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Les Traites négrières en Afrique, de Renault et Daget

 
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
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MessagePosté le: Mer 13 Juin 2007 14:51    Sujet du message: Les Traites négrières en Afrique, de Renault et Daget Répondre en citant

J'ai déserté les posts sur ce sujet, parce que je voudrais essayer d'en faire un bouquin d'ici à la fin de 2007. Comme ça, seuls ceux que cela intéresse vraiment le liront, éventuellement, plutôt que d'infliger des kilo. de textes à des grioonautes si peu réactifs à ces histoires de Yovodah...

Dans mes lectures en vue de ce projet d'écriture, j'en suis actuellement à cet ouvrage de François Renault et Serge Daget (éd. Karthala, Paris, 1985) que j'ai commencé à peine. Je n'en mettrai pas des tartines comme avec OPG...

Juste pour signaler que les deux auteurs s'appuient significativement sur HGA II (compréhensible pour Daget qui a contribué à cette collection) ; que l'ambiance générale est très différente de celle de OPG. Mais le propos reste fondamentalement similaire, avec ici des auteurs essayant d'interpréter sincèrement (de préférence à "objectivement") des informations dont ils sont conscients qu'elles sont très insuffisantes sur certains aspects.

Mon problème, c'est comment malgré ce sentiment de la sincérité de Renault et Daget, ils en arrivent à raconter quasiment la même histoire qu'un Pétré-Grenouilleau, dont le parti pris négriériste ne me fait aucun doute.

Il me semble que c'est le lieu d'où parlent ces différents auteurs qui détermine dans une bonne mesure ce qu'ils disent : que depuis l'Occident, avec une certaine éducation, une certaine manière de "voir" les choses, il est difficile de concevoir autrement le yovodah qu'en tant que "traite"...

En conséquence, les outrances idéologiques et autres subterfuges épistémologiques d'OPG ne doivent pas faire illusion : cet auteur ne dit qu' à sa manière (que je trouve intellectuellement malhonnête) ce que chacun de ses collègues "Blancs" pense des événements visés, compte tenu du lieu civilisationnel d'où ils les considèrent...

Bref, donc toute la littérature scientifique disponible sur le yovodah ne devrait jamais dissuader des Afrodescendants de mettre leur grain de sel dans chacun des aspects de cette histoire : une historiographie non-occidentale de la "traite" est indispensable, a fortiori une historiographie afrocentrée du yovodah...

Pour moi, il en résulte que ce n'est pas la peine de s'en prendre à un auteur en particulier, même s'il est aussi médiocre qu'OPG. Mais il convient plutôt de (bien) connaître l'historiographie occidentale de la traite négrière, et surtout d'élaborer une autre manière de raconter le yovodah, plus en phase avec notre propre entendement de cette histoire ; en résonnance expresse avec nos préoccupations (scientifiques, philosophiques, politiques, culturelles, économiques, etc.) de Nègres, les grands vaincus de cette histoire...
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Mer 13 Juin 2007 15:36    Sujet du message: Répondre en citant

Renault & Daget a écrit:
Au XIIIè siècle, une autre formation politique de grande ampleur se développa en Afrique odccidentale : l'empire du Mali qui, à son apogée, s'étendit de l'océan Atlantique jusqu'à la ville de Gao. La traite des esclaves sembla alors s'organiser sur une plus vaste échelle. Un historien arabe du XIVè siècle affirme : "Le roi de ce pays [musulman] fait constamment la guerre sainte, et il est en expéditions continuelles contre les Nègres païens qui sont ses voisins." Une partie des captifs était affectée au service personnel du souverain et des grands. Le nombre pouvait en être assez considérable si l'on en croit certaines indications sur la suite -dix mille personnes environ- qui accompagna l'empereur Kankan Moussa lors d'un célèbre pèlerinage que celui-ci effectua à la Mecque en 1324.


1/ Donc, à partir du XIII siècle, la traite "sembla" en expansion en Afrique occidentale. Les auteurs en veulent pour preuve la nombreuse suite de Kankou Moussa. Selon leur principal informateur, Al Omari ["Masalik el Absar"], cette suite aurait été constituée, tantôt "de jeune esclaves", tantôt de "sujets". Makrizi, une autre source arabe parle de "esclaves femmes" ; tandis que le Tarikh el Fettach signale des "personnes". Quant au nombre de la suite, il varie entre "huit mille", "dix mille" et "quatorze mille". [Cf. note n°34, en bas de la pge n°25]

2/ Par conséquent, l'évocation de la multiplication de "guerres saintes" en Afrique occidentale aura suffit à en déduire une expansion de la "traite" : comme si ces "guerres saintes" avaient pour conséquence nécessaire de "produire" des esclaves. Or, en principe une guerre fait des vainqueurs et surtout des vaincus ; ces derniers pouvant être réduits en servitude, s'ils ne sont pas purement et simplement "liquidés".

