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Textes Sacrés D'Afrique Noire

 
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Merikama
Grioonaute 1


Inscrit le: 07 Sep 2008
Messages: 254

MessagePosté le: Mar 28 Sep 2010 21:04    Sujet du message: Textes Sacrés D'Afrique Noire Répondre en citant

Force Et Vitalité Aux Ancêtres !


J'aimerais vous conseiller ce livre à la lecture :

Germaine Dieterlen (Préface d'Amadou Hampâté Bâ) : Textes sacrés d'Afrique noire, Editions Gallimard, Paris, 2005, 306p





Le commentaire d'Afrik.com :

Afrik.com a écrit:
En Afrique noire, la religion est "l’armature de la vie". Elle accompagne chaque être humain de la naissance à la mort et donne un sens à toutes ses actions publiques ou privées. Pour découvrir les textes religieux africains de tradition orale, un très beau livre vient d’être réédité : Textes sacrés d’Afrique noire, choisis et présentés par Germaine Dieterlen (éditions Gallimard).

Le grand Amadou Hampâté Bâ l’écrit dans la préface : "Essayer de comprendre l’Afrique et l’Africain sans l’apport des religions traditionnelles serait ouvrir une gigantesque armoire vidée de son contenu le plus précieux". Il faut écouter le sage et partir à la découverte de ces religions traditionnelles d’Afrique subsaharienne, grâce au très beau livre Textes sacrés d’Afrique noire, choisis et présentés par Germaine Dieterlen.

Prières, chants et incantations, textes initiatiques... Ces textes sacrés sont oraux et transmis rigoureusement du père au fils, de l’instructeur à l’initié, du prêtre au postulant. Ils sont déclamés et récités et "ce qu’ils traduisent doit rester caché pour ceux qui ne sont pas instruits et transparaître pour 'ceux qui savent'. La 'parole' agit, mais le secret reste gardé ", explique Germaine Dieterlen.

En Afrique noire, la religion s’occupe de l’enfant dès son état fœtal, suit l’homme tout au long de sa vie et l’accompagne jusque dans la tombe. Les textes présentés dans le livre sont récités dans différents cadres. Lors des cérémonies religieuses et collectives, les rites agraires, de pêche ou de chasse, les étapes de la vie de chaque membre de la communauté ou encore pour la pratique de l’artisanat traditionnel, l’intronisation ou le décès des prêtres, des chefs, des rois et pour tous les incidents graves et événements individuels et collectifs (épidémies, voyages, migrations, guerres).

Pas de place pour le hasard

Le livre s’ouvre avec les prières des tisserands et forgerons peul, à l’initiation particulière et très secrète, puis on navigue d’ethnie en ethnie, de pays en pays, de mythe en mythe, avec les prières des Mossi, des Nuer, des Tallensi, des Somba, des Yoruba, des Kotoko... On apprend que la cosmogonie complexe des Dogons témoigne d’une quasi totale imbrication de la vie mystique avec la moindre démarche matérielle. Chose que l’on retrouve dans les prières des Chagga, tribus qui occupent les pentes du Kilimandjaro et les régions montagneuses situées au Sud du mont. Chez eux, un certain nombre de rites extrêmement élaborés accompagnent la construction de chaque demeure familiale.

Idem dans les textes initiatiques des Tswana de Shoshong, au Bechuanaland. La loi du village dit : "Le kgotla, cour villageoise, est construit solidement en forme de croissant, comme la lune lorsqu’elle commence à croître. Ainsi la famille doit croître et les fils d’un homme s’accroître afin que le village devienne un cercle comme la pleine lune."

La loi de la case dit : "La case est ronde, elle représente la force de la vie. C’est un cercle car elle représente la vie sans fin, la continuité de la vie assurée par les enfants. Ainsi doit être aussi l’amour qui unit les membres de la famille". Germaine Dieterlen indique qu’il n’y a pas de place pour le profane : l’Africain "vit - au sens le plus complet du terme - sa croyance et ceci sous l’œil du créateur, dans un monde organisé où chaque être - vivant ou mort - chaque chose, même la plus humble, a sa place, joue un rôle et où le hasard n’a point de part".

Hymne au soleil

Certains textes sont de vrais morceaux de poésie, comme l’hymne au soleil des Fân (ethnie que l’on trouve au Congo et au Cameroun) :

"Soleil, toi qui vois toutes choses,
Toi dont la radieuse splendeur
Transperce les nuages obscurs,
Soleil, à toi cet hommage !
(...)
Devant ton regard étincelant,
Et les traits rapides de ton carquois de feu,
Dans les sombres profondeurs,
La nuit craintive s’enfonce éperdue,
Sous tes coups étincelants de lumière.
Tu déchires son manteau,
Manteau noir vêtu de feu,
Parsemé d’étoiles brillantes,
Tu déchires son noir manteau."


Chez les Ashanti, la cérémonie "Adae" du mercredi est une cérémonie officielle et fastueuse célébrée à la mémoire des âmes des chefs défunts :

"Le ciel est vaste, vaste, vaste,
La terre est vaste, vaste, vaste,
On a mis l’un en haut,
On a mis l’un en bas,
Aux temps anciens, il y a longtemps, longtemps.
Dieu suprême du ciel, sur qui les hommes s’appuient pour ne pas tomber,
Nous vous servons."


