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Posté le: Sam 13 Sep 2008 04:37 Sujet du message: Spike Lee, Retour de l’avant-1ère à Paris !!!
Chose promise… nin nin nin tu sais déjà !
Dans la continuité de l’article de Grioo(au fait merci les gars vous avez déchiré – MAIS AU FAIT VOUS ETIEZ OU LA CE SOIR !!!!), je vous fait un… "petit" topo de l’avant première du dernier film de Spike Lee, à laquelle j’ai assisté ce soir. Je pouvais pas aller dormir sans mettre ça au propre pour vous ce soir alors allons-y gaiement.
Pour commencer les gars de la Cinémathèque avaient dit vrai, les réservations étaient complètes et semblent être parties assez vite (ouverture des réserv’ mercredi dernier à 15 h "gain de cause" après 7 mn de ballotages téléphoniques particulièrement éprouvants). Ils conseillaient d’être là au moins trois quart d’heures à l’avance, j’y étais 1 h 15 avant (ça va pas ou quoi) ;
SO :
18 h : retrait des billets
18 h 30 : accueil du public par un pot de bienvenue ; j’ai fait l’impasse sur les amuse-gueule et ce que j’ai supposé être du champagne (à peine senti coulé dans ma tuyauterie car bu d’un trait ; d’ailleurs ça m’a inanimé l’œsophage), obnubilée par l’ouverture de la porte et l’intention farouche de me trouver un emplacement des plus humainement possibles en salle.
18 h 40 : entrée en salle ; DIRECT AU PREMIER RANG (ah ouais mais attends…). La salle se remplit très lentement, on fait connaissance avec ses voisines de strapontins (ici une comédienne en herbe, là une étudiante en ciné et juste à côté une musicos particulièrement attachante) ; échanges super colorés, très plaisants et surtout CERVEAU.
19 h 00 : toujours pas de Spike (pas grave on se tape des bonnes barres en attendant) mais la foule - parmi laquelle on décompte malheureusement (mais pas bizarrement non plus) trop peu d’Afros - prend assurément place.
19 h 15 : Spike Lee arrive, ovations nourries (je passerai sur mon hystérie caractérisée, les palpitations et la crampe occasionnée par les crispations multiples de mon doigt sur le viseur photo de mon phone portable), démarche toujours aussi singulière, visage très fermé, évoquant presque une froideur mélangée à une pudeur et une méfiance évidentes. Le Brother te décoche de rares mais rassurants sourires pour atténuer (tu te dis "ouf, c’est bon, c’est pas un méprisant"), boit beaucoup d’eau, le regard oscillant toujours autant de droite à gauche quand il parle, ce mec est une étude faciale à lui tout seul. Spike se poste en retrait auprès du traducteur de la Cinémathèque pendant que le présentateur dresse son CV cinématographique, de "Nola Darling" à "He Got Game", en passant par "Macolm X" et son doc sur les sinistrés de l’ouragan Katrina, pour conclure sur "Miracle à Santa Anna".
Spike fait une brève intro sur son film, qu’il recommande au public – s’il aime – d’en parler alentour et lui faire une bonne audience à sa sortie, prévue le 8 octobre prochain.
19 h 35 : Le film débute.
"Miracle à Santa Anna", basé sur le livre "Buffalo Soldiers" de James Mc Bride, a pour toile de fond l’Italie, la 2ème Guerre Mondiale, la tête d’une statue de valeur dérobée, la contribution peu soulignée (et ici largement rétablie par Spike Lee) des Afros enrôlés dans cette guerre, et d’une légende faite autour d’un "Dormeur", dont l’esprit protégerait le village sur lequel il plane de tout fauteur de trouble extérieur.
Le film s’articule également autour de ce petit garçon que la guerre semble avoir rendu orphelin, mais dont la langue, qui faisait pratiquement barrage à tout échange, n’exclue pas le langage du cœur, qui ira au-delà des raisons motivées par cette guerre (tous camps confondus j’entends).
En regardant ce film, j’ai d’abord pensé qu’il s’agirait de ne parler que des soldats Afros-Americains durant la 2ème GM, et du traitement réservés aux Vétérans une fois revenus aux USA, dans le même genre qu’ "Indigènes" pour les Nord-Africains à leur retour en France après la guerre. Quelle erreur de jugement ce fut de ma part.
En regardant ce film, il m’a aussi fallu faire l’impasse sur le côté "Afro exclusif" que je me plais d'habitude à retrouver chez Spike, déjà parce qu’il s’agit ici de restituer l’Histoire, donc de trouver normal de retrouver Allemands, Américains, Italiens et Afro-Américains dans la même histoire relatant un même fait réel, sans qu’il faille s’en trouver choqué ou satisfait d’une quelconque innovation dans le paysage cinématographique où apparaîtraient "des Noirs", alors qu’ici il est démesurément normal de les voir car c’est tout simplement l’Histoire. Je n’ai donc pas vu "Santa Anna" comme un film Afro traitant du rôle des Noirs dans la 2ème GM, mais l’adaptation à l’écran d’un fait historique à travers lequel des Frères avaient aussi fait couler leur sang, et qu’il était donc logique – et non insolite ou novateur – de les voir en gros plan sur mon écran au même titre qu’un Allemand, qu’un Italien ou qu’un Blanc Américain.
L’histoire débute par l'assassinat en plein bureau de poste d’un simple client (Italien) par le guichetier du bureau (Afro-Américain), tous deux avancés en âge, et dont l’incident servira d’ouverture sur la genèse du conflit qui a mené ce guichetier sans histoire au meurtre, donc durant la Guerre, en Italie, alors que la troupe de soldats Afros dont il faisait partie, laissés en rade par leur supérieur Blanc, ont dû manœuvrer et assurer seuls la protection de tout un village.
Si ce film (que j’éviterai de raconter en bloc et que vous pourrez voir à partir du 08/10 prochain) vous parle, son site officiel ici.
Je dirai juste que la distribution est impeccable, le jeu de CHAQUE acteur irréprochable (mais vraiment), à commencer par ce petit garçon italien dont la fragilité laisse carrément muet (damn j’ai pas son nom), puis Michaël Ealy, que j’ai bien aimé dans ce rôle de petit con player à la lucidité épisodique. Arrive ensuite Omar Benson Miller dans le rôle de Sam Train, grand dadet simplet, long à la détente mais à la force incalculable et déployée sous la colère. Bien entendu quelques fidèles et nouvelles têtes récurrentes en brève apparition (les fans les plus avertis les reconnaîtront) ; John Turturro, John Leguizamo…, et un clin d’œil au (légèrement énervant )Laz Alonzo, dont le flegme à toute épreuve m’a particulièrement parlée…
La morale que je me fais de cette histoire (en dehors du fait évident de ne pas oublier ce que nos Aînés ont fait pour que nous soyons là aujourd’hui), c’est ceci :
Ce ne sont pas les convictions politiques et la hargne verbale avec laquelle on les défend qui font un homme, mais son degré d’humanité mise à l’épreuve une fois sur le terrain.
