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Alain MABANCKOU: ITW sur Black Bazar et les noirs
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GrandKrao
Bon posteur


Inscrit le: 17 Fév 2005
Messages: 889

MessagePosté le: Dim 11 Jan 2009 00:58    Sujet du message: Alain MABANCKOU: ITW sur Black Bazar et les noirs Répondre en citant

Je me suis souvent méfié de ces noirs écrivains qui sont mis en lumière par les médias en France depuis l'apparition médiatique de Monsieur Kelman, à tort probablement! Mais Kelman dans ses interviews un peu moins dans son "Opus"( je suis noir, et je n'aime pas le manioc) , me rappelait "le bon Nègre" des films se situant dans les époques esclavagistes, et donc que je zappais des que j'envoyais un dans une émission culturelle! C'est pas bien les préjugées!!!!

Voilà que je tombe sur cet interview d'Alain Mabanckou, qui parle de son livre récemment sorti: l'objet du livre est le "racisme" entre noirs, chose assez répandu, mais dont certains "esprits" médiatiques ont tôt fait de gommer pour généraliser en bien ou en mal sur les noirs!
Je partage la quasi totalité des réponses aux questions, mais je vais acheter son livre et me renseigner un peu plus sur Monsieur Mabanckou afin de cerner mieux l'écrivain qu'il est et ses pensées!

Lisez et faites vous votre avis!


Citation:



Dans «Black Bazar», du Congolais Alain Mabanckou (dont le prologue est à découvrir ici) on se blanchit la peau, on s'empaille sur la dette coloniale et on se balance les pires clichés sur les Noirs. A roman comique, questions sérieuses. L'écrivain répond


Hermance Triay

Né en 1966 au Congo-Brazzaville, Alain Mabanckou enseigne la littérature francophone à la UCLA, en Californie. Prix Renaudot en 2006 pour "Mémoires de porc-épic", il est notamment l'auteur de "Verre cassé", "African psycho" et "Lettre à Jimmy".

Pour l'humour noir, en ce début d'année, prière de s'adresser à Alain Mabanckou: son «Black Bazar» risque de faire grincer quelques dents. N'espérez ni une attaque frontale contre le grand Satan occidental, ni une défense bien-pensante des minorités. L'auteur de «Mémoires de porc-épic» reste fidèle à son credo: «Il n'est pas de pire personnage que celui qui joue le rôle dans lequel on l'attend.»

Son nouveau roman met en scène un jeune Congolais plaqué par sa femme, et qui doit à son intérêt pour la «face B» des filles son surnom de «fessologue». Fervent adepte de la SAPE («Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes»), il ne jure que «vestes en lin d'Emmanuel Ungaro» ou «costume Yves Saint-Laurent vert bouteille». C'est l'antiracisme sauvé par la haute-couture: l'habit fait le moine, pas la couleur de peau. Et le refus de l'essentialisme tient chez lui en une phrase: «Dis-moi comment tu noues ta cravate, je te dirai qui tu es.»

A l'arrière-plan s'anime cependant l'univers des immigrés africains qui, à Paris, vendent du poisson salé à la sauvette, se ruinent en «produits à dénégrifier», courent après les filles fraîchement débarquées du pays, et vivent à cinq dans un petit studio - «comme des rats, mais pas de la même famille». A travers leurs conversations de comptoir, entre rigolade, tendresse et détresse, «Black Bazar» instruit, avec ses avocats et ses procureurs, rien moins que le procès de la colonisation.

G.L.

Le Nouvel Observateur. - «Black Bazar» est une plongée dans «la négraille parisienne», comme disent vos personnages. Mais vous montrez surtout leur diversité, sinon leurs divisions... Pourquoi insister sur cet aspect? S'agissait-il de montrer, comme vous l'avez écrit ailleurs, que «la communauté noire de France est une illusion»?

Alain Mabanckou. - C'est vrai que c'est un regard que je porte sur la «négraille» - le mot est d'ailleurs emprunté à Aimé Césaire dans le «Cahier d'un retour au pays natal». Or, comment regarder cette population noire sans prendre en compte les préjugés, les peurs, voire ce qui demeure encore dans l'inconscience du monde blanc? Le Noir n'a-t-il pas fourni inconsciemment au Blanc le fagot de préjugés qui expliquent de nos jours sa «condition»? A ces questions, on pourrait en rajouter une autre, souvent absente des débats: qu'en est-il du «racisme» entre personnes de même couleur? Les réponses peuvent être surprenantes quand on se rappelle que les Noirs de France ne sont pas «homogènes», puisqu'ils ne sont pas tous arrivés sur le territoire français, à l'inverse des Noirs américains aux Etats-Unis, dans les mêmes circonstances. D'où les divergences et les oppositions dans la perception de faits historiques comme l'esclavage ou la colonisation. Dans ce roman, j'ai choisi d'aborder les choses sous l'angle de l'éclat de rire et de l'expérience des personnages. Mais la fiction est souvent proche de notre réalité.

Black-France.jpg

N.O. - L'historien Pap Ndiaye, lui, parle plus volontiers d'une «condition noire» qui se constitue en «minorité» sous l'effet d'une expérience sociale (1). Pour lui, «On est noir dans le regard des autres». Partagez-vous cette analyse?

A. Mabanckou. - Nous avons discuté de cette question avec Pap Ndiaye en décembre dernier, à Bamako - il visitait pour la première fois l'Afrique. Son livre sur la condition noire en France est riche et complète les études menées depuis fort longtemps aux Etats-Unis, je pense notamment à «Black France» de Dominic Thomas. Il est illusoire de parler de «communauté noire de France». L'erreur la plus grave consiste à faire le parallélisme avec les Etats-Unis alors même qu'en France nous comptons des Noirs de différents horizons. Songeons par exemple qu'il existe certains Antillais qui ne se reconnaissent pas comme Africains en dépit de la vérité historique; d'autres reprochent aux chefs de tribus africaines de les avoir vendus pendant la traite négrière. On trouve aussi des Africains qui alimentent un mépris contre leurs «frères des îles» au motif que ceux-ci s'estiment supérieurs, proches du Blanc - ce que Frantz Fanon évoque dans «Peau noire, masques blancs».

Entre les Africains eux-mêmes on peut également distinguer des nuances dont l'importance n'est pas négligeable: les Noirs de l'Afrique de l'Ouest n'ont pas la même culture que ceux de l'Afrique centrale. A l'intérieur de ces espaces géographiques du continent noir, d'autres subtilités viennent déjouer toute analyse hâtive et péremptoire. Dans ces conditions comment parlerait-on de communauté ou de minorité noire de France?

fanon-peau-noire.jpg

Je partage les analyses de Pap Ndiaye. On ne peut fonder l'existence d'une communauté sur le fait exclusif d'être noir mais plutôt sur l'expérience commune, et cette expérience est le résultat de la somme des injustices ou des inégalités subies à cause de la couleur de la peau. Il s'agit donc de reconnaître que le Noir de France est un Français à part entière et non entièrement à part. C'est ainsi que je saisis d'ailleurs les propos de Claude-Lévi Strauss lorsqu'il évoque la question de la diversité des cultures et souligne, en conclusion de «Race et histoire»: « Il faut donc écouter le blé qui lève, encourager les potentialités secrètes, éveiller toutes les vocations à vivre ensemble que l'histoire tient en réserve...»

N.O. - Plus largement, votre roman met donc à mal le mythe d'une Afrique unie, celui de «la terre de l'entraide» et du «continent de la solidarité». Ne craignez-vous pas de renouer avec une vision coloniale, celle de tribus incapables de s'entendre?

A. Mabanckou. - Si le colon avait eu une vision nuancée de l'Afrique, peut-être aurions-nous fait l'économie de la situation calamiteuse dans laquelle se retrouvent aujourd'hui la plupart des pays du continent noir. Certains mythes ont été importés ou fabriqués de toute pièce depuis l'Europe. Plusieurs conflits en Afrique ont des mobiles lointains liés à «la mythologie», aux «origines» ou à la prédestination: tel peuple serait plus noble que tel autre; telle ethnie serait plus apte à commander que telle autre. On ne peut pas généraliser en déclarant que l'Afrique a le monopole de la solidarité ou de l'entraide. Une telle généralisation produit des conséquences immédiates: tel peuple est plus solidaire que tel autre, telle tribu est plus a plus vocation à l'entraide que telle autre. On devine la joie des uns et la frustration des autres.

mabanckou1.jpg
©Hermance Tryai
Alain Mabanckou

N.O. - La question du racisme, centrale dans «Black Bazar», s'y pose surtout ici entre les Noirs eux-mêmes. Tous sont obsédés par la couleur de leur peau, et le personnage qui reprend les pires clichés sur les Africains est un Antillais. Ce n'est pas très politiquement correct... mais vous n'exagérez pas un peu?

A. Mabanckou. - Je ne pense rien exagérer. Franz Fanon était allé plus loin dans son analyse des rapports entre le Blanc et le Noir, et surtout entre le Noir et le Noir. Le racisme serait alors une situation dans laquelle «le Noir s'enferme dans sa noirceur» et «le Blanc s'enferme dans sa blancheur». Le politiquement correct a longtemps étouffé les débats de fond. A ce jour, tout ce que le Noir sait du Noir lui a été dit et appris par le Blanc. Il existe donc encore des Noirs qui croient que leur couleur est synonyme de malédiction, la fameuse malédiction de Cham qui se serait abattue sur tout un peuple désormais frappé de noirceur, et condamné à se coltiner un sexe surdimensionné. Il n'est pas surprenant d'entendre un Noir reprendre sur un autre Noir les clichés qu'on croirait sorti de la bouche d'un raciste blanc. Les séquelles de la colonisation? Peut-être. Mais cela peut provenir d'une expérience personnelle ou d'une conception du monde centrée sur la haine et l'exclusion de l'autre. Ce qui m'intéressait, entre autres, dans ce roman c'était d'aller au cœur de la haine qui existe entre des individus de même couleur et de voir comment l'idéologie ambiante, l'accumulation des mythes peuvent changer un homme ordinaire en un personnage plus qu'exécrable.

N.O. - Il est question dans «Black Bazar» du trafic de «produits à dénégrifier» et des «sommes faramineuses» dépensées par de nombreux immigrés pour «se blanchir la peau». Comment analysez-vous ce phénomène? La revendication de la «négritude» appartient-elle au passé?

A. Mabanckou. - La négritude dépasse le cadre de la race - on sait que ce mouvement a bénéficié du soutien de grands intellectuels français, comme Théodore Monod, Michel Leiris ou Jean-Paul Sartre qui, sans doute, fut celui qui avait le mieux cerné cette notion de négritude dans «Orphée Noir», sa préface à l'anthologie de poésie africaine publiée alors par Senghor. Mais en effet, être noir peut dans certains cas «indisposer» certains Noirs. Dans les îles, par exemple, il y a d'un côté le «chabin», plus clair, mieux vu; et de l'autre le «nègre-congo» qui, aux yeux de beaucoup, rappelle la barbarie, le cœur des ténèbres, j'allais dire le continent noir...

Langston-Hughes.JPG

Les produits à «dénégrifier» se vendent encore de nos jours en plein cœur de Paris et dans les principales capitales africaines: Dakar, Kinshasa, Brazzaville, Lagos, Yaoundé... Senghor avait-il eu tort de vanter la beauté de la femme noire? Probablement qu'à cette période ces produits n'étaient pas répandus. Mais les hommes aussi se blanchissent la peau. J'y vois le refus de s'accepter tel qu'on est, et l'idée que le destin du Noir serait de se rapprocher de la couleur la plus proche possible du blanc, alors même que le poète noir américain Langston Hughes, un des inspirateurs des chantres du mouvement de la négritude, proclamait dans «le Blues du désespoir» sa fierté d'être noir. Il rappelait que lui aussi chantait l'Amérique, avant de conclure face à «l'Amérique blanche»: «De plus, ils verront comme je suis beau / Et ils auront honte...»

