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POEME AFRICAIN
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Abess
Grioonaute


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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 13:50    Sujet du message: POEME AFRICAIN Répondre en citant

Ce topic ce veut une porte ouverte sur l'art et la culture africaine, alors à vous fille et fils d'afrique si vous voulez apporter votre pierre à l'édifice il ne tient qu'à vous d'y participer.

Afrique

Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales
Afrique que chante ma grand-mère
Au bord de son fleuve lointain
Je ne t'ai jamais connue
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir à travers les champs répandu
Le sang de ta sueur
La sueur de ton travail
Le travail de I' esclavage
L'esclavage de tes enfants
Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de 1 'humilité
Ce dos tremblant à zébrures rouges
Qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit
Fils impétueux cet arbre robuste et jeune
Cet arbre là-bas
Splendidement seul au milieu des fleurs
blanches et fanées
C'est I' Afrique ton Afrique qui repousse
Qui repousse patiemment obstinément
Et dont les fruits ont peu à peu
L' amère saveur de la liberté.


David Diop
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 13:55    Sujet du message: Ma négritude Répondre en citant

Ma négritude,

Ma négritude n'est pas une pierre ,sa surdité ruée contre la clameur du jour
Ma négritude n'est pas une taie d'eau morte sur l'oeil mort de la terre
Ma négritude n'est ni une tour ni une cathédrale.
Elle plonge dans la chair rouge du sol
Elle plonge dans la chair ardente du ciel
Elle troue l'accablement opaque de sa droite patience.
Eia pour le Katicedrat royal !
Eia pour ceux qui n'ont jumais rien inventé
Pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
Pour ceux qui n'ont jamais rien dompté.
Mais ils s'abandonnent, saisis, à l'essence de toute chose
Ignorants des surfaces mais suisis par le mouvement de toute chose
Insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde véritablement les fils aînés du monde
Poreux à tous les souffles du monde lit sans drain de toutes les eaux du monde
Etincelle du feu sacré du monde Chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde !
Tiède petit matin de vertus ancestrales.
Sang ! sang ! tout notre sang ému par le coeur mâle du soleil
Ceux qui savent la féminité de la lune aux corps d'huile
L'exaltation réconciliée de l'antilope et de l'étoile
Ceux dont la survie chemine en la germination de l'herbe !
Eia parfait cercle du monde et close concordance !
Ecoute ses victoires proditoires trompéter ses défaites
Ecoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !

Eia pour la douleur aux pis de larmes réincarnées
Pour ceux qui n'ont jamais rien exploré
Pour ceux qui n'ont jamais rien dompté.
Eia pour la joie
Eia pour l'amour
Eia pour la douleur aux pis de larmes réincarnées.

Aimé CESAIRE
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 13:56    Sujet du message: Afrique : de l'ombre au soleil Répondre en citant

Afrique : de l'ombre au soleil,

J'ai rêvé d'un monde de soleil dans la fraternité
de mes frères aux yeux bleus

Léopold Sédar Senghor
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:03    Sujet du message: Celui qui a tout perdu. Répondre en citant

Celui qui a tout perdu.

Le soleil brillait dans ma case
Et mes femmes étaient belles et souples
Comme les palmiers sous la brise des soirs.
Mes enfants glissaient sur le grand fleuve
Aux profondeurs de mort
Et mes pirogues luttaient avec les crocodiles
La lune, maternelle, accompagnait nos danses
Le rythme frénétique et lourd du tam-tam,
Tam-tam de la joie, tam-tam de l'insouciance
Au milieu des feux de liberté.

Puis un jour, le Silence...
Les rayons du soleil semblèrent s'éteindre
Dans ma case vide de sens.
Mes femmes écrasèrent leurs bouches rougies
Sur les lèvres minces et dures des conquérants aux yeux d'acier
Et mes enfants quittèrent leur nudité paisible
Pour l'uniforme de fer et de sang.
Votre voix s'est éteinte aussi
Les fers de l'esclavage ont déchiré mon coeur
Tams-tams de mes nuits, tam-tams de mes pères.

David Diop
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:11    Sujet du message: Poème d’un africain Répondre en citant

Cher frère blanc,

Quand je suis né, j'étais noir,
Quand j'ai grandi j'étais noir,
Quand je vais au soleil je suis noir,
Quand je suis malade je suis noir,
Quand je mourrais, je serai noir...

Tandis que toi homme blanc:
Quand tu es né tu étais rose,
Quand tu as grandi tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil tu es rouge,
Quand tu as froid tu es bleu,
Quand tu as peur tu es vert,
Quand tu es malade tu es jaune,
Quand tu mourras tu seras gris...
Et après cela, tu as le toupet de m'appeler
"homme de couleur"!!!...
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:22    Sujet du message: Répondre en citant

Eternel

Ecoute bien ce chant, oh frère
Car je ne reviendrais pas sur cette terre
Mon ame, jadis romantique et jeune
Fut sacrifiée au milieu de mon jeune
Celui que tu connaissais n'est plus
Car l'oeil de la dunya me perdit de vue
Oh cimetière de l'ame endeuillée
Mes six pieds ont osé se poser
La ou le chemin n'existe pas
Et une fois arrivé au sommet
Je vis s'effacer la trace de mes pas
Approche ton oreille et écoute ceci:
La-bas sur la Montagne, il n'y a pas de vie
Pourquoi donc cours-tu derrière cette vie?
Au sommet de la Montagne, il n'y pas de vie
Dans ma foi aveugle, je cherchais le paradis
Il renaitra sur terre dans les jardins de l'Ami
Lorsqu'apparaitra ce signe, tout sera finit
Mais en attendant, écoute la suite du recit
Et tends bien l'oreille que je t'explique la Vie
Aucune étoile ne brille lorsque la lune est absente
Ce poème que tu lis est mon passé que j'enfante
Souvenir horrible d'un séjour sur la Plaine
Ou pousse la plante amère du secret de l'Eden
Ma quête me mena dans le ventre d'une tornade
Qui terrassa mon coeur aux desirs vains et fades
Et lorsque j'avancai de quelques foulées
Je vis la création morte et enterrée
Qu'était-il donc arrivé aux fils d'Adam?
Dans le silence reposait le souffle de Shaam
Puis je quittai le cimetière dans la solitude
A la recherche du joyau de la Servitude
Arrivé devant une église, j'entendis sonner les cloches
De 7007 étoiles cachées dans la caverne d'une roche
Le toit de la belle église paraissait bien haut
Mais les belles églises n'abritent pas les corbeaux
Je souffrais de mes morts au milieu des amis
Le Bien et le Mal ne sont certes pas égaux
Pourquoi donc cours-tu derrière cette vie?
Du pain et une femme pour combler ton égo?
Abandonne la route avant qu'il ne fasse nuit
Et qu'apparaisse le vampire caché sous ta peau
Car il attend ton ame dans la chambre du tombeau
Telle la jeune fiancée qui s'impatiente sous le voile
Et la belle nuit de noces sera triste et sans étoiles
Dans cette chambre isolée du reste de l'univers
En compagnie du Dragon aux envies sanguinaires
Que meure donc l'animal caché sous ta peau
Maudit sept fois par la hache du Bourreau
Cher frère, arrétons-nous ici et disons nos adieux
Lorsque tout sera finit, nous retourneons a Dieu
Et j'accepterai tes salaams a la porte des Voeux
En attendant, passe ton chemin mais passe le bien
Afin que mes desirs ne soient pas morts en vain
Quant a mon sort, il sera celui du nouveau-né
Qui rêve et dort dans le berceau de l'Eternité
Et cet Amour que je nourris de larmes d'humilité
Brillera dans le puits de la Lumière a perpétuité
Eternel, telle la mélodie sacrée des Dervishes
Qui fait vibrer le minaret secret de ma niche
A mon reveil, j'enfilerai mes habits blancs
Et je revétirais ma tête d'un long turban
Puis j'irais a Konya en chantant
Embrasser la tunique du Sultan.

Good Gee
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:24    Sujet du message: Répondre en citant

Konya (La Citée des Saints)

Tes vers sont nés
De l'ocre de ma terre
Sais-tu mon secret
Oh fils de ma Lumière?

Ton coeur est né
Du vent de ma poussière
Vois-tu ma Beauté
Oh mendiant de l'éther?