3/ Pour autant, toute servitude humaine n'est pas nécessairement de l'esclavage. En sorte que le seul indice de la prolifération d'expéditions guerrières ne suffit pas à conclure à l'expansion de la "traite" ; laquelle est encore autre chose que de l'esclavage...
D'ailleurs, Daget & Renault définissent l'esclavage comme une forme de "domination de l'homme sur l'homme" caractérisée par des "liens de dépendance, fondés sur la coutume et la loi, au service d'un maître qui seul aurait la possibilité de les rompre, enlevant ainsi à l'individu la liberté de disposer de lui-même" [p.5]

En outre, comment déterminer si la suite de Kankou Moussa témoigne de quelque "esclavage", a fortiori de la "traite" en Afrique occidentale du temps des Mansah Mali, lors même que les informateurs arabes ne s'accordent pas sur le statut et la nature effectifs des individus qui composaient ladite suite? Bref, les éléments mobilisés restent assez fragiles pour étayer la "vaste échelle" de la traite, c'est-à-dire du commerce d'esclaves en Afrique, aux XIIIè et XIVè siècles...

Au passage, le terme "Nègres" employé comme une traduction de l'arabe du XIVè siècle me semble anachronique. Si ce mot provient des Portugais lors de leurs contacts avec les Africains à partir du XVè siècle, alors il ne pouvait pas avoir d'équivalent dans les dialectes arabes des XIIIè et XIVè siècles. Sauf erreur de ma part...

Plusieurs générations d'auteurs emploient des "il semble", "probablement", "vraisemblablement", et autres formes du conditionnel, pour interpréter des événements historiques inégalement documentés. De décennies en générations, ces précautions de langage sautent progressivement, comme des "tabous" qu'on lève, pour devenir une vérité (justement réputée "sans tabou") sous la plume d'universitaires ambitieux, dépourvus de probité intellectuelle. Même la très hypothétique traite intra-africaine a désormais son estimation pile poil estampillée Pétré-Grenouilleau...
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Gnata
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Messages: 1127

MessagePosté le: Jeu 14 Juin 2007 04:20    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
J'ai déserté les posts sur ce sujet, parce que je voudrais essayer d'en faire un bouquin d'ici à la fin de 2007...


Vieux Dogon on dit koi , pour une bonne nouvelle c'en est une , je m'étonne que presonne ne soit encore venu te donner un vigoureux Atouuuuu Laughing , depuis le temps qu'on l'attendait Laughing , mieux valait tard que jamais dans tous les cas...
La documentation dans ce domaine précis est sincèrement insuffisante , pour ne pas dire carrément inexistante . D'autres ont réfuté l'aile humanisto-philantropique , économique , civilisatrice ect... que les précédents de Pitre-la-grenouille voulaient promouvoir à notre insu , maintenant c'est au tour de la traite et des responsabilités ( existence ou non de l'esclavage en Afrique ect...) .

Ce bouquin aidera surement beaucoup d'Africains , d'antillais et d'americains-Afros à mieux cerner les acteurs et leurs rôles dans cette question , il existe un besoin immense de connaissances sur cette thématique .
Le black History month ne fait que célébrer ( en pompe ) une chose , l'Histoire de L'Esclavage ( enfin pour une grande partie ) , et pourtant pas grand monde n'est en mesure de discuter les thèses de la bande ( idéologique ) du très vilain Pitre la Grenouille et ce , pour la simple raison que nous n'avons pratiquement aucun historien qui s'est penché dessus jusqu'à maintenant , aucune référence de notre vision en la matière , certains en voulaient à CAD pour ne pas avoir traité cette thématique ... et voilà que le Hogon parmis les vieux Dogons Ogotemmêli va le faire Laughing , mes encouragements et chapeau frère Laughing !
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"Always be intolerant to ignorance but understanding of illiteracy (..)in those homely sayings (mother wit) was couched the collective wisdom of generations" I know why the caged bird sings, p99, Maya Angelou
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OGOTEMMELI
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Messages: 1498

MessagePosté le: Jeu 14 Juin 2007 15:39    Sujet du message: Répondre en citant

Gnata a écrit:
Vieux Dogon on dit koi , pour une bonne nouvelle c'en est une , je m'étonne que presonne ne soit encore venu te donner un vigoureux Atouuuuu , depuis le temps qu'on l'attendait , mieux valait tard que jamais dans tous les cas...

Héé, Parent, toi aussi : depuis quand on partage le gibier qu'on n'a pas encore tué? Rien n'est encore fait qui mérite Atouuuu. Ou bien c'est pression ké tu me mets comme ça, pour me dissuader de reculer Laughing

En tout cas, c'est en projet. C'est l'homme qui a peur, sinon ya foye!

