser nous unir, cesser de perdre notre temps en critiquant ces variables que nous ne controlerons jamais comme ce Kelman les hypocrites les menteurs les oppresseurs...
AU REVOIR Césaire !
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bakala
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 13:23    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="Chabine"]
Permettez-moi ici de rendre hommage à Senghor. Oui, Senghor[/b][/color]. Celui que nous n’aimons pas. Qui ne nous intéresse pas. Dont les courbettes face à la France nous exaspèrent. Oui, Senghor, car sans Senghor, point de Césaire. Césaire l’a dit et proclamé toute sa vie : c’est Senghor qui l’a révélé à lui-même, et l’introduisant à l’Afrique. Ils n’ont jamais eu les mêmes options politiques, depuis le Quartier Latin, mais Césaire est toujours resté fidèle au frère. Et c’est grâce à cette amitié qu’aujourd’hui, notre peuple est en mesure d’accepter sa filiation Africaine.

merci Chabine pour ce compte rendu et surtout merci de souligner le lien de PAPA CESAIRE avec l'afrique, SENGHOR, charge à nous de faire en sorte que le pont que ces 2 personnes ont bâti ne s'effondre jamais

lors de mes dernières vacances à la Guadeloupe (belle soeur originaire de l'île), j'ai découvert l'émission de brother jimmy que je suis depuis de temps en temps sur france O

contrairement à l'idée répandue chez les africains, beaucoup d'antillais ne renient pas leur appertenance au continent, simplement, ils sont, comme l'était papa CESAIRE, inaudibles,

lorsque j'ouvrais la bouche (accent pas antillais oblige), j'étais litteralemment assomée de questions, tu es sénégalaise ? (tutoiement d'office comme au pays et cela fait plaisir), on voulait tout connaître du continent, comment avions nous eu l'idée d'aller passer les vacances là bas, etc

on ne peut qu'être émue de savoir que les enfants d'afrique ont été associés à l'hommage rendu à papa CESAIRE, repose en paix, petit père
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Adina
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 22:28    Sujet du message: Répondre en citant

Un grand BRAVO pour cette magnifique cérémonie. Césaire, que la terre te soit légère...
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TjenbeRed
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 23:01    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, j'ai revisionné les images diffusées en direct par France Ô et je partage les éloges : les Martiniquais et les artistes invités ont réussi à faire passer une immense émotion, que je n'avais pas imaginé ressentir.

C'est également la première fois que je me sens sous l'emprise du Cahier d'un Retour au Pays Natal (diffusé la veille au soir sur France 3, sous la forme d'une mise en images du texte admirablement dit par Jacques MARTIAL, ce Guadeloupéen qui prouve une fois de plus et admirablement que CESAIRE dépasse largement les limites de sa terre natale). Je crois que je suis mûr pour le lire de mes propres yeux.

Une mention admirative également pour Christiane TAUBIRA, qui a su rappeler la loi scélérate de 2005, et pour Lilian THURAM.

Vraiment, les Martiniquais en particulier et le Peuple Noir en général doivent ressentir une fierté bien légitime pour l'oeuvre politique et littéraire de ce Grand Homme.

Une réserve cependant : je ne partage pas la mansuétude de Chabine pour SENGHOR. Comprendre l'amitié indéfectible de CESAIRE pour SENGHOR est une chose, savoir que CESAIRE n'aurait pas été (ou peut-être pas) CESAIRE sans SENGHOR est du même ordre.

Mais il me paraît difficile d'oublier que le second a développé et mis en application, à ce que j'en ai compris, une conception de la Négritude que la France en particulier n'aurait pas renié : celle du Noir fier et unique, certes, mais quand même inférieur en raison.
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Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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bamiléké
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 23:31    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Aucun POTENTAT du continent n’a fait le déplacement pour accompagner le poète martiniquais à sa dernière demeure. L’Afrique a HONORE Aimé Césaire.


Les potentats savent au fond d'eux mème ce qu'ils sont ... et je crois que dans leur narcissisme infantile, il sont plutot jaloux de l'hommage sincère que le peuple rend à A Césaire, hommage qu'ils n'auront jamais.

Pour le reste je crois que tout à été dit sur ce phare de la pensée , je m'incline devant le personnage.
Il me restera toujours à l'esprit, lors d'une de ses rare apparition sur une télé hexagonale, la pugnacité de l'Homme lors d'un débat sur la créolité ou son verbe directe et percutant laissais KO debout ses adversaires Smile
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bamiléké
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MessagePosté le: Mar 22 Avr 2008 23:44    Sujet du message: Répondre en citant

A Cesaire a admirablement joué sa partition, la balle est dans le camps de chacun de nous . A nous d'essayer de faire fleurir ce qu'il à semé et de transmettre à nos fils et proches le message de ce "nègre insoumis".
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Didier_Daan
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MessagePosté le: Mer 23 Avr 2008 01:01    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Il suffit d’aller à la source. Et aussi de préserver ce lien précieux que Césaire ET Senghor ont tissé il y a plus de 70 ans de part et d’autre de l’océan qui nous a séparés. Permettez-moi ici de rendre hommage à Senghor. Oui, Senghor. Celui que nous n’aimons pas. Qui ne nous intéresse pas. Dont les courbettes face à la France nous exaspèrent. Oui, Senghor, car sans Senghor, point de Césaire. Césaire l’a dit et proclamé toute sa vie : c’est Senghor qui l’a révélé à lui-même, et l’introduisant à l’Afrique. Ils n’ont jamais eu les mêmes options politiques, depuis le Quartier Latin, mais Césaire est toujours resté fidèle au frère. Et c’est grâce à cette amitié qu’aujourd’hui, notre peuple est en mesure d’accepter sa filiation Africaine. Je dis aujourd’hui, car c’est Césaire qui a permis ça, et je pense que la révolution finale (l’acceptation de ses racines africaines) est en marche dans l’esprit des Martiniquais seulement depuis hier. Les Martiniquais suivront Césaire, et ce retour aux sources, c’est à Senghor que nous le devons. Lui aussi, il a bien travaillé, finalement. Son rôle était de se trouver là. [color=indigo][b]Alors Honneur et Respect pour l’ami sérère.

A voir ces 2 figures de la Négritude, j´ai toujours l´impression qu´il n´existe pas UNE négritude, mais DES négritudes. Autant tu dis que sans Senghor point de Césaire, c´est à mon avis aussi vrai qu´il existe le yin et le yang, 2 catégories symbiotiques et complémentaires. Tout comme il existe pile et face, Nord et Sud, Est et Ouest, le jour et la nuit, le bien et le mal... L´un définissant l´autre et vice versa. Ainsi, je pense que le bon "travail" de Senghor (poète-président) a été de prôner, représenter et personifier justement ce que le Nègre (qui est "émotion") ne doit pas être. Grâce à Aimé Césaire (intellectuel, poète, et homme politique), une nouvelle génération de Nègres, dont la plupart ici, peuvent enfin déconstruire le discours colonialiste et impérialiste afin de se libérer. Grâce à Cheikh Anta Diop (eh oui le Sénégal est parmi nous!!), les Nègres disposent d´une base historique et scientifique ("héllène" donc) pour leur développement futur.
Alors comment expliquer aux jeunes Martiniquais, qui entreprendront, grâce au poète-président, ce retour aux sources, qu´ils ne sont que "émotion", ou sujets d´"assimilation"??
With all due respect, Chabine!!
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lolo01
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MessagePosté le: Mer 23 Avr 2008 01:24    Sujet du message: Répondre en citant

bamiléké a écrit:
Citation:
Aucun POTENTAT du continent n’a fait le déplacement pour accompagner le poète martiniquais à sa dernière demeure. L’Afrique a HONORE Aimé Césaire.