Tout ceci m’amenant à dire – non sans peur d’un quelconque retour de flamme après que vous l’ayez vu, qu’il ne s’agit pas là d’un grand Spike Lee, mais plus violemment d’un grand film, à mon sens et jusqu’à nouvel ordre le plus beau de sa carrière.
22 h 15 : fin de projection. Larmes à foison, émotion palpable, grasses ovations au générique de fin, surtout à l’apparition du nom de Derek Luke (dirigé par Denzel Washington dans "Antwone Fisher" et que je vous re-conseille amplement au passage) et du petit Italien.
Spike, légendairement tout en retenue, s’installe devant l’écran fraîchement refermé, accompagné du traducteur et de l’autre présentateur (sorry j’ai pas leur nom). Le Brother, qui pense nous avoir déjà suffisamment torturé le postérieur sur des sièges (3 h de sitting au passage ; 30 mn d’attente ; 2 h 40 de projection), espère faire court. Les questions ne seront pas posées par le public mais par l’orateur. Questions basiques en sommes ; psychologie des personnages ; dualités sur les positions des deux plus fortes personnalités du film – les soldats joués par Michaël Ealy et Derek Luke ; l’orateur a d’ailleurs demandé à Spike de quel côté se situaient ses convictions propres, par rapport aux deux personnages du film (l’un croyait au changement, l’autre non) ; Spike lui a répondu que bien qu’ayant son propre avis sur la question, son rôle était surtout de faire part d’autres points de vues que les siens. De comprendre que le rôle d’un réalisateur n’est pas systématiquement de donner son avis dans chacun de ses films, mais aussi d’en livrer d’autres et permettre au spectateur de se faire sa propre opinion tout en taisant la sienne (voir l’émeute et ses éléments déclencheurs dans "Do The Right Thing" par exemple ; certains verront une émeute raciale provoquées par un pizzaiolo trop pro-Italien et raciste de dernière minute dans un quartier 80 % Afro, d’autres verront des échauffourées de quartier provoquées par un fouteur de merde sous-pro-Black en mal de polémique un soir de canicule à Bed Stuy).
L’orateur soulignera également la séquence illustrant la jeune italienne courtisée par ces deux mêmes soldats, l’un fleur bleue respectueux (Derek Luke), l’autre indélicat et particulièrement rentre-dedans quant à la technique d’approche (Michael Ealy). Il demande à Spike Lee – un peu comme une question d’ordre racial (à mon avis), pourquoi l’Italienne, largement séduite par le "Good Guy", finit par céder et donner son corps au "Bad Guy" ? question à laquelle Spike, non sans humour, répond qu’il en est ainsi partout et qu’elle que soit la société ; priorité aux connards machos qui font mal et tant pis pour les gentils garçons trop sérieux qui prennent trop de temps ! (on peut pas dire plus vrai ; les femmes ont particulièrement apprécié, bien que ça ne leur redore en rien le blason n’est-ce pas ) ; type de pulsion ici décuplée par la période de guerre où personne ne sait s’il sera toujours en vie dans les 5 prochaines minutes et vit encore plus intensément les moments d’évasion, sexuelles ou pas (mais "surtout" on dira), et il a conclu par un "Let Good Guys a Chance !!" particulièrement jubilatoire qui a satisfait tout le monde .
Spike a également fait référence au cinéma Italien, dont certains cinéastes de renom tel que Fellini, avait – EUX aussi – souligné la participation Afro-Américaine de la 2ème GM dans leurs films, et s’en est aidé pour mener à bien son projet, ainsi que ses recherches faites à l’école de cinéma où il fit ses études.
La mini interview a duré une bonne vingtaine de minutes, à la suite de laquelle les spectateurs, pas en reste pour un sou, ont eu le privilège immense d’échanger avec Spike Lee, qui a pris soin de s’asseoir au bord de l’estrade pour accueillir et discuter avec le public en (presque) toute intimité.
C’était le moment ou jamais pour moi. J’avais l’opportunité inespérée et peut-être pour l’unique fois dans ma vie, non seulement de voir ce monument de près, mais aussi de lui dire tout le bien qu’il m’avait fait. Alors j’y suis allée. L’autographe d’abord. Pas de feuille volante ? pas grave. Le dos de mon chéquier fera l’affaire (attends ; rien d’autre en main j’allais m’acheter une ramette à Carrefour ? la vie est courte, GDI ). Puis j’ai parlé. Je lui ai dit merci pour son travail, qu’il était mon héros, que grâce à lui j’avais pris conscience de mes racines Africaines, et qu’en fonction de tout ça il fallait que je lui serre la main.
Il me l’a tendue, cette petite main de Maître, s’est énergiquement levé, puis a suggéré qu’on fasse une photo ensemble… CLICK.
… Je redescendrai pas de mon nuage. Ce soir fut un doux rêve. … Laissez-moi dormir encore un peu.
Posté le: Sam 13 Sep 2008 13:21 Sujet du message: Re: Spike Lee, Retour de l’avant-1ère à Paris !!!
Maryjane a écrit:
Il me l’a tendue, cette petite main de Maître, s’est énergiquement levé, puis a suggéré qu’on fasse une photo ensemble… CLICK.
… Je redescendrai pas de mon nuage. Ce soir fut un doux rêve. … Laissez-moi dormir encore un peu.
Il y a bien longtemps que j'avais lu un post avec un tel sourire aux lèvres , j'ai lu ton résumé 2 fois avec le même sourire en coin , je suis bien content pour toi Miss , vraiment !
Ne fais surtout pas ce que te conseille Kainfry , gardes ta photo bien cachée dans ton salon pour toi , toi-seule et ...encore toi , certains souvenirs flanqués de tels émotions ne se partagent pas , pas comme ça , en tout cas ... enfin c'est un humble avis !
Je vais surement voir le film avant de le commenter , mais reste dans ton nuage Mary , hang in there as long as you can ... _________________ "Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
Tres bon compte rendu que j'ai lu d'une traite malgre la fatigue qui me plombe actuellement. En général, les longs posts m'assomment par leur insipidité mais ici j'ai ris et presque us la larme a l'œil a la fin.