Des textes magiques

Dans le livre, on trouve aussi des retranscriptions du langage du tambour. Et les auteurs expliquent que les messages tambourinés bantou "peuvent être à juste titre considérés comme un genre particulier de la littérature orale bantoue". Et l’on dévore les textes magiques songhay, "pour rendre invisible sur le champ de bataille", "pour s’enfuir à travers les murs", "pour lutter contre le lion, le crocodile, l’hippopotame renverseur de pirogues", "pour séduire une femme" mais aussi "pour rejoindre sa maîtresse sans être aperçu"...

Les introductions à ces textes sacrés sont une mine de renseignements et de découverte. Et représentent une mise en perspective salutaire pour les néophytes. Malgré leur grande diversité, ces textes ont aussi de nombreux points communs. Parmi eux : le profond respect témoigné aux ancêtres. Comme dans ce chant de consécration d’un chef, chez les Fân. La prière est prononcée par le nouveau chef devant le crâne de son prédécesseur :

"En toi le dernier revient au premier,
Le premier revient au dernier.
Et dans un accord commun,
Ton souffle qui ne meurt pas les réunit tous,
Ton souffle les réunit sans jamais se lasser".


Ce livre, d’abord publié par l’Unesco, revit aujourd’hui et il serait dommage de le laisser passer... Il permet de mieux comprendre les peuples d’Afrique. Car, comme l’écrit Amadou Hampâté Bâ : "La religion, en Afrique, ne consiste pas seulement à respecter les dogmes établis pour rendre hommage à un Dieu unique ou à des dieux multiformes. Elle est l’armature de la vie. Elle charpente toutes les actions publiques et privées de l’homme ; ceux qui se disent incroyants, s’ils vivaient en Afrique, verraient leur conviction ébranlée".

Textes sacrés d’Afrique noire, choisis et présentés par Germaine Dieterlen, préface d’Amadou Hampâté Bâ. Editions Gallimard, collection L’aube des peuples.

OLIVIA MARSAUD

Mercredi 29 juin 2005


_________________


"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir". THOMAS SANKARA

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Gnata
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MessagePosté le: Mer 29 Sep 2010 06:11    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Meri, c'est juste un avis parmis tant c'est pas pour dissuader qui que ce soit, tu ne m'en tiendras pas rigueur j'espère...

J'ai le bouquin et un sentiment m'a hanté tout au long de sa lecture, malgré la bonne foi mise par G. Dieterlen, a t-elle pu vraiment traduire toutes ces incantations, ces prières avec leur puissante contenance ? Et puis tout ce materiau n'est-il pas supposé être interdit aux oreilles des blakôrôs non initiés que nous sommes ?

Une simple libation cérémonielle en langue Akan par exemple est très densément connotée, les mots sont choisis et signifient tout un monde une fois prononcés par l'incantateur ou le sacrificateur, les silences entre les phrases sont aussi importants que les mots, très souvent cette même prière traduite en Francais ne veut rien dire d'intéressant et ça c'est si on est chanceux, dans d'autres cas la même prière est un tissu de mots complètement décousu...

S'agit-il de la même prière Songhaï qui facilite notre corps à traverser les murs en Francais oubien est-ce juste un texte de G. Detierlen de ce qu'elle croit être l'incantation qu'on lui a dit en Francais ?

La perception que ces textes sont grandement viciés une fois la barrière de la langue traversée, m'a refroidit un peu, pour ne pas dire beaucoup.

À part la critique de la barrière linguistique qui pour moi fût déterminante, je dirais que le livre est bon parce qu'il nous montre qu'il y a des incantations et des prières pour à peu près n'importe quelle activité humaine et que cette quête de l'harmonie est réelle et persistante presque qu'obsessionnelle...
_________________
"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
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Merikama
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MessagePosté le: Mer 29 Sep 2010 15:23    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
Salut Meri, c'est juste un avis parmis tant c'est pas pour dissuader qui que ce soit, tu ne m'en tiendras pas rigueur j'espère...

Salut frère Gnata, il n'y a rien à craindre, toute critique raisonnée doit être justement prise en compte …

Citation:
J'ai le bouquin et un sentiment m'a hanté tout au long de sa lecture, malgré la bonne foi mise par G. Dieterlen, a t-elle pu vraiment traduire toutes ces incantations, ces prières avec leur puissante contenance ? Et puis tout ce materiau n'est-il pas supposé être interdit aux oreilles des blakôrôs non initiés que nous sommes ?

Je n'ai pas encore lu le livre, je l'ai juste feuilleté. Pour les quelques textes que j'ai pu glaner, ils ne me semblent pas trop éloignés de la réalité. Je pense qu'on peut faire confiance à G. Dieterlen pour ce qui est de la publication de bonnes traductions (elle a déjà fait ses preuves). De toutes les manières on sera amené à un moment ou un autre à traduire nos textes sacrés si nous voulons faire adhérer le plus Nègres à la Spiritualité Africaine.

