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[Bwana K.]

Certains diront que j'y vais encore de mon petit grain de sel. D'avance, veuillez m'excuser si je vous donne l'impression de succomber à la diatribe facile et stérile. Cependant, je cherche simplement à comprendre comment nous continuons à parler de littérature "négro-africaine" alors que la notion même de littérature sous-entend un support écrit or force est de constater que la quasi totalité des travaux de nos vénérables écrivains se fait essentiellement dans les caractères romains et dans les langues occidentales.

En réalités le terme "littérature occidentale fait par des noirs" ne serait-il pas mieux approprié? Il se pose la question plus globale du rôle de ces intellectuels noirs dans l'état actuel et même l'avancement du peuple Kamo-nubien.

La production littéraire est un signe indéniable de la vitalité culturelle d'un peuple. Néanmoins, lorsque nous faisons le bilan de nos productions littéraires, nous pouvons nous demander si, mis à part le concept désormais décrié de "négritude" (auquel je préfère la notion plus englobante de kamo-nubisme), il existe des socles idéologique suffisamment solides sur lesquels pourrait adhérer des modèles de pensées et essayer d'évaluer la contribution des différentes approches adoptées par le système inhérent ainsi obtenu. Quid de la fameuse théorie de la "Maât" du très controversé Jean-Pierre KAYA? Faut-il l'accepter comme parole d'évangile? En quoi peut-elle répondre aux problématiques complexes auxquelles les Kamo-nubiens doivent faire face.

La question se pose donc du rôle des intellectuels africains. Quelle place leur accorder? Qu'ont-ils apporté jusqu'à présent? Comment peuvent-ils agir dans l'avenir?
La question du rôle des intellectuels me turlupine. En effet, la construction de la pensée africaine et l'émergence de soi-disant "intellos" passent, jusqu'à présent, essentiellement par un mimétisme de l'Occident et en particulier de la France pour ce qui est de l'Afrique "francofolle".

De la même manière que les métropoles coloniales d'antan nous imposaient leurs religions et leurs cultures, elles nous imposent toujours leurs conceptions du monde. Or quant à savoir si l'univers occidentale des pensées s'inscrit dans la libération ultime des peuples d'Afrique, rien n'est moins sûr.

L'idée même d'intellectuel, en Occident, renferme un certain nombre d'éléments révélateurs de la manière dont les individus se projettent dans la société. Le cheminement européen de la pensée critique s'inscrit dans un cadre géographique et historique déterminé. Un trop grand crédit leur ait accordé, à mon humble avis, dans la résolution des difficultés particulières que rencontre bon nombre de Kamo-nubiens.


Le terrain ouvert des activités de l'esprit reste immense pour les penseurs africains dans la mesure où l'étendu des lacunes laissées par l'impérialisme occidental ou oriental ne cesse de s'accroître.

Pourtant seul un regain d'intérêt dans sa propre capacité à s'en sortir pourrait désormais libérer la puissance créatrice du Kamo-nubien. Lui, encore prisonnier d'une humanité par procuration.

Les intellectuels africains sauront-ils être à la hauteur de cette tâche inéluctable à de lendemains prospères en Afrique? Eux qui se veulent les référents de la masse ont-il atteint la maturité intellectuelle suffisante pour endosser pleinement leur rôle d'éclaireurs?


Pourront-ils nous redonner confiance en nous et en l'avenir tout en démontrant une singularité de pensée et de mouvement? La faible alphabétisation des populations africaines restant un frein à l'accès au savoir, il s'est constitué sur notre continent un véritable terreau favorable à toutes sortes d'entreprises plus ou moins hasardeuses dans le domaine idéologique.
Ce terreau est largement exploité par certains intellectuels qui n'hésitent absolument pas à s'engouffrer dans la brèche. D'autres se contentent de distiller au compte-goutes les principes glanés ça et là auprès de leur maîtres leucodermes, tout en ne manquant pas de verser dans un pédantisme débridé.


Seront-ils les fers de lance d'une dignité retrouvée ou continueront-ils de se corrompre pour la satisfaction d'intérêts mesquins et assassins s'abreuvant de la souffrance de tout un peuple? Auront-ils le courage nécessaire pour relever les défis ô combien périlleux qui jalonnent le chemin vers l'émergence de notre continent?

Où va donc Kamita (l'Afrique) avec cette élite? Comment séparer le bon grain de l'ivraie? Kamita n'est-elle tout simplement pas malade de certains salonards d'intellectuels? Seront-ils un jour tous capables de dépasser l'âge simiesque qui consiste à singer les postures de leurs complices leucodermes?
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Dino Miranda
"MOYA WA KAYA"
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Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits