La mairie de Chaville continue à contester en justice l'attribution d'un HLM à la famille.
par Tonino SERAFINI
QUOTIDIEN : vendredi 12 mai 2006
Depuis la révélation de l'affaire du gang de Bagneux et la mort atroce d'Ilan Halimi, torturé par ses geôliers, la famille de Youssouf Fofana vit recluse dans son logement HLM, ou rase les murs lorsqu'elle en sort. Pendant plusieurs semaines, l'un des frères de Fofana, âgé de 13 ans, n'est pas allé à l'école, pour éviter les quolibets. Ses parents ont mis leur téléphone sur liste rouge. «Au lendemain de la révélation des faits, ils ont fait l'objet de menaces de mort, par téléphone et par courrier», indique l'avocat Me Philippe Missamou. Les menaces continuent. Plusieurs mains courantes ont été déposées au commissariat.
Contingent. A cause de l'émotion suscitée par cette affaire, le préfet des Hauts-de-Seine a accepté de déplacer la famille pour qu'elle soit moins exposée à la vindicte publique. Il a donc réquisitionné un logement social sur son contingent, dans la commune de Chaville (Hauts-de-Seine), à une vingtaine de kilomètres de Bagneux. La commission d'attribution de logements de l'Opivoy (l'office interdépartemental de HLM) s'est réunie le 6 mars et a validé l'octroi de cet appartement aux parents Fofana et aux deux enfants encore sous leur toit, malgré l'opposition du représentant du maire de Chaville.
«Ordre public». Cette décision a aussitôt provoqué un branle-bas de combat à l'hôtel de ville. Dès le 9 mars, le maire PRG (Parti radical de gauche) de la commune, Jean Levain, a saisi en référé le tribunal administratif (TA) pour faire suspendre l'attribution. Débouté, il a maintenu son action au fond pour faire annuler l'octroi de ce logement devant la justice administrative. La requête de la mairie est entièrement bâtie sur les risques de «trouble à l'ordre public» que ferait peser la venue des Fofana à Chaville. La mairie argue du fait que Youssouf Fofana «a suivi le chemin de la délinquance», qu'il «avait purgé quatre ans de prison avant de devenir le chef du gang des barbares» et qu'au vu de tout cela, «la famille de Youssouf Fofana n'est pas un modèle de tranquillité, bien au contraire». Cet argument fait bondir Me Philippe Missamou. «Ce n'est pas parce que le membre d'une famille commet un acte criminel que tous les autres doivent être punis.» Et de faire valoir que les parents Fofana sont assez accablés «pour qu'on vienne en rajouter».
Mais le maire de Chaville campe sur son refus. «Moi je défends les locataires de la tour [où a été octroyé le logement, ndlr]. La famille Fofana n'est pas blanc bleue. A partir du moment où [les locataires] apprennent ça, il pourrait y avoir des troubles à l'ordre public», a-t-il indiqué à Libération. Il s'indigne aussi ne pas avoir été prévenu par le préfet de cette attribution. «J'ai été mis devant le fait accompli. J'ai appris par une source extérieure que le préfet avait décidé de mettre dans un HLM de ma commune une famille dont toute la presse a parlé.» L'élu y voit même une manoeuvre politique : «Bizarrement, on a choisi la seule ville de gauche du coin pour les reloger.»
Refus. Selon Jean Levain, l'office départemental de HLM du conseil général des Hauts-de-Seine dont le président est Nicolas Sarkozy «a été sollicité, mais ils ont dit merde». Enfin, le maire croit savoir que les parents Fofana auraient finalement renoncé au logement proposé. Il tient cette information du sous-préfet. Mais selon Me Missamou, il n'en est rien. «La famille n'a pas envoyé de lettre de refus. Ce n'est pas dans leur intérêt, car ils continuent à subir des menaces.» La commune de Chaville a décidé de maintenir sa requête devant le tribunal administratif.
Ce qui est pratique avec nous, les Noirs, c'est que les fachos peuvent faire des économies : pour les juifs, il a fallu leur faire porter une étoile jaune, pour nous, on n'a besoin de rien !
Notre étoile, nous la portons sur la figure !
Sinon, dégueulasse l'ostracisme à l'égard de la famille Fofana (peut-être va-t-on trouver le moyen de les inculper de quelque chose, aussi ? ), depuis le début de cette détestable mascarade médiatique, je me demande quel est le traitement que reçoivent les Africains qui partagent avec ce malfrat le même patronyme Bon courage à ceux qui cherchent un logement ou du boulot en ce moment.
J'ai bossé avec un Africain qui s'appelait Fofana, à Paris, je lui souhaite bien du courage aujourd'hui _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Les parents et les frères de Youssouf sont menacés de mort. Le préfet décide de les reloger à Chaville, près de Paris. Mais le maire refuse : il ne veut pas d'histoires dans sa commune
Nous avons localisé avec précision votre tanière. Comme prévu dans notre précédent courrier, le moment venu, tranquillement mais sûrement, de manière sophistiquée, nous vous ferons payer»; «Vous êtes indignes de vivre. Vous êtes pires que des sauvages»; «Nous allons tuer Youssouf». Dans le dossier que feuillette l'avocat de la famille Fofana, il y a des dizaines et des dizaines de lettres anonymes. C'est Fatouma, la mère, qui les apporte à chacune de ses visites à Me Philippe Missamou. Elle a beau être illettrée, elle comprend bien ce qu'elles signifient. L'une d'entre elles est signée «Mohammed Himmler», résidant à «Auschwitz-sur-Seine». Depuis la découverte de l'atroce calvaire enduré par Ilan Halimi, en février, les parents de Youssouf Fofana sont inondés de lettres d'injures et de menaces de mort anonymes. Leurs deux enfants encore à charge, âgés de 13 et 23 ans, se font insulter dans la rue. Leur téléphone est sur liste rouge et ils sortent peu de leur logement. Et le plus discrètement possible.
Le préfet est alerté. Il décide de leur attribuer en urgence un des logements sociaux de son contingent. Un F4 situé dans le quartier du Gros-Chêne à Chaville, à une quinzaine de kilomètres de Bagneux. Le 6 mars, la commission d'attribution des logements de l'office interdépartemental d'HLM se réunit et approuve le relogement des Fofana, malgré le vote négatif du représentant de la municipalité de Chaville. Pour son maire PRG (Parti radical de Gauche), Jean Levain, c'en est trop. Il dépose dès le 9 mars un recours devant le tribunal administratif. Et plus de deux mois après il n'a pas décoléré, fâché de passer pour «le méchant maire qui persécute injustement les pauvres Fofana». «Le préfet m'a mis devant le fait accompli! Pas un coup de téléphone, rien! s'emporte-t-il. La moindre des choses, vu le contexte, aurait été qu'il me prévienne. Et pourquoi ne pas les mettre à Neuilly chez M. Sarkozy, à Antony chez M. Devedjian, ou à Boulogne-Billancourt chez M. Fourcade? Pourquoi justement dans une commune de gauche?» Colère politique, donc.
Dans sa requête en annulation, c'est pourtant une argumentation différente que le maire développe. Il met l'accent sur les possibles troubles à l'ordre public que l'arrivée des Fofana créerait dans le quartier : «La famille de Youssouf Fofana n'est pas un modèle de tranquillité», les exemples de Youssouf et de son frère aîné, également passé par la délinquance, pourraient avoir «déteint sur les autres enfants encore à la charge de leurs parents». Il craint notamment que «le [petit] frère de Youssouf Fofana ne commette des actes de délinquance ou n'intègre un groupe de délinquants du quartier, son frère étant malheureusement devenu un exemple pour certains». Si ce n'est toi, c'est donc ton frère, à la mode 2006. «C'est incroyable! s'insurge l'avocat de la famille Fofana. Nous ne sommes plus à l'époque primitive où l'on infligeait des punitions collectives au clan dont un membre avait failli!»