Citation:
Il me l’a tendue, cette petite main de Maître
He ben, tu as bien mérité ce privilège la sœur et je suis bien content pour oit, surtout jaloux , mais content quand même .
Bien jouée.
Citation:
s’est énergiquement levé, puis a suggéré qu’on fasse une photo
My man Spike. _________________ Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis.
AAWWWWW DAAAAAAMMNNNN J'ai vraiment raté.Merci MJ de nous faire partager ses moments. Juste pour info l'un des interviewer: celui qui faisait la traduction est un spécialiste en matière de Hip HOP et de l'oeuvre de Spike Lee. Dommage j'aurai bien voulu lui poser une question sur ses racines africaines car d'après ses tests ADN il serait peulh. Rien qu'à voir sa tête cela ne m'étonnerait pas. Yo the man Spike. Next stop Miracle à Santa Anna. La B.O est très intéressante.
PS: MJ Bravo pour la photo: _________________ "La seule richesse naturelle d'un pays est son peuple"
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Posté le: Sam 13 Sep 2008 18:56 Sujet du message:
Wossup les Bouilles !!
Pour les photos pas de souci ; je vous poste le plus publiable de ce que j'ai pris (en dehors de la mienne ; don't worry Gnata ) ; la qualité est pas spécialement façon Konica non plus mais certaines sont plus réussies que d'autres (Kainfri tu feras ton choix ; j'ai réduit la taille des photos )
Posté le: Sam 13 Sep 2008 19:24 Sujet du message: Re: Spike Lee, Retour de l’avant-1ère à Paris !!!
Maryjane a écrit:
Chose promise… nin nin nin tu sais déjà !
Dans la continuité de l’article de Grioo(au fait merci les gars vous avez déchiré – MAIS AU FAIT VOUS ETIEZ OU LA CE SOIR !!!!), je vous fait un… "petit" topo de l’avant première du dernier film de Spike Lee, à laquelle j’ai assisté ce soir. Je pouvais pas aller dormir sans mettre ça au propre pour vous ce soir alors allons-y gaiement.
Pour commencer les gars de la Cinémathèque avaient dit vrai, les réservations étaient complètes et semblent être parties assez vite (ouverture des réserv’ mercredi dernier à 15 h "gain de cause" après 7 mn de ballotages téléphoniques particulièrement éprouvants). Ils conseillaient d’être là au moins trois quart d’heures à l’avance, j’y étais 1 h 15 avant (ça va pas ou quoi) ;
SO :
18 h : retrait des billets
18 h 30 : accueil du public par un pot de bienvenue ; j’ai fait l’impasse sur les amuse-gueule et ce que j’ai supposé être du champagne (à peine senti coulé dans ma tuyauterie car bu d’un trait ; d’ailleurs ça m’a inanimé l’œsophage), obnubilée par l’ouverture de la porte et l’intention farouche de me trouver un emplacement des plus humainement possibles en salle.
18 h 40 : entrée en salle ; DIRECT AU PREMIER RANG (ah ouais mais attends…). La salle se remplit très lentement, on fait connaissance avec ses voisines de strapontins (ici une comédienne en herbe, là une étudiante en ciné et juste à côté une musicos particulièrement attachante) ; échanges super colorés, très plaisants et surtout CERVEAU.
19 h 00 : toujours pas de Spike (pas grave on se tape des bonnes barres en attendant) mais la foule - parmi laquelle on décompte malheureusement (mais pas bizarrement non plus) trop peu d’Afros - prend assurément place.
19 h 15 : Spike Lee arrive, ovations nourries (je passerai sur mon hystérie caractérisée, les palpitations et la crampe occasionnée par les crispations multiples de mon doigt sur le viseur photo de mon phone portable), démarche toujours aussi singulière, visage très fermé, évoquant presque une froideur mélangée à une pudeur et une méfiance évidentes. Le Brother te décoche de rares mais rassurants sourires pour atténuer (tu te dis "ouf, c’est bon, c’est pas un méprisant"), boit beaucoup d’eau, le regard oscillant toujours autant de droite à gauche quand il parle, ce mec est une étude faciale à lui tout seul. Spike se poste en retrait auprès du traducteur de la Cinémathèque pendant que le présentateur dresse son CV cinématographique, de "Nola Darling" à "He Got Game", en passant par "Macolm X" et son doc sur les sinistrés de l’ouragan Katrina, pour conclure sur "Miracle à Santa Anna".
Spike fait une brève intro sur son film, qu’il recommande au public – s’il aime – d’en parler alentour et lui faire une bonne audience à sa sortie, prévue le 8 octobre prochain.
19 h 35 : Le film débute.
"Miracle à Santa Anna", basé sur le livre "Buffalo Soldiers" de James Mc Bride, a pour toile de fond l’Italie, la 2ème Guerre Mondiale, la tête d’une statue de valeur dérobée, la contribution peu soulignée (et ici largement rétablie par Spike Lee) des Afros enrôlés dans cette guerre, et d’une légende faite autour d’un "Dormeur", dont l’esprit protégerait le village sur lequel il plane de tout fauteur de trouble extérieur.
Le film s’articule également autour de ce petit garçon que la guerre semble avoir rendu orphelin, mais dont la langue, qui faisait pratiquement barrage à tout échange, n’exclue pas le langage du cœur, qui ira au-delà des raisons motivées par cette guerre (tous camps confondus j’entends).
En regardant ce film, j’ai d’abord pensé qu’il s’agirait de ne parler que des soldats Afros-Americains durant la 2ème GM, et du traitement réservés aux Vétérans une fois revenus aux USA, dans le même genre qu’ "Indigènes" pour les Nord-Africains à leur retour en France après la guerre. Quelle erreur de jugement ce fut de ma part.
En regardant ce film, il m’a aussi fallu faire l’impasse sur le côté "Afro exclusif" que je me plais d'habitude à retrouver chez Spike, déjà parce qu’il s’agit ici de restituer l’Histoire, donc de trouver normal de retrouver Allemands, Américains, Italiens et Afro-Américains dans la même histoire relatant un même fait réel, sans qu’il faille s’en trouver choqué ou satisfait d’une quelconque innovation dans le paysage cinématographique où apparaîtraient "des Noirs", alors qu’ici il est démesurément normal de les voir car c’est tout simplement l’Histoire. Je n’ai donc pas vu "Santa Anna" comme un film Afro traitant du rôle des Noirs dans la 2ème GM, mais l’adaptation à l’écran d’un fait historique à travers lequel des Frères avaient aussi fait couler leur sang, et qu’il était donc logique – et non insolite ou novateur – de les voir en gros plan sur mon écran au même titre qu’un Allemand, qu’un Italien ou qu’un Blanc Américain.
