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[Essai] La Question Nègre

 
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Tchoko
Grioonaute 1


Inscrit le: 26 Fév 2004
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:07    Sujet du message: [Essai] La Question Nègre Répondre en citant

Extrait de "La Question Nègre", de Têtevi Godwin Tété-Adlalogo, Ed. L'Harmattan

INTRODUCTION

« Mon âme, rivée à mon corps, soupire
Après les régions obscures d’où vinrent mes pères
Mes lèvres voudraient bâtir des mots vécus, mais jamais entendus…
Mon cœur voudrait chanter des chansons oubliées de la jungle.

Je voudrais retourner à l’obscurité et à la paix
Mais je suis retenu dans le domaine du grand monde occidental
Et je ne puis jamais espérer une totale libération
Aussi longtemps que je plie le genou devant ses dieux étrangers.

Quelque chose en moi est perdu, à jamais perdu,
Une substance vitale s’est évadée de mon cœur
Et tel un fantôme, je suis contraint de marcher dans les sentes de cette vie .

Un être à part parmi les fils de la terre.
Car je sui né loin de mon ciel natal
Hors du temps, sous la menace de l’homme blanc. » (1)

« Mon peuple…
Quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre
Au carnaval des autres
Ou dans les champs d’autrui
L’épouvantail désuet… » (2)


Les deux citations ci-dessus résument à merveille le phénomène dont il s’agit dans les présentes lignes. En effet, par la première, le poète garvéyiste jamaïcain Claude Kay exprime, de manière inégalée, la terrible affliction que le nègre déculturé mais lucide en arrive à éprouver au fin fond de lui-même. Quant à la seconde, de la frémissante plume d’un des pères fondateurs de la « négritude » - du martiniquais Aimé Césaire -, elle traduit, en un minuscule volume de mots, la honte qu’un nègre lettré et conscient tend à ressentir de son propre pays, au regard du clinquant matériel et matérialisme du monde occidental capitaliste.

Ce double sentiment de cruelle infortune : mélange d’un mal-être existentiel aigu dans l’âme, et de la lancinante conscience du misérabilisme criant de son pays, cette double calamité psyschico-psychologique coupe l’herbe sous les pieds du nègre, lui inspire la nausée, le paralyse par une tragique impuissance face à son devenir. Ce phénomène, Dieu merci, n’est pas congénital ; il n’existait pas avant les premiers contacts avec l’homme blanc. (Oui. « Qui augmente sa science augmente sa misère » disait le vieux sage grec). Il naquit de la victoire de la civilisation toute spiritualiste négro-africaine. Au terme d’une rude confrontation intervenue à l’orée des temps modernes… Ce douloureux traumatisme psychico-psychologique découle, en somme, de la comparaison…

Mais alors, l’interrogation qui vient immédiatement à l’esprit s’énonce ainsi : « Comment se fit-il que la civilisation négro-africaine succomba devant la civilisation européenne ? ». cette interrogation acquiert toute son acuité, toute son ampleur, elle devient incontournable lorsqu’on se rappelle que l’être humain, jusqu’à preuve du contraire, vit le jour sur le sol africain ; que la civilisation, au sens générique du vocable, prit son essor sur le sol africain, dans la Vallée du Nil…

Pour répondre à ce questionnement, nous nous sommes jusqu’ici, à juste titre, tournés vers l’univers extérieur à notre Continent ; nous avons privilégié les pesanteurs réelles certes, à nous imposées par les occidentaux qui nous ont si longtemps exploités et opprimés. Mais, à la vérité, l’interrogation en cause suggère la « question nègre » qui nous préoccupe ici. En d’autres termes, n’y aurait-il pas, quelque part en nous-mêmes, certaines tares spécifiques : sources véritables de tant de nos maux ? La tentative de répondre à cette question, notre modeste contribution à ce débat devenu urgent, voilà l’objet central du modeste présent ouvrage.

