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La Bible revue et corrigée par l’archéologie

 
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M.O.P.
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Inscrit le: 11 Mar 2004
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MessagePosté le: Mer 10 Mai 2006 08:04    Sujet du message: La Bible revue et corrigée par l’archéologie Répondre en citant

La Bible revue et corrigée par l’archéologie

Un article de l'universite de Lausanne:
http://www2.unil.ch/spul/allez_savoir/as32/pages/religion.html

Telechargez l'article complet en pdf

Un documentaire télévisé confrontera prochainement l’Ancien Testament aux découvertes archéologiques. Cet exercice nous oblige à relire la Bible d’une manière plus distanciée, explique Thomas Römer, professeur de théologie à l’UNIL et intervenant dans cette série.


(Ce documentaire passe actuellement sur des chaines europeennes, surement prochainement sur arte).

L’archéologie va-t-elle nous forcerà réécrire la Bible? A la réécrire, certainement pas. Mais elle nous oblige déjà à relire l’Ancien Testament d’un œil très différent. Les fouilles effectuées ces dernières décennies en Palestine nous apprennent en effet qu’Abraham n’a pas effectué le périple de Babylonie en Egypte, via Canaan, qu’on lui attribue dans la Genèse.

Ces recherches nous apprennent aussi que la fuite d’Egypte de Moïse et de ses 400’000 futurs compatriotes est, dans le meilleur des cas, une sérieuse exagération.


Arrow Pas de bataille à Jéricho

Les archéologues nous disent encore que le roi David, s’il a vraiment existé, n’a pas régné sur un empire qui allait de l’Egypte à l’Euphrate, comme le dit la Bible, mais plutôt sur un territoire limité à quelques villages de Judée.
Quant à son successeur, le très sage Salomon, il ne sort pas davantage indemne de ces études archéologiques. Plus question, en effet, de lui attribuer les constructions mirifiques que la Bible lui confère, puisqu’on n’en a retrouvé aucune trace.

Les archéologues nous disent enfin que, et c’est peut-être le plus frappant, la fameuse bataille de Jéricho n’a jamais eu lieu. Parce que la ville n’avait plus de murailles quand le peuple d’Israël s’y est installé, et parce que l’on n’y a retrouvé aucune trace de siège et pas davantage de trompettes.

Bref, si l’on en croit une école d’archéologues israéliens, dont Israël Finkelstein est le plus célèbre porte-parole grâceà son best-seller international «La Bible dévoilée», il n’est plus possible de lire à la lettre les épopées les plus spectaculaires de l’Ancien Testament, ce que l’exégèse scientifique affirme par ailleurs depuis un bon moment.

Arrow Bientôt à la télévision

Toutes ces découvertes figureront bientôt au menu de quatre émissions de télévision, que l’on doit au producteur Isy Morgensztern. Une série qui sera diffusée cet été sur la Télévision suisse romande, avant d’être reprise l’automne prochain sur TV5 et Arte.

Dans ce documentaire, l’archéologue Israël Finkelstein et le professeur de théologie de l’Université de Lausanne (UNIL) Thomas Römer nous permettront de découvrir les résultats les plus récents de la recherche dans le domaine de l’Ancien Testament.

«L’émission a pour but de comparer ce que rapporte l’archéologie et ce que disent les spécialistes de la Bible à propos des événements fondateurs comme les patriarches, l’Exode ou le peuplement de Canaan», raconte Thomas Römer. Point fort de la réalisation de ce documentaire, le face-à-face organisé à Lausanne entre l’archéologue et l’exégète.

«L’un des objectifs du tournage vaudois était de provoquer une rencontre entre Israël Finkelstein et moi, entre l’archéologue qui a écrit une Bible de pierre, et le spécialiste du Livre», poursuit le professeur lausannois.

Arrow Abraham, qui n’a pas voyagé...

Dans les moments attendus du documentaire, il y aura la question de l’historicité d’Abraham, et surtout celle de son fameux voyage de Babylone en Egypte, via Canaan. Une migration qui se serait déroulée près de 2000 ans avant J.-C., selon certaines interprétations chronologiques fondées sur le récit biblique.

Rigoureusement impossible, répond Israël Finkelstein, qui n’a trouvé aucune trace de migration similaire à cette époque et qui oppose encore la théorie du chameau au récit biblique des patriarches, où cet animal apparaît par troupeaux entiers.

Or l’archéologie révèle que le dromadaire ne fut pas employé comme bête de somme au Proche-Orient avant l’an 1000! On trouve encore, dans l’histoire de Joseph, le récit d’une caravane de chameaux qui transporte de «la gomme adragante, du baume et du laudanum».

«Cette description correspond au commerce de ces mêmes produits entrepris sous la surveillance des Assyriens entre les VIIIe et VIIe siècles avant J.-C.», ajoute Israël Finkelstein. Et la découverte de nombreux ossements de chameaux confirme que c’est uniquement à cette époque que le chameau commence à faire partie du paysage.

Bref, nous sommes bien loin du récit biblique. Ce qui pousse Israël Finkelstein à imaginer que le récit d’Abraham a été écrit au VIIe siècle plutôt qu’en 2000 avant J.-C. Et qu’il reprend un mythe local.


«En cela, il rejoint plusieurs exégètes pour penser que les patriarches sont plutôt une tradition autochtone à l’origine, ajoute Thomas Römer. La figure d’Abraham est clairement liée au sanctuaire d’Hébron. C’est un peu l’ancêtre des gens du sud, comme Isaac à Bersheva, alors que Jacob aurait plutôt habité dans le nord de la contrée.»

Arrow Une figure légendaire

«Ce qui est intéressant dans le récit d’Abraham, c’est que l’on y retrouve la Babylonie, la Judée et l’Egypte, soit les trois endroits où se sont installées des communautés juives au VIe siècle avant J.-C.,à une époque où cette histoire a probablementété réécrite sur la base d’une tradition orale, explique Thomas Römer.