Reste plus qu'à squatter la biblio municipale du coin chaque week-end (ou le plus souvent possible...), à lire et à gratter papier des Blancs pendant des mois. Après on verra ooh!

Mais ça ne m'empêche pas de te remercier pour tes encouragements si enthousiastes.

Fraternellement
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TjenbeRed
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Messages: 1214
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MessagePosté le: Mer 20 Juin 2007 13:14    Sujet du message: Re: Les Traites négrières en Afrique, de Renault et Daget Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
En conséquence, les outrances idéologiques et autres subterfuges épistémologiques d'OPG ne doivent pas faire illusion : cet auteur ne dit qu' à sa manière (que je trouve intellectuellement malhonnête) ce que chacun de ses collègues "Blancs" pense des événements visés, compte tenu du lieu civilisationnel d'où ils les considèrent...

En effet. Il ne faut pas oublier que le prix qu'il a reçu du Sénat ne lui a pas été directement décerné par les Sénateurs, mais par un jury composé d'historiens français "de référence".

Bravo pour ton courage !
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"Qui a peur de peuples noirs développés ?"
(Mongo BETI, La France contre l'Afrique)


Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis blanc.
Pour les "anciens" du Forum, mon prénom n'est pas François. Enfin, je ne suis pas lié à l'association "Tjenbé Rèd".[/color]
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RICHYRICH
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MessagePosté le: Ven 29 Juin 2007 23:33    Sujet du message: Répondre en citant

c'est une décision qui a besoin d'un temps certain de maturation, n'est ce pas ? Wink
pourquoi ne pas faire abstraction totale de la vision des Blancs qui transparaît dans leur littérature, ne prendre à la rigueur que leurs sources d'Archives ( http://www.comite-memoire-esclavage.fr/article.php?id_article=127 ) et ré-écrire votre propre vision des choses, non pas en réponse donc, mais en question...?
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OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Dim 08 Juil 2007 22:59    Sujet du message: Re: Les Traites négrières en Afrique, de Renault et Daget Répondre en citant

TjenbeRed a écrit:
OGOTEMMELI a écrit:
En conséquence, les outrances idéologiques et autres subterfuges épistémologiques d'OPG ne doivent pas faire illusion : cet auteur ne dit qu' à sa manière (que je trouve intellectuellement malhonnête) ce que chacun de ses collègues "Blancs" pense des événements visés, compte tenu du lieu civilisationnel d'où ils les considèrent...

En effet. Il ne faut pas oublier que le prix qu'il a reçu du Sénat ne lui a pas été directement décerné par les Sénateurs, mais par un jury composé d'historiens français "de référence".

Bravo pour ton courage !

Oui, malheureusement, OPG n'est pas du tout le seul à penser comme il pense. En tout cas merci pour les encouragements.
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OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Dim 08 Juil 2007 23:05    Sujet du message: Répondre en citant

RICHYRICH a écrit:
c'est une décision qui a besoin d'un temps certain de maturation, n'est ce pas ? Wink
pourquoi ne pas faire abstraction totale de la vision des Blancs qui transparaît dans leur littérature, ne prendre à la rigueur que leurs sources d'Archives ( http://www.comite-memoire-esclavage.fr/article.php?id_article=127 ) et ré-écrire votre propre vision des choses, non pas en réponse donc, mais en question...?

"Les Blancs" n'est pas à prendre à la lettre, car évidemment quelqu'un comme Louis Salan-Molins ne pense pas exactement la même chose que OPG ; pas davantage Nelly Schmidt ou à un moindre degré Hugh Thomas. Mais je comprends bien lcette suggestion. J'essaierai d'abord de répondre au négriérisme, puis en fonction des circonstances on verra si je peux envisager du travail inédit, en étudiant directement des sources primaires. Ce serait le must, mais cela est un boulot à plein temps, qui suppose des moyens, et surtout la constitution d'une équipe pluridisciplinaire...
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RICHYRICH
Grioonaute 1


Inscrit le: 30 Juil 2006
Messages: 130

MessagePosté le: Sam 28 Juil 2007 22:34    Sujet du message: Répondre en citant

http://img508.imageshack.us/img508/6718/articlevergsig7.jpg

et un blanc à prendre à la lettre : "on peut juger de la beauté d'un livre à la vigueur des coups de poing qu'il vous a donnés et à la longueur de temps qu'on met ensuite à en revenir" (Gustave Flaubert)
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maatkmt
Grioonaute


Inscrit le: 12 Juil 2006
Messages: 14

MessagePosté le: Ven 07 Déc 2007 10:53    Sujet du message: Répondre en citant

Mr OGOTEMMELI,

Je Vous remercie par avance pour votre futur livre et espère qu'il sera à la portée de tous. Il me semble que sur un autre post relatif à la traite en rapport OPG, j'avais à la suite d'un autre grionaute demandé que vous compiliez vos écrits sur ce forum en un bouquin vous aviez à ce moment plaidé modestement que vous n'aviez pas l'envergure d'un écrivant ou historien.

