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Marie-France Malonga: la représentation des Noirs à la télévision française : la fin d’un tabou
11/04/2005
 

Le bloc-notes de cette semaine est rédigé par Marie-France Malonga, qui est l'auteur d'une étude du CSA, publiée en 2000, sur la représentation des minorités ethniques à la télévision française
 
Par Marie-France Malonga
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Marie-France Malonga  
Marie-France Malonga
 

La représentation des Noirs à la télévision française est une question qui est entrée dans le débat public en 1999 avec la création du Collectif égalité qui a réussi à se faire entendre grâce à l’incroyable visibilité médiatique qu’a su lui donner sa présidente, Calythe Beyala. Cette association regroupant des artistes et des intellectuels d’origine africaine et antillaise s’était créée pour dénoncer le manque de représentation des Noirs ainsi que des autres minorités dans l’audiovisuel français. Avant l’expression de ce mécontentement mené avec dynamisme par Madame Beyala, la question demeurait complètement taboue bien que la quasi absence des minorités à l’antenne eût été démontrée par une étude très sérieuse menée en 1991 par le CIEMI (Centre d’Information et d’Etude sur les Migrations Internationales)(1). Elle passa à l’époque totalement inaperçue alors que ses conclusions sur l’état de la représentation des minorités étaient plutôt consternantes. Après avoir visionné minutieusement 15 jours de programmes sur les six chaînes hertziennes pour y repérer la présence des « Français d’origine maghrébine, africaine, asiatique et les ressortissants des DOM-TOM », elle arrivait aux constats suivants :

Les professionnels issus des minorités (présentateurs, journalistes, animateurs) étaient quasiment invisibles à l’antenne.
Les minorités ethniques semblaient faire partie intégrante de la réalité sociale française parce qu’elles étaient présentes dans les programmes d’information générale et dans l’actualité ; mais leur présence se limitait à une simple visibilité à l’image car rares étaient les fois où on les voyait s’exprimer pour prendre la parole. Par ailleurs, certains « amalgames » d’images contribuaient à leur donner une représentation négative ; leur présence étant souvent associée aux sujets relatifs au chômage, à la délinquance, à la pauvreté et au racisme.
Les minorités ethniques (principalement les Noirs) étaient très présentes dans les programmes musicaux, notamment les vidéo-clips. Beaucoup avaient été remarqués dans les émissions sportives et les défilés de mode.
Les publicités accordaient une place très réduite aux minorités et leur donnaient une image généralement stéréotypée, les enfermant dans des thématiques liées à l’exotisme et la gastronomie.
Les fictions françaises donnaient une vision principalement « blanche » de la société française et les minorités qui y étaient mises en scène n’avaient que des rôles de figurants et de délinquants. Cependant, les fictions américaines illustraient beaucoup de minorités ethniques.

Bien que cette enquête novatrice soulevât des problèmes cruciaux, elle n’eut aucun écho, notamment sur la scène médiatique, pourtant directement concernée.
Presque 10 ans après, la question resurgit. Ecoutant les revendications du Collectif Egalité, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, sous l’impulsion d’Hervé Bourges, décida de faire une étude sur le sujet dont l’objectif principal était de réactualiser l’étude du CIEMI pour voir si des évolutions avaient eu lieu depuis. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. La situation n’avait pas bougé d’un pouce. L’enquête CSA aboutissait à des conclusions aussi consternantes que celles du CIEMI (2) :