N.O. - D'ailleurs, quelle est votre position sur l'usage du mot «nègre»? Le racisme est aussi un phénomène linguistique: un essai récent démontre que la colonisation repose sur un «empire du langage» qui marque durablement les consciences (2). Or votre narrateur refuse, pour sa part, une épuration politiquement correcte de la langue française. Et vous, qui êtes écrivain?

Lempire.du.langage.jpg

A. Mabanckou. - L'usage du mot «nègre» ne m'a jamais posé de problème. Un de mes livres s'appelle: «Les Petits-fils nègres de Vercingétorix»... C'est parfois amusant de voir les expressions de «couleur noire»: marché noir, idées noires, bête noire... Remarquez, passer une nuit blanche n'est pas non plus quelque chose à souhaiter. De même, que dirait-on d'un blanc-bec? Au fond je me suis tout simplement amusé sur cette question linguistique, parce que je sais que le seul pouvoir que je puisse revendiquer, c'est celui des mots, celui de la langue.

N.O. - On peut lire votre roman comme un procès de la colonisation et de ses effets, avec ses procureurs et ses avocats. L'un de vos personnages cite constamment cette phrase de Césaire: «L'Occident nous a trop longtemps gavés de mensonges et gonflés de pestilences». Où vous situez-vous dans le débat sur son éventuel «rôle positif», sur le «sanglot de l'homme blanc» et le «devoir de repentance»?

A. Mabanckou. - La colonisation est avant tout un système fondé sur le viol de la culture d'un peuple, qui se retrouve du jour au lendemain dominé par une puissance étrangère et conquérante. Quels que soient les arguments qu'on peut avancer pour la justifier, force est de constater qu'elle laisse des séquelles durables. Les populations de l'ancien Congo-belge ont connu des massacres décriés par les intellectuels européens les plus influents - je pense à André Gide ou à Théodore Monod. Je suis pour un enseignement objectif de cette période de l'histoire, sans l'enjoliver. Pour l'heure, j'ai le sentiment que les colonisés n'ont pas encore abondamment écrit leur version de ce fait historique. Je regrette toujours l'angle sous lequel ce sujet est abordé et je me demande sans cesse pourquoi «le Discours sur le colonialisme» de Césaire avait été aussi vite retiré des programmes scolaires en France [inscrit en 1994 pour une durée de deux ans, il avait été retiré dès 1995, NdlR]. Comme si ceux qui l'avaient programmé ne l'avaient lu qu'après une multitude de lettres d'indignation!

Sanglot-homme-blanc.jpg

La question de la repentance - ce que Pascal Bruckner qualifie de «sanglot de l'homme blanc» - brouille les pistes puisqu'il s'agit de rassurer le colonisateur quant à son «humanisme», à sa bonté, au travail qu'il aurait honnêtement exécuté malgré quelques bavures d'une poignée d'administrateurs. C'est oublier que l'Afrique n'était pas un «désert des Tartares» avant la colonisation, qu'elle comptait des royautés qui n'avaient rien à envier à celles de l'Occident, des systèmes politiques structurés. Coloniser c'est forcément affirmer qu'une civilisation est supérieure à une autre.

N.O. - Vous évoquez aussi les conditions assez misérables dans lesquelles vivent de nombreux immigrés à Paris. Vous-même êtes arrivé en France en 1989. Quelle évolution percevez-vous?

A. Mabanckou. - En quelques années nous avons assisté à un changement considérable dans la conscience de l'ancien colonisé, ce que souligne d'ailleurs Albert Memmi dans son «Portrait du décolonisé»: l'immigré réclame de plus en plus sa place dans la société française parce qu'il est conscient que lui aussi «chante la France», pour parodier Langston Hughes. La question de la «visibilité» de l'immigré est donc un des enjeux de toute politique ou revendication. Parallèlement, les règles sur l'immigration se sont durcies, aussi bien en France que dans toute l'Europe, comme si l'immigré était par principe un délinquant, voire un criminel. Les années 1980 peuvent être de ce fait vues comme celles de la «chasse aux immigrés», avec la montée des partis politiques extrémistes et la fin de cette utopie qui consistait à croire que la gauche défendait forcément ces «damnés de la Terre».
Certains clichés perdurent, et je les reprends souvent dans mon livre: les odeurs dans les immeubles, la polygamie prétendue des Africains etc. On note tout de même un besoin de faire bouger les choses et l'émergence de quelques associations de défense des «minorités», comme le CRAN. Une chose est certaine: l'immigré demeure toujours exclu du paysage politique et médiatique en tant qu'acteur.

N.O. - Depuis 2001, vous enseignez aux Etats-Unis. Quelle distinction faites-vous entre la situation des Noirs de France et celle des Afro-Américains?

A. Mabanckou. - La distinction est toujours délicate à opérer puisqu'ils n'ont pas la même histoire. Pourtant je constate que la condition du Noir américain est politiquement plus consolidée que celle du Noir de France. Le Noir de France est un «homme invisible», pour reprendre le titre du roman de Ralph Ellison. Le Noir des Etats-Unis, à travers ses leaders et le cours de l'Histoire, a imposé à l'Amérique sa présence. Ça n'a pas été pas une promenade de santé, si on se rappelle que, dans les années 1960, plusieurs des défenseurs des droits civiques, blancs ou noirs, ont été assassinés: John Fitzgerald Kennedy, Malcolm X, Martin Luther King... Je ne dis pas que la situation du Noir américain est désormais «normalisée». Il demeure quelques couacs.
Obama-de-la-race-en-Amerique.jpg

L'idéal serait d'arriver à un stade où l'Amérique n'aurait plus besoin des lois sur la discrimination positive et considérerait le Noir comme un citoyen ordinaire: pas comme un individu «sous tutelle», donc éternellement assisté par les lois. En France, un tabou mine cette question: on ne peut quantifier la présence noire sur le sol français à cause des principes constitutionnels. Or certains principes, avec le temps, sont dévoyés, détournés. Nous sommes plutôt dans une période de balbutiements sur la condition noire en France...

N.O. - Que change l'élection d'Obama?

A. Mabanckou. - Les Américains ont élu un président américain et non un président de tous les Noirs de la terre! On nous présente cette élection comme une victoire sur les injustices fondées sur la race, et nous gommons le parcours individuel de Barack Obama. C'est l'image que nous avons de l'Amérique qui va changer.

N.O. - Croyez-vous possible, en France, l'élection d'un chef d'état «de couleur»?

A. Mabanckou. - Tout est possible. C'est comme l'œuf de Christophe Colomb, il suffit d'y penser. La stature d'un «présidentiable» ne se mesure pas par la couleur de sa peau, mais par son itinéraire personnel et sa vocation à souffler un vent d'espoir. Si les Français sont en face d'un être qui réunit ces conditions, je suis persuadé que sa couleur sera une question subsidiaire, et qu'aucun parti politique ne pourrait barrer la voie à un tel candidat, quel que soit le poids de ce parti.

N.O. - Avec Michel Le Bris, Jean Rouaud et de nombreux autres écrivains, vous aviez défendu au printemps 2007 l'avènement d'une «littérature-monde». Les prix décernés cet automne doivent vous réjouir: non seulement le Goncourt a récompensé un Afghan, Atiq Rahimi, le Renaudot un Guinéen, Tierno Monenembo, mais en décernant le Nobel à Le Clézio, un Franco-Mauricien, l'Académie suédoise a déclaré qu'elle couronnait «l'explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante»...

Les-petits-fils-negres_0.jpg

A. Mabanckou. - En 2006 déjà nous avions eu un cas de figure plus vaste, avec quatre des grands prix d'automne attribués à des écrivains venus d'ailleurs: l'Amérique [Jonathan Littell], le Canada [Nancy Huston], le Cameroun [Léonora Miano] et le Congo [Alain Mabanckou]. Les prix décernés en 2008 confirment la vitalité actuelle des lettres d'expression française. Pour Le Clézio, il était normal que l'un des plus importants écrivains de nos lettres -avec Modiano et Michon- porte au sommet nos couleurs. Je suis très optimiste quant à l'avenir de notre littérature. Tout le reste n'est qu'une question de querelles.

N.O. - La «littérature-monde» a cependant fait l'objet de critiques sévères. Camille de Toledo (*) lui reproche notamment de disqualifier des écrivains comme Beckett ou Perec, au nom d'une vision nostalgique du monde, d'une défense naïve d'un «réel» illusoire et d'une soif de reconnaissance sociale, sans véritablement se battre «pour l'avènement d'une scène littéraire postcoloniale». Que répondez-vous à ces attaques?

A. Mabanckou. - En consacrant un essai à la littérature-monde, Camille de Toledo confirme l'intérêt de notre démarche. Remarquons donc ses brillantes analyses tout en soulignant qu'il n'est pas question, en ce qui me concerne du moins, de disqualifier Beckett - qui d'autre mieux que lui nous aura enseigné la mobilité des langues, le passage d'une langue à une autre? N'est-ce pas cela aussi, l'anéantissement des frontières? J'ai besoin de Perec parce que je ne conçois pas la littérature sans l'exigence de la forme. Cet auteur me montre combien le monde est un amas de pièces détachées. Le rôle de l'écrivain consiste alors à recomposer les choses, j'allais dire, à les «modifier» avant leur «disparition». Voilà où se situe ma nostalgie, si nostalgie il y a.

Propos recueillis par Grégoire Leménager

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Bembeya
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Inscrit le: 12 Fév 2005
Messages: 12

MessagePosté le: Lun 26 Jan 2009 19:29    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à toutes et à tous,

Pour celles et ceux qui n’habitent pas à Paris, voici les images d’Alain Mabanckou à la Fnac des Halles pour la présentation de son dernier roman, Black Bazar, sorti le 8 janvier.

C’était le 15 janvier.
http://www.sudplateau-tv.com/videos/Mabanckou.fnac.wmv

Pour visionner les autres programmes de Sud Plateau TV, la Télévision des Cultures du Sud, il suffit de cliquer sur http://www.sudplateau-tv.com

Bien à vous,
Bembeya.
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henrychrystophe
Super Posteur


Inscrit le: 24 Avr 2005
Messages: 1144

MessagePosté le: Mer 28 Jan 2009 08:55    Sujet du message: Répondre en citant



La sortie de Black Bazar fut précédée d'une nouvelle inédite de cet auteur dans un supplément du Télérama n° 2958 du 23 au 29 septembre 2006.



*



La voici en pdf

http://membres.lycos.fr/apapawolanle/mgg/alainmabanckou_coupedecale.pdf
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Faraa Shade
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Messages: 11

MessagePosté le: Dim 01 Fév 2009 00:39    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens régulièrement lire les commentaires des grioonautes, en silence, mais cette fois j'ai envie de réagir, car ce Black bazar que l'on dit "irrésistible" partout dans la presse, me laisse plus que perplexe.

Ce roman est décevant, nettement moins interessant que le discours qui l'accompagne. Beaucoup trop caricatural, à mon goût, et finalement pas très drôle à moins qu'on lise pour la première fois cet auteur. J'ai aimé ses précédents romans, mais là le bonhomme semble ronronner sous ses lauriers, avec toujours les mêmes grosses ficelles et les mêmes références, parfois très lourdes. J'ai trouvé que ça manquait de subtilité et que la construction des personnages comme du récit est bancale. Ce n'est pas parce qu'on écrit un bazar et que l'on veut à tout prix faire de la dérision, qu'il faut y aller avec des gros sabots. L'idée pourtant de départ est bonne, faire découvrir la black diversity en France, mais à trop jouer sur le registre du folklore, l'auteur qui déclare dans ses interview vouloir combattre les clichés, risque d'en générer bien d'autres avec ce roman.