Sans me tromper vous semblez être déçus par l'absence de contributions relatives au sujet de l'esclavage et c'est ce qui vous a pousser à préparer votre futur livre sur l'esclavage. Je vous demande d'être un peu clément en vers certains grionautes qui comme moi ne sont pas des spécialistes et qui cherchent à comprendre à s'instruire non par le biais de sources occidentales (ce que nous avons appris à l'école) mais par des sources africaines ( j'y inclus toutes la diaspora). Pour avoir une autre vision du monde qui comme l'a dit une fois sur RFI Pr T OBENGA ne demande pas caution au blanc et sans une aucune référence à l'homme blanc pour répéter ici le mot de Steve BIKO.

Je vous concède que je profite de votre travail mais ne vous découragé par et chassez aussi que pour avoir accès à ces informations il m'a fallut avoir un ordinateur et les moyens de me connecter. Je vous informe que je vie en Guinée de Sékou TOURE et que je suis togolais. Donc pour moi déjà avoir accès à vos écrits est un luxe que beaucoup n'ont pas mais rassurer et ne vous fâchez pas j'en fait souvent des impressions que je partage avec des amis et des élèves. C'est ma petite contribution à la diffusion de vos idées. Les droits d'auteurs sont respectés car la source est toujours citée.

Merci de continuer et d'excuser par avance toutes fautes à votre égard
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OGOTEMMELI
Super Posteur


Inscrit le: 09 Sep 2004
Messages: 1498

MessagePosté le: Sam 08 Déc 2007 12:47    Sujet du message: Répondre en citant

maatkmt a écrit:
Mr OGOTEMMELI,
Je Vous remercie par avance pour votre futur livre et espère qu'il sera à la portée de tous. Il me semble que sur un autre post relatif à la traite en rapport OPG, j'avais à la suite d'un autre grionaute demandé que vous compiliez vos écrits sur ce forum en un bouquin vous aviez à ce moment plaidé modestement que vous n'aviez pas l'envergure d'un écrivant ou historien.

Merci frère, les choses suivent leur cours ; même si c'est moins rapide que je ne le pensais. On se tiendra au courant...
Citation:
Je vous concède que je profite de votre travail mais ne vous découragé par et chassez aussi que pour avoir accès à ces informations il m'a fallut avoir un ordinateur et les moyens de me connecter. Je vous informe que je vie en Guinée de Sékou TOURE et que je suis togolais. Donc pour moi déjà avoir accès à vos écrits est un luxe que beaucoup n'ont pas mais rassurer et ne vous fâchez pas j'en fait souvent des impressions que je partage avec des amis et des élèves. C'est ma petite contribution à la diffusion de vos idées. Les droits d'auteurs sont respectés car la source est toujours citée. Merci de continuer et d'excuser par avance toutes fautes à votre égard

Maatkmt, je crois qu'on avait déjà évoqué ce sujet : ma position n'a pas changé, à savoir qu'en ce qui me concerne, un post envoyé sur ce forum (ou tout autre) est complètement libre de droit. Tu peux donc en faire ce que tu veux, à plus forte raison si c'est pour en faire un aussi bon usage. Au contraire, je voudrais te remercier particulièrement de faire entendre autour de toi d'autres sons de cloche que le monologue eurocentriste séculaire...

Avec ARDIN et d'autres amis, nous travaillons actuellement à monter une association qui aurait pour objet de collecter des ouvrages en Diaspora, en vue de les envoyer à des partenaires résidant en Afrique. Il s'agit justement de diffuser les ressources bibliographiques permettant d'entendre autre chose sur l'Afrique et les Africains qu'un discours hégémonique, autiste, qui se donne fallacieusement pour "universel"...

Je serais très heureux si tu voulais bien prendre part à ce projet, en tant que l'un des relais établis en Guinée, qui rassemblerait autour de lui un club de lecteurs s'échangeant les livres que nous leur enverrions. Je dois préciser qu'il ne suffirait pas de les lire, nous attendons que ces lectures suscitent des débats de plus en plus ouverts aux milieux scolaires, enseignants, voire médiatico-politiques. Nous examinons également la possibilité que chaque club de lecteurs choisisse périodiquement (mensuellement?) un ouvrage, en vue d'en faire une note de lecture qui serait publiée sur un site web dédié, à moins que ce ne soit sur Iprhinet et/ou celui de la Librairie Anibwe qui sera notre libraire partenaire du projet. Anibwe est déjà notre point de ralliement en vue d'en discuter, chaque fois qu'Ardin descend de Londres à Paris. Et mon compatriote Kassy qui s'en occupe est très solidaire de cette initiative..