Oui ! Le moment semble arrivé de nous tourner un peu plus vers nous-mêmes, bien entendu sans cesser de stigmatiser pour autant les multiformes obstacles que nos oppresseurs et exploiteurs ne cessent de semer sur notre route.

Oui ! Il est vrai que la critique constitue l’arme fondamentale de tout progrès scientifique, alors il s’avère assurément exact que l’auto critique ressort comme la boussole première de toute avancée de l’homme, de la société, des nations. Au demeurant, c’est la raison pour laquelle le marxisme-léninisme a fait de l’autocritique un puissant outil épistémologique. Car, « seule la vérité est révolutionnaire » (Vladimir I. Lénine)

Dès lors je suis, globalement, d’avis avec Samuel Eboua, même s’il aura été l’un des principaux édificateurs du système anachronique de gouvernement qu’il a dénoncé au crépuscule de sa vie. Il écrit :

« Dans un monde toute en nuances, où une simple remarque venant d’un observateur extérieur soulève souvent des remous pouvant aller jusqu’à la détérioration des rapports qu’entretiennent les peuples et les Etats, l’Afrique devrait chaque jour devenir son propre critique, son propre miroir. Elle doit s’y regarder, sans ménagement et sans indulgence. Ce miroir doit reproduire ses traits tels qu’ils sont sans les déformer, sans les maquiller. De la sorte, les générations futures, prenant conscience mieux que leurs aînés du retard accumulé par les peuples noirs du continent à travers les âges, ne manqueront pas, grâce aux possibilités scientifiques et technologiques que l’évolution générale met résolument à la recherche des solutions afin de sortir le continent de son enlisement. Ce qu’il faut au continent noir, c’est une révolution de mentalité » (3)
Dans une première partie, nous essaierons de cerner de près la position de la question « question nègre ». Puis nous nous efforcerons d’avancer des éléments de réponse à cette question. Quelques réflexions nous serviront de conclusion.
________________________________________________________
(1) Claude Mc Kay, in le Proscrit
(2) Aimé Césaire, in Ferrements
(3) Cf Samuel Eboua, Interrogations sur l’Afrique noire, Ed L’Harmattan, Paris, 1997, p7


PREMIERE PARTIE

« Un problème bien posé est à moitié résolu. » (François Bacon)

D’abord d’où vient le mot nègre ? Il ne signifie en rien d’autre chose négro, c'est-à-dire « noir » en latin. Mais comme les esclavagistes avaient réifié l’homme négro-africain, ils écrivaient ce terme avec « n » minuscule, même lorsqu’il désignait une personne. Par exemple, c’est comme si l’on écrivait un Français avec « f » minuscule, ou un Blanc avec « b » minuscule. De plus, ils enveloppaient ce mot d’une incommensurable dose de péjoration, de mépris. Si bien que l’homme noir en était arrivé à avoir honte et à s’offusquer de s’entendre s’appeler nègre. Et il a fallu attendre la Première Convention de l’UNIA (« Universal Negro Improvment Association »), tenue à New York début Août 1920, pour les
Nègres d’exiger l’écriture de ce vocable avec « N » majuscule (1). Et de revendiquer leur qualité de Nègre. Pour enfin s’affirmer…