Toujours aussi peu de professionnels issus des minorités étaient présents à l’antenne.
Les minorités avaient plus été aperçues dans des rôles de figurants que de protagonistes. Elles étaient bel et bien là, dans nos écrans, en tant que partie intégrante de la société française mais elles restaient transparentes, comme fondues dans le décor : elles avaient été principalement aperçues dans les publics des émissions de plateaux, comme passants furtifs dans le cadre d’un reportage ou comme figurants ou personnages ultra secondaires d’un film. Effectivement, leur présence à l’image est si furtive et éphémère qu’elle échappe pour beaucoup à l’attention des téléspectateurs. Du coup, l’impression dominante est celle d’une télévision désespérément « blanche ».
Les minorités avaient plus été vues dans les reportages des journaux télévisés ou des magazines que sur les plateaux d’émission, comme professionnels ou invités. Elles étaient donc absentes du « monde » clos de la télévision mais restaient présentes dans ce qui tentait de refléter la réalité. Elles sont des éléments indéniables du puzzle qui constitue la vie mais elles n’y occupent pas une place de choix parce qu’elles restent à la périphérie du jeu, toujours en touche.
En comparant la présence des différentes minorités, on constatait que les plus présentes à l’antenne étaient les minorités noires, comparées aux Asiatiques et aux Maghrébins dont la représentation était réduite quasiment à néant. Cela ne signifiait pas du tout que les Noirs étaient bien lotis mais que les personnes d’origine maghrébine et asiatique étaient encore moins bien représentées. La représentation des Noirs était dû essentiellement à la présence des programmes américains (fiction, vidéo-clip, publicité) qui occupaient une place importante au sein des grilles et qui mettaient en scène beaucoup de personnes noires. Ainsi, les téléspectateurs français, aujourd’hui, voient principalement des Noirs américains sur leurs écrans.
La représentation des minorités à l’antenne ne peut se limiter à une question purement quantitative. La dimension qualitative est essentielle, voire capitale. Ce travail d’observation a pu montrer que les personnes issues des minorités n’étaient que rarement représentées comme des Français à part entière. Leurs origines ethniques ou culturelles étaient constamment mises en avant faisant d’eux, de façon implicite, d’éternels étrangers, non intégrables à la société française. Par ailleurs, les stéréotypes d’antan étaient toujours bien présents. Par exemple, les Noirs étaient la plupart du temps cantonnés dans des thématiques liées au sport, à la danse, à la musique et à la fête.

L’enquête CSA a connu, elle, bien plus d’écho que celle du CIEMI mais elle n’a pas toujours été bien accueillie. Certains détracteurs lui ont même reproché de friser l’illégalité l’accusant de faire de la discrimination raciale parce qu’elle avait « repéré » des personnes en fonction de leurs origines ethniques (3)! Cet accueil mitigé ne fait que démontrer le malaise qui tourne autour de ce sujet. Ce qui dérange, c’est finalement toute la question politique qui se cache implicitement derrière. Dénoncer la représentation « blanche » que nous renvoie la télévision du corps social, c’est en fin de compte remettre en question notre système d’intégration universaliste à la française qui peine à accepter et à reconnaître toutes les composantes de la société.

Depuis 2000, la télévision a connu des évolutions notables. La question a enfin été entendue, prise en compte. Plusieurs professionnels issus des minorités ont été engagés tant sur le câble que sur le hertzien, les publics des émissions se sont bigarrés, des fictions ont mis en scène des personnages d’origine diverses. Mais ces avancements sont à nuancer car beaucoup ont eut l’effet d’un feu de paille et n’ont pas vraiment changé les choses dans d’un point de vue qualitatif : la plupart des professionnels embauchés ont eu des carrières très éphémères et ont plus été recrutés sur le câble et dans les émissions de divertissement. Pour ce qui est des documentaires et des fictions, les thématiques restent encore très négatives et stéréotypées : délinquance, quartiers difficiles, sans papiers, mariage forcés, sorcellerie. Et les rôles principaux sont encore trop rares.
On peut donc parler d’une évolution sur le plan de la visibilité mais les chaînes ont encore beaucoup à faire sur le plan de l’image et de la représentation pour sortir enfin des stéréotypes et des caricatures.

Marie-France Malonga, doctorante à l’Institut Français de Presse, Université de Paris 2, auteure de l’étude du CSA sur la représentation des « minorités visibles » à la télévision française (2000)

(1) Antonio Perotti, Présence et représentation de l’immigration et des minorités ethniques à la télévision française, Migrations Société, vol n°3, n°18, nov-dec 1991, pp. 39-55.
(2) Cette enquête avait pour but de repérer la présence des minorités noires, maghrébines et asiatiques dans une semaine de programmes hertziens. Voir : (2000) "Présence et représentation des " minorités visibles " à la télévision française", Rapport du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, 151 pages; (rapport non publié). Un résumé est disponible dans : La lettre du CSA n°129, juin 2000, 12-14.
(3) Eric Conan, « Minorités : la bavure du CSA », L’Express du 22/06/2000

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