Je vais faire un ti peu de pub : il s'agit d'un magnifique projet, réalisé par Serge BILE, le plus Martiniquais des Ivoiriens, qui, une fois de plus, s'est impliqué dans le travail de mémoire de nos communautés afro-descendantes, en allant rechercher chez nos anciens les mémoires vivantes de ceux qui ont connu les derniers esclaves, au XIXè siècle
Voilà la présentation du projet sur le site :
Citation:
J’ai crée ce site pour donner la parole aux « anciens » afin qu’ils disent l’esclavage tel que leurs grands parents et arrière-grands-parents l’ont directement vécu et eux-mêmes raconté à leurs enfants et petits-enfants d’alors, devenus aujourd’hui septuagénaires, octogénaires, nonagénaires et centenaires. Avec Daniel Sainte-Rose et sa caméra, nous avons sillonné la Martinique et recueilli ces témoignages uniques pour qu’ils servent à l’Histoire.
Serge Bilé
Ces témoignages sont exceptionnels, et surtout très émouvants Ces anciens magnifiques sont souvent au bord des larmes, et le spectateur n'en est pas loin non plus
Ces témoignages valent tous les livres d'histoire, car c'est de l'Histoire vivante. Ils n'ont pas de prix.
ALLEZ LES VOIR _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Quelques impressions après avoir visionné l'ensemble des témoignages : c'est vraiment TRES EMOUVANT
Ces anciens ont eu de la chance d'avoir recueilli ces récits de la part de leurs aïeux, généralement leurs grands-parents, car, à l'époque, c'était le black-out (sans mauvais jeu de mots ) complet autour de la période de l'esclavage. C'était la consigne qui avait officiellement été donnée par les autorités coloniales : " oubliez !" mais on se rend compte aussi, à l'écoute de nos Anciens admirables, qu'il y avait aussi et surtout beaucoup de souffrance à l'évocation de cette époque Les Anciens que vous voyez là sont des petits-enfants, voire arrière-petits-enfants des derniers esclaves, ils ont, pour la plupart, entre 90 et 100 ans, et ils en pleurent encore
Celà dit, il y en a qui arrivent à évoquer les événements qui leur ont été transmis avec un certain sens de l'humour, bon, c'est vrai, il s'agit souvent, dans ce cas là, de l'Abolition Il y a une façon de raconter, un mordant, une esplièglerie dans les chansons de l'époque, qui ont été transmises, que je trouve extraordinaire
Mes préférés :
- Yvonne Gaspard (témoignage n°2) : évoque le sort des enfants d'esclaves, qui participaient au travail des champs, situation qui a perduré bien après l'abolition (les fameuses "ti bandes" qu'on peut voir dans Rue Cases Nègres ). Elle conclue : "Tous ces gens qui ont fait de fortunes, c'est le sang des malheureux"
- Paul Hannibal (témoignage n°8 ) : arrière-petit-fils d'un esclave affranchi peu avant l'abolition, et qui a réussi à monter un commerce et à acheter un îlet qui est resté dans le patrimoinde de sa famille depuis plus de 100 ans
- Christian de Reynal (témoignage n°5) : le seul béké de la sélection, c'est celui qui pleure le plus, mais de honte, lui, pour ceux que ses ancêtres ont fait Détail amusant, néanmoins : vous avez déjà entendu un blanc tchiper ? La colonisation à l'envers
- Eugénie Goya (témoignage n°19) : 100 ans , et UNE fraîcheur, svp ! Elle s'est renseignée par elle-même, et bien qu'elle n'aie pas bénéficié de la transmission orale dans sa famille, elle en pleure encore en évoquant cette période (et moi aussi, par la même occasion )
et ma préférée, championne du monde
- Jenny POYONNE (témoignage n°6) : 95 ans, un sacré numéro, tout ce que sa grand-mère lui a transmis ce sont les chansons et anecdotes de l'abolition, et elle se rappele de tout ça, surtout les chansons !
Un gros béké que les esclaves ont obligé à danser sous peine de le tuer, "il a secoué son gros ventre en chantant 'Tralalala ça ne durera pas longtemps' " et aussi une bonne soeur, qu'on a obligé à danser sous la même menace, s'exécute : "Mon doux Jésus, vaut mieux danser passé mourir" et puis aussi la chanson des esclaves libérés, entourant une Habitation nommé Val d'Or : "Dig diguidi Val d'Or entouré !" FORMIDABLE !
Franchement, allez-y, faites connaître ce travail, que certains de mes compatriotes, comme d'habitude aigris de voir Bilé prendre l'initiative, commencent à déssouder en douce Forcément, quand on ne fait RIEN, et qu'on a voulu étouffer cette mémoire, ça ne peut que déplaire...
En tous cas, Mr BILE, BRAVO Vous êtes un des plus grands Martiniquais au jour d'aujourd'hui _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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