Mais alors, comment se fait-il qu’après tant et tant de tribulations multiformes sous le soleil…, l’homme négro africain se trouve encore aujourd’hui au bas de l’échelle de la communauté humaine ? Pourquoi, qui pire est, cet homme ne semble pas, contrairement à ce que dicte son retard, avancer d’un pas de géant vers un Devenir auto-référentiel et viable ?
D’où on vient que l’homme noir conscient (2) souffre encore de nos jours de se voir étranger partout, dans son propre pays plus qu’ailleurs ? Pourquoi véhicule-t-il, à l’heure actuelle encore, miséreux, l’image d’autrui, l’ombre de lui-même ?
Comment se fait-il qu’il accepte encore si aisément d’être manipulé…par ses anciens dominateurs, de subir encore, en faiblard, si docilement, les rapports de « maître à esclave » imposés dans les relations internationales ?
Alors, à la synthèse de toutes ces interrogations, synthèse que j’ai baptisé la question nègre, j’ai tenté d’appliquer tous les outils d’analyse que ma chétive existence m’aura enseignés. Je ne suis cependant pas parvenu à une insatisfaction totale. Et voilà pourquoi, de peur de mourir la mort dans l’âme, j’ai entrepris de souligner, dans les lignes qui suivent certains linéaments qui me paraissent majeurs de la dite question.
Pour se faire, je reprendrai en premier lieu, grosso modo, les traumatismes que l’univers occidental nous a inoculés en cognant l’Afrique noire (chapitre 1). Ensuite, j’exposerai les tares que je considères comme relevant de notre propre laxisme, et dont nous devons nous débarrasser au plus vite, par amour pour nos générations à venir (chapitre 2).


________________________________________________________
(1) Cf notre ouvrage Marcus Garvey père de l’Unité africaine des Peuples, tome I, Ed L’harmattan, Paris, 1995, pp 273-275.
(2) « Qui augmente sa science augmente sa misère », disait le vieux sage grec.
_________________
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Tchoko
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:24    Sujet du message: Répondre en citant

Je ferai un commentaire de la suite du bouquin par la suite, dès que j'ai le temps...

Tchoko Cool
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Mar 23 Aoû 2005 00:40    Sujet du message: Répondre en citant

Que voilà un texte intéressant mais plein de contradictions...
1-
Citation:
Après les régions obscures d'où vinrent mes pères
Citation:
chansons oubliées de la jungle.
Citation:
le domaine du grand monde occidental
Je ne sais pas pour toi, mais je ne trouve pas l'Afrique particulièrement obscure ni n'y ai vécu dans la "jungle...": référentiel, perception totalement empruntée à l'imaginaire occidental. Confrontées comme par hasard au "grand monde occidental", un autre mythe du même registre.
2-
Citation:
« Comment se fit-il que la civilisation négro-africaine succomba devant la civilisation européenne ? »
La question est ce qu'elle est mais la réponse en revnche attaque le pb à l'envers. Qd on traite un système de domination, on cherche en général à déterminer ses motivations (chez l'auteur), ses méthodes (chez l'auteur) et sous cet angle seulement on peut comprendre ce qui permet de le faire s'auto-entretenir.
Dans le cas africain il me semble qu'on mélange un peu tout. Cela se voit dans la suite:
Citation:
n'y aurait-il pas, quelque part en nous-mêmes, certaines tares spécifiques : sources véritables de tant de nos maux ?
Ou en quelque sorte, la cible de l'oppression n'en n'est-elle pas la véritable responsable et sa condition n'est-elle pas finalement normale... je ne sais comment y adhérer...
Citation:
Le moment semble arrivé de nous tourner un peu plus vers nous-mêmes [...]l'Afrique devrait chaque jour devenir son propre critique, son propre miroir.
Ok, mais là où ça redevient douteux ...:
Citation:
du retard accumulé par les peuples noirs du continent à travers les âges
1-Si l'Afrique est son propre miroir, pourquoi se comparer aux "autres", d'ailleurs fantasmagoriques:
2-le prétendu retard multi-millénaire de l'Afrique ne remonte à vrai dire réellement qu'au XIXès... et relève de politiques, elles largement âgées à cette époque de 3 siècles et tournées vers un objectif d'asservissement. On ne conçoit pas une domination sans abrutissement des masses.