L’histoire débute par l'assassinat en plein bureau de poste d’un simple client (Italien) par le guichetier du bureau (Afro-Américain), tous deux avancés en âge, et dont l’incident servira d’ouverture sur la genèse du conflit qui a mené ce guichetier sans histoire au meurtre, donc durant la Guerre, en Italie, alors que la troupe de soldats Afros dont il faisait partie, laissés en rade par leur supérieur Blanc, ont dû manœuvrer et assurer seuls la protection de tout un village.
Si ce film (que j’éviterai de raconter en bloc et que vous pourrez voir à partir du 08/10 prochain) vous parle, son site officiel ici.
Je dirai juste que la distribution est impeccable, le jeu de CHAQUE acteur irréprochable (mais vraiment), à commencer par ce petit garçon italien dont la fragilité laisse carrément muet (damn j’ai pas son nom), puis Michaël Ealy, que j’ai bien aimé dans ce rôle de petit con player à la lucidité épisodique. Arrive ensuite Omar Benson Miller dans le rôle de Sam Train, grand dadet simplet, long à la détente mais à la force incalculable et déployée sous la colère. Bien entendu quelques fidèles et nouvelles têtes récurrentes en brève apparition (les fans les plus avertis les reconnaîtront) ; John Turturro, John Leguizamo…, et un clin d’œil au (légèrement énervant )Laz Alonzo, dont le flegme à toute épreuve m’a particulièrement parlée…
La morale que je me fais de cette histoire (en dehors du fait évident de ne pas oublier ce que nos Aînés ont fait pour que nous soyons là aujourd’hui), c’est ceci :
Ce ne sont pas les convictions politiques et la hargne verbale avec laquelle on les défend qui font un homme, mais son degré d’humanité mise à l’épreuve une fois sur le terrain.
Tout ceci m’amenant à dire – non sans peur d’un quelconque retour de flamme après que vous l’ayez vu, qu’il ne s’agit pas là d’un grand Spike Lee, mais plus violemment d’un grand film, à mon sens et jusqu’à nouvel ordre le plus beau de sa carrière.
22 h 15 : fin de projection. Larmes à foison, émotion palpable, grasses ovations au générique de fin, surtout à l’apparition du nom de Derek Luke (dirigé par Denzel Washington dans "Antwone Fisher" et que je vous re-conseille amplement au passage) et du petit Italien.
Spike, légendairement tout en retenue, s’installe devant l’écran fraîchement refermé, accompagné du traducteur et de l’autre présentateur (sorry j’ai pas leur nom). Le Brother, qui pense nous avoir déjà suffisamment torturé le postérieur sur des sièges (3 h de sitting au passage ; 30 mn d’attente ; 2 h 40 de projection), espère faire court. Les questions ne seront pas posées par le public mais par l’orateur. Questions basiques en sommes ; psychologie des personnages ; dualités sur les positions des deux plus fortes personnalités du film – les soldats joués par Michaël Ealy et Derek Luke ; l’orateur a d’ailleurs demandé à Spike de quel côté se situaient ses convictions propres, par rapport aux deux personnages du film (l’un croyait au changement, l’autre non) ; Spike lui a répondu que bien qu’ayant son propre avis sur la question, son rôle était surtout de faire part d’autres points de vues que les siens. De comprendre que le rôle d’un réalisateur n’est pas systématiquement de donner son avis dans chacun de ses films, mais aussi d’en livrer d’autres et permettre au spectateur de se faire sa propre opinion tout en taisant la sienne (voir l’émeute et ses éléments déclencheurs dans "Do The Right Thing" par exemple ; certains verront une émeute raciale provoquées par un pizzaiolo trop pro-Italien et raciste de dernière minute dans un quartier 80 % Afro, d’autres verront des échauffourées de quartier provoquées par un fouteur de merde sous-pro-Black en mal de polémique un soir de canicule à Bed Stuy).
L’orateur soulignera également la séquence illustrant la jeune italienne courtisée par ces deux mêmes soldats, l’un fleur bleue respectueux (Derek Luke), l’autre indélicat et particulièrement rentre-dedans quant à la technique d’approche (Michael Ealy). Il demande à Spike Lee – un peu comme une question d’ordre racial (à mon avis), pourquoi l’Italienne, largement séduite par le "Good Guy", finit par céder et donner son corps au "Bad Guy" ? question à laquelle Spike, non sans humour, répond qu’il en est ainsi partout et qu’elle que soit la société ; priorité aux connards machos qui font mal et tant pis pour les gentils garçons trop sérieux qui prennent trop de temps ! (on peut pas dire plus vrai ; les femmes ont particulièrement apprécié, bien que ça ne leur redore en rien le blason n’est-ce pas ) ; type de pulsion ici décuplée par la période de guerre où personne ne sait s’il sera toujours en vie dans les 5 prochaines minutes et vit encore plus intensément les moments d’évasion, sexuelles ou pas (mais "surtout" on dira), et il a conclu par un "Let Good Guys a Chance !!" particulièrement jubilatoire qui a satisfait tout le monde .
Spike a également fait référence au cinéma Italien, dont certains cinéastes de renom tel que Fellini, avait – EUX aussi – souligné la participation Afro-Américaine de la 2ème GM dans leurs films, et s’en est aidé pour mener à bien son projet, ainsi que ses recherches faites à l’école de cinéma où il fit ses études.
La mini interview a duré une bonne vingtaine de minutes, à la suite de laquelle les spectateurs, pas en reste pour un sou, ont eu le privilège immense d’échanger avec Spike Lee, qui a pris soin de s’asseoir au bord de l’estrade pour accueillir et discuter avec le public en (presque) toute intimité.
C’était le moment ou jamais pour moi. J’avais l’opportunité inespérée et peut-être pour l’unique fois dans ma vie, non seulement de voir ce monument de près, mais aussi de lui dire tout le bien qu’il m’avait fait. Alors j’y suis allée. L’autographe d’abord. Pas de feuille volante ? pas grave. Le dos de mon chéquier fera l’affaire (attends ; rien d’autre en main j’allais m’acheter une ramette à Carrefour ? la vie est courte, GDI ). Puis j’ai parlé. Je lui ai dit merci pour son travail, qu’il était mon héros, que grâce à lui j’avais pris conscience de mes racines Africaines, et qu’en fonction de tout ça il fallait que je lui serre la main.
Il me l’a tendue, cette petite main de Maître, s’est énergiquement levé, puis a suggéré qu’on fasse une photo ensemble… CLICK.
