Pakira Super Posteur

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Posté le: Jeu 18 Aoû 2005 16:40 Sujet du message: LE RÊVE BRISÉ GUINÉEN |
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L’HISTORIEN RACONTE LE RÊVE BRISÉ GUINÉEN
Djibril Tamsir Niane
De la génération qui n’a appris que l’histoire de France, Djibril Tamsir Niane sort en 1960 “Soundjata ou l’épopée mandingue”.
Pourquoi avoir écrit “Soundjata ou l’épopée mandingue” ?
La question que vous me posez m’interpelle et cette interpellation, je crois, intéresse tous les intellectuels africains. Soundjata ou l’épopée mandingue, c’est en quelque sorte ma première œuvre, c’est elle qui m’a fait connaître. Le succès de cette œuvre a été tel que toute ma production ultérieure a été occultée. Cela dit, pourquoi avoir écrit Soundjata, la petite histoire mérite d’être connue. C’est qu’après avoir fini ma licence de lettres, option histoire, j’ai voulu faire mon diplôme d’études supérieures en choisissant un sujet sur l’Afrique, c’était en 1958. A l’époque, nous étions sous la colonisation et, votre génération ne le sait pas, mais à l’époque, nous n’avons appris que l’histoire de France. Après ma licence, étant très versé sur l’histoire médiévale, j’ai demandé à mon professeur de faire mon diplôme d’études supérieures sur un sujet concernant l’Afrique. Je lui ai proposé de faire des recherches sur l’empire du Mali. Il m’a dit que la documentation n’est pas importante, il y a quelques écrits arabes sur le Moyen-Âge africain, mais sans plus. J’ai dit que j’allais quand même aller voir au pays puisqu’il y a un empire africain, je vais poser des questions et essayer de recueillir quelques informations sur le pays. Il était très sceptique, mais il m’a répondu puisque vous le voulez, allez-y. C’est ainsi que j’ai décidé de venir en Afrique poser la question aux griots, aux doyens. J’ai commencé donc par Dakar, à l’IFAN (Institut fondamental d’Afrique noire), il y avait une bibliothèque. J’ai compulsé quelques écrits qui étaient là et je suis allé dans le pays profond pour poser la question aux griots sur la petite histoire traditionnelle que l’on raconte. J’ai voulu fouiller un peu plus.
Vous dites même que ce livre vous le devez à un obscur griot de Djelibakoro, n’est-ce pas ?
Oui. Je suis donc allé de village en village poser la question aux griots, aux doyens pour qu’ils me racontent un peu l’histoire du Mandingue, l’histoire du Mali. A ma grande surprise, j’ai trouvé une abondante documentation orale auprès des anciens, des doyens du village, des griots. Et l’un d’eux, Djéli Mamoudou Kouyaté du village de Djelibakoro, est celui qui a été le plus communicateur, celui qui m’a fourni avec bonne foi tout ce qu’il avait. C’est pourquoi le livre commence par lui, Djéli Mamoudou Kouyaté du village de Djelibakoro. Après avoir recueilli une abondante documentation, à mesure que j’écoutais les griots et les anciens, le personnage de Soundjata prenait forme, se dessinait et en quelque sorte, toute sa stature m’est apparue. Mon diplôme d’études supérieures, c’est “ Recherches sur l’empire du Mali ”, que j’ai soutenu en 1959, à la faculté de lettres de Bordeaux. Et pendant que je rédigeais cette thèse-là, Soundjata me trottait dans la tête, et donc j’ai écrit dans la foulée Soundjata ou l’épopée mandingue en 1959. J’ai déposé le manuscrit à Présence africaine.
Pourquoi spécialement Présence africaine ?
Parce que nous étions des militants à l’époque, nous tenions à nous faire éditer par la seule maison d’édition africaine qui existait. C’est donc avec ferveur que j’ai porté mon document à Alioune Diop qui m’a très bien accueilli et a pris mon manuscrit en me disant : “on va voir ce qu’on peut faire”. Et quelques mois après, en 1960, “Soundjata” est paru, “Soundjata ou l’épopée mandingue”. C’était donc le contact d’un jeune historien africain avec la tradition orale africaine. Et c’est à partir de “Soundjata” que, véritablement, les chercheurs, les Africanistes, les Africains eux-mêmes ont vu toute la richesse qu’ils peuvent puiser dans les traditions orales.
Votre livre sort et c’est un succès.
