Grioo.com   Grioo Pour Elle     Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  



grioo.com
Espace de discussion
 
RSS  FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Jospin et les Taupins : des africains du lycée Louis LeGrand

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Actualités Diaspora France
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Panafricain
Super Posteur


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 1127

MessagePosté le: Mer 28 Jan 2009 10:47    Sujet du message: Jospin et les Taupins : des africains du lycée Louis LeGrand Répondre en citant

La vie de jeunes africains au lycée Louis Le grand...

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/01/26/jospin-et-les-taupins_1146589_3224.html


Jospin et les taupins
LE MONDE | 26.01.09 | 14h56 • Mis à jour le 26.01.09 | 18h34

Lorsqu'il a débarqué au lycée Louis-le-Grand, son nom, lancé lors des appels, a d'abord fait sourire. "Evidemment, ici, ce n'est pas banal de porter le prénom de Jospin", s'amuse-t-il. Jospin... Comme l'ancien premier ministre ? "Oui, mon père l'admirait beaucoup, insiste-t-il. C'était tout de même l'un des rares hommes politiques français à s'être intéressé au tiers-monde tout en refusant de se lier aux dictateurs africains !"

Evidemment, "papa" aurait pu opter pour la solution du simple "Lionel". "Mais il a pensé, remarque-t-il pince-sans-rire, que Jospin exprimerait plus clairement sa considération." Le Béninois Jospin Oussou est donc arrivé à Paris avec son drôle de prénom, il y a deux ans, en 2007. Son père était mort depuis quelques années, laissant sa mère, vendeuse sur les marchés, élever seule les quatre enfants du couple. Il n'avait jamais pris l'avion, ne connaissait rien d'autre que Cotonou, et son homonyme en France n'était déjà plus premier ministre depuis cinq ans.

Le jeune homme disposait cependant d'un plus puissant viatique : ses formidables bulletins scolaires. Des 19 sur 20 à la pelle, une mention "très bien" au bac et la réputation d'être l'un des meilleurs élèves du Bénin. Au sein des classes préparatoires - les "taupes"- du prestigieux lycée Louis-le-Grand, qui fournit chaque année une moitié des effectifs de l'Ecole polytechnique, le jeune "taupin" a néanmoins rapidement compris qu'il était loin d'être le seul à aligner de telles performances scolaires.

Mais, dans ce lycée qui vit pourtant passer, à la fin des années 1920, le poète et ancien président du Sénégal Léopold Sédar Senghor, il a aussi vite constaté qu'il était l'un des rares Africains issus d'une famille modeste à s'être taillé une place dans les têtes de classe.

Lors des réunions de parents d'élèves de Louis-le-Grand, sur le quai de la gare lors du premier voyage scolaire, ce n'est pourtant plus Jospin qui a bientôt fait sensation, mais un homme, blanc, la soixantaine, livrant ses dernières recommandations en remontant le cache-nez du garçon pour qu'il ne prenne pas froid : Odon Vallet. Cet énarque érudit, spécialiste des religions et sans enfant, est tout à la fois le parrain, le père adoptif et le bienfaiteur de Jospin et de la demi-douzaine de jeunes Africains issus de familles modestes inscrits à Louis-le-Grand.

Depuis qu'il a hérité, en 1999, de l'imposante fortune de son père (115 millions d'euros placés dans la Fondation Odon-Vallet, sous l'égide de la Fondation de France), Odon Vallet distribue chaque année des bourses à des élèves défavorisés. Il a commencé par les écoles d'art appliqué françaises (école Boulle, Arts déco, lycée de l'horlogerie ou école des Gobelins). A étendu ensuite son action au Vietnam, "un pays confucéen où les études sont une mystique", dit-il. "Mais j'avais un remords de ne rien faire pour l'Afrique."

Il a donc jeté son dévolu sur le Bénin, puis, selon les circonstances, sur les pays voisins, sélectionnant les meilleurs élèves des meilleurs lycées. Dans les cours de Louis-le-Grand, ils sont donc cinq à retrouver chaque jour Jospin. Trois autres jeunes Béninois, Irénée Salmon, Espérant Padonou et Ulysse Lawogni. Un jeune Ivoirien, Désir Koffi-Bi, dont le prénom est tout aussi inspiré par la politique française que Jospin, "mais moi, mon père avait été très marqué par un discours d'Harlem Désir au temps où celui-ci dirigeait SOS-Racisme", explique-t-il en riant. Et la seule fille parmi eux, Tatiana Tchalla, est originaire du Togo.

C'est peu dire qu'à Louis-le-Grand, où les rares élèves noirs sont souvent fils de diplomates, ce petit groupe-là se remarque. "Dans la compétition internationale qui nous oppose aux plus grandes universités américaines, nous sommes bien parvenus à faire venir des Chinois, très bons en mathématiques, reconnaît le proviseur Joël Vallat, quelques Marocains, des Libanais, des Bulgares. Mais le gros des prépas est encore très franco-français." Les six Africains ont refait une terminale à Louis-le-Grand avant de se lancer dans les classes préparatoires.

"Ce n'est pas leur niveau en mathématiques ou en physique qui posait problème, souligne Annie Vigneron, professeur de mathématiques, qui les a tous suivis en terminale. Généralement, ils sont très bons dans ces matières, leurs lycées d'origine suivant les anciens programmes français de terminale, plus poussés que ceux d'aujourd'hui. Mais ils avaient un rattrapage à accomplir en histoire, anglais et philosophie."

Il leur a aussi fallu un petit temps d'adaptation à un pays inconnu, un climat qui les frigorifie toujours, une cuisine qui les déroute souvent. "Jospin n'avait jamais tenu un couteau de sa vie, rappelle Odon Vallet, Irénée pensait devoir chanter l'hymne national chaque matin avant d'entrer en classe et Espérant a longtemps été inquiet d'avoir dû laisser sa mère, sanglotant en disant son chapelet."

Car si tous sont issus de familles où l'école était surinvestie, chacun de leurs parcours est un petit miracle. Et ils sont tous liés par cette communauté de destin. C'est Espérant, déjà boursier de la Fondation, qui a ainsi recommandé Ulysse à Odon Vallet. "J'étais sorti major du Bénin au BEPC, et j'ai longtemps été le meilleur élève de mon collège Sainte-Félicité, à Cotonou, raconte le jeune homme. Jusqu'à ce qu'Ulysse arrive, deux classes en dessous de la mienne. Là, il s'est révélé mon adversaire le plus redoutable. Chaque trimestre, j'allais le voir pour sonder si sa moyenne générale serait supérieure à la mienne. Lorsque M. Vallet m'a accepté, après que j'ai été le major du Bénin au bac, je savais déjà qui serait, deux ans plus tard, le meilleur bachelier."