Finalement Mabanckou qui critiquait beaucoup Kelman commence à de plus en plus lui ressembler, beaucoup de médiatisation pour pas grand chose, excepté de l'opportunisme. C'est dommage, pourrait beaucoup mieux faire.
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WILDCAT
Super Posteur


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Messages: 1191

MessagePosté le: Dim 01 Fév 2009 00:58    Sujet du message: Répondre en citant

Je n'ai pas encore lu le livre mais d'après les critiques, interviews dans la presse écrite et intervention de l'auteur sur les ondes radios. J'ai l'impression que ce livre est "Un Black Mic Mac" sur papier!!!
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Faraa Shade
Grioonaute


Inscrit le: 31 Jan 2009
Messages: 11

MessagePosté le: Dim 01 Fév 2009 01:16    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, cela fait vraiment penser en effet sur le papier à du black mic-mac..Après tout, le but caché est peut-être une adaptation au cinéma, puisque l'auteur ne cache pas en rêver ? Une nouvelle manière de tenter d' imiter Dany Laferrière ? Si c'est le cas un jour, on va être encore plus servi par les clichés !
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Didier_Daan
Bon posteur


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Messages: 569

MessagePosté le: Dim 01 Fév 2009 02:40    Sujet du message: Répondre en citant

Faraa Shade a écrit:
Je viens régulièrement lire les commentaires des grioonautes, en silence, mais cette fois j'ai envie de réagir, car ce Black bazar que l'on dit "irrésistible" partout dans la presse, me laisse plus que perplexe.

Ce roman est décevant, nettement moins interessant que le discours qui l'accompagne. Beaucoup trop caricatural, à mon goût, et finalement pas très drôle à moins qu'on lise pour la première fois cet auteur. J'ai aimé ses précédents romans, mais là le bonhomme semble ronronner sous ses lauriers, avec toujours les mêmes grosses ficelles et les mêmes références, parfois très lourdes. J'ai trouvé que ça manquait de subtilité et que la construction des personnages comme du récit est bancale. Ce n'est pas parce qu'on écrit un bazar et que l'on veut à tout prix faire de la dérision, qu'il faut y aller avec des gros sabots. L'idée pourtant de départ est bonne, faire découvrir la black diversity en France, mais à trop jouer sur le registre du folklore, l'auteur qui déclare dans ses interview vouloir combattre les clichés, risque d'en générer bien d'autres avec ce roman.

Finalement Mabanckou qui critiquait beaucoup Kelman commence à de plus en plus lui ressembler, beaucoup de médiatisation pour pas grand chose, excepté de l'opportunisme. C'est dommage, pourrait beaucoup mieux faire.

Après avoir suivi ou lu quelques itw de Mabanckou sur radio classique en janvier 09 et dans une tribune Juive, si mes souvenirs sont exacts, je n´ai plus envie de lire son livre. L´homme abonde dans un topo de séduction avec un thème absolument daté. Je pensais que les sapeurs Aurlus Mabélé & co étaient des espèces dépassées et oubliées...
Normal que les médias Francais l´adulent. Il ne parle que du futile... Même si l´Amérique lui redonne la "nostalgie" de la France et de l´Afrique...
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ARDIN
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Messages: 1863
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MessagePosté le: Sam 07 Fév 2009 14:17    Sujet du message: Répondre en citant

Didier_Daan a écrit:
Après avoir suivi ou lu quelques itw de Mabanckou sur radio classique en janvier 09 et dans une tribune Juive, si mes souvenirs sont exacts, je n´ai plus envie de lire son livre. L´homme abonde dans un topo de séduction avec un thème absolument daté. Je pensais que les sapeurs Aurlus Mabélé & co étaient des espèces dépassées et oubliées...
Normal que les médias Francais l´adulent. Il ne parle que du futile... Même si l´Amérique lui redonne la "nostalgie" de la France et de l´Afrique...

La poubelle de l'histoire se chargera de Mabanckou comme elle l'a fait de Yambo Ouologuem ou de Camara Laye, dont, pas grand monde ne se rappelle aujourd'hui. Donnez lui encore quelques années, et la décantation sera complète...
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
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LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Joseleñ
Bon posteur


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Messages: 763

MessagePosté le: Sam 07 Fév 2009 17:53    Sujet du message: fantasmogorie littéraire ? Répondre en citant

Citation:
"Beaucoup trop caricatural, à mon goût, et finalement pas très drôle à moins qu'on lise pour la première fois cet auteur. "
Voulez-vous nous expliquer qu'il s'agit d'un exemple de fantasmogorie littéraire dont se complait malheureusement la diaspora afro-caraïbéenne ? La question qui prévaut n'est pas celle pourquoi les kelman ont du succès, mais pourquoi dès qu'on touche à la négritude, le noir se sent-il si froissé comme s'il vivait mal sa propore couleur de peau.

Vous critiquez ses dires, parce que vous vous sentez solidaires entre vous ? J'adore une expression que j'emprunte savament à l'homme de la rue camerounais : " hé pardon, essuyez vos bouches!"

Pas plus tard que jeudi, je discutais avec un entrepreneur afro-caraïbéen qui m'a fait remarquer que beaucoup de ses "semblables" sont comme lui des entrepreneurs dans la même branche d'activité, mais plutôt que de se montrer solidaires en se regroupant pour se moderniser, comme dans n'importe quel groupe d'entrepreneurs, ils se marchent sur les pieds...

Si les Mbanckou et autre Kelman excellent dans la démagogie littéraire et l'exhibitionnisme intellectuel, la faute incombe au lecteur que nous sommes et la fâcheuse confusion entre divertissement voyeuriste et recherche de fond pour écrire un livre scientifique, s'il s'agit des individus.

J'imagine Mabanckou sillonnant les allées et venues de Château Rouge puis s'asseoire dans une terrasse de café parisienne, lui et son long crayon...
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afrobeat
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MessagePosté le: Sam 07 Fév 2009 18:23    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Après avoir suivi ou lu quelques itw de Mabanckou sur radio classique en janvier 09 et dans une tribune Juive, si mes souvenirs sont exacts, je n´ai plus envie de lire son livre. L´homme abonde dans un topo de séduction avec un thème absolument daté. Je pensais que les sapeurs Aurlus Mabélé & co étaient des espèces dépassées et oubliées...
Normal que les médias Francais l´adulent. Il ne parle que du futile... Même si l´Amérique lui redonne la "nostalgie" de la France et de l´Afrique...


Les mabankou, tierno monenembo et autres... participent autant que les bongo et sassou à la destruction et aux crimes contre l'Afrique. Mais leur crime est encore plus grave, parce-qu'il est culturel.Ce sont des hommes vils, sans aucune conscience et sans aucune dignité prêt à se vendre leur âme pour bénéficier de quelques minutes dans un plateau télé.lES DIGNES héririers des Camara laye, et autres qui sautent sur l'occasion dès qu'il s'agit de dénigrer l'afrique afin de gagner l'approbation des occidentaux, et comme ça exceller dans cette "litterature alimentaire" creuse et sans aucun intérêt pour l'Afrique, pour eux-mêmes et même pour les occidentaux auxquelles ces écrits sont destinés.
Ces messieurs ont particpé pendant longtemps à cette guerre qu'on a toujours mené contre l'éveil d'une réelle conscience Africaine, en feignant d'ignorer la distinction qu'il pourrait y avoir entre société AFricaine et Etats Africains!

Qui peut ressusciter Mongo Beti afin qu'il mette tous ses "affamés" à leur place?!!JE pense même que c'est pas la peine, la poubelle de l'histoire s'en chargera.
Mabankou est vraiment decevant, il fait partie de la nouvelle génération d'écrivains africains qui pouvait porter une réelle prise de conscience, mais il ne pense qu'à se "compromettre" comme ses pères il ya 50 ans!
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Dim 08 Fév 2009 13:06    Sujet du message: Re: fantasmogorie littéraire ? Répondre en citant

Joseleñ a écrit:
Citation:
"Beaucoup trop caricatural, à mon goût, et finalement pas très drôle à moins qu'on lise pour la première fois cet auteur. "
Voulez-vous nous expliquer qu'il s'agit d'un exemple de fantasmogorie littéraire dont se complait malheureusement la diaspora afro-caraïbéenne ? La question qui prévaut n'est pas celle pourquoi les kelman ont du succès, mais pourquoi dès qu'on touche à la négritude, le noir se sent-il si froissé comme s'il vivait mal sa propore couleur de peau.

Vous critiquez ses dires, parce que vous vous sentez solidaires entre vous ? J'adore une expression que j'emprunte savament à l'homme de la rue camerounais : " hé pardon, essuyez vos bouches!"

Pas plus tard que jeudi, je discutais avec un entrepreneur afro-caraïbéen qui m'a fait remarquer que beaucoup de ses "semblables" sont comme lui des entrepreneurs dans la même branche d'activité, mais plutôt que de se montrer solidaires en se regroupant pour se moderniser, comme dans n'importe quel groupe d'entrepreneurs, ils se marchent sur les pieds...

Si les Mbanckou et autre Kelman excellent dans la démagogie littéraire et l'exhibitionnisme intellectuel, la faute incombe au lecteur que nous sommes et la fâcheuse confusion entre divertissement voyeuriste et recherche de fond pour écrire un livre scientifique, s'il s'agit des individus.

J'imagine Mabanckou sillonnant les allées et venues de Château Rouge puis s'asseoire dans une terrasse de café parisienne, lui et son long crayon...



Non, pas froissée...Si c'était le cas, je tomberais bien facilement dans le piège que tend cet auteur à ses lecteurs fantasmagoriques, car si ce roman est très mal foutu, parcontre la stratégie de communication qu'il renferme et qui accompagne sa sortie est bien ficelée et surtout très perverse. Le principe en est très simple, qu' on pourrait résumer ainsi en quelques lignes:
Un roman qui s'attaquerait aux clichés sur le ton de l'ironie avec un échantillon de copains du Jip's et de figures plus ou moins probables qui serviraient de personnages pour montrer la diversité d'une communauté noire parisienne. Les amis du Jip's sont flattés, très bonne pub pour ce bar du 1er arrondissement, et pour l'occasion un nouveau blog "Black bazar-" entre amis-personnages du roman pour faire de l'auto-promotion. On s'attend biensûr à ce que les "frangins et frangines" se sentent "froissés", râlent, s'offusquent de se voir croqués et carricaturés ainsi...Ils démontreront ainsi parfaitement que le propos du livre est juste: ce sont bien eux qui entretiennent les querelles, les divisions, ne supportent pas le succès de l'un des leurs, le critiquent par pure jalousie ou archaïque idéologie anti ou néo-colonialiste mal digérée.
Quant aux blancs, puisque Mabanckou semble partir du principe qu'ils n'y connaissent strictement rien à la black diversité ( un autre préjugé ?), ils seront ravis de lire, à travers tout ce folklore que l'on souhaite réaliste, qu'ils sont loin d'avoir le monopole du racisme. Techniquement, on ressort les vieux attributs des ambianceurs, on s'amuse avec de joyeux néologismes, histoire de se dire...allez vous allez voir comme on va bien rigoler tous ensemble, ça va faire un tabac ! Doublé par un battage médiatique et l'affiliation au mouvement "littérature-monde", ça devient quasiment imparable.

Alors si on veut émettre une critique sur cet ouvrage, autant le faire en connaissance de cause et pas superficiellement pour seul motif que la tête ou le succès du bonhomme ne nous reviennent pas. Le succès d'un romancier, n'est pas une mauvaise chose en soi si ses livres le méritent et éclairent les esprits. Dans le cas présent ce n'est pas le cas, il est à ranger au rayon mauvaises "farces et attrappes". Ne nous faisons donc pas attrappés non plus dans nos commentaires, ils risqueraient bientôt d'être parodiés. J'insiste donc aussi sur le fait que je trouve ce roman, pour la forme, mal construit ( épilogue facile et en queue de poisson par exemple ) et bâclé dans son écriture sautant d'un regitre de langue à l'autre sans aucune cohérence avec les personnages. Et pour le fond, je m'indigne sur l'idée souterraine qu'il véhicule à travers sa stratégie.