Les potentats savent au fond d'eux mème ce qu'ils sont ... et je crois que dans leur narcissisme infantile, il sont plutot jaloux de l'hommage sincère que le peuple rend à A Césaire, hommage qu'ils n'auront jamais.

Pour le reste je crois que tout à été dit sur ce phare de la pensée , je m'incline devant le personnage.
Il me restera toujours à l'esprit, lors d'une de ses rare apparition sur une télé hexagonale, la pugnacité de l'Homme lors d'un débat sur la créolité ou son verbe directe et percutant laissais KO debout ses adversaires Smile


SA OU KA PLANTE SE SA KA RECOLTE
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Chabine
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MessagePosté le: Jeu 24 Avr 2008 04:13    Sujet du message: Répondre en citant

Salut à tous Wink

Juste un petit coucou en vitesse, toujours pas récupéré mon déficit de sommeil Embarassed

Ici, l'ambiance est à la décantation et à la réflexion. Du côté des jeunes, la mobilisation continue : les collégiens et lycéens se sont donné le mot pour arriver habillés en noir lundi matin en cours, y compris dans les établissement où l'uniforme est obligatoire (la majorité des collèges), ce qui n'est pas allé sans heurts. En effet, hélas, des fonctionnaires obtus se sont abrités derrière le règlement et ont renvoyé les élèves qui n'avaient pas la tenue conforme Mad Evil or Very Mad Rolling Eyes
http://www.domactu.com/cms/refoules-pour-un-mauvais-deuil-de-cesaire_8422556279651.aspx

Par ailleurs, j'ai également entendu à la radio que les jeunes se mobilisent et prennent leurs profs à partie, demandent des comptes et en particulier pourquoi on leur a caché l'oeuvre de Césaire. Ils exigent qu'on la leur enseigne et MAINTENANT Twisted Evil

Le sentiment le plus répandu, après les 4 jours de deuil et d'hommages, est : POURQUOI NOUS A-T-ON OCCULTE CE GENIE ? A la radio, les gens appelent pour crier leur colère d'avoir découvert, seulement à la mort du poète, son talent. Une phrase m'a marqué dans le journal : une femme, comme des dizaines d'autres, avouait avoir attendu sa mort pour lire Césaire, avec le commentaire frappant : "ON NOUS A TELLEMENT DIT QUE CE N'ETAIT PAS POUR NOUS" Shocked Mad Evil or Very Mad

Les ouvrages du poète sont en rupture de stock dans toutes les librairies de l'île. Aujourd'hui, comme tous les jours, et comme beaucoup d'autres, en traînant dans la librairie la plus proche, guettant les prochains arrivages qui me permettront de compléter ma bibliothèque (il me manque une partie du théâtre et surtout la poésie), et ainsi, de rendre ses livres à ma pauvre mère que j'ai dévalisée Laughing , j'ai trouvé une anthologie de son oeuvre, éditée au Bénin en 1995 Surprised Comme j'indiquais à une femme près du stand le dernier ouvrage qu'il restait, elle me fit remarquer comme celui-ci était jauni : "Ah, il n'était pas en vente, hein, celui-là ! Il a dormi dans les réserves, hein !" Confused Le sentiment général est celui d'un GRAND CAMOUFLAGE. Soit, mais cela ne doit pas masquer la responsabilité qu'ont les Martiniquais de prendre l'initiative par EUX-MÊMES de s'approprier de l'oeuvre de celui qui a vécu, a écrit et a lutté pour eux jusqu'à son dernier souffle Confused

Pas question d'attendre que Césaire soit mis au programme scolaire par l'état fwansé, ni qu'on vienne distribuer ses ouvrages gratuitement Mad Un achat futile en moins, éteindre la TV plus souvent pour se plonger dedans, c'est à la portée de TOUS. Quant aux discours mystificateurs sur l'hermétisme de Césaire, ils reviennent, mais moi aussi je reviendrai dire haut et fort ce que j'en pense Evil or Very Mad

Pour finir, y'a des choses sympa dans la section Multimédia, allez voir, et alimentez-là Wink

Une page très riche ici : http://www.madinin-art.net/lettre_info_990.htm

Allez, dodo, la négraille est encore fatiguée Laughing Arrow
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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melbamoor
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MessagePosté le: Jeu 24 Avr 2008 06:36    Sujet du message: Répondre en citant

Chère Chabine

Je suis originaire de Rivière Pilote , et je relis les docs que tu avais éditées sur notre Histoire, Codé etc... je refais le chemin à fond, mon grand Oncle avait pris la tête de la Commune à la libération.. il avait succédé au béké que Pétain avait placé pour controler la Négraille Confused

à plus tard , je reviens ce soir


a pa bling bling nou ka fè a présan!!! Evil or Very Mad ni yon bling bling ki ka palé o souè la an lè chin national an nou kouté sa!!! Nou sa sav!!!
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ici_ailleurs
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MessagePosté le: Jeu 24 Avr 2008 09:34    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à tous,

Tout comme vous je suis à la fois très attristée par la disparition d'Aimé Césaire et à la fois très heureuse de constater l'ampleur de la mobilisation des antillais et des africains pour lui rendre hommage. Au vu de notre mobilisation massive nous nous sommes montrés très dignes de lui, détruisant ainsi toute tentative de récupération par l'état français.

Comme il a été déjà été dit dans ce topic, Césaire n'est pas mort, n'enterrons ni l'homme, ni la pensée, ni ses combats qui demeurent d'actualité. Il a commencé le travail, continuons le avec lui, malgré sa disparition physique sa présence continuera de nous accompagner.

C'est pour nous l'occasion de nous replonger dans ses oeuvres pour en tirer toute l'énergie nécessaire à la continuation de son combat, afin d'être dignes de son héritage. Ses choix politiques ont été l'objet de beaucoup de critiques, mais je garde en tête que Césaire a ouvert le chemin vers notre liberté, c'est donc à nous de le continuer.

J'ai assisté à la veillée organisée samedi dernier place de la Sorbonne, malheureusement je n'ai pas eu le réflexe de chercher des visages familiers du forum, Fille d'Afrik et MaryJane, y étiez-vous ? J'ai ressenti pendant cette veillée un vent de dignité.