Ainsi, Abraham devient l’ancêtre non seulement du peuple juif, puisqu’il est aussi l’ancêtre d’Ismaël, qui est à l’origine des tribus arabes, d’où son importance dans le Coran. Mais Abraham est également, dès le départ, une sorte d’ancêtre œcuménique à l’intérieur du judaïsme, puisqu’il regroupe tous les endroits de présence juive.» Toutefois, sa valeur symbolique ne suffit pas à prouver son existence.

«On peut toujours faire des rapprochements, mais cela ne permet pas de retrouver Abraham, le personnage historique. Je crois que la plupart des exégètes, à part ceux qui mènent un combat d’arrière-garde perdu d’avance, doivent admettre qu’il s’agit d’une figure légendaire, ce qui n’enlève rien à sa valeur spirituelle», conclut le professeur lausannois.

Arrow Moïse également amoindri

Comme celle d’Abraham, la figure de Moïse pose de nombreux problèmes historiques.«On ne peut pas prendre à la lettre un exode tel qu’il est décrit dans la Bible, avec 400’000 hommes qui partent d’Egypte accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, analyse Thomas Römer. Une telle migration aurait forcément laissé des traces dans les textes égyptiens.

Or ce n’est pas le cas.» Cela suffit-il à faire basculer Moïse, comme Abraham, dans le domaine du mythe? «Le cas est assez différent», répond le professeur de l’UNIL.


«D’abord parce que le nom de Moïse est effectivement égyptien. Ensuite parce que certains Asiates (c’est le nom que les Egyptiens donnaient aux habitants de la Syrie-Palestine) ont bien fait carrière en Egypte. Il y a même eu des pharaons, les fameux Hyksos, qui étaient d’origine sémite.»



De l’histoire, pas du Cecil B. de Mille

On peut enfin s’appuyer sur des sources égyptiennes qui racontent l’histoire d’un chancelier Beya, qui a apparemment provoqué une sorte de guerre civile en s’alliant avec la reine-mère, avant d’être chassé par le pharaon, lequel n’a pas pu rattraper le fugitif.

A la suite de cet épisode, Beya a constitué petit à petit une bande d’Asiates qui ont accaparé l’or et l’argent des Egyptiens. Si cet épisode avéré peut avoir donné naissance à l’histoire de Moïse, «il n’a pas l’ampleur des «Dix Commandements» de Cecil B. de Mille», sourit Thomas Römer.

«Sur ce point, l’archéologie nous pousse à corriger la présentation biblique: la population qui deviendra Israël n’est pas venue massivement d’Egypte, via le désert, assure Thomas Römer. Elle était déjà là, sur place, comme le montrent toutes les traces archéologiques. Et elle s’est regroupée à la suite d’une réorganisationà l’intérieur de Canaan.»




Arrow Des Egyptiens moins «méchants» qu’on ne l’a dit

Conséquence de ce qui précède: l’archéologie nous force à regarder l’Egypte d’une manière moins négative. Le pays des pharaons n’est pas seulement cette nation qui réduit Israël en esclavage. Si l’Exode nous laisse imaginer un vaste mouvement de population qui va d’Egypte vers Canaan, l’archéologie nous montre exactement le contraire.

«Les Asiates allaient souvent en Egypte, pour plusieurs raisons. Certains y arrivaient, poussés par la faim, pour se nourrir dans une région fertile. D’autres y trouvaient un asile politique ou des carrières à faire. Enfin, parfois, certains y arrivaient comme prisonniers de guerre.


Arrow Pas de murailles à Jéricho

Deuxième conséquence de ce qui précède, il faut réévaluer toutes les scènes de batailles qui racontent la prise de Canaan par Israël dans le Livre de Josué. Et notamment la plus célèbre d’entre elles, Jéricho. «Depuis les années 1930 et les premières fouilles sur place, l’épisode biblique fait problème, explique Thomas Römer.

Parce que les archéologues n’ont pas trouvé de murailles datant de la conquête décrite dans la Bible, soit le XIIIe siècle avant J.-C. A cette époque, le site était un ville ouverte, s’il n’était pas inhabité.» Voilà qui vient contredire les spectaculaires récits bibliques où le son des trompettes et le passage de l’Arche font tomber les murailles...

«Il ne faut pas lire le Livre de Josué comme le récit historique de l’installation d’Israël dans son pays, observe le professeur lausannois, mais comme des histoires qui doivent laisser penser que le petit royaume de Juda et son armée est aussi puissant que ses voisins assyriens.»


Arrow David, roi ou bandit?

Non content de réécrire l’Ancien Testament, l’archéologue israélien Finkelstein égratigne encore le mythe de David. Glissant dans un passage de sa «Bible dévoilée» que le roi légendaire a pu être un hors la loi. «Le récit biblique le suggère très fortement, précise Thomas Römer. Il a d’ailleurs du mal à expliquer que David se comporte un peu comme un condottiere ou le chef d’une mafia rurale.

Après s’être allié aux Philistins, présentés comme des ennemis d’Israël, David a rançonné les paysans en leur proposant de payer pour être protégés.» La réécriture archéologique du personnage ne s’arrête pas à cette anecdote. Elle porte encore sur des questions politiquement plus sensibles, comme la grandeur réelle du royaume créé par David.

Selon l’archéologue, le «Grand Israël» du roi David se limitait en réalitéà quelques villages. «La remarque vaut encore pour Jérusalem, qui ne devient une ville importante qu’à partir de 722 avant J.-C., donc bien après David.»


Arrow Que reste-t-il de la Bible après Israël Finkelstein?

Impossible, donc, quand on a lu les 550 pages de «La Bible dévoilée», de relire l’Ancien Testament comme avant. Justement, que reste-t-il de ces récits après que l’archéologie les a ainsi réaménagés?

«Il faut lire, par exemple, les histoires de Saul, David et Salomon comme des textes qui nous montrent des modèles de roi à l’œuvre. Il y a Saul, l’anti-roi, celui qui fait ce qu’il ne faut pas faire. Mais il y a aussi David, le roi guerrier, et Salomon, le roi sage, le bâtisseur.

Ce sont des figures typiques qui rencontrent des problèmes typiques, comme la guerre, la construction, la sagesse, la fertilité, l’abondance... La Bible nous propose des modèles dont on peut s’inspirer ou que l’on devrait éviter d’imiter.» Des récits qui racontent la conquête militaire de Canaan, Thomas Römer propose de retenir l’idée que ces textes bibliques ne sont pas triomphalistes, écrits par un peuple qui conquiert son nouveau pays. Mais plutôt des récits de crise, qui ont permis au peuple d’Israël, quand il était en exil et divisé, de croire en un retour à la maison et d’y trouver un modèle identitaire quand il se sentait fragilisé par l’exil.
Enfin, on peut lire les récits d’Abraham et de Moïse comme des modèles qui permettent au lecteur de trouver une réflexion par rapport à des questions théologiques et existentielles. «L’histoire ne prouve pas la vérité des textes, mais la vérité peut surgir des textes, conclut le professeur de l’UNIL.

Quand on voit qu’Abraham est devenu l’ancêtre commun du judaïsme, de l’islam et du christianisme, cette figure a acquis un potentiel de réconciliation qui fait que, à la limite, savoir s’il a existé ou non n’a plus d’importance,à cause des valeurs qu’il véhicule aujourd’hui.»

Jocelyn Rochat

voir :
«La Bible dévoilée» (titre provisoire), un documentaire en quatre parties, qui sera diffusé en été sur la TSR (date non précisée), et repris cet automne sur TV5 Arte. Avec Israël Finkelstein et Thomas Römer.

A lire:
Thomas Römer et al., «Introduction à l’Ancien Testament», Labor et fides, 2004.
Thomas Römer, «Moïse, lui que Yahvé a connu face à face», Découvertes Gallimard, 2002.

Thomas Römer, «Enquête sur le «Dieu obscur»: faut-il brûler l’Ancien Testament?»,
Allez savoir N° 12, janvier 1998.

Israël Finkelstein,
«La Bible dévoilée», Bayard ( et Folio histoire (2004).
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Dernière édition par M.O.P. le Dim 21 Mai 2006 07:19; édité 1 fois
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M.O.P.
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MessagePosté le: Mer 10 Mai 2006 08:14    Sujet du message: Répondre en citant

«Il n’est plus possible de lire et d’appliquer la Bible à la lettre»

Professeur de théologie à l’UNIL, Thomas Römer s’explique sur les conséquences des recherches archéologiques sur la lecture de l’Ancien Testament.


http://www2.unil.ch/spul/allez_savoir/as32/pages/religion_2.html

Allez savoir! L’archéologue Israël Finkelstein raconte des histoires assez différentes de celles que l’on entend dans les églises...

Thomas Römer: Cela lui a valu un certain nombre de détracteurs, y compris en Israël. Parce que ses écrits ne plaisent pas à toutes les sensibilités du judaïsme, ni à celles du christianisme d’ailleurs. Cela dit, ce n’est pas un iconoclaste. C’est un chercheur sérieux qui a réussi à faire prendre conscience aux gens que l’archéologie n’est pas là pour prouver la Bible. Et ce qu’il dit en tant qu’archéologue rejoint un peu ce que l’exégèse la plus récente affirme également dans de nombreux domaines.

Si vous trouvez autant de points d’accord, c’est sans doute parce que vous lisez les textes bibliques moins à la lettre que vos prédécesseurs...

Il est vrai que, dans les années 50- 60 du siècle passé, les universitaires étaient habitués à une verve théologique que l’on n’a plus aujourd’hui. Mais je me dis que, quand on est à l’université, nous n’avons pas à faire du catéchisme. Nous faisons de la théologie. Nous sommes là pour donner une information la plus objective possible sur ces textes, sur leur lieu de production et sur leur contexte historique.

Que reste-t-il de la Bible après Finkelstein? Faut-il brûler l’Ancien Testament?

Il ne faut pas le brûler. C’est toujours un mauvais signe quand on brûle des livres. Il faut simplement se demander en quoi réside l’apport de ces textes. Est-ce que, par exemple, le récit de la traversée de la mer par Moïse et ses compagnons nous parle parce que l’on peut prouver que ça s’est vraiment passé, comme on pourrait le croire après les récents tsunamis? Je pense que l’on n’y gagne pas grand-chose. Il faut surtout voir l’idée qui est derrière: ces textes ont un caractère très symbolique qui vaut la véracité historique.

Par exemple?

Dans cette fameuse histoire de la traversée de la mer par le peuple qui fuit l’Egypte, il y a une allusion à la Genèse. Elle permet d’assimiler la création du monde à la création d’Israël, par sa capacité à passer d’un état à l’autre.

Découvrir que l’on doit relire la Bible autrement, n’est-ce pas très déstabilisant?

Il m’est effectivement arrivé de me retrouver face à un étudiant qui me disait:«Si ça ne s’est pas passé comme c’est écrit dans la Bible, tout s’écroule.» Ce n’est pas mon avis. Il y a un message très fort dans ces textes qui est indépendant de la soi-disant «véracité historique».

Une chose reste cependant claire: quand on a pris connaissance de ces recherches, on ne peut plus lire la Bible à la lettre....

C’est tout simplement impossible, et c’est assez facile à démontrer: même ceux qui prétendent le faire ont des a priori. Nous avons par exemple un débat sur les pasteurs homosexuels dans l’Eglise protestante vaudoise, avec des gens qui citent les textes bibliques pour expliquer qu’un tel cas de figure est inacceptable.