Absolument. Un succès qui s’explique par le fait que l’Afrique se cherchait à cette époque-là, en 1960. Alors on se disait : “ Tiens, nous avons une épopée, tiens, nous avons une histoire qui remonte au 13è siècle ”. Donc, pour les Africains, c’était du nouveau et une fierté et les recherches ultérieures ont montré qu’on a beaucoup à tirer des traditions orales, on a beaucoup à tirer de nos griots, de nos anciens villageois. Il y a un savoir dans les traditions orales, il y a tout un passé, tout une philosophie, qui se trouvent dans les traditions orales, et la preuve a été faite par Soundjata. Ce n’est pas un hasard si quelque temps après, l’UNESCO elle-même a encouragé la recherche sur les traditions orales et la collecte a été systématique presque dans tous les Etats, on s’est penché sur la littérature orale, sur la tradition orale. Cela correspond au début de l’indépendance de l’Afrique qui se cherche et se découvre dans sa propre tradition.
Qu’a représenté pour vous la période du non de Sékou Touré à De Gaulle et au départ des Français de la Guinée ?
Cette époque est cruciale pour l’Afrique, pas pour la Guinée seulement. Quand De Gaulle a pris le pouvoir en France, c’était sous la pression coloniale, la France était complètement désemparée. Elle a fait appel au général De gaulle pour la tirer de ses difficultés, des guerres coloniales, singulièrement de la guerre d’Algérie. Il faut savoir qu’à cette époque, il y avait une véritable effervescence en Afrique, les Africains voulaient se libérer, aller à l’indépendance. C’est dans ce contexte que de Gaulle vient pour avoir l’unanimité avec lui pour qu’il donne une solution aux problèmes de la France, aux problèmes africains. Dans ce cadre-là, la question posée oui ou non êtes-vous d’accord avec la Constitution que je propose ? La Guinée a été le pays africain qui a répondu : “ non, nous ne sommes pas d’accord si l’indépendance n’est pas accordée ”. Et de dépit, la France se retire. Ça a été le départ des cadres français, des médecins, des professeurs etc. Et la Guinée s’est retrouvée toute seule.
Que se passe-t-il alors ?
Ce qui est remarquable, c’est que l’Afrique a volé au secours de la Guinée. Les intellectuels africains qui se trouvaient dans les Universités françaises, à Dakar, à Libreville ont accouru pour aider la Guinée, singulièrement les professeurs. C’est ainsi que Ki-Zerbo du Burkina Faso actuel, Abdou Moumouni du Niger, Fotê Memel de Côte d’Ivoire sont venus, Suret-Canal, les communistes français ont volé au secours du pays. Et tous ces gens-là sont arrivés avec l’idée de faire quelque chose pour l’Afrique à travers la Guinée. Dès qu’ils se sont retrouvés, tout de suite, leur préoccupation a été de faire la réforme de l’enseignement. Aujourd’hui, cela n’apparaît pas beaucoup à la jeune génération, mais à cette époque-là, il fallait changer l’école, faire un nouveau programme. Un nouveau programme d’histoire, un nouveau programme de géographie, un nouveau programme de littérature, un nouveau programme de philosophie, même un nouveau programme de mathématique, puisque les professeurs africains qui sont rendus en Guinée là ont introduit les mathématiques modernes dans l’enseignement secondaire. En France même, l’introduction des mathématiques modernes dans l’enseignement secondaire se faisait au niveau de quelques écoles expérimentales. C’est donc ainsi que Suré Canal et moi avons fait le premier manuel d’histoire décolonisée, l’histoire de l’Afrique occidentale tout court, pas occidentale française. D’ailleurs c’est une histoire qui va de la préhistoire à l’indépendance de la Guinée. Donc une vue nouvelle sur le passé africain. Un chapitre par exemple dans les livres qui circulaient à l’école disait “ pénétration française en Côte d’Ivoire, pénétration française en Guinée, etc. ”. Nous, on a écrit résistance en Côte d’Ivoire, résistance en Guinée, résistance au Sénégal, etc. Et les Guinéens étaient fiers de découvrir qu’il y a eu des résistants, qui n’étaient pas des tyrans comme on les présentait, les Béhanzin et autres qu’on présentait comme des sanguinaires.
Vous, comment vous appelait-on, des panafricanistes? Elle représentait quoi, l’Afrique pour vous ?