Je suis la Montagne
Au milieu du desert
L'Oasis de la Vie
Qui illumine la lyre

Princesse d'une Espagne
Dans un siècle de lumière
Mon parfum sacré est béni
Viens-donc me découvrir

Tous tes desirs sont morts
Et tu n'as plus aucun voeu
Trente septs milles pièces d'or
Ne te rendraient pas heureux

Nourris-moi donc de tes peines
Je suis Jabal sur terre
Et Firdaw dans les cieux
Pourquoi crains-tu mon encens?

Si les larmes de l'Eden
Ont coulé sur ta chair
Puis t'ont fait des aveux
Alors tu connais ma Puissance

Ton coeur et ton corps
Découvriront le Sama
Cette danse de Shaam
Qui fait sourire Tabriz

Puis je changerais ton sort
Car je suis Reine de Saba
Et de la lueur d'une flamme
Je ferais naitre la Brise.

Good Gee
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:28    Sujet du message: Répondre en citant

La Jeune Fille A La Robe Fleurie
(Rwanda: Dix Ans Plus Tard)


Elle marche toujours le buste droit
La tête haute, telle la fille d’un roi
Tout en elle défie la vie
Jusqu’a ses éternelles robes fleuries

La vie avec elle a toujours été si clémente
Une enfance merveilleuse, une famille aimante
Puis un beau jour, devint tout bonnement démente
Cette vie, qui avec elle a toujours été si clémente

C’est arrivé d’un coup elle n a rien compris
La pauvre fille à la robe fleurie
Une histoire entre hutus et tutsie
Une histoire d’un monde en folie

C’est arrivé d’un coup elle n’a rien compris
Elle a juste vu basculer sa vie
En cinq minutes et quelques coup de machette
C’est arrivé d’un coup, elle n a rien compris

Maison saccagée,
Famille massacrée,
Toute sa vie envolée
Voila comme elle s’est retrouvée

Pauvre jeune fille réfugiée
Dans un pays inconnu, exilée
Essayant péniblement d’oublier

Tant et tant d’horreurs traversés

Et elle marche toujours le buste droit
La tête haute, telle la fille d’un roi
Tout en elle défiant la vie
Jusqu’a ses petites robes fleuries.

Natty
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:32    Sujet du message: Répondre en citant

Mere Afrique

La plus belle sculpture
Le plus beau berceaux
Que Dieu,sans rupture,
Posa sur la terre,disant que c'etait beau.

Dans ta jeunesse,
Tu etais bien belle
Vetue de ta sagesse
Tes soeurs du Nord, l'Ouest, l'Est et Sud pleines de querelles.

Tu es la premiere en tout
Tu as donne naissance au premier etres humains
Qui se sont eparpilles partout
Qui,aujourd'hui, dans leur ivresse ne se serrent point les mains.

Ta douleur est profonde,
Tes enfants ingrats
Arraches de tes seins pour le nouveau monde
Aujourd'hui te meprisent dans leur Mardi-Gras.

Malgres toutes tes douleurs,
Et les maintes vols aux mains des etres humains
Tu continues toujours pleines de couleurs
A nous offrir ton amour sans crainte du lendemain.
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Doco
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:33    Sujet du message: Répondre en citant

Ca ne serait pas plutot une porte ouverte sur la negritude ? sur la poesie negre des temps coloniaux ? Ce serait domage de restreindre la culture africaine a de la poesie non ? Ensuite il y a aussi la poesie Africaine authentique.... M'enfin c'est ton topic je ne fais que proposer.

En attendant dans le meme genre, un poeme que j'aime beaucoup personnellement :

Prière d'un petit enfant nègre

Seigneur
je suis très fatigué
je suis né fatigué
et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coq
et le morne est bien haut qui mène à leur école
Seigneur je ne veux plus aller à leur école ,
faites je vous en prie que je n'y aille plus
Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
où glissent les esprits que l'aube vient chasser
Je veux aller pieds nus par les sentiers brûlés
qui longent vers midi les mares assoiffées
je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers
je veux me réveiller
lorsque là bas mugit la sirène des blancs
et que l'usine
ancrée sur l'océan des cannes
vomit dans la campagne son équipage nègre
Seigneur je ne veux plus aller à leur école
faites je vous en prie que je n'y aille plus
Ils racontent qu 'il faut qu'un petit nègre y aille
pour qu'il devienne pareil
aux messieurs de la ville
aux messieurs comme il faut;
Mais moi je ne veux pas
devenir comme ils disent
un monsieur de la ville
un monsieur comme il faut
Je préfère flâner le long des sucreries
où sont les sacs repus
que gonfle un sucre brun
autant que ma peau brune
Je préfère
vers l'heure où la lune amoureuse
parle bas à l'oreille
des cocotiers penchés
écouter ce que dit
dans la nuit
la voix cassée d'un vieux qui raconte en fumant
les histoires de Zamba
et de compère Lapin
et bien d'autres choses encore
qui ne sont pas dans leur livre .
Les nègres vous le savez n'ont que trop travaillé
pourquoi faut il de plus
apprendre dans des livres
qui nous parlent de choses
qui ne sont point d'ici .
Et puis
elle est vraiment trop triste leur école
triste comme
ces messieurs de la ville
ces messieurs comme il faut
qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds
qui ne savent plus conter de contes aux veillées
Seigneur je ne veux plus aller à leur école.

Guy Tirolien
_________________
Vert, Jaune, Rouge...
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:34    Sujet du message: Répondre en citant

Terre Mere, l'Ile de Gorè

L’air frais souffle cette terre,
Et un frisson perce mon corps las,
Dans ce calme que déchire la mer,
Sur cette île où mon père séjourna !
Je me souviens les cris et pleurs,
De nos braves ancêtres dans la douleur ;
Nos ancêtres sur cet îlot entassés,
Déshumanisés par ces ratés, ces tarés ;
Oh Dieu de mes pères et mères,
Unis l’humanité entière ;
Allège le poids du racisme sur terre,
Rends à l’Afrique sa fierté d’hier.

Amadou Fall
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:43    Sujet du message: Répondre en citant

Je Suis Libre

J'ai brisé mes liens
Arraché le noeud gardien.
Fini le carcan, fini le boulet
Plus de fardeau, plus de fouet,
Fuir cette prison immonde,
Aller à la conquête du monde,
Je veux être le faucon qui s'envole,
Etre le fauve qui somnole.
Je veux être l'abeille butineuse,
Etre la fourmi courageuse.
Je veux être l'araignée qui façonne,
Etre la guêpe maçonne.
L'heure de la délivrance a sonné,
Servez- moi les mûres et les délices,
Oubliés, les repas fétides.
Au banquet des hommes libres,
Je veux retrouver mon équilibre,
Exercer mon office
Bâtir un édifice
Du haut de l'obélisque, sentir ma liberté

Sadiouka Ndaw
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:45    Sujet du message: Répondre en citant

Demain, Le Soleil Naitra Pour Nous

Ne prends pas froid au carrefour
Des froideurs...
Raconte la forme
Des garde-fous
Tant que ta langue tourne...
De toute façon.
Demain le soleil
Naîtra pour nous...

Comment rester insensible
A ce qu’on t’a fait subir?
Comme vivre la nuit,
Dans la clarté du jour…
Nous savons qu’en tous cas
La gaine des grossièretés
Est prête…
Demain le soleil
Naîtra pour nous...

Même si ton labeur fait briller
Les versants noircis…
On ne sait pas,
Si tu existes…
Ou non parmi eux ?
Nous savons,
Leur but
Et de te mépriser…
Laisse…ne t’en fais pas
Tout ce qui est arrivé…
De tout façon
Demain le soleil
Naîtra pour nous...