Le grand frère de Désir, Ezechiel, aujourd'hui élève à l'Ecole des mines de Douai et déjà boursier de la Fondation, avait pour sa part présenté son cadet. "J'étais alors en cinquième, sourit Désir, et premier de mon école. Pendant des années, M. Vallet m'a envoyé des Harry Potter. Ah, je les ai lus et relus ! Et en terminale, j'ai su que j'étais à mon tour accepté."

Irénée projetait de s'engager dans l'armée, faute de moyens financiers, et avait déjà renoncé à décrocher une bourse. "Mon père, médecin - c'est lui qui a accouché ma mère par césarienne lorsque je suis né -, est blanc, ma mère est noire, raconte-t-il doucement. En Afrique, quand on est le fils d'un Blanc, on est considéré comme un riche, et, même si c'était loin d'être la réalité, j'étais sûr que je n'aurais pas la bourse." La veille de déposer son dossier militaire, il a tout de même rappelé Odon Vallet. "Vous êtes fou de vous engager dans l'armée, en plus comme sous-officier !", a tonné le parrain. Et Irénée a été sélectionné pour Louis-le-Grand.

Jospin croyait que, "dans notre pays où il y a tant d'injustice et de corruption, un fils de ministre (lui) passerait forcément devant le nez."

Tatiana, enfin, avait déjà quitté ses parents depuis un an pour intégrer une terminale au lycée de Dakar. C'est là que l'écrivain Jean-Christophe Rufin, ambassadeur de France au Sénégal, a remarqué ses excellents résultats au bac et, sans la connaître, a remis son dossier à Odon Vallet.

A Paris, chacun dispose, grâce à la fondation, d'un compte en banque avec un petit pécule, d'un téléphone portable et d'une chambre en internat, tout près du jardin du Luxembourg. Colles et révision tous les soirs. Partie de foot le vendredi - Irénée s'est déjà taillé une réputation de champion du lycée -, dîner chaque samedi au Bistrot Romain du boulevard du Montparnasse autour d'Odon Vallet, messe le dimanche à l'église Saint-Sulpice et, régulièrement, inspection surprise des chambres par leur "parrain". Entre eux, ses "filleuls" l'appellent très gentiment "l'adjudant". "Nous, nous sommes la première compagnie", sourit Espérant.

Bien sûr, les familles manquent. Les parents, en Afrique, se débrouillent chaque semaine pour trouver un cybercafé et lire ainsi, par courriel, des nouvelles de ces enfants qui représentent tous leurs espoirs. Les professeurs de Cotonou suivent à distance les progrès de leurs anciens élèves et ne savent plus trop s'il faut souhaiter les voir continuer en France, en Amérique, ou les retrouver diplômés en Afrique.

"On disait beaucoup, au Bénin, que la France était raciste, remarque Espérant. J'ai trouvé tout le contraire. Nous avons été magnifiquement accueillis." Des amours se sont nouées. A Noël, les uns et les autres ont été invités chez des camarades de classe. Jospin s'apprête à aller faire du ski pour la première fois. Ulysse propose chaque semaine des théories de mathématiques à ses professeurs et versifie volontiers. Espérant a découvert l'écrivain Michel Leiris. Tatiana s'enthousiasme en cours de philosophie pour la psychanalyse et Sigmund Freud. Et leur professeur Annie Vigneron a trouvé l'autre jour une petite carte postale de l'un d'entre eux, noircie d'une belle écriture, "Madame, je vous aime..."

Le 1er novembre 2007, quelques semaines après son arrivée, Jospin, n'y tenant plus, est allé rendre visite à son célèbre homonyme, en compagnie d'Odon Vallet. Lionel Jospin l'a reçu chez lui, amusé. "Cela m'a fait plaisir, pour mon père", dit le jeune homme en souriant. Depuis, il reçoit à chaque grande occasion et pour les fêtes de fin d'année un petit mot manuscrit de l'ancien premier ministre. Les lettres sont là, dans sa petite chambre parisienne, au milieu de ses cahiers.

Raphaëlle Bacqué
Article paru dans l'édition du 27.01.09




Dernière édition par Panafricain le Mer 28 Jan 2009 12:22; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Ilan
Grioonaute 1


Inscrit le: 18 Mai 2005
Messages: 296

MessagePosté le: Mer 28 Jan 2009 11:10    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas quoi penser !?
Immigration choisie ou autre chose ?
Quelle place auront ses enfants dans leur pays puisque ce n'est pas leur pays qui les a formé et inculqué ses propres valeurs d'excellence ?
Je ne sais pas.


Dernière édition par Ilan le Sam 31 Jan 2009 11:31; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Panafricain
Super Posteur


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 1127

MessagePosté le: Mer 28 Jan 2009 12:19    Sujet du message: Répondre en citant

Déjà, je suis content que ces jeunes aient eu une chance de suivre une formation à la hauteur de leurs aptitudes intellectuelles.

Ensuite, quant à l'immigration choisie, la formule est peut être mauvaise, mais je ne suis pas contre dans le fond si ça permet à certains d'avoir leurs chances. Quant à la fuite des cerveaux, on peut être utile à l'Afrique en dehors de l'Afrique comme à l'intérieur. Je crois que c'est une fausse opposition. Le monde a changé, on n'est plus dans les années 60. Il faut aussi penser que si tu n'arrives pas à manger à ta faim dans ton pays, tu fais tout ce qui est en ton possible pour aller dans un pays où tu peux manger à ta faim.

Si tu es médecin et que dans ton pays d'origine tu gagnes 150 euros le mois, alors que dans un autre pays on t'en propose 3000, le choix est vite fait. Donc évitons de jeter l'opprobre ou de condamner trop facilement. Chacun est d'abord responsable de sa propre vie.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Gnata
Super Posteur


Inscrit le: 14 Juil 2005
Messages: 1127

MessagePosté le: Mer 28 Jan 2009 23:03    Sujet du message: Répondre en citant

Panafricain a écrit:
Déjà, je suis content que ces jeunes aient eu une chance de suivre une formation à la hauteur de leurs aptitudes intellectuelles


C'est terrible ce genre de fuite des cerveaux-là, mais comme tu dis on ne va surement pas blâmer ces étudiants, c'est aux pays respectifs de faire ce qu'il faut faire...