Josalen, il ne s'agit pas de se demander seulement s'il faut s'essuyer la bouche, si l'on doit subir ce genre d'ouvrages parce qu'on serait incapable de commettre un traité scientifique sur cette question. Il s'agit d'un roman, n'est-ce-pas, et les écrivains seront toujours là pour te rappeler qu'il s'agit d'une fiction, un bien beau paradis fiscal, avec sa dictature et ses propres lois inattaquables...Alain Mabanckou pratique le double discours, beaucoup plus habilement que ses prédecesseurs. Avec son blog, il cultive son image, ses amitiés, ne s'engage jamais ouvertement, excepté pour un manifeste littéraire et des colloques qui brassent plus de vent qu'autre chose. A ce mouvement "littérature-monde" c'est un blanc qui a réagi, Camille de Tolédo, pointant ce qu'il tramait au fond, de l'opportunisme et des intérêts personnels avant tout. On peut effectivement se dire que le temps fera son travail, qu'on finira par y voir plus clair dans toute cette mascarade, mais en attendant cela n'empêche pas ces auteurs à la mode sous le feu de la rampe de faire leur blé ( et pas du manioc ! ) sur de beaux discours, les fesses entre deux chaises, au gré du vent, pour ne pas top perturber leur plan de carrière.
je n'aime guère l'afro-pessimisme, gageons alors, avec un soupçon de naïveté, que ce monsieur Mabanckou ne s'est pas encore remis de son succès, de cette nouvelle vie sous les projecteurs et que s'il retourne fouiller, comme il dit, dans "le vestiaire de son enfance", il réalise enfin qu'on ne peut pas prendre indéfinément les lecteurs pour des cons, et ce, qu'ils soient noirs, blancs, jaunes, rouges ou verts.

PS: un ami m'a dit avoir vu apparaiître quelques unes de ces critiques sur le blog de l'interessé, la semaine dernière. J'ai dû aller vérifier trop tard, elles n'y étaient plus, biensûr. Cela m'intrique tout de même, quel drôle de procédé ?! Ne peut-on pas donner son avis tranquillement sans oeil de Moscou ?
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Joseleñ
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MessagePosté le: Dim 08 Fév 2009 16:16    Sujet du message: Arrêter le suivisme... Répondre en citant

Citation:
Non, pas froissée...Si c'était le cas, je tomberais bien facilement dans le piège que tend cet auteur à ses lecteurs fantasmagoriques"


Tiens voici ce que tu as écrit...
Citation:
Ce roman est décevant, nettement moins interessant que le discours qui l'accompagne. Beaucoup trop caricatural, à mon goût, et finalement pas très drôle à moins qu'on lise pour la première fois cet auteur.


Tu l'as donc lu et contribué à sa commercialisation. Je dirai, en toute modestie que j'ai découvert ce Monsieur autour d'une table ronde télévisée où était aussi invité un rappeur d'origine congolaise. A chaque fois que ces deux prenaient la parole, je tendais bien mon oreille pour écouter en essayant de comprendre. Le jeune rappeur s'est lancé dans un speach de définition de l'ËTRE qui m'a paru très suspect. Je me suis demandé s'il n'était pas un grioonaute régulier. Allez bon, c'est pour l'ambiance...

Quant à Mabanckou, j'ai surtout retenu qu'il vivait aux States et que c'était le genre à venir donner des grandes leçons de conduite aux nègres de France. Que veux-tu, l'Amérique, c'est encore plus loin de l'Afrique que la France. Le meilleur est toujours ailleurs, mais jamais à côté.

Honnètement, si je peux acheter le disque du rappeur dont la chanson " ça c'est du solide", a du sens, l'auteur de son livre par contre ne m'a pas suffisamment convaincu pour que j'aille dépenser mon maigre euro en ces temps de crise Cool

Il faut arrêter avec le suivisme racial qui n'enrichit que le fantasme littéro-culturel et tout ce que cela comporte comme exploitation des sentiments.

On court acheter le livre de Mabanckou, à qui je n'enlève aucun mérite, attention, parce qu'il est noir et qu'il a déja été titré en France, et non parce que dans ses lectures, ceux qui se cherchent trouvent leur voie...

Encore une fois, les jeunes rappeurs noirs de France font la différence. Ils ne se trompent jamais quand ils misent sur toi...Et si tu les trahis, tu peux toujours quitter la France Wink ...

Vous vous sentez trahis dans vos lectures, mais il suffit qu'on les annonce à la ...télé pour vider les stocks du distributeur. Quelqu'un me disait l'autre jour que le noir de France est un bon consommateur d'une société de consommation.

Cherchons l'erreur...
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Dim 08 Fév 2009 16:48    Sujet du message: Répondre en citant

Qui te dit que je l'ai acheté ? ...C'est loin d'être le seul moyen de lire un bouquin Wink J'étais curieuse de voir ce qu'il avait dans le ventre. "Suivisme racial, bon petit soldat de la socièté de consommation" dis-tu ? Non, tu fais erreur. Et puis quand bien même cela aurait été le cas, serait-il pour autant interdit de dire " stop, arnaque, ne vous faîtes pas avoir comme moi ! " C'est aussi simple que cela, être solidaire entre lecteurs qui n'aiment pas être pris pour des cons. Alors un pti morceau de Passi à la place ! Laughing
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Joseleñ
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MessagePosté le: Dim 08 Fév 2009 17:25    Sujet du message: Le bruit ? Répondre en citant

Citation:
Alors un pti morceau de Passi à la place !


Dis-donc, lui-même il chante quoi ? Laisse-nous le bruit là... Wink
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Panafricain
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MessagePosté le: Dim 08 Fév 2009 23:56    Sujet du message: Répondre en citant

Certains traitent les thèmes abordés par Mabanckou de "futile". C'est pourtant de ces mêmes thèmes que nous discutons à longueur d'année sur ce forum.

Dire que les noirs de France ne sont pas identiques me parait être du bon sens, évoquer la colonisation et la façon dont elle est perçue par les africains également, ne parlons pas du blanchiment de la peau. Je ne vois pas vraiment en quoi il est critiquable s'il évoque ces thèmes.

Je m'insurge aussi contre l'idée sous jacente sur ce topic qui est que tout écrivain africain qui ne fait pas du Mongo Beti ou Cheikh Anta Diop chercherait à plaire au blanc, serait un vendu etc Il faut apprendre à respecter les points de vue différents des nôtres, et refuser également la pensée unique. En 2009, on n'est pas obligé de faire la même littérature que dans les années 50.

Pour ceux qui comparent Mabanckou à Ouologuem, je pense que les deux n'ont rien en commun, et Ouologuem a disparu parcequ'il n'a pas produit grand chose au niveau littéraire. Mabanckou n'est pas près de disparaitre. Quant à Camara Laye, "l'enfant noir" est et restera un classique. Donc parler de "poubelles de l'histoire" comme le fait Ardin me semble pour le moins exagéré.

Enfin, j'ajouterais qu'heureusement que nos écrivains ne comptent pas sur nous pour vivre. Ils seraient clochardisés à l'heure qu'il est. Certains vont bondir, mais la réalité est que nous allons plus facilement en boite dépenser 150 euros pour une bouteille de whisky que mettre 15/20 euros dans un livre. Ensuite c'est facile de critiquer des livres ou des auteurs que la plupart n'ont jamais lu (je ne parle pas de ce topic en particulier, mais d'un cas général chez les afro), mais çe serait surtout mieux de le faire en les ayant lu un minimum...

Didier_Daan a écrit:
Faraa Shade a écrit:
Je viens régulièrement lire les commentaires des grioonautes, en silence, mais cette fois j'ai envie de réagir, car ce Black bazar que l'on dit "irrésistible" partout dans la presse, me laisse plus que perplexe.

Ce roman est décevant, nettement moins interessant que le discours qui l'accompagne. Beaucoup trop caricatural, à mon goût, et finalement pas très drôle à moins qu'on lise pour la première fois cet auteur. J'ai aimé ses précédents romans, mais là le bonhomme semble ronronner sous ses lauriers, avec toujours les mêmes grosses ficelles et les mêmes références, parfois très lourdes. J'ai trouvé que ça manquait de subtilité et que la construction des personnages comme du récit est bancale. Ce n'est pas parce qu'on écrit un bazar et que l'on veut à tout prix faire de la dérision, qu'il faut y aller avec des gros sabots. L'idée pourtant de départ est bonne, faire découvrir la black diversity en France, mais à trop jouer sur le registre du folklore, l'auteur qui déclare dans ses interview vouloir combattre les clichés, risque d'en générer bien d'autres avec ce roman.

Finalement Mabanckou qui critiquait beaucoup Kelman commence à de plus en plus lui ressembler, beaucoup de médiatisation pour pas grand chose, excepté de l'opportunisme. C'est dommage, pourrait beaucoup mieux faire.

Après avoir suivi ou lu quelques itw de Mabanckou sur radio classique en janvier 09 et dans une tribune Juive, si mes souvenirs sont exacts, je n´ai plus envie de lire son livre. L´homme abonde dans un topo de séduction avec un thème absolument daté. Je pensais que les sapeurs Aurlus Mabélé & co étaient des espèces dépassées et oubliées...
Normal que les médias Francais l´adulent. Il ne parle que du futile... Même si l´Amérique lui redonne la "nostalgie" de la France et de l´Afrique...
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GrandKrao
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MessagePosté le: Lun 09 Fév 2009 09:30    Sujet du message: Répondre en citant

Panafricain a écrit:
Certains traitent les thèmes abordés par Mabanckou de "futile". C'est pourtant de ces mêmes thèmes que nous discutons à longueur d'année sur ce forum.

Dire que les noirs de France ne sont pas identiques me parait être du bon sens, évoquer la colonisation et la façon dont elle est perçue par les africains également, ne parlons pas du blanchiment de la peau. Je ne vois pas vraiment en quoi il est critiquable s'il évoque ces thèmes.

Je m'insurge aussi contre l'idée sous jacente sur ce topic qui est que tout écrivain africain qui ne fait pas du Mongo Beti ou Cheikh Anta Diop chercherait à plaire au blanc, serait un vendu etc Il faut apprendre à respecter les points de vue différents des nôtres, et refuser également la pensée unique. En 2009, on n'est pas obligé de faire la même littérature que dans les années 50.

Pour ceux qui comparent Mabanckou à Ouologuem, je pense que les deux n'ont rien en commun, et Ouologuem a disparu parcequ'il n'a pas produit grand chose au niveau littéraire. Mabanckou n'est pas près de disparaitre. Quant à Camara Laye, "l'enfant noir" est et restera un classique. Donc parler de "poubelles de l'histoire" comme le fait Ardin me semble pour le moins exagéré.

Enfin, j'ajouterais qu'heureusement que nos écrivains ne comptent pas sur nous pour vivre. Ils seraient clochardisés à l'heure qu'il est. Certains vont bondir, mais la réalité est que nous allons plus facilement en boite dépenser 150 euros pour une bouteille de whisky que mettre 15/20 euros dans un livre. Ensuite c'est facile de critiquer des livres ou des auteurs que la plupart n'ont jamais lu (je ne parle pas de ce topic en particulier, mais d'un cas général chez les afro), mais çe serait surtout mieux de le faire en les ayant lu un minimum...



Enfin un de peu bon sens!
Expliquez que les noirs en France ne sont pas uniformes culturellement, c'est bien ce que Fait Mabackou entre autre, et le critiquer négativement pour cela quand on dit et on voit la même chose sur ce site, tout de même c'est le camembert qui dit au rockfort "tu pus"!
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Lun 09 Fév 2009 10:36    Sujet du message: Répondre en citant

Je pensais qu'on était ici sur un topic littéraire ? Je n'ai pas remis en cause le sujet du livre ( relire ma 1ère intervention ), mais l'ai critiqué sur la forme, roman pas assez affiné s'il s'agit d'un fromage et ai donné mon point de vue sur ce qui me gênait dans sa stratégie de communication.
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Panafricain
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MessagePosté le: Lun 09 Fév 2009 13:58    Sujet du message: Répondre en citant

Faraa Shade a écrit:
Je pensais qu'on était ici sur un topic littéraire ?