Uzeyir Cayci
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:49    Sujet du message: Répondre en citant

Derriere Une Couleur, Une Histoire

Je fais couler l'encre pour la mémoire des miens,
Pensées immortalisées sur fond de papier glacé,
Lit dans mes yeux la douleur d'un cœur peiné,
Je ne tournerai pas la page sur l'histoire des miens.
Des sous hommes c'est ce que l'on était à leurs yeux,
Dénués d'âme et de raison, sans culture ni tradition,
Sans fierté, pour qui on n'usait point de compassion,
Déracinés, entassés dans des bateaux négriers pour une traversée
Dernière senteur inhalée, dernière poignée de sable au creux de la main serrée,
Dernier sol foulé sur l'île de Gorée, dernières larmes d'adieux versées.
Premières chaînes aux pieds, premiers coups de fouet,
Première mort souhaitée plutôt que de perdre sa dignité,
Première humiliation, premiers cris de douleurs poussés,
Premières ventes au marché, premier nom d'esclave écopé,
Premier viol sur les femmes pour qui n'existaient point de respect,
Premier petit garçon né sans que la liberté lui soit innée.
Au sein des cœurs on cesse de cultiver l'amour préférant les fruits de la haine,
Goût de fiel dans cette piètre existence rythmée par la peine.
Dans les champs de coton, jusqu'aux cieux les chants de tristesse tonnent,
Comme une doléance adressé à Allah le Loué qui n'oublie personne.
Même si l'espoir se consume comme dans un brasier ardent
Et que la terre mère pleure la perte de ses enfants, rien n'échappe à l'omnipotent.
Sur des pages blanches je pourrais écrire le noir passé des miens mais cela ne changerait rien.
Je revendique ce que je suis et si ça dérange je n'y suis pour rien
A mon poignet je porte ce bracelet africain
Loin d'être un bijou c'est le symbole des chaînes que portaient les miens.
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:53    Sujet du message: Répondre en citant

Goree Est Une Histoire

Gorée est une histoire,
Servie par une Tragédie
Elle naît sur un
Rocher volcanique arraché
Aux entrailles de la terre
Eclattée
Une nuit de marée en feu

Feu du Foyer d'en bas
Feu du Foyer d'en haut
Lumière qui brille dans la lune
Lumière qui brille dans le soleil

Esprit du tonnerre
Oeil brillant au coeur de la Tempête
Feu du Soleil
Qui nous donne la Lumière
Ndek Daawur

Gorée naquit parole pour dire ici: Liberté
Ainsi nommée A une aube tardive du monde
Mais tôt vouée
A la conquête libre du Nouveau Monde.

Et pourtant que d'épreuves
Et pourtant que de morts
Et pourtant que de souffrances.

A l'époque où naît la Grande Histoire Avec la Dame en blanc
D'Anrouhet dans ce Sahara fertile
A l'époque de pharaon sur les bords du Nil

A l'époque d'Ennil le Sumerien sur l'Euphrate et le Tigre
A l'époque de Tamil sur l'Indus
A l'époque du Mansa, du Mai, de l’Oni et de Mze
Immigrant
Sur le Niger -Congo -Zambèze
Dans le Sahel, la Savane et les Forêts,
A l'ombre de Roo et de Zambie
D'Ogun et d'Ama
Du Dieu Soleil et du Dieu Lune
Du Dieu de l'Eau et du Dieu du Feu
Du Dieu de la Terre et du Dieu du Ciel
A ces époques
Cette île est encore en réserve de l'Histoire
Battue par les Alizées,
Elle attend ici A l'Ouest Biram Kumba Njeeme et le Jolof
Et voilà qu'à l'Est apparaît Sunjata et le Mali. :

Sunjata va porter ici l'empire
Meysa Wali l'Empereur Rouge lui succède
Puis Baakari le Premier Mansa du nom
Mais c'est Sankhare celui de la Pyramide
Le Captif Libérateur de la Couronne
Qui s'empare du Pouvoir.
Sakura conquiert donc la mer
Et le Ghana
Et le Tekruur
Et ce Jolof Mbeng Lébu comme
cette Ile.

Mais le voilà ce Mansa pélerin
Assassiné à Tadjura
Sur son retour
A mi-chemin
entre Gizeh et la Berberie. .
C'est ce Saakura qui avait inventé l'Atlantique Est
Il laisse un vide avec Gaawu et Mamadu
Ces Mansa ephémères

Arrive alors
Baakari le Navigateur second Mansa du nom
Ce Fari fasciné par l'eau conquit lui l'Océan
Il arme, léve l'ancre, s'en va
Laissant derrière lui le fastueux Kankan Muusa
Et le règne le plus brillant de ce Moyen Age Africain
Juste pour être le premier
A toucher
Avec ses deux mille navires,
Dans la décade première, du troisième siècle,
L'autre versant continental de ce même Océan.

Ibn Fadal Allah Al Omar! le dit
Scribe témoin de la Science
Orientale de l'Eau
Il le dit dans sa Chronique des rois
Ce Masalik El Absar fi
Malalik El Amsar
Rédigé dans la décade de l’Evénement

Au décompte du temps
Ce périple arrive trois mille ans
Aprés l'expédition maritime de la Candace Reine Hashepsut
Explorant Punt, pays des Ancêtres
Deux mille ans après Nechao
Explorant les contours du Continent
.
Vous voyez d'ici
Avec la boussole
Et la Nouvelle
Science des Eaux venues d'Orient
Ces liens invisibles entre
La Pyramide de Sanqara
La tombe des Askia
Le temple Olmèque

Puis le Silence et la paix
Comme au tout début

Sunjata fut le bonheur
Fromager sorti d'un grain minuscule
Grain dont la croissance fut difficile
Il enfonce profondément ses racines dans le sol

Mari Jaata fils de Sogolon
Simbon Sogolon Jaata

La Paix et la Paix seulement
Dans les douze nomes des douze Rois
Du clair Pays


Professeur P. Diagne
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:56    Sujet du message: Répondre en citant

Goree Est Une Priere

Mais dis-nous
Qui les a vus les Revenants de la nuit ?
Les Esprits de la Forêt
0h Pygmée.
Les Revenants de la nuit
Qui le jour clair,
Comme les chauves-souris qui sucent le sang des hommes,
Demeurent accrochés aux parois lisses des grandes
cavernes
Dis-nous qui les a vus ?

Sous la forêt qui pleure, sous. le vent du soir
La nuit toute noire s'est couchée joyeuse pygmées

Neferkare ! Tu es lumineux !
Ce qui est à toi sur terre luit :
Dieu voici désormais venir Toujours
Et vous défunts d'au-delà de ce monde!
Sachez le ! Dans les sarcophages, Je suis Hier
Et je connais Demain

Je suis la foudre blanche
Qui gronde après la pluie sur le Basuto

Vous qui commandez aux eaux Esprit des Eaux
Vous tous qui m'obéissez C'est moi qui vous
Appelle sur les terres du pays Fang

Ô toi Tsuigoa
Toi père des pères
Tu es notre père
A nous du Pays
Des hommes de petite taille.
Fais que les nuages
Apportent la Pluie.
Fais que je mange
Les fruits de la Terre.
N'es-tu pas notre père
Le père des pères ?

Et voilà qu'il est temps
Baton qui aime l'Eau
De planter et de faire croître
Entre Oakha et Kulikuli

Bonne brousse
Cultivateur de petit mil
Cultivateur de riz
Cultivateur de coton

Le Masque a pleuré !

Q’Ama te donne donc longue vie à Toi Masque Nouveau
Que la Terre du Hogon
Te donne donc longe vie.
A toi Masque Nouveau

L'Homme mange et dort. Il meurt.
Et c'est le grand froid.
Que les génies Hogon te donnent longue vie
Tu es une Voix Forte
Tes yeux sont le Soleil

Kumba Bang
Donne nous la Paix
Donne nous longue vie

A force d'avoir Esclave
Erré à travers le Monde
Exilé par jugement
Vendu selon la loi
Je suis Redevenu Liberté
Je suis Gorée

Professeur P. Diagne
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 14:59    Sujet du message: Répondre en citant

Fils D’Afrique

Fils de ma trame,
sur le grand métier de la création.
Fils tendus qui me liez à mes fils.

Fils de la mère Toile,
si ténus dans l’isolement,
et si forts dans l’entrelacs de vos mailles.

Fils de mes fils,
sang de mon sang,
mémoire de ma race.

Vous ne serez jamais orphelins !

Car vous êtes les fils de mon peuple.
De ce peuple aux origines profondes,
et qui a essaimé sur terres et mers.

Car au monde vous êtes les seuls
qui naissez dans un berceau,
celui de l’humanité tout entière.

Car vous êtes les fils de mon Afrique
sauvage, enivrante, maternelle ;
de mon Afrique éternelle.

Vous ne serez jamais orphelins !
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Abess
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 15:01    Sujet du message: Répondre en citant

Les Larmes De L’Afrique



AFRIQUE,POURQUOI PLEURES-TU ?

Quelle souffrance !
Quelle tristesse !
Quelle agonie !
Regardez-moi !
Mon peuple est divisé
Mes frontières sont sources de conflit
Mes terres sont souillées.
Je pleure
Je pleure les épurations ethniques
Je pleure les martyrs de cette nature immonde
Je pleure les hommes, les femmes, les enfants mutilés

Je pleure.
Quel espoir pour ce millénaire !
Peuple, réveillez-vous !
Jeunesse ,unissez-vous !
Oui !à l’harmonie africaine !
Oui !à la fraternité !
Oui ! à la paix !
PANAFRICANISME !PANAFRICANISME !