D'ailleurs, en tant que coordonnateur de ce projet, c'est à Ardin qu'il revient de le présenter sur le web, notamment sur le forum de Grioo. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de l'avoir éventé ici, où j'ai pensé que ton interpellation se prêtait à une telle réponse...en manière de "prodada"...

Pour toutes autres info à ce sujet, me contacter ou contacter Ardin par mp...
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maatkmt
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Inscrit le: 12 Juil 2006
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MessagePosté le: Lun 10 Déc 2007 15:07    Sujet du message: Répondre en citant

Je te remercie pour ton post et je te promets d'essayer de mettre sur pied ici un club de lecture (il y a très peu de lecteurs qui aiment partager leurs lectures) et je t'informe que je connais le forum d'iphrit et j'y suis incris. Dès que j'arrive à trouver des gens qui aimeraient participer à ce projet je me mets en rapport avec toi pour être un des points d'échange de cette mines d'informations.

D'avance merci
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ARDIN
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Messages: 1863
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MessagePosté le: Lun 10 Déc 2007 16:13    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:
ARDIN et d'autres amis, nous travaillons actuellement à monter une association qui aurait pour objet de collecter des ouvrages en Diaspora, en vue de les envoyer à des partenaires résidant en Afrique. Il s'agit justement de diffuser les ressources bibliographiques permettant d'entendre autre chose sur l'Afrique et les Africains qu'un discours hégémonique, autiste, qui se donne fallacieusement pour "universel"...

L'Association existe deja, nous travaillons sur le projet.
Citation:
Je serais très heureux si tu voulais bien prendre part à ce projet, en tant que l'un des relais établis en Guinée, qui rassemblerait autour de lui un club de lecteurs s'échangeant les livres que nous leur enverrions. Je dois préciser qu'il ne suffirait pas de les lire, nous attendons que ces lectures suscitent des débats de plus en plus ouverts aux milieux scolaires, enseignants, voire médiatico-politiques. Nous examinons également la possibilité que chaque club de lecteurs choisisse périodiquement (mensuellement?) un ouvrage, en vue d'en faire une note de lecture qui serait publiée sur un site web dédié, à moins que ce ne soit sur Iprhinet et/ou celui de la Librairie Anibwe qui sera notre libraire partenaire du projet. Anibwe est déjà notre point de ralliement en vue d'en discuter, chaque fois qu'Ardin descend de Londres à Paris. Et mon compatriote Kassy qui s'en occupe est très solidaire de cette initiative..

Je serai moi aussi tres tres heureux de te compter parmi nous a travailler pour la reussite de ce projet. Nous avons besoin d'inonder toute l'Afrique Noire de SON SAVOIR dont on la prive depuis trop longtemps.
Citation:
D'ailleurs, en tant que coordonnateur de ce projet, c'est à Ardin qu'il revient de le présenter sur le web, notamment sur le forum de Grioo. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de l'avoir éventé ici, où j'ai pensé que ton interpellation se prêtait à une telle réponse...en manière de "prodada"...

Non, il n'ya aucune raison de t'en vouloir, sauf si tu ne reponds pas au dernier mail que j'ai envoye et qui souffre toujours dans l'attente.
Citation:
Pour toutes autres info à ce sujet, me contacter ou contacter Ardin par mp...

Il nous reste a finaliser quelques points avant de lancer officiellement l'operation, mais nous sommes deja en mesure de fournir des infos la dessus. Il y aura d'ailleurs un topic ici ou nous echangerons les infos utiles.... N'hesiter pas a nous contacter. Merci
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maatkmt
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MessagePosté le: Mer 26 Déc 2007 17:45    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de lire un article intitulé "Islam et esclave" dans le JA n°2445 du 18 au 24 novembre 2007. Peut-être que vous l'avéez déjà lu mais je voudrais le faire partager et j'espère que Ja ne m'en voudra pas que vous searis indulgent avec chèrs grioonautes


ISLAM ET ESCLAVAGE


JEUNE Afrique DU 18 AU 24 NOVEMBRE 2007 N°2445

DOMINIQUE MATAILLET

TABOU, Au terme d'une longue enquête qui l'a mené de Nouakchott Brunei, Malek CHEBEL dresse un constat accablant : l'esclavage a été et reste un fait musulman

Le mot le plus courant, en arabe, pour désigner l'esclave est 'abd, duquel dérivent des termes comme 'ubudiyya (« esclavage »).D'autres vocables sont encore utilisés, tels que raqîq (« mis en servitude »), jâriya (« esclave femme »), ghulîm (« esclave homme »).Et ce n'est pas tout. Au Proche-Orient, zandj (probablement de Zanzibar) et aswad désignent l'esclave noir, alors que mamlûk (littéralement « possédé ») s'applique à une catégorie particulière, la caste militaire servile.