Plus étonnant, la requête du maire précise qu'une «population de confession israélite particulièrement nombreuse réside [...] à proximité de Chaville». Une population qui serait choquée par l'arrivée des Fofana, ce qui «pourrait engendrer des troubles à l'ordre public», notamment de la part des membres de la Ligue de Défense juive, «organisation d'extrême droite, connue pour ses discours virils et ses pratiques musclées». Si l'on résume, que cela vienne d'eux ou des autres, les Fofana ne peuvent apporter que troubles et embrouilles.
Reste un mystère : Jean Levain assure, bien qu'il maintienne son recours, que le sous-préfet lui a dit que les Fofana ont de toute façon «refusé ce logement». Leur avocat dit le contraire : «Le père est malade, la mère a du mal à se déplacer. Le F4 en question est situé au 15e étage, ils ont juste dit que c'était un peu haut, mais ils n'ont évidemment pas refusé. La réalité, c'est qu'on ne leur a jamais fait signer le bail. En tout état de cause, le relogement à Chaville paraît maintenant compliqué. Il faut qu'ils aillent ailleurs. Et discrètement.»
Je m'étonne également que les souffrances de ses parents n'intéressent que très peu de monde, sauf erreur de ma part, sur Grioo.
K.
Peut-être parce que la majorité avait déjà compris le topo dès le lynchage en règle de Fofana... sauf toi...
Personne n'a soutenu le criminel Fofana ici, on n'a parlé que de l'instrumentalisation de l'affaire.
Welcome to the real world _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Depuis le 13 mai, il suffit de relire correctement, Chabine a écrit:
Sinon, dégueulasse l'ostracisme à l'égard de la famille Fofana (peut-être va-t-on trouver le moyen de les inculper de quelque chose, aussi ? ), depuis le début de cette détestable mascarade médiatique, je me demande quel est le traitement que reçoivent les Africains qui partagent avec ce malfrat le même patronyme Bon courage à ceux qui cherchent un logement ou du boulot en ce moment.
J'ai bossé avec un Africain qui s'appelait Fofana, à Paris, je lui souhaite bien du courage aujourd'hui
Y'en a qui sont lents à la détente... _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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2011, annee Frantz Fanon
J'ai toujours estimé la défense de Youssouf Fofana sur Grioo comme déplacée et injustifiée. J'ai été étonné et je l'ai écrit, que ce criminel suscite des réactions, je dirais de solidarité.
Affirmation gratuite et infondée jusqu'à preuve du contraire
Kelamboo a écrit:
J'en ai marre des affirmations gratuites et des procès d'intention. Tu n'es en effet pas le premier à me prêter des propos ou des idées qui ne sont pas les miennes.
Si tu n'aimes pas ça faut pas commencer... _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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2011, annee Frantz Fanon
Posté le: Jeu 01 Juin 2006 01:02 Sujet du message:
Kelamboo a écrit:
Chabine a écrit:
Kelamboo a écrit:
J'en ai marre des affirmations gratuites et des procès d'intention. Tu n'es en effet pas le premier à me prêter des propos ou des idées qui ne sont pas les miennes.
Si tu n'aimes pas ça faut pas commencer...
Nooonnn !!! Ca n'arrive jamais, sur un forum du net, de déformer volontairement ou involontairement ou de ne pas comprendre les propos d'un intervenant ?
Kelamboo a écrit:
Chabine a écrit:
Kelamboo a écrit:
J'ai toujours estimé la défense de Youssouf Fofana sur Grioo comme déplacée et injustifiée. J'ai été étonné et je l'ai écrit, que ce criminel suscite des réactions, je dirais de solidarité.