J'ai aussi regardé la retransmission de ses obsèques via France Ô. Pour avoir vécu pendant deux ans en Martinique, je me suis imaginée toute cette ferveur et cette atmosphère incroyable si j'avais été sur place, j'ai réellement ressenti la naissance d'une nation, l'hommage d'un peuple, d'une nation à son héros national, l'avenir me dira si mon intuition a été bonne.
L'intervention de Pierre Aliker a été impressionnante de dignité, de fermeté, surtout quand il a affirmé que seuls les spécialistes de la Martinique sont les Martiniquais. Quelle dignité, quelle jeunesse d'esprit du haut de ses 101 ans !!
En regardant ces images, ces quelques vers du "Cahier d'un retour au pays natal" ont résonné en moi : "Elle est debout la négraille, Debout et libre".

Les hommages vont continuer. Jacques Martial président de la Villette a annoncé une série d'évènements autour d'Aimé Césaire. D'autres associations, personnalités vont certainement organiser des rencontres.
Je ferai tout mon possible pour y assister.

J'ai eu la chance d'étudier "Discours sur le colonialisme" en classe de terminale L en 1995 en Guadeloupe, mais j'ai appris qu'il n'est plus enseigné.
Pour commencer à lui rendre hommage à mon petit niveau, je vais donc courir acheter cet ouvrage, ainsi que "Cahier d'un retour au pays natal" en plusieurs exemplaires et les offrir, avant que les vautours de l'obscurantisme ne sévissent et ne brouillent le message.

Nous avons perdu un Grand Grand Monsieur, mais à ce qu'il parait les Grands Hommes ne meurent jamais, à condition que leurs héritiers poursuivent le travail...


Dernière édition par ici_ailleurs le Jeu 24 Avr 2008 10:05; édité 2 fois
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Chabine
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MessagePosté le: Ven 25 Avr 2008 03:18    Sujet du message: Répondre en citant

Coucou mes frères et soeurs Smile

Les Martiniquais attendent, avec une impatience sourde, que les libraieries de l'île soient réapprovisionnées, les ouvrages du poète de la Nation ayant été dévalisés depuis une semaine. J'espère qu'on en aura un peu d'ici ce week-end, sinon on va commencer à parler de complot pour nous l'occulter encore une fois, ça risque de pas sentir bon Twisted Evil

L'ambiance est parfois tendue au boulot, entre les antillais qui décantent encore ces jours d'émotion, et les zorèy qui ne comprennent pas ce qui se passe... Les plus imbéciles jouent la provoc', et ça ne leur réussit pas car ils se font prestement renvoyer dans les cordes... Les autres la jouent profil bas, très bas... Les plus intelligents ont participé aux manifestations, de vendredi à dimanche, et s'intéressent à ce monument littéraire, presqu'autant inconnu d'eux que de nous (parfois, ils ont reçu des appels de leurs proches en France, étonnés de découvrir l'éexistence d'un "Victor Hugo martiniquais", et ils sont assomés de questions incrédules Confused ).

La phrase la plus en vogue ces jours-ci est cependant... celle de Pierre ALIKER : "Les spécialistes des questions martiniquaises, ce sont les martiniquais"... Twisted Evil

Sinon, je vous laisse avec des hommages venus d'Haïti (qui souffre en ce moment Sad )

http://www.lepoint.fr/actualites-culture/colere-cesaire/249/0/240626

Hommage - Colère Césaire
Dany Lafferrière


Auteur du brillant « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer », l’écrivain haïtien Dany Laferrière (1) évoque pour Le Point son souvenir d’Aimé Césaire. Dont la figure traverse largement le roman qu’il achève : « L’énigme du retour ». Smile


D’autres, à propos de lui, auront des faits saillants, des dates précises, des rencontres décisives. Il ne me reste que des couleurs aujourd’hui légèrement délavées par les larmes. Je ne m’attendais pas à pleurer, n’ayant jamais fait de pèlerinage chez Césaire. « Pas de dieu, pas de lieu », dit l’énigmatique Magloire Saint-Aude. Saint-Aude, c’est le premier à qui j’ai pensé, dans cette chambre d’hôtel où la mort de Césaire m’a surpris. Très tôt, le matin, un journaliste m’a joint au téléphone et sans aucun autre préambule (la mort agit sur la presse comme le chiffon rouge sur le taureau) : « Césaire est mort, qu’avez-vous à dire ? ». Rien. Je suis de ceux que la mort impressionne encore. J’ai gardé le silence jusqu’à ce qu’on ait raccroché à l’autre bout du fil. Césaire méritait, de ma part, ce silence. Le silence d’Haïti, ce pays qu’il a tant défendu, chez lui et ailleurs, dans son oeuvre comme dans ses discours. Puis, un peu plus tard, j’ai pensé : il ne peut pas être mort puisque j’étais en train de le lire. Un poète parle plus fort mort que vivant. Hier encore, on était dans le même siècle. Une heure après sa mort, je le lisais déjà différemment. Sur ma table de chevet se trouvaient l’émouvant « Cahier d’un retour au pays natal » et le fameux « Discours sur le colonialisme ». Des textes que j’ai vus, il n’y a pas longtemps encore, entre les mains des étudiants de Port-au-Prince. On transpose, en Haïti, la question coloniale en rapports de classes. Et cela provoque la même colère-celle des affamés ressemble à s’y méprendre à celle des humiliés.

Qu’ai-je à dire de la mort de Césaire ? La mort est une affaire privée. De son oeuvre, je peux parler de mes lectures à travers le temps. Un homme qui meurt à 94 ans, on a le temps de le lire sous différentes loupes. Ses actions publiques changent parfois notre éclairage. Je suis couché sur le dos. La télé éteinte. Une seule nouvelle me concernait. La petite chambre déjà encombrée d’ombres. Saint-Aude que j’ai évoqué à cause de Breton. Césaire et Saint-Aude réunis par Breton, qui les a lus avec son enthousiasme coutumier. Presque les mêmes mots pour ces deux Antillais. Pas de poète sans un bon lecteur, on l’oublie parfois. Puis Depestre, avec qui Césaire a correspondu en vers impatients. Mon premier choc d’adolescent. Deux hommes qui se parlent en poésie. On en discutait à 17 ans. Qu’a dit Depestre ? Qu’a répondu Césaire ? Glissant, son cadet, une forte tête, nous attirait déjà. Puis personne d’autre à qui vraiment parler. On va à la Martinique pour voir Césaire. Ne vous fiez pas à ce sourire derrière d’épaisses lunettes qui lui fait cet aspect de vieillard aimable. Ça bouillonne toujours. Césaire aime gronder. Puis ce calme qui peut durer une décennie. Un esprit vif et cinglant qu’il doit parfois tenir en laisse comme un chien enragé. Quelle tension !