Pour nous, l’Afrique était une, nous voulions l’unité de l’Afrique, c’est pourquoi des Béninois, des Ivoiriens, des Sénégalais sont venus en Guinée. Parce qu’ils considéraient que la Guinée était une tranche de la patrie africaine. Donc c’est une génération de panafricanistes qui a volé au secours de la Guinée. Chacun s’est donc retrouvé là et voulait faire quelque chose pour l’Afrique à travers la Guinée.
Malheureusement, le régime vire à la dictature.
Malheureusement, ça n’a pas duré. Après une année d’expérience, beaucoup de professeurs sont retournés chez eux. La deuxième année, nous avons été pris et mis en prison. Avec le mouvement des enseignants guinéens, une grève a été déclenchée; une protestation contre le régime qui tournait à la dictature et ça été la fin du rêve. Quand on nous a arrêtés et mis en prison, les élèves se sont révoltés parce qu’on avait mis leurs professeurs en prison. Donc, ça été la grande cassure entre les intellectuels et la classe politique guinéenne. Après, le régime a viré et vous savez comment les choses ont évolué: les atrocités, les complots, la chasse aux sorcières que constituaient les intellectuels.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui disent que la Guinée se porte comme son président, c’est-à-dire mal. Partagez-vous ce constat ?
Oui, c’est ce qu’on peut constater, le président est malade. La situation guinéenne n’est pas brillante, l’économie pas davantage. C’est une réalité qui éclate aux yeux de tout le monde.
Comment vivez-vous cette situation en tant qu’intellectuel?
Elle est difficile, douloureuse. L’économie ne se porte pas bien; la politique non plus. La situation politique n’est pas brillante à cause même de l’opposition qui est très mal organisée, qui n’a pas dégagé de pistes sur lesquelles on peut s’engager. C’est souvent l’opposition qui peut qualifier l’action du gouvernement, mais ce n’est pas le cas ici.
Face à la mondialisation, que doivent faire les pays africains? S’intégrer ou rester dans leur situation de micro-Etats?
Vous connaissez la réponse, le salut de l’Afrique est dans l’intégration. On l’a perçu depuis très longtemps, mais il y a trop d’embûches sur le chemin de l’intégration. La meilleure preuve, c’est que c’est en 1975 que la CEDEAO a été créée par les Etats de l’Afrique de l’Ouest. La volonté politique est là, mais les difficultés économiques, les difficultés internes rendent la marche vers l’intégration très difficile. Cependant, il ne faut pas désespérer, puisqu’on peut constater par exemple que lorsque l’OUA a fini sa mission, qui était de décoloniser l’Afrique, lui a succédé l’Union africaine. L’Union africaine, c’est la volonté des Africains d’aller à l’unité, d’aller à l’intégration, une intégration continentale. En 1963, quand on a créé l’OUA, les Nkrumah, Senghor, ces panafricanistes de la première heure, voulaient l’unité de l’Afrique; surtout Nkrumah, mais ce n’était pas possible. Ils disaient : “ Faisons un gouvernement continental ”. C’est ce qui explique le nom de Organisation de l’Unité africaine. Mais sa vocation véritable, c’était la décolonisation. Au moment où l’OUA naissait, en 1963, il y avait une trentaine d’Etats qui étaient indépendants et l’organisation s’est attelée à la décolonisation, à suivre les Etats, les colonies et leur émancipation. En 1980, avec l’indépendance du Zimbabwe, puis de la Namibie, toute l’Afrique est devenue indépendante. Ça c’était l’objectif que s’était fixé l’Organisation de l’Unité africaine. Donc, elle n’a même pas perçu les difficultés économiques qui ont assailli les Africains à partir des années 80. L’OUA n’a fait sa première conférence sur l’économie africaine qu’à partir des années 80; soit un peu plus de 20 ans après. Elle était obnubilée par les problèmes politiques de l’Afrique, par la libération de l’Afrique. C’est ce qui explique qu’une fois l’Afrique libérée, son mandat était terminé et avant de se séparer, les Chefs d’Etat ont eu l’idée de mettre en place une organisation capable de conduire l’Afrique à l’intégration, l’Union africaine.
Vous y croyez?
