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Réhabilitation Judas , une nouvelle passion

 
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GUIDILOU
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MessagePosté le: Mer 24 Mai 2006 21:37    Sujet du message: Réhabilitation Judas , une nouvelle passion Répondre en citant

http://www.lepoint.fr/societe/document.html?did=178576
Citation:
Réhabilitation
Judas, une nouvelle Passion

La découverte en Egypte de l'Evangile apocryphe selon Judas relance les supputations sur l'« apôtre noir » du christianisme. Derrière le débat spirituel, intrigues, appétits financiers et querelles politiques.

Jérôme Cordelier

Quel crédit accorder à cet Evangile selon Judas qui vient d'être révélé au grand public ? Découvert par un paysan dans une grotte égyptienne en 1978, ce codex antique est d'abord vendu à un joaillier du Caire. Dérobé par des cambrioleurs, il est revendu au marché noir avant d'être retrouvé par son propriétaire, qui l'abandonne dans le coffre d'une banque américaine... pendant seize ans. En 2000, le précieux document, dont on ignore encore la teneur, est finalement acquis par une antiquaire suisso-grecque. Les meilleurs experts l'analysent. Et mettent au jour un Evangile apocryphe selon Judas vieux de près de 1 700 ans ! L'affaire est lancée par un documentaire - à la mise en scène hollywoodienne - multidiffusé sur les chaînes télévisées de National Geographic, qui publie en parallèle deux livres.


Les médias se passionnent, l'opinion s'étonne, le Vatican se tait. Ces 13 feuilles de papyrus écrites recto verso contiennent-elles une bombe susceptible de « déclencher une crise de la foi », comme l'annonce un chercheur dans l'introduction du film ?

« Voici le récit secret de la révélation que Jésus fit à Judas trois jours avant Pâques » : ainsi commence le texte de cet Evangile. Au coeur du message, ces paroles que Jésus aurait dites à son disciple : « Judas, tu vas sacrifier l'homme qui me revêt. L'étoile qui montre le chemin est la tienne. » Décryptage : Judas n'est pas le traître que l'opinion connaît, suivant la doctrine officielle de l'Eglise ; bien au contraire, c'est par lui que Jésus accède au royaume des cieux. Révolutionnaire ? Moins qu'on pourrait le penser. « La figure de Judas est réhabilitée dans ce texte, car son rôle négatif trouve une explication positive, commente, dans un entretien à La Croix et au Monde de la Bible, le professeur Rodolphe Kasser, qui a traduit le codex, mais il faut dire et redire qu'il s'agit d'une interprétation postérieure, imaginée au IIe siècle de notre ère. »

Le document est vraisemblablement un texte grec écrit par une secte chrétienne, les gnostiques, et traduit en copte au IIIe ou au IVe siècle. Précision importante : le codex ne rapporte pas des conversations entre Jésus et Judas, il imagine. C'est pour cela qu'il a été écarté de l'histoire officielle par l'évêque Irénée de Lyon (vers 130-202 après J.-C.), chargé d'établir le canon de l'Eglise catholique. Pour fixer la doctrine de la foi à une époque où les chrétiens sont persécutés, Irénée sélectionne quatre Evangiles - sur une trentaine -, privilégiés parce que leurs auteurs sont des témoins directs.

Irénée est le seul à évoquer cet Evangile selon Judas. « Il le nomme de manière rapide, sans donner de précisions, au premier paragraphe du chapitre 31 du Livre I de son "Traité contre les hérésies", écrit entre 180 et 185, explique le père Michel Quesnel, bibliste et théologien. Irénée parle de "Judas-le-traître" auquel Jésus aurait révélé son intention de "détruire tout ce qui est terrestre et céleste". » L'évêque de Lyon décèle dans cette interprétation l'influence de la secte des Caïnites.