Avant que le téléphone ne se remette à tressauter sur la pile de bouquins, je rentre sous les draps pour être avec Césaire. Le revoir au cours de ma vie. J’ai tardé à le fréquenter. Son territoire m’étant totalement inconnu. Les Antilles (Haïti, c’est la Caraïbe plus farouche), la métropole, la colonisation, pas trop ma tasse de thé. Je n’étais intéressé qu’au sexe et à l’Amérique. De plus, j’avais l’impression que Depestre l’avait lu à ma place. On ne vivait pas, Césaire et moi, sous le même fuseau horaire. Je me sentais plus proche d’un Miller. Je trouvais, à l’époque, le « Cahier » difficile à lire. J’étais ce lecteur souverain qui ne lisait que ce qui l’intéressait. Jamais par obligation. C’est pourtant dans un autobus, sur la route Montréal-New York (en traversant les Appalaches), que j’ai véritablement flairé le « Cahier ». Voyage de nuit. Je découvrais enfin le rire sauvage de Césaire, un rire que cache mal sa colère. Colère Césaire. Céline va au bout de la nuit. Césaire, selon son fameux vers, jusqu’au bout du petit matin. Un éclair d’optimisme, donc, chez Césaire, qui aperçoit l’aube. Un optimisme toujours tempéré par une intelligence finement aiguisée. Dès 1956, au premier congrès des écrivains noirs, le jeune Baldwin avait repéré chez lui ce sens de la ruse.

J’imagine l’oeuvre de Césaire comme une solide maison avec de multiples chambres. Architecture un peu carrée mais bien ensoleillée. J’ouvre cette pièce pour découvrir ces trois hommes en tête à tête : Senghor, Césaire et Damas. Breton, debout, dans le couloir. Toute une aile pour abriter le triumvirat : colonialisme, communisme et surréalisme. Sur une dernière porte, au fond de la cour, des lettres scintillantes : « Négritude ». L’affable maître de maison. Depuis sa mort, Césaire est devenu subitement lisse, propre, sans aspérités. Un classique, quoi ! Jusqu’à la prochaine explosion.

1. Dernier ouvrage paru : « Je suis un écrivain japonais » (Grasset). Voir Le Point n° 1855 du 3 avril 2008.

Le nègre vous emm...

« N'allez pas le répéter, mais le nègre vous emmerde ! » Laughing Laughing Laughing Cette dernière saillie d'Aimé Césaire, lancée quelques mois avant sa mort, relativise les hommages unanimes rendus par les officiels français lors de ses obsèques nationales en Martinique. Révolté, il le sera resté jusqu'au bout, même s'il a poliment reçu tous les représentants des courants politiques français à l'occasion de la dernière campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy compris, malgré l'incompréhension née du projet de loi sur les bienfaits de la colonisation. Moins tolérant dans ses dernières volontés, Césaire avait souhaité qu'aucun « puissant » ne prenne la parole lors de son enterrement et des cérémonies à sa gloire. Ce dernier pied de nez restera la marque de fabrique d'un personnage hors norme qu'un défilé de présidentiables cherchait à attacher à son char. « Tous les Français se sentent aujourd'hui martiniquais dans leur coeur », a tout de même pu dire le chef de l'Etat. Réunissant autour de lui, aujourd'hui n'est pas coutume, une majorité en métropole.

Sylvie Pierre-Brossolette


http://www.haitipressnetwork.com/news.cfm?articleID=9936

ART ET SPECTACLE
Haïti a aimé Césaire, Césaire a aimé Haïti
Posté le 23 avril 2008

Après la France et la Martinique, c’était au tour d’Haïti de rendre hommage mardi au chantre de la négritude, Aimé Césaire. Haïti est au cœur de l’œuvre de celui qui a donné au mot «nègre» ses lettres de noblesse.

Près d’une semaine après la mort de Césaire, le 17 avril dernier, plusieurs écrivains et personnalités du monde culturel ont profité de la tribune offerte par l’Institut français d’Haïti, à Port-au-Prince, pour lire ou déclamer un texte de l’écrivain martiniquais, ou encore pour témoigner du Césaire qu’ils ont directement (ou indirectement) connu. Certains, comme Faubert Bolivar, ont dit leur fierté d’avoir côtoyé le plus nègre des poètes. «Cet homme fut une nation», a lancé à plusieurs reprises Bolivar de la Direction nationale du livre, institution étatique dirigée par Emmelie Prophète qui, de concert avec la Fokal et l’Institut Français d’Haïti, avait organisé l’événement. L’hommage à Césaire a commencé par une cérémonie officielle, dirigée par Paul-Elie Lévy et Emmelie Prophète, et à laquelle ont participé Jean Reynald Clérismé et Eddy Lubin, respectivement ministres haïtiens des Affaires étrangères et de la Culture, ainsi que le Secrétaire d’Etat français de la Coopération et de la francophonie, Alain Joyandet. Venu tout droit de la Martinique, ce dernier a souligné l’importance d’Haïti dans l’œuvre de Césaire, qui demeure, selon lui, «étonnamment actuelle». Eddy Lubin, qui fut l’un des rares Haïtiens à prendre part aux obsèques du poète martiniquais avec Syto Cavé et Jean Raynal Clérismé, a pour sa part indiqué que le peuple martiniquais « a mûri dans l’affliction» à la mort de celui qu’il appelait Papa Césaire. L’écrivain fut «un homme d’action porté sur la négociation», selon le ministre démissionnaire. Jean Reynald Clérismé a enfin salué celui dont Haïti a traversé la vie et l’œuvre. «Haïti, ce pays où la Négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait en son humanité», a répété le ministre, prenant à son compte une phrase célèbre du poète martiniquais. L’hommage à Aimé Césaire s’est fait de diverses façons. La poésie, le théâtre, la chanson et le cinéma ont été parmi les médiums utilisés.

La plupart des intervenants ont opté pour la poésie en déclamant les vers les plus connus du Cahier du retour au pays natal, les vivants autant que les morts, car la voix de Lobo, Karl Marcel Casséus, a résonné aux oreilles des nombreux assistants. Pierre Brisson de sa voix grave nous a amené, lui, «au bout du petit matin».