Citation:
Mais alors, comment se fait-il qu'après tant et tant de tribulations multiformes sous le soleil…, l'homme négro africain se trouve encore aujourd'hui au bas de l'échelle de la communauté humaine
Question mal posée... comment s'étonner qu'une personne oppressée en ait les séquelles...? La question véritable c'est comment se débarrasser de ces séquelles...
Citation:
D'où on vient que l'homme noir conscient (2) souffre encore de nos jours de se voir étranger partout, dans son propre pays plus qu'ailleurs ?
... peut-être d'une conscience à moitié établie? un homme auto-référencé ne se sentirait pas étranger (référence externe) mais percevrait son environnement comme étranger. Par exemple, je ne me sens pas étranger en france, mais je trouve que les français et leur société me sont étrangers. ce qui est logique puisque je suis ma propre référence à ce niveau: me dire étranger à moi-même me semblerait incohérent, non?
Autre point, chez moi, je me sens chez moi. Et chez moi, ce n'est pas en France mais à Kompani au Kongo dia Kati et particulièrement parmi les miens. un homme sans attachement à ses racine peut certainement se sentir perdu, je suppose aussi je peux comprendre ce qu'il veut dire mais il extrapole trop.
Citation:
Comment se fait-il qu'il accepte encore si aisément d'être manipulé…par ses anciens dominateurs, de subir encore, en faiblard, si docilement, les rapports de « maître à esclave » imposés dans les relations internationales ?
Ca n'est pas vrai de tou les africains ni de tous les noirs mais d'une certaine catégorie. Maintenant il faut se rendre compte que plus on favorisera des systèmes politiques/éducatifs eurocentrés, plus on perdra de temps à suivre des tarés pro-assimilationistes, on produira encore et encore plus de ces sans-référentiel.
Citation:
Ensuite, j'exposerai les tares que je considères comme relevant de notre propre laxisme, et dont nous devons nous débarrasser au plus vite, par amour pour nos générations à venir (chapitre 2).

peux-tu les énumérer Tchoko pr voir ce qu'il entend par là? Mais j'ai déjà une cruelle impression de déjà-vu ... Sérieusement, plus je lis ce genre de réflexions, plus je trouve qu'il est impératif de vulgariser et populariser(re-) l'afrocentricité. En quelque sorte, ce type ne cherche rien d'autre que l'afro-centricité: que l'africain soit son propre centre... et rien ne peut l'offrir sinon ... l'afro-centricité elle-même.
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Tchoko
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MessagePosté le: Jeu 25 Aoû 2005 22:58    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, Salut Muana,

Je prends le temps de te répondre ici, et de te soumettre les tares que M. Tété-adjalogo a bien voulu soulever dans son livre :

1. Regrettable inconséquence avec nous mêmes

a) Discours révolutionnaire et comportement douillet

La première manifestation de cette incohérence avec nous-mêmes apparaît au niveau du hiatus entre notre discours volontiers révolutionnaire et notre praxis plutôt notoirement laxiste. Le fait est que, selon notre discours ambiant, nous aurions dû tout sacrifier sur l'autel de la libération véritable de notre Afrique. Or, non seulement ce n'est pas le cas, mais mieux, nous adoptons, dans la vie quotidienne, le comportement de petit bourgeois tranquille...A juste raison, nous affublons l'occident de tous les maux dont nous souffrons, mais nous succombons trop facilement au clinquant matériel et matérialiste de ce même occident. Cette fascination nous amène à nous ruer massivement sur l'Europe, les Etats unis, le Canada et, depuis quelques temps, les antilles. Certes, les dictatures post coloniales, l'absence d'Etat de droit, la malgouvernance, le chômage chronique, etc., contribuent sensiblement à cette situation. Mais si nous fuyons toutes ces calamités, si nous cherchons tous refuge dans l'univers occidental, qui développera un jour notre continent ? Il va sans dire que ce questionnement s'adresse à la jeunesse africaine notamment...
Nous prêchons la révolution, mais nous n'affichons aucune capacité à supporter les terribles privations qu'impose toute révolution authentique.