Voici venue la revanche de Judas, cette « âme en peine » pour qui le jeune Bernanos faisait dire des messes et sur le sort duquel Pagnol, qui lui avait consacré une pièce de théâtre, s'interrogeait : « C'est une affaire qui ne tient pas debout. Il doit y avoir autre chose. » « Le baiser du traître est, comme la lance et les clous vénérés, un des instruments nécessaires de la Passion, écrivait Anatole France. Sans Judas, le mystère ne s'accomplissait point et le genre humain n'était point sauvé. »

Après Marie Madeleine, Judas. Ce codex est, certes, un document exceptionnel. Mais change-t-il pour autant le cours de la foi ? Question essentielle. Qui laisse circonspect l'historien des religions Jean Delumeau. « L'apport de cette découverte est surtout de montrer que le christianisme primitif était plus divers et plus polymorphe qu'on ne le qualifiait, retient-il. Ce texte indique qu'un groupuscule chrétien considérait Judas comme un personnage positif. Mais en quoi cela bouleverse-t-il le fond du message évangélique ? Jésus reste le Sauveur, qui s'offre comme victime porteuse des péchés du monde. Si l'on suit la thèse de cet apocryphe, il demande simplement à Judas de lui faciliter le passage. »

Ces considérations spirituelles, l'antiquaire Frieda Nussberger-Tchacos, la propriétaire du codex, ne paraît pas s'y attarder. « Je me sens liée à Judas. Je suis intimement convaincue que je suis destinée à le réhabiliter », confie-t-elle dans le documentaire diffusé par National Geographic, non sans arrière-pensées financières.

Pourquoi réhabiliter Judas, hic et nunc ? Un autre homme verse sa pièce au dossier. Dans « Le livre de Judas », paru aux PUF en février, le philosophe français Nicolas Grimaldi défend l'« universel réprouvé », le « seul auquel Celui qui pardonne à tous ne pardonnera pas ». « Comme on arrache les insignes d'un officier qu'on dégrade, l'iconographie l'a dépouillé de son auréole », pointe l'auteur.

Déjà, en 2001, le sulfureux frère dominicain Jean Cardonnel argumentait, dans un livre, des émissions télévisées de grande écoute et même sur la scène de l'Olympia, invité par... Dieudonné ! : « Jésus n'avait pas besoin d'être trahi pour être arrêté, condamné à mort et crucifié : il était un danger pour tous les pouvoirs. Il n'avait pas besoin d'être désigné : il était connu comme le loup blanc. » Thèse : « On a noirci Judas pour édulcorer Jésus. Il fallait un traître pour faire du Christ le réformateur de la pureté des moeurs. »

Après Marie Madeleine, popularisée par « Da Vinci Code », Judas. Aux fondements de ces réhabilitations en série, des Evangiles apocryphes ressortis des limbes de l'Histoire. « Plusieurs courants marginaux, qui étaient nombreux et divers au début du christianisme, ont cherché à s'approprier des personnages de second ordre pour les mettre au premier plan, dit le bibliste Michel Quesnel. L'Evangile selon Marie, trouvé lui aussi en Egypte, mais de provenance inconnue, plaçait ainsi en avant Marie Madeleine - thèse qui servira de base à "Da Vinci Code". Ce fut aussi le cas avec l'Evangile selon Thomas, qui fut découvert à Nag Hamadi en version copte entre 1945 et 1947. A l'époque, il y eut une montée de l'opinion comparable à celle qui entoure la révélation de l'Evangile de Judas aujourd'hui. On a tiré plusieurs éditions du document. Nombre d'auteurs s'en sont servis pour diffuser une théorie du complot suivant laquelle l'Eglise aurait étouffé ces textes. »

Sur Judas, la position de l'Eglise a varié. « Au début, il n'intéressait pas grand monde : il n'est mentionné qu'à six reprises dans les quatre Evangiles, relève Pierre-Emmanuel Dauzat, auteur d'un récent "Judas, de l'Evangile à l'Holocauste " (Bayard). Jusqu'à saint Augustin, il est damné car il a trahi le Christ. Après, sa damnation est liée à son suicide, c'est-à-dire à son non-repentir. Origène, l'un des premiers Pères de l'Eglise et commentateur des Evangiles, le seul à avoir examiné toutes les hypothèses, considère qu'il est habité par Satan, donc innocent, et qu'il sera sauvé comme les autres. »