Mais, au-delà même de la traduction qui est effectivement essentielle, le problème se situe aussi pour le profane, dans la compréhension profonde des textes ainsi livrés. On a tendance à les saisir à la lettre, ce qui est JUSTEMENT voulu par ceux qui les ont exprimés. Ne pas oublier que la Science Initiatique est aussi la science du SYMBOLISME : allégorie, métaphore, métonymie, parabole, sémiotique, sont mise en œuvre pour DEROUTER le profane.

Par exemple, lorsqu'un texte (qui n'est probablement pas dans le livre dont il est question ici) parle de la création des Humains avec de l'argile, de la terre, le profane a tendance à prendre cette allégation à la lettre. Chez les Nègres, la Terre n'est pas seulement un amas de matières, elle est SURTOUT une collection d'énergies spirituelles qui effectivement ont servi à la création de l'Homme physique. D'où le dicton : "les Hommes sont Fils/Filles de la Terre, leur Mère". Je rappelle que cette allégorie se trouve dans TOUS les textes sacrés du monde : la Bible, la Kabbale, le Coran, les Purânas Indous, le Popol Vuh, etc.

Citation:
Une simple libation cérémonielle en langue Akan par exemple est très densément connotée, les mots sont choisis et signifient tout un monde une fois prononcés par l'incantateur ou le sacrificateur, les silences entre les phrases sont aussi importants que les mots, très souvent cette même prière traduite en Francais ne veut rien dire d'intéressant et ça c'est si on est chanceux, dans d'autres cas la même prière est un tissu de mots complètement décousu...

Effectivement, tu as tout à fait raison. Mais nous devons cependant traduire ces textes que ce soit en Bambara, Tshi-Luba ou pourquoi pas en Français, Anglais ou Allemand. Pour moi, toutes les langues du monde ont le génie (humain) de traduire TOUS les concepts des autres langues, pourvu que celui qui traduit MAITRISE les deux langues mises en rapport. Un Akan qui maîtrise toutes les subtilités de la langue Française par exemple est capable de traduire n'importe quel texte Akan en français et vice-versa. Souviens-toi des travaux de Cheikh Anta Diop et sa position sur cette question.

Citation:
S'agit-il de la même prière Songhaï qui facilite notre corps à traverser les murs en Francais oubien est-ce juste un texte de G. Detierlen de ce qu'elle croit être l'incantation qu'on lui a dit en Francais ?

Je n'ai pas encore trouvé ce texte, mais "traverser les murs" , que l'on le prenne littéralement ou allégoriquement n'est pas du tout aberrant du point de vue de la spiritualité africaine. "Traverser les murs" pour un Maître Initiateur ne relève certainement pas de la fiction ou de l'inconcevable. La haute philosophie africaine considère que la matière n'est non pas tridimensionnel, mais à SEPT dimensions. Elle considère que l'Homme possède non pas cinq mais SEPT sens, tout dépend de son niveau dans le cycle initiatique.

Citation:
À part la critique de la barrière linguistique qui pour moi fût déterminante, je dirais que le livre est bon parce qu'il nous montre qu'il y a des incantations et des prières pour à peu près n'importe quelle activité humaine et que cette quête de l'harmonie est réelle et persistante presque qu'obsessionnelle...

Ce qui serait intéressant à mon sens, c'est de saisir la dimension philosophique de ces textes. Quelles idées philosophiques véhiculent-ils ?
_________________


"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir". THOMAS SANKARA

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Gnata
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MessagePosté le: Jeu 30 Sep 2010 07:01    Sujet du message: Répondre en citant

Merikama a écrit:
Mais nous devons cependant traduire ces textes que ce soit en Bambara, Tshi-Luba ou pourquoi pas en Français, Anglais ou Allemand. Pour moi, toutes les langues du monde ont le génie (humain) de traduire TOUS les concepts des autres langues, pourvu que celui qui traduit MAITRISE les deux langues mises en rapport. Un Akan qui maîtrise toutes les subtilités de la langue Française par exemple est capable de traduire n'importe quel texte Akan en français et vice-versa.
Souviens-toi des travaux de Cheikh Anta Diop et sa position sur cette question.


Salut Méri, c'est intéressant de parler de Cheikh Anta Diop, l'avantage qu'il avait c'était effectivement comme tu le dis de maîtriser toutes les subtilités et du Francais et du Wolof, ce qui lui a permis de traduire la théorie de la rélativité du Francais en Wolof.

Être aussi pourvu en outils linguistiques pour travailler n'est malheureusement pas donné à tout le monde, j'avoue que subrepticement à force d'avoir en l'esprit ces africanistes qui ne comprennent pas les langues dont ils rapportent l'Histoire, m'a fait douter du materiel, la question qui me venait en lisant tous ces textes c'était : Est-ce que G. Dieterlen comprend toutes ces langues Africaines dont elle traduit non pas de simples textes communs mais ce qui leur est de plus ésotérique ?
Sinon si elle ne les maîtrise pas comment a t-elle pu faire un travail de traduction capable d'être abouti et productif ?

