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Cameroun : un vacancier au pouvoir à Yaoundé

 
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Panafricain
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MessagePosté le: Jeu 20 Oct 2011 14:53    Sujet du message: Cameroun : un vacancier au pouvoir à Yaoundé Répondre en citant

Au cameroun rien ne change depuis quinze ans. L'article ci-dessous a été écrit en 1995, mais on pourrait le croire écrit en 2011! Les camerounais devraient méditer dessus...

http://www.liberation.fr/monde/0101132332-un-vacancier-au-pouvoir-a-yaounde

Le 16 février 1995 à 1h06

Un vacancier au pouvoir à Yaoundé Par SMITH STEPHEN


PAUL BIYA. A la tête de l'Etat depuis 1982, le président camerounais brille surtout par son absence. En 1994, il n'a tenu que quatre conseils des ministres, plongeant dans la léthargie l'ensemble des services publics, à l'exception de la police.

Un vacancier au pouvoir àYaoundé, envoyé spécial - QUEL PRÉSIDENT AFRICAIN séjourne un tiers de l'année à l'étranger et se retire quatre jours par semaine dans son village natal, lorsqu'il est au pays? Quel est cet ancien séminariste qui, depuis son arrivée au pouvoir, ne jure que par le mysticisme rosicrucien, au point d'avoir nommé son médecin personnel et «grand frère» de la Rose-Croix, Titus Edzoa, secrétaire général de la présidence? Quel chef d'Etat n'a pas, depuis deux ans, trouvé le temps de signer le décret pour la réaffectation de ses ambassadeurs à l'étranger et qui, depuis un an, fait attendre l'ambassadeur sud-africain pour la remise de ses lettres de créances et d'un message personnel de Nelson Mandela?

Aux abonnés absents. Ce «vacancier au pouvoir», comme l'appelle joliment un ambassadeur en poste à Yaoundé, c'est Paul Biya, depuis 1982 chef de l'Etat du Cameroun. L'an dernier, pour gérer les lendemains difficiles de la dévaluation du franc CFA, il a tenu quatre Conseils des ministres, comme le rapporte ­ en le félicitant ­ le quotidien officiel Cameroun Tribune. Il est vrai qu'en 1993 les ministres camerounais ne s'étaient jamais réunis autour du Président... Ce dernier ne répond pas non plus au téléphone, au désespoir de ses pairs africains et du PDG d'une grande banque française qui, à bout de nerfs, a appelé le président sénégalais, Abdou Diouf, pour que celui-ci «lui fasse, si possible, la commission».

Au Cameroun de Paul Biya, l'inertie a été érigée en art de gouverner. Un art qui n'est pas innocent: bien que les bailleurs de fonds lui aient communiqué d'accablantes pièces à conviction, le Président a mis un an et demi pour limoger un ministre particulièrement corrompu. Ce dernier n'a pas été poursuivi pour autant: le Conseil de discipline budgétaire et comptable, l'équivalent de la Cour des comptes en France, est en effet directement rattaché à la présidence, dont l'oisiveté vaut impunité. Aussi, l'exemple venant d'en haut est reproduit à tous les échelons: depuis deux ans, le Premier ministre n'a pas une seule fois réuni son gouvernement, l'administration fiscale ­ un record, même en Afrique ­ ne recouvre qu'environ 10% de l'impôt dû et, au ministère de l'Economie et des Finances, les 38 fonctionnaires de la sous-direction «assurances» n'ont depuis cinq ans pas été saisis d'une seule demande. «Il n'y a pas de travail, explique l'un d'eux. Mais on est là, tous les jours, sans rien faire».

Le chef de la police, pilier du régime. Le seul service public à pleinement fonctionner, c'est l'état policier. Bien que le pluralisme ­ au prix de centaines de morts en 1991 et 1992 ­ ait été officiellement accepté et qu'une presse privée se livre à tous les excès, les meetings politiques sont fréquemment interdits. Le 2 février, les leaders du Front d'action pour le changement (FAC), l'opposition extraparlementaire, ont même été empêchés de se réunir dans la maison d'un particulier. Si la répression a perdu beaucoup de sa férocité, les centres de détention illégaux ­ tels que le «château Americanos» à Yaoundé ­ existent toujours et la torture y est courante. Au point que le parquet camerounais voudrait inculper Jean Fochivé, le tout-puissant chef de la police et l'un des piliers du régime. Téméraires mais pas fous, les magistrats viennent de transmettre un épais dossier à la présidence, pour obtenir le feu vert...

Jean-Chritophe Mitterrand, protecteur. «Pourquoi le Cameroun est-il tabou?» s'interroge le chef de l'opposition parlementaire, Bello Bouba Maïgari. «La France a suspendu sa coopération avec le Togo et le Zaïre. Pourquoi ne l'a t-elle pas fait aussi avec le régime de Paul Biya, qui a fait la preuve de son incapacité et, pire, qui est de mauvaise volonté?» Parce que le Cameroun, pays de 12 millions d'habitants à la charnière entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, est une pièce maîtresse du «pré carré» de la France sur le continent? Parce que le Cameroun représente à lui seul plus de 60% du PNB de l'ancienne Afrique équatoriale française (AEF) et la moitié de la masse monétaire de cette zone? Parce que plus de 7.000 expatriés français ­ ils étaient 18.000 il y a dix ans ­ vivent et travaillent toujours dans ce pays très diversifié, véritable «Afrique en miniature»? Ou, tout simplement, parce que Paul Biya est un président «protégé», ami de Jean-Christophe Mitterrand, l'ancien conseiller pour les affaires africaines de son père?

Il y a un an, début février 1994, un coup d'Etat au Cameroun était entré dans le stade ultime de sa préparation. En fait, il s'agissait d'une révolte de palais qui, au sein d'un Etat totalement «patrimonialisé» par les Beti, l'ethnie de Paul Biya, devait raffermir l'emprise du groupe en écartant le roi fainéant. Mis au courant, François Mitterrand a aussitôt prévenu Paul Biya, par le canal de... son fils aîné, aujourd'hui dans le privé. Ensuite, le patron des services secrets (DGSE), Jacques Dewatre, a fait le voyage de Yaoundé pour «déminer» le terrain. Jamais consulté sur ce sauvetage, Edouard Balladur a eu l'occasion de le regretter. Difficile, en effet, de gérer les effets de la dévaluation dans un pays clé gouverné in absentia.

Pasqua, nouveau parrain? «Le Cameroun coule la zone franc par la faute de son Président», s'est-on insurgé à Matignon, où l'on fait remarquer que ­ sur 1,2 milliard de francs promis pour 1994 ­ Paris n'a déboursé que 200 millions au régime de Paul Biya. Ce dernier, craignant d'être poussé vers la sortie, s'est mis en quête d'une porte d'entrée en «balladurie». Avec succès: après avoir reçu plusieurs de ses missi dominici, le président camerounais doit accueillir Charles Pasqua à Yaoundé la semaine prochaine. «S'il trouve un nouveau parrain pour le protéger, c'est reparti», soupire, à Paris, un responsable de la politique africaine. «Les efforts de rigueur mis en oeuvre depuis l'été dernier, et qui commencent à porter leurs fruits, se trouveraient du coup anéantis.»
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