En effet, et je ne comprends pas bien le sens de cette question

Citation:
Je n'ai pas remis en cause le sujet du livre ( relire ma 1ère intervention ), mais l'ai critiqué sur la forme, roman pas assez affiné s'il s'agit d'un fromage et ai donné mon point de vue sur ce qui me gênait dans sa stratégie de communication.


Certains (cf les posts plus hauts) ont parlé de "poubelles de l'histoire", de "démagogie littéraire", de "destruction et de crimes contre l'Afrique au même titre que Bongo et Sassou" etc Rolling Eyes Autant d'affirmations que je trouve largement exagérées...je propose qu'on fasse la liste des écrivains noirs "non vendus", ça ira plus vite
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ARDIN
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MessagePosté le: Lun 09 Fév 2009 17:30    Sujet du message: Répondre en citant

Panafricain a écrit:
Certains (cf les posts plus hauts) ont parlé de "poubelles de l'histoire", de "démagogie littéraire", de "destruction et de crimes contre l'Afrique au même titre que Bongo et Sassou" etc Rolling Eyes Autant d'affirmations que je trouve largement exagérées...je propose qu'on fasse la liste des écrivains noirs "non vendus", ça ira plus vite

Je crois que ça ira plus vite si on entrait réellement dans le vif du sujet.
GrandKrao a eu l’amabilité de mettre sous nos yeux l’interview de Mabanckou, lisons-là de près maintenant. Voici un extrait du décor psychologique façonné par Grégoire Leménager:
Citation:
Pour l'humour noir, en ce début d'année, prière de s'adresser à Alain Mabanckou: son «Black Bazar» risque de faire grincer quelques dents. N'espérez ni une attaque frontale contre le grand Satan occidental, ni une défense bien-pensante des minorités. L'auteur de «Mémoires de porc-épic» reste fidèle à son credo: «Il n'est pas de pire personnage que celui qui joue le rôle dans lequel on l'attend

Le fait que Grégoire Leménager, qui, me semble, a conduit l’interview, parle de "grand Satan occidental", et de défense de minorité ne laisse aucun doute quant à l’orientation idéologique qu’on a réussi a donné à ce livre. C’est ce qui explique la mobilisation des ressources publicitaires qui accompagne son opération marketing.
Le cercle des romanciers africains qui bénéficient de cette en France est très réduit. Pourquoi?

Mais de quoi s’agit il au fait ?
Lisons encore Grégoire Leménager:
Citation:
Son nouveau roman met en scène un jeune Congolais plaqué par sa femme, et qui doit à son intérêt pour la «face B» des filles son surnom de «fessologue». Fervent adepte de la SAPE («Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes»), il ne jure que «vestes en lin d'Emmanuel Ungaro» ou «costume Yves Saint-Laurent vert bouteille». C'est l'antiracisme sauvé par la haute-couture: l'habit fait le moine, pas la couleur de peau. Et le refus de l'essentialisme tient chez lui en une phrase: «Dis-moi comment tu noues ta cravate, je te dirai qui tu es.»

A l'arrière-plan s'anime cependant l'univers des immigrés africains qui, à Paris, vendent du poisson salé à la sauvette, se ruinent en «produits à dénégrifier», courent après les filles fraîchement débarquées du pays, et vivent à cinq dans un petit studio - «comme des rats, mais pas de la même famille». A travers leurs conversations de comptoir, entre rigolade, tendresse et détresse, «Black Bazar» instruit, avec ses avocats et ses procureurs, rien moins que le procès de la colonisation.

Voici décrit l’univers(sans précision ni concision) des immigrés africains, et c’est là où réside l’un des aspects du problème avec ce livre : exagération, excès, généralisation, réduction, etc… L’objectif est d’entretenir les clichés, les préjugés sur les immigrés africains, les Noirs… Le titre du livre en révèle un bout : Black Bazar.
J’ai parlé d’exagération, d’excès, de généralisation, parce que beaucoup de grioonautes vivant en région parisienne ou en France, par exemple, que je connais personnellement, ne font pas partie de cet univers. Ils ne s'y reconnaissent pas.

L’autre aspect du problème réside dans cette tendance acharnée de toujours vouloir montrer le côté décadent, aliénant, etc… du Noir, de l’Africain, sans jamais l’accompagner de l’explication de son origine, est caractéristique de la production du discours de l’idéologie dominante.
Par contre, les comportements décadents, la perversion chez les autres , etc… sont toujours marqués du sceau de la liberté, de la tolérance, du progrès. Que Mabanckou écrive «White Bazar», sur ces prétendus civilisés, qui courent derrière le bonheur par la drogue, l’alcool, la pornographie, l’homosexualité, etc… Et on verra ce que ça donnera sur le plan marketing.

Bref ! Panafricain, relie bien l’interview, j’y reviendrais s’il le faut, mais un Historien, un Sociologue ou un Anthropologue sérieux n’aurait pas tenu les mêmes propos que Mabanckou dans cette interview.
Et si je parle de poubelle de l’histoire, c’est qu’il n’y a rien chez lui qui élève l’homme, à part cultivé l'apathie et entretenir l'ennui.
Panafricain a écrit:
Je m'insurge aussi contre l'idée sous jacente sur ce topic qui est que tout écrivain africain qui ne fait pas du Mongo Beti ou Cheikh Anta Diop chercherait à plaire au blanc, serait un vendu etc Il faut apprendre à respecter les points de vue différents des nôtres, et refuser également la pensée unique. En 2009, on n'est pas obligé de faire la même littérature que dans les années 50.

Je me demande comment fait par exemple, Emmanuel Dongala, qui ne fait ni du Mongo Beti ni du Cheikh Anta Diop. Qu'est ce qui lui est reproché?
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Lun 09 Fév 2009 18:30    Sujet du message: Répondre en citant

Si je n'adhère absolument aux "ingredients" cités au-dessus pour un éventuel "White bazar", en revanche je suis entièrement d'accord sur le fait que toute l'opération marketing est axée sur ce pendant black. Imaginez un instant que Mabanckou soit un écrivain blanc, aurait-il été accueuilli et adulé ainsi par toute la presse pour ce livre ? On lui donne légitimité et crédit parce qu'il est noir alors ? S'il avait été blanc on ne se serait pas gêné pour dire qu'il verse dans la caricature, la facilité. Mais dans le cas présent on parle d'authenticité, de tendre ironie. Cet auteur a bien retenu la leçon de son maïtre Dany Leferrière qui avait écrit ,sans manquer d'humour voilà déjà pas mal d'années, qu'être un écrivain black c'était un sacré bon filon !

Force est de reconnaître pourtant, que c'est loin d'être suffisant pour commettre un bon roman. Même s'il a choisi de croquer des personnages plutôt que d'approfondir les traits, le croquis mérite quelques efforts et subtilités pour qu'à l'arrivée les uns et les autres puissent s'y reconnaître. Désolée, mais ce n'est pas le cas, et n'en déplaise à tous ceux qui voudraient caricaturer ces critiques, c'est bien avant tout un problème d'écriture. Chacun ses goûts, si vous avez aimé effectivement Black Mic Mac, alors allez-y, vous ne serez pas perdu, mais personnellement ce n'est pas ma tasse de thé.
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ARDIN
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MessagePosté le: Mar 10 Fév 2009 00:48    Sujet du message: Répondre en citant

Faraa Shade a écrit:
Si je n'adhère absolument aux "ingredients" cités au-dessus pour un éventuel "White bazar"...

Pour quelle(s) raison(s)?
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Mar 10 Fév 2009 10:45    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Faraa Shade a écrit:
Si je n'adhère absolument aux "ingredients" cités au-dessus pour un éventuel "White bazar"...

Pour quelle(s) raison(s)?


Cela risque de nous éloigner du sujet, mais pour faire bref disons que je ne pense pas que l'alcool, la drogue, la pornographie soient des maux qui n'appartiennent qu'aux blancs. Et en ce qui concerne l'homosexualité, attention aux dérapages. Je me méfie toujours de l'homophobie, car comme toute phobie, elle renferme surtout du mépris, du rejet vis à vis de ceux qui sont différents de nous.
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MessagePosté le: Mar 10 Fév 2009 18:44    Sujet du message: Répondre en citant

Faraa Shade a écrit:

Cela risque de nous éloigner du sujet, mais pour faire bref disons que je ne pense pas que l'alcool, la drogue, la pornographie soient des maux qui n'appartiennent qu'aux blancs. Et en ce qui concerne l'homosexualité, attention aux dérapages. Je me méfie toujours de l'homophobie, car comme toute phobie, elle renferme surtout du mépris, du rejet vis à vis de ceux qui sont différents de nous.

Ces comportements ne sont pas l’exclusivité des européens, nous sommes d’accord. Le combat contre la vertu est un caractère fondamental de la culture occidentale. Ca c’est une exclusivité occidentale. Ce que j’ai énoncé ne sont que les conséquences de ce mal.
Pour ce qui est de l'homosexualité, l'homophobie, est une parade inventée pour évacuer la critique sur cette question. Je n'ai pas peur d'affirmer que c'est de la décadence.

On peut maintenant clore cette parenthèse et poursuivre la discussion sur l'objet du sujet.
Merci
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LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Mar 10 Fév 2009 23:03    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour cette précision. C'est un autre débat qui concerne un autre topic, revenons plutôt en effet aux clichés que véhiculent sournoisement le bouquin et l'auteur en question. Y a-t-il un Antillais dans la salle ? Que penser de ce Mr Hippocrate qui a la charge à lui seul d'incarner dans ce roman la figure caribéenne. Y a-t-il " un arabe du coin" qui se reconnaisse sous les traits et le discours du personnage de ce récit ? Y a-t-il quelqu'un et quelqu'une qui se retrouve dans cette brochette d'Africains croqués par Mr Mabanckou ? S'il s'agissait d'un écrivain caucasien, se gênerait-on pour émettre certaines critiques, et dire que ce vieux procédé "diviser pour régner" n'inspire rien de bon ? Y a-t-il des soeurs ici qui s'identifient à ces "portraits" d' africaines. L'art de la caricature, c'est d'arriver à viser juste. Pourquoi cela sonne-t-il si faux ?
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Didier_Daan
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MessagePosté le: Mer 11 Fév 2009 01:55    Sujet du message: Répondre en citant

Panafricain a écrit:
Certains traitent les thèmes abordés par Mabanckou de "futile". C'est pourtant de ces mêmes thèmes que nous discutons à longueur d'année sur ce forum.

Le thème de Mabanckou est du futile, puisque à mon avis, l'important pour les "Africains", c'est le développement. Mais je dois avouer que mon erreur c'est d'oublier un petit instant la vocation de l'AfroFrancophone, de l'"intellectuel" AfroFrancophone: l'INTEGRATION à la métropole et la FRANCISATION. Beyala, Kelmann, Miano, Mabanckou.... Libre à eux de poursuivre leur rêve, et même de le réaliser. Mais cependant, tout observateur averti des questions relatives à la "diaspora", "double consciousness", etc. est impressionné par la légèreté avec laquelle ces "intellos" AfroFrancophones l'abordent. A la fin, on se demande plutôt s'il faut rire ou pleurer ces grandes gueules AfroFrancophones???
Panafricain a écrit:
Je m'insurge aussi contre l'idée sous jacente sur ce topic qui est que tout écrivain africain qui ne fait pas du Mongo Beti ou Cheikh Anta Diop chercherait à plaire au blanc, serait un vendu etc Il faut apprendre à respecter les points de vue différents des nôtres, et refuser également la pensée unique. En 2009, on n'est pas obligé de faire la même littérature que dans les années 50.

