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Yassine Latoundji peintre et manager nous expose son univers
24/10/2006
 

A la fois peintre et manager, Yassine Latoundji présente un profil original dans l'univers artistique
 
Par Senami Houndete
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Yassine, parle-nous de ton travail. Que peins-tu?

Je suis sensible au monde qui m'entoure et avec lequel j'agis. Avec la peinture, je me rapproche des gens et des choses. Au-delà des supports, des contextes, des personnages ou de leurs couleurs de peaux, j'essaie de montrer des valeurs, d'explorer les émotions les plus profondes, de montrer le beau en chacun. Je cherche à donner aux gens ma vision du monde et de son harmonie en essayant d'allier les meilleurs accords de couleurs.

Mes premiers tableaux sont souvent considérés comme très africains parce qu'on y retrouve les couleurs de la terre ou les tissus colorés, par exemple. Ainsi, dans les premières oeuