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Kadiatou Konaré, directrice de Cauris Editions
05/12/2004
 

Le "parcours" de cette semaine est une malienne résidant à Paris et dirigeant sa propre maison d'édition
 
Par Hervé Mbouguen
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Malienne. C'est le premier mot qui vient à l'esprit pour décrire Kadiatou Konaré qui parle de son pays avec une contagieuse passion. Fille d'Alpha Oumar Konaré, l'ancien président malien, elle assume sa généalogie, mais contrairement à trop de fils d'ex-présidents oisifs, c'est avec beaucoup de courage, qu'elle dirige ce qu'on pourrait appeler une petite maison d'éditions, donc à la situation financière et aux perspectives financières forcément difficiles, mais une maison qui essaie néanmoins de porter haut les couleurs maliennes et africaines, et de devenir comme elle le dit elle-même "une passerelle entre l'Afrique et le monde

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Kadiatou Konaré  
Kadiatou Konaré
 

Pouvez-vous présenter à nos internautes ?

Je suis Kadiatou Konaré, éditrice malienne à Paris.

Vous commencez votre parcours par des études commerciales, qu’est-ce qui vous a poussée vers cette voie ?

J’ai fait ces études un peu par hasard, mais aussi par esprit de contradiction. Cela remonte à mes années de lycée. Je suis issue d’une famille de littéraires et personnellement j’avais beaucoup de facilités par rapport aux lettres. Cependant, j’ai voulu me démarquer de ce monde littéraire pour préparer un baccalauréat scientifique. J’ai eu un bac C à Bamako où j’ai passé toute ma scolarité, d’abord à l’école fondamentale de l’annexe Ipeg que nous appelions liberté B, ensuite au lycée Askia Mohamed.

J’ai souffert pendant mes années de lycée parce que je n’avais en réalité aucune prédisposition pour ces études scientifiques. J’ai certes eu mon baccalauréat C, mais dans la douleur ! J’étais tout de même une bonne élève, et j’ai bénéficié d’une bourse d’étude pour la France. Et là, il a fallu négocier avec mes parents mais surtout mon père qui trouvait que c’était trop tôt pour quitter mon pays et qu’en définitive il n’était pas nécessaire de partir faire des études en France que je pouvais faire au Mali. J’ai dû tricher, trouver les études ou les filières non disponibles au Mali. J’ai proposé de faire une classe préparatoire HEC (hautes études commerciales). Mon père a donc fini par accepter…. En plus en faisant le choix de cette filière, j’échappai subtilement au monde scientifique de la physique chimie ou de la Biologie.

 
 

C’est après la prépa que j’ai fait mon école de commerce, l’INSEEC, l’Institut Supérieur Economique et Commercial de Paris, où j‘ai appris la gestion, les finances et le marketing. Un autre monde quelque peu loin de moi, de mes envies. En réalité depuis tout le temps ce qui m’intéressait et me motivait, c’était le livre, l’écrit. Si je me suis intéressée aux études c’était pour dégager une voie vers le livre
A l’issue de ces études, j’ai préparé un concours pour entrer à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris l’ESCP pour suivre un programme de management de l’édition.

Même pendant mes études mes stages se sont déroulés en maisons d’édition.

Le Mali des talents  
Le Mali des talents
 

Votre carrière commence donc dans l’édition ?

J’ai commencé chez un éditeur spécialisé dans les manuels scolaires sur l’Afrique, qui avait, et continue à avoir une tradition de l’édition scolaire sur le continent. Pour moi l’édition surtout scolaire est un service public. Je me rappelais combien à l’école fondamentale ou encore au lycée, il était difficile de se procurer des livres, même si à titre personnel j’étais plutôt privilégiée, baignant dans un monde du livre.
J’ai quitté cet éditeur en 1999 pour suivre des cours de journalisme à l’Université de Columbia aux Etats-Unis parce que je voulais me spécialiser dans l’écrit : communiquer et transmettre à travers l’écrit.

Une fois de retour en France, mon ancien éditeur me demande de lui proposer un projet éditorial. Il me vient alors l’idée de faire ce qui deviendra « Le Mali des talents », un livre sur le Mali : aux Etats-Unis, j’avais constaté, combien le Mali, mon pays séduisait, combien le Mali du pays dogon, le Mali de Tombouctou ou le Mali de Mopti fascinait. Mais ce livre sur le Mali, je le voulais humain, ce guide sur le Mali, je le voulais authentique à l’image du pays. Je voulais raconter le Mali à travers les Maliens. Peut-on réellement aimer le Mali sans connaître les Maliens ? Peut-on vraiment respecter le Mali sans apprécier son peuple ? Voilà donc autant d’interrogations qui ont donné naissance au Mali des talents. Et il était aussi impératif qu’il soit essentiellement écrit par les Maliens… Je me suis investie dans ce projet, et j’ai réussi à mobiliser une équipe d’intervenants.
Quelques mois plus tard, ennuyé, l’éditeur m’explique que compte tenu de sa situation financière difficile, il ne peut plus financer le livre. Cela m’a embêtée car j’avais un contrat moral avec les personnes que j’avais mobilisées au Mali autour de ce projet. Et aussi, ce projet me faisait vibrer, j’avais l’impression au jour le jour de vivre pleinement mon pays, le Mali.