Les notions philosophiques sont une autre pair de manche, juste tout près de nous ici un terme simple comme Blâkôrô en francais peu effectivement être une insulte , un infidèle, un non-initié, un ignorant mais n'est pas juste tout ça il peut être un non-circoncis, un homme hors du clan, un Bambara initié peut débarquer et expliquer une chose qui diffère selon le contexte...

Dans l'avenir p-e une meilleure manière de rendre hommage à cette Dame serait, selon moi, que ceux qui maîtrisent vraiment les deux langues reprennent ces textes et les approfondissent pour les rendre à peu près selon l'entendement et la logique qui ont engendré ces mêmes textes, on aura beaucoup à gagner...


Citation:
Gnata a écrit:
S'agit-il de la même prière Songhaï qui facilite notre corps à traverser les murs en Francais oubien est-ce juste un texte de G. Detierlen de ce qu'elle croit être l'incantation qu'on lui a dit en Francais ?

Je n'ai pas encore trouvé ce texte, mais "traverser les murs" , que l'on le prenne littéralement ou allégoriquement n'est pas du tout aberrant du point de vue de la spiritualité africaine. "Traverser les murs" pour un Maître Initiateur ne relève certainement pas de la fiction ou de l'inconcevable. La haute philosophie africaine considère que la matière n'est non pas tridimensionnel, mais à SEPT dimensions. Elle considère que l'Homme possède non pas cinq mais SEPT sens, tout dépend de son niveau dans le cycle initiatique.


Dans l'édition Gallimard 1965, page 40 , partie III (Textes magiques Songhaï) [P. Idiart (Inédit)]
Et il va ainsi:
Pour s'enfuir à travers les murs

Je bénis le Prophète
Le Prophète bénisse son maître
Artisan de la petite porte
qui fait petite la mère de la porte
dehors, salut à vous


En prélude elle dit elle-même que ces textes sont à caractères callalistiques, et que la traduction est partielle et relativement intelligible...

La partie des prières Yoruba est un peu plus familière (quoique toute aussi callalistique) parce que j'avais déjà eu à lire l'Horloger de Kouti de Paul Aclinou qui est un genre de roman initiatique sur le panthéon Vodou et aussi Maupoil (Ifa).

Bref, ces textes pouvaient faire l'objet d'explications plus savantes de personnes plus indiquées avant de les traduire, ça aurait gagné en qualité, quoique le bouquin a le merite d'avoir été fait, qui sait ? dans un futur proche il pourrait faire l'objet d'une analyse encore plus poussée !
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afrobeat
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MessagePosté le: Jeu 30 Sep 2010 11:23    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Effectivement, tu as tout à fait raison. Mais nous devons cependant traduire ces textes que ce soit en Bambara, Tshi-Luba ou pourquoi pas en Français, Anglais ou Allemand. Pour moi, toutes les langues du monde ont le génie (humain) de traduire TOUS les concepts des autres langues, pourvu que celui qui traduit MAITRISE les deux langues mises en rapport. Un Akan qui maîtrise toutes les subtilités de la langue Française par exemple est capable de traduire n'importe quel texte Akan en français et vice-versa


Moi j'apporterai un petit bémol à cette affirmation en gras. Merikama, je pense que là tu sous-estime un peu les erreurs conceptuelles et philosophiques qui pourraient être à l'origine d'une traduction approximative. N'oublions pas que les concepts créent les idées et les idées construisent la vision du monde des sociétés, et dieu seul sait comment à partir de fausses idées, on a battu des systèmes destructeurs, mais qui malgré tout font aujourd'hui l'objet de croyance(tu parlais récemment de la théorie de l'équilibre général)...

Quand tu parles de "MAITRISE les deux langues mises en rapport"Je CROIS QUE L'UNE des difficultés c'est qu'il n'est pas toujours possible de mettre deux langues en rapport ce n'est pas toujours le même environnement, ni le même système de valeurs qui les a "conçu". Ce que tu affirmes pourrait être "vrai" dans le cas où la traduction est basée essentiellement sur la syntaxes et sur des considérations de vocabulaire et de grammaire.Merikama, il y a des concepts qui ne sont pas traductibles : il existe dans beaucoup de culture des concepts qui dès qu'ils sont traduit en langue étrangère perdent une partie ou même la totalité de leur sens d'origine, mais on sait que la langue en elle-même ne veut rien dire, mais c'est le sens, c'est le sens qui porte la langue et derriere le sens se cache toute une cosmogonie;

Donc l'Akan qui souhaite se lancer dans un chantier de traduction de textes anciens français ne devraient pas seulement maitriser toutes les subtilités de la langue française, mais être totalement imprégné de l'histoire et de la culture de ce peuple surtout s'il s'agit de textes anciens; de même le français qui souhaite apporter une traduction rigoureuse de textes akan, même s'il comprend et parle parfaitement la langue akan ne fera pas l'économie d'une réelle immersion dans la culture akan afin de faire émerger toute la symbolique cachée derrière les textes akan...