… Je redescendrai pas de mon nuage. Ce soir fut un doux rêve. … Laissez-moi dormir encore un peu.
Sister,
Excellent compte-rendu.
J'attends le film qui sort ici dans une semaine.
J'ai revu "do the right thing" il y a 2 jours sur une chaine satelitte ici (USA).
Et j'ai eu une comprehension differente du film. je trouve son msg plus profond et je n'ai pas vu le cote tres axe "afro" comme tu le soulignes aussi.
Du coup je m'apercois que j'ai vu pas mal de film de spike en Francais ou en VO sous-titre. Et j'ai un doute: Spike Lee, c'est clair c'est mon realisateur prefere, mais il y a des msg qui m'on echappe car je n'avais pas la culture necessaire pour les voir.
J'ai promis de revoir des que je peux. Malcom X, Nora Darling, etc...
Maintenant que je suis plus impregne dans la societe americaine, je ne serais pas surpris d'avoir une comprehension differente.
En attendant, je vais voir aujourd'hui le dernier Tyler Perry sorti hier.
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Posté le: Sam 13 Sep 2008 19:34 Sujet du message:
Wossup Hormheb
Je n'ai vu qu'aujourd'hui que Spike s'était aussi rendu à la Fnac jeudi dernier pour présenter son film ; j'espère qu'il a eu plus d'Afros qu'à la Cinémathèque, surtout à Châtelet quoi... .
Concernant le côté "Afro exclusif" dont je parle, l'expression est peut-être un peu exagérée, mais par cette expression je voulais dire "film à distribution 95 % Afro, traitant de problèmes dans la communauté Afro-américaine"... sorry ... !
Concernant la filmographie ; je viens encore de me compléter ma collection cet après-midi en DVD ; j'ai pris :
- La 25ème Heure
- She Hate Me
- Malcolm X
J'ai en revanche vu un DVD zone 1 en rayon en VO non sous-titrée d'un film qu'il a fait en 2004 avec Anthony Mackie : "Sucker Free City", avant ou après "She Hate Me" ; quelqu'un en a entendu parler ????
Ne me manque plus que ce film-là (que j'ai pas pris faute de zone) et School Daze ...
Le DVD pour Malcolm est un pur caprice car je l'ai déjà en VHS, mais si ça parle à quelqu'un, je refile la VHS en VOST ça vous dit ou quoi ???
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Sam 13 Sep 2008 19:43 Sujet du message:
Hormheb ; si ça t'intéresse ; une étude du film "Do The Right Thing" faite par le CNDP (j'avais un autre lien sur une étude faite par des étudiants, je te recherche ça) :
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Sam 13 Sep 2008 19:50 Sujet du message:
Maryjane a écrit:
Hormheb ; si ça t'intéresse ; une étude du film "Do The Right Thing" faite par le CNDP (j'avais un autre lien sur une étude faite par des étudiants, je te recherche ça) :
Merci pour ce compte-rendu plein d'émotions, merci de nous avoir fait partager ce moment unique comme si nous y étions, à côté de toi
Euzhan était là aussi, ça fait plaisir de voir la diaspora unie et FORTE !
Je sens que tu as encore des étoiles plein les yeux, 10 jours après, profites-en bien !
Plita _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Pwochain' fwa Spike ka vin'n en Fwans, ORGANIZÉW é DESSAN'N SI PARIS !!!!!![/b]
Météo du jour : Mercredi 24 septembre 2008
PARIS : Mini = 10°C / Maxi = 18°C
FODFWANS' : Mini = 24°C / Maxi = 29°C
Mwen tala adan frédi'aw la ??? A-W-A !!! Pour Denzel Washington himself sèlman, et encore... _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Jeu 25 Sep 2008 09:27 Sujet du message:
Chabine a écrit:
Maryjane a écrit:
Pwochain' fwa Spike ka vin'n en Fwans, ORGANIZÉW é DESSAN'N SI PARIS !!!!!!
Météo du jour : Mercredi 24 septembre 2008
PARIS : Mini = 10°C / Maxi = 18°C
FODFWANS' : Mini = 24°C / Maxi = 29°C
Mwen tala adan frédi'aw la ??? A-W-A !!! Pour Denzel Washington himself sèlman, et encore...
DEZODIE !!!!!
Sinon il y a confusion concernant la date de sortie du film sur les écrans français ; on parlait d'abord de 8 octobre, ensuite de 1er, maintenant on parle de report au 22 c'est quoi le problème ???!!! _________________ Les Toiles de Maryjane
Dernière édition par Maryjane le Jeu 25 Sep 2008 09:41; édité 1 fois
Les premiers échos, de Deauville notamment, concernant le dernier film de Spike Lee auront eu vraisemblablement raison de Miracle a Santa Anna.
Initialement prévue sur le territoire français le 22 octobre, la sortie du film a été purement et simplement annulée. Aucune raison officielle n'a été donnée et on ne sait pas à l'heure actuelle si Miracle a Santa Anna atteindra les salles obscures d'ici la fin de l'année.
Tiré du roman éponyme de James McBride (qui a aussi écrit le scénario), l'histoire est celle d'un commando composé de 4 noirs américains, issus de la 92eme division, nommée « Buffalo Soldiers », composée uniquement de personnes de couleur. Pour les mélomanes, c'est aussi le nom d'une chanson connue de Bob Marley. Débutant par le geste mystérieux d'un employé de poste tuant son client, le film nous embarque dans la seconde guerre mondiale au coeur de préjugés raciaux. Séparés de leur groupe en protégeant un enfant Italien, nos 4 héros se retrouvent au coeur des lignes ennemies, accueillis par une famille Italienne faisant fi de la couleur peau.
On se demande pourquoi ou alors on dira qu'on connaît déjà la réponse ???