b) Trop de paroles pour dire peu de choses significatives

Nous parlons très souvent trop pour dire très peu de chose valables. Il nous arrive même de confondre un inutile flot de bonnes paroles avec une action. Résultat : nos réunions durent inutilement trop longtemps. Nous perdons de précieuses heures. Alors que, pour le Blanc, le temps, c'est de l'argent...
Car si nous sommes prompts à critiquer la domination blanche du monde, nous nous devons de reconnaître que le blanc n'a pas été dominateur pour l'avoir tout simplement voulu. Le Blanc a dominé le monde aussi parce qu'il l'a pu; et il l'a pu parce qu'il s'en est donné les moyens. En d'autres mots, n'est pas impérialiste qui veut seulement, mais aussi qui peut. Et pour pouvoir, il faut faire ce qu'il faut faire. Les beaux mais superflus discours nous poussent à tomber dans l'indiscrétion là ou nous devrions nous taire...

c) Apprenons à être un peu plus discrets

Car, comme le dit le proverbe : "la parole est d'argent, le silence est d'or." C'est ainsi que, trop souvent, nous étalons nos stratégies de lutte sur la place publique. CE qui, de toute évidence, représente une niaiserie pure et simple. Un aphorisme éwé nous apprend : "On ne montre pas au serpent le baton avec lequel on entend le tuer." On comprend dès lors pourquoi nos actions souterraines conçues pour notre autolibération capotent avant même leur mise en exécutiion...Inversement, chaque fois que notre discrétion a été totale, le succès était au bout du compte, ou du moins, il s'en fallut de peu. [...]
Dans les annés 84/85, je sollicitais régulièrement des services de traitement de texte à un vieux vietnamien au quartier lation. Si bien qu'il se prit tres vite d'amitié pour moi. Un jour, il me tira par la main en aparté, et me confia : "j'ai observé que vous les Africains, vous vous exposez trop. Vous savez, moi je suis un vétéran de la guerre de libération de mon pays. Avant le déclenchement des hostilités, nous avions strictement caché aux français nos intentions. Sinon ils nous auraient barré la route. Jusqu'à l'heure "H" où, par le lancement du slogan "indépendance" dans notre langue nationale, la guerre éclata...Le reste se passe de commentaires...
En 1954, je militais à Paris au sein du "Comité des Etudiants Coloniaux". Je crois que mes camarades algériens avaient vraisemblablement la puce à l'oreille quant à la sanglante toussaitn du lundi 1er Novembre de cette année là. Mais à part eux, Dieu seul savait ! ...
A bon entendeur, salut !

d) Une adhésion plutôt laxiste au panafricanisme

[...] Ainsi donc, nous sommes conscients que le monde moderne est un mond de grands ensembles. Nous réalisons que l'Afrique ne saurait échapper à c e nouveau processus d'autoagrégation si elle ne veut pas continuer à servir de repoussoir de l'occident. Sous cet angle, l'Europe en voie de réunification s'avère le meilleur exemple pour nous.
Cependant, si nous apparaissons bien agiles dans notre rhétorique de la profession de notre foi panafricaniste, notre adhésion à cet idéal, dans la réalité concrète, me semble plutôt tiède. Qui pire est, nous glorifions le panafricanisme du bout des lèvres, mais, dans la vie, nous pétrifions chaque jour nos micronationalismes qui, tel l'amour selon Henri Beyle Stendhal, se cristallisent sous nos yeux. Même si c'est à nos corps défendants...Assertion vérifiée à merveille par des politiques douanières des nos Etats post coloniaux.
Homme négro africain, évite de naviguer sur les dangereuses eaux de la "mondialisation", trainant des ambiguités de ce genre, ad vitam aeternam ! Détermine toi une bonne fois pour toutes, et va de l'avant, en bonne connaissance de cause.
Nous reviendrons sur ce thème dans notre 4eme chapitre.