Ce n'est donc pas le vocabulaire qui manque en terre d'Islam pour parler de l'esclavage. Cette richesse sémantique tranche toutefois avec le mutisme qui entoure le phénomène. Un mutisme d'autant plus choquant, aux yeux de Malek CHEBEL, que l'esclavage a pris des dimensions considérables tout au long de l'histoire de cette région du monde et qu'il reste à bien des égards très présent dans le quotidien de centaines de millions de gens.

C'est pour briser ce silence assourdissant que l'anthropologue algérien, bien connu des lecteurs de Jeune Afrique pour ses nombreux ouvrages autour de l'islam, s'est livré à une longue enquête. Fruit d'innombrables lectures, son pavé de 500 pages est aussi et surtout le compte rendu d'un voyage de plusieurs mois qui l'a conduit des rives de l'Atlantique au fin fond du Sud-Est asiatique en passant par les pays du Golfe, l'Asie mineure, l'Afrique saharienne.

Le constat final est accablant : « À Brunei, au Yémen, dans les pays du Sahel, chez les Touaregs, en Libye, dans le Sahel tunisien, en Égypte, en Arabie, en Mésopotamie, au Soudan ou à Djibouti, il n'est pas un lieu gagné par l'islam où ne se soit jamais pratiqué le commerce d'esclaves

Encore convient-il d'établir des distinctions entre pays et de relever les caractéristiques propres des différentes contrées concernées. La Libye et l'Algérie, par exemple, débouchés naturel des routes commerciales transsahariennes, ont surtout servi de voies de transit. Des pays tels q l'Égypte ou l'Arabie saoudite actuelles étaient, eux, de gros consommateurs, osera-t-on dire. Idem pour la Turquie. Les Européens ont fantasmé sur les odalisques des harems d'Istanbul, sujet de prédilection pour les peintres orientalistes, et se sont extasiés sur les exploits militaires des janissaires de l'Empire ottoman. Faut il rappeler que les premières comme les seconds étaient des captifs?

En Afrique, on le sait, c'est à la lisière du monde noir que l’esclavage prit les plus grandes proportions. Au Maroc où la composante négroïde de la population saute aux yeux du voyageur les traces sont manifestes. Que sont les musiciens gnaouas sinon les descendants des Noirs importés » de la zone soudanienne au temps où le Maroc était une grande puissance régionale? Et puis, il y a le cas de la Mauritanie, où, malgré les démentis, l'esclavage reste une réalité manifeste. La preuve en est que le Parlement a voté à plusieurs reprises des textes l'interdisant. Malek Chebel rappelle un indice qui ne trompe pas: de nombreuses associations d'affranchis tentent de se constituer en force politique. « En attendant, commente l'auteur, chaque foyer de Beidane ("Blancs") entretient des harratine noirs, fils d'anciens esclaves auxquels il donne le nom de "serviteurs", un peu comme on faisait naguère à la Barbade, où l'on gratifiait pudiquement du nom d'apprentis" les esclaves fraîchement libérés de leurs chaînes. »

Ainsi donc, une bonne part de la main-d'oeuvre servile utilisée dans le monde arabe venait d'Afrique subsaharienne - en Tunisie, le même mot, abîd, désigne indistinctement l'esclave et le Noir... - et tout particulièrement du Sahel, de l'Éthiopie ainsi que de la côte orientale du continent. Mais les Balkans et les steppes de l'Asie centrale furent également d'importants bassins pourvoyeurs.

Combien furent-ils? Dans le cas de la traite occidentale, les éléments de chiffrage existent: les négriers tenaient des journaux de bord dans lesquels était reporté le détail de leur commerce honteux. Rien de tel avec la traite orientale. Confrontant les diverses sources, Malek Chebel estime à plus de 20 millions le « volume total de l'esclavage en terres arabes et musulmanes ». Ce nombre englobe aussi bien les captifs de guerre slaves, les concubines et les domestiques circassiennes, que les domestiques noirs achetés à des négriers ou razziés dans les villages du Sahel, les marins chrétiens capturés par les corsaires barbaresques en Méditerranée. Les négriers arabes auraient donc fait « mieux » que leurs homologues européens. Les uns ont, il est vrai, sévi pendant quatorze siècles, contre moins de quatre pour les autres.

Faut-il chercher dans le Coran la cause du mal? Le Livre, certes, accepte que la condition de sujétion des esclaves par rapport aux maîtres soit maintenue en l'état. Car l'islam est né dans une région du monde où l'esclavage était quasiment un mode de production. Mais il tente d'en limiter les abus;'tout comme il apporte un progrès incontestable à la situation des femmes (notamment en limitant à quatre le nombre des épouses autorisé).

Par ailleurs, l'affranchissement est recommandé au croyant dont il favorise l'accès au Paradis. Le prophète Mohammed n'avait-il pas donné l'exem¬ple en la matière?