J'espère que c'est une "rumeur" mais vu ton post j'émets des doutes qui bizzarement ne m'étonne pas trop. Je sais que les autorités italiennes à l'époque avait essayé de destabiliser le tournage du film en prétendant que Spike Lee se détournait de la vérité. La question que je me pose et ce que le film sortira en Italie aussi. Pour la France, si cela est vrai ceux qui était à l'avant première devraient être les premiers à dénoncer cela tel que les réalisateurs de Indigènes et Rue Case Nègre. Certains distributeurs en France évite les films dit à "caractère ethnique". Dans ce cas là, il sagit de l'histoire du monde la 2ème guerre mondiale . J'attends toujours que THE GREAT DEBATERS avec Denzel sorte ici. Bref des films comme GET RICH or DIe hard Trying sortent facilement pour continuer à véhiculer une image négative des noirs mais quand il sagit de soldats ayant aidé à la libération du "monde libre ". Là il y a problème...... A suivre.... _________________ "La seule richesse naturelle d'un pays est son peuple"
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Jeu 25 Sep 2008 13:46 Sujet du message:
WILDCAT a écrit:
J'espère que c'est une "rumeur" mais vu ton post j'émets des doutes qui bizzarement ne m'étonne pas trop. Je sais que les autorités italiennes à l'époque avait essayé de destabiliser le tournage du film en prétendant que Spike Lee se détournait de la vérité. La question que je me pose et ce que le film sortira en Italie aussi. Pour la France, si cela est vrai ceux qui était à l'avant première devraient être les premiers à dénoncer cela tel que les réalisateurs de Indigènes et Rue Case Nègre. Certains distributeurs en France évite les films dit à "caractère ethnique". Dans ce cas là, il sagit de l'histoire du monde la 2ème guerre mondiale . J'attends toujours que THE GREAT DEBATERS avec Denzel sorte ici. Bref des films comme GET RICH or DIe hard Trying sortent facilement pour continuer à véhiculer une image négative des noirs mais quand il sagit de soldats ayant aidé à la libération du "monde libre ". Là il y a problème...... A suivre....
On est d'accord.
Sinon, de plus en plus suspect ; l'avant-première prévue à la FNAC de Marseille, le 29 septembre prochain, vient aussi d'être annulée.
Je préférerais entendre le son de cloche Spike Lee lui même. Au moins je saurais sur quel pied danser. _________________ Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis.
(...) Une fois de plus, il est sous le feu de la critique avec son nouveau film — Miracle à Santa Anna, avec John Turturro, John Leguizamo et Valentina Cervi — qui devait sortir sur les écrans français le 22 octobre prochain.
Devait... car en fait, après un accueil glacial au Festival de Toronto, suivi d'un accueil pôlaire au Festival de Deauville, la nouvelle oeuvre de Spike Lee est tout bonnement sortie des calendriers des sorties cinéma. (...)
Alors que dans un autre blog, un spectateur présent au Festival de Deauville, parle d'ovations faites au cinéaste à la fin du film (comme ce fut d'ailleurs aussi le cas à la Cinémathèque) :
(...) Pour Lee la salle s'est levée, comme un seul homme à l'exception d'une personne de renom Dominique Dessaigne. Perdu au milieu de la foule, le patron du groupe Lucien Barrière n'a pas bronché. Lee a remercié, dit être très touché. Peu de temps avant, il avait évoqué en conférence de presse sa visite au cimetière américain, son étonnement d'apprendre que nombre de soldats tués sur les plages de France étaient noirs. Lee est là pour Miracle à Santa Anna, un film truffé d'Allemands, nazis ou pas, d'Italiens, partisans ou pas, de GI's, essentiellement des afros-américains débarqués en Europe. Ayant combattus en Toscane dans l'indifférence quasi générale. Lee voulait saluer leur courage, rappeler leur dévouement à la bannière étoilée. Fortement concerné par les nouvelles élections Il s'est fait un devoir de mentionner son attachement à Obama. Lee est un combattant, un guerrier, sa présence sur les Planches claquait au vent de l'engagement à la mémoire de plus d'un millions de ses "frères" tombés pour défendre la démocratie, leur pays...
On va pas me dire qu'un film comme "Girl 6", qui a fait 3 personnes en salle du Lucernaire à Paris 6ème (l'une des seules à le diffuser dans la capitale), et dont le sérieux et la profondeur étaient 100 000 fois plus insignifiants que "Santa Anna" n'aurait pas tout autant valu le doute des sociétés de distributions en France ?
Une "merde" (ça vient de Kassovitz lui-même sur son propre film) comme "Babylon 5" a été un four international et a quand même trouvé preneur pour le projeter en salle ici ; et Santa Anna comme par hasard fait tant peur à TFM, qui juste à côté te projette des torchons façon "Randonnée à Saint Tropez" ou "Bankok Dangerous", qu'il préfère le garder au placard ??? ils ont pas trouvé mieux comme prétexte ??? A D'AUTRES !!!
(...) Alors que dans un autre blog, un spectateur présent au Festival de Deauville, parle d'ovations faites au cinéaste à la fin du film (comme ce fut d'ailleurs aussi le cas à la Cinémathèque) :
(...) Pour Lee la salle s'est levée, comme un seul homme à l'exception d'une personne de renom Dominique Dessaigne. Perdu au milieu de la foule, le patron du groupe Lucien Barrière n'a pas bronché. Lee a remercié, dit être très touché. Peu de temps avant, il avait évoqué en conférence de presse sa visite au cimetière américain, son étonnement d'apprendre que nombre de soldats tués sur les plages de France étaient noirs. Lee est là pour Miracle à Santa Anna, un film truffé d'Allemands, nazis ou pas, d'Italiens, partisans ou pas, de GI's, essentiellement des afros-américains débarqués en Europe. Ayant combattus en Toscane dans l'indifférence quasi générale. Lee voulait saluer leur courage, rappeler leur dévouement à la bannière étoilée. Fortement concerné par les nouvelles élections Il s'est fait un devoir de mentionner son attachement à Obama. Lee est un combattant, un guerrier, sa présence sur les Planches claquait au vent de l'engagement à la mémoire de plus d'un millions de ses "frères" tombés pour défendre la démocratie, leur pays...
Je comprends mieux la présence d' Euzhan Palcy lors de l'avant-première, à la Cinémathèque, ils ont du parler de son superbe documentaire réalisé il y a 2 ans, "Mémoire de dissidents", sur le même thème (l'engagement des antillais lors de la 2nde Guerre Mondiale). Des vérités historiques qu'il ne plait pas à tout le monde de rappeler, manifestement...
Maryjane a écrit:
On va pas me dire qu'un film comme "Girl 6", qui a fait 3 personnes en salle du Lucernaire à Paris 6ème (l'une des seules à le diffuser dans la capitale), et dont le sérieux et la profondeur étaient 100 000 fois plus insignifiants que "Santa Anna" n'aurait pas tout autant valu le doute des sociétés de distributions en France ?
Une "merde" (ça vient de Kassovitz lui-même sur son propre film) comme "Babylon 5" a été un four international et a quand même trouvé preneur pour le projeter en salle ici ; et Santa Anna comme par hasard fait tant peur à TFM, qui juste à côté te projette des torchons façon "Randonnée à Saint Tropez" ou "Bankok Dangerous", qu'il préfère le garder au placard ??? ils ont pas trouvé mieux comme prétexte ??? A D'AUTRES !!!
La seule raison de cette CENSURE est idéologique, rien à voir avec l'économie D'ailleurs, pendant mes vacances aux US, j'ai pu constater à quel point nous étions à la rue, dans le système français, nous ne connaissons vraiment qu'une minorité de ce qui sort là-bas comme films.
A nous de nous organiser pour gérer ça entre nous (festivals indépendants, par exemple), on n'est jamais si bien servis que par soi-même. Arrêtons de pleurnicher parce que Papa Bwana ne nous donne pas le modèle de sucette qui nous plait, annou ay' chéchè'y franchtement ! _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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Posté le: Lun 29 Sep 2008 11:22 Sujet du message:
Ok je reviens d'un mini surf sur le Net, c'est à peu près ce à quoi je m'attendais ; le film a été - comme la plupart des films de Spike Lee - descendu par la critique, et n'a fait que 3,5 millions de dollars pour un budget de 45 millions en première semaine.
Un semblant d'éclaircissement sur le report de date de sortie :
Décidément, la date de sortie de Miracle à Santa-Anna ne cesse d'être repoussée.
Après la date du 1er octobre puis son décalage de trois semaines qui ramenait sa sortie au 22 octobre, Miracle à Santa-Anna ne bénéficie même plus, aujourd'hui, d'une date provisoire.
Les projections de presse ont en effet été annulées sans explication mais les plus curieux ont pu entendre que, suite à la projection de son film à la Cinémathèque Française le 12 septembre dernier (séance durant laquelle le réalisateur de Inside man était présent et a discuté avec le public), Spike Lee a été insatisfait du montage de son dernier film sur lequel il désirerait retravailler. Alors, trop long Miracle à Santa-Anna (2h36) ou trop court (le film est très elliptique)? On ne sait pas mais ce qui est sûr c'est sa sortie est retardée jusqu'à une durée indéterminée.
Un aperçu de la mise à mort journalistique du film :
Le plus dommage est qu'il n'est même pas permis aux spectateurs de se faire leur PROPRE idée sur le film. En annulant sa sortie, c'est carrément dispenser le spectateur de vérifier par lui-même, pour une simple question de "rentabilité" (enfin ; officiellement ).
La seule fois où j'ai vu la presse unanime concernant Lee, c'était pour "Nola Darlin" et "Inside Man", les deux seuls que j'ai pas aimés.
Si on avait tenu compte de l'accueil d'un film comme "Mo Better Blues" (à ce jour le pire flop commercial du cinéaste), on n'aurait pas remarqué que c'était l'un de ses plus beaux.
Spike paie cher de ne faire que REVENDIQUER ; les contestataires à la gueule insoudable ça fatigue les bien-pensants, on ne les écoute plus. Pire s'ils doivent être contestataires ET Afros.
A la manière d'un Oliver Stone qui gratte trop les morpions de l'Amérique, Spike parle trop "Afro".
Du coup, ça n'intéresse plus personne (et puis réfléchir ça fait mal aux orifices les plus enfouis).
Pas grave. Vous vous ferez votre propre opinion plus tard. _________________ Les Toiles de Maryjane
Décidément, je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi Grioo ne crée pas une rubrique CINEMA au lieu de créer une rubrique LITTERATURE ETRANGERE qui, apparemment, ne semble pas attirer les foules. _________________ Andu, saa andi, andinn !
Inscrit le: 09 Fév 2005 Messages: 122 Localisation: Somewhere over the rainbow
Posté le: Mer 04 Mar 2009 10:36 Sujet du message:
Le Fespaco qui fête en ce moment à Ouaga ses 40 années d'existence et sa 21ème édition aurait été une merveilleuse occasion de lancer cette rubrique CINEMA.
Vous en pensez quoi, Chers Modérateurs et Chères Modératrices ?
Si tant est que vous y pensez de temps en temps... _________________ Andu, saa andi, andinn !
Décidément, je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi Grioo ne crée pas une rubrique CINEMA au lieu de créer une rubrique LITTERATURE ETRANGERE qui, apparemment, ne semble pas attirer les foules.
Ben... ... Bahia ...
"Culture et Arts"... le cinéma est dedans... c'est de l'art... _________________ Les Toiles de Maryjane
Inscrit le: 20 Oct 2007 Messages: 132 Localisation: Emerald City in OZ
Posté le: Jeu 05 Mar 2009 23:18 Sujet du message:
Je ne comprends pas pourquoi on censurerait ce film qu'est-ce qu'il y avait donc à cacher au grand public . Il s'agit d'un film traitant d'un bataillon de soldats noirs américains détachés en Toscane durant la 2de guerre mondiale , est-ce un scoop ? Qu'est-ce qu'on aurait du ne jamais montrer au cinéma comme si c'était l'avenir d'une civilisation qui était en jeu ? A la rigueur si SPIKE LEE avait fait un film historique sur RAMSES II incarné par un nègre ( idem pour tous les égyptiens ) j'aurai compris qu'on faille tout ce qui est possible pour censurer un tel film n'allant pas du tout dans le sens de l'idéologie dominante mais là un film sur des soldats noirs durant la 2de guerre mondiale je ne sais pas ce qu'il y a de révolutionnaire d'un point de vue historique , les Tirailleurs Sénégalais ne sont pas sortis de mon imagination .
Anyway MIRACLE A SANTA ANNA est un chef-d'oeuvre du film de guerre qui m'a fait un peu rappeler le cultissime IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN du génialissime SPIELBERG sauf qu'évidemment SPIKE LEE n'a pas la meme prouesse technique / artistique d'un STEVEN SPIELBERG et que TERENCE BLANCHARD n'est pas JOHN WILLIAMS ( très important pour moi la musique dans un film ) et qu'il n'y pas l'équivalent d'un génie comme TOM HANKS .
Cela dit 3 acteurs exceptionnels dans ce film m'ont particulièrement marqué : le petit italien MATTEO SCIABORDI aka ANGELO , OMAR BENSON MILLER aka SAM TRAIN aka EL GIGANTE DEL CHOCOLATTO aka L'HOMME ENDORMI et LAZ ALONSO aka HECTOR NEGRON .
Le scénario est original et très bien ficelé : cette amitié unique entre un petit européen et un géant noir durant la 2de guerre mondiale et à la fin du film où nous sommes dans les 80's a lieu cette rencontre exceptionnelle entre ce petit européen qui depuis a grandi et l'ami du géant noir . Et évidemment comme dans la plupart des films de SPIKE LEE ce thème qui revient toujours le racisme : d'une part aux USA où dans le sud ségrégationniste , on ne souhaite meme pas la présence dans les restos et bars de soldats noirs qui se battent pourtant pour la patrie et d'autre part sur le front où les soldats noirs américains ont leur propre bataillon à part parce qu'ils seraient moins performants que les soldats blancs américains . A part ça les scènes d'action sont à la hauteur d'un classique de film de guerre .