D'ailleurs, dans les facs de langue, les enseignants ont compris cette problématique, c'est pourquoi en parralèle des cours de langues, on dispense aux étudiants des cours de "culture et civilisation" des peuples dont sont issues les langues enseignées

Et la difficulté est encore plus marquée dans le cas de textes sacrées vu la forte dose de symbolisme(comme tu l'a fait remarquer avec raison) qui les caractérise.
D'ailleurs c'est le mur auquel se heurtent ceux qui essaient de traduire avec les concepts d'aujourd'hui, des textes qui ont deux mille ans d'existence, parfois plus.
Aussi, la question de la prise en compte du contexte, préalable à la bonne compréhension d'un texte ancien est un élément de plus à ajouter à mon argumentation, et qui dit contexte, dit moeurs et coutumes valables à l'époque de la rédaction du texte,environnement socio-politique, situation conjoncturelle ou non, en un mot LA CULTURE ET L'HISTOIRE
Toute traduction de texte qui n'a pas été établie sous la base d'une connaissance sérieuse et approfondie de l'histoire et de la culture du peuple dont il est issue est pour moi approximative et donc source d'erreurs conceptuelles et de confusions de tout genre...
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Merikama
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MessagePosté le: Dim 10 Oct 2010 11:48    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
Être aussi pourvu en outils linguistiques pour travailler n'est malheureusement pas donné à tout le monde, j'avoue que subrepticement à force d'avoir en l'esprit ces africanistes qui ne comprennent pas les langues dont ils rapportent l'Histoire, m'a fait douter du materiel, la question qui me venait en lisant tous ces textes c'était : Est-ce que G. Dieterlen comprend toutes ces langues Africaines dont elle traduit non pas de simples textes communs mais ce qui leur est de plus ésotérique ?

Sinon si elle ne les maîtrise pas comment a t-elle pu faire un travail de traduction capable d'être abouti et productif ?

Salut Gnata, je m'excuse de te répondre si tard ... Ton scepticisme est tout à fait légitime. Seulement il faut noter que G. Dieterlen ne traduit pas elle-même ces textes. Elle fait généralement intervenir un intermédiaire, locuteur de la langue de celui qui est la source du texte en question. Par exemple, j'ai beaucoup apprécié ses travaux sur les Bambara. Dans "L'Empire de Ghana : le Wagadou et les traditions de Yéréré", son travail était propre : elle ne faisait que transcrire dans l'ouvrage, les traductions en français de Mamadou Soumaré (l'intermédiaire Soninké) qui reprenait le texte psalmodié par le Djéli Diarra Sylla. Ses travaux témoignent de l'importance qu'elle accorde aux traductions "endogènes".

Citation:
Dans l'édition Gallimard 1965, page 40 , partie III (Textes magiques Songhaï) [P. Idiart (Inédit)]
Et il va ainsi:
Pour s'enfuir à travers les murs

Je bénis le Prophète
Le Prophète bénisse son maître
Artisan de la petite porte
qui fait petite la mère de la porte
dehors, salut à vous

Ce texte est dramatiquement court. Je vais vérifier …

Citation:
En prélude elle dit elle-même que ces textes sont à caractères callalistiques, et que la traduction est partielle et relativement intelligible...

Mais tous les textes sacrés, qu'ils soient Africains, Indiens ou Amérindiens sont cabalistiques, en ce sens qu'ils sont HERMETIQUES (terme venant du fait que les fragments appelés "Livre d'Hermès Trismégiste" ["Hermès trois fois grand"] étaient INCOMPREHENSIBLES pour les Non-Initiés). L'avantage du travail de G. Dieterlen, lorsqu'elle donne la traduction "brute" du texte oral (notamment dans ses travaux sur les traditions du Yéréré), c'est de pouvoir laisser le soin au lecteur d'en tirer lui-même les conclusions qui s'imposent. Ne pas oublier que la méthode Dieterlen est celle qu'avais adopter M. Griaule dans ses travaux. Dans "Dieu d'eau" par exemple, Griaule n'a pas traduit lui-même Ogotemmeli, il ne faisait que retranscrire les traductions d'un interprète Dogon. "Dieu d'eau" est cependant resté incompréhensible par la masse des Nègres occidentalisés qui pullulent dans les "Universités" occidentales en Afrique et dans la Diaspora.

Citation:
La partie des prières Yoruba est un peu plus familière (quoique toute aussi callalistique) parce que j'avais déjà eu à lire l'Horloger de Kouti de Paul Aclinou qui est un genre de roman initiatique sur le panthéon Vodou et aussi Maupoil (Ifa).

Aujourd'hui à part peut-être Mubabinge Bilolo, il nous manque de véritables Philosophes qui MAITRISENT réellement les bases philosophiques de la Science Initiatique en Afrique. En Inde par exemple nous avons les Vedantas, des écoles philosophiques basées sur les textes sacrés indiens qui éduquent les intellectuels et les élites indiennes, ce qui est INEXISTANT en Afrique. Pourtant l'Afrique est immensément riche en textes sacrés qu'ils soient écrits ou oraux. Ce qui nous manque, ce sont des ECOLES PHILOSOPHIQUES dignes de ce nom qui expliqueraient nos traditions. C'est parce que les masses africaines sont ignorantes de la puissance philosophique de nos textes traditionnelles qu'elles continuent encore à considérer la spiritualité africaine comme étant de la SORCELLERIE. C'est bien dommage !