Je ne sais pas comment est l'enseignement au Bénin mais je confirme que les Béninois sont excellents à tous ce qui touchent de près ou de loin aux Mathématiques , an Baccalauréat en Actuariat pendant que nous ( Autres Africains+Canadiens) cherchions à savoir combien de fois nous allions passer le premier examen professionnel ( de Probabilités) avant de le réussir , eux en étaient au quatre ou au cinquième examen S.O.A, quand ils finisaient ils calaient( restaient) bien-sûr, le gouvernement Canadien leur délivrait la residence ( Landing title) dès la deuxième année, bref ils sont donc pleins en Ontario, dans le gouvernement fédéral et aussi dans celui Québecois, dans les compagnies d'assurances ici au Québec.

Pas besoin de rappeller que le manque à gagner pour le Benin est enorme, un si petit pays pourvu d'énormes potentialités intellectuelles comme celles-là qui ne peut même pas en profiter à cause d'un manque de vision ,pfff , quel gâchis !
_________________
"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
ogunsiron
Grioonaute


Inscrit le: 09 Oct 2004
Messages: 90
Localisation: canada

MessagePosté le: Mer 28 Jan 2009 23:34    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="GnataJe ne sais pas comment est l'enseignement au Bénin mais je confirme que les Béninois sont excellents à tous ce qui touchent de près ou de loin aux Mathématiques

Pas besoin de rappeller que le manque à gagner pour le Benin est enorme,[b] un si petit pays pourvu d'énormes potentialités intellectuelles comme celles-là qui ne peut même pas en profiter
à cause d'un manque de vision ,pfff , quel gâchis ![/quote]

Sur le site "mathematicians of the african diaspora" on constate que les ressortissants de 2 pays tronent largement en tete : Le Nigeria et le Benin. Quand on sait que le 1er est le plus grand pays noir du monde, la performance du Benin est encore plus impressionante.
Au Gabon ou je vivais, le stereotype du beninois tres intelligent et tres bosseur etait tres répandu d`ailleurs (ainsi que d`autres stereotypes un peu moins flatteurs). C`est en effet incroyable a quel ppint le systeme politique ou social de leur pays d`origine dilapide leur talent evident .
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sang froid
Grioonaute 1


Inscrit le: 18 Juin 2006
Messages: 203

MessagePosté le: Jeu 29 Jan 2009 12:09    Sujet du message: Répondre en citant

Le "lycée Garçons" de Yamoussoukro et son homologue des jeunes filles à Bouaké jouaient ce rôle de réceptacles des meilleurs lycéens en Côte d'Ivoire dans les années 70, 80. Après le bac, ils/elles intégraient souvent les prestigieuses grandes écoles de l'époque (ESIE de Bingerville, INSET,...). Ce système qui a bien fonctionné et qui a fourni de nombreux cadres à l'économie ivoirienne peut être réactivé et étendu à l'Afrique occidentale. Cela aurait l'avantage de former sur place des cadres pour l'économie sous-régionale.

Ceci dit, je souhaite bonne chance à ces jeunes gens. Ils me rappellent une époque à laquelle pour chaque chapitre de maths ou physique, nous fouillions tous les livres d'exercices et autres annales à la recherche du moindre sujet d'examen qui pouvait nous résister Laughing Laughing Laughing Quelle satisfaction lorsque la traque était terminée ! C'est vrai qu'on n'avait ni télé ni jeux vidéo, il fallait bien s'occuper Laughing Laughing Laughing
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Jeu 29 Jan 2009 12:56    Sujet du message: Répondre en citant

Ilan a écrit:
Je ne sais pas quoi penser !?
Immigration choisie ou autre chose ?
Quelle place auront ses enfants dans leur pays puisque ce n'est pas leur pays qui les a formé et inculpé ses propres valeurs d'excellence ?
Je ne sais pas.

Pour immigration choisie : difficile à caractériser ainsi l'initiative d'Odon-Vallet. C'est juste de la philanthropie "à la Papa" de quelqu'un ayant hérité d'une grosse fortune qu'il a choisi de dépenser en aidant son prochain, sincèrement, selon ses propres conceptions de l'aide "idéal" à lui apporter.

Donc, rien de bien grave : tous les classiques du genre y sont, avec le cathéchisme de rigueur, "la mentalité primitive" de Béninois/Africains URBAINS de 2008 n'ayant jamais usé de couteau à table (il faut être sourd pour entendre ça, ou quoi????) ; et tout le tintouin. Mais au bout du compte objectif, c'est (comme le dit Panaf) des jeunes Africains talentueux qui seront sauvés de la misère que notre indigence collective leur promettait ; grâce à la magnanimité d'un idéaliste blanc...

Pour les valeurs d'excellence : même l'exemple du Lycée scientifique de Yakro n'y pourvoit guère ! Bien entendu, j'en étais très fier moi aussi à l'époque. Désormais, je serais plus exigent, en souhaitant vivement que les programmes pédagogiques africains de Demain intègrent enfin nos "propres valeurs d'excellence" ; à condition que lesdites valeurs aient été préalablement réhabilitées, notamment à travers un enseignement généralisé et afrocentré de l'histoire des civilisations négro-africaines, depuis les classes élémentaires jusqu'aux supérieures : par exemple, plutôt qu'Harry Potter, initier les jeunes Africains à Kacou Ananzè, Wangrin, Hamkouleul, etc.
_________________
http://www.afrocentricite.com/
Umoja Ni Nguvu !!!

Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
comme Patrice Lumumba,
comme Walter Rodney,
comme Amilcar Cabral,
comme Thomas Sankara,
Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
samuel
Grioonaute régulier


Inscrit le: 28 Jan 2005
Messages: 459

MessagePosté le: Jeu 29 Jan 2009 20:30    Sujet du message: Répondre en citant

Il ne faut sans doute pas cracher dans la soupe mais il me semble qu'un petit bout de phrase vous a echappe: 'Les six Africains ont refait une terminale à Louis-le-Grand avant de se lancer dans les classes préparatoires.'' Je trouve que cela ne se justifie pas du tout meme si le pretexte trouve c'est la philo ou je ne sais pas quoi. En prepa les Africains ecrivent en general un meilleur francais que les Francais de souche parce qu'ils ont appris un Francais ''scolaire'' ou le souci des regles d'orthographe et de grammaire est predominant. Je l'affirme: leur orthographe est en general meilleure que celle des Francais dits de souche et je ne vois pas pourquoi un jeune Francais serait plus ''philosophe'' qu'un jeune Africain. Le probleme c'est qu'on leur en demande toujours plus qu'on en attend des jeunes Francais qui eux peuven se contenter d'etre moyens.