Ne voulant pas faire le tour des éditeurs pour leur proposer le livre –qui n’auraient peut-être pas manqué d’en modifier le concept-, j’ai décidé de créer, en 2001, Cauris Editions.

Le Mali  
Le Mali
© http://www.cia.gov
 

Le Mali était assez présent dans les premières publications de Cauris

Lorsque le guide est arrivé, il y a eu beaucoup d’enthousiasme chez les maliens qui ont été les premiers à acheter le livre, et c’est vrai que nous avons énormément communiqué en ce sens : un guide fait en l’honneur du Mali et des Maliens. C’est peut-être pour ces raisons que le Mali a pris une place importante dans la maison d’édition. Et puis j’avoue que c’est le Mali qui m’a offert l’opportunité de créer Cauris Editions ; Cauris Editions je l’ai reçu à l’époque comme un cadeau, celui de mon pays. Par reconnaissance certainement le Mali a pris une grande place dès le départ à Cauris.

"Toussaint Louverture, le défenseur des Noirs d'Haïti"  
"Toussaint Louverture, le défenseur des Noirs d'Haïti"
 

Cauris Edition a une collection Lucy qui présenta notamment Bob Marley, Fela, Abebe Bikila le courreur aux pieds nus, Toussaint Louverture, Sarraouina la reine du Niger, Lucy notre ancêtre à tous. Quels sont les objectifs de cette collection ?

Défendre la mémoire. Ces livres ne sont pas uniquement destinés aux enfants africains, mais à tous les enfants francophones du monde -car pour le moment ils ne sont qu’en français. Nous avons coutume de dire que Cauris est « une passerelle entre l’Afrique et le monde », nous voulons, à travers l’écrit, offrir l’Afrique au monde, et faire en sorte que le reste du monde en soit curieux.

Plus spécifiquement pour les enfants africains, nous avons imaginé que ces livres pourraient devenir des supports ludiques, didactiques pour les accompagner dans leurs scolarité.

Cette collection est aussi un hommage à des personnalités du monde noir disparues d’Afrique et des Amériques.

"Césaire et Nous"  
"Césaire et Nous"
© Ph.Bourgade/Saligna
 

Votre maison confirme son caractère « engagé » en consacrant un livre à Aimé Césaire

Complètement. Pour l’instant, nous ne faisons de fictions. Nous partons de faits concrets, de témoignages, d’essais, de biographies, d’entretiens. C’est l’engagement de prendre en charge notre vécu, et notre quotidien par le bais de l’écrit. Et pour cela aucune fiction possible, on aimerait être vraiment dans la réalité.

Vous avez publié un livre écrit par votre frère racontant sa vie de fils de président, vous avez consacré un livre d’entretiens à votre père, Alpha Oumar Konaré. Ne craignez-vous pas d’être étiquetée « fille de » ?

Je suis forcément « fille de », et je le dis très clairement. Ce n’est pas parce qu’il s’agit de mon père que je ne devrais pas adhérer à ses idées. Je pense que le débat ne s’est jamais situé à ce niveau dans ma famille : nous nous sommes toujours positionnés en termes d’idées, d’engagement et de foi. Sur ces terrains, je partage beaucoup de choses avec mon père.

Alpha Oumar Konaré  
Alpha Oumar Konaré
© http://www.koulouba.pr.ml
 

Ce livre n’est pas un coup médiatique. Ce livre comme le dit très bien Bernard Cattanéo, qui a mené les entretiens n’est pas un monument élevé par Alpha Oumar Konaré à sa propre gloire grâce à la plume complaisante de quelque courtisan. Ce livre dit-il est le témoignage lumineux d’un homme qui croit en la culture, en la fraternité, en la transcendance de Dieu. C’est une démarche profondément humaine et spirituelle qui nous a guidés les auteurs et Cauris Editions. Là où peut être un autre éditeur aurait souhaité plus de scoops sur la politique, les coulisses du pouvoir, nous avons privilégié le ton apaisé, sincère, pédagogique qu’un ancien chef d’Etat jette sur lui même, son éducation familiale et scolaire, son parcours de militant et de croyant, sur les contours à la fois excitants et troublés d’un nouveau pouvoir démocratique. Ce livre fut un pari à trois, d’un côté les deux auteurs, Alpha Oumar Konaré, un Africain du Mali, Bernard Cattanéo, journaliste et écrivain, et de l’autre Cauris Editions.
Et puis encore, je vous fais une confidence : ma foi de Malienne et mon amour pour mon pays ont plaidé pour ce livre. Comment ne pas publier un livre dans lequel j’entends l’ancien président de mon pays dire : « Aujourd’hui après les fonctions qui ont été les miennes, je ne sais pas si les Maliens réalisent combien le Mali est une chance pour nous, ce que c’est que le Mali. J’ai vécu tout mon service pour le Mali comme une mission. Servir le Mali, je l’ai vécu comme un honneur, une faveur, comme une opportunité, comme une chance…. »?