Je suis écœuré lorsque je lis les publications philosophiques de l'Université d' Abidjan par exemple. C'est un vrai désastre … Soyons sérieux ! Si la "philosophie" européenne des Kant, Hegel, Montesquieu, Ricœur, Descartes, Bergson, etc. étaient la "Bible" de la philosophie, l'Europe ne serait pas devenue ce qu'elle est aujourd'hui : un territoire de désolation où prévaut la Barbarie humaine. L'Afrique a aussi son mot à dire dans la philosophie mondiale, notamment dans la philosophie politique, la philosophie des organisations.

L'Afrique peut par exemple répondre à la question fondamentale suivante à savoir : au delà de la philosophie de l'Être, de la connaissance de l'Être (sujet dans lequel excelle, il faut le reconnaître les Vedantas) quelle organisation politique l'Homme devrait-il mettre en place pour amener chaque membre de la société à atteindre cette perfection de l'Être, qui est la finalité de son existence ? On nous parle de démocratie, mais ce système occidental est une Hérésie philosophique, une Barbarie qui ne peut-être que la résultante des comportements d'un peuple qui n'a jamais su ce qu'était la Philosophie dans son esse.
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MessagePosté le: Dim 10 Oct 2010 12:29    Sujet du message: Répondre en citant

Afrobeat a écrit:
Quand tu parles de "MAITRISE les deux langues mises en rapport"Je CROIS QUE L'UNE des difficultés c'est qu'il n'est pas toujours possible de mettre deux langues en rapport ce n'est pas toujours le même environnement, ni le même système de valeurs qui les a "conçu". Ce que tu affirmes pourrait être "vrai" dans le cas où la traduction est basée essentiellement sur la syntaxes et sur des considérations de vocabulaire et de grammaire.Merikama, il y a des concepts qui ne sont pas traductibles : il existe dans beaucoup de culture des concepts qui dès qu'ils sont traduit en langue étrangère perdent une partie ou même la totalité de leur sens d'origine, mais on sait que la langue en elle-même ne veut rien dire, mais c'est le sens, c'est le sens qui porte la langue et derriere le sens se cache toute une cosmogonie;

Tu as tout à fait raison Afrobeat et c'est la raison pour laquelle je dis que le bon traducteur est celui qui Maîtrise les deux langues mis en rapport. Or on ne peut réellement maîtriser une langue si l'on ne maîtrise la culture qui sous-tend justement cette langue. Le traducteur Akan/Français parfaitement bilingue trouvera toujours des ARTIFICES (notamment l'utilisation d'expressions, d'une suite de plusieurs mots ou de phrases entières) pour traduire n'importe qu'elle concept dans chacune des deux langues. Cette capacité relève comme je l'ai dit, du génie humain, de la capacité qu'à l'Homme de mettre des mots sur n'importe qu'elle objet de sa pensée.

Aujourd'hui par exemple, grâce aux travaux de Jan Assman sur le concept de la Maât qui n'est pas traduisible mot-à-mot en français, l'on peut quand même le définir comme étant la qualité de ce qui exprime à la fois, la Vérité, l'Ecoute, la Justice, la Droiture, la Solidarité, l'Équilibre, l'Ethique et l'Equité. L'idéal donc pour traduire la Maât ne serait pas d'utiliser un seul mot, mais cet ensemble de mots, ce qui permettra au locuteur français de bien cerner de quoi il retourne. C'est ce que je voulais dire.
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MessagePosté le: Dim 10 Oct 2010 13:45    Sujet du message: Répondre en citant

Merikama a écrit:
Afrobeat a écrit:
Quand tu parles de "MAITRISE les deux langues mises en rapport"Je CROIS QUE L'UNE des difficultés c'est qu'il n'est pas toujours possible de mettre deux langues en rapport ce n'est pas toujours le même environnement, ni le même système de valeurs qui les a "conçu". Ce que tu affirmes pourrait être "vrai" dans le cas où la traduction est basée essentiellement sur la syntaxes et sur des considérations de vocabulaire et de grammaire.Merikama, il y a des concepts qui ne sont pas traductibles : il existe dans beaucoup de culture des concepts qui dès qu'ils sont traduit en langue étrangère perdent une partie ou même la totalité de leur sens d'origine, mais on sait que la langue en elle-même ne veut rien dire, mais c'est le sens, c'est le sens qui porte la langue et derriere le sens se cache toute une cosmogonie;

Tu as tout à fait raison Afrobeat et c'est la raison pour laquelle je dis que le bon traducteur est celui qui Maîtrise les deux langues mis en rapport. Or on ne peut réellement maîtriser une langue si l'on ne maîtrise la culture qui sous-tend justement cette langue. Le traducteur Akan/Français parfaitement bilingue trouvera toujours des ARTIFICES (notamment l'utilisation d'expressions, d'une suite de plusieurs mots ou de phrases entières) pour traduire n'importe qu'elle concept dans chacune des deux langues. Cette capacité relève comme je l'ai dit, du génie humain, de la capacité qu'à l'Homme de mettre des mots sur n'importe qu'elle objet de sa pensée.