Je leur réponds que, s’ils veulent réappliquer ces textes, il faut aussi réintroduire la peine de mort par lapidation et ordonner aux femmes qui ont leurs règles de sortir du village. Comme vous le voyez, les lectures de la Bible au premier degré restent sélectivement fondamentalistes. Certains cherchent à légitimer des a priori avec des textes bibliques.

Du coup, la Bible devient une sorte de livre de recettes où l’on puise d’une manière qui n’est pas très équilibrée... Mais en réalité, si vous lisez attentivement les textes, vous voyez qu’il est impossible de les appliquer à la lettre.

Propos recueillis par J.R.
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MessagePosté le: Dim 21 Mai 2006 07:31    Sujet du message: Répondre en citant

Archéologie de la Bible
Le Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l'archéologie
Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, Bayard, 2002

http://perso.wanadoo.fr/marxiens/grit/bible.htm

- L'histoire des religions

Au moment où l'on nous appelle à une croisade du bien contre le mal, de la lumière de la raison contre l'obscurantisme islamiste, il est indispensable de revenir sur nos propres croyances, prendre la mesure de notre débilité mentale malgré la puissance terrifiante de notre science (Nous sommes des nains sur des épaules de géants). La seule attitude raisonnable face aux religions n'est ni le fanatisme, ni le rejet méprisant, mais d'en faire l'histoire. On ne s'imagine pas à quel point c'est difficile, presque impossible. La partialité est ici de mise. Il est assez comique de voir comme la science a pu être convoquée pour confirmer rationnellement la véracité de la Bible, de la traversée de la Mer rouge (entre autres miracles) jusqu'à la psychologie de Moïse. Quand on cherche des preuves, on en trouve toujours. Pourtant cela fait longtemps qu'on pouvait savoir que tout cela était pure invention. La religion juive a été (re)constituée par Cyrus (539), Esdras (458) et Néhémie (445) au retour de l'exil babylonien, sur la base de l'idéologie de Josias (639-609) complètement remaniée. Il n'y a donc pas d'Abraham, ni de Moïse (dont la naissance, "sauvée des eaux", est calquée sur l'origine légendaire de Sargon[1]), ni de conquête de la terre promise. Le monothéisme a une origine perse ou hittite (Ahura Mazda pour Zarathoustra ou le dieu Shamash des Hittites sur son chariot de feu).

Bien sûr, pour être convaincu, il faut se donner la peine d'aller voir dans le détail. Contredire ce qui est tenu pour vrai depuis des millénaires est bien difficile à croire, et l'on se laisse si facilement séduire par des histoires merveilleuses. Par contre, quand on se penche sérieusement sur l'histoire des religions, comme Jean Bottéro, ce qui est difficile ensuite c'est de continuer à y croire plutôt, même pour un moine. La synthèse des données archéologiques fournie ici par les auteurs est précieuse, mais se limitant à l'archéologie d'Israël, ne tient pas assez compte de ce que les recherches assyriennes avaient déjà montré (voir N. Kramer, L'histoire commence à Sumer) : qu'une large partie du matériel biblique était d'origine sumérienne ou akkadienne (l'histoire de Job, du déluge, l'Ecclésiaste, etc.) et plus globalement babylonienne (chérubins, code d'Hammurabi, etc.) beaucoup plus qu'égyptienne.

On avait aussi depuis longtemps des documents historiques (Documents araméens d'Egypte, Les éditions de Cerf, 1972) montrant qu'il y avait bien d'autres temples que celui de Jérusalem et aucun monothéisme avant Cyrus. Les lettres de commerçants juifs témoignent du culte de "Anat-Yahô", où Yahô est associé à la déesse Anat, ce qui est d'autant moins monothéiste que beaucoup d'autres divinités sont mêlées à leurs bénédictions. Seul le sabat peut-être les distinguait du reste de la population, ce n'est même pas sûr. Une lettre étonnamment explicite d'un envoyé du roi Darius ordonne aux juifs les prescriptions rituelles (sabat, fête des azymes, exigeant un pain sans levain, et se terminant par la formule : "Qu'il soit fait ainsi chez vous, selon que l'a dit le roi Darius" p384). Après les déportations mésopotamiennes, le mélange des langues, la destruction des dieux, Cyrus se voudra le libérateur des peuples à qui il rendra "leurs dieux et leurs terres", constituant le premier véritable empire, unité des peuples dans leurs différences. Dans la reconstitution de l'idéologie de Josias s'introduit pourtant largement l'intérêt de l'empire qui veut faire des juifs un rempart contre l'ennemi égyptien. L'exil babylonien et le retour des exilés sera ainsi projeté sur un mythique esclavage égyptien qui permet de justifier par la religion un antagonisme fondamental avec l'Egypte, conformément à la situation de l'époque.

On savait aussi depuis longtemps que les textes de la Bible compilaient des traditions différentes, celles de "Yahvé" puis YHWH/Adonaï, Dieu archaïque et jaloux, celle du cananéen "El", qu'on trouve dans Isra-ël (signifiant celui qui a lutté contre Dieu) et, enfin, celle d'Elohim (tous les dieux!), mais on arrivait à faire passer cela pour une preuve d'authenticité ! Il n'y a pas que les juifs à être concernés par le mythe biblique puisque chrétiens et musulmans s'en réclament. Les musulmans se veulent aussi les fils d'Abraham. Il est donc bienvenue que l'archéologie nous donne une idée plus précise de comment les choses se sont réellement passées derrière les récits fantastiques remaniés par les pouvoirs successifs.

On ne pourra examiner en détail ici l'histoire de la Bible, mais disons-le tout de suite, contester la vérité littérale n'est pas retirer toute valeur à une religion qui continue à nous inspirer. Certes, les revendications historiques des religieux juifs (sur Hébron et le tombeau des patriarches par exemple) perdent tout fondement mais on perçoit d'autant mieux que la profonde originalité de la religion hébraïque n'est pas tant le monothéisme que de se revendiquer comme religion d'anciens esclaves et de refuser la division en castes, à peu près en même temps que le bouddhisme sans doute. Si la religion de Zarathoustra valorisait déjà l'intériorité (la bonne foi), la Bible y ajoute la dimension tragique de la culpabilité, de l'exil, de la déchéance et de la persécution. Comme dit Raoul Vaneigem (Résistance au christianisme, Fayard), que la nation juive "garde foi, confiance, crédit en une déité qui lui est aussi contraire a de quoi étonner". Mais c'est aussi ce qui en fait toute la profondeur humaine et continue à nous émouvoir. Ne sommes-nous pas tous exilés de la vie ? Il n'y a pas si longtemps, Bob Marley chantait encore un magnifique "Exodus". D'ailleurs, toutes les religions de l'antiquité savaient différencier un sens historique littéral (exotérique), d'un sens moral et mystique (ésotérique). La dimension métaphorique est inéliminable de la langue. Prendre les mythes au mot est une sorte de folie interprétative, de l'ordre de la paranoïa, alors que ce qui compte c'est l'intention générale du récit, ce qu'il nous enseigne et nous fait vivre. L'importance donnée au caractère historique de la Bible est l'effet paradoxal d'un scientisme qu'on ne retrouve guère avant le XIXè siècle. Il est crucial donc pour la vérité religieuse et spirituelle de se détacher du sens historique et matériel en opposant aux fanatiques du texte les faits de l'archéologie.

- L'archéologie

Ainsi, ce livre nous montre qu'il n'y a pas eu de conquête de la terre promise car il n'y avait rien à conquérir avant le Xème siècle. Le sud de la Palestine ne possédait presqu'aucune ville encore, Jérusalem n'était qu'un minuscule hameau. Aucun peuple n'a pu venir conquérir le pays de Juda qui restera encore longtemps sous-développé, rural et clairsemé. Il n'y a donc pas de peuple venu d'Egypte sous la conduite de Moïse (cela n'empêche pas qu'il y a eu des Cananéens esclaves en Egypte lorsque Ramsès a détruit Avaris, capitale des Hyksos, mais cela n'a pas grand chose à voir avec la question, sinon quelques vielles légendes peut-être). On ne parle même pas d'Abraham dont le décor ne correspond absolument pas à sa datation supposée, mais tout-à-fait à l'époque d'Esdras et Néhémie. Les juifs sont des cananéens. Rien ne les différencie sinon d'être d'abord plus frustres peut-être, et d'habiter les terres hautes plus pauvres que les plaines. Se donner Abraham comme ancêtre était nécessaire pour prétendre appartenir à un peuple hautement civilisé.

"Ur était déjà renommée comme lieu de savoir d'une très haute antiquité ; mais son prestige augmenta considérablement dans toute la région lorsque, vers le milieu du VIè siècle av. JC, elle redevint un important centre religieux grâce au roi babylonien - ou chaldéen - Nabonide. Ainsi, le choix comme origine d'Abraham de la Ur des Chaldéens donnait aux Juifs à la fois distinction et ancienneté culturelle" 353.

"La plupart des Israélites ne venaient pas de l'extérieur de Canaan ; ils étaient indigènes. Il n'y a pas eu d'exode de masse en provenance d'Egypte. Le pays de Canaan n'a pas été conquis par la violence. La plupart de ceux qui ont constitué le premier noyau d'Israël étaient des gens du cru, ceux-là mêmes qui peuplaient les hautes terres durant les âges du Bronze et du Fer. Les premiers Israélites étaient - comble de l'ironie - d'origine cananéenne !" 143.

Il n'y a pas d'inconvénient par contre à croire en l'historicité de David qui gagne la "royauté" en terrassant avec sa fronde un géant d'une bande rivale (ce qui donne la mesure de l'importance de son royaume !). Tout n'est pas faux dans ces légendes mais l'archéologie démontre que Salomon est une pure invention de l'époque de Josias. Il n'y a pas de premier Temple, aucune trace ! Même si certains faits peuvent être historiques, dont une bonne part des noms de roi, toute l'histoire est arrangée pour servir les intérêts politiques de Josias ou des Perses. Impossible de s'y retrouver vraiment, pas plus qu'on ne peut retrouver un noyau historique à la légende du Roi Arthur par exemple. De nombreuses indications de lieux ou de peuples montrent avec évidence qu'il s'agit d'une reconstruction tardive faisant référence à des villes beaucoup plus récentes (comme Hébron) tout en ignorant les réelles grandes villes de l'époque comme Haçor.

"Si l'on se fonde sur l'étude archéologique, jusqu'à l'époque de David et de Salomon, et même au-delà, la population sédentaire de Juda était très minime ; le royaume était isolé, très marginalisé ; la contrée n'avait aucun centre urbain digne de ce nom ; elle manquait de la hiérarchie habituelle : hameaux, villages, villes" 159.

Ce qui apparaît clairement dans cette reconstitution, c'est que l'enjeu essentiel du Roi Josias était d'établir à partir de Jérusalem l'unité d'Israël (Nord) et de Juda (Sud), les récits bibliques ayant pour fonction de légitimer ce rattachement d'Israël à Jérusalem. La réalité est à peu près le contraire de ce que raconte la Bible. Alors que la Judée restait inculte, Israël s'est développée beaucoup plus tôt, sur les terres plus riches de Samarie et Galilée, échappant même au contrôle égyptien au début du IXè siècle av. JC. Loin de vouer un culte à Jérusalem, c'est à Béthel que se situe le temple d'Israël pratiquant par ailleurs le polythéisme et connaissant un assez grand mélange de populations. L'apogée d'Israël se situe de 884 à 842, sous le règne des Omrides calomniés dans la Bible.

"C'est à l'apogée de la prospérité du royaume du Nord, sous le règne de Jéroboam II, que nous pouvons trouver enfin la totalité des critères qui constituent un Etat : l'alphabétisation généralisée, l'administration, la spécialisation de la production économique et la maintenance d'une armée professionnelle. C'est aussi de cette époque que datent les premières protestations prophétiques. Les oracles des prophètes Amos et Osée, qui comptent parmi les premiers écrits prophétiques conservés, contiennent des passages qui décrivent l'apogée du règne de Jéroboam II" 247.

Ces prophéties de châtiments et destructions ayant été recueillies deux siècles après, ont été remaniées au profit de Jérusalem, tout comme les autres traditions et légendes. En tout cas, c'est la chute d'Israël qui va faire la fortune de Juda. Téglat-Phalasar III dévaste Israël et s'allie avec Juda (Achaz) au temps du premier Isaïe en -732. La destruction des villes du Nord comme Haçor amène un flux de population cultivée vers les villes du sud et surtout Jérusalem qui fait "un grand bond en avant". C'est alors que le judaïsme va commencer à s'élaborer.

"Mais d'où venaient ces richesses ? Sur quoi s'appuyait cette évolution vers la formation d'un Etat ? Il n'y a qu'une réponse possible : c'est que Juda s'était mis soudain à coopérer avec - voire à s'immerger dans - l'économie de l'Empire Assyrien [...] En même temps que cette extraordinaire transformation sociale, vers la fin du VIIIé siècle av. JC, se développa une lutte religieuse intense dont la conséquence directe fut l'émergence de la Bible telle que nous la connaissons" 281.

L'unification religieuse autour de "YHWH l'unique" et centrée sur le temple de Jérusalem, a des raisons à l'évidence politiques. Ce n'est pas encore un monothéisme pourtant mais plutôt un dieu exclusif et jaloux. Dans son élan, ce mouvement amènera Ezéchias à vouloir gagner son indépendance contre l'Assyrie, ce qui s'avérera désastreux, provoquant la riposte de Sennachérib en 701. Lakish fut entièrement détruite mais Jérusalem encore épargnée. Avec Manassé la prospérité et le polythéisme (la liberté religieuse) revinrent. Il sera calomnié par son successeur Josias, véritable fondateur du judaïsme puisque c'est lui qui invente le Deutéronome, soi-disant découvert lors des travaux de rénovation du Temple en 622, mais dont le style "ressemble de façon frappante à celui des traités assyriens de vassalité du début du VIIè siècle av. JC, qui énuméraient les droits et les devoirs des peuples sujets envers leur suzerain (dans ce cas présent, Israël et YHWH)" 319. Josias détruira le temple de Béthel et organisera la résistance à la nouvelle puissance égyptienne de Psammétique Ier mais le fils de celui-ci, Neko II, le tuera en 610 à Megiddo.

13 ans après, c'est la terrible invasion des forces babyloniennes de Nabuchodonosor (en 597) et la destruction du Temple. L'archéologie confirme "l'intensité de la destruction de Jérusalem par les Babyloniens restée visible à l'oeil nu pendant un siècle et demi après l'événement". On ne sait vraiment combien de juifs furent déportés à Babylone, entre 4000 et 8000 sans doute (surtout nobles et clergé) mais le pays se vida de ses habitants qui se réfugièrent en Egypte (Jérémie) ou ailleurs. Il semble que les exilés garderont leur identité ainsi que leurs rites religieux, mais ils se nourriront largement de la civilisation babylonienne, qui est la plus avancée de l'époque, au point que leur religion sera transfigurée en monothéisme, intellectualisée et largement méconnaissable.

Lorsque Cyrus renverse le pouvoir babylonien en 539 et renvoie les exilés à Jérusalem, il semble qu'environ 30 000 revinrent à travers le désert. C'est ce retour sur la terre de leurs ancêtres qui sera transposé dans la sortie d'Egypte et la prise de pouvoir sur les "cananéens" occupant les lieux. "La saga de l'exode faisait écho à leur propre situation de rapatriés" 351. On peut penser que la reprise en main de la région par ces rapatriés, au nom de l'empire Perse, ne se fera pas sans problèmes. La refonte de la religion est telle qu'il est téméraire, en l'état actuel de nos connaissances, de déterminer la part des innovations de Josias et celle d'Esdras dans la rédaction finale du Deutéronome. Je pense pour ma part qu'on surestime encore l'apport de Josias et qu'on sous-estime le fondement babylonien, qui est décisif dans sa constitution et son organisation étatique. Certes, on distingue littérairement deux versions du Deutéronome et deux Isaïe, correspondant à ce qui a pu être écrit avant ou après l'exil, mais l'ensemble, fixé vers 444 par Néhémie (ministre d'Ataraxerxès, le souverain perse), est bien une réécriture du passé, pur produit des luttes politiques et religieuses de ce temps qui fait écran aux réalités précédentes, comme en témoigne l'archéologie. Il faut souligner que c'est le remplacement de la royauté par l'administration perse qui donnera toute son importance au clergé resté implanté localement.

"A partir de ce moment-là, la famille davidique n'a plus joué aucun rôle dans l'histoire de Yehoud. En même temps, le clergé, dont l'importance s'était affirmée durant l'exil, et qui joua un rôle majeur parmi ceux restés à Yehoud, conserva son autorité en raison de sa capacité à préserver l'identité du groupe. C'est pourquoi, durant les décennies suivantes, le peuple de Yehoud fut gouverné par un système duel : politiquement, par des hauts-commissaires désignés par l'autorité perse, sans connexion aucune avec la famille royale davidique ; religieusement, par les prêtres. La monarchie ne jouant plus aucun rôle, le Temple devint le centre de l'identité du peuple de Yehoud. Ce fut l'un des tournants cruciaux de l'histoire juive" 350.

