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Sao Tomé et Principe, de 1485 à 1755

 
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 03 Oct 2008 16:29    Sujet du message: Sao Tomé et Principe, de 1485 à 1755 Répondre en citant

Izequiel Batista de Sousa, Sao tomé et Principe de 1485 à 1755 : une société coloniale - du Blanc au Noir, éd. L'Harmattan, 2008

Une très belle pioche de bouquin que je ne saurais trop vivement recommander aux grioonautes amateurs d'histoire du Yovodah en Afrique.
Cet ouvrage est écrit par un universitaire saotoméen ayant fait ses études supérieures en France, qui enseigne à l'Université de la Réunion.

Sa perspective historiographique innove (en la matière) en ce sens qu'elle est en contrepoint de l'historiographie africaniste (portugaise, notamment) habituelle. Cette dernière pense fondamentalement la colonisation (de Sao Tomé) du point de vue du Colonisateur, de sa fameuse Mission Civilisatrice ; accordant si peu d'intérêt aux phénomènes socio-historiques inhérents à la société coloniale, a fortiori à l'histoire sociale des peuples colonisés, réputés sans histoire parce que de tradition/transmission orale...

Pour ce qui concerne le Yovodah proprement dit, on ne sait que trop peu le rôle majeur tenu dans cette tragédie séculaire par le réseau de colonies insulaires installé par les Européens sur les côtes atlantiques africaines, dès le XVè siècle. Or, Sao Tomé est l'une des pièces majeures de ce dispositif colonial négrier, avec le Cap Vert et Madère. C'est donc cet aspect crucial de l'histoire du yovodah qui est instruit par Izequiel Batista de Souza, au moyen d'une superbe documentation de première main, directement puisée aux richissimes sources archivistiques portugaises, dont plusieurs documents inédits!!!!

Rappelons brièvement les étapes du processus d'installation des infrastructures européennes du yovodah en Afrique :

1/ d'abord la création des colonies insulaires, dès le XVè siècle : Açores, Madère, Cap Vert, Sao Tomé, etc. Depuis ces places fortes, imprenables par les populations africaines côtières, les Blancs organisaient eux-mêmes les razzias de Nègres ; Sao tomé ayant été le grand des entrepôts négriers de ce dispositif insulaire, particulièrement entre 1485 et 1599...

2/ ensuite (ou concomitamment), l'installation de comptoirs coloniaux, particulièrement les châteaux-forts, sur les côtes atlantiques. A partir de ce dispositif côtier, et surtout grâce à un personnel afro-européen localement généré par les échanges matrimoniaux entre colons et africaines, les Blancs pouvaient entreprendre ou commanditer des razzias plus au loin dans l'hinterland africain, en amont des principaux bassins fluviaux (Sénégal, Gambie, Volta, Niger, Nzadi)...

3/ la création (surtout par les Portugais) de colonies côtières, notamment dans le bassin du Kongo, mais aussi à Saint-Louis, Gwato, Rio Pongo, etc.
La prolifération de ces colonies à partir du XVIIè siècle s'explique par l'expansion de l'industrie sucrière et minière aux Amériques qui va connaître son apogée au XVIII, puis va décliner au profit de l'industrie du coton dans le sud des EUA...

Cette perspective (de mon cru) rencontre encore des difficultés pour sa documentation, puisqu'elle est rarement mobilisée. Lacune comblée donc, en partie, par l'ouvrage ci-dessus cité dans la mesure où il apporte de trè-s importants éléments de connaissance socio-historique du cas de Sao Tomé :
- au début de son peuplement, on soupçonne la présence d'Africains ayant échappé à quelques bateaux négriers et qui se seraient installés dans une partie de l'île de Sao Tomé (hypothèse) et de Fernando Pô (certitude).
- L'arrivée des Blancs va purement et simplement zapper les habitants antérieurs. Progressivement, les nombreuses progénitures de ces Blancs, ou leurs descendants, (des mulâtres, donc) vont occuper les principales fonctions politiques, économiques, et militaires dans leurs confrontations avec les autorités locales du Roi du Portugal.
- Mais, comme la démographie des Etats négriers européens était très insuffisante au regard de l'immensité des terres spoliées en Amérique, les flux d'émigration coloniale européenne vont être absorbés par le peuplement du "Nouveau Monde" ; laissant ainsi les colonies insulaires africaines en héritage aux descendants africains des premiers colons blancs de ces colonies : donc, des "Békés" Saotoméens qui vont progressivement se "nigrifier", en raison de la rareté d'apport de sang de Blanc dans la formation de la population saotoméenne, à partir du XVIIè siècle...

Ainsi, la théorie des Rois nègres vendeurs de Nègres, se voit-elle encore sérieusement contrariée par ce travail gigantesque d'Izequiel Batista de Sousa, qui montre bien toute la place prépondérante des phénomènes de créolisation sur les côtes atlantiques africaines dans l'expansion et la pérennisation séculaires de l'économie du Yovodah. En tout cas, nous sommes ici aux antipodes des ratiocinations simplificatrices et mystificatrices d'un négriériste académique...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 03 Oct 2008 18:22    Sujet du message: Répondre en citant

Mise en bouche avec un très bel extrait de l'introduction [pp9-12]:



L’Histoire du Portugal a été écrite par des Portugais pour les Portugais. Dans ce tableau, les pays colonisés n’occupent pas d’autre place que celle de faire-valoir du courage et de l’audace des conquérants. […] Le problème de l’apport noir africain dans l’évolution de la société coloniale ne les a jamais inquiétés ni interpellés ; il était normal que les livres d’Histoire distribués et l’enseignement dispensé aillent dans le sens de la noble mission de propagation de la civilisation portugaise. […]

La société de Sao Tomé et Principe se caractérise par une dualité permanente, une sorte d’équilibre ou de coexistence entre deux composantes, l’une reconnue puisque portugaise et l’autre, occultée ou ignorée, venue d’Afrique. […] Les constats de cette dualité sont multiples et touchent tous les domaines de la vie de ces îles. Le premier et le plus évident est, certainement, culturel et linguistique. Deux langues sont utilisées par les habitants, le portugais et le fôro. Le portugais est l’instrument de la communication imposé par le colonisateur mais c’est également le véhicule de transmission du savoir philosophique et littéraire. […] Le fôro, langue créole, est un mélange de portugais et de certaines langues africaines bantoues.

Strictement oral, déprécié par les Portugais, il est utilisé par toute la population noire pour les échanges quotidiens. Incontestablement, le lien qui se tisse entre les personnes qui l’utilisent dépasse la simple communication liée à un sentiment profond d’appartenance à ces îles. De plus, le créole permet d’élaborer un discours double envers le colonisateur portugais, marquant par ce biais la différence de mentalité et de comportement. Instrument oral du vécu culturel de la population noire, le fôro devient un outil de résistance contre la politique d’acculturation mise en place par des siècles de colonisation. […]

La personnalité culturelle des habitants de Sao Tomé et Principe a été façonnée par l’apport de l’Europe et de l’Afrique. Cela étant posé et indiscutablement reconnu, l’Histoire nécessite une autre approche que celle appliquée jusqu’ici : le regard de l’historien se porte alors sur l’espace colonisé et non plus sur l’espace colonisateur.