Affirmation gratuite et infondée jusqu'à preuve du contraire
OK, je n'ai pas pas d'éléments probants pour te répondre, je ne me fonde que sur l'impression que je retire de la lecture des différents débats sur le cas Youssouf Fofana.
K.
Pour affirmer un truc aussi grave qu'une solidarité soi-disant affichée en ces lieux vis à vis du criminel Youssouf Fofana, il vaut mieux se baser sur autre chose que de simples impressions, tu ne penses pas ?
Surtout quand après, le même est infoutu de constater la solidarité, par contre très clairement exprimée, envers la famille Fofana, injustement traitée.
Bon, excuse-moi, mais j'ai autre chose à faire _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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2011, annee Frantz Fanon
Inscrit le: 14 Mar 2005 Messages: 994 Localisation: T.O
Posté le: Jeu 01 Juin 2006 01:12 Sujet du message:
Kelamboo a écrit:
Chabine a écrit:
Kelamboo a écrit:
J'en ai marre des affirmations gratuites et des procès d'intention. Tu n'es en effet pas le premier à me prêter des propos ou des idées qui ne sont pas les miennes.
Si tu n'aimes pas ça faut pas commencer...
Nooonnn !!! Ca n'arrive jamais, sur un forum du net, de déformer volontairement ou involontairement ou de ne pas comprendre les propos d'un intervenant ?
Mes contradicteurs innoveraient-ils en la matière, c'est-à-dire en m'attribuant des propos ou des idées qui ne sont pas les miens ?
K.
Ca me fait rire les gens comme toi qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez
les chinois on un proverbe a a propos d'un doigt qui pointe la lune et d'une categorie de personne qui fixent ce doigt au lieu de regarder la lune
personne ici n'a Jamais defendu le criminel Yousouf Fofana , mais il est un fait, que sa couleur noir a ete pour certains une circonstance agravante dans ce crime
pourquoi s'attaquer a sa famille cela n'a aucun sens , comme si en plus d'etre noir sa famille portait en elle le gene du mal absolu, ca me fait penser a un article sur le Journal marianne a propos de la petite fille de Papon qui travaillant pour le ministere des anciens combattant a ete d'abod renvoyes avant que cela fasse scandale
l'article le dit bien cela a un nom c'et de la discrimination pur et simple
avec la complicite d'un elue (apres qu'on vienne encore nous dire que le racisme n'est pas institutionalisé dans ce pays)
parce que ce qui vaut pour la famille Papon n'a pas l'air de valoir pour celle de Fofana
Serge Klarsfeld lui meme soutien la fille Papon aura on droit a la meme mansuetude pour les Fofana... j'en doute
Le droit de s'appeler Papon
N° 441 Semaine du 01 octobre 2005 au 07 octobre 2005
Parce qu'elle est la petite-fille de Maurice Papon, une jeune femme a perdu son poste au ministère des Anciens Combattants. Cette loi du sang a un nom : discrimination.
Auteur : Clerc Christine
Drôle de République, où un " violeur des parkings " , condamné pour 14 agressions en deux ans, est lâché dans la ville sans contrôle au motif qu'il aurait " payé sa dette à la société " (comme si cela lui donnait le droit, dès le mois suivant sa sortie, d'agresser trois jeunes femmes de plus !) tandis qu'ailleurs, dans la ville, une autre jeune femme, innocente, mais que le hasard a fait naître dans une famille proscrite, serait, elle, condamnée pour la vie à l'exclusion !
Car n'est-ce pas de cela qu'il s'agît lorsque des représentants d'anciens déportés exigent - et obtiennent - du ministre des Anciens Combattants qu'il renvoie l'une de ses conseillères techniques au motif qu'elle est la petite-fille de l'ancien préfet Maurice Papon ? Craindraient-ils pour eux ou pour leurs enfants ? Non, évidemment. D'ailleurs, les prétextes invoqués par le directeur de cabinet du ministre sont " l'émotion suscitée " et le fait que " nous sommes dans un ministère très particulier, celui de la mémoire " . Cette mémoire aurait-elle été insultée ?