Comme par hasard, Mongo Béti et Cheikh Anta Diop ne sont pas tant appréciés parcequ'ils parlent de la beauté de la femme noire, ou de la fessologie, ou encore de la cruauté des enfants de la guerre dans le Nord Kivu. Non! Simplement parcequ'ils parlent du manque même de l'Afrique. Ils parlent de la libération et du développement de l'Afrique. En ce qui concerne Mongo Béti, le Prof. Amboise Kom, le spécialiste de Mongo Béti et auteur de "La malédiction francophone" - Yaoundé : CLE, 2000, dit: "[...] l'exemple de Mongo Béti, un autre africain qui a servi dans le système français et le connaissant de manière tout aussi intime sans jamais trahir son dévouement pour la cause africaine, est là pour nous rassurer. A aucun moment de son séjour de plus de trente ans en France, Mongo Béti n'a arrêté de militer pour la libération de l'Afrique[...]". (Ambroise Kom: Diaspora africaine et utopie du retour. Cinquantenaire du 1er Congrès International des écrivains et artistes noirs. 19‐22 Sept 2006, Paris – Université de Paris‐Sorbonne).
Me diras-tu que dénoncer la dépigmentation de la peau, c'est aussi en quelque sorte militer pour la libération de l'africain, ce serait toujours du futile pour moi.
Panafricain a écrit:
Enfin, j'ajouterais qu'heureusement que nos écrivains ne comptent pas sur nous pour vivre. Ils seraient clochardisés à l'heure qu'il est.

Il est évident que tout commercant a besoin d'une clientèle. Ainsi on produit et vend ce que l'acheteur veut. Sinon, commercant, on n'arrive plus à survivre. On se comprend, je n'en doute pas. Wink
Panafricain a écrit:
Certains vont bondir, mais la réalité est que nous allons plus facilement en boite dépenser 150 euros pour une bouteille de whisky que mettre 15/20 euros dans un livre. Ensuite c'est facile de critiquer des livres ou des auteurs que la plupart n'ont jamais lu (je ne parle pas de ce topic en particulier, mais d'un cas général chez les afro), mais çe serait surtout mieux de le faire en les ayant lu un minimum...

Vu les gens qui trainent ici, et leur background, ta "réalité" est irréelle.
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Jeu 12 Fév 2009 17:50    Sujet du message: Répondre en citant

Tout à fait d'accord Didier_Daan, il s'agit bien avant tout d'une opération commerciale qui se conforme aux lois du marché et qui contribue, contrairement au discours qui l'accompagne, à noyer le poisson, à faire la part belle, sinon aux idées reçues, du moins aux idées pratiques à véhiculer lorsqu'on a un sens de l'opportunisme et quelques ambitions personnelles. Ce bonhomme me déçoit vraiment, il clame d'un côté l'art et la nécessité de la dérision, mais ne supporte pas la moindre critique à l'égard de son ouvrage.
Plus préoccupé à s'afficher dans un Manifeste pour une littérature-monde en français dans le texte, à participer à des colloques coûteux, à défendre les intérêts d'une corporation d'auteurs, à parader sur les plateaux télévisés parisiens, qu'à s'interesser à une réalité africaine, moins futile.
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Joseleñ
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MessagePosté le: Jeu 12 Fév 2009 19:28    Sujet du message: Qu'est-ce que le communauté noire de France ? Répondre en citant

Panafricain a écrit:
Citation:
Certains vont bondir, mais la réalité est que nous allons plus facilement en boite dépenser 150 euros pour une bouteille de whisky que mettre 15/20 euros dans un livre. "


Et dire que le propos d'Ardin s'inscrit dans un refus de catégoriser ou de "carcanniser" le petit monde noir de France. Si nous sommes tous des "farrouteurs de minuit club" que dire de ceux qui imaginent encore leurs soirées en famille, vautrés dans un canapé, un verre de vin léger sous la coupe, devant un petit film sympa ?.

Mon interprétation va paraître révolutionnaire quand on se met à imaginer la vie d'un "black", et pourtant, c'est aussi la vie des noirs de France qui a la particularité de ressembler à la légendaire " vie des blancs". Cette "vie des blancs" mystérieusement ressassée par nos grands intellos devant l'éternel. Mais tu as raison de préciser que le ventre mou suit le regard.

Et pour ce qui est du " ventre et le bas ventre", ce sera pour une autre danse...

Citation:
" Enfin, j'ajouterais qu'heureusement que nos écrivains ne comptent pas sur nous pour vivre. Ils seraient clochardisés à l'heure qu'il est."


Cher Panafricain, nul n'a le monopole du monde noir et ce qui veut dire que notre intérêt réside dans la capacité à découvrir ce qui marche et qui est destiné aux principaux concernés et non des hypothétiques lecteurs pour qui la littérature n'aurait plus que des visées alimentaires et calculées. Quelle inspiration !!

Le monde noir de France est très hétérogène. Nous pensons nous connaître, ou croyons que le peu que nous connaissons suffit à expliquer le superflu en généralité, or il suffit d'un contre exemple de cette généralisation pour que le principe même de l'homogénéïté du monde noir de France soit remis en cause. Le monde blanc de France n'est pas au courant de toutes ces hétérogénéïtés, puisqu'il pense homogène et il suffit qu'un Mabanckou se lève, flashe sur un trait caractériel anodin, mais très infime, tel un radar, pour que la lumière éclabousse toute la communauté...

C'est le message que j'ai retenu d'Ardin...
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 12 Fév 2009 21:12    Sujet du message: Re: Qu'est-ce que le communauté noire de France ? Répondre en citant

Joseleñ a écrit:
Le monde noir de France est très hétérogène. Nous pensons nous connaître, ou croyons que le peu que nous connaissons suffit à expliquer le superflu en généralité, or il suffit d'un contre exemple de cette généralisation pour que le principe même de l'homogénéïté du monde noir de France soit remis en cause. Le monde blanc de France n'est pas au courant de toutes ces hétérogénéïtés, puisqu'il pense homogène et il suffit qu'un Mabanckou se lève, flashe sur un trait caractériel anodin, mais très infime, tel un radar, pour que la lumière éclabousse toute la communauté...

C'est le message que j'ai retenu d'Ardin...

Il faut être précis pour éviter la confusion: Monde Noir de France ou communauté africaine noire de France? Ce sont deux choses distinctes.
Bien que la distinction soit négligeable, elle mérite d'être soulignée.
"Le monde Noir" de France est constituée "des afro descendants des Antilles", de ceux qu'on appelle des "Français nés en France des parents immigrés" et "des africains noirs immigrés". L'article parle de "l'univers des immigrés africains" (donc africains noirs, maghrébins, etc...)
Mabanckou dit:
Citation:
Le Nouvel Observateur. - «Black Bazar» est une plongée dans «la négraille parisienne», comme disent vos personnages. Mais vous montrez surtout leur diversité, sinon leurs divisions... Pourquoi insister sur cet aspect? S'agissait-il de montrer, comme vous l'avez écrit ailleurs, que «la communauté noire de France est une illusion»?

Alain Mabanckou. - C'est vrai que c'est un regard que je porte sur la «négraille» - le mot est d'ailleurs emprunté à Aimé Césaire dans le «Cahier d'un retour au pays natal». Or, comment regarder cette population noire sans prendre en compte les préjugés, les peurs, voire ce qui demeure encore dans l'inconscience du monde blanc? Le Noir n'a-t-il pas fourni inconsciemment au Blanc le fagot de préjugés qui expliquent de nos jours sa «condition»? A ces questions, on pourrait en rajouter une autre, souvent absente des débats: qu'en est-il du «racisme» entre personnes de même couleur? Les réponses peuvent être surprenantes quand on se rappelle que les Noirs de France ne sont pas «homogènes», puisqu'ils ne sont pas tous arrivés sur le territoire français, à l'inverse des Noirs américains aux Etats-Unis, dans les mêmes circonstances. D'où les divergences et les oppositions dans la perception de faits historiques comme l'esclavage ou la colonisation. Dans ce roman, j'ai choisi d'aborder les choses sous l'angle de l'éclat de rire et de l'expérience des personnages. Mais la fiction est souvent proche de notre réalité.

La communauté africaine noire et sa diaspora est fondamentalement homogène; de par son origine géographique; homogène par son identité culturelle. Mais cette communauté est hétérogène de par ses comportements sociaux, ses idées politiques, ses croyances religieuses, etc... Cette hétérogénéité est le fait même de l'ignorance de l'histoire, de la culture, de l'aliénation. Ca se voit, Mabanckou n'a pas le niveau intellectuel et encore moins la connaissance pour parler de ce problème.
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Joseleñ
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MessagePosté le: Jeu 12 Fév 2009 21:35    Sujet du message: Je précise Répondre en citant

Citation:
Il faut être précis pour éviter la confusion: Monde Noir de France ou communauté africaine noire de France?


Je précise donc, MONDE NOIR DE FRANCE...Je ne peux pas parler de communauté noire de France. Je n'en vois pas. Je n'ai pas changé de position depuis un sujet qui abordait cette question en 2005.

Du coup je me demande ce qu'est devenue Cathy...
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Kareem Said
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MessagePosté le: Ven 13 Fév 2009 00:32    Sujet du message: Re: Qu'est-ce que le communauté noire de France ? Répondre en citant

ARDIN a écrit:
La communauté africaine noire et sa diaspora est fondamentalement homogène; de par son origine géographique; homogène par son identité culturelle. Mais cette communauté est hétérogène de par ses comportements sociaux, ses idées politiques, ses croyances religieuses, etc... Cette hétérogénéité est le fait même de l'ignorance de l'histoire, de la culture, de l'aliénation. Ca se voit, Mabanckou n'a pas le niveau intellectuel et encore moins la connaissance pour parler de ce problème.


Salut ARDIN,

J'aimerai bien connaitre tes arguments quant à l'homogénéité de l'identité culturelle africaine car j'ai beau essayer de chercher je n'arrive pas au meme constat que le tien . Bien sûr je peux me tromper mais j'avoue que je serai très curieux de ta démonstration à ce sujet . C'est comme si que l'on me disait que l'Europe est fondamentalement homogène de par son identité culturelle : et pourtant les différences culturelles sont énormes entre les nordiques et les méditerranéens pour ne prendre qu'un exemple . Les Suédois et les Italiens sont blancs mais je ne vois pas trop de points communs entre eux culturellement .

Il en est de meme dans ce qu'on appelle la communauté noire africaine : je ne vois pas trop l'homogénéité culturelle entre la culture MANDING & la culture KONGO ou entre la culture MANDING & la culture ASHANTI ou encore entre la culture MANDING & la culture FANG ou YORUBA etc... En revanche je constate par exemple beaucoup de similitudes culturelles entre les MANDES , les HAOUSSAS , les SONGHAIS , les WOLOFS et les PEULHS des peuples qui se sont cotoyés entre eux dans un meme espace géographique durant des siècles et des siècles . Bien à toi .
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Didier_Daan
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MessagePosté le: Ven 13 Fév 2009 01:03    Sujet du message: Re: Qu'est-ce que le communauté noire de France ? Répondre en citant

ARDIN a écrit:
La communauté africaine noire et sa diaspora est fondamentalement homogène; de par son origine géographique; homogène par son identité culturelle. Mais cette communauté est hétérogène de par ses comportements sociaux, ses idées politiques, ses croyances religieuses, etc... Cette hétérogénéité est le fait même de l'ignorance de l'histoire, de la culture, de l'aliénation. Ca se voit, Mabanckou n'a pas le niveau intellectuel et encore moins la connaissance pour parler de ce problème.