La colonisation aurait-elle duré si les Noirs n’y avaient participé activement en s’emparant, peu à peu, des structures administratives, économiques, culturelles et politiques ? […] avaient-ils d’autres choix que de se jeter à corps perdu dans la conquête de leur liberté puis des pouvoirs religieux, administratifs, politiques et économiques ?

[…] Les Noirs furent les éléments de la lutte pour la liberté puisqu’ils arrachèrent à la couronne la reconnaissance statutaire de leur citoyenneté. Mettant le pouvoir royal face à l’absurdité de son comportement raciste, ils obtinrent le droit de participer à la vie administrative et politique de leur pays et d’être les agents de la propagation de la culture luso-chrétienne dans la région du golfe de Guinée. […] Comment imaginer que le Portugal ait pu sans l’aide active des populations noires maintenir aussi longtemps un empire aussi vaste ?

En effet, le Portugal, modeste pays européen à la population peu nombreuse, ne pouvait approvisionner en hommes son vaste empire colonial. Il ne pouvait que faire confiance et utiliser des Mulâtres à des postes intermédiaires voire même à haute responsabilité dans l’administration coloniale.

Forts de ce pouvoir économique, hérité de leur père blanc et de leur culture ancestrale, héritée de leur mère noire, les Mulâtres ne se contentent pas longtemps de jouer les seconds rôles et exigent très vite des postes de pleine responsabilité dans la gestion de l’administration coloniale. Cette volonté de prendre en charge définitivement le destin de leur pays est à l’origine d’une confrontation et d’une lutte permanente avec les responsables directs de la Couronne. Les conséquences seront graves pour le pouvoir colonial.

Cette ambition entraîne l’affaiblissement de l’appareil administratif qui ne peut faire face aux révoltes des esclaves marrons. Le résultat de cette crise est une paralysie irréversible du système colonial, dès la fin du XVIè siècle, et l’abandon presque total des îles par la population blanche. Dès le début du XVIIè siècle, la population noircit et le pouvoir colonial passe presque complètement sous la tutelle des Mulâtres et de leurs descendants Noirs. Or, le noircissement des structures politiques, économiques et religieuses de ces iles accentuera et étendra le rôle des traditions culturelles africaines.


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Merikama
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Messages: 254

MessagePosté le: Ven 03 Oct 2008 23:58    Sujet du message: Répondre en citant

Salut frère OGOTEMMELI,

OGOTEMMELI a écrit:
Rappelons brièvement les étapes du processus d'installation des infrastructures européennes du yovodah en Afrique :

1/ d'abord la création des colonies insulaires, dès le XVè siècle : Açores, Madère, Cap Vert, Sao Tomé, etc. Depuis ces places fortes, imprenables par les populations africaines côtières, les Blancs organisaient eux-mêmes les razzias de Nègres ; Sao tomé ayant été le grand des entrepôts négriers de ce dispositif insulaire, particulièrement entre 1485 et 1599...

2/ ensuite (ou concomitamment), l'installation de comptoirs coloniaux, particulièrement les châteaux-forts, sur les côtes atlantiques. A partir de ce dispositif côtier, et surtout grâce à un personnel afro-européen localement généré par les échanges matrimoniaux entre colons et africaines, les Blancs pouvaient entreprendre ou commanditer des razzias plus au loin dans l'hinterland africain, en amont des principaux bassins fluviaux (Sénégal, Gambie, Volta, Niger, Nzadi)...

3/ la création (surtout par les Portugais) de colonies côtières, notamment dans le bassin du Kongo, mais aussi à Saint-Louis, Gwato, Rio Pongo, etc.

Je crois réellement que ton schéma tient la route. Il ne fait aucun doute que le métissage, la "créolisation" des populations africaines dans les îles et sur les côtes a été un facteur déterminant dans le processus de propagation de l'industrie de la traite négrière européenne. Surtout dans un contexte de chosification du Nègre, où il était noble pour un créole (c'est-à-dire un métis) de pratiquer l'activité de son père (Blanc) et vomir les Nègres, comme cela était le cas dans les Antilles.

Citation:
Cette perspective (de mon cru) rencontre encore des difficultés pour sa documentation, puisqu'elle est rarement mobilisée.

En effet, la plupart des ouvrages sur le Yovodah (= la cruauté des Blancs en langue fon du Bénin), ne discutent que de son déroulement et survole son installation. Il urge d'aborder le sujet sur un plan historiographique (écriture de l'histoire) Afrocentré (An african centered paradigm).

Pour parler clair : les Africains vivaient tranquillement sur leur continent (une vie obéissant à des codes particuliers), puis des envahisseurs sont arrivés (ce ne sont pas les Africains qui sont allés chercher les Blancs en Europe pour leur dire : "venez, nous avons de la bonne chair à vous vendre").

Lorsqu'on veut restituer l'histoire de la traite selon une approche afrocentrée, il convient de se placer du point de vue des Africains de l'époque, qui se retrouvant sans aucun préalable envahis par des hordes de barbares sur leur propre terre, se sont certainement posés les questions suivantes :

D'où viennent ces gens ? Comment ont-ils fait pour se fixer chez nous ? Que cherchaient-ils au juste ? Quels ont été les piliers de leurs activités dévastatrices (Maafa) sur nos terres ? Leur comportement d'une barbarie inouïe totalement étrangère à notre vision du monde, quels en sont les déterminants psychosociologiques donc culturels ?

Dans ce cadre, tes questionnements sur les étapes du processus d'installation des infrastructures européennes du yovodah en Afrique sont puissamment afrocentriques. La tâche sera rude pour parfaitement circonscrire cette partie de l'historiographie africaine de cette cruauté des Blancs (Yovodah).

Citation:
- au début de son peuplement, on soupçonne la présence d'Africains ayant échappé à quelques bateaux négriers et qui se seraient installés dans une partie de l'île de Sao Tomé (hypothèse) et de Fernando Pô (certitude).

As-tu essayé d'en savoir un peu plus sur ce peuplement de Sao-Tomé et Principe ? Y aurait-il pas une population autochtone africaine dès les origines bien avant l'arrivée des barbares ? Était-elle inhabitée pour enfin l'être par des Africains rescapés ? Les portugais n'auraient-ils pas massacré les populations autochtones avant de s'y installer définitivement ?