Vivement encouragé en théorie, l'affranchissement n'a, hélas, guère été suivi en pratique. De siècle en siècle, l'esclavage est devenu un fait musulman, s'inscrivant profondément dans les habitudes. Pourtant, c'est un sujet dont on ne parle pas. En dehors de l'Égyptien Mohamed Abdou, du Syrien Rachid Ridha, de l'Iranien Mirza Ah Mohamed, fondateur, au XIXe siècle, du bâbisme, qui a fermement condamné cette pratique, la plupart des réformateurs sont restés étonnamment discrets sur la question.

Et que dire des islamologues ! Louis MASSIGNON, Vincent MONTEIL ou Jacques BERQUE disposaient des informations qui leur auraient permis, en plein XXe siècle, de tirer la sonnette d'alarme. Peut-être ont-ils préféré, écrit Malek CHEBEL, « la hauteur mystique des grands penseurs, des philosophes et des théosophes de l'islam aux réalités scabreuses des marchands de chair humaine ». Ils savaient, mais leur empathie pour l'islam les inclinait à trouver à cette religion et aux hommes qui s'en réclament des excuses qui ne sont en rien justifiées.

Quand bien même la réalité de l'esclavage arabe est reconnue, c'est souvent pour en atténuer la rudesse : il n'aurait pas abouti à la dépersonnalisation de l'esclave, comme cela a été le cas avec le commerce triangulaire Afrique-Amérique-Europe, affirme-t-on. Comme s'il pouvait y avoir une graduation dans l'infamie...

Mais le pire est peut-être dans l'impact que l'esclavage a eu sur les moeurs politiques du monde arabe. Dans un livre tout récent*, l'universitaire marocain Mohammed ENNAJI explique en quoi il a fondé le rapport au pouvoir et donc l'ab¬solutisme qui est encore souvent la règle dans cette partie du monde.

Une fois le livre de Malek CHEBEL - dont, curieusement, les médias ont peu parlé - fermé, on ne voit plus la civilisation islamique de la même façon. Comme l'auteur lui-même, qui, pour, cette étude a dû « parcourir au moins 120000 kilomè¬tres » pour en arriver à cette terrible conclusion: « L'islam dit l'inverse de ce que les musulmans pratiquent, et c'est une énigme en soi. La duplicité humaine qui consiste à transfor¬mer un message d'émancipation en goulag humain fait partie intégrante de ce paradoxe. » ∎

* Le Sujet et le Mamelouk. Esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe, éd. Mille et une nuits, 368 pages, 16 euros.




Malek Chebel : « j'ai voulu briser le silence»
Propos recueillis par Dominique MATAILLET

JEUNE AFRIQUE : Pourquoi ce livre, et pourquoi maintenant?

MALEK CHEBEL : C'est une question qui me tenait à coeur depuis longtemps. Pour écrire mes livres, je constitue des dossiers richement documentés. La prise de conscience, tardive, hélas, du phénomène de l'esclavage dans le monde islamique m'a laissé penser que l'opinion était assez bien préparée. Compte tenu de la surface que j'ai acquise dans le domaine des études sur l'islam, je me suis dit: c'est un discours qui peut passer maintenant.

Est-ce que ce discours passe effectivement? Il semble qu'il crée beaucoup de gêne.

S'il dérange, c'est que je touche quelque chose de fondamental et de vrai. C'est qu'il y a encore des esclaves. Tant mieux donc si mon livre gêne, car j'ai voulu briser l'opacité qui entoure cette question de l'esclavage.

Avez-vous eu vent de réac¬tions hostiles?

Il y a eu un mouvement dans les chancelleries arabes, qui a été vite éteint. Ils ont compris que, média¬tiquement parlant, cela aurait été très mauvais pour eux d'enclencher une offensive.

Les médias vous suivent-ils ?

Je constate une gêne, une retenue de leur part, ici, en France. Les journalistes sont circonspects. Ils ne savent pas comment prendre l'information.

Au Maghreb, mis à part un papier, en août, donc avant la sortie du livre, dans Le Quotidien d'Oran, c'est motus et bouche cousue. Même au Maroc, d'habitude plus ouvert, aucun écho dans les médias non plus. En clair, il y a un blocage maghrébin.

Dans quels pays l'escla¬vage a-t-il gardé le plus de réalité ?

L'esclavage est encore sensible en Mauritanie. Mais l'État fait des efforts assez importants pour se débarrasser de cet héritage scandaleux. Le phéno¬mène des petites bonnes au Maroc est aussi à prendre en considération. Un secrétariat d'État a d'ailleurs été créé pour recenser les jeunes filles et leur donner un statut. Il y a évidemment tout un esclavage invisible dans les monarchies et les sultanats du Golfe. À quoi s'ajoute, dans les mêmes pays, un nouvel esclavage économique. Dans l'Afrique moyenne, au Mali, au Tchad et ailleurs, subsistent de mul¬tiples formes d'esclavage, liées cette fois à la pauvreté. On ,m,',a parlé de vente d'enfants ici ou là. Il faut men¬tionner également les intouchables en Inde.