Le poète Georges Castera a déclamé un texte composé pour l’occasion. Jean-Claude Bajeux, du Centre œcuménique des droits humains, a pour sa part conseillé aux jeunes de plonger dans l’œuvre de Césaire «pour en tirer l’essence». Michèle Pierre-Louis de la FOKAL s’est rappelée publiquement de sa rencontre avec le Martiniquais dans le Paris révolutionnaire de 1968. Une rencontre qui l’a marquée ainsi que les discours de Césaire sur le colonialisme, la poésie, Haïti… Frankétienne, monument et homme orchestre, a déclamé des textes du «Cahier d’un retour au pays natal» et chanté Legba (dieu de l’univers vodou qui a pour fonction d’ouvrir des barrières) en l’honneur de Papa Césaire. Il a parlé aussi d’affinités entre le député martiniquais et le Premier des Noirs, Toussaint Louverture, auquel Césaire a consacré un essai. Des images et la voix de l’ancien maire de Fort-de-France sont venues frapper les esprits dans un diaporama du cinéaste Michèle Lemoine où le poète dit son amour d’Haïti, pays qu’il a visité en 1944 et où «il a fait provisions d’images pour son œuvre», selon l’un des intervenants. Encouragé par la lecture de Jean Price Mars entre autres, Aimé Césaire avait séjourné un temps dans notre pays pour s’imprégner du souffle profond du terroir ; il y avait rencontré d’éminents hommes de lettres haïtiens et noué de solides amitiés. A l'occasion de sa visite, l’écrivain antillais avait dit longuement son respect pour la «première république nègre des Amériques». Selon le chantre de la Négritude, «les Caraïbes et le continent tout entier ont une dette inextinguible à l'égard des héros d'Haïti.» Le monde haïtien du théâtre était aussi présent à cet hommage rendu à l’auteur de la «Tragédie du Roi Christophe». Des anciens comédiens de la Compagnie Hervé Denis et des invités comme Myrtho Casséus, Daniel Marcelin, Murat, Marcel Méhu et Ralph Civil ont concocté un montage poétique à partir de l’œuvre du dramaturge caribéen. Retransmise en direct par la Télévision nationale d’Haïti, la cérémonie s’est déroulée notamment en présence de l’ambassadeur français en Haïti Christian Connan, de l’attaché culturel à l’ambassade de France Michel Igout, de Michèle Pierre Louis de la Fokal, d’Amadou Pitroipa, ambassadeur de la Francophonie en Haïti, des écrivains Lyonel Trouillot, Kettly Mars, Bonel Auguste, de l’ex-ministre de la culture Magali Comeau Denis… Par Jonel Juste jgli02@yaho.fr


http://www.sudonline.sn/spip.php?article10590

Il faut rendre à Césaire ce qui est à Césaire… et à l’Oncle…
Par Kettly Mars*


Il y a des grands repères dans la vie de tout homme ou de toute femme. Des repères plantés tout naturellement dans sa conscience et qui donnent sens à son existence. Des repères qui conduisent ses pas hors des chemins de l’oubli et du doute et l’incitent à marcher droit, l’échine verticale. Des repères qui ne sont souvent qu’un nom, une date, une légende, une fierté qu’il ou elle garde, tel un joyau précieux enfoui dans son sang et sa chair, sous sa peau.

Dans la mémoire du peuple haïtien, il y a une bénédiction de repères, des saisons de repères, un chapelet de repères. Toussaint Louverture, Boukman, Jean-Jacques Dessalines, la Citadelle Laferrière, Anténor Firmin, Jean Price-Mars, Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran Damas, Aimé Césaire...

Aimé Césaire. Jeune homme au début des années trente qui, avec la connivence et le courage de Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas, ses deux compagnons africain et guyanais, aux têtes pleines de défis et de rêves, a construit une vision objective du nègre grâce au pouvoir incantatoire des mots. Dans un temps où l’âme et la culture nègres ne figuraient pas dans l’échelle des valeurs humaines de l’Occident. Césaire, le poète et le politique, a tissé des liens de sang entre les fils et les filles de terres éclatées, éparpillées, brisées, pour souder leurs mémoires en un faisceau d’amour, d’orgueil, de beauté et d’espoir. Que chaque homme et chaque femme noire sur terre, que tous ceux qui luttent pour un monde plus juste, que les poètes lui en gardent respect et reconnaissance.

Mais puisque reviennent en mémoire ces temps fiévreux et exaltés de remembrage de l’unité et de l’identité nègres, puisque le mot « négritude » retrouve ses lettres de noblesse et sa juste résonance avec la disparition du poète du Cahier d’un retour au pays natal, il est aussi bon de rappeler qu’avant Césaire, avant « l’Etudiant noir » que les jeunes antillais et africains feuilletaient, en 1934, à Paris, avec émotion et fierté, Jean Price-Mars, sur la terre d’Haïti, dans Ainsi parla l’Oncle, publié en 1928, avait questionné les racines de la déshumanisation du nègre et avait cru, allant ainsi à contre-courant de la pensée des élites de son pays, que seul un retour à nos origines et nos sources ancestrales était capable d’offrir au nègre contemporain la voie de sortie de son marasme identitaire.

Léopold Sédar Senghor écrivait en 1956 : « Au bout de ma quête, je devais trouver Alain Locke et Jean Price-Mars. Et je lus Ainsi parla l’Oncle d’un trait comme l’eau de la citerne, au soir, après une longue étape dans le désert, j’étais comblé, L’Oncle légitimait les raisons de ma quête, confirmait ce que j’avais pressenti. Car, me montrant les trésors de la Négritude qu’il avait découverts sur et dans la terre haïtienne, il m’apprenait à découvrir les mêmes valeurs, mais vierges et plus fortes, sur et dans la terre d’Afrique.

Aujourd’hui, tous les ethnologues et écrivains nègres d’expression française doivent beaucoup à Price-Mars : l’essentiel, c’est la vérité que ‘’nous n’avons de chance d’être nous-mêmes que si nous ne répudions aucune part de l’héritage ancestral.’’ Singulièrement les écrivains. D’abord les Haïtiens – Jacques Roumain, René Depestre et les autres – mais aussi les Antillais et les Africains : un Damas, un Césaire, un Niger, un Birago Diop, et surtout moi-même. »

La disparition d’Aimé Césaire est aussi l’occasion, pour nous autres Haïtiens, d’honorer et de garder vive la mémoire de ceux des nôtres qui furent les précurseurs du combat pour changer l’image néfaste que le noir avait de lui-même. De ceux des nôtres qui ont formulé les postulats de la lutte contre nos propres démons et ont laissé à nos enfants des repères pour les siècles à venir.

*Ecrivaine haïtienne, co-auteur du livre « L’Afrique répond à Sarkozy – Contre le discours de Dakar » (Philippe Rey, février 2008)
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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melbamoor
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MessagePosté le: Ven 25 Avr 2008 16:28    Sujet du message: ALFRED LARGANGE REND HOMMAGE A AIME CESAIRE...... Répondre en citant

http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=29276

AIMÉ CÉSAIRE
« ...La bouche des malheurs qui n’ont point de bouche* »

Publié dans l'édition du 18 avril 2008
(page 3)


Son grand-père était le premier enseignant noir en Martinique et sa grand-mère, exception parmi les femmes de sa génération, savait lire et à écrire et l’apprit très tôt à ses petits-enfants.
De 1919 à 1924 il fréquente l’école primaire de Basse-Pointe, où son père est contrôleur des contributions, puis obtient une bourse pour le lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France.


Elève brillant, il obtient une bourse du gouvernement français pour poursuivre ses études supérieures en classe d’hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand. C’est dans les couloirs de ce grand lycée parisien que, dès son arrivée, en septembre 1931, le jeune Césaire rencontre Léopold Sédar Senghor, son aîné de quelques années, qui le prend sous son aile protectrice. Ils nouent dès ce jour une amitié qui durera jusqu’à la mort du grand Sénégalais, le 20 décembre 2001, à l’âge de 95 ans.

