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AMEROUN:FAUT-IL BRÛLER LE DRAPEAU FRANÇAIS ?

 
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Jofrere
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Messages: 1327
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer 20 Avr 2011 16:41    Sujet du message: AMEROUN:FAUT-IL BRÛLER LE DRAPEAU FRANÇAIS ? Répondre en citant

http://www.camer.be/index1.php?art=14012&rub=30:27&sms_ss=facebook&at_xt=4daef7f2847804e0,0

CAMEROUN:FAUT-IL BRÛLER LE DRAPEAU FRANÇAIS ?

Pour l’écrivain, le gbagboisme est la maladie infantile du mouvement démocratique camerounais.La politique c’est l’établissement adroit de coalitions pour la paix, et la mesure froide des relations de force en cas de conflit.La contribution essentielle de Laurent Gbagbo au débat africain autour de la question démocratique aura autant été d’avoir œuvré en 1990 avec le FPI pour la démocratisation effective de son pays, que d’avoir mis en 2004 sur la table de nous tous la question des relations des gouvernements africains avec la France, ancienne puissance coloniale. Pour le Cameroun, en 2011 surtout, il aura transformé la crise ivoirienne en un front sanglant de la nécessaire confrontation de nos pays avec la France.

Tel s’explique l’engouement camerounais pour la question ivoirienne. Or quand celle-ci est débattue ces jours, plusieurs fois l’émotion gagne le dessus sur la stratégie froide qui est l’arme majeure du politique. Ici il serait nécessaire pour tout un chacun de lire l’essai de Lenine : La Maladie infantile du communisme : le gauchisme, texte encore plus important parce que les voix qui, au Cameroun surtout, le plus fort transforment Gbagbo en martyr de la ‘recolonisation de l’Afrique’ bien qu’il ne soit pas mort, sortent de l’UPC, le député Charly Gabriel Mbock en premier, et Mac-Kit et le MANIDEM. Ces voix établissent un lien de continuité entre les figures de la bataille pour la décolonisation de nos pays tel un Um Nyobé ou Lumumba, et Laurent Gbagbo. S’y ajoutent ces autres voix de l’agitation politique occasionnelle, Calixthe Beyala, ou du journalisme militant, Théophile Kouamouo.

L’émotion dessert toujours en politique, on le sait. Pourtant tel n’est pas l’argument majeur qu’il faut leur opposer. La raison oblige en effet à voir que la chute de Gbagbo est la conséquence d’une succession de décisions calamiteuses que ce dernier aura prises, et dont la plus extraordinaire à l’intérieur de son pays est qu’il n’ait pas cru nécessaire de s’adresser au peuple ivoirien au cœur de la guerre civile, alors qu’il avait la RTI. La vie de ces jeunes qui formaient un ‘bouclier humain’ autour de son palais avait-elle de la valeur pour lui ? La peur de leurs parents comptait-elle pour lui ? Quand à l’extérieur, que dire ? Si les seules voix fortes qui se déclarent ouvertes à votre cause, c’est celle toxique vraiment de Marine Le Pen du Front national, de Me Vergès l’avocat des dictateurs africains, et de Dos Santos qui cumule 32 ans de pouvoir, il est sans doute temps de reconsidérer votre stratégie politique. De même chaque Camerounais devrait réfléchir sur ces évidences simples : aujourd’hui plus qu’en 2000, la Côte d’ivoire est une colonie française : les forces françaises patrouillent à Abidjan ; la présence militaire française est renforcée de centaines de troupes en plus ; le pays est ‘sous contrôle’ de l’ONU ; Abidjan est devenu un quartier de Paris ; le président ivoirien n’est qu’un ministre français d’outre-mer ; Gbagbo lui-même a été capturé dans sa chambre comme un vulgaire brigand, son épouse humiliée. Certes l’analyse gbagboisante, autodestructrice et hystérique à souhait, voit dans ces échecs politiques tangibles plutôt le fait que la France ait été enfin ‘démasquée’, or là à mon avis commence son infantilisme qui a déjà couté la vie à des milliers d’Ivoiriens.