Je mets donc cela sur le compte des stereotypes et des prejuges du meme ordre que ceux lies au couteau de table tel que rappele par Ogo. Mieux encore, je pense que c'est une maniere de diminuer leur merite meme en cas de reussite car ils auraient evidemment un age plus avance que les autres eleves. Souvent, ceux des Africains qui reussissent a entrer dans les ecoles les plus prestigieuses ont du reprendre Math spe. Bref! Dans ces milieux-la, on s'arrange presque toujours pour que la reussite d'un Africain paraisse ''incomplete'', ''douteuse'' et obtenue de facon qu'il y ait toujours quelque chose a en redire.

Si les jeunes Beninois paraissent si forts, c'est parce que le systeme de selection au bac et aux differents examens et concours au Benin (mais aussi au Cameroun et au Togo) est presqu'inhumain. Pour la petite ''creme'' que nous admirons tant, combien de jeunes tout aussi capables de reussir sont laisses en rade par un systeme de selection stupide et destructeur qu'on ne trouve plus nulle part ailleurs qu'en Afrique car meme en France, la France que nos pays ont copiee, presque 80% des jeunes d'une generation reussissent leur bac alors que ce taux n'est pas loin de 10% dans les pays africains les plus scolarises (et encore je suis genereux puisque certaines etudes affirment que pour 100 jeunes Africains inscrits en premiere annee d'ecole primaire seuls 1 ou 2% reussissent leur bac 13 ans plus tard). Les taux de reussite au bac en France sont sans commune mesure avec les stupides taux de 20% ou 30% (il n'y a pas longtemps un pays africain que je ne citerai pas affichait 14% de taux de reussite au bac) qu'on retrouve dans maints pays africains et dont des ministres tout aussi stupides se montrent fiers parce qu'ils s'imaginent que cela donne une credibilite aux diplomes qu'ils delivrent. L'elitisme et le mythe du diplome herites de la France (et que la France, pour ce qui est de l'enseignement secondaire abandonne progressivement en allegeant les horaires et les programmes et en adoptant une certaine souplesse pour ce qui est du baccalaureat) sont en train de detruire des generations entieres d'Africains laisses en rade, desesperes et pour qui la seule voie pour echapper a la misere demeurent les etudes alors qu'on fait tout pour leur en barrer le chemin.

Quiconque a etudie ou enseigne dans les pays anglo-saxons ou aux Etats-Unis se rend immediatement compte du bourrage de crane et du gachis organise dans les systemes educatifs francophones africains (car j'insiste, la France s'en est elle rendu compte et est en train de s'en debarrasser progressivement tout en encourageant nos pays a maintenir des methodes d'education couteuses et peu efficaces qui n'ont pour resultat que de faitre des tetes bien pleines mais certainement pas bien faites).

C'est pourquoi, si on ne peut que souhaiter bonne reussite a ces ''taupins'', il ne faut pas oublier non plus les dizaines de milliers qui auraient tout aussi bien pu reussir des etudes decentes meme si ce n'est pas pour entrer dans de grandes ecoles, et qu'il a fallu ''ecraser'' au passage pour exhiber quelques exemples qui sont en fait l'arbre de la reussite qui cache la foret des echecs.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
sang froid
Grioonaute 1


Inscrit le: 18 Juin 2006
Messages: 203

MessagePosté le: Ven 30 Jan 2009 22:15    Sujet du message: Répondre en citant

samuel a écrit:
Si les jeunes Beninois paraissent si forts, c'est parce que le systeme de selection au bac et aux differents examens et concours au Benin (mais aussi au Cameroun et au Togo) est presqu'inhumain. Pour la petite ''creme'' que nous admirons tant, combien de jeunes tout aussi capables de reussir sont laisses en rade par un systeme de selection stupide et destructeur qu'on ne trouve plus nulle part ailleurs qu'en Afrique car meme en France, la France que nos pays ont copiee, presque 80% des jeunes d'une generation reussissent leur bac alors que ce taux n'est pas loin de 10% dans les pays africains les plus scolarises (et encore je suis genereux puisque certaines etudes affirment que pour 100 jeunes Africains inscrits en premiere annee d'ecole primaire seuls 1 ou 2% reussissent leur bac 13 ans plus tard). Les taux de reussite au bac en France sont sans commune mesure avec les stupides taux de 20% ou 30% (il n'y a pas longtemps un pays africain que je ne citerai pas affichait 14% de taux de reussite au bac) qu'on retrouve dans maints pays africains et dont des ministres tout aussi stupides se montrent fiers parce qu'ils s'imaginent que cela donne une credibilite aux diplomes qu'ils delivrent. L'elitisme et le mythe du diplome herites de la France (et que la France, pour ce qui est de l'enseignement secondaire abandonne progressivement en allegeant les horaires et les programmes et en adoptant une certaine souplesse pour ce qui est du baccalaureat) sont en train de detruire des generations entieres d'Africains laisses en rade, desesperes et pour qui la seule voie pour echapper a la misere demeurent les etudes alors qu'on fait tout pour leur en barrer le chemin.


L'analyse est juste. D'autres acteurs sont à blâmer : ce sont les professeurs qui pour affirmer je ne sais quelle autorité, distribuent de faibles notes à de bons élèves les empêchant du coup d'intégrer des formations à forte sélection. Il devient urgent de faire cesser ces pratiques.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Panafricain
Super Posteur


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 1127

MessagePosté le: Sam 31 Jan 2009 01:03    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
Donc, rien de bien grave : tous les classiques du genre y sont, avec le cathéchisme de rigueur, "la mentalité primitive" de Béninois/Africains URBAINS de 2008 n'ayant jamais usé de couteau à table (il faut être sourd pour entendre ça, ou quoi????) ; et tout le tintouin. Mais au bout du compte objectif, c'est (comme le dit Panaf) des jeunes Africains talentueux qui seront sauvés de la misère que notre indigence collective leur promettait ; grâce à la magnanimité d'un idéaliste blanc...


Ogo il y a des africains aussi riche qu'Odon Vallet sur le continent. Ils pourraient s'ils le voulaient attribuer des bourses à des jeunes pour que leur potentiel intellectuel ne soit pas gâché, mais je ne suis pas sur ce que ce soit ce qui intéresse le plus nos milliardaires. Je ne demande qu'à me tromper...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Panafricain
Super Posteur


Inscrit le: 22 Fév 2004
Messages: 1127

MessagePosté le: Sam 31 Jan 2009 01:23    Sujet du message: Répondre en citant

samuel a écrit:
Il ne faut sans doute pas cracher dans la soupe mais il me semble qu'un petit bout de phrase vous a echappe: 'Les six Africains ont refait une terminale à Louis-le-Grand avant de se lancer dans les classes préparatoires.'' Je trouve que cela ne se justifie pas du tout meme si le pretexte trouve c'est la philo ou je ne sais pas quoi. En prepa les Africains ecrivent en general un meilleur francais que les Francais de souche parce qu'ils ont appris un Francais ''scolaire'' ou le souci des regles d'orthographe et de grammaire est predominant. Je l'affirme: leur orthographe est en general meilleure que celle des Francais dits de souche et je ne vois pas pourquoi un jeune Francais serait plus ''philosophe'' qu'un jeune Africain. Le probleme c'est qu'on leur en demande toujours plus qu'on en attend des jeunes Francais qui eux peuven se contenter d'etre moyens.