Prise de conscience

Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis le Lycée Schœlcher, découvrent progressivement une part refoulée de l’identité martiniquaise, la composante africaine dont ils prennent progressivement conscience au fur et à mesure qu’émerge une conscience forte de la situation coloniale. En 1932, des étudiants antillais communistes et surréalistes créent la revue Légitime Défense qui révèle à Césaire, Damas et Senghor des préoccupations communes. En septembre 1934, tous trois, avec d’autres étudiants antillo-guyanais et africains (comme Birago Diop), fondent L’Étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de “Négritude”. Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et d’autre part la dévalorisation de l’Afrique et de sa culture, des références que le jeune auteur et ses camarades mettent à l’honneur. Construit contre le projet colonial français, le projet de la négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination des tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».

Ayant réussi en 1935 le concours d’entrée à l’École normale supérieure, Césaire passe l’été en Dalmatie chez son ami Petar Guberina - un linguiste croate rencontré à la Sorbonne - et y commence la rédaction de son chef d’œuvre Cahier d’un retour au pays natal, qu’il achèvera en 1938. Il lit en 1936 la traduction de l’Histoire de la civilisation africaine de Frobenius. En 1938, il sort de l’Ecole normale supérieure avec un mémoire, “Le Thème du Sud dans la littérature négro-américaine des USA”. Marié en 1937 à une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, agrégé de lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au lycée Schœlcher.

Contre le “doudouisme” de carte postale

La situation martiniquaise à la fin des années 30 est celle d’un pays en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant avant tout les références arrivant de la France, métropole coloniale. En matière de littérature, les rares ouvrages martiniquais de l’époque vont jusqu’à revêtir un exotisme de bon aloi, pastichant le regard extérieur manifeste dans les quelques livres français mentionnant la Martinique. Ce doudouisme allait nettement alimenter les clichés frappant la population martiniquaise.
En réaction contre cette aliénation culturelle, le couple Césaire, épaulé par d’autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la Revue Tropiques, dont le projet est la réappropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel.
Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique par les États-Unis (qui ne font pas confiance au régime de collaboration de Vichy), les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est raciste et répressif. Dans les communes, les élus de couleur sont déposés et remplacés par des représentants des békés (descendants des colons). Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943.

« Nègre fondamental »

Le conflit mondial marque également le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton (qui relate ses péripéties dans un bref ouvrage, Martinique, charmeuse de serpents). Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d’un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943 il rédige la préface de l’édition bilingue du Cahier d’un retour au pays natal, publiée dans la revue “Fontaine” (n° 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme. Surnommé par André Breton "le nègre fondamental", Aimé Césaire influencera des auteurs tels que Frantz Fanon, Edouard Glissant (qui ont été ses élèves au lycée Schoelcher), le guadeloupéen Daniel Maximin et bien d’autres. Sa pensée et sa poésie ont également fortement marqué les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l’acculturation.

Invité à Port-au-Prince par le docteur Mabille, attaché culturel de l’ambassade de France, Aimé Césaire passera six mois en Haïti, donnant une série de conférences dont le retentissement sur les milieux intellectuels haïtiens est formidable. Ce séjour haïtien aura une forte empreinte sur l’œuvre d’Aimé Césaire, qui écrira un essai historique sur Toussaint Louverture et consacrera une pièce de théâtre au roi Henri Christophe, héros de l’indépendance.

Discours sur le colonialisme

Partageant sa vie entre Fort-de-France et Paris, Césaire fonde, dans la capitale française, la revue Présence Africaine, aux côtés du sénégalais Alioune Diop, et des guadeloupéens Paul Niger et Guy Tirolien. Cette revue deviendra ensuite une maison d’édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l’égyptologue Cheikh Anta Diop, et les romans et nouvelles de Joseph Zobel.
En 1950, c’est dans la revue Présence Africaine que sera publié pour la première fois le Discours sur le colonialisme, charge virulente et analyse implacable de l’idéologie colonialiste européenne, que Césaire compare avec audace au nazisme auquel l’Europe vient d’échapper. Les grands penseurs et hommes politiques français sont convoqués dans ce texte par l’auteur qui met à nu les origines du racisme et du colonialisme européen.

Parallèlement à une activité politique continue (voir par ailleurs), Aimé Césaire continue son œuvre littéraire et publie plusieurs recueils de poésie, toujours marqués au coin du surréalisme (Soleil Cou Coupé en 1948, Corps perdu en 1950, Ferrements en 1960). À partir de 1956, il s’oriente vers le théâtre. Avec Et les Chiens se taisaient, texte fort, réputé impossible à mettre en scène, il explore les drames de la lutte de décolonisation autour du personnage du Rebelle, esclave qui tue son maître puis tombe victime de la trahison. La Tragédie du Roi Christophe (1963), qui connaît un grand succès dans les capitales européennes, est l’occasion pour lui de revenir à l’expérience haïtienne, en mettant en scène les contradiction et les impasses auxquels sont confrontés les pays décolonisés et leurs dirigeants. Une saison au Congo (1966) met en scène la tragédie de Patrice Lumumba, père de l’indépendance du Congo Belge. Une tempête (1969), inspiré de Shakespeare, explore les catégories de l’identité raciale et les schémas de l’aliénation coloniale. Pensant à l’origine situer l’action de cette adaptation de Shakespeare aux États-Unis, il choisit finalement les Antilles, gardant tout de même le projet de refléter l’expérience noire aux Amériques.
Au total Césaire à publié plus de quatorze œuvres, recueils des poésies, pièces de théâtre et essais. De nombreux colloques et conférences internationales ont été organisés sur son œuvre littéraire qui est universellement connue. Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues : anglais, espagnole, allemand et cœtera.

Avec Alfred Largange
* Cahier d’un retour au pays natal


il y a quelques années de cela , Alfred.........
Crying or Very sad Crying or Very sad
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Chabine
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MessagePosté le: Sam 26 Avr 2008 01:56    Sujet du message: Re: ALFRED LARGANGE REND HOMMAGE A AIME CESAIRE...... Répondre en citant

melbamoor a écrit:
il y a quelques années de cela , Alfred.........
Crying or Very sad Crying or Very sad


En effet, sauf que je trouve ça très glauque, ce plagiat posthume Shocked Mad Evil or Very Mad Ca fait deux fois que je tombe sur cet article d'Alfred, pompé sur 2 sites différents. A la limite, s'en inspirer, pourquoi pas, mais le haut-le-coeur qu'on se paye lorsqu'on arrive au nom de l'auteur, franchement... Mad Pa ni respé Evil or Very Mad J'hésite à contacter sa famille pour les alerter, je pense qu'il y a déjà suffisemment de deuil dans le péyi comme ça Sad

Sinon, je reproduis cet échange qui me semble très juste, ici :

http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=115655&highlight=#115655

lolo01 a écrit:
(...)Mais les gens peuvent s'altérer avec le temps, compromission, intérêts égoïstes. Je prends l'exemple de Senghor qui était aussi brillant que Aimé césaire, mais la différence, c'est que il y en a un qui a couché et s'en est allé sans les honneurs des siens, et l'autre qui ne s'est jamais renié et qui est parti comme un grand. Voilà. Les hommes quel qu'il soit peuvent trahir, on n'est jamais à l'abri d'une trahison.


melbamoor a écrit:
Pouquoi toujours comparer Senghor et Cesaire,

pourquoi employer des mots vulgaires

Senghor a peut etre failli, il n'empêche qu'il est devenu Chef d'un Etat tout nouvellement indépendant j'ai dit le Sénégal!!!
Cesaire n'a été que Maire et Député, voyons arretons de comparer ces deux grands Hommes, car ils étaient Grands chacun à leur manière!!!