Marieme Diallo
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 15:11    Sujet du message: Répondre en citant

Mon Pays, c’est toi.

Mon pays ce n’est pas cette terre fragile de gravier et de boue
où patine l’espoir au fil des jours,
ces voitures et ces usines qui fument à longueur de journée,
ces badauds qui traînent, le regard hagard dans les rues.
Mon pays, ce n’est pas cette terre senteur d’exil
où je pousse à peine mes rêves jusqu’à la première lisière du grand jour.
Ce n’est pas ces routes bitumées qui courent à perdre haleine,
ces sentiers efflanqués qui desservent les campagnes,
ces toits de tôle ondulée devenus tamis
où filtre la fumée épaisse du feu de bois vert que font les femmes,
ni ces amas d’ordures et de ferraille qui jonchent le sol,
ni ces villas luxueuses qui germent par endroits,
ni la mort lente et lâche de ces hommes dégradables
par infusion de misère et de mots creux,
ni ces rires qui fusent de l’autre côté de la barrière d’en face.
Mon pays ce n’est pas ce mélange criard de clair-obscur
où mon cœur épie en vain l’arrivée du jour.
Ce n’est point cette terre tatouée de forêts en ruine
où terre et hommes étouffent à petit feu dans la fournaise des jours.
Ce n’est pas cette terre où tout est mirage
et où la joie est putrescible même par temps doux
et non terre à bonheur.
Ce n’est pas ces filles en tenue d’Ève
qui se vendent à la criée pour une poignée de monnaie.
Ce n’est point cette terre boursouflée d’ombres à nulle autre pareilles
qui croassent d’épouvante à l’orée du jour.
Mon pays ce n’est pas cette terre de hiboux colporteurs de rêves creux qui rongent le jour.
Mon pays, c’est ton sourire d’or pur et de pierres précieuses
qui reflète tout le trésor de ton cœur Bantou,
où chante l’amour comme un jour de fête.
C’est ta peau couleur de clair de lune où mes doigts la nuit deviennent paroles
et te font signe dans la pénombre
malgré ces nuages sombres qui tatouent notre bonheur.
C’est tes mains plus douces que fleur d’hibiscus fraîche éclose
qui se posent sur la tiédeur de ma peau pour me conter l’espoir,
ton regard, étreinte à la douceur de rosée du matin
où je me retrouve dans ta tendresse, recommençant mon enfance sur tes seins,
ta bouche aux lèvres douceur de taffetas,
où je bois le vrai souffle de vie au sortir de tes entrailles.
Mon pays, c’est toi, étoile polaire de mes nuits,
où je m’égarerais pour toujours sans ta présence,
sens de ma vie à chaque instant,
et je perdrais raison sans tes bras qui me serrent contre toi,
sans tes lèvres qui mordent les miennes
pour m’offrir ta salive salvatrice,
ta langue plus fougueuse que mille étalons en rut.
Et ma maison c’est ton cœur.
Laisse-moi y vivre pour toujours, mon amour.

Alain Serge DZOTAP
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 15:14    Sujet du message: Répondre en citant

Pitié pour nos vainqueurs

Ecoutez le monde blanc
horriblement las de son effort immense
ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique
écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites
écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs !

Aimé Césaire
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 15:16    Sujet du message: Répondre en citant

Cahier d'un retour au pays natal - extraits

Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je
dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies,
humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l'oeil des mots
en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourries d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir
et toi terre tendue terre saoule
terre grand sexe levé vers le soleil
terre grand délire de la mentule de Dieu
terre sauvage montée des resserres de la mer avec
dans la bouche une touffe de cécropies
terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à
la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en
guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des
hommes

Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre.

Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »

Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »

Aimé Césaire
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 15:18    Sujet du message: Répondre en citant

FEMME NUE FEMME NOIRE

Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.

LEOPOLD SEDAR SENGHOR
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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 16:53    Sujet du message: Répondre en citant

De CAMARA LAYE Extrait de son livre "L'Enfant Noir"

Femme noire, femme africaine,

Ô toi ma mère, je pense à toi

Ô Dôman, ô ma mère, toi qui me portas sur le dos,
Toi qui m'allaitas, toi qui gouvernas mes premiers pas,
Toi qui, la première, m'ouvris les yeux aux prodiges de la terre,
Je pense à toi...

Femme des champs, des rivières, femme du grand fleuve,
Ô toi, ma mère, je pense à toi...
Ô toi Dâman, ô ma mère, toi qui essuyais mes larmes,
Toi qui me réjouissais le cÏur, toi qui, patiemment,
supportais mes caprices,
Comme j'aimerais encore être près de toi, être enfant près de toi !

Femme simple, femme de la négation,
ma pensée toujours se tourne vers toi...
Ô Dâman, Dâman de la grande famille des forgerons,
ma pensée toujours se tourne vers toi,
La tienne à chaque pas m'accompagne, ô Dâman, ma mère,
Comme j'aimerais encore être dans ta chaleur,
être enfant près de toi. ...

Femme noire, femme africaine,
ô toi ma mère, merci pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils,
Si loin, si loin, si près de toi !
Je t'aime,
je t'aimais,
je t'aimerais toujours!

CAMARA LAYE
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Pakira
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MessagePosté le: Jeu 24 Fév 2005 21:47    Sujet du message: Répondre en citant

BLANCHI

Pour Christaine et Alioune Diop



Se peut-il donc qu'ils osent
me traiter de blanchi
alors que tout en moi
aspire à n'être que nègre
autant que mon Afrique
qu'ils ont cambriolée

Blanchi

Abominable injure
qu'ils me paieront fort cher
quand mon Afrique
qu'ils ont cambriolée
voudra la paix la paix rien que
la paix

Blanchi

Ma haine grossit en marge
de leur scélératesse
en marge
des coups de fusil
en marge
des coups de roulis
des négriers
des cargaisons fétides de l'esclavage cruel

Blanchi

Ma haine grossit en marge
de la culture
en marge
des théories
en marge des bavadarges
dont on a cru devoir me bourrer au berceau
alors que tout en moi aspire à n'être que nègre
autant que mon Afrique qu'ils ont cambriolée

Léon-Gontran Damas
_________________
"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

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MessagePosté le: Ven 25 Fév 2005 15:16    Sujet du message: I HAVE A DREAM (Par M L King) Répondre en citant

I have a dream (version originale)

I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed: "We hold these truths to be self-evident: that all men are created equal." I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of former slaves and the sons of former slaveowners will be able to sit down together at a table of brotherhood. I have a dream that one day even the state of Mississippi, a desert state, sweltering with the heat of injustice and oppression, will be transformed into an oasis of freedom and justice. I have a dream that my four children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character. I have a dream today.

I have a dream that one day the state of Alabama, whose governor's lips are presently dripping with the words of interposition and nullification, will be transformed into a situation where little black boys and black girls will be able to join hands with little white boys and white girls and walk together as sisters and brothers. I have a dream today. I have a dream that one day every valley shall be exalted, every hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain, and the crooked places will be made straight, and the glory of the Lord shall be revealed, and all flesh shall see it together. This is our hope. This is the faith with which I return to the South. With this faith we will be able to hew out of the mountain of despair a stone of hope. With this faith we will be able to transform the jangling discords of our nation into a beautiful symphony of brotherhood. With this faith we will be able to work together, to pray together, to struggle together, to go to jail together, to stand up for freedom together, knowing that we will be free one day.

This will be the day when all of God's children will be able to sing with a new meaning, "My country, 'tis of thee, sweet land of liberty, of thee I sing. Land where my fathers died, land of the pilgrim's pride, from every mountainside, let freedom ring." And if America is to be a great nation, this must become true. So let freedom ring from the prodigious hilltops of New Hampshire. Let freedom ring from the mighty mountains of New York. Let freedom ring from the heightening Alleghenies of Pennsylvania! Let freedom ring from the snowcapped Rockies of Colorado! Let freedom ring from the curvaceous peaks of California! But not only that; let freedom ring from Stone Mountain of Georgia! Let freedom ring from Lookout Mountain of Tennessee! Let freedom ring from every hill and every molehill of Mississippi. From every mountainside, let freedom ring.

When we let freedom ring, when we let it ring from every village and every hamlet, from every state and every city, we will be able to speed up that day when all of God's children, black men and white men, Jews and Gentiles, Protestants and Catholics, will be able to join hands and sing in the words of the old Negro spiritual, "Free at last! free at last! thank God Almighty, we are free at last!"