Aujourd'hui par exemple, grâce aux travaux de Jan Assman sur le concept de la Maât qui n'est pas traduisible mot-à-mot en français, l'on peut quand même le définir comme étant la qualité de ce qui exprime à la fois, la Vérité, l'Ecoute, la Justice, la Droiture, la Solidarité, l'Équilibre, l'Ethique et l'Equité. L'idéal donc pour traduire la Maât ne serait pas d'utiliser un seul mot, mais cet ensemble de mots, ce qui permettra au locuteur français de bien cerner de quoi il retourne. C'est ce que je voulais dire.


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Gnata
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MessagePosté le: Dim 10 Oct 2010 16:28    Sujet du message: Répondre en citant

Merikama a écrit:
Seulement il faut noter que G. Dieterlen ne traduit pas elle-même ces textes. Elle fait généralement intervenir un intermédiaire, locuteur de la langue de celui qui est la source du texte en question. Par exemple, j'ai beaucoup apprécié ses travaux sur les Bambara. Dans "L'Empire de Ghana : le Wagadou et les traditions de Yéréré", son travail était propre : elle ne faisait que transcrire dans l'ouvrage, les traductions en français de Mamadou Soumaré (l'intermédiaire Soninké) qui reprenait le texte psalmodié par le Djéli Diarra Sylla. Ses travaux témoignent de l'importance qu'elle accorde aux traductions "endogènes".

Salut Meri, comment tu as fait pour te procurer le bouquin "L'Empire de Ghana ..." ? Je l'ai pourtant cherché en son temps, sans avoir eu la moindre piste...
J'avais lu déjà du même auteure en plus du bouquin-ci: "Les Textes Sacrés ..." un autre très instructif : Essai sur la religion Bambara , j'avais décidé de compléter tout ca avec L'Empire du Ghana ... mais bon, it was nowhere to be found, c'est aussi l'avantage d'être en France, vous êtes pas mal bien fourni dans ce domaine, il m'arrive de vous envier presque ...

Pour en revenir à nos cabris, nous disons en définitive la même chose, le problème se situe dans la distorsion et ultimement la qualité de celui qui transcrit l'original d'un texte et les oreilles qui reprennent cette traduction pour les mettre dans une autre langue...

Citation:
Dans l'édition Gallimard 1965, page 40 , partie III (Textes magiques Songhaï) [P. Idiart (Inédit)]
Et il va ainsi:
Pour s'enfuir à travers les murs

Je bénis le Prophète
Le Prophète bénisse son maître
Artisan de la petite porte
qui fait petite la mère de la porte
dehors, salut à vous

Ce texte est dramatiquement court. Je vais vérifier …

Je croyais que tu l'avais déjà regardé !? Je ne sais pas non plus si la pertinence d'un texte est dans sa longueur, mais toujours est-il comme tu peux le constater intuitivement qu'il manque quelque chose, il manque un (des) bout(s) outre la gestuelle, l'intonation, la solennité, et surtout le matériel avec lequel ces phrases sont prononcées qui sont impossible à mettre sur papier, il doit (sous toutes réserves) manquer quelquechose !

Citation:
Mais tous les textes sacrés, qu'ils soient Africains, Indiens ou Amérindiens sont cabalistiques, en ce sens qu'ils sont HERMETIQUES (terme venant du fait que les fragments appelés "Livre d'Hermès Trismégiste" ["Hermès trois fois grand"] étaient INCOMPREHENSIBLES pour les Non-Initiés). L'avantage du travail de G. Dieterlen, lorsqu'elle donne la traduction "brute" du texte oral (notamment dans ses travaux sur les traditions du Yéréré), c'est de pouvoir laisser le soin au lecteur d'en tirer lui-même les conclusions qui s'imposent. Ne pas oublier que la méthode Dieterlen est celle qu'avais adopter M. Griaule dans ses travaux. Dans "Dieu d'eau" par exemple, Griaule n'a pas traduit lui-même Ogotemmeli, il ne faisait que retranscrire les traductions d'un interprète Dogon. "Dieu d'eau" est cependant resté incompréhensible par la masse des Nègres

Personnellement, je vois Dieux d'eau de Marcel Griaule non pas comme la meilleure preuve qu'on peut traduire fidèlement une cosmogonie comme celle des Dogons mais bien comme la confirmation que les Africains ont une idée endogène organisée de la Création, une représentation où rien n'est laissé au hasard... Ça prend en moyenne 21 ans pour faire le tour de la cosmogonie des Dogons, j'ai en l'esprit que Dieu d'eau n'était qu'une introduction de cette cosmogonie qui aurait pu être paufinée n'eût été la disparition soudaine du vieux Dogon...