Citation:
Progressivement, les nombreuses progénitures de ces Blancs, ou leurs descendants, (des mulâtres, donc) vont occuper les principales fonctions politiques, économiques, et militaires dans leurs confrontations avec les autorités locales du Roi du Portugal.

Tu soulèves ici à juste titre les mêmes déterminants ayant conduit à l'indépendance des États-Unis et des autres colonies européennes d'Amériques vis-à-vis de leur couronne respective. Il s'agissait pour les colons et les mulâtres assoiffés de richesses pour eux-mêmes, de s'opposer aux taxes prélevés par la couronne portugaise. Ils voulaient jouir des retombés du Yovodah pour eux-mêmes.

Il est clair ici, qu'il n'est point question de Roi Africain, s'opposant au Roi du Portugal pour le contrôle du trafic de ses propres sujets, ce qui serait une véritable aberration dans la conception même de la Royauté divine africaine. En effet, en Afrique authentique le Roi n'était pas un être humain comme les autres. Il est considéré et se considère lui-même (il a été éduqué pour cela) comme un fétiche, un totem pour son peuple. Sa royauté est très différente de celle des Rois européens. Elle est strictement un Sacerdoce, une vie spirituelle. Le Roi transcende les choses humaines, c'est-à-dire qu'il est un Roi-dieu-qui-meurt, sacrifiant sa propre vie pour son peuple.

Izequiel Batista de Sousa a écrit:
En effet, le Portugal, modeste pays européen à la population peu nombreuse, ne pouvait approvisionner en hommes son vaste empire colonial. Il ne pouvait que faire confiance et utiliser des Mulâtres à des postes intermédiaires voire même à haute responsabilité dans l’administration coloniale.

Ce livre entant que matériau d'étude pour le sujet qui nous préoccupe peut être intéressant. Cependant on a l'impression que l'auteur tente à tout prix de faire porter les "mérites" du Yovodah (bien faits de colonisation ?) aux Africains …

Clamant le fait que la puissance coloniale portugaise n'est pas seulement portugaise mais est et surtout le fait de Mulâtres (du fait du déficit démographique portugais en ces contrées) qui se seraient "nigrifiés" par la suite, donc africaine.

Tout comme de dire qu'étant donné que le Guyanais Félix Éboué fut un grand administrateur coloniale hors pair, alors la puissance coloniale française est aussi le fait de Nègres (ce qui est tout à fait vrai). Mais il n'y a pas de quoi en être fier. Ces Mulâtres "nigrifiés", esclavagistes n'étaient que de purs produits du Yovodah, tout comme Félix Éboué. Par conséquent d'un point de vue Afrocentrique, on ne peux se sentir en accord avec cette quête de reconnaissance. Parce que pour nous Négro-Africains, le Yovodah a été une Maafa (= désastre, calamité, apocalypse, etc. en Kiswahili)

Tout comme je ne peux ériger les personnages tels que Alexandre Dumas, Joseph Bologne de Saint-George, dit le chevalier de Saint-George, et bien d'autre encore qui n'étaient que des Mulâtres relativement bien intégrés dans la société esclavagiste française, comme des génies Africains. C'est pourquoi, j'évite toujours de réduire mon identité (nécessairement Afrocentrée) à la seule couleur de ma peau.

Izequiel Batista de Sousa a écrit:
Dès le début du XVIIè siècle, la population noircit et le pouvoir colonial passe presque complètement sous la tutelle des Mulâtres et de leurs descendants Noirs. Or, le noircissement des structures politiques, économiques et religieuses de ces îles accentuera et étendra le rôle des traditions culturelles africaines.

Je ne vois pas trop où veut en venir l'auteur. Est-ce que ces structures "noircies" étaient-elles toujours esclavagistes ou non ? Auquel cas, il serait à mon sens péremptoire d'affirmer que ces dites structures "noircies" étaient de "traditions culturelles africaines".

Cela dit, vaudrait mieux que je lise le livre pour me prononcer sur la question. Peut être pourrais-tu OGOTEMMELI nous éclairer sur la question (si tu as lu tout le livre).
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"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir". THOMAS SANKARA

[Sankara = S ˁnḫ Rˁ]
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Sam 04 Oct 2008 04:29    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
1/ d'abord la création des colonies insulaires, dès le XVè siècle : Açores, Madère, Cap Vert, Sao Tomé, etc. Depuis ces places fortes, imprenables par les populations africaines côtières, les Blancs organisaient eux-mêmes les razzias de Nègres ; Sao tomé ayant été le grand des entrepôts négriers de ce dispositif insulaire, particulièrement entre 1485 et 1599...

2/ ensuite (ou concomitamment), l'installation de comptoirs coloniaux, particulièrement les châteaux-forts, sur les côtes atlantiques. A partir de ce dispositif côtier, et surtout grâce à un personnel afro-européen localement généré par les échanges matrimoniaux entre colons et africaines, les Blancs pouvaient entreprendre ou commanditer des razzias plus au loin dans l'hinterland africain, en amont des principaux bassins fluviaux (Sénégal, Gambie, Volta, Niger, Nzadi)...

3/ la création (surtout par les Portugais) de colonies côtières, notamment dans le bassin du Kongo, mais aussi à Saint-Louis, Gwato, Rio Pongo, etc.
La prolifération de ces colonies à partir du XVIIè siècle s'explique par l'expansion de l'industrie sucrière et minière aux Amériques qui va connaître son apogée au XVIII, puis va décliner au profit de l'industrie du coton dans le sud des EUA...

Bien entendu, il y a deux autres étapes tout aussi importantes de la conjoncture "globale" du Yovodah, que je n'ai pas citées pour ne pas déborder du cadre chronologique (1485 - 1755) circonscrit par Izequiel. Mais ilserait bien que nous prennions l'habitude de les intégrer systématiquement à l'histoire du Yovodah, au lieu de se conformer à cette fallacieuse dichotomie historiographique imposée par les Africanistes entre ce qu'ils appellent abusivement "Colonisation", "Indépendance" et les trois phases précédemment citées :
- comme si la colonisation de l'Afrique n'avait commencé qu'à partir du XIXè siècle, alors qu'elle débute au XVè siècle ( dès 1415 par la prise de Ceuta) ;
- comme si l'indépendance factice n'était pas une autre forme de domination de l'Afrique par le biais de l'installation de "Pères de la Nation", véritables larbins des autorités néocolonialistes (ex. Eyadéma et Bokassa étaient des bidasses des troupes coloniales françaises ayant hérité du Togo et de la Centrafrique où ils sévissaient pour le compte de Bwana ainsi que pour leur propre tronche...)...

Par conséquent :
4/ Occupation militaire de toute l'Afrique à partir de 1850, avec mise en esclavage sur place des populations "indigènes", en vue de la prédation des ressources naturelles (halieutiques, minières, minérales, etc.) de leurs terres.

5/ Enfin (?), à partir de 1960 installation d'affidés locaux à la tête d'ectoplasmes d'Etat gérés dans le cadre d'un "Pacte Colonial" visant la sauvegarde et le développement des divers intérêts (notamment économiques et énergétiques) de la Métropole en Afrique...

Merikama a écrit:
As-tu essayé d'en savoir un peu plus sur ce peuplement de Sao-Tomé et Principe ? Y aurait-il pas une population autochtone africaine dès les origines bien avant l'arrivée des barbares ? Était-elle inhabitée pour enfin l'être par des Africains rescapés ? Les portugais n'auraient-ils pas massacré les populations autochtones avant de s'y installer définitivement ?

L'archipel de Sao Tomé est formé de quatre îles posées dans le Golfe de Guinée, dont la plus proche (Fernando Pô) est à une trentaine de kilomètres des côtes (camerounaises) ; tandis que toutes les autres sont à plus de 200 kilomètres, voire jusqu'à 350 km (des côtes gabonaises)pour Annobon.

Par conséquent, s'il est aisé d'envisager que Fernando Pô pût être anciennement habitée par des autochtones africains, notamment des populations de pêcheurs, il est plus difficile de penser que les autres îles si éloignées des côtes étaient également habitées par des Africains avant la période du Yovodah. En tout cas, seules des fouilles archéologiques conséquentes peuvent clarifier la question, car il n'est pas absolument impossible que cela fût ; mais encore faut-il en apporter les preuves scientifiques...

Nota : L'archipel du Cap Vert qui est à des centaines de borne des côtes sénégalaises semble avoir été inhabité avant l'arrivée des Blancs, tandis que les Açores, Canari, ou encore Madère qui sont moins éloignées étaient bel et bien habités originellement par des Africains. Ce qui est un peu conforme à la navigation maritime africaine ancienne, consistant essentiellement en cabotage le long des côtes avec des embarcations très bien adaptées à ce dessein plutôt qu'à la navigation au grand large...

Mais, mais, mais : avec les divers périples anciens de circumnavigation du continent, notamment par les Kmtyw ou les Fnkw, et surtout depuis les expéditions d'Aboubacry II vers l'Amérique, je crois puvoir dire que l'histoire de la navigation maritime africaine ancienne reste très largement à écrire. Et elle pourrait réserver d'énormes surprises : par exemple, ce sont des navigateurs africains qui ont indiqué le chemin à Marco Polo en l'accompagnon en Asie (en Chine)...

D'autre part, et pour en finir avec ce point tellement intéressant : l'île proprement dite de Sao Tomé est quasiment "en face" de la fameuse Fédération politique de Kongo-Dyna-Nza, dont les grandes capacités techniques pouvait avoir suffit - avant le XVè siècle - pour mener des expéditions maritimes à quelques centaines de kilomètres de ses côtes : mais vu le grand étonnement de ses habitants côtiers à la vue des bateaux négriers sortis de nulle part sur l'Océan, il semblerait qu'ils n'avaient pas l'habitude de s'aventurer au grand large....

[Parent, je reviendrai sur tes autres questions]
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OGOTEMMELI
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Messages: 1498

MessagePosté le: Jeu 09 Oct 2008 16:30    Sujet du message: Répondre en citant

Merikama a écrit:
Je crois réellement que ton schéma tient la route. Il ne fait aucun doute que le métissage, la "créolisation" des populations africaines dans les îles et sur les côtes a été un facteur déterminant dans le processus de propagation de l'industrie de la traite négrière européenne. Surtout dans un contexte de chosification du Nègre, où il était noble pour un créole (c'est-à-dire un métis) de pratiquer l'activité de son père (Blanc) et vomir les Nègres, comme cela était le cas dans les Antilles.

"Vomir les Nègres" : il convient peut-être de nuancer.

Ce schéma est le même observé dans le cas des Signares de la Sénégambie, secrétant plutôt de la ségrégation sociale que de la discrimination raciale assez difficile à concevoir pour des populations métissées ; puisque cela reviendrait à haïr systématiquement une partie d'elles-mêmes. Je ne nie pas que cette schizophrénie existe, mais je crois qu'elles procède fondamentalement des situations socio-économiques.

En effet, l'épouse (concubine, prostituée, courtisane, etc.) d'un négrier blanc installé dans un comptoir sénégambien (saotoméen, béninois, capverdien, etc.) peut recevoir en héritage la position socio-économique de son conjoint (décédé ou rentré en Métropole). Elle va "tout naturellement" poursuivre l'activité négrière de ce dernier, voire y exceller en raison de sa profonde intimité avec les pratiques commerciales africaines endogènes ; connaissant mieux les gens, moeurs, us et coutumes. Ses enfants (s'ils en ont eus) vont aider leur mère à fructifier ce business, en vue d'en recueillir d'énormes richesses pécunaires et patrimoniales : à l'instar des gosses d'un cambrioleur ayant appris de leurs parents à faire le boulot de la spécialité familiale...

Bref, je crois sincèrement que nés dans une société négrière, les hommes (fussent-ils nègres) ont tendance à adopter les institutions et pratiques de cette société, surtout s'ils en sont les principaux bénéficiaires autochtones. C'est ainsi d'ailleurs que les Africains d'aujourd'hui ont plutôt des comportements de fieffés colonisés ; même "à l'insu de leur plein gré", voire au détriment de leurs intérêts collectifs les plus vitaux...
Merikama a écrit:
Tu soulèves ici à juste titre les mêmes déterminants ayant conduit à l'indépendance des États-Unis et des autres colonies européennes d'Amériques vis-à-vis de leur couronne respective. Il s'agissait pour les colons et les mulâtres assoiffés de richesses pour eux-mêmes, de s'opposer aux taxes prélevés par la couronne portugaise. Ils voulaient jouir des retombés du Yovodah pour eux-mêmes.

Sauf qu'à Ayiti, les esclaves ont renversé la société coloniale esclavagiste pour tenter expressément d'inscrire en fait les principes rigoureux "d'égalité-liberté-fraternité", d'une manière encore plus radicale et universaliste que ne l'ont jamais envisagé les révolutionnaires français, qui ont quant à eux proclamé surtout les droits de l'homme BLANC et de sexe masculin...

Sauf qu'à Sao Tomé, dès 1530 et surtout à partir de 1554, les esclaves nègres prennent le pouvoir politique sans changer les fondements coloniaux-esclavagistes de la société saotoméenne : beaucoup parmi eux deviendront de riches et redoutables négociants de bois d'ébène, voire coupeurs de bois d'ébène dans le bassin Kongo, qu'ils aideront les mercenaires portugais blancs à dépécer en plusieurs plantations de bois d'ébène...