P. Martin Luther King

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nota : j’ai essayé de traduire au mieux en français le discours « I have a dream »

J’ai un rêve (version française)

J'ai un rêve que pendant un jour cette nation monte vers le haut et vie dans la signification vraie de sa foi : "nous tenons ces vérités pour l’art de l'auto-portrait-evident : que tous les hommes sont égaux." J'ai un rêve que pendant un jour sur les collines rouges de la Géorgie les fils d'anciens esclaves et les fils d'anciens propriétaires d’esclaves puissent s'asseoir ensemble à une table de fraternité. J'ai un rêve que pendant un jour même l'état du Mississippi, un état de désert, étouffant avec la chaleur de l'injustice et de l'oppression, soit transformé en un oasis de la liberté et de la justice. J'ai un rêve que mes quatre enfants soit dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau mais par la teneur de leur caractère. J'ai un rêve aujourd'hui.

J'ai un rêve que pendant un jour l'état de l'Alabama, dont les lèvres du gouverneur s'égouttent actuellement avec les mots de l'interposition et de l'annulation, sera transformé en situation où les petits garçons noirs et les filles noires pourront joindre les mains des petits garçons blancs et des filles blanches et marchent ensemble comme sœurs et frères. J'ai un rêve aujourd'hui. J'ai un rêve que pendant un jour chaque vallée sera exaltée, chaque colline, et la montagne sera faite le bas, les endroits approximatifs seront faits tout simplement, et les endroits tordus seront rendus droits, et la gloire du seigneur sera indiquée, et toute la communauté la verra ensemble. C'est notre espoir. C'est la foi avec laquelle je reviens aux Sud. Avec cette foi nous pourrons tailler hors de la montagne du désespoir une pierre d'espoir. Avec cette foi nous pourrons transformer les discordes cliquetantes de notre nation en une belle symphonie de fraternité. Avec cette foi nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, lutter ensemble, aller emprisonner ensemble, se lever pour la liberté ensemble, sachant que nous sommes vraiment libre.

Ce sera le jour ou tous les enfants de Dieu pourront chanter avec une nouvelle signification, "mon pays terre douce de la liberté. Débarquez où mes pères sont mort, la terre de la fierté du pèlerin, de chaque montagne, a laissé l'anneau de liberté." Et si l'Amérique doit être une grande nation, ceci doit devenir vrai. Laissez ainsi la liberté sonner des sommets prodigieux du New Hampshire. Laissez la liberté sonner des montagnes puissantes de New York. Laissez la liberté sonner de l'Alleghenies d'intensification de la Pennsylvanie ! Laissez la liberté sonner des Rocheuses couronnées de neige du Colorado ! Laissez la liberté sonner des crêtes Curvaceous de la Californie ! Mais non seulement laissez cela ; mais laissez la liberté sonner de la montagne en pierre de la Géorgie ! Laissez la liberté sonner de la montagne de surveillance du Tennessee ! Laissez la liberté sonner dans chaque colline et dans chaque taupinière du Mississippi. Dans chaque montagne, laissez l'anneau de liberté.

Quand nous laisserons l'anneau de liberté, quand nous le laisserons sonner dans chaque village et dans chaque hameau, de chaque état et de chaque ville, alors nous pourrons accéder à ce jour ou tous les enfants de Dieu, noircissent des hommes, des juifs et des chrétiens, des protestants noirs et des catholiques blancs, pourrons joindre des mains et chanter dans les vieux chants religieux nègre, "libre enfin ! libérez enfin ! remerciez le tout-puissant, car nous sommes libres enfin!"

P. Martin Luther King
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MessagePosté le: Ven 25 Fév 2005 16:58    Sujet du message: Répondre en citant

Discours sur la dette (Th. Sankara)

Nous estimons que la dette s'analyse d'abord de part ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l'argent, ce sont ceux là qui nous ont colonisé, ce sont les mêmes qui géraient nos états et nos économies, ce sont les colonisateurs qui endettaient l'Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins.

Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer.

La dette, c'est encore le Néo-Colonialisme où les colonisateurs se sont transformés en assistants techniques ; en fait, nous devrions dire qu'ils se sont transformés en assassins techniques ; et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement.

Des bailleurs de fond, un terme que l'on emploi chaque jour comme s'il y avait des hommes dont le bâillement suffisait à créer le développement chez les autres. Ces bailleurs de fond nous ont été conseillés, recommandés ; On nous a présenté des montages financiers alléchants des dossiers ; nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans ,même plus c'est à dire que l'on nous a amené à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus.

Mais la dette, c'est sa forme actuelle, contrôlée, dominée par l'impérialisme, une reconquête savamment organisée pour que l'Afrique, sa croissance, son développement obéisse à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangères, faisant en sorte que chacun de nous devienne l'esclave financier c'est à dire l'esclave tout court de ceux qui ont eu l'opportunité, la ruse, la fourberie de placer les fonds chez nous avec l'obligation de rembourser.

On nous dit de rembourser la dette, ce n'est pas une question morale, ce n'est point une question de ce prétendu honneur de rembourser ou de ne pas rembourser ; Monsieur le président, nous acons écouté et applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu'elle est intervenue ici même, elle a dit, elle qui est Européenne, que toute la dette ne peut pas être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d'abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fond ne mouront pas .Soyons en sûrs. par contre, si nous payons, c'est nous qui allons mourir .Soyons en sûrs également. Ceux qui nous ont conduit à l'endettement ont joué comme dans un casino ; quand ils gagnaient, il n'y avait point de débat, maintenant qu'ils ont perdu au jeu, il nous exigent le remboursement ; et l'on parle de crise. Non ! Monsieur le Président, ils ont joué, ils ont perdu, c'est la règle du jeu, la vie continue !!!

Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n'avons pas de quoi payer ; Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette ; Nous ne pouvons pas payer la dette parce que au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer c'est à dire la dette de sang. C'est notre sang qui a été versé ; On parle du plan Marshall qui a refait l' Europe Economique mais ne parle jamais du plan Africain qui a permis à l'Europe de faire face aux hordes Hitlériennes lorsque leur économie était menacée, leur stabilité était menacée. Qui a sauvé l'Europe ? C'est l'Afrique ! On en parle très peu, on en parle si peu que nous ne pouvons pas nous être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas Chanter nos louanges, nous avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l'Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du Nazisme.

La dette, c'est aussi la conséquence des affrontements et lorsque l'on nous parle aujourd'hui de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n'est pas venue de façon subite, la crise existe de tout temps et elle ira en s'aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leur droit face aux exploiteurs. Il y a crise aujourd'hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus ; Il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l'étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l' Afrique ; Il y a crise parce que face à richesses individuelles que l'on peut nommer, les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos, dans les bas quartiers ; Il y a crise parce que les peuples partout refusent d'être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et l'exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s'inquiéter. On nous demande aujourd'hui d'être complices de la recherche d'un équilibre, équilibre en faveur des tenants du pouvoir financier, équilibre au détriment de nos masses populaires. Non, nous ne pouvons pas être complices, non, nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples, nous ne pouvons pas les accompagner dans leur démarche assassine.

Monsieur le président, nous entendons parler de club, club de Rome, club de Paris, club de partout. Nous entendons parler du groupe des cinq, du groupe des sept, du groupe des dix peut être du groupe des cent et que sais-je encore. Il est normal que nous créions notre club et notre groupe faisant en sorte que dès aujourd'hui Addis Abeba devienne également le siège, le centre d'où partira le souffle nouveau : le club d'Addis Abeba.

Nous avons le devoir aujourd'hui de créer le front uni d'Addis Abeba contre la dette. Ce n'est que de cette façon que nous pouvons dire aux autres qu'en refusant de payer la dette nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse, au contraire, c'est dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste, les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique mais ceux qui veulent exploiter l'Afrique, ce sont les mêmes qui exploitent l'Europe ; Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d'Addis Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saurait être payée.

Et quand nous disons que la dette ne saurait être payée ce n'est point que nous sommes contre la morale, la dignité, le respect de la parole. Parce que nous estimons que nous n'avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n'y a pas la même morale. La bible, le coran, ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité ; Il faudrait alors qu'il y ait deux éditions de la bible et deux éditions du coran.