J’y crois, dans la mesure où c’est la mondialisation qui nous pousse à créer de grands ensembles. Pourquoi l’Union européenne ? Parce que les Européens ont compris très tôt que les Etats- France, Angleterre, Allemagne, Italie- avec la mondialisation, dont les premiers signes s’annonçaient déjà- devaient créer un ensemble. C’est ce qui explique que très tôt, ils se sont attelés à cette tâche. Ce qui a abouti, autour de 2000, au problème Schengen, à la mise en place d’une monnaie commune et aujourd’hui, l’union économique est réalisée en Europe. Mais leur objectif aujourd’hui, c’est d’aller à l’intégration politique. C’est là où il y a des difficultés. Donc, les Etats doivent abandonner une partie de leur souveraineté et aller vers une fédération qui créerait une entité politique; c’est la difficulté à laquelle est confrontée l’Europe actuellement. Et en Amérique aussi, il y a l’intégration, les Etats-Unis ne veulent pas être seuls. Ils veulent former un ensemble avec le Mexique et le Canada. Donc toute l’Amérique du nord prétend à une intégration, de même que l’Amérique latine. L’Afrique aussi a perçu très tôt la nécessité de l’intégration. Je vous disais qu’en 1975, la CEDEAO a été créée, d’autres organisations sous-régionales se sont dessinées. Le problème pour l’Afrique est complexe. Comment aller à l’intégration sous-régionale quand les Etats eux-mêmes n’ont pas fini d’avoir une cohésion interne forte? Donc le problème est à trois niveaux: il faut réaliser l’unité nationale, il faut aller vers l’intégration sous-régionale puis à l’intégration continentale. C’est donc un travail à trois niveaux auquel nous sommes confrontés. La difficulté est d’autant plus grande que nous avons un passé colonial qui pèse sur nous encore. Nous sommes indépendants mais nos Etats, au moment de l’indépendance, qu’est-ce qu’ils avaient ? Pas de capitaux, rien. On a été indépendant nominalement, on a un drapeau, un hymne, un président de la République; tous les attributs, on les a eus sur un plateau, mais la réalité du pouvoir économique, la réalité du pouvoir politique échappaient à nos dirigeants et ceux-ci, à cette époque-là, n’avaient pas de capitaux pour déclencher un mouvement d’indépendance économique. De sorte que tout de suite, on s’est tourné vers les anciens maîtres. Les prêts, les subventions viennent d’eux et le cycle de la dette a commencé. A partir de 1980, on s’est rendu compte qu’on est en pleine impasse. L’Afrique s’aperçoit vraiment que les Etats que nous avons hérités de la colonisation ne sont pas viables.
Vous êtes pour l’annulation de la dette ?
Oui. Les Etats ne sont pas viables; chacun s’en aperçoit. On veut aller à l’intégration, mais on est déjà tenus par des fils invisibles, parfois très visibles, par l’ancien colonisateur, par les nouvelles puissances financières. Donc, l’endettement a commencé….l’afropessimisme a commencé à partir des années 80. On se désintéresse de l’Afrique, mais apparemment, on se désintéresse de l’Afrique sur le plan politique, mais on continue à exploiter nos richesses minières : notre pétrole, notre or, nos diamants, etc. On continue pourtant de nous jeter la pierre. D’où la nécessité d’aller à l’intégration. Nous sommes à une phase où il faut que les Etats manifestent plus de volonté d’aller à l’intégration.
Que doivent-ils faire concrètement ?
Ils doivent faire plus de sacrifices. La CEDEAO existe depuis 1975. Il ne faut pas nier les progrès qui sont réalisés. Des cinq sous-régions africaines, la CEDEAO est celle qui a fait le plus de progrès. Nous avons déjà un passeport CEDEAO. On peut voyager de Dakar à Niamey en passant par Cotonou avec la simple carte d’identité. Il y a déjà un chèque CEDEAO. En dépit de la diversité monétaire, on peut voyager avec son traveller, aller à une banque à Cotonou, à Lomé, à Conakry, et retirer de l’argent. Ce sont des progrès qui méritent d’être soulignés. Quand vous êtes au Cameroun, pour aller au Gabon à côté, il faut le visa. Donc, il y a des étapes qui sont franchies, il faut les relever. Je pense que vous les journalistes devez attirer l’attention sur ces progrès-là. Mais les difficultés sont là, on veut aller à une monnaie unique au sein de la CEDEAO. Il y a déjà une union monétaire regroupant six Etats, l’UEMOA; six pays qui ont une monnaie, qui essaient de s’intégrer. On veut aussi créer une zone intermédiaire, ZMAO, la monnaie africaine qui va intégrer la Guinée, la Gambie, le Ghana, le Nigeria et la Sierra Leone. Il s’agit donc d’avoir une monnaie intermédiaire dans les 2-3 mois qui viennent, et peut-être après cette monnaie intermédiaire, fusionner avec le cfa pour arriver à une monnaie commune qui s’appellerait l’eco. Les progrès sont lents, mais l’idée est lancée et on va vers l’intégration. J’ai la conviction que d’ici à dix ans, l’union monétaire peut être réalisée pour la CEDEAO. Cette conviction est d’autant plus grande que de plus en plus, chaque Etat s’aperçoit que la vie devient impossible dans le cadre strictement national. Le problème est qu’on n’a pas fini de surmonter les difficultés intérieures. La Côte d’Ivoire qui a un poids important dans l’UEMOA elle représente 40% de l’économie ouest-africaine. Elle a des difficultés et tout le monde est inquiet de ce qui se passe ici, il faut le savoir.