Cesaire n'a jamais craché sur Senghor, qui l'a adopté, comme son Bizuth, dès qu'il l'a croisé au Lycée Louis le Grand, et jusqu'à la mort de Cesaire leur amitié a été indéflectible!!!

Alors arretons cette gueguerre stupide!!!et nauséeuse , essayez de tirer des leçons de vie, d'humanité, et d'universalité, de part l'enseignement de ces DEux Grands Bonhommes!!!!

Oui c'était des frères, des frères qui nous ont montré le chemin, alors essayons d'aprofondir les trames!!!!!


Je rejoins totalement l'opinion de melbamoor, ça me rappele le yin et le yang que Didier_Daan évoque plus haut, c'est une image que j'ai trouvée très juste... D'autant plus juste que, moi aussi, j'ai eu un ami yin quand j'étais yang, yang quand j'étais yin... Un ami avec qui j'ai beaucoup appris, sur la vie et sur moi-même, même si nous étions rarement d'accord. Depuis qu'il n'est plus là, je dois réaliser la synthèse à l'intérieur, je dois être les deux à la fois... Ces jours-ci, il me manque beaucoup Crying or Very sad

Bon, sinon, je rends justice à l'actuel maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, qui a hérité la lourde tâche de succéder à Aimé Césaire en 2001. De même que je prends le temps de mieux appréhender l'action politique de Césaire (à laquelle j'ai toujours été globalement opposée, car je suis trop jusqu'au boutiste, très facile quand on n'est pas aux commandes... Embarassed ), de même j'essaie de nuancer le regard porté sur l'héritier. La tâche est lourde, très lourde, vraiment Confused

Ce magnifique cliché, où, sur le parvis de l'ancienne Mairie de Fort-de-France, vendredi 18 avril, il est consolé par Christiane Taubira, dit plus que 1000 mots :
http://www.bondamanjak.com/content/view/4741/66/
Pas facile Crying or Very sad

Les librairies sont toujours vides... Confused
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MessagePosté le: Sam 26 Avr 2008 12:57    Sujet du message: Re: CESAIRE et SENGHOR, même grandeur, même combat ? non ! Répondre en citant

Chabine a écrit:

lolo01 a écrit:
(...)Mais les gens peuvent s'altérer avec le temps, compromission, intérêts égoïstes. Je prends l'exemple de Senghor qui était aussi brillant que Aimé césaire, mais la différence, c'est que il y en a un qui a couché et s'en est allé sans les honneurs des siens, et l'autre qui ne s'est jamais renié et qui est parti comme un grand. Voilà. Les hommes quel qu'il soit peuvent trahir, on n'est jamais à l'abri d'une trahison.


melbamoor a écrit:
Pouquoi toujours comparer Senghor et Cesaire,

pourquoi employer des mots vulgaires

Senghor a peut etre failli, il n'empêche qu'il est devenu Chef d'un Etat tout nouvellement indépendant j'ai dit le Sénégal!!!
Cesaire n'a été que Maire et Député, voyons arretons de comparer ces deux grands Hommes, car ils étaient Grands chacun à leur manière!!!


Cesaire n'a jamais craché sur Senghor, qui l'a adopté, comme son Bizuth, dès qu'il l'a croisé au Lycée Louis le Grand, et jusqu'à la mort de Cesaire leur amitié a été indéflectible!!!

Alors arretons cette gueguerre stupide!!!et nauséeuse , essayez de tirer des leçons de vie, d'humanité, et d'universalité, de part l'enseignement de ces DEux Grands Bonhommes!!!!

Oui c'était des frères, des frères qui nous ont montré le chemin, alors essayons d'aprofondir les trames!!!!!


Je rejoins totalement l'opinion de melbamoor, ça me rappele le yin et le yang que Didier_Daan évoque plus haut, c'est une image que j'ai trouvée très juste...


Désolé, je ne comprends toujours pas pourquoi il faudrait hisser SENGHOR à la hauteur de CESAIRE.

Et je réitère ce que j'ai écrit plus haut :
TjenbeRed a écrit:
Une réserve cependant : je ne partage pas la mansuétude de Chabine pour SENGHOR. Comprendre l'amitié indéfectible de CESAIRE pour SENGHOR est une chose, savoir que CESAIRE n'aurait pas été (ou peut-être pas) CESAIRE sans SENGHOR est du même ordre.

Mais il me paraît difficile d'oublier que le second a développé et mis en application, à ce que j'en ai compris, une conception de la Négritude que la France en particulier n'aurait pas renié : celle du Noir fier et unique, certes, mais quand même inférieur en raison.
[ http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?p=115588#115588 ]

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"Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


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Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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MessagePosté le: Sam 26 Avr 2008 14:25    Sujet du message: Répondre en citant

zingh2006 a écrit:
HOMMAGE: AU NOM D'AIME CESAIRE, DU POETE DE LA NEGRITUDE ET DE L'HOMME POLITIQUE ENGAGE !


"Je ne conçois pas que l'artiste puisse rester un spectateur indifférent, refusant de prendre une option (…). Etre engagé, cela signifie, pour l'artiste, être inséré dans son contexte social, être la chair du peuple, vivre les problèmes de son pays avec intensité, et en rendre témoignage".

Aimé Césaire (extraits "Moi Laminaire")


AU NEUVIÈME JOUR, AIMÉ CÉSAIRE EST PLUS QUE JAMAIS PARMI NOUS.

LE PÈRE DE LA NÉGRITUDE CONTINUE D’ÉCLAIRER LES COMBATS POUR LA DIGNITÉ , LA FRATERNITÉ , L'HONNEUR ET LE RESPECT.