Nous ne pouvons pas accepter qu'on nous parle de dignité, nous ne pouvons pas accepter que l'on nous parle de mérite de ceux qui payent et de perte de confiance vis à vis de ceux qui ne payeraient pas. Nous devons au contraire dire que c'est normal aujourd'hui, nous devons au contraire reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre, quand il vole, il ne commet qu'un larcin ou une peccadille tout jute pour survivre par nécessité. Les riches ce sont eux qui volent le fisc, les douanes et qui exploitent les peuples.

Monsieur le président, ma proposition ne vise pas simplement à provoquer ou à faire du spectacle, je voudrais dire ce que chacun de nous pense et souhaite. Qui ici ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée ? Celui qui ne le souhaite pas, il peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à la banque mondiale payer ! Tous nous le souhaitons !

Je ne voudrais pas que l'on prenne la proposition du Burkina Faso comme celle qui viendrait de la part de jeune sans maturité et sans expérience. Je ne voudrais pas non plus que l'on pense qu'il n'y a que les révolutionnaires à parler de cette façon. Je voudrais que l'on admette que c'est simplement l'objectivité et l'obligation et je peux citer dans les exemples de ceux qui ont dit de ne pas payer la dette des révolutionnaires comme des non révolutionnaires, des jeunes comme des vieux. Je citerai par exemple Fidèle Castro, il n'a pas mon âge même s'il est révolutionnaire mais je pourrais citer également François Mitterrand qui a dit que les pays africains ne peuvent pas payer, que les pays pauvres ne peuvent pas ; Je pourrais citer Madame le premier ministre de Norvège, je ne connais pas son âge et je m'en voudrais de le lui demander. Je voudrais citer également le président Félix Houphouët-Boigny.

Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence.

Th. Sankara
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MessagePosté le: Ven 25 Fév 2005 17:00    Sujet du message: Répondre en citant

DISCOURS DE PATRICE LUMUMBA À LA CÉRÉMONIE DE L'INDÉPENDANCE CONGOLAISE

"(...) Congolais, Congolaises,

Combattants de l'indépendance, aujourd'hui victorieux.

Je vous salue au nom du gouvernement congolais.

A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez « ineffaçablement » gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la libertés.

Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.

C'est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force.

Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.

Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers.

Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu'à un noir on disait "Tu", non certes comme à un ami, mais parce que le "Vous" honorable était réservé aux seuls blancs ?

Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort, nous avons connu que la loi n'était jamais la même, selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine Pour les autres.

Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou, croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même. Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillottes croulantes pour les noirs : qu'un noir n'était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens, qu'un noir voyageait à même la coque des péniches au pied du blanc dans sa cabine de luxe.

Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre à un régime d'injustice ?

Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert, mais tout cela aussi, nous, que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre c¦ur de l'oppression colonialiste, nous vous le disons, tout cela est désormais fini. La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants (...)".

Patrice Lumumba, Discours, Léopoldville, 30 juin 1960.
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ARDIN
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MessagePosté le: Ven 25 Fév 2005 22:21    Sujet du message: Répondre en citant

Abess!

Je croyais qu'on allait avoir des poemes africains, et voila que tu nous colles des discours politiques.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
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LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Agnassa
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MessagePosté le: Ven 25 Fév 2005 22:55    Sujet du message: Répondre en citant

Afrique
mère
me voici nostalgique
la nuit est mûre
aux obsèques du soleil
défunt
une moitié de mes souffrances
se fait ténèbres
je n'ai pas oublié l'âge
des nuits capricieuses
les regards de mon regard
au miroir de tendres rêves
effondrés
l'hymne du tam-tam sur les ondes
profanes
devenu message orphelin
et crispé aux coudes de l'espoir
déraillé
hélas
des hommes ont tenté de couper
mon nombril
pour me séparer de toi
mère
et notre dialogue
depuis le petit matin
de ma vie
est toujours troublé par des parasites.

Pierre Edgard Moundjegou
Le crépuscule des silences,éd. J.P.Oswald, Paris, 1975
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Agnassa
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MessagePosté le: Sam 26 Fév 2005 00:21    Sujet du message: Répondre en citant

Nous réunirons-nous comme autrefois chez nous
Pour discuter et chanter comme autrefois
Pour marcher et nous asseoir comme autrefois
Chez nous ?
Nous réunirons-nous chez nous ?
Et quelle retrouvaille cela sera !
Nous réunirons-nous comme autrefois sur notre
Terre bien-aimée ?
Sur la terre de notre cher espoir ?
Nous réunirons-nous comme autrefois chez nous
Pour enterrer la nostalgie du pays
Renvoyer le mal d'où il vient
Et nous libérer à jamais de la tristesse ?

Agostino Neto
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Nénuphar
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MessagePosté le: Sam 26 Fév 2005 14:01    Sujet du message: Répondre en citant

Négritude

Il a le visage fier des lègendes ancestrales
Epais est le sang roulant dans les veines dissimulées
Sous sa peau peinturée
Ses pieds blancs de poussières exécutent une danse tribale
Au son saccadé des tam-tams ensorcelés
Tandis que les guerriers se mêlent aux âmes

Relève la tête toi qui croise le regard froid du ciel
Que sur ta poitrine ton menton plus jamais ne se pose
Que ta main charbon et miel ne saigne plus de la capture du blanc de rose

Toi le Noir tu es beau

Tes yeux brillent comme l'onyx et le diamant
Tes dents sont des murailles de granit
Tes paroles sont celles d'un amant qui persuade une vierge de prendre la fuite

Toi le Noir tu es beau

Tu chantes ta tristesse aujourd'hui comme hier
Les larmes de tes yeux sont à peine séchées
Qu'à nouveau sur tes lèvres gonflées renaît, amer,
Le sentiment d'avoir été encore une fois négrifié.
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BM
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MessagePosté le: Lun 28 Fév 2005 18:28    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Abess!
Je croyais qu'on allait avoir des poemes africains, et voila que tu nous colles des discours politiques.

En fait, je trouve que le discours de MLK est un texte très poétique, qu'on peut très facilement mettre en vers.
Je pense perso qu'il a sa place ici (mis en vers).
Mais bon, le discours sur la dette de Sankara et le discours de l'independance de Lumumba, c'est vraiment tangent, je te le concède.
Soit!

Moi aussi je voudrais proposer des poèmes, mais ils sont assez éloignés en esprit de ceux qui ont été postés jusqu'ici.
Je crois en général, les poèmes africains sont presque toujours des poèmes de contemplation ou d'exaltation. Certains sont très beaux d'ailleurs, j'adore ceux de David Diop et Camara Laye, Senghor n'ecrivait pas mal non plus.
Je crois toutefois que les africains devraient créer un nouveau courant de poésie, plus proche de celui de Césaire (mon préféré), des poèmes qui parlent de douleur, de misère, de colère, au lieu de toujours tourner autour de l'amour, du vert des prairies et du bleu du ciel.

Par exemple, dans la poésie française, il y a une evolution de fond entre Rimbaud, Mallarmé Beaudelaire d'une part (vers d'une beauté admirable, avec des mots très choisis), et Prevert d'autre part qui n'hésite pas à crier "Quelle connerie la guerre" dans un poème.
Je me souviens au lycée d'avoir lu poème de Pablo Neruda, qui m'avait fortement impressionné, intitulé "United Fruit & Co", qui parlait de mouches et de coca-cola, et de comment les USA suçaient l'amérique du sud jusqu'à la moelle. Je crois que c'était la première fois que je lisais de la poésie qui n'était pas "poetique".
Je crois que la poésie sert aussi à cela: dire des choses qui touchent les gens, parler du réel, que ce soit beau ou pas.

Donc, les poèmes que je propose ne sont pas des poèmes au départ.
Ces textes ont été ecrits par Fela Anikulapo Kuti, que je ne presenterai pas. Ils sont originalement en pidgin, et ils pietinent la grammaire et toutes ses convenances pour atteindre directement la cervelle de celui qui le lit, ou de lui qui l'écoute lorsqu'il est chanté. Ces textes, qui pour moi sont extrêmement poétiques dans la forme et dans le fond (je concevrais aisément que cet avis ne soit pas partagé par tous), peuvent conscientiser n'importe quel africain quel que soit son niveau intellectuel.
Je crois que la nouvelle poésie africaine, qui pourrait remplacer celle David Diop et Camara Laye, ressemblerait à ces textes, relativement proches en esprit à ce que déjà Césaire faisait en son temps.


Le premier est donc un texte de Fela Kuti qui s'appelle "Shuffering and Shmilling", que je pourrai traduire par "Chouffrants et chouriants".