La petite-fille du secrétaire général de la préfecture de la Gironde aurait-elle tenu des propos ou publié des écrits révisionnistes, antisémites et racistes ? Aurait-elle protesté publiquement, en 1998, contre la condamnation de son grand-père pour " complicité de crime contre l'humanité " ? L'aurait-elle aidé à échapper à la justice et à la police de son pays ? Au ministère, où elle côtoyait peut-être des fonctionnaires juifs ou fils de harkis, aurait-elle offensé quelqu'un ou quelqu'une par son attitude ou ses déclarations ? Rien de tout cela, que l'on sache. " Nous n'avons rien à lui reprocher" , confirme, embarrassé, le directeur de cabinet du ministre. Le crime de son ancienne conseillère technique, ce n'est même pas de s'appeler Papon : elle n'a pas hérité du patronyme de son grand-père. Son crime, c'est son sang. Comme si, dans notre République, les citoyens n'étaient pas libres et égaux, responsables individuellement de leurs actes, mais conditionnés par leur éducation supposée et par leur patrimoine génétique. Drôle de République...
Oh, j'entends déjà les protestations indignées : cela ne devrait même pas être mentionné, en regard des souffrances et des morts dans les camps. Mais alors qu'on le dise : il s'agit d'imposer la loi du talion. Plus : de pourchasser, partout, les petits-enfants de criminels contre l'humanité et de collabos. Jusqu'à extinction.
En attendant, la petite-fille de Papon avait tenté, comme discrète vacataire, même pas fonctionnaire titulaire, de se faire oublier. D'abord, au ministère de la Fonction publique, auprès de Jean-Paul Delevoye, actuel médiateur de la République. Ensuite, pendant quelques jours à peine (le temps qu'un écho parût dans le Parisien du 22 septembre), auprès du ministre délégué Hamlaoui Mekachera. Quelle tristesse que l'ancien officier harki ait pris la honteuse décision de la renvoyer ! Et cela, au moment même où, à Alger, le président Bouteflika appelait les fils et petits-fils de harkis à dénoncer - prétendument pour la " réconciliation nationale " - les " crimes de leurs pères " !
D'où vient-elle donc, cette loi du sang qui rendrait chaque individu comptable des actes de ses ancêtres ? Du Coran ? De la Bible ? Des Barbares ? En tout cas pas d'une République digne de ce nom.
Il est vrai que, depuis dix ans - depuis le fameux discours du 16 juillet 1995 au Vél d'Hiv où Jacques Chirac rappelait notre " dette imprescriptible " envers les victimes des déportations et proclamait la " faute irréparable de l'Etat français " -, les actes de repentance collective se sont multipliés, sur la collaboration, la colonisation, l'esclavage, etc. On peut se féliciter de cette démarche, après un trop long silence. On peut invoquer le " devoir de mémoire " . Mais voilà : s'il existe une responsabilité collective des personnes morales - l'Etat, la nation, l'Occident - auxquelles nous appartenons, passer de cette responsabilité collective à une responsabilité individuelle constitue une dérive grave et dangereuse.
Il est heureux que le médiateur de la République l'ait rappelé.
Heureux aussi que le propre fondateur de l'Association des fils et filles de déportés, Serge Klarsfeld, ait, pour sa part, tranché sans états d'âme : " C'est un cas de discrimination pure et simple. " Reste maintenant à réparer les torts causés. On dit que le Premier ministre, Dominique de Villepin, s'y emploie. Tant mieux ! Quant à ceux qui ont poussé à l'éviction de la petite-fille Papon, le savent-ils ? Ils font penser à ces prétendus chrétiens pour qui les juifs portent toujours la culpabilité de la mort du Christ. Que l'on soit enfant de bourreau ou enfant de victime, cela s'appelle de la discrimination
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