"Alpha Oumar Konaré, un africain du Mali"  
"Alpha Oumar Konaré, un africain du Mali"
 

Pour ce qui est du livre de mon frère, la colline sur la tête, le manuscrit est tombé un jour sur mon bureau et le texte m’a plu, pas parce qu’il s’agissait de mon frère mais parce que ce regard sur le pouvoir, sur le monde des adultes m’a interpellée tout de suite, et dans un premier temps je ne voulais pas le publier, je voulais même nous auto-censurer en disant que ce n’était pas à nous de le faire, mais encore une fois la raison intellectuelle a pris le dessus : si lui finalement privilégié avait autant de douleurs, autant de choses à dire, c’est que d’autres enfants, d’autres adolescents avaient aussi des choses à dire, et je me suis engagée à le faire.
Mais en le faisant je me suis engagée à créer une collection à Cauris Editions pour donner la parole à tous les 15-25 ans, à tous ces jeunes qui feront l’Afrique de demain. Qu’ont-ils à nous dire ? Que pensent-ils de leur société ? Quelle est leur place dans ce monde ?
Il était important pour moi que Cauris une jeune société d’édition donne la parole à de jeunes africains. Entendre leur voix est essentielle.

Et puis vous savez dans ma famille, nous avons aussi une tradition de l’écriture, mon arrière grand père était un érudit en arabe, un poète. Ma mère est historienne et a beaucoup publié. Le livre c’est ma famille et c’est tout naturellement qu’il m’arrive de me pencher sur les écrits des uns et des autres.

"Lucy, la grand-tante de l'Humanité"  
"Lucy, la grand-tante de l'Humanité"
 

Que découvrira-t-on chez Cauris en 2005 ?

Nous allons renforcer la collection Lucy, nous bataillons dur pour que le volet consacré à Senghor soit prêt pour le 20 Décembre 3è anniversaire de sa mort. Nous avons des projets sur la Reine de Saba, le président-instituteur de la Tanzanie Julius Nyéréré, Douta Seck acteur fétiche d’Euzhan Palcy.

« Le Mali des Talents » aura deux petits-frères, « Le Bénin des talents » et « Le Burkina-Faso des talents » toujours sur le même principe : les gens comme vitrine du pays avant les sites et les monuments, écrits par des gens qui « vivent le pays ».
Nous avons en projet un livre d’entretiens avec Emile Derlin Zinsou l’ancien président du Bénin et un grand témoin de l’Afrique contemporaine et aussi, une biographie de Patrice Lumumba, « la symphonie inachevée ».

"Fela Kuti, le génial musicien du Nigéria"  
"Fela Kuti, le génial musicien du Nigéria"
 

Au moment où les petites maisons d’éditions sont absorbées par les grandes ou disparaissent, que pouvez-vous dire de la santé financière de Cauris Editions ?

Comme beaucoup de maisons d’éditions, Cauris Editions est confrontée à la problématique suivante : comment faire les livres « avec son cœur » et les rendre financièrement rentables ? Mais, je fais le voeu suivant : puisse la santé intellectuelle de Cauris Editions, lui assurer une santé financière. Que ce que nous produisons puisse rencontrer suffisamment de lecteurs pour assurer l’équilibre financier de la maison.
Aujourd’hui nous en sommes quelque peu éloignés, parce qu’une structure comme la notre doit pouvoir publier entre 15 et 20 titres par an pour être auto-suffisante. Nous sommes deux à travailler à temps plein à Cauris Editions, ce qui rend les choses un peu complexes pour le rythme de la productivité. Mais une chose set sûre, le livre est une chaîne et nous travaillons en chaîne. Nos collaborateurs externes, auteurs, illustrateurs, maquettistes sont à ce niveau là des soutiens extraordinaires.

Kadiatou Konaré en pleine séance de dédicace  
Kadiatou Konaré en pleine séance de dédicace
 

Comment conciliez-vous toutes ces responsabilités et votre vie personnelle ?

J’ai tellement l’impression que les deux ne font plus qu’une : Cauris c’est un peu ma vie, je suis très passionnée par ce métier, le livre m’accompagne, et j’ai la chance de faire un métier qui est une porte ouverte sur beaucoup de choses.
Je n’ai aucun problème avec cela aujourd’hui, cela sera peut-être différent dans quelques années...
On ne le sait pas, mais on s’amuse énormément en faisant des livres ! (rires)

Un conseil pour un jeune ou une jeune afro-antillaise souhaitant vous imiter?

Avoir la foi et la conviction. C’est un métier qui nourrit difficilement son homme. Si on n’est pas porté par la foi et la conviction, on peut se décourager….
Mais vous savez, c’est comme dans tout, le plus important est de croire en ce qu’on fait.

Comment vous contacter?

Par mail cauris2@aol.com ou par téléphone 01 45 71 04 34

Note de Grioo.com: Si vous êtes vous aussi un éditeur ou si vous connaissez quelqu'un que vous voulez conseiller à la rubrique "parcours", vous pouvez nous contacter à l'adresse parcours@grioo.com

       
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afrique   benin   burkina-faso   mali   patrice lumumba   toussaint louverture   
 
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