CHOUFFRANTS ET CHOURIANTS

Ils nous disent: "Souffrez, souffrez sur la Terre
Et vous vivrez pour l'Eternité dans le ciel"
Et moi je vous dis
Vous seriez fous de le croire
Les chretiens crient
Alleluia, Espiritu Sanctu
Les musulmans appellent
Allahou Ahkbar
Mais ouvrez donc vos yeux !
L'archevêque est un farceur
Le pape est un fêtard,
Et l'imam est un noceur
L'archevêque, se marre
Le pape se marre
Et l'imam se marre aussi
De tous vos salamaleks
L'archevêque vit à Londres
Le pape vit à Rome
L'imam vit à la Mecque
Et mon peuple va,
En suivant l'archevêque à Londres
En suivant le pape à Rome
En suivant l'Imam à la Mecque
Mon peuple utilise ses maigres ressources
Pour engraisser l'archevêque
Pour engraisser le pape
Pour engraisser l'imam
Mon peuple le fait en chantant
Alleluia Espiritu Sanctu
Allahou Akbar

Et pourtant tous les jours
Mon peuple est là-bas dans les bus
Chouffrant et chouriant
49 assis, 99 debout
Chouffrants et chouriants
Ils s'y entassent comme des sardines
Chouffrants et chouriants
Ils s'y evanouissent comme des poulets de ferme
Chouffrants et chouriants
Ils arrivent chez eux et il n'y a pas d'eau
Ils chouffrent et ils chourient
Il n'y a pas d'electricité non plus
Ils chouffrent et ils chourient quand même
Les flics leur filent des claques dans la rue
Ils chouffrent et ils chourient
Et les militaires leur bottent le cul
Ils chouffrent et ils chourient encore
Leur poches sont desesperement vides
Ils chouffrent et ils chourient toujours

Et tous les jours, c'est la même chose
Et tous les jours, c'est la même chose
Et tous les jours, c'est la même chose
Ils iront dans les églises
Chanter Alleluia Espiritu sanctu
Ils iront dans les mosquées
Crier Allahou Akbar
Souffrez sur la Terre
Et vous vivrez mieux dans le ciel
Amen, Amen, Amen

Fela Anikulapo Kuti, Shuffering and Shmiling


Le second texte, toujours de Fela Kuti, s'appelle "Sorrow, tears and blood", c'est à dire "Tristesse, larmes et sang".


TRISTESSE, LARMES ET SANG

Tout le monde court, court
Tout le monde se disperse, se disperse
Certains perdent leurs biens
Certains sont presques morts
Certains sont déjà morts
La police arrive, l'armée arrive
Partout règne la confusion

Sept minutes plus tard
Tout s'est déjà calmé
La police s'en est allée
L'armée a disparu
En laissant de la tristesse, des larmes et du sang
Leur marque déposée

Mon peuple a toujours trop peur
Ils ont même peur de choses qu'ils ne voient pas
Ils ont même peur de l'air qui les entoure
Nous avons peur de lutter pour la Liberté
Nous avons peur de lutter pour la Justice
Nous avons peur de lutter pour le bonheur
Et nous avons toujours une raison d'avoir peur
Nous ne voulons pas mourir
Nous ne voulons pas prendre de risques
Nous ne voulons pas partir
Ma mère est à la maison
Mon père est chez moi
J'ai une femme
J'ai un enfant
Je construis une maison
Je veux vivre
Je veux profiter de la vie
Je ne veux pas mourir
Je ne veux pas partir
Et ainsi de suite

C'est ainsi que les flics te gifleront
Et tu ne diras rien
Les militaires te botteront le cul
Comme à un âne
En Rhodésie ils font ce qu'ils veulent
Et nos leaders gesticulent pour rien
En Afrique du sud aussi
Ils n'en font qu'à leur tête

Ils laissent de la tristesse, des larmes et du sang
Leur marque déposée
Et tout le monde court, court
Tout le monde se disperse, se disperse
Personne ne regarde derrière lui
Et partout règne la confusion.

Fela Anikulapo Kuti, Sorrow, tears and blood
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Agnassa
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MessagePosté le: Mar 01 Mar 2005 01:58    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour les vers de Fela. J'ai vu le DVD, pendant qu'il chantait "CHOUFFRANTS ET CHOURIANTS " il y'avait les images de la visite du pape à Lagos, c'était tout simplement RIDICULE
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kemet
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MessagePosté le: Mar 01 Mar 2005 07:52    Sujet du message: Senghor Répondre en citant

Merci pour le texte de Fela, c'est encore mieux en musique.
Je sais que ce n'est pas a la mode parmis les "militants" d'aimer Senghor mais quoi qu'on puisse dire de son action politique, il faut quand meme reconnaitre que c'est un immense poete. "Senghor n'ecrit pas mal non plus", c'est quand meme une litote! Je ne me lasse jamais des "sombres extases du vin noir" de femme nue, femme noire, la poesie ne doit pas necessairement etre politique. Et pour ceux qui veulent absolument une politique poetique, Senghor aussi a ecrit des textes de cette nature. Je n'en n'ai aucun sous la main malheureusement mais je citerai son discours d'investiture:

" Cher vieux Sénégal, il est temps que nous te lavions des calomnies qui te défigurent. Il est temps que nous te rendions ton visage de jeunesse. Si je t’ai tant chanté et, de préférence ce pays bas où dorment mes ancêtres sous les palmes et l’alizé ; si je t’ai tant chanté, c’est que tu es ma patrie, la chair de ma chair, la chair de nos morts "
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Doco
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MessagePosté le: Mar 01 Mar 2005 09:52    Sujet du message: Répondre en citant

BMW a écrit:

Moi aussi je voudrais proposer des poèmes, mais ils sont assez éloignés en esprit de ceux qui ont été postés jusqu'ici.
Je crois en général, les poèmes africains sont presque toujours des poèmes de contemplation ou d'exaltation. Certains sont très beaux d'ailleurs, j'adore ceux de David Diop et Camara Laye, Senghor n'ecrivait pas mal non plus.
Je crois toutefois que les africains devraient créer un nouveau courant de poésie, plus proche de celui de Césaire (mon préféré), des poèmes qui parlent de douleur, de misère, de colère, au lieu de toujours tourner autour de l'amour, du vert des prairies et du bleu du ciel.

Par exemple, dans la poésie française, il y a une evolution de fond entre Rimbaud, Mallarmé Beaudelaire d'une part (vers d'une beauté admirable, avec des mots très choisis), et Prevert d'autre part qui n'hésite pas à crier "Quelle connerie la guerre" dans un poème.
Je me souviens au lycée d'avoir lu poème de Pablo Neruda, qui m'avait fortement impressionné, intitulé "United Fruit & Co", qui parlait de mouches et de coca-cola, et de comment les USA suçaient l'amérique du sud jusqu'à la moelle. Je crois que c'était la première fois que je lisais de la poésie qui n'était pas "poetique".
Je crois que la poésie sert aussi à cela: dire des choses qui touchent les gens, parler du réel, que ce soit beau ou pas.

Decidemment.... C'est a ca que je voulais en venir dans ma reaction plus haut. Tu pars de Fela, mais on pourrait aussi partir de tout ce que releve de la tradition orale. Il y a bcp de poesie dans les contes et autres chants typiquement africains (pour moi c'est d'ailleurs de la poesie en soi) et ils ont pour qualite en plus de parler du reel justement, d'avoir souvent une certaine esthetique... Il y a aussi souvent toute une dimension philosphique. La poesie africaine contemporaine (voir la litterature lorsqu'elle ne se veut pas de combat), les jeunes auteurs, semble etre perdue entre ce qu'il reste de la negritude, de Senghor avec la maitrise de la langue francaise en moins (car tout tourne encore autour de cette langue) et je ne sais pas trop quoi justement. Ce qui donne un travail des plus mediocres mais ca c'est un autre debat.


kemet a écrit:

"Cher vieux Sénégal, il est temps que nous te lavions des calomnies qui te défigurent. Il est temps que nous te rendions ton visage de jeunesse. Si je t’ai tant chanté et, de préférence ce pays bas où dorment mes ancêtres sous les palmes et l’alizé ; si je t’ai tant chanté, c’est que tu es ma patrie, la chair de ma chair, la chair de nos morts "

Et oui... maintenant le seul pb est que sa poesie avait un but et que ce but de "un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus" entre autres, n'est pas dans l'immediat ce qui est recherche aujourd'hui. Ca n'en fait pas moins un poete de qualite en effet aussi pu ecrire des choses interessantes.
_________________
Vert, Jaune, Rouge...
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Agnassa
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MessagePosté le: Mar 01 Mar 2005 14:30    Sujet du message: Répondre en citant

Langston Hughes (1902-1967) est l'un des plus importants écrivains noir-américains. Il fut un des principaux acteurs de la « Harlem Renaissance ». Ce mouvement culturel multiforme (littérature, théâtre, arts graphiques, musique) a duré du lendemain de la Première guerre mondiale jusqu'au milieu des années trente. Ce mouvement très créatif était aussi porteur d'aspirations et de critiques sociales concernant le peuple noir-américain et l'Amérique dans son ensemble.