Moi aussi je pense que vu leur niveau, ils n'avaient pas besoin de refaire une terminale surtout si c'est pour renforcer leur niveau dans des matières comme l'anglais,,le français et la philo, alors qu'ils veulent intégrer des écoles d'ingénieurs. Mais j'explique cela par le fait que le lycée où ils ont atteri c'est le lycée Louis Le Grand, en résumé le plus prestigieux de France, et qui ne veut pas "prendre de risque" en faisant chuter son nombre d'admis à Polytechnique (c'est l'école que ces jeunes visent clairement).

Je trouve que leur faire perdre une année juste pour qu'ils intégrent polytechnique n'est pas très malin car il ne faut pas forcement être à Louis Le Grand pour entrer à polytechnique d'une part, et qu'ils seraient certainement admis à de tres bonnes écoles qui ne sont pas polytechnique.

Citation:
Je mets donc cela sur le compte des stereotypes et des prejuges du meme ordre que ceux lies au couteau de table tel que rappele par Ogo.


En même temps, elle n'a pas inventé l'anecdote non plus même s'il faudrait préciser le contexte. C'est couteau de cuisine, ou lors d'un repas haut de gamme etc

Citation:
Mieux encore, je pense que c'est une maniere de diminuer leur merite meme en cas de reussite car ils auraient evidemment un age plus avance que les autres eleves. Souvent, ceux des Africains qui reussissent a entrer dans les ecoles les plus prestigieuses ont du reprendre Math spe. Bref! Dans ces milieux-la, on s'arrange presque toujours pour que la reussite d'un Africain paraisse ''incomplete'', ''douteuse'' et obtenue de facon qu'il y ait toujours quelque chose a en redire.


La majorité des gens qui intégrent ces écoles reprennent la math spe, et ça ne diminue en rien leur mérite.

Citation:
Si les jeunes Beninois paraissent si forts, c'est parce que le systeme de selection au bac et aux differents examens et concours au Benin (mais aussi au Cameroun et au Togo) est presqu'inhumain. Pour la petite ''creme'' que nous admirons tant, combien de jeunes tout aussi capables de reussir sont laisses en rade par un systeme de selection stupide et destructeur qu'on ne trouve plus nulle part ailleurs qu'en Afrique car meme en France, la France que nos pays ont copiee, presque 80% des jeunes d'une generation reussissent leur bac alors que ce taux n'est pas loin de 10% dans les pays africains les plus scolarises (et encore je suis genereux puisque certaines etudes affirment que pour 100 jeunes Africains inscrits en premiere annee d'ecole primaire seuls 1 ou 2% reussissent leur bac 13 ans plus tard).


Je serais plus nuancé que toi sur le sujet. ce n'est pas parceque le systeme de sélection est inhumain qu'ils paraissent forts. Tous ceux qui sont mentionnés étaient connus dans leurs pays comme les meilleurs élèves du pays. Et qu'on ait été en Afrique ou en France, ils seraient demeurés parmi les meilleurs élèves.

Par contre, les systemes d'éducation sont délabrés, le niveau est généralement bas. Ces jeunes font plus figures d'exception à la règle que de modèles de ce que sont les jeunes lycéens africains. Comment veut t-on avoir une éducation efficace dans des pays où il n'y a pas de bibliothèques, pas de travaux pratiques, où l'informatique ne s'enseigne essentiellemnt qu'à travers les livres etc Les 20% de réussite au bac sont faibles, mais ce n'est pas seulement parcequ'on bloque les élèves. C'est que l'éducation est mauvaise, et le niveau des élèves s'en ressent. L'étudiant moyen en Afrique francophone (ou même anglophone) n'a pas le niveau de l'étudiant moyen en Occident.









Citation:
Quiconque a etudie ou enseigne dans les pays anglo-saxons ou aux Etats-Unis se rend immediatement compte du bourrage de crane et du gachis organise dans les systemes educatifs francophones africains (car j'insiste, la France s'en est elle rendu compte et est en train de s'en debarrasser progressivement tout en encourageant nos pays a maintenir des methodes d'education couteuses et peu efficaces qui n'ont pour resultat que de faitre des tetes bien pleines mais certainement pas bien faites).


Les systemes sont différents en effet. Un étudiant qui arrive à la fac en france a étudié tout un tas de sujet, mais pas l'Américain. La conséquence c'est aussi que là où le français sait grosso modo ce qu'est l'Afrique, l'Américain lui ignore tout du reste du monde...


Citation:
C'est pourquoi, si on ne peut que souhaiter bonne reussite a ces ''taupins'', il ne faut pas oublier non plus les dizaines de milliers qui auraient tout aussi bien pu reussir des etudes decentes meme si ce n'est pas pour entrer dans de grandes ecoles, et qu'il a fallu ''ecraser'' au passage pour exhiber quelques exemples qui sont en fait l'arbre de la reussite qui cache la foret des echecs.


Le systeme éducatif en Afrique est à revoir de fond en comble. Je pense qu'il on en est encore au systeme mis en place au lendemain des indépendances...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
samuel
Grioonaute régulier


Inscrit le: 28 Jan 2005
Messages: 459

MessagePosté le: Sam 31 Jan 2009 10:23    Sujet du message: Répondre en citant

Panafricain, je suis d'accord avec presque tout ce que tu dis, y compris tes critiques. Je releverais seulement deux passages qui meritent clarification de ma part:

Citation:

Je serais plus nuancé que toi sur le sujet. ce n'est pas parceque le systeme de sélection est inhumain qu'ils paraissent forts. Tous ceux qui sont mentionnés étaient connus dans leurs pays comme les meilleurs élèves du pays. Et qu'on ait été en Afrique ou en France, ils seraient demeurés parmi les meilleurs élèves.


Je dois peut-etre preciser que je parle ici des etudiants Beninois en general et non des cinq ou six etudiants de Louis-Le Grand.