AFIN DE RENDRE HOMMAGE

A CELUI QUI FUT NOTRE MAÎTRE À PENSER

A CELUI QUI N'A JAMAIS PLIÉ DEVANT LE COLONIALISME, NI LE RACISME

A CELUI QUI A DENONCÉ TOUTES LES DISCRIMINATIONS

A CELUI QUI, PAR SES ÉCRITS, SA POÉSIE, SA RAISON D'ÊTRE ET SA JOIE DE VIVRE, QU'IL NOUS LAISSE EN HERITAGE, MERITE TOUS LES HONNEURS

NOUS VOUS INVITONS À PARTICIPER

À LA JOURNÉE « AIMÉ CÉSAIRE »

RENCONTRE-DÉBAT, TÉMOIGNAGES, POÉSIE ET CHANTS

AUTOUR DE L'HÉRITAGE POLITIQUE, CULTUREL, HUMANISTE

DU CHANTRE DE LA NÉGRITUDE

DIMANCHE LE 27 AVRIL A PARTIR DE 14 HEURES


TOUS AU THEÂTRE DE LA MAIN D'OR

15, passage de la Main d’Or, 75011, Paris

Métro : Ledru Rollin (Ligne 8, Balard-Créteil)





http://www.alert2neg.com/article-19008837.html

Bonjour à tous, bonjour Melbamoor, Ici_Ailleurs, Maryjane et à toutes les autres que j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer. Je serais demain au théâtre de la Main d'Or et j'espère vivement vous y retrouver. A demain, allons nous retrouver pour rendre hommage à notre grand Homme : Aimé Césaire. Je ne connais pas les organisateurs de cet hommage, mais je pense que c'est une bonne chose.
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Didier_Daan
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MessagePosté le: Sam 26 Avr 2008 15:42    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Par ailleurs, j'ai également entendu à la radio que les jeunes se mobilisent et prennent leurs profs à partie, demandent des comptes et en particulier pourquoi on leur a caché l'oeuvre de Césaire. Ils exigent qu'on la leur enseigne et MAINTENANT Twisted Evil

Le sentiment le plus répandu, après les 4 jours de deuil et d'hommages, est : POURQUOI NOUS A-T-ON OCCULTE CE GENIE ? A la radio, les gens appelent pour crier leur colère d'avoir découvert, seulement à la mort du poète, son talent. Une phrase m'a marqué dans le journal : une femme, comme des dizaines d'autres, avouait avoir attendu sa mort pour lire Césaire, avec le commentaire frappant : "ON NOUS A TELLEMENT DIT QUE CE N'ETAIT PAS POUR NOUS" Shocked Mad Evil or Very Mad

Voilà justement le plus important et le plus douloureux à venir!! Il faudra que la vieille génération explique ses abandons à leurs enfants.
L´expliquer par le refus et l´absence de Aimé Césaire dans le syllabus scolaire de l´"école de la République" ne suffira certainement pas. Ces jeunes demanderont s´il n´y avait pas un autre moyen de leur inculquer Césaire? En effet, il en existe un précieux: c´est l´éducation par la famille. Plutôt que de leur donner des noms d´anciens monarques Occidentaux ou d´acteurs américains (Louis, Henri, Brandon, Brad,...), et de les laisser paraître "cool" et beaux gosses ou filles au fond de teint comme quelqu´une, la famille ferait mieux d´essayer de leur dire QUI ils sont et dans quel monde ils sont nés.
Pour finir, juste signaler 2 articles dans la presse hexagonale ces derniers jours au sujet de Aimé Césaire qui ont retenu mon attention: un très concis et informatif du dernier n° du Canard Enchainé (à la dernière page) dans lequel il est question de la présence du gratin politique Francais à ses obsèques, qui tous plus ou moins, ont agi contre Césaire, à l´instar de Bayrou, celui-là même qui a retiré le "Discours sur le colonialisme" du programme scolaire. On rappelle aussi que Césaire ne fait pas partie du syllabus des études Africaines en France... Je suppose que tous ces politiciens étaient là pour voir de leurs propres yeux que (enfin) Césaire est bien mis sous terre.
Le 2nd est dans Le Monde du 19 je crois. Pourquoi je parle de cet article? Simplement parceque son auteur a oublié de mentionner (sciemment?) ce "Discours sur le colonialisme" dans la biographie de Césaire. Comme quoi, il les a vraiment "emmerdé", le Nègre! A la jeune génération de prendre le flambeau. C´est maintenant que Aimé Césaire existe vraiment!
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eikichi onizuka
Bon posteur


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Messages: 643

MessagePosté le: Sam 26 Avr 2008 16:01    Sujet du message: Répondre en citant

Fille d'Afrique a écrit:
zingh2006 a écrit:
HOMMAGE: AU NOM D'AIME CESAIRE, DU POETE DE LA NEGRITUDE ET DE L'HOMME POLITIQUE ENGAGE !


"Je ne conçois pas que l'artiste puisse rester un spectateur indifférent, refusant de prendre une option (…). Etre engagé, cela signifie, pour l'artiste, être inséré dans son contexte social, être la chair du peuple, vivre les problèmes de son pays avec intensité, et en rendre témoignage".

Aimé Césaire (extraits "Moi Laminaire")


AU NEUVIÈME JOUR, AIMÉ CÉSAIRE EST PLUS QUE JAMAIS PARMI NOUS.

LE PÈRE DE LA NÉGRITUDE CONTINUE D’ÉCLAIRER LES COMBATS POUR LA DIGNITÉ , LA FRATERNITÉ , L'HONNEUR ET LE RESPECT.


AFIN DE RENDRE HOMMAGE

A CELUI QUI FUT NOTRE MAÎTRE À PENSER

A CELUI QUI N'A JAMAIS PLIÉ DEVANT LE COLONIALISME, NI LE RACISME

A CELUI QUI A DENONCÉ TOUTES LES DISCRIMINATIONS

A CELUI QUI, PAR SES ÉCRITS, SA POÉSIE, SA RAISON D'ÊTRE ET SA JOIE DE VIVRE, QU'IL NOUS LAISSE EN HERITAGE, MERITE TOUS LES HONNEURS

NOUS VOUS INVITONS À PARTICIPER

À LA JOURNÉE « AIMÉ CÉSAIRE »

RENCONTRE-DÉBAT, TÉMOIGNAGES, POÉSIE ET CHANTS

AUTOUR DE L'HÉRITAGE POLITIQUE, CULTUREL, HUMANISTE

DU CHANTRE DE LA NÉGRITUDE

DIMANCHE LE 27 AVRIL A PARTIR DE 14 HEURES


TOUS AU THEÂTRE DE LA MAIN D'OR

15, passage de la Main d’Or, 75011, Paris

Métro : Ledru Rollin (Ligne 8, Balard-Créteil)





http://www.alert2neg.com/article-19008837.html

Bonjour à tous, bonjour Melbamoor, Ici_Ailleurs, Maryjane et à toutes les autres que j'ai déjà eu l'occasion de rencontrer. Je serais demain au théâtre de la Main d'Or et j'espère vivement vous y retrouver. A demain, allons nous retrouver pour rendre hommage à notre grand Homme : Aimé Césaire. Je ne connais pas les organisateurs de cet hommage, mais je pense que c'est une bonne chose.


L 'organisateur c'est l'association alert2neg
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MessagePosté le: Dim 27 Avr 2008 11:37    Sujet du message: Le Débat Africain du 27/04/2008 Répondre en citant

Bonjour

Le Débat Africain, l'émission de Madeleine Mukamabano sur RFI, était aujourd'hui consacrée à Aimé Césaire et son héritage. Les invités: Achille Mbembé, Mamadou Diouf, Guy Rossatanga et Françoise Vergès.

Pour télécharger l'émission: http://www.rfi.fr/radiofr/editions/072/edition_15_20080427.asp
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