2. L'heure CFA ne saurait nous hater l'avènement du progrès

[...] A vrai dire, ce qui est ici en jeu s'appelle le sérieux et l'autoorganisation. Or, les nègres concernés, notamment les francophones, , montrent une remarquable incapacité à faire leurs assiduités et la ponctualité si précieuses dans la réussite de toute entreprise. Alors, une réunion prévue pour commencer à 15h ne commencera jamais avant 16h30-17h. Alors vous vous entendrez recommander : "on n'a qu'à convoquer les réunions à 17h." La seule misère est que, si elle est convoquée pour 17h, la réunion ne débutera pas avant 19h...
[...] Pour moi, il est clair que le négro africain doit se ressaisir. Les absences et les retards inconsidérés prouvent tout simplement que notre sens de l'organisation et de l'auto organisation gagnerait à s'aiguiser un tantinet soit plus.
Non ! L'heure cFA (ou l'African Time) ne saurait être l'heure du progrès.
Les tares qui précèdent inhibent, du moins contribuent à inhiber des action s communes valables.

3 . Individuellement intelligents, collectivement inopérants.

[...] J'ai observé depuis ma tendre enfance que, pris individuellement, les nègres sont très intelligents. En tout état de cause, ils ne sont nullement, en moyenne; moins intelligents que les membres de communauté d'origine caucasienne. Au demeurant, il m'est arrivé, à maintes reprises, de partager les mêmes bancs scolaires avec et des nègres, et des blancs. Mais les blancs n'étaient point tjrs les plus brillants...
En revanche, je suis douloureusement affligé de constater que nous, négro africains, devenons totalement inopérants dès qu'il s'agit de réalisations collégiales et unitaires.
Par contre, quelques uns parmi nous se laissent gagner aisément par un curieux esprit de critique. Un esprit de critique qui très vite se ridiculise lui même. Au lieu de cultiver l'esprit critique constructif et signe d'une personnalité authentique.
A la réflexion, j'ai compris que cette attitude réflète, elle aussi, un puissant complexe d'infériorité qui voudrait se camoufler dans la peau d'une fanfaronnade qui tourne sans tarder à la comédie.
Oui ! Prendre systématiquement et automatiquement le contre pied de tout ce qu'avance l'interlocuteur, pour "prouver" qu'on est intelligent, qu'on n'est pas un béni oui-oui, c'est, en dernier ressort, prouver qu'on est, en réalité, un farfelu...C'est révéler, sans le savoir, un profond complexe d'infériorité.

4. Le triste postulat senghorien - ou la monumentale bevue de sedar senghor

On passe dessus

5 . Notre atomisation spirituo idéologique

Les grande communautés chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, brahmanes, taoïstes, israélites, adeptes des réligions traditionnelles africaines, etc, affichent une relative cohérence dans leur vie privée ainsi que dans leurs comportements collectifs. Quant à nous autres lettrés d'afrique noire, coupés de tout repère culturel autoréférentiel, déboussolés, nous nous éparpillons dans des officines plus ou moins crépusculaires, dont je ne suis pas très sûr que nous saisissons vraiment les tenants et aboutissants... Ainsi que des moutons de panurge. [...]
Si les occidentaux eux prennent au sérieux les écoles initiatiques qu'ils ont mises sur pied (en s'inspirant de l'egypte antique et de l'inde classique), pour nous, il s'agit la plupart du temps d'une simple mode....Une telle dispersion spiritualo-idéologique génère une inconstance très lisible dans nos entreprises et comportements collectifs.

6. Notre déplorable conception "lankyoniste" de la politique.

Là, l'auteur aborde le probleme de la politique du ventre

Et par la suite, il proposera des solutions en vue d'améliorer les choses
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Ven 26 Aoû 2005 09:26    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour l'extrait Tchoko, avant de m'y attaquer, j'aimerais voir ses solutions.
rq: la contradiction que je relevais au début est encore plus flagrante maintenant. Mais je voudrais voir à quel type de solutions mène pareil raisonnement.
Certaines critiques (fausse adhésions au panafricanisme) me semblent parfaitement appliquables aux politiques, mais de la même manière totalement inappropriées pour une telle généralisation, tout comme l'ensemble de ses critiques.
En somme j'ai l'impression qu'il n'a fait que déplacer les traumatismes sociaux qu'on ne cesse de se voiler depuis des années et de traiter en profondeur (difficulté à s'unir entre noirs, tribalisme cristalisé par les "nationalismes" de pacotille etc... etc...) au rang de tares...