Intéressant!!! Car à la fois vraie, simple, et complexe. Il faut le dire et redire, nul ne peut s'afranchir de son histoire: le passé, i.e. l'esclavage, la colonisation, et le présent, i.e. le monde d'aujourd'hui en ce qui concerne les noirs, même ceux de France. L'homogénéité ne fait pas de doute.
Par contre dire que cette "communauté noire" de France est hétérogène de par ses idées politiques, c'est autant vrai que drôle. Je dirais plutôt que même si on la reconnait comme une "communauté", donc certainement comme entité (raciale et historique) homogène, sur le plan politique elle ne présente AUCUNE idée/tendance politique (d'ailleurs en France ou pour l'Afrique??). Le sens COMMUNAUTAIRE (en France ou pour l'Afrique??) n'existant pas d'une part. Je soupsçonne qu'on est dans le domaine de l'accomplissement du rêve personnel en France, compte tenu de son impossibilité (pour certains) en Afrique; le domaine du "se chercher" en France, comme on dit couramment au quartier. En plus, comment les noirs de France auraient même, ou seraient une force politique dans une monarchie comme la France???
En outre, le Prof. Kom pose la question essentielle suivante: "Mais comment l'ancien esclave/colonisé peut-il ou dit-il se penser et s'intégrer dans le progrès et la modernité au nom desquels il a été asservi? " - A. Kom, op. cit. Senghor de son temps ne s'est pas géné à prôner l'assimilation. Le Kelmann suit le pas en affirmant être Bourgignon.... Mabanckou ne semble pas s'écarter de ce chemin lorsqu'il se préoccupe du "paraître" des noirs de France et des préjugés qu'ils suscitent. Normal, il se cherche, l'autodérision/l'autocritique des noirs, le futile, c'est un fond de commerce. Zemmour achète le sac sans hésiter... Comme c'est facile!!!
Je me demande si le noir devrait même s'attarder sur le regard de l'Autre, pour enfin "apposer son empreinte, l'empreinte de [SA] culture sur une civilisation et sur le monde."? On parle bien du développement, non? Ou bien du sous-développement de l'Afrique; ce qui, comme par hasard, a drainé Kelmann, Mabanckou and co. en Occident....
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lolo01
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MessagePosté le: Ven 13 Fév 2009 15:37    Sujet du message: Répondre en citant

A lire absolument


http://identitenegre.blogspot.com/2009/02/black-bazar-mabanckou-lave-le-linge.html
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Ven 13 Fév 2009 16:29    Sujet du message: Répondre en citant

lolo01 a écrit:
A lire absolument


http://identitenegre.blogspot.com/2009/02/black-bazar-mabanckou-lave-le-linge.html


Excellente analyse ! Ah que j'aime cette toile lorqu"elle ne s'endort pas sous le ronronnement des discours ambiants que l'on voudrait imparables à force de médiatisation. Si Mabanckou aime se réfugier derrière la dérision et l'ironie pour servir son propos et surtout ses ambitions personnelles, dommage qu'il manque d'auto-dérision et ne supporte pas la moindre critique...Car dans tout ce bazar qui est le plus grotesque ? Même pas cette brochette de stéréotypes mis en scène dans son bouquin, mais l'auteur lui-même ! Lorsqu'on est proche d'un sarko et que l'on mange chez Sassou, il faut bien s'attendre un jour à ce que lecteurs ou observateurs donnent à leur tour dans la dérision du dit écrivain-humaniste. A d'autres, ce type d'arnaque !
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Faraa Shade
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MessagePosté le: Ven 13 Fév 2009 17:51    Sujet du message: Répondre en citant

Je sais bien que l'on pourra s'exclamer qu'il y a et qu'il y aura toujours des opportunistes, des arrivistes, des corrompus....mais ce n'est pas une raison pour banaliser la chose. Puisque on nous a mis en ligne ce sujet et que l'on nous demande notre avis, j'aimerais savoir, si depuis, l'auteur de ce fil, a lu le bouquin en question...Il parlait de méfiance en évoquant Kelman, et maintenant Mabanckou est-il selon lui un auteur à entrtetenir sous le feu de la rampe ?
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ARDIN
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MessagePosté le: Ven 13 Fév 2009 19:24    Sujet du message: Re: Qu'est-ce que le communauté noire de France ? Répondre en citant

Kareem Said a écrit:
ARDIN a écrit:
La communauté africaine noire et sa diaspora est fondamentalement homogène; de par son origine géographique; homogène par son identité culturelle. Mais cette communauté est hétérogène de par ses comportements sociaux, ses idées politiques, ses croyances religieuses, etc... Cette hétérogénéité est le fait même de l'ignorance de l'histoire, de la culture, de l'aliénation. Ca se voit, Mabanckou n'a pas le niveau intellectuel et encore moins la connaissance pour parler de ce problème.


Salut ARDIN,

J'aimerai bien connaitre tes arguments quant à l'homogénéité de l'identité culturelle africaine car j'ai beau essayer de chercher je n'arrive pas au meme constat que le tien . Bien sûr je peux me tromper mais j'avoue que je serai très curieux de ta démonstration à ce sujet . C'est comme si que l'on me disait que l'Europe est fondamentalement homogène de par son identité culturelle : et pourtant les différences culturelles sont énormes entre les nordiques et les méditerranéens pour ne prendre qu'un exemple . Les Suédois et les Italiens sont blancs mais je ne vois pas trop de points communs entre eux culturellement .

Il en est de meme dans ce qu'on appelle la communauté noire africaine : je ne vois pas trop l'homogénéité culturelle entre la culture MANDING & la culture KONGO ou entre la culture MANDING & la culture ASHANTI ou encore entre la culture MANDING & la culture FANG ou YORUBA etc... En revanche je constate par exemple beaucoup de similitudes culturelles entre les MANDES , les HAOUSSAS , les SONGHAIS , les WOLOFS et les PEULHS des peuples qui se sont cotoyés entre eux dans un meme espace géographique durant des siècles et des siècles . Bien à toi .

Salut,
Mabanckou parle d'homogénéité à dessein, mais il s'agit de l'unité culturelle. Ce n'est pas le lieu de dévelloper mais tu trouveras bien des topics dans le forum qui en parle.
Il y a aussi des ouvrages tels que L'UNITE CULTURELLE DE L'AFRIQUE NOIRE de Cheikh Anta Diop; L'UNITE CULTURELLE EGYPTO-AFRICAINE d'Aboubacry Moussa Lam; LA VALLEE DU NIL: BERCEAU DE L'UNITE CULTURELLE DE L'AFRIQUE NOIRE d'Aboubacry Moussa Lam; HISTOIRE CULTURELLE DE L'AFRIQUE NOIRE d'Oscar Pfouma, etc...
Wolofs, Haoussas, Mandings, Kongo, Zulu, etc... sont tout simplement les frères issus d'une seule et même famille.
Faraa Shade a écrit:
Si Mabanckou aime se réfugier derrière la dérision et l'ironie pour servir son propos et surtout ses ambitions personnelles, dommage qu'il manque d'auto-dérision et ne supporte pas la moindre critique...Car dans tout ce bazar qui est le plus grotesque ? Même pas cette brochette de stéréotypes mis en scène dans son bouquin, mais l'auteur lui-même ! Lorsqu'on est proche d'un sarko et que l'on mange chez Sassou, il faut bien s'attendre un jour à ce que lecteurs ou observateurs donnent à leur tour dans la dérision du dit écrivain-humaniste. A d'autres, ce type d'arnaque !

En tout cas, que Mabanckou sache que la médiocrité littéraire a fait école, mais que son temps est désormais révolu. Qu'il se rende compte qu'on ingurgite plus des insipidités de ce genre, et que nous allons désormais les combattre!
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MessagePosté le: Sam 14 Fév 2009 00:36    Sujet du message: Répondre en citant

Faraa Shade a écrit:
Je sais bien que l'on pourra s'exclamer qu'il y a et qu'il y aura toujours des opportunistes, des arrivistes, des corrompus....mais ce n'est pas une raison pour banaliser la chose. Puisque on nous a mis en ligne ce sujet et que l'on nous demande notre avis, j'aimerais savoir, si depuis, l'auteur de ce fil, a lu le bouquin en question...Il parlait de méfiance en évoquant Kelman, et maintenant Mabanckou est-il selon lui un auteur à entrtetenir sous le feu de la rampe ?


J'ai lu le bouquin de ce Monsieur. Je me suis bien maré à certains passages lorsqu'il évoque par exemple comment vieux poupy leur donnait des conseils pour attraper les filles, ces histoires que tout le monde a plus ou moins connu au pays sur les fétiches, les cheveux des filles et je ne sais pas encore. Par contre je me suis moins maré sur l'opposition entre les noirs et sur le fait que finalement le récit traite beaucoup des histoires de fesses. Mais on ne peut résumer le quotidien d'un exilé, immigré, que par les fesses, il y a des sujets graves qui nous préoccupent. Reconduites à la frontière, Tests ADN, les papiers, le travail etc...Ce sont des choses qui monopolisent au moins 75% de ton quotidien
Or on a l'impression que tous les immigrés passent leur temps devant des pelforth en matant le derrière des filles. C'est vraiment réducteur et la publicité qui est fait autour de ce livre n'arrange pas nos affaires hein...
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MessagePosté le: Sam 14 Fév 2009 01:38    Sujet du message: Répondre en citant

lolo01 a écrit:
A lire absolument


http://identitenegre.blogspot.com/2009/02/black-bazar-mabanckou-lave-le-linge.html

Je connaissais avant la "bourgeoisie" et la "Beurgoisie". Et maintenant la "négrogeoisie parisienne" Laughing Laughing
En plus d'être futile, le thème de Mabanckou est daté.
Mais parlant de la personne-même, que ce dandy, malgré qu'il vive et enseigne actuellement aux USA, ait encore l'obsession de Paris, ca veut dire qu'il ya quelque chose qui ne va pas.
J'ai entendu une fois à une conférence Eugénie Diecky d'Africa N°1 dire que Paris est le centre du monde.... Rolling Eyes Shocked
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lolo01
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MessagePosté le: Dim 15 Fév 2009 11:27    Sujet du message: Répondre en citant

Black Bazar, Mabanckou lave le linge nègre en public

L’autoflagellation est un sport en ce moment très prisé par les blacks de la place parisienne. Un sport qui, paraît-il, rapporte gros. Les gains peuvent aller du strapontin médiatique convoité à la renommée qu’octroient seuls les tenants de la bien-pensance hexagonale dont la vision idiosyncrasique de la France n’est plus à démontrer. Fini les terrains de foot, les pistes d’athlétisme et de danse, les rings de boxe, c’est dans le monologue de l’auto flagellation que les blacks de France, comme on les surnomme désormais au pays des droits de l’homme, s’illustrent. Un curieux retournement de l’histoire à même de remuer les cadavres de nos illustres combattants de la cause nègre depuis la nuit des temps (de Henri Sylvester à Nelson Mandela en passant par Aimé Césaire, Malcom X, Cheikh Anta Diop, Marcus Garvey, Steve Biko et j’en passe). Quelle mouche tsé tsé de la brousse africaine a pu donc piquer nos frères exilés qui semblent avoir oublier le chemin si difficile parcouru pour obtenir la problématique réhabilitation des descendants de Cham ? Les dieux leur sont-ils tombés sur la tête ? Qu’arrive t-il à la négrogeoisie parisienne ? Certains devenus bourguignons en veulent à mort au tubercule manioc, d’autres en revanche excellent dans l’autodérision ou encore l’art de la division communautaire, le sésame, paraît-il, pour intégrer les allées très sélectives du microcosme politico médiatique franchouillard.



L’heure est grave. Comme le dit l’adage Kongo, le pelage du rat de brousse est désormais cuit. Et chose curieuse, Monsieur Mabanckou, ivre sans doute de son succès (Renaudot 2006), s’est mis lui aussi à pratiquer ce sport très à la mode parmi ceux qu’il est convenu d’appeler les « bountys ». A sa façon, il nous livre dans son dernier opus au titre évocateur « black bazar », sa vision parisienne de la négraille qui a échoué au bord de la seine pour le meilleur et pour le pire. L’enfant noir de Brazzaville n’étale pas seulement le bazar, mais il en rajoute, il enfonce le clou en pratiquant, grosso modo, du black mic mac. Cette fois ci il a vraiment « cassé le verre » au nom du drapeau tricolore « bleu blanc rouge ». Tel un oiseau de mauvais augure, il dessine naïvement les contours du quotidien des enfants de Kemet dans la ville lumière à travers quelques faits marginaux et anecdotiques (la SAPE, Produits éclaircissants etc.…) d’une poignée d’irréductibles de Congo Brazza et de Kinshasa. Cette ethnologie de bas étage à la sauce hexagonale a un arrière-goût hégélien tant la responsabilité historique d’homme semble hors de portée des Nègres. Pourtant ce ne sont pas les exemples de responsabilité qui manquent dans ce quotidien fait d’humiliations incessantes, depuis les tirailleurs sénégalais aux Sans papiers, et ce malgré, les compromissions des uns et la trahison des autres.