Un épouvantail dont tout le monde se sert. Le personnage s'est construit au fil des siècles, parfois sur des fantasmes. « On a inventé un mythe Judas, poursuit Dauzat. On lui a imaginé une femme - laquelle l'aurait poussé à trahir pour de l'argent - puis des enfants. Dans les premiers textes, il est très beau, très courtisé par les femmes alors que Jésus est plus laid. Puis Judas devient très ingrat physiquement quand Jésus prend l'aspect d'une beauté sulpicienne... » Judas est instrumentalisé par les uns, par les autres. « On se sert de son ambivalence, retient Pierre-Emmanuel Dauzat. La traîtrise de Judas constitue les racines de l'antisémitisme. Joseph Ratzinger [futur Benoît XVI] raconte dans ses Mémoires qu'enfant le régime nazi le forçait à chanter à l'école "Judas à mort !" ; pourtant, Goebbels lui-même a écrit une "apologie de Judas"... »

Qui a fait de lui l'apôtre noir ? « Le premier à le définir dans toutes ses vilenies et sa laideur, à en faire le mythe que nous connaissons aujourd'hui, c'est Jacques de Voragine, dans "La légende dorée", au Moyen Age, raconte Pierre-Emmanuel Dauzat. Puis Judas prend de plus en plus d'importance à partir du moment où le christianisme est érigé en institution et qu'une partie de la chrétienté a besoin d'un juif bouc émissaire. » Mais Judas est un épouvantail dont tout le monde se sert. « Le Judas noir devient vraiment un cliché à la fin des Lumières, soutient l'auteur. Depuis, on l'utilise régulièrement pour attaquer le christianisme. On dénigre Jésus et on garde le personnage de Judas comme symbole de la trahison. Le personnage de Judas ramène l'une des histoires les plus sublimes aux dimensions d'un roman policier. »

Un polar exhumé aujourd'hui, après mille sept cents ans, d'une grotte du désert égyptien qui servait autrefois à l'inhumation des morts



© le point 18/05/06 - N°1757 - Page 70 - 1445 mots

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GUIDILOU
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MessagePosté le: Mer 24 Mai 2006 21:39    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
http://www.liberation.fr/page.php?Article=373135
L'Evangile selon Judas» sort du purgatoire
«National Geographic» publie un manuscrit trouvé à la fin des années 70.

par Pascal RICHE
QUOTIDIEN : vendredi 07 avril 2006

Washington, de notre correspondant.



Le Vatican peut recommencer à se faire du mouron. Après le polar-farce Da Vinci Code, une vraie torpille hérétique pointe son nez : l'Evangile selon Judas, ou les derniers jours du Christ par celui qui l'a trahi. Il ne s'agit pas cette fois d'un roman, mais d'un texte venu du fond des âges. Dès le IIe siècle, saint Irénée, évêque de Lyon, évoquait ce document, parmi d'autres, pour le dénoncer. Il avait disparu. Cachée pendant plus de 1 700 ans dans les sables du désert égyptien, une de ses versions a refait surface hier matin, dans le grand amphithéâtre de la revue National Geographic, à Washington, une semaine avant Pâques. Signe que les passions soulevées par le Da Vinci Code ne sont pas calmées, la salle était pleine de journalistes et caméras.

Puzzle de 1 000 pièces. L'Evangile selon Judas a été trouvé à la fin des années 70 près de Beni Mazar, en Egypte, à l'intérieur d'un codex contenant d'autres manuscrits couchés sur papyrus. Il est passé de main en main dans le monde trouble des antiquaires. Pendant seize ans, il a pourri doucement dans un coffre de la Citybank de Long Island, l'antiquaire égyptien qui le possédait alors, Hanna Asabil, n'ayant pas réussi à le revendre au prix qu'il escomptait. En 2000, sa collègue suisse Frieda Nussberger-Tchacos l'a racheté. Il était alors très détérioré, en un puzzle de 1 000 pièces. La fondation Maecenas pour les arts anciens, basée à Bâle, a commencé à l'authentifier, restaurer, traduire. Un accord trouvé avec National Geographic pour sa publication, le manuscrit a été promis à un musée du Caire.

Le document contient une traduction, en copte dialectal, d'un texte grec. Le texte révèle des conversations privées entre Jésus et Judas, à quelques jours de Pâques. «Jésus dit à Judas : "Tu surpasseras tous les autres. Car tu sacrifieras l'homme qui me sert d'habit"», peut-on lire. Ou encore : «Jésus dit à Judas : écarte-toi des autres. Je t'enseignerai les mystères du royaume. Tu pourras l'atteindre, mais pour cela, tu souffriras beaucoup.» La lecture du texte, rédigé entre 130 et 180 après Jésus-Christ, présente donc Judas comme le premier des apôtres, l'Initié. «Non seulement un type bien, mais le seul apôtre qui comprend les secrets révélés par Jésus», glose Bart Ehrman, professeur à l'université de Caroline-du-Nord. Selon la version la plus communément admise par les chrétiens, Judas, fils de Simon l'Iscariote, trahit Jésus pour 30 pièces d'argent, poussé par la cupidité et séduit par Satan. Pris de remords, il s'est pendu. Mais cette version a toujours soulevé des questions. Pourquoi Jésus a-t-il confié l'argent de son groupe à Judas, s'il ne lui faisait pas confiance ? Si le sacrifice du Christ était un plan divin, où était le libre arbitre de Judas dans sa trahison ?...

Les experts invités par National Geographic se gardent évidemment de tirer des conclusions sur l'impact que peut avoir le texte sur l'interprétation des Evangiles. Ils se contentent de souligner la valeur historique du document, qui met en lumière à quel point le monde des premiers chrétiens était «varié» et «vivant». Seul le professeur Craig Evans, professeur à l'Acadia Divinity College, au Canada, se risque à se demander si le texte recopié sur le papyrus par des gnostiques n'avait pas «préservé des informations issues du premier siècle», éclairant d'un jour nouveau les relations Jésus-Judas.

La plupart des responsables de l'Eglise catholique haussent derechef les épaules. C'est une «fantaisie religieuse», a tranché Walter Brandmuller, chef du comité pontifical pour les sciences historiques, à Rome.

En voie de réhabilitation. Mais même au sein de l'Eglise, Judas connaît depuis quelques décennies une forme de réhabilitation. L'Eglise est aujourd'hui très prudente quant au sort que Dieu a réservé à Judas après la mort de ce dernier. Jusque-là, il était convenu que le traître brûlait en enfer. Jésus n'avait-il pas lui-même dit de lui : «Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit jamais né !» (Matthieu 26 : 24) ? Mais, dans son livre Entrez dans l'espérance (1994), le pape Jean Paul II a remis en cause cette thèse : la phrase rapportée par Matthieu «ne doit pas être comprise comme la damnation pour l'éternité», a-t-il jugé.

Le document ne conduira certes pas à la canonisation de Judas, mais il renforcera ceux qui jugent que l'apôtre est injustement traité. Selon Marvin Meyer, professeur à Chapman University (Californie), qui a aidé à la traduction du Codex, si «évangile» («bonne nouvelle») il y a, c'est que ce manuscrit peut aider à casser «l'image de Judas, Juif diabolique» qui a toujours nourri l'antisémitisme.[/b]

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GUIDILOU
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MessagePosté le: Mer 24 Mai 2006 21:42    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.bethel-fr.com/afficher_info.php?id=17068.89

Citation:
Archéologie: Vers la réhabilitation de Judas ? par Paul Giniewski
(Le Lien)
date: 2006-04-21 | rapporteur d'info: nicolas





Peu avant Pâques et Pâque, les médias français et internationaux ont fait état du déchiffrage récent d'une découverte archéologique majeure : un manuscrit égyptien ancien du IIIe ou IVe siècle de notre ère, d'ailleurs mis au jour il y a près de trente ans.

Par Paul Giniewski

Il s'agit du texte de l'Evangile de Judas, un apocryphe connu depuis plus de dix-neuf siècles. Selon l'évêque Irénée de Lyon, il aurait été utilisé par la secte gnostique des Caïnites au IIe siècle. Judas, le traître de la tradition, y est présenté comme le plus fidèle des disciples de Jésus, qui le livre aux Ro- mains afin que s'accomplisse le destin que son maître a choisi. Cette réinterprétation du rôle de Judas paraîtra révolutionnaire à la plupart des Chrétiens. Or, elle a été avancée par certains exégètes bien avant la découverte de l'Evangile de Judas. Pour plusieurs ordres de raisons théologiques et historiques que les exégètes ont développées. Ils ont notamment fait état de ces paroles de Jésus, selon l'évangéliste Jean : "Je donne ma vie. Personne ne me l'enlève, mais je la donne moi-même" (Jean, 10, 17-1Cool. Et il aurait lui-même prévu "de quelle mort il allait mourir" (Jean, 12, 33). Aussi le Catéchisme du concile de Trente a-t-il confirmé : "Jésus-Christ a choisi la croix pour y mourir". "Il mourut en maître de la mort, au moment même où il avait décidé de mourir, sa mort fut l'effet de sa volonté et non de la violence de ses ennemis". Il "a été livré à la mort par son Père et par lui- même" (1). Et le concile de Vatican II a tranché dans Nostra Aetate : "Jésus s'est soumis volontairement à la Passion et à la mort".

Judas et Jésus complémentaires
Pour les exégètes, la révision de l'attitude prêtée à Judas se fondait aussi sur des raisons de logique. Comme le faisait remarquer avec esprit le grand historien catholique Ernest Renan au XIXème siècle, il paraît absurde de faire agir Judas par cupidité. Il serait étrange qu'un homme qui tenait la bourse, et savait ce qu'il perdait par la mort de son chef, ait abandonné les profits de sa charge pour la somme minime de trente pièces d'argent. Et si c'était un homme intéressé il aurait réalisé, comme le redit un autre historien avec la même malice, que l'arrestation de Jésus lui faisait perdre son emploi Manifestement, Judas était poussé par sa foi en Jésus à l'aider à révéler toute sa puissance. On a dénaturé son geste salvateur, probablement encore plus indispensable à l'économie de la révéla tion chrétienne que l'attitude déicide prêtée aux Juifs. En réalité, Jésus et Judas ont été complémentaires. "Nous deux devons sauver le monde, aide-moi" dit Jésus à son compère Judas dans un roman de Nikos Kazantzakis. Ce sont des mots plausibles dans la bouche de Jésus conformes à la logique de l'aspiran Messie. En fait, ils apparaissent à peine imaginaires, tant ils sont dans le droit fil des déclarations de Jésus selon Jean selon le Catéchisme de Trente et selon Nostra Aetate. Quand Judas eut donné son baiser à Jésus, celui-ci lui dit : "Mon ami, fais ta besogne" (Matth 26, 50). E dans les Actes d'André, l'apôtre André apporte cette précision : "Il ne s'enfui pas pour échapper au traître, mais resta là où il savait qu'il allait venir" (2). Le baiser de Judas apparaît donc comme le contraire d'un signe de trahison : un geste de connivence, et il pourrait révé ler la véritable nature de l'événement et du lien entre Jésus et son disciple contraire à l'acceptation traditionnelle.

Jésus, Judas et Pierre
Or, à lire les diatribes nombreuses qui émaillent l'exégèse, on a l'impres sion d'un véritable complot ourdi contre Judas, transformant un féal en traître Avait-on besoin d'un méchant servant de repoussoir aux "bons", antithèse conforme à la vision en noir-ou-blanc, en tout-ou-rien qu'on retrouve dans certains écrits des Pères de l'Eglise ? Ce mani chéisme apparaît dans la double pesée de Judas-qui-livra et de Pierre-qui-renia pourtant associés dans une double et simultanée trahison de Jésus. Jésus avait annoncé celle de Pierre ("Avan que le coq ne chante, tu me renieras trois fois") comme il avait prévu celle de Judas au cours de la Cène. Selon l'évangéliste Jean, si Jésus connaît dès le début "celui qui allait le livrer", il connaît aussi parmi les disciples, "quels étaient ceux qui ne croyaient pas" (Jean 6,46). "Ceux" : au moins Judas et Pierre. Pourtant on affectera du seul signe négatif l'action de Judas, on fera de Pierre la pierre angulaire de l'Eglise, alors que les deux "traîtres" sont égale- ment innocents, le seul "coupable" étant Jésus, qui a utilisé, pour réaliser son dessein, ses deux compagnons de combat.