Citation:

Les systemes sont différents en effet. Un étudiant qui arrive à la fac en france a étudié tout un tas de sujet, mais pas l'Américain. La conséquence c'est aussi que là où le français sait grosso modo ce qu'est l'Afrique, l'Américain lui ignore tout du reste du monde...


Par contre ici il s'agit d'un prejuge digne du francophone que tu es. Parce que ''francises'' nous avons tendance a ne voir dans les Americains que de stupides macheurs de chewing-gum qui ignorent tout du reste du monde. Je peux t'assurer que pour la majorite des jeunes Americains ce n'est pas necessairement vrai. Mieux encore, lorsqu'il s'agit de ceux d'entre eux qui accedent aux ecoles d'elite, tu te plantes serieusement. Souvent pour ceux-la, pour etre selectionnes dans les meilleures ecoles, il ne s'agit pas seulement de connaitre l'Afrique ou un autre continent de facon ''livresque'' ou ''scolaire'' mais y avoir sejourne entre dans les criteres de selection les plus serieux. Aux Etats-Unis, grosso-modo, pour acceder aux meilleures universites les criteres de selection, par ordre d'importance sont les suivants:

1. Les performances scolaires telles que le rang en classe ou dans des matieres precises et les ''recommandations'' justifiees des professeurs et des chefs d'etablissement.

2. Les notes obtenues aux ''standardized tests'' tels que le SAT et le ACT. Lorsque tu parles de ''tout un tas de sujets'' les jeunes Americains aussi doivent etudier ''tout un tas de sujets''. En dehors des mathematiques, de la physique, de la chimie et des lettres obligatoires (pour ceux d'entre eux qui se destinent aux sciences et qui aspirent a entrer dans une universite prestigieuse), ils doivent avoir aussi etudie en general une autre langue, l'histoire, la geographie ou les ''sciences sociales''. Il ne reste donc peut-etre que la philo pour les distinguer des Francais. Mais me la philo est largement compensee par ce qu'ils appellent ''essay'' et qui est obligatoire c'est-a-dire une dissertation redihgee sur un sujet donne d'avance et destinnee a juger de la maturite intellectuelle et des connaissances du candidat.

3. Ce qu'ils appellent les ''extra curricular activities'' et c'est surtout la que je voulais en venir. Les ''extra curricular activities'' sont par exemple le sport, l'engagement au service de la communaute (l'appartenance par exemple a une ONG ou a une organisation caritative) ou les sejours ''actifs'' a l'etranger pas seulement pour faire du tourisme mais avoir participe, aux cotes des autochtones a des activites d'aide au developpement par exemple.

Entre egalement dans ce critre la connaissance de langues etrangeres susceptibles de vous distinguer des autres candidats.

Je peux te garantir que sans ces ''extra curricular activities'', les chances d'entrer dans une Ivy League sont tres minces. Donc ces etudiants-la sont loin d'etre les ignorants que tu imagines et ils en savent certainement mieux que la moyenne des etudiants francais.

En plus d'etre excellent a l'ecole, c'est la personnalite globale de l'etudiant qui est prise en compte et de ce point de vue le systeme de selection americain est plus proche de Science Po en France ou la ''personnalite globale'', une certaine ''attitude'' et certaines ''dispositions culturelles'' s'averent aussi importantes que les connaissances brutes. Comme tu le sais, connaissance livresque, bachotage et notes aux ''galops d'essai'' ne suffisent pas pour reussir a Science Po. Il faut aussi un certain ''habitus'' pour parler comme Bourdieu. Eh bien ! c'est a peu pres pareil aux Etats-Unis et les meilleurs etudiants ne sont pas que cultives mais ont du faire l'experience, de premiere main, des situations dont ils parlent.

Citation:
Par contre, les systemes d'éducation sont délabrés, le niveau est généralement bas. Ces jeunes font plus figures d'exception à la règle que de modèles de ce que sont les jeunes lycéens africains. Comment veut t-on avoir une éducation efficace dans des pays où il n'y a pas de bibliothèques, pas de travaux pratiques, où l'informatique ne s'enseigne essentiellemnt qu'à travers les livres etc Les 20% de réussite au bac sont faibles, mais ce n'est pas seulement parcequ'on bloque les élèves. C'est que l'éducation est mauvaise, et le niveau des élèves s'en ressent. L'étudiant moyen en Afrique francophone (ou même anglophone) n'a pas le niveau de l'étudiant moyen en Occident.


Ici, je suis tout a fait d'accord avec toi bien que nous ayons souvent tendance a croire le contraire. Je te donne deux exemples qui peuvent paraitre anodins mais qui participent grandement de l'echec des etudiants africains dans les pays africains.

1. Savoir prendre des notes. Tres peu de colleges et de lycees en Afrique apprennent aux eleves comment prendre des notes. La plupart des professeurs, y compris a l'universite, se contentent de dicter les cours. Or ce fait ''banal'' a des consequences catastrophiques lorsque l'etudiant debarque en France ou ailleurs. Souvent il se trouve completement paralyse et rapidement depasse meme si en general personne ne parle de ces choses-la.

2. savoir resoudre des problemes nouveaux, inedits. Nos etudiants savent resoudre des equations dont la solution existe deja et cela, pour avoir ''memorise'' et ''bachote'' pendant de longues annees. En classe d'examen ils ont epuise toutes les annales mais se trouvent completement demunis lorsqu'un probleme inattendu se presente a eux, c'est-a-dire lorsqu'on ne leur demande pas de ''reciter'' ce qu'ils ont appris.

C'est aussi la une consequence du systeme francais (que les Francais eux, encore une fois, sont en train de corriger) et qui consiste a faire des tetes bien pleines et non des tetes bien faites.

Un tel etat d'esprit ne prepare a la recherche scientifique. Il ne prepare qu'au pedantisme et a l'exhibition, la repetition pretentieuse de ''connaissances'' au sens d'un autodicdate accumulant des connaissances parce qu'il s'imagine que c'est leur nombre et leur volume qui importent et non la resolution de problemes concrets.

Bref! Je suis tout a fait d'accord avec toi sur ce point.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Mayombe82
Grioonaute 1


Inscrit le: 28 Aoû 2005
Messages: 244

MessagePosté le: Sam 31 Jan 2009 18:06    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir every body,

Il y a énormément à dire suite à ce papier de Raphaël BACQUE. En général, j’aime bien commenter des posts qui ont été commentés par l’auteur. Mais là, ça vaut le détour.