L'identité religieuse juive ne prendra pourtant toute sa dimension qu'avec les Zélotes et les Maccabées se révoltant en -167 contre Antiochus IV et sa tentative d'hellénisation forcée par la suppression de l'ancien culte et du pouvoir religieux. "Le zèle contre la Loi a produit le zèle pour la Loi". C'est la véritable origine du refus de l'assimilation et du culte de l'empereur qui leur attirera tous leurs ennuis futurs. La traduction de la Bible en grec, à la même époque (dite Bible des septantes), aura pourtant une importance décisive, permettant la diffusion de cette tradition dans tout le bassin méditerranéen où les juifs formaient déjà une diaspora qui prendra de l'ampleur bien plus tard (+70), après la Guerre des Juifs (Flavius Josèphe), puis leur expulsion de Jérusalem (+135). La destruction du temple transformera encore complètement l'ancien judaïsme désormais centré sur la synagogue et le texte sacré. La séparation du politique et du religieux qui en résulte caractérise le judaïsme depuis lors comme religion de l'exil (ce que la constitution de l'Etat d'Israël remet en cause désormais). Cette séparation sera reprise par les chrétiens, Augustin opposant la Cité de Dieu et la Cité des hommes. C'est un pas que l'Islam n'a pas encore franchi. N'est-il pas troublant de constater que la guerre reprend entre l'Irak et les Etats-Unis sur les terres de Babylone et de la Judée ? Guerre obscurcie par des discours religieux paranoïaques alors que nous partageons la même origine, la même tradition, mais aussi hélas le même aveuglement d'une foi refusant de reconnaître des vérités plus matérielles qui font retour dans le Réel avec une violence dévastatrice.

A partir de cette date (pas avant 135 donc), le christianisme, largement issu des Esséniens mais aussi du culte de Mitra, du néoplatonisme d'Alexandrie et du stoïcisme, pourra s'appuyer sur la diffusion de la Bible et la diaspora d'un peuple dominé, opposée aux diasporas des maîtres grecs et romains, pour devenir finalement la religion de l'Empire (en 325) qui étend la citoyenneté à tous ses sujets, maîtres comme esclaves, la personnalité juridique romaine trouvant là un fondement universel (Catholicon). Mais c'est encore une autre histoire (voir mon histoire des religions).

[1] Le Pentateuque (les livres "historiques" de la Bible) n'est pas sans évoquer L'épopée du roi du combat, mettant en scène le premier grand conquérant, Sargon d'Akkad qui régna 55 ans (2334-2279) et se proclama "oint de Dieu". Sa naissance est décrite ainsi : "Ma mère, la grande prêtresse, m'a conçu, en secret elle me porta. Elle me déposa dans un panier de joncs, avec du bitume elle en scella le couvercle. Elle me déposa sur la rivière de façon à ce que l'eau ne me recouvrît pas." (Pritchard, 1969, p119, ou "La mésopotamie", G. Roux, p177, Seuil, Points)
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MessagePosté le: Dim 21 Mai 2006 07:48    Sujet du message: Répondre en citant

http://histoireenprimaire.free.fr/ressources/bible.htm
Arrow La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l'archéologie
Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman
Bayard, 432 p., 2002


L’Exode a-t-il eu lieu ? Moïse se dressant face au Pharaon, déchaînant contre lui les 10 plaies d’Égypte, la fuite à travers la Mer Rouge, puis les Dix Commandements révélés au premier des Hébreux sur « le mont de Dieu »,

Ces épisodes bibliques sont parmi les plus évocateurs et les plus significatifs de la Bible. Sont-ils pour autant historiques ? Au risque de décevoir leurs lecteurs,

les auteurs affirment :

Citation:
« Nous n’avons pas la moindre trace, pas un seul mot, mentionnant la présence d’Israélites en Égypte : pas une seule inscription monumentale sur les murs des temples, pas une seule inscription funéraire, pas un seul papyrus. L’absence d’Israël est totale – que ce soit comme ennemi potentiel de l’Égypte, comme ami, ou comme peuple asservi. » A l’époque supposée de l’Exode, au XIII° siècle av. J.C., l’Égypte de Ramsès II est une puissance considérable, qui contrôle parfaitement les cités-États de Canaan. Des forteresses égyptiennes balisent la frontière, d’autres sont bâties en Canaan. Pour Finkelstein et Silberman, il est inimaginable qu’une foule d’esclaves hébreux aient pu fuir vers le désert et la Mer Rouge sans rencontrer les troupes égyptiennes, sans qu’il en reste trace dans les archives étatiques. Or, la plus ancienne mention des Hébreux est une stèle commémorant, à la fin du XIII° siècle av. J.C., la victoire du pharaon Merneptah sur le peuple d’Israël, mais en Canaan-même. Même absence de vestiges archéologiques dans le Sinaï, où les compagnons de Moïse ont, selon la Bible, erré pendant 40 ans.


Toutefois, pour n’être pas exacte d’un point de vue historique, la Bible, dans sa description de l’Exode, n’est pas pour autant une fiction littéraire :

Citation:
les toponymes (les noms de lieu) en Égypte, dans le Sinaï ou à Canaan, désignent bien des territoires historiques, mais plus proches là encore du VII° siècle av. J.C. que de l’époque présumée de l’Exode. (Ce dernier fait peut-être allusion à l’expulsion d’Égypte, bien réelle celle-là, des Hyksos, qui étaient eux-mêmes des Cananéens). Dès lors, ce récit d’un affrontement victorieux entre Pharaon et Moïse a pu devenir une saga nationale, une toile de fond mythique et encourageante alors qu’au VII° siècle av. J.C., la renaissance de l’Égypte menace les ambitions du roi de Juda, Josias.