Vous décrivez la société toua¬règue comme l'une des pires sociétés esclavagistes...

Les rapports esclavagistes ont été à peu près maintenus. Il y a, bien sûr, eu une atténuation avec l'ap¬parition des États-nations dans les ` cinq pays africains où vivent les Touaregs. 'L'existence d'une police nationale, d'une justice relativement distincte des ethnies et des oligar¬chies est un progrès incontestable. Mais, sous cape, les aristocrates touaregs sont toujours des aristo¬crates et les esclaves, les harratine, sont toujours leurs serviteurs.

Pourquoi les mentalités évo¬luent-elles si lentement?

Parce que tout le monde, à com¬mencer par les élites religieuses, se tait. Quand on pose la question, on dit qu'il y a bien d'autres problèmes tels que la pauvreté, les maladies. Moi, je dis: sur le plan moral, ce n'est pas acceptable en 2007 qu'il y ait encore des esclaves.


Comment expliquer ce silence dans le monde arabo-musulman?

Pour beaucoup de gens, l'esclavage, ça n'existe pas. Même quand tu dis à un esclavagiste: « Tu as des esclaves. » Il te répond: « Mais non, ce sont mes enfants adoptifs. Je les aime comme mes fils. »

On dit aussi que l'escla¬vage dans le monde arabe n'a rien à voir avec l'esclavage occidental...

C'est vrai que la traite négrière occidentale était strictement économique, puisqu'elle consistait à transporter des Africains dans les plantations en Amérique, alors que l'esclavage oriental était plus diversifié. Les captifs étaient utilisés dans l'agri¬culture, mais aussi comme soldats ou pour servir dans les palais.

Si la traite occidentale a duré moins de quatre siècles, la traite orientale s'est étalée sur quatorze siècles, puisque j'en situe les débuts avec la naissance de l'islam. Le fait que le phénomène soit dilué dans le temps et qu'il n'y ait pas eu de bateau négrier donne le senti¬ment que c'est différent. Le volume total de l'esclavage dans le monde arabo-islamique atteint pourtant, selon les estimations les plus sérieu¬ses, les 20 millions, soit plus que le nombre d'Africains déportés dans les Amériques. Alors, pour moi, aujourd'hui, c'est pareil. ∎


INTROSPECTION PAR FRANCOIS SOUDAN

Le fait qu'un auteur musulman comme Malek CHEBEL, d'origine algérienne, ait eu la volonté d'écrire Un ouvrage grand public sur le sujet tabou de l'esclavage en terre d'islam est une première. Et devrait donner quelques idées. Grâce à lui, les traites dites « arabes », orientales et transsahariennes, les plus longues et les plus meurtrières, rejoignent dans l'opprobre les traites européennes que la loi TAUBIRA de 2001 a justement qualifiées de crimes contre l'humanité.

Un travail utile et courageux donc, mais dont on attend la suite. En l'occurrence, il est de moins en moins compréhensible que les questions de l'esclavage interne - tant domestique que marchand - en Afrique subsaharienne, tout comme celles des responsabilités locales purement africaines dans le développement des 4c grandes » traites, en particulier occidentales, demeurent quasiment inabordables et totalement exclues de la reconnaissance mémorielle. Aujourd'hui encore, le simple fait d'écrire que seul un faible pourcentage des captifs déportés au-delà de l'Atlantique ont été directement razziés parlés négriers européens, mais qu'ils le furent en majorité par des États intermédiaires, lesquels en faisaient commerce de leur plein gré, sur une base de partenariat et de rentabilité, est considéré comme politiquement incorrect, à la limite du révisionnisme.

Du Fouta Djallon au royaume d'Abomey, des chefferies Ovimbundu aux marchands de grande envergure swahilis ou vilis, combien de fortunes, combien d'entités étatiques se sont-elles construites sur cet échange régi par la loi de l'offre et de la demande que fut aussi la traite? Et cela avec " d'autant moins de mauvaise conscience que l'esclavage n'y était pas plus réprouvé sous ces latitudes qu'au Nord, voire couramment pratiqué sous une forme domestique? Dire ces évidences, dont il demeure aujourd'hui encore de nombreuses traces, ce n'est pas entrer dans une concurrence victimaire, encore moins atténuer l'horreur industrielle et raciste des traites européennes. C'est simplement aborder enfin avec sérénité un pan de l'Histoire. Beaucoup d'Africains estiment que les chercheurs non africains ne sont pas les mieux placés pour en parler ce qui est exact, mais n'enlève rien à la nécessité de cette introspection. On attend donc avec intérêt que Malek CHEBEL fasse, au sud du Sahara, des émules... ∎
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