1-Nos prénoms, des leurs et de…

Ce père béninois, j’aurais bien aimé le rencontrer. Je lui aurais posé une question similaire à celle que posa feu Mongo-Béti à son aîné Camra Laye, après son chef d’œuvre, L’enfant noir : « Vous avez cherché un homme politique africain, de votre génération ou de la précédente, et aucun n’a trouvé grâce à vos yeux, au point de Jospin comme prénom pour votre bambin ? » J’imagine toujours la tête de ce gamin, les yeux bleus, les cheveux tout blonds comme les blés de Russie, avec des parents ayant un phénotype similaire au sien, et qui répondrait au prénom de Tierno-Mabiala. Je peux rêver, même en pariant 1.000.000.000 de roupies, mes orteils, mes ongles, mes cheveux, ce n’est pas demain que cela se produira.
Ça, c’est pour la 1ère partie « humour ».
Lors de la Copa América 1993 ça, c’est pour les malades de foot comme moi, le reste, passez votre chemin), on pouvait trouver :
Nixon Anibal CARCELEN, dans les rangs de l’Equateur (le père admirait le président Nixon) ;
Stalin José RIVAS, dans les rangs du Venezuela (le père adorait le Petit père des peuples) ;
Wilson Arcangel CHACON, toujours du Venezuela (même admiration paternelle pour le président US Wilson).
A noter que dans les rangs de l’Equateur, il y avait un certain Raul Alfredo NORIEGA (nom assez fréquent en Amsud, mais c’est tout de même le nom d’un grand ennemi des US, Manuel Antonio NORIEGA). Je sais que l’Equateur avait frappé le Venezuela 6-1 et que NORIEGA avait marqué. Qu’auraient donc crié les journalistes si Stalin avait essuyé ses crampons sur Nixon ?
Le foot, une autre façon de continuer la guerre froide.
A noter aussi que le père d’Anouar El-Sadate était un grand admirateur de Napoléon Bonaparte. Il ne cessait d’en parler à ses rejetons. Mais, malgré toute cette admiration, il donna des prénoms turcs à ses 2 fils, mais ni Napoléon, encore moins un prénom corse ou français.
Il n’y a que chez nous (sous-entendus chez les Nègres) que nos parents croient que l’admiration doit aller jusqu’à poser l’empreinte des autres sur leurs enfants.
@ suivre, M82
_________________
Tambola na mokili, o mona mayandzi
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Mayombe82
Grioonaute 1


Inscrit le: 28 Aoû 2005
Messages: 244

MessagePosté le: Sam 31 Jan 2009 18:16    Sujet du message: Répondre en citant

2- D’Odon VALLET

Cet homme m’a toujours impressionné par sa culture et livresque et religieuse. Il aborde les religions dites « révélées », les religions d’extrême orient avec une aisance incroyable. On peut dire qu’il baigne dedans. Le fait qu’il n’ait d’enfants doit en plus lui permettre de passer tout son temps là-dedans. Le jour où j’avais appris qu’il avait une fondation, je n’ai pas été surpris du tout. Il sent, il pue, il respire l’humanisme à fond la caisse. Et ce n’est pas quelque chose d’ostentatoire chez lui. Il le fait dans une discrétion incroyable, qui devrait donner des leçons à plus d’un sur cette Terre des Hommes. Je l’avais écouté sur une RFI (ou France Inter, je ne sais plus) il y a ¾ ans, en train de répondre aux questions d’un journaliste. A ses côtés, il y avait un rappeur (je ne sais plus lequel), Noir et Français. Ce dernier répondait à une question concernant ses rapports avec l’argent : « L’argent me permet d’avoir un toit, de me nourrir, de me soigner, de me vêtir, de m’occuper des miens, et d’épargner pour demain. » Cette réponse plut énormément à cet homme de très bon sens qu’est Odon VALLET.
Combien d’entre nous auraient crée une Fondation en héritant de 115 millions d’euros ? Déjà que des Hommes se tuent pour 100 fois que ça…
Par contre, je ne savais pas qu’il agissait aussi en direction de l’Afrique.

@ suivre, M82
_________________
Tambola na mokili, o mona mayandzi
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Mayombe82
Grioonaute 1


Inscrit le: 28 Aoû 2005
Messages: 244

MessagePosté le: Sam 31 Jan 2009 19:17    Sujet du message: Répondre en citant

3- Du « catch », de la « fuite des cerveaux », du coût des cadres…

a) Du coût des cadres :
Un ou plusieurs, plus haut, ont évoqué la perte que peut constituer le départ vers l’ailleurs de ces enfants très brillants ou présentés comme tels. C’est vrai. Mais combien paie-t-on le savoir en Afrique ? Combien paie-t-on la connaissance ? Pour prendre simplement le cas de l’Afrique centrale, zone CEMAC, la 1ère convention la plus intéressante est celle des hydrocarbures. La 2ème, celle des télécoms. Malheur au fonctionnaire qui bosse aux Eaux et Forêts dans des pays comme le Cameroun ou le Congo-M’foa. Le Gabon au moins paie très bien ses médecins. Ces enfants, les plus brillants, se retrouvent souvent chercheurs, médecins, profs d’université. Ils ne sont pas appelés, sauf s’ils n’ont pas les moyens d’étudier à devenir ingénieurs en hydrocarbures (combien d’écoles d’ingénieurs avons-nous au Sud du Sahara en zone CFA ?), ni comptables ou financiers dans les multinationales occidentales Quelles conditions de travail nos Etats leur offrent-ils ? Au Congo-M’foa, la prime mensuelle de recherche est de 50.000 francs cfa/mois. On fait quoi avec ça ? J’ai appris récemment en discutant avec un grand frère togolais que le jeune Faure Eyadéma, héritier du royaume de son papa, Gnassingbé avait réussi l’exploit de faire passer la prime de recherche à 150.000 francs cfa/an. Elle était de combien avant lui ? 15.000/an. Même question, on fait quoi avec ? Si au Congo-M’foa nos universitaires se plaignent, certains n’ont pas l’impudeur de le faire devant leurs frères béninois, togolais ou RDCiens. L’écart des revenus et des conditions de travail est un véritable gouffre. Un universitaire de la rive droite du Congo nous narra comment, à l’occasion d’une rencontre régionale, ils reçurent leurs frères de la rive gauche du Congo. Lui qui avait déjà vécu à Kin la belle avait le plaisir de retrouver des amis. Tous ces docteurs, sans exception choisirent de dormir chez l’habitant, ce qui leur faisait des économies énormes, au lieu d’aller dépenser des sommes folles en hôtel.
Un cadre coûte de l’argent. La plupart de nos Etats se plaignent de manquer de bras dans des secteurs bien précis : quels efforts ont-ils fourni afin de préparer la relève ? Gouverner c’est prévoir. Et quand on dit « prévoir », ce n’est pas seulement pour dans un an ou 5, mais il faut viser 25, 50 voire 100 ans.
Echec énorme sur ce plan.
Que fait le cadre qui est compétent, qui est sollicité ailleurs, et qui n’aime pas moins son pays que d’autres ?
Pour en revenir à ces gamins triés sur le volet, c’est une chance immense qu’ils ont. A eux de la saisir et de l’utiliser au mieux demain. Dans 20 ans, dans 50 ans ! Chaque médaille ayant son revers, je dirais que lorsqu’on a encore ses parents, ses frères et ses sœurs, ce n’est pas évident de les laisser à 16, 18 ou 20 ans pour aller si loin.
Mais le bonheur, la paix, l’amour, la réussite ont des coûts qu’il faut savoir payer sinon on végète.