Ces Nègres de Sao Tomé conquiert la liberté pouir eux-mêmes, et non pas pour un quelconque idéal universel de liberté ; comme dans le cas de AYITI. C'est pourquoi, il me paraît absolument indispensable de (re)penser l'histoire politique contemporaine des nations nègres en accordant une place prépondérante à l'histoire des colonies insulaires atlantiques d'Afrique et des Amériques, avant d'en arriver à l'histoire plus récente des colonies africaines continentales : l'apartheid historiographique institué en cette matière par les africanistes est l'une des ruses épistémiques ayant pour conséquence de nous embrouiller dans la compréhension rigoureuse de notre histoire politique...


P.S. Je reviendrait peut-être sur les similitudes-dissimilitudes des cas de Sao Tomé et de Ayiti, tellement je trouve cela passionnant : de part et d'autre, ce sont d'abord les colons blancs qui essaient vainement de réduire l'autorité du roi négrier européen dans leurs affaires coloniales ; ensuite ce sont les mulâtres qui veulent ravir le pouvoir colonial aux Blancs, ou à tout le moins le partager avec eux. Enfin, ce sont les esclaves nègres qui rafflent la mise. Or, on pourrait penser qu'une catégorie sociale (le bois d'ébène) éjectée purement et simplement du genre humain ne peut réintégrer l'humanité qu'en posant en principe universel que tout homme, du seul fait que c'est un être humain, possède des droits civils fondamentaux inaliénables. Mais, il semble que cela n'aurait pas été aussi simple et limpide, au regard des trajectoires respectives de Sao Tomé et de Ayiti...

Sauf si l'histoire de la première instruit (au moins indirectement) celle de la seconde : y-aurait-il eu des interactions entre les Deux-Rives, depuis Sao Tomé jusqu'à Ayiti, en passant par Angola Janga (le pays de Nganga Nzumbi dans la région de Pernambuc)??? Idea Idea Idea



NOTA
Sao Tomé : XVè-XVIè siècle ; Angola Janga : XVIè - XVIIè siècle ; Ayiti : XVIIIè - XIXè siècle. Certes il manque un "maillon chronologique" ; mais même cette juxtaposition chronologique ne suffirait pas du tout à prouver une interconnexion socio-historique. Cependant, je sais que nombre d'équipages négriers de Sao Tomé vers les Amériques étaient essentiellement composés de marins nègres ; de même plusieurs équipages négriers du Brésil vers l'Afrique étaient constitués de marins créoles...
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MessagePosté le: Jeu 16 Oct 2008 16:05    Sujet du message: Répondre en citant

Force Et Vitalité, frère OGOTEMMELI

Je reviens sur le topic, un peu tardivement ... mais on fait ce qu'on peut.

OGOTEMMELI a écrit:
Merikama a écrit:
Je crois réellement que ton schéma tient la route. Il ne fait aucun doute que le métissage, la "créolisation" des populations africaines dans les îles et sur les côtes a été un facteur déterminant dans le processus de propagation de l'industrie de la traite négrière européenne. Surtout dans un contexte de chosification du Nègre, où il était noble pour un créole (c'est-à-dire un métis) de pratiquer l'activité de son père (Blanc) et vomir les Nègres, comme cela était le cas dans les Antilles.

"Vomir les Nègres" : il convient peut-être de nuancer.


Ok, j'ai un peu pousser le bouchon en appuyant sur ce terme ... Mais de part mes lectures, notamment sur la classification (une systématique de hiérarchisation raciale dans les sociétés esclavagistes et post-esclavagistes aux Amériques) des "hommes de couleurs" aux Antilles, et sur les sentiments (conséquences typiques des déterminants des sociétés esclavagistes européennes aux Antilles) qu'entretiennent les "Créoles" vis à vis du Nègre et de couleur Noire, je ne crois pas être trop éloigné du compte ...

Citation:
Ce schéma est le même observé dans le cas des Signares de la Sénégambie, secrétant plutôt de la ségrégation sociale que de la discrimination raciale assez difficile à concevoir pour des populations métissées ; puisque cela reviendrait à haïr systématiquement une partie d'elles-mêmes. Je ne nie pas que cette schizophrénie existe, mais je crois qu'elles procède fondamentalement des situations socio-économiques.

Je ne partage pas ce point de vue (qui mérite cependant d'être pris en compte). Dans toutes les sociétés esclavagistes européennes, la hiérarchisation sociale est étroitement lié à une hiérarchisation raciale, couplé d'une discrimination (assez pointilleuse) des couleurs. Aux Antilles par exemple, le quarteron, n'avait pas le même statut social que le mulâtre, à fortiori le Nègre [Cf : Yvan Debbasch : Couleur et liberté. Le jeu du critère ethnique dans un ordre juridique esclavagiste]

Citation:
En effet, l'épouse (concubine, prostituée, courtisane, etc.) d'un négrier blanc installé dans un comptoir sénégambien (saotoméen, béninois, capverdien, etc.) peut recevoir en héritage la position socio-économique de son conjoint (décédé ou rentré en Métropole).

Cette concubine, prostituée, courtisane, a quel statut ? Est-elle une esclave ou une affranchie ? Était-elle une Négresse, une Mulâtre ? Les Négresse à cette époque pouvait-elle se prévaloir d'un autre statut que celui d'esclave ? Il est nécessaire de creuser ces questionnements.

Citation:
Elle va "tout naturellement" poursuivre l'activité négrière de ce dernier, voire y exceller en raison de sa profonde intimité avec les pratiques commerciales africaines endogènes ; connaissant mieux les gens, moeurs, us et coutumes. Ses enfants (s'ils en ont eus) vont aider leur mère à fructifier ce business, en vue d'en recueillir d'énormes richesses pécunaires et patrimoniales : à l'instar des gosses d'un cambrioleur ayant appris de leurs parents à faire le boulot de la spécialité familiale...

Avant d'annoncer cela, il faudrait déjà connaître le statut de cette femme. Si elle est une esclave (bois d'ébène), il me paraît risqué d'avancer l'idée d'une prétention à un quelconque héritage de son maître. D'où l'étude du statut juridique des esclaves et du mécanisme de leur affranchissement, à cette époque et dans ces contrées. Mais cela n'est pas non plus une raison de nier l'impossibilité pour un maître esclavagiste d'octroyer un héritage à une de ses esclaves concubines (ex : Thomas Jefferson et Sally Hemings).

Citation:
Bref, je crois sincèrement que nés dans une société négrière, les hommes (fussent-ils nègres) ont tendance à adopter les institutions et pratiques de cette société, surtout s'ils en sont les principaux bénéficiaires autochtones. C'est ainsi d'ailleurs que les Africains d'aujourd'hui ont plutôt des comportements de fieffés colonisés ; même "à l'insu de leur plein gré", voire au détriment de leurs intérêts collectifs les plus vitaux...

Tout à fait possible [Cf. l'analyse de la société africaine post-coloniale, par Jean-Pierre Kaya] Même si je trouve qu'il faille véritablement que le Nègre, ici question, soit très atteint psychologiquement au point de faire subir à d'autres Nègres les mêmes abominations dont-il a été lui même victime.

Mais la question centrale ici, d'un point de vue Afroccentrique s'entend, c'est : qu'en était-il des peuples insulaires. Étaient-ils des Nègres à l'origine qui se seraient convertis à la traite de leur semblables sur le continent, parce que cette pratique serait tout à fait compatible avec les traditions africaines comme le sous-entend Izequiel Batista de Sousa. Ce qui signifie bien évidement que l'économie de subsistance sur l'ile depuis des millénaires, se réduirait au commerce d'être humains bien avant les portugais. Mais alors qu'étaient les acheteurs de ses esclaves capturés sur le continent par ces Nègres insulaires affamés ?

Ou alors étaient-ce de simple esclaves affranchis qui ayant âprement lutter pour leur indépendance et psychologiquement détruits, ont trouvé utiles de pérenniser, de faire subir les mêmes abominations dont ils ont été victimes à leurs semblables sur le continent ?

J'ai l'étrange impression que l'auteur réduit ces deux questions l'une à l'autre, au point d'établir l'équation qui a fait tant couler beaucoup d'encre et de salives et susciter la colère chez nous autres Afrocentriques : Traite négrière = Pratique traditionnelle africain.

Citation:
Sauf qu'à Sao Tomé, dès 1530 et surtout à partir de 1554, les esclaves nègres prennent le pouvoir politique sans changer les fondements coloniaux-esclavagistes de la société saotoméenne : beaucoup parmi eux deviendront de riches et redoutables négociants de bois d'ébène, voire coupeurs de bois d'ébène dans le bassin Kongo, qu'ils aideront les mercenaires portugais blancs à dépécer en plusieurs plantations de bois d'ébène...

C'est justement ce que je voulais in fine savoir sur cette question. Rigoureusement, il s'agit donc d'anciens esclaves qui s'adonnent à cette pratique. Et non de traditionnels africains.. Ce qui fonde ma critique à l'encontre de l'auteur, lorsqu'il écrit ceci :

Izequiel Batista de Sousa a écrit:
Or, le noircissement des structures politiques, économiques et religieuses de ces iles accentuera et étendra le rôle des traditions culturelles africaines.

Entant qu'Afrocentrique, cette affirmation me laisse perplexe ...

Citation:
Merikama a écrit:
Tu soulèves ici à juste titre les mêmes déterminants ayant conduit à l'indépendance des États-Unis et des autres colonies européennes d'Amériques vis-à-vis de leur couronne respective. Il s'agissait pour les colons et les mulâtres assoiffés de richesses pour eux-mêmes, de s'opposer aux taxes prélevés par la couronne portugaise. Ils voulaient jouir des retombés du Yovodah pour eux-mêmes.

Sauf qu'à Ayiti, les esclaves ont renversé la société coloniale esclavagiste pour tenter expressément d'inscrire en fait les principes rigoureux "d'égalité-liberté-fraternité", d'une manière encore plus radicale et universaliste que ne l'ont jamais envisagé les révolutionnaires français, qui ont quant à eux proclamé surtout les droits de l'homme BLANC et de sexe masculin...

Tout à fait d'accord. Mais à l'analyse, il s'avère que à Ayiti, la révolte des esclaves soutenait un désir de liberté, le refus de leur statut d'esclaves. Tandis qu'à Sao Tomé, selon Izequiel Batista de Sousa il s'agissait à l'origine de mulâtres esclavagistes, avides de richesses pour eux-mêmes (et non d'esclaves) qui à défaut de nouveaux colons européens, se "nigrifient", pour devenir des "négociants négroïdes" de bois d'ébènes. J'espère ne m'être pas tromper dans la compréhension de cette description qu'en fait Izequiel Batista de Sousa de ce processus.

Je recolle ici pour l'occasion une partie du texte de l'auteur :

Izequiel Batista de Sousa a écrit:
Forts de ce pouvoir économique, hérité de leur père blanc et de leur culture ancestrale, héritée de leur mère noire, les Mulâtres ne se contentent pas longtemps de jouer les seconds rôles et exigent très vite des postes de pleine responsabilité dans la gestion de l’administration coloniale. Cette volonté de prendre en charge définitivement le destin de leur pays est à l’origine d’une confrontation et d’une lutte permanente avec les responsables directs de la Couronne. Les conséquences seront graves pour le pouvoir colonial.

Cette ambition entraîne l’affaiblissement de l’appareil administratif qui ne peut faire face aux révoltes des esclaves marrons. Le résultat de cette crise est une paralysie irréversible du système colonial, dès la fin du XVIè siècle, et l’abandon presque total des îles par la population blanche. Dès le début du XVIIè siècle, la population noircit et le pouvoir colonial passe presque complètement sous la tutelle des Mulâtres et de leurs descendants Noirs. Or, le noircissement des structures politiques, économiques et religieuses de ces iles accentuera et étendra le rôle des traditions culturelles africaines.

Au vu de cette citation, je pense ne m'être pas trompé ...

Citation:
C'est pourquoi, il me paraît absolument indispensable de (re)penser l'histoire politique contemporaine des nations nègres en accordant une place prépondérante à l'histoire des colonies insulaires atlantiques d'Afrique et des Amériques, avant d'en arriver à l'histoire plus récente des colonies africaines continentales : l'apartheid historiographique institué en cette matière par les africanistes est l'une des ruses épistémiques ayant pour conséquence de nous embrouiller dans la compréhension rigoureuse de notre histoire politique...

Tout à fait d'accord avec toi mon frère ...

Il est trop facile en effet, en se basant sur l'existence de quelques Nègres esclavagistes, eux-mêmes anciens esclaves devenus "coupeurs de bois d'ébènes", décréter péremptoirement que ce sont les Roi africains qui ont vendus leur sujets aux Blancs. Que ce sont les Africains eux-mêmes qui auraient vendu leurs frères devenus Antillais aux Blancs. Ceci n'est rien moins qu'une insulte à l'intelligence humaine.

Merci mon frère pour cet échange très fructueux. On est ensemble Wink
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"L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir". THOMAS SANKARA

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Benny Da B'
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MessagePosté le: Jeu 16 Oct 2008 16:27    Sujet du message: Répondre en citant

Merikama a écrit:

Avant d'annoncer cela, il faudrait déjà connaître le statut de cette femme.
Tout à fait possible [Cf. l'analyse de la société africaine post-coloniale, par Jean-Pierre Kaya] Même si je trouve qu'il faille véritablement que le Nègre, ici question, soit très atteint psychologiquement au point de faire subir à d'autres Nègres les mêmes abominations dont-il a été lui même victime.


=> Il y a avait des Kapo dans les camps Nazi, dont certains même étaient juifs. C'est un phénomène toujours difficile à comprendre, mais malheureusement pas impossible.

Pour le reste, j'ai trouvé ceci:

http://www.histoire-afrique.org/article201.html

Traite négrière et guerres dans le monde akan (fin XVIe-début XIXe siècles)
ALLOU Kouamé René
(département d’histoire, université Cocody-Abidjan)


Résumé

Cet article s’attache à montrer que la traite négrière n’explique pas fondamentalement les guerres dans le monde akan pendant la période de ce trafic. C’est plutôt le projet de société de certains grands personnages akan, le fondement philosophique et politique de leurs royaumes qui expliquent ces guerres. Nous verrons qu’en outre les sociétés akan avaient de grandes capacités d’intégration des esclaves au sein des matrilignages, sans avoir à les vendre aux négriers européens sur le littoral.

mots clés : traite négrière - Akan - guerres

Je ne connaissais pas ce site, je viens de le découvrir.
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 16 Oct 2008 23:05    Sujet du message: Répondre en citant

Merikama a écrit:
Citation:
Elle va "tout naturellement" poursuivre l'activité négrière de ce dernier, voire y exceller en raison de sa profonde intimité avec les pratiques commerciales africaines endogènes ; connaissant mieux les gens, moeurs, us et coutumes. Ses enfants (s'ils en ont eus) vont aider leur mère à fructifier ce business, en vue d'en recueillir d'énormes richesses pécunaires et patrimoniales : à l'instar des gosses d'un cambrioleur ayant appris de leurs parents à faire le boulot de la spécialité familiale...

Avant d'annoncer cela, il faudrait déjà connaître le statut de cette femme. Si elle est une esclave (bois d'ébène), il me paraît risqué d'avancer l'idée d'une prétention à un quelconque héritage de son maître. D'où l'étude du statut juridique des esclaves et du mécanisme de leur affranchissement, à cette époque et dans ces contrées. Mais cela n'est pas non plus une raison de nier l'impossibilité pour un maître esclavagiste d'octroyer un héritage à une de ses esclaves concubines (ex : Thomas Jefferson et Sally Hemings).

Dans l'ouvrage d'Alain Boulaire intitulé "Sur les côtes d'Afrique - Journal de bord du medecin Moras sur la frégate La Félicité en 1790", il y a de très belles pages sur le phénomène des "signares". Au regard du recit de Moras et de quelques autres encore, il est possible de dire qu'une signare pouvait être une esclave (domestique) devenue la concubine d'un négociant négrier blanc installé dans un comptoir européen des côtes atlantiques africaines. Mais il pouvait également s'agir d'une négresse libre, habitante des taudis "indigènes" jouxtant tel fort ou comptoir européen de la côte atlantique...

Et bien entendu, dans le cas où un tel couple faisait des enfants, ceux-ci étaient des mulâtres, généralement employés dans l'économie négrière transatlantique, ou des mulatresses, généralement promises à un Blanc, ou un riche mulâtre, ou un puissant Nègre, voire à une carrière de "call girl" (je veux dire courtisane de luxe)...

S'agissant de Sao Tomé, il y a fort à parier que les négresses concubines des Blancs avaient été originellement déportées sur l'île en tant que captives. Puis, progressivement, une nombreuse population d'affranchies nègres pouvait nouer des relations matrimoniales avec les colons blancs(les "Békés"). En tout cas, l'étude démographique très méticuleuse faite par Izequiel sur la base d'archives primaires de recensements paroissiaux du XVIIIè siècle effectués à Sao Tomé et à Principe conforte cette hypothèse...

Citation:
Mais la question centrale ici, d'un point de vue Afroccentrique s'entend, c'est : qu'en était-il des peuples insulaires. Étaient-ils des Nègres à l'origine qui se seraient convertis à la traite de leur semblables sur le continent, parce que cette pratique serait tout à fait compatible avec les traditions africaines comme le sous-entend Izequiel Batista de Sousa. Ce qui signifie bien évidement que l'économie de subsistance sur l'ile depuis des millénaires, se réduirait au commerce d'être humains bien avant les portugais. Mais alors qu'étaient les acheteurs de ses esclaves capturés sur le continent par ces Nègres insulaires affamés ?

Izequiel n'a rien sous-entendu de tel. S'il insiste sur la prégnance de la culture africaine à Sao Tomé, ce n'est pas du tout d'un point de vue esclavagiste. Bien au contraire, sa sympathie pour les Angolares (Nègres libres vivant dans la forêt, en marge de la société coloniale) et les Mocambo (esclaves fugitifs harcelant les plantations coloniales) est à peine voilée.

Le propos de cet auteur (un Nègre originaire de Sao Tomé) consiste à insister sur l'apport culturel très considérable de ses ancêtres africains dans la formation de la société saotoméenne contemporaine, laquelle a plutôt tendance à surinvestir ses origines portugaises, bien que les Portugais aient été assez rapidement malmenés par les Nègres et par les autres puissances négrières européennes, laissant une grosse marge d'autonomie à la société de Sao Tomé, qui s'est ainsi progressivement différenciée d'un point de vue anthropologique ; dans un processus socio-historique extraordinairement complexe.

Citation:
J'ai l'étrange impression que l'auteur réduit ces deux questions l'une à l'autre, au point d'établir l'équation qui a fait tant couler beaucoup d'encre et de salives et susciter la colère chez nous autres Afrocentriques : Traite négrière = Pratique traditionnelle africain.

Franchement, il n'en est rien : l'auteur étudie le processus complexe de formation de la société saotoméenne, en mettant l'accent sur la contribution des Nègres à la culture de cette île. Son chapitre consacré à "Sao Tomé dans le commerce triangulaire" est sans équivoque sur l'origine de la traite négrière :
Izequiel Batista de Sousa a écrit:
Il ne faut pas perdre de vue que si le commerce d'êtres humains a pu se développer, s'installer, se structurer, se légaliser au point de devenir le socle sur lequel repose l'économie d'un pays, c'est qu'il y a eu des vendeurs mais surtout des acheteurs.

[...] Dès les premiers moments des découvertes, le rapt d'hommes pour les réduire en esclavage est pratiqué sans vergogne. Aussi, il n'est pas étonnant que dès les premières heures de la colonisation, la Couronne portugaise encourage une telle activité.
[p.59]

D'aucuns négriéristes académiques essaient de faire oublier que Dom Henrique, le cerveau des premières expéditions négrières atlantiques, était le fils du roi du Portugal de l'époque ; et qu'au décès de ce dernier, c'est l'un des frères d'Henri-le-Navigateur qui lui a succédé au trône. Ainsi de suite...

Sauf qu'Izequiel sait pertinemment que la traite négrière est un business inventé par la famille royale portugaise, qui avait d'étroits liens matrimoniaux avec les principales couronnes européennes, notamment belge, française et britannique
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Ven 17 Oct 2008 20:03    Sujet du message: Répondre en citant

Benny Da B' a écrit:

Pour le reste, j'ai trouvé ceci:

http://www.histoire-afrique.org/article201.html

Traite négrière et guerres dans le monde akan (fin XVIe-début XIXe siècles)
ALLOU Kouamé René
(département d’histoire, université Cocody-Abidjan)


Résumé

Cet article s’attache à montrer que la traite négrière n’explique pas fondamentalement les guerres dans le monde akan pendant la période de ce trafic. C’est plutôt le projet de société de certains grands personnages akan, le fondement philosophique et politique de leurs royaumes qui expliquent ces guerres. Nous verrons qu’en outre les sociétés akan avaient de grandes capacités d’intégration des esclaves au sein des matrilignages, sans avoir à les vendre aux négriers européens sur le littoral.

mots clés : traite négrière - Akan - guerres

Je ne connaissais pas ce site, je viens de le découvrir.

Parent, je connais ces articles du professeur Allou Kouamé. J'ai même fait un topo sur ce que je considère comme étant l'une de ses plus importantes contributions théoriques. Il a expliqué que les Ashanti utilisaient la poudre d'or comme monnaie internationale : ce qui m'a inspiré un topic sur ce forum intitulé (en substance) Le Bèna, étalon-poudre d'or des Ashantis...

La portée de cette théorie est très immense (et n'est pas exactement du ressort de notre propos ici ; quoique...). En effet, au XVIIè siècle, grâce au pillage des réserves minières américaines, les Blancs commencent seulement à peine à combler leur manque de métaux précieux, en vue d'émettre des pièces de monnaie, et donc de soutenir une grosse économie monétaire marchande en pleine gestation. D'ailleurs, certaines pièces anglaises de l'époque porteront le nom de "Guinée", parce qu'elles ont été battues grâce à l'or obtenu sur les côtes atlantiques du Golfe de Guinée par les expéditions négrières anglaises...

Or, à cette époque déjà les Ashantis ont des pratiques et institutions monétaires au moins aussi performantes que celles des Blancs : quand on dit que nous sommes capables de nous occuper nous même de nos affaires monétaires, c'est parce que c'était déjà le cas du temps de nos ancêtres ; depuis le Wagadu jusqu'à l'Ashanti et le Benin, en passant par Kongo-Dyna-Nza...

Grand merci à Allou d'avoir mis au rancart le poncif consistant à prétendre que les Ashantis vendaient leur or contre des esclaves, alors qu'en fait ils ACHETAIENT tout ce que les blancs pouvaient leur proposer au moyen de leur principale monnaie de commerce extérieur (outre les cauris, et autres espèces divisionnaires)...
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mar 30 Déc 2008 06:01    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
1/ d'abord la création des colonies insulaires, dès le XVè siècle : Açores, Madère, Cap Vert, Sao Tomé, etc. Depuis ces places fortes, imprenables par les populations africaines côtières, les Blancs organisaient eux-mêmes les razzias de Nègres ; Sao tomé ayant été le grand des entrepôts négriers de ce dispositif insulaire, particulièrement entre 1485 et 1599...

Je voudrais illustrer ce point avec un extrait de l'ouvrage (p.18 ) :

Le franchissement du cap Bojador en 1434 fut la porte ouverte sur l'Afrique. Arguin et la Sénégambie furent des lieux d'apprentissage où les Portugais se firent les dents en pratiquant un commerce désordonné de troc, de rapines et aussi des razzias. La factorie de l'île côtière d'Arguin devint une base et un relais pour une autre étape de la conquête et une autre forme d'échanges commerciaux.

La forteresse de Sao Jorge de Mina matérialisa une nouvelle ère du commerce qui pouvait se concevoir à deux niveaux : d'une part exploiter au maximum les richesses des pays africains et d'autre part revendre à ces mêmes pays des produits manufacturés au Portugal ou ailleurs.

Dans cet environnement, Sao Tomé et Principe occupent une position de choix, face au Bénin sous la domination d'un roi belliqueux et versatile avec lequel le Portugal a passé des accords. Les cargaisons d'esclaves sont dirigées directement vers la haute mer, évitant les aléas du cabotage et les attaques des pêcheurs. Elles deviennent la troisième pointe d'un triangle commercial qui préfigure le commerce triangulaire vers le Brésil. Sao Tomé et Principe sont le banc d'essai des grands bouleversements à venir. Elles sont aussi le véritable laboratoire du Portugal pour le commerce et l'agriculture.

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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Mar 30 Déc 2008 06:39    Sujet du message: Répondre en citant

On ne dira jamais assez que pour comprendre "la traite négrière", il est impératif de procéder généalogiquement : de partir des tous débuts du phénomène, de considérer ses éléments constitutifs dans ces temps matriciels, et de suivre la façon dont ils s'agglomèrent ou interagissent au fil du temps...

Par conséquent, il est très curieux d'observer que bien souvent les ouvrages étudiant la traite négrière ne s'attardent pas du tout sur ces "temps matriciels" (environ 1440 à 1640), dont pourtant les archives sont très abondantes, notamment au Portugal, Brésil et en Angola ; mais aussi au Cap Vert ou comme ici à Sao Tome...

Ainsi, les auteurs (occidentaux) nous embarquent directement dans période de l'apogée du phénomène (environ 1640 - 1840), en décrivant l'état de l'économie des déportations négrières transatlantiques de ce temps là comme ayant été toujours tel quel, au moins structuralement : avec des élites africaines qui auraient toujours vendu les leurs, et n'auraient jamais prospérer qu'en approvisionnant les étrangers en captifs nègres, dont ils auraient toujours été de grands spécialistes de la production...

Le pire, c'est que ce modèle d'étude (cette desciption) obtusément statique de l'éconmie des déportations négrières transatlantiques se donne pour une perspective évolutionniste, dynamique. En fait de dynamique, ses promoteurs (occidentaux) se contentent, pour la période antérieure, de rétropoler leurs descriptions de la période considérée ; faisant comme si ce qui serait vrai pour 1640-1840 l'aurait déjà été auparavant, ayant toujours été ainsi.

En somme, l'historiographie négriériste procède d'un paradigme atemporel, du postulat d'immuabilité des péhnomènes sociétaux négro-africains ; paradigme de prédilection en "ethnologie", c'est-à-dire en africanisme.

Ainsi, l'historiographie que je qualifie de "négriériste" est au fond une modalité particulière de l'africanisme. C'est le résultat de la démarche africaniste classique, appliquée au champ d'étude de l'économie des déportations négrières transatlantiques baptisé pour l'occasion "Traite négrière" ; ou pis encore "Traites négrières".

On comprend alors que de cette historiographie négriériste suinte (voire dégouline) la négrophobie épistémique caractéristique de l'africanisme...

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