Des auteurs chrétiens commencent d'ailleurs à réinterpréter le rôle de Judas dans leurs commentaires, non pas dans l'intention avérée d'élaborer un pan de l'enseignement de l'estime, mais pour retrouver la vérité sur les circonstances de la vie de Jésus. Ainsi, Simon Legasse, un auteur qui cherche à démontrer l'historicité des événements relatés dans les Evangiles, n'en estime pas moins que les évangélistes ont fortement exagéré le rôle de Judas, son baiser comme son ordre à la troupe : "Arrêtez-le et emmenez-le sous bonne garde". Les évangélistes auraient accru le rôle de Judas pour "prémunir les chrétiens de ce qu'ils seraient tentés de faire en apostasiant" (3). D'autres exégètes s'emploient non à minimiser le rôle de Judas, mais à montrer au contraire la responsabilité grandiose qu'il a assumée dans l'économie du salut, tel que le conçoit la tradition chrétienne. Le théologien allemand Heinz Zahrnt prête une fonction très active à Judas, pour qui il n'est pas tendre, dont le mé- fait incarnerait "le problème insoluble de la puissance du mal face à la toute-puissance de Dieu". Il n'en admet pas moins que Judas "ne veut pas détruire Jésus, mais le gagner à son projet : l'amener enfin à divulguer son secret messianique et se mettre à la tête de l'insurrection contre les Romains". Judas aurait été "l'instrument de Dieu" (4).

"Trahir" veut dire "révéler"
Alain Houziaux, pasteur de l'Eglise réformée de France et docteur en théologie, est allé beaucoup plus loin dans l'exaltation du rôle instrumental de Judas, dans une courte mais pénétrante étude parue en 1996, qui donne l'initiative unique à Jésus. Elle commence par cette phrase lapidaire : "Je voudrais réhabiliter Judas le traître", et le Christianisme au XXe siècle qui la publie, la résume par cette autre phrase : "Houziaux fait de Judas, personnage décrié depuis la nuit des temps, celui qui ac- cepte de 'révéler' le Christ, sur sa demande". Houziaux montre que Jésus a chargé Judas d'une mission précise, celle de le trahir de sorte qu'il "puisse, conformé- ment aux Ecritures, être crucifié le jour de la Pâque juive". Il montre, textes de Luc et de Jean à l'appui, comment Jésus a été amené à cette tactique. Les Romains ne faisant pas mine de le prendre, "lui et ses disciples, pour des agitateurs politiques", Jésus leur avait demandé d'aller le dénoncer auprès des Romains, mais "aucun ne veut se charger de cette sale besogne". S'il demande finalement à Judas d'accomplir cette mission difficile, c'est sans doute que c'était celui des douze en qui il avait le plus confiance, qui avait le mieux compris que "la vocation de Jésus devait s'ac- complir par sa mort" qui ferait retrouver au peuple d'Israël (Judas était-il zélote ?) son indépendance.

Alain Houziaux démontre ces inten- tions et ces finalités non seulement à partir des textes des Evangiles, mais en serrant de près le sens des mots. Judas "trahit" Jésus, mais le même mot grec signifie "trahir" et "révéler". Donc, dira Jésus, "c'est par un baiser que tu révèles le Fils de l'homme" (Luc, 22, 4Cool. Le traître par excellence de la tradition chrétienne n'a pas fait le mal. Il a ac- compli le plan de Dieu. Et c'est à tort qu'il s'est suicidé : "Il a fait le bien sans le savoir". La "trahison" de Judas était de surcroît une action collective : "Après que Jésus lui a demandé d'aller le dé- noncer auprès des Romains, les autres disciples le laissent faire. Ils n'ont pas le courage de trahir eux-mêmes Jésus, mais ils ne veulent pas empêcher que Judas soit l'agent grâce auquel les Ecritures doivent être accomplies" (5). En somme, Pierre et Judas ne sont pas seuls à avoir "trahi" leur maître. Tous ses compagnons, pris de panique, l'ont abandonné après son arrestation et sa condamnation, l'ont renié tacitement avant de revenir vers lui lors de sa résur- rection. Judas a été le plus conséquent d'entre eux. Après avoir fait ce qu'il avait été chargé de faire, il s'est, courageu- sement, suicidé. On se souvient du sondage d'un grand quotidien français où Judas apparaît comme le plus antipathique des personnages bibliques. C'est une grande injustice. Il serait bien de recon- naître et de réhabiliter ce "méchant".