@ suivre.

b) De la fuite des cerveaux :
J’aurais du mettre le a) et le b) ensemble, tant c’est imbriqué. Cette fuite ne date pas hélas ! d’aujourd’hui. Quand on voit des sommités comme Wole Soyinka, Chinua Achebe, James Nguggi wa Thiong’o (écrivain kenyan ayant tâté de la prison, obligé de quitter son pays le 05/06/1982 du fait du harcèlement de sa famille par le régime d’Arap Moï), Nurrudin Fara (écrivain somalien de renommé internationale, exilé depuis 34 ans), Théophile Obenga (linguiste, égyptologue, historien et philosophe, aux US depuis la fin de la Guerre de 97), Emmauel Dongala (chimiste et écrivain, aux US depuis la fin de la Guerre de 97)… On peut se dire qu’il n’y a pas que la mauvaise gestion, le manque de formation qui pousse les nôtres à utiliser leurs talents outre-Atlantique ou outre-Méditerranée. Malgré le semblant de liberté dont jouissent certaines de nos élites universitaires, on ne leur donne pas les conditions pour s’exprimer, pour former les jeunes et de fait, préparer la relève en vue des combats de demain (j’insiste, dans 25, 50 ans) qui ont déjà commencé. Chaque année, les universités US recrutent à tour de bras les meilleures d’entre nous car il y a belle lurette qu’ils ont compris l’importance du savoir, de la connaissance.
Lesquels restent en Afrique ? Seuls ceux qui ne peuvent pas partir, à l’exception de quelques jeunes, formés dans les écoles de commerce du continent (à quels prix ?). Quand Abdoulaye Wade, qui manque jamais une occasion de l’ouvrir (il s’exprime sur tout, peut-être qu’un jour il donnera son avis sur la tauromachie, lol !) crie contre la politique d’immigration choisie chère à Horteflamme et à son maître, le petit Nicolas, il perd son temps. Il prêche dans le désert. Qu’il apprenne à mieux former les Sénagalais, à leur offrir les conditions de travail pour s’épanouir et il verra s’ils auront envie de laisser les belles plages de Dakar pour aller subir l’hiver du Vercors. Même si cela est une autre forme de foire aux bestiaux, dans la droite ligne de la vente du bois d’ébène d’il y a plusieurs siècles, nous devons toujours avoir en tête qu’un dirigeant occidentale n’est pas élu ou nommé pour faire la politique du jeune de Tambakounda, de Yop, de Kara, de Kingasani ou New Bell, mais il est plutôt là pour penser à ses concitoyens de Vienne ou de Annecy.

c) Du « catch »
a), b) & c) sont à mettre dans le même moule.
En fac des sciences, à M’foa, lorsque nous débarquâmes en 1ère année de CBG (Chimie – Biologie – Géologie), nous découvrîmes un drôle de système appelé « catch ». Comme dans le sport du même nom se pratiquant sur un ring, il était donné mission aux enseignants de faire un tri pire que sélectif au niveau de la 1ère année. Un jour que les redoublants, les triplants et les quadruplants faisaient un boucan terrible afin de nous empêcher de suivre les cours, notre prof de structure de la matière (la 1ère UV de chimie, jeune agrégé arrogant de 37 ans) nous lança : « De toutes les façons, sur les 400 que bous êtes, il n’y en aura même pas 40 qui iront en 2ème année ! » La messe était dite. Pour ceux et celles qui seront surpris en lisant cela, c’est comme le cas évoqué plus haut pour le Bénin. Cette réputation des élèves et étudiants béninois n’est pas du tout surfaite. Non pas en effet qu’ils auraient un cerveau meilleur que ceux des autres enfants du monde, mais en effet, c’est ce système stupide qui veut ça. Au Congo, les instructions sont toujours données par l’Université (Dame Nature merci, il n’y en a qu’une seule), aux lycées pour limiter le nombre de bacheliers, les 2èmes années donnent les instructions aux 1ères et ainsi de suite. Les étudiants commencent à respirer à compter soit de la 2ème année, soit de la licence. Avant, c’est un mélange de tamis, de passoire et de sablier. Dans de telles conditions, un gosse qui va dans un pays où les études se font à peu-près « normalement » ne peut que réussir ou même exceller.
En 3ème, un prof nous expliquait que lors des corrections du brevet, TOUTE COPIE (pourtant anonymée) QUI RECEVOIT UNE NOTE INFERIEURE A 05/20 OU SUPERIEURE A 15/20 devait être revue par au moins 2 autres profs car, soit l’élève avait obligatoirement triché, soit il avait été victime du 1er correcteur. La machine à trier était lancée. Et c'est ainsi que souvent, on voyait les plus brillants louper leurs examens de fin d'année, pour ces deux classes majeures. Pas étonnant qu’au bac, au brevet, les taux d’échecs soient aussi élevés en Afrique dite « francophone ».
Il a été dit plus haut que c’est tout notre système scolaire, de la maternelle (quand elle existe) jusqu’à la mise sur le marché, qui doit être revue. Les développements ont été faits, inutile que je m’étende dessus. Je me suis contenté d’aligner quelques exemples pour montrer à quel point ces systèmes sont pervers, inadaptés et complètement contre-productifs.
@+, M82
_________________
Tambola na mokili, o mona mayandzi
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Mahfouz
Grioonaute


Inscrit le: 28 Sep 2009
Messages: 1

MessagePosté le: Lun 28 Sep 2009 16:02    Sujet du message: slt Répondre en citant

slt tt le monde est ce que quelqu un connait l adresse email de tatiana tchalla.c tres important.nous etions dans le meme etablissement a dakar
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet       grioo.com Index du Forum -> Actualités Diaspora France Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum



Powered by phpBB © 2001 phpBB Group