Quel regard jetez-vous sur cette crise ?
C’est une crise de croissance. Je suis convaincu que la Côte d’Ivoire va surmonter ce handicap qu’elle traîne depuis 2002. Je suis convaincu que les Ivoiriens vont se retrouver et l’unité nationale sera scellée. Et alors, nous aurons un coup d’accélérateur vers l’intégration ouest-africaine. J’ai cette conviction-là. Certes, quand on voit les difficultés du moment, on peut désespérer, mais il ne faut pas. Je crois que chaque Ivoirien a conscience qu’il faut franchir cette étape-là. La solution n’est pas en vue dans l’immédiat, mais c’est dans l’ordre du possible. Les Ivoiriens surmonteront cela. Les Africains les y aideront. L’Union africaine est là; elle veille. Des missions viennent régulièrement. Thabo Mbeki est là, Alpha Oumar Konaré est là, etc. Donc la volonté africaine est là pour accompagner les Etats.
A quoi occupez-vous vos journées aujourd’hui ?
Vous le savez, je suis historien, chercheur, homme de culture. Quand on est dans ces domaines-là, on ne s’ennuie pas. Je suis à la retraite en tant que professeur depuis plus de dix ans, mais la vie continue. Je continue à interroger la tradition orale et il y a toujours à apprendre dans l’oralité. On a beaucoup recueilli sur la tradition orale. Je dois vous dire que depuis 1970, on a beaucoup recueilli et l’UNESCO a créé avec l’aide des Etats africains un centre de documentation en tradition orale, le CELTO, qui se trouve à Niamey. Là-bas déjà, depuis les années 60, on a archivé des bandes magnétiques, des bandes où on a enregistré les doyens des villages, les griots. Donc, il y a une documentation qui s’accumule là-bas. Ce travail se poursuit. Il y a aussi la recherche archéologique. Je suis archéologue, j’ai participé aux fouilles archéologiques qui ont identifié une ancienne capitale de l’empire du Mali, à la frontière guinéo-malienne. On a donc identifié cette capitale, on a retrouvé les soubassements, les pierres des cases, des maisons, des mosquées construites depuis le temps de Soundjata, de Massa Moussa, etc. Donc, je poursuis ce travail de recherche. Je m’intéresse depuis quelque temps aussi à la recherche sur la traite négrière. L’UNESCO a lancé un programme que vous connaissez certainement, la route de l’esclavage. Il s’agit d’essayer de savoir comment la traite négrière a été lancée par les Européens, comment elle s’est développée, les tenants et les aboutissants de ce commerce ignominieux; il faut regarder cela objectivement et ne pas jeter un voile pudique sur certains aspects. C’est une partie importante de l’histoire qui peut expliquer beaucoup de choses aujourd’hui. Il y a eu des contacts de civilisations entre l’Afrique et l’Amérique par exemple, avec la présence de Noirs en Amérique, il y a une transformation…. C’est quelque chose qu’il faut écouter et voir. Je fais donc des recherches dans ce domaine-là. J’ai organisé en 1997 à Conakry un colloque avec l’UNESCO sur le thème “Tradition orale et traite négrière”.
Interview réalisée par
MICHEL KOFFI et CYPRIEN TIESSE
http://www.fratmat.net/content/detail.php?cid=541qHvmbh94 _________________ "tout nèg a nèg
ki nèg nwè ki nèg klè
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sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!
a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti
avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"
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