LE NÈGRE PARLE DES FLEUVES

J'ai connu des fleuves
J'ai connu des fleuves anciens comme le monde et plus vieux
que le flux du sang humain dans les veines humaines.

Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves.

Je me suis baigné dans l'Euphrate quand les aubes étaient neuves.
J'ai bâti ma hutte près du Congo et il a bercé mon sommeil.
J'ai contemplé le Nil et au-dessus j'ai construit les pyramides.
J'ai entendu le chant du Mississipi quand Abe Lincoln descendit
à la Nouvelle-Orléans, et j'ai vu ses nappes boueuses transfigurées
en or au soleil couchant.

J'ai connu des fleuves :
Fleuves anciens et ténébreux.

Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves.



MOI AUSSI

Moi aussi, je chante l'Amérique.

Je suis le frère à la peau sombre.
Ils m'envoient manger à la cuisine
Quand il vient du monde.
Mais je ris,
Et mange bien,
Et prends des forces.

Demain
Je me mettrai à table
Quand il viendra du monde
Personne n'osera
Me dire
Alors
« Mange à la cuisine ».

De plus, ils verront comme je suis beau
Et ils auront honte, -

Moi aussi, je suis l'Amérique.
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Nénuphar
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MessagePosté le: Mar 01 Mar 2005 15:46    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup Langston Hughes, un professeur d'anglais au lycée (un blanc amoureux du sud des Etats-unis) nous a fait apprendre par coeur 2 poèmes en anglais : "I too" et "negro" Rien à voir avec l'Afrique (ou si peu) mais très beaux Rolling Eyes
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Nénuphar
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MessagePosté le: Mar 01 Mar 2005 15:54    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de voir que c'est "I too" qui est traduit en haut... Laughing
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Abess
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MessagePosté le: Mer 02 Mar 2005 17:50    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis content de constaté la pluraté des textes, des styles et des genres ce qui demontre ci besoin était que NOUS avons NOS arts et que nous devrions en faire plus pour le faire connaître.
Mais pour en revenir à notre sujet je publie des textes de Francis Bebey célèbre chanteur camerounais.

A Bon Entendeur Salut,


DIBIYE
(L'intelligence qui, mal comprise de la société, entretient vanité et corruption).

Regardez-les se pavaner dans les rues de la ville
exhibant des richesses qu'ils ont volées.
C'est la honte qui devrait se lire sur leur visage.
Au lieu de cela, c'est la joie qu'ils promènent partout,
histoire de faire croire qu'ils "réussissent",
parce qu'ils sont plus intelligents que tout le monde.
Ils ne savent pas qu'il manque un peu de ruse à leur intelligence.
Ils étalent leur jeu devant la foule.
Ils oublient ce que disaient nos ancêtres.
"L'intelligence qui ne connaît pas la ruse est comme celle du lézard: cet imbécile opine constamment de la tête pour faire croire qu'il saisit tout ce qu'on lui dit, alors qu'il ne comprend rien du tout".

Francis Bebey

--------------------------------------------------------------------------------------
STABAT MATER DOLOROSA

Marie, la mère, se tient au pied de la croix, criant sa douleur.
Ils lui ont tué son fils bien-aimé, sauvagement.
Mais en moi, cette douleur résonne comme un cri d'amour.
Et ce cri me dit d'aimer toujours, même les gens qui sont différents de moi.
Je ne t'oublierai jamais, Marie.

Francis Bebey

--------------------------------------------------------------------------------------
NYAMBE
(La Nature, ou plus généralement Dieu)

O Nyambé - toi le créateur de toute chose - quelle est donc la raison? Qu'avons-nous fait de mal?
Pourquoi nous laisses-tu vivre dans la misère?
Dis-nous donc la raison de cette misère qui n'en finit pas de couvrir notre vie.
O Nyambé, qu'avons-nous de mal?

Francis Bebey

--------------------------------------------------------------------------------------

MANDEMA
(Les festins)


Des festins, de grands festins.
C'est cela, votre préoccupation de chaque jour.
Vous ne prenez même pas la peine d'observer l'estuaire du fleuve
et ce qui s'y passe au crépuscule.
La baie est couverte de brouillard.
Le soleil va se coucher et les hommes ne le voient même pas!
Pourvu que vous ne restiez pas enlisés dans vos banquets.
Savez-vous que pendant que vous vous noyez dans vos fêtes,
d'autres peuples travaillent nuit et jour pour leur avenir d'hommes libres?
Allons, ouvrez les yeux, lisez de bons livres.
Vous y verrez que ce ce vent qui souffle de l'ouest, de l'outre-mer,
ce vent arrive pour changer complètement votre vie.
Et il va détruire toutes vos maisons,
si vous ne mettez pas tout votre coeur à les construire.
Oui, des festins, de grands festins.
... Pourvu que vous ne vous noyiez pas dedans.

Francis Bebey

--------------------------------------------------------------------------------------
ESSOK'AM
(Mon secret)

Je viens te voir pour te confier un secret.
Je tiens à ce que tu connaisses mon secret.
La nuit dernière, j'ai rêvé de toi.
Tu étais à bicyclette, et tu pédalais vers Bonendalé.
C'est là-bas que tes parents t'ont mariée.
Tes parents ne savent pas que tu m'aimes encore,
et que tu resteras mon secret jusqu'à la fin de ma vie.
Je viens te voir, mais je n'ai rien à te dire que tu ne saches déjà.
Tout ce que j'ai dans le coeur, tu le sais déjà.
Tout mon amour pour toi, tu le sais déjà.
Je n'ai rien de nouveau à te dire.
Plus rien d'autre à dire.
Plus rien d'autre à dire.

Francis Bebey
--------------------------------------------------------------------------------------
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Yom
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Messages: 347

MessagePosté le: Mer 02 Mar 2005 21:08    Sujet du message: Répondre en citant

Voilà une petite chanson d'amour de Tala André-Marie
Désolé mais je ne retrouve pas le titre.
La transcription et la traduction qui suit sont de moi. Les critiques et corrections des ghomalophones du forum sont les bienvenues!

Je m'aperçois à l'occasion que Unicode passe sur Grioo Smile

Gaə̂ bó câŋ nəsiŋ ò
Gaə̂ bó câŋ nəghò ǒ zhyə̂

To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pa lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pɔ pu lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ jwî Tâla lə́ ?

Hmuŋ nʉa búŋ púŋ
Tə o fin nəwì bíŋ dɔ lɔ̀

To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pa lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pɔ pu lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ jwî Tâla lə́ ?

To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pa lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pɔ pu lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ ma Tâla lə́ ?

Ǒ bə jwî Tâla
Pə jyə gaə o bə́ jwí Tâla
Ǒ bə́ ŋkama jwî

To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pa lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ má pǒ pɔ pu lə́ ?
To zhyə́ gaə̂ ǒ bə́ jwî Tâla lə́ ?

Traduction française :

Je voudrais te dire
Je voudrais te faire savoir

Ne vois-tu pas que tu es la mère des mes enfants
Ne vois-tu pas que tu es la mère des nos enfants
Ne vois-tu pas que tu es la femme de Tala

Nous sommes tellement bien
Mais au lieu de rire tu pleures

Ne vois-tu pas que tu es la mère des mes enfants
Ne vois-tu pas que tu es la mère des nos enfants
Ne vois-tu pas que tu es la femme de Tala

Ne vois-tu pas que tu es la mère des mes enfants
Ne vois-tu pas que tu es la mère des nos enfants
Ne vois-tu pas que tu es la mère de Tala

Tu es la femme de Tala
Il faut que tu saches
Tu es la femme de Tala
Tu es la plus noble des femmes

Ne vois-tu pas que tu es la mère des mes enfants
Ne vois-tu pas que tu es la mère des nos enfants
Ne vois-tu pas que tu es la femme de Tala
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