De quoi s’agit-il au juste ? En effet, notre sociologue des pratiques africaines de Paris dresse en quelque sorte un nouveau portrait du colonisé ou du néo-colonisé. Une sorte d’exploration des aventures ambiguës des africains de la capitale gauloise au travers de la vie truculente d’un dandy originaire du Congo Brazza. Notre parisien est un amoureux des cols italiens à trois ou quatre boutons, qu’il aime ressentir autour de son cou. Sa panoplie vestimentaire se conjugue en costards cerruti 1884, veste de Gianni Versace etc. à laquelle s’ajoute des weston en croco ou en lézard, des bowen et autres chaussures anglaises etc... En gros, c’est un Sapeur car il fait partie de la Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes (SAPE). Son credo pourrait se résumer ainsi « dis mois comment tu noues ta cravate je te dirais qui tu es). Sa bande d’amis (Paul du Grand Congo ou Roger le franco ivoirien etc.…) croisés au Jip’s, un nganda afro-cubain de la place, l’a surnommé « Fessologue » à cause de son obsession pour les derrières des filles. Notre immigré est ainsi capable de lire la psychologie d’une fille rien qu’en regardant les mouvements de son popotin.

Mais notre « plume d’origine contrôlée » ne s’attarde pas seulement sur l’aliénation vestimentaire de ses compatriotes. Il nous apprend aussi dans cette dernière livraison au ton ironique que les Nègres de France ne sont pas tous pareils (franchement il n’y a pas de quoi fouetter un chat). Les blancs non plus ne se ressemblent pas tous, heureusement d’ailleurs, il y a des blonds, des bruns, des roux, des racistes et même des antiracistes). Que certains africains recherchent le « teint jaune papaye » pour ressembler au maître en se décapant la peau à l’aide de produits éclaircissants (rien de nouveau sous le soleil). D’autres, en revanche, cultivent le ressentiment, à cause de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation, à l’instar de Hippocrate, un antillais, voisin de pallier de notre immigré fessologue.

On est loin donc des centres de rétention avant le voyage sans retour, des hôtels insalubres qui crament nos enfants, des taudis de banlieue dans lesquels croupit cette négraille dont Monsieur Mabanckou se veut le porte parole aux yeux de ses nouveaux amis du sérail médiatico-littéraire. On est aussi loin de ces combats pour la dignité que mènent ces hommes et ces femmes venus des Antilles ou d’Afrique qui ensemble poursuivent le message de leurs illustres prédécesseurs. Monsieur Hippocrate, l’antillais du roman de Monsieur Mabanckou n’est pas représentatif de tous les antillais. Après le livre scandale de Olivier Pétré Grenouilleau, nombreux sont les africains et les descendants d’africains qui ont compris la stratégie pour diviser de l’ancien colonisateur. Le discours de Monsieur Hippocrate est aujourd’hui anecdotique, voire insignifiant au regard des combats menés par les dignes fils de Kemet. Fini de jouer au Nègre. Dignité, respect, réhabilitation, unité, sont les maîtres mots des descendants de cham, militants ou pas. L’esclavage, la colonisation, jadis sujets à caution, sont moins de pommes de discordes aujourd’hui que de mangues communes de réflexion parmi les descendants de Cham.

Il semble que Monsieur Mabanckou, dont le talent d’écriture est sans doute indéniable pour avoir obtenu le Renaudot, s’est trompé d’époque. Sans doute pressé par son éditeur. En effet, pendant les années 70-80, la réalité pouvait se confondre, à s’y méprendre, avec le décor qu’il plante du quotidien africain dans ce récit. Mais de l’eau de la Seine a bien coulé sous le pont Mirabeau depuis. La France a changé et les congolais aussi. Aujourd’hui, ces derniers dans leur immense majorité veulent « se caser », c'est-à-dire, s’intégrer dans le décor franchouillard, seule une poignée d’irréductibles continue de squatter les lieux mal famés de Château rouge, Château d’eau, pour aller y dénicher un compatriote ou quelques produits locaux que chinois et hindous vendent désormais un peu partout. De Paris à Limoges, le foufou se vend partout, le client est le même, mais le vendeur ne parle plus la même langue que lui. Le métro boulot foufou est terminé, désormais, c’est RER boulot dodo. Weston, costume Ungaro, cerruti 1884, chaussettes jacquard etc… ont rejoint les placards « éthiopiques » des HLM de banlieue. Les réveils à 4h du matin sont passés par là. L’aliénation vestimentaire ne semble désormais plus qu’être le fait d’une petite minorité.

En attendant le vote de bêtes sauvages de la place, le nouveau récit de Monsieur Mabanckou étonne les Dieux tant « l’aventure ambiguë » du fessologue est à mille lieux du quotidien aujourd’hui de l’africain de Paris. Tels des astres éteints, les amis du fessologue sont aussi des espèces en voie de disparition dans une France où l’amateurisme immigré n’est plus permis. Si « ce n’est pas trop sorcier pour un nègre de jouer au nègre », c’est carrément même suicidaire de le faire. Lois pasqua, ministère de l’immigration et de l’identité nationale, tests ADN, Charters, sont devenus des fardeaux qui alourdissent le quotidien si complexe des africains. C’est une vie et demie où la volonté de s’en sortir a pris le pas sur les extravagances mondaines.
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Panafricain
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MessagePosté le: Dim 15 Fév 2009 13:57    Sujet du message: Re: Qu'est-ce que le communauté noire de France ? Répondre en citant

Joseleñ a écrit:
Panafricain a écrit:
Citation:
Certains vont bondir, mais la réalité est que nous allons plus facilement en boite dépenser 150 euros pour une bouteille de whisky que mettre 15/20 euros dans un livre. "


Et dire que le propos d'Ardin s'inscrit dans un refus de catégoriser ou de "carcanniser" le petit monde noir de France. Si nous sommes tous des "farrouteurs de minuit club" que dire de ceux qui imaginent encore leurs soirées en famille, vautrés dans un canapé, un verre de vin léger sous la coupe, devant un petit film sympa ?.


Ce que tu dis ne contredit nullement mon propos. En dehors de la communauté noire, tu connais beaucoup de communautés dont les membres, y compris les moins nantis sont prêts à dépenser 150 euros pour une bouteille en boîte ? Si je te dis que pour faire fortune au sein de la communauté, il vaut mieux ouvrir une boîte de nuit que d'être écrivain, tu vas me contredire ? Si oui, je vais te demander si tu vis sur mars.


Citation:
Mon interprétation va paraître révolutionnaire quand on se met à imaginer la vie d'un "black", et pourtant, c'est aussi la vie des noirs de France qui a la particularité de ressembler à la légendaire " vie des blancs". Cette "vie des blancs" mystérieusement ressassée par nos grands intellos devant l'éternel. Mais tu as raison de préciser que le ventre mou suit le regard.


Cf plus haut. Je ne dis pas que certains ne passent pas leurs soirées devant la télé, je dis qu'il y a une tendance générale qui se dégage, et on aura du mal à me prouver le contraire.


Citation:
Citation:
" Enfin, j'ajouterais qu'heureusement que nos écrivains ne comptent pas sur nous pour vivre. Ils seraient clochardisés à l'heure qu'il est."


Cher Panafricain, nul n'a le monopole du monde noir et ce qui veut dire que notre intérêt réside dans la capacité à découvrir ce qui marche et qui est destiné aux principaux concernés et non des hypothétiques lecteurs pour qui la littérature n'aurait plus que des visées alimentaires et calculées. Quelle inspiration !!


Je ne te suis pas très bien. Tu peux être plus clair sur ce point ?

Citation:
Le monde noir de France est très hétérogène. Nous pensons nous connaître, ou croyons que le peu que nous connaissons suffit à expliquer le superflu en généralité, or il suffit d'un contre exemple de cette généralisation pour que le principe même de l'homogénéïté du monde noir de France soit remis en cause.


Permet moi de ne pas être d'accord. Quand Ardin parle d'unité culturelle de l'Afrique noire, ça ne veut pas dire que tous les peuples sont identiques, mais qu'on retrouve certains traits culturels partout. Et un contre exemple concernant les Noirs de Paris ne suffira jamais à contredire ce que je dis.

Citation:
Le monde blanc de France n'est pas au courant de toutes ces hétérogénéïtés, puisqu'il pense homogène et il suffit qu'un Mabanckou se lève, flashe sur un trait caractériel anodin, mais très infime, tel un radar, pour que la lumière éclabousse toute la communauté...
C'est le message que j'ai retenu d'Ardin...


La situation que Mabackou décrit dans son roman constitue donc une description de toute la communauté noire ? Ce n'est pourtant pas ce que j'ai compris, mais je peux me tromper
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Panafricain
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MessagePosté le: Dim 15 Fév 2009 14:13    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques extraits d'une Itw de Mabanckou dans jeune afrique numéro 2509 du 8 au 14 février 2009

Dans black bazar, vous avez introduit tous les sujets qui vous tiennent à coeur : la colonisation, l'émigration, l'amour...Vous vouliez écrire un roman total ?

Black Bazar est le récit de la pagaille dans le monde noir à Paris. A travers mes personnages, qui sont souvent la transcription fidèle des êtres de chair et de sang que j'ai cotoyés, j'ai essayé d'explorer les grands problèmes qui obsèdent la communauté noire- dictature, guerre civile, corruption, mais racontés sur le mode de la dérision. Le rire me semble plus efficace que le tragique.

(...)

Dans Black Bazar, on pourrait dire que le monde commence dès le titre : "black" est anglais et "bazar" est un mot d'origine persane. Un titre programmatique ?

Un titre programmatique qui annonce le Babel qu'on trouve dans le roman. Prisonniers de leur microcosme, en l'occurrence les ghettos africains de Paris, mes personnages réussissent à s'en échapper par leur imaginaire, peuplé de Luis Sepulveda, de Saitn Exupery, d'Ernest Hemingway, et de Gabriel Garcia Marquez. Les bars où se déroulent mes derniers romans n'ont d'intérêt que parceque les bruits et les chants du monde peuvent s'y infiltrer.

Le thème du roman est toutefois très africains. Il raconte les heurs et malheurs des Africains à Paris. Qu'est ce qui vous a intéressé dans le vécu de cette diaspora ?

Dans mon premier roman Bleu Blanc Rouge, j'avais déjà creusé cette thématique de la diaspora africaine au tournant des années 90. Le roman racontait la tragédie de l'immigration, mais aussi le conflit identitaire d'un émigré africain qui retourner chez lui. Je reviens une décennie plus tard à la même thématique. Ce qui m'intéresse, ce sont les rêves, les souffrances, les déchirements des exilés africains qui savent que leur destin est en France. Ils l'aiment et la détestent à la fois

Comment jugez vous l'évolution des rapports entre la France et l'Afrique ?

On pensait que Nicolas sarkozy pouvait modifier cette relation. On se rend compte qu'il ne connaît pas l'Afrique. Quand il tient un discours comme celui de Dakar, en expliquant que les Africains ne sont pas entrés dans l'histoire, cela dénote une méconnaissance totale de tous les travaux scientifiques, bien avant ceux de Cheikh Anta Diop. Au moment même où nous pensons que le monde forme une longue chaîne, on vient expliquer par une opération du Saint-Esprit que les civilisations ont des hiérarchies. Dans quelle histoire l'Afrique doit-elle entrer ? L'Histoire de France ?
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