Il néglige aussi un aspect fondamental de la situation africaine actuelle, surtout caractéristique des intellectuels de son courant de pensée:

->le discours critique vis à vis de l'occident est largement minoritaire parmi les noirs. La majorité campe dans le discours par procuration: on se contente de recracher ici des chiffres, là-bas des conclusions tirées d'informations volontairement biaisées; tout ça sans réelle analyse.

->parmi les noirs informés ou ayant accès à l'information, seul une minorité accepte d'aller jusqu'au bout de l'analyse et c'est elle qui en connaissance de cause se méfie de l'occident et ses mensonges.
L'autre partie, elle est répartie entre:
---> ceux qui crient contre l'occident sans réellement disposer d'infos précises, sans lesquelles il est impossible de penser une action efficace.
--->Ceux qui refusent de voir les choses en face au nom d'une fausse fierté, qui n'est rien d'autre qu'une des nombreuses facettes de l'liénation. Ce sont souvent ces nègres qui, comme notre auteur visiblement (jusqu'ici du moins) font un pas en avant et deux en arrière: c'est la faute de l'occident oui, mais nous sommes des tarés.

Avant d'aller plus loin, j'attends ses propositions... en attendant, je ne peux m'empêcher de remarquer ceci:

les intellectuels et écrivains nègres de l'antiquité jusqu'à Diop étaient vraiment à un autre niveau de réflexion que ceux qui nous parlent aujourd'hui de la question nègre...... leurs héritiers sont encore trop peu nombreux pour espérer s'en sortir.

Sur la rq sur la discrétion:
elle peut être une bonne stratégie qd on peut se le permettre: qd tout le monde a une conviction suffisante et une vision globale de la situation.

->Qd 98% du peuple ne sait pas qu'il est en guerre ou envahi, on fait quoi? On fait du bruit pour préparer et informer ou bien on fait des réunions secrètes à 5?

Encore là une contradiction à mon sens surprenante pour un travail se voulant si ambitieux...
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Mer 18 Jan 2006 00:44    Sujet du message: Re: De la question nègre Répondre en citant

Marquis de Lafayette a écrit:
La question nègre est avant tout une question de prise de conscience , d`organisation et de ressources . Hors de là tous les essais sont du bla , bla , bla
Qu'un(e) fan de la colonisation nous fasse perdre notre temps, voilà qui est du "bla-bla-bla".
Arrow
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ARDIN
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MessagePosté le: Sam 08 Avr 2006 16:02    Sujet du message: Re: De la question nègre Répondre en citant

Muana Kongo, Tchoko, je remonte ce topic, pour que nous le re-alimentons.
Tetevi Godwin Tete-Adjalogo parle de question Negre la ou le Jean-Pierre Kaya parle de repenser la crise africaine dans le Tome I de son livre, La theorie de la Revolution africaine
La ou le premier, parle de tares, le second parle de symtomes de la crise de la personnalite africaine, dans le cas du deuxieme, les arguments avances sont d'une pertinence remarquable(c'est la raison pour laquelle, je suis entrain de recommander desesperemment ce livre a tout le monde meme si OGOTEMMELI n'a pas partage le meme enthousiasme que moi. C'est aussi l'occasion ici d'en parler, s'il est dispo.
Au vu de l'enonce des tares repertoriees par le premier(qui sont au nombre de six), je vous proposerai les contre-arguments, extraits du livre de Jean-Pierre Kaya.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Gnata
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MessagePosté le: Mer 03 Mai 2006 18:35    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent post , très instructif ...mais qui s'est trop vite éssouflé , les frères N'Kossi , Muana Kongo ( impressionnate force d'analyse ) , Ardin reparer le gâchis , please !
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"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
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