L’origine des Israélites…Selon le texte biblique, Moïse confie la conquête de la Terre promise, Canaan, à son lieutenant Josué. Aidé par Dieu, Josué multiplie les victoires, comme à Jéricho, les murailles s’effondrant sous les trompettes de guerre. Là encore, la réalité archéologique contredit le Livre de Josué. Par exemple, les cités de Canaan n’étaient pas fortifiées ; aucune muraille ne pouvait donc s’écrouler… Surtout, l’idée même d’une invasion de Canaan par les Hébreux venus d’Égypte est contestée par nos auteurs.

Pour eux, les Hébreux sont en fait des peuplades indigènes de Canaan, qui ont développé progressivement une identité ethnique israélite. Loin d’être de lointains immigrés, loin d’avoir violemment conquis le pays, les Hébreux sont donc surtout des pasteurs, des éleveurs de Canaan, dont le mode de vie s’est modifié au point de les distinguer des autres peuples autochtones, par exemple par leurs habitudes alimentaires (l’interdiction de consommer du porc). Aux alentours de 1200 av. J.C., lors d’une crise très grave de la société cananéenne du littoral, ils ont colonisé les hautes terres de Judée et les montagnes de Samarie, habitant des villages non fortifiés très rustiques.
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MessagePosté le: Sam 10 Juin 2006 16:15    Sujet du message: Répondre en citant

Un premier Resume apres lecture du livre:

Qui a ecrit la thora et quand fut elle ecrite.

Selon finkelstein et beaucoup de specialistes avant lui, apres etude, on peut affirmer que les textes de la thora: les 5 livres de moise ou pentateuch.

furent au courant des siecles:
modifies (transformes), "corriges", "completes", denatures, par des auteurs inconnus.
Et ils le disent depuis le 18e siecle deja.

Quelques points souleves:

- Moise n'a participe a l'ecriture d'aucun des textes.
Ils sont tous sans exception l'oeuvre d'auteurs d'epoques beaucoup plus recentes.

Arguments:
- Des versions differentes rapportant les memes faits.
qui montre que les textes sont d'auteurs differents.
Exemple:
Dans le premier livre du Pentateuch, la Genese, on a :
2 versions tout a fait opposees de la creation (1,1-2,3 et 2,4-25).
2 arbres généalogiques assez différents pour les descendants d'Adam (4,17-26 und 5,1-2Cool
2 rapports rafistoles du deluge(6,5-9,17)

Et il existe plusieurs dizaines d'exemples du meme type, parfois meme en 3 versions differentes dans le cas des rapport sur les migrations des patriarches, la sortie d'egypte ou concernant les lois.

Cependant comme deja les premiers experts du 19e siecles l'ont fait remarquer, il s'agit dans le cas des doublures, non pas d'erreurs, mais de rapports differents.
Selon qu'il fut ecrit par des ressortissants du royaume du nord Israel detruit par les assyriens 720 ans av JC, ou de ressortissants du royaume du sud Juda detruit par les babyloniens 586 ans av. JC.
Caracterise par exemple, par l'utilisation de differentes appellation pour Dieu: JHWH(Jahwe) par les sudistes et Elohim ou El par les nordistes.

Ce qui montre que la thora est nee de la fusion de 2 versions differentes au moins, donc beaucoup plus tard.


Les anachronismes de la bible.

Il est pretendu que les faits relates dans la bible, se deroulent aux environs de 2000 ans av. jc.

- Prenons le cas des chameaux.
Ils sont continuellement mentionne dans les histoires sur les patriarches, generalement en troupeaux entiers.

Et dans l'histoire de joseph vendu par ses freres en esclavage, ils sont meme mentionnes comme bete de somme, utilises par des commercants en caravane.

Mais voila nous savons aujourd'hui, que les chameaux ne furent apprivoise que tard au courant du 2e millenaires av jc.
Et on n'a commence a les utiliser comme bete de somme dans cette partie du moyen-orient que bien apres le 1er millenaire av. jc.

Un detail encore plus important est le type de marchandise transporte par ces caravanes de l'histoire de joseph. ce sont des produits du commerce arabe au temps des assyriens 8e-7e siecle av. jc.

Sur les sentiers utilises par ces caravanes de chameaux, les archeologues ont pu trouves des ossements de chameaux en nombre qu'a partir du 7e sielces av. jc.

En outre on n'a trouve que des ossements de chameaux ages, qui montrent que ces chameaux n'etaient pas autochtones a la region(sinon on aurait trouve des ossements d'animaux plus jeunes).

Et les sources assyriennes le confirment, que ce n'est qu'a cette epoque que les chameaux furent introduits comme betes de somme, devenant si frequent dans le paysage pour justifier leur appararution comme detail dans les descriptions litteraires.

- Prenons le cas des philistins.
Mentionne lors de la rencontre d'isaac avec le roi philistin Abimelech, dans la ville de Gerar (genese. 26,1).
Ce qui montre qu'a l'epoque des patriarches, les philistin et la ville de gerar jouait un role important dans la region.

L'archeologie a aujourd'hui deja identifie cette ville de Gerar comme etant la ville Tel Haror au nord-ouest de Beerscheba.

Mais voila des fouilles dans cette region, ont demontre qu'a l'epoque denomme epoque de fer-I (1150-900 av. jc.) temps du commencement de l'histoire des philistins (indoeuropeen qui migrerent dans cette region), la ville de Gerar etait tout au plus un petit village sans importance.
Par contre au 8e-7e siecle av. jc. elle devint le siege de l'administration sud des assyriens, ville tres importante et tres bien protegee.
Un lieu de repere dans la region.

Alors que doit on en conclure, quand a l'epoque pendant laquelle se deroule l'histoire des patriarches ?
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