Une trahison juda-ïque ?
Car indubitablement, cette réhabilitation aurait un effet sur la condition juive. Au cours de l'histoire, on a fortement identifié les Juifs à Judas, on a prêté aux Juifs les stéréotypes négatifs dérivés des caractéristiques du personnage des Evangiles : traître, cupide, escroc, hypocrite. Le chercheur américain Ron Rosenbaum note que le portrait de Judas incite à la haine. S'il n'est pas décrit comme Juif dans les Ecritures, il y est littéralement démonisé : "Satan entra en Judas" (Luc, 22,3), "Judas fut pris par le démon" (Jean, 13, 2) et "cette caractérisation est rendue officielle dès le Ve siècle" par le pape Gelase I, qui dénonce ce "démon et serviteur du démon qui donne son nom à toute une race" (6). Toute une race ! Quelle race ? La race des traîtres, des cupides, des escrocs, des hypocrites, ou plus simple- ment la race des Juifs ? Rosenbaum rappelle le récit évangélique : "Malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme est livré ! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né" (Marc, 14, 21). La pérennité de l'histoire de Judas, l'inculcation aux générations successives de l'idée de trahison judaïque pour un argent taché de sang, "aurait fini par créer une soif de vengeance" (7). Ainsi, en dehors des nouveautés que pourrait apporter le texte de l'Evangile de Judas récemment décrypté, le rôle de Judas semble aujourd'hui reconnu par d'éminents savants. Il serait bon que ce rôle soit souligné par le nouvel "enseignement de l'estime", qui, à l'initiative des papes Jean XXIII, Jean-Paul II et Benoît XVI quand il n'était encore que le cardinal Josef Ratzinger, a pris la relève du traditionnel "enseignement du mépris".
P.G.

NOTES
(1) Cité par Jules Isaac, L'antisémitisme a-t-il des racines chrétiennes ?, Fasquelle, 1960, p. 67-74.
(2) Martyre de Saint André, III, Evangiles apocryphes, Fayard, 1952, p 254, Cité par F Lovsky, L'antisémitisme chrétien, Le Cerf, 1970, p135.
(3) Simon Legasse, Le procès de Jésus, Le Cerf, 1994, pp 41-42. (4) Heinz Zahrnt, Jesus aus Nazareth, Piper, 1989, pp 202-203.
(5) Alain Houziaux : "Judas", Le Christianisme au XXe siècle, N° 530, 4-10 février 1996, pp 8-9. (6) Cité par Hyam Maccoby, Judas Iscarioth and the myth of Jewish Evil, New-York, Free Press, 1992, p 6, cité par Ron Rosenbaum, Pourquoi Hitler ?, J. C. Lattès, 1998, p 505. (7) ibid. pp 507-508.


(Le Lien - Disclaimer) ajoutée le 2006-04-21

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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Jeu 25 Mai 2006 08:10    Sujet du message: Répondre en citant



Dieudonné avait une fois de plus, vu juste bien avant tout le monde.


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GUIDILOU
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MessagePosté le: Jeu 25 Mai 2006 09:22    Sujet du message: Répondre en citant

Le premier article parle de Dieudonné .Je l' avais écouté un jour sur Europe 1 il me semble qu' il a inspiré Cardonnel .
Citation:
Déjà, en 2001, le sulfureux frère dominicain Jean Cardonnel argumentait, dans un livre, des émissions télévisées de grande écoute et même sur la scène de l'Olympia, invité par... Dieudonné ! : « Jésus n'avait pas besoin d'être trahi pour être arrêté, condamné à mort et crucifié : il était un danger pour tous les pouvoirs. Il n'avait pas besoin d'être désigné : il était connu comme le loup blanc. » Thèse : « On a noirci Judas pour édulcorer Jésus. Il fallait un traître pour faire du Christ le réformateur de la pureté des moeurs. »

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