Jamais la révélation d’une évidence politique n’a été payée aussi chèrement, car dans nos pays dits francophones où le pain est synonyme de baguette, quel enfant ne voit pas au déjeuner du petit matin qu’il vit sous le joug français ? Faut-il vraiment des milliers de morts, des charniers, des viols, des tortures pour le lui dire ? Le ‘démasquage’ de la présence française en Afrique étant donc une lapalissade car en plus c’est bien la France qui devant tout le monde depuis 1960 est le porte-parole de l’Afrique d’expression française à l’ONU, la seule question qui vaille la peine vraiment est celle de s’avoir comment rompre le lien de vassalité qui en découle. Celle-ci est une question politique. C’est ici, sur cette question claire de stratégie et de tactique, de relations de force et de coalitions pour l’action donc, sur cette question cardinale pour tous nos pays et pour notre avenir comme on sait, que la solution et la méthode gbagboiste n’ont pas seulement totalement desservi la Côte d’ivoire, mais par contagion risquent aussi de saborder les efforts qui au Cameroun aujourd’hui veulent chasser Paul Biya du pouvoir alors que l’âge même de l’homme rend sa fin de règne pratiquement inévitable.


Les dictatures les plus longues du continent africain – le renouveau, en est l’exemple – ne survivent pas seulement quand elles sont assises confortablement sous la parapluie de la Françafrique. Comme Khaddafi qui dernièrement se fabriquait un pouvoir dynastique, Mugabe qui au bord de la tombe fait la moue devant la retraite, elles survivent aussi lorsqu’elles se nourrissent au fiel de l’agitation antioccidentale. Voilà un gauchisme qu’elles ont de Fidel Castro qui en a écrit le scenario jadis, et il n’est pas surprenant qu’aujourd’hui un Yayah Jameh de Gambie y découvre un oxygène qui avait déjà un moment nourri Dadis Camara, et bien d’autres apprentis dictateurs. Or ici, il n’est pas jusqu'à Paul Biya qui n’ait vu dans le gbagboisme un fond de commerce, lui qui traine les pieds à reconnaitre Ouattara président, et lui dont des stratèges politiques, Hubert Mono Ndzana surtout, s’étaient déclarés gbagboistes depuis longtemps. Chevaucher le tigre du gbagboisme est un opportunisme juteux au Cameroun, ce pays s’étant ces jours-ci transformé en une province ivoirienne. Ainsi dans la ferveur de leur nouvelle nationalité de choix l’autre jour à Hambourg, ce ne sont pas des Ivoiriens, car ils ont mieux à faire eux, mais des Camerounais qui se sont réunis pour dans une cérémonie de vodou politique, brûler le drapeau français. Et voilà un groupe qui il y a quelques semaines lançait des appels à la révolte populaire dans notre pays qui soudain se retrouve un allié objectif des grandes ambitions. Il est des ironies de l’histoire qui surprennent, mais celle-ci en est-elle une vraiment ? Les Camerounais ne seraient pas surpris, eux qui après tout ont vu John Fru Ndi se rapprocher finalement de Biya pour formaliser une alliance objective qui depuis vingt ans au moins sabordait dans son dos le mouvement démocratique dans notre pays. Il ne suffit pas de crier qu’on œuvre pour le changement pour le faire vraiment.

La question que chaque acteur du changement devrait toujours se poser c’est : pourquoi Biya est-il resté si longtemps au pouvoir ? La politique n’est faite que d’alliances objectives pour composer et recomposer des relations de force, et les crises accélèrent le processus de formalisation de celles-ci. Découverte sur le front ivoirien, l’agitation anti-française est au mieux la distraction la plus récente que le mouvement démocratique camerounais ait eu sur son chemin, et au pire, la concaténation d’intérêts divergents sur la question de la liberté qui fait palpiter notre cœur à tous, mais pourrait bien allumer un feu qui brûlerait notre maison au lieu de nous réchauffer. Aux forces qui veulent réellement le changement au Cameroun, à tous ceux-là qui célèbrent nos héros de la décolonisation par delà les martyrs qu’ils auront été, il importe de demander de réfléchir sur cette équation tunisienne simple : pourquoi les jeunes de Tunis n’ont-ils pas brulé de drapeau français dans la rue lors de leur révolution du jasmin ? Et puis : pourquoi les jeunes égyptiens dans leur rage n’ont-ils donc pas, comme leurs ainés l’ont fait pendant trente ans sans succès, brulé eux aussi le drapeau américain ou israélien et l’effigie du président américain dans une cérémonie publique d’exorcisme ? Eh bien parce que, je dirais, ils ont compris enfin que dans la bataille pour la démocratie, il est des actes politiques qui aident autant le dictateur qu’ils desservent le peuple : pour nos pays dits francophones, l’agitation antifrançaise est le premier de ces actes-là. Ils ont surtout compris ceci, ces jeunes : nous commencerons enfin à être libres lorsque deux Camerounais se rencontreront dans un taxi à Yaoundé, et leur sujet de conversation ne sera plus la France ou les Français, et encore moins Sarkozy.

© Le Jour : Patrice Nganang
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