MIRACLE A SANTA ANNA est l'un des meilleurs SPIKE LEE et je suis sur qu'il aurait fait un carton planétaire au box-office s'il aurait bénéficié d'une plus large distribution ( d'autant plus que c'était dans leurs intérets ) . Je me suis rarement régalé en regardant un film sur la 2de guerre mondiale car bien que le sujet est dramatique ( la barbarie des nazis n'ayant pas d'équivalent ) , SPIKE LEE arrive malgré tout à nous faire rire tout le long du film ( en meme temps c'est sa marque de fabrique cette façon de prendre les sujets les plus sérieux à la légère ) . _________________ " Les anciennes victimes reproduisent souvent ce qu'elles ont vécu . Elles peuvent devenir des bourreaux et , en peuples émancipés , opprimer leurs minorités . "
Qui décide du choix du distributeur? Ne serait-ce pas le moment que les Djamel, Bouchareb, Euzhan Palcy et toutes les personnes influentes dans le milieu du cinéma réfléchissent à creer leur propre boîte de distribution? A mpoins que le Lobby UGC, MK2, Pathé bloque certains films? Pourquoi "the Great Debaters" n'est toujours pas sorti en France film sorti en 2007? _________________ "La seule richesse naturelle d'un pays est son peuple"
je crois que le film n'a rapporté "que" 7 millions de dollars aux USA, là où l'autre réalisateur afro (j'oublie son nom) en a rapporté 41 le premier et 15 le second
=> outre les polémiques on ne peut donc pas totalement exclure la dimension économique
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Ven 06 Mar 2009 09:23 Sujet du message:
Kareem Said a écrit:
Je ne comprends pas pourquoi on censurerait ce film qu'est-ce qu'il y avait donc à cacher au grand public . Il s'agit d'un film traitant d'un bataillon de soldats noirs américains détachés en Toscane durant la 2de guerre mondiale , est-ce un scoop ? Qu'est-ce qu'on aurait du ne jamais montrer au cinéma comme si c'était l'avenir d'une civilisation qui était en jeu ? A la rigueur si SPIKE LEE avait fait un film historique sur RAMSES II incarné par un nègre ( idem pour tous les égyptiens ) j'aurai compris qu'on faille tout ce qui est possible pour censurer un tel film n'allant pas du tout dans le sens de l'idéologie dominante mais là un film sur des soldats noirs durant la 2de guerre mondiale je ne sais pas ce qu'il y a de révolutionnaire d'un point de vue historique , les Tirailleurs Sénégalais ne sont pas sortis de mon imagination .
Anyway MIRACLE A SANTA ANNA est un chef-d'oeuvre du film de guerre qui m'a fait un peu rappeler le cultissime IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN du génialissime SPIELBERG sauf qu'évidemment SPIKE LEE n'a pas la meme prouesse technique / artistique d'un STEVEN SPIELBERG et que TERENCE BLANCHARD n'est pas JOHN WILLIAMS ( très important pour moi la musique dans un film ) et qu'il n'y pas l'équivalent d'un génie comme TOM HANKS .
Cela dit 3 acteurs exceptionnels dans ce film m'ont particulièrement marqué : le petit italien MATTEO SCIABORDI aka ANGELO , OMAR BENSON MILLER aka SAM TRAIN aka EL GIGANTE DEL CHOCOLATTO aka L'HOMME ENDORMI et LAZ ALONSO aka HECTOR NEGRON .
Le scénario est original et très bien ficelé : cette amitié unique entre un petit européen et un géant noir durant la 2de guerre mondiale et à la fin du film où nous sommes dans les 80's a lieu cette rencontre exceptionnelle entre ce petit européen qui depuis a grandi et l'ami du géant noir . Et évidemment comme dans la plupart des films de SPIKE LEE ce thème qui revient toujours le racisme : d'une part aux USA où dans le sud ségrégationniste , on ne souhaite meme pas la présence dans les restos et bars de soldats noirs qui se battent pourtant pour la patrie et d'autre part sur le front où les soldats noirs américains ont leur propre bataillon à part parce qu'ils seraient moins performants que les soldats blancs américains . A part ça les scènes d'action sont à la hauteur d'un classique de film de guerre .
MIRACLE A SANTA ANNA est l'un des meilleurs SPIKE LEE et je suis sur qu'il aurait fait un carton planétaire au box-office s'il aurait bénéficié d'une plus large distribution ( d'autant plus que c'était dans leurs intérets ) . Je me suis rarement régalé en regardant un film sur la 2de guerre mondiale car bien que le sujet est dramatique ( la barbarie des nazis n'ayant pas d'équivalent ) , SPIKE LEE arrive malgré tout à nous faire rire tout le long du film ( en meme temps c'est sa marque de fabrique cette façon de prendre les sujets les plus sérieux à la légère ) .
DAMN... Je vais bien dormir ce soir
Citation:
MIRACLE A SANTA ANNA est l'un des meilleurs SPIKE LEE et je suis sur qu'il aurait fait un carton planétaire au box-office s'il aurait bénéficié d'une plus large distribution
Naaah... les films de Spike ne marchent pratiquement jamais... A part Malcolm X et son succès de l'époque sûrement dû à la promo super violente de Spike lui-même (le gars avait demandé à tous les Afros de ne pas aller bosser ni aller à l'école pour aller voir son film le jour de sa sortie ; ça avait été mal vu krr krr krrr ), Spike est trop souterrain pour le cinéma grand public.
Combien même "Santa Anna" aurait été normalement projeté qu'on l'aurait étiqueté "prétentieux". Les critiques en cyanure de ce genre envers un mec comme Spike Lee quoi qu'il fasse, je les capte à 300 000 km. _________________ Les Toiles de Maryjane
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Ven 06 Mar 2009 09:32 Sujet du message:
Kainfri a écrit:
Kareem,
je crois que le film n'a rapporté "que" 7 millions de dollars aux USA, là où l'autre réalisateur afro (j'oublie son nom) en a rapporté 41 le premier et 15 le second
=> outre les polémiques on ne peut donc pas totalement exclure la dimension économique
Il y a effectivement belle lurette que la créativité ne prime plus sur la rentabilité dans ce monde. A t-elle d'ailleurs jamais primé.
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