Citation:
Aujourd'hui à part peut-être Mubabinge Bilolo, il nous manque de véritables Philosophes qui MAITRISENT réellement les bases philosophiques de la Science Initiatique en Afrique.
Voilà c'est exactement ça, quelqu'un comme Mubabinge est le genre de clerc qu'il faut dans ce cas-ci, enfin nous disons la même chose !
Citation:
Je suis écœuré lorsque je lis les publications philosophiques de l'Université d' Abidjan par exemple. C'est un vrai désastre …
Comment tu fais pour y avoir accès ?
Citation:
L'Afrique peut par exemple répondre à la question fondamentale suivante à savoir : au delà de la philosophie de l'Être, de la connaissance de l'Être (sujet dans lequel excelle, il faut le reconnaître les Vedantas) quelle organisation politique l'Homme devrait-il mettre en place pour amener chaque membre de la société à atteindre cette perfection de l'Être, qui est la finalité de son existence ?
Intéressant !
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Merikama
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MessagePosté le: Dim 10 Oct 2010 21:26    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
Merikama a écrit:
Seulement il faut noter que G. Dieterlen ne traduit pas elle-même ces textes. Elle fait généralement intervenir un intermédiaire, locuteur de la langue de celui qui est la source du texte en question. Par exemple, j'ai beaucoup apprécié ses travaux sur les Bambara. Dans "L'Empire de Ghana : le Wagadou et les traditions de Yéréré", son travail était propre : elle ne faisait que transcrire dans l'ouvrage, les traductions en français de Mamadou Soumaré (l'intermédiaire Soninké) qui reprenait le texte psalmodié par le Djéli Diarra Sylla. Ses travaux témoignent de l'importance qu'elle accorde aux traductions "endogènes".

Salut Meri, comment tu as fait pour te procurer le bouquin "L'Empire de Ghana ..." ? Je l'ai pourtant cherché en son temps, sans avoir eu la moindre piste...
J'avais lu déjà du même auteure en plus du bouquin-ci: "Les Textes Sacrés ..." un autre très instructif : Essai sur la religion Bambara , j'avais décidé de compléter tout ca avec L'Empire du Ghana ... mais bon, it was nowhere to be found, c'est aussi l'avantage d'être en France, vous êtes pas mal bien fourni dans ce domaine, il m'arrive de vous envier presque ...

J'ai toujours le Bouquin dans ma bibliothèque. Je me le suis procuré sur Amazon, il y a je pense 4 ou 5 ans. L'auteur nous donne plusieurs versions de la légende de Dinga, le fondateur du Wagadu.

Citation:
Citation:
Dans l'édition Gallimard 1965, page 40 , partie III (Textes magiques Songhaï) [P. Idiart (Inédit)]
Et il va ainsi:
Pour s'enfuir à travers les murs

Je bénis le Prophète
Le Prophète bénisse son maître
Artisan de la petite porte
qui fait petite la mère de la porte
dehors, salut à vous

Ce texte est dramatiquement court. Je vais vérifier …

Je croyais que tu l'avais déjà regardé !? Je ne sais pas non plus si la pertinence d'un texte est dans sa longueur, mais toujours est-il comme tu peux le constater intuitivement qu'il manque quelque chose, il manque un (des) bout(s) outre la gestuelle, l'intonation, la solennité, et surtout le matériel avec lequel ces phrases sont prononcées qui sont impossible à mettre sur papier, il doit (sous toutes réserves) manquer quelquechose !

Effectivement on a pas grand chose à se mettre sous la dent ici ...

Citation:
Personnellement, je vois Dieux d'eau de Marcel Griaule non pas comme la meilleure preuve qu'on peut traduire fidèlement une cosmogonie comme celle des Dogons mais bien comme la confirmation que les Africains ont une idée endogène organisée de la Création, une représentation où rien n'est laissé au hasard... Ça prend en moyenne 21 ans pour faire le tour de la cosmogonie des Dogons, j'ai en l'esprit que Dieu d'eau n'était qu'une introduction de cette cosmogonie qui aurait pu être paufinée n'eût été la disparition soudaine du vieux Dogon...

Mais cela tu l'as bien déduit d'une traduction en français des paroles d'Ogotemmeli. Il y a d'autres Hogon, Hougan, Nganga en Afrique qui pourraient nous aider à aller plus loin dans cette "vulgarisation" de la philosophie africaine. Ce qui serait salutaire pour récupérer nos sœurs et frères en déshérence spirituelle.

Citation:
Citation:
Je suis écœuré lorsque je lis les publications philosophiques de l'Université d' Abidjan par exemple. C'est un vrai désastre …
Comment tu fais pour y avoir accès ?

Regarde par exemple ici : http://lacademie.wordpress.com/description-de-lacademos/ Aujourd'hui les "meilleures" facultés de philosophie en Afrique se situent au sein d'Universités Catholiques. Les étudiants qui écrivent sur ce site sont de l'Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) – Unité Universitaire d'Abidjan (UUA).

Le plus intéressant, c'est de prendre la liste des enseignants du département de philosophie de l'Université d'Abidjan-Cocody et de l'Université de Bouaké, puis de "googler" chacun d'eux pour voir leurs centres d'intérêt. Tu verras que tout tourne autour de Kant, Hegel, Heidegger, Nietzsche, Ricœur, etc. Aucun ne s'intéresse par exemple à la philosophie de l'Être chez les Bambara ou à la notion du Shai dans l'Anthropogonie égyptienne ou encore à la conception de l'éthique chez les Abron. C'est vraiment dommage !
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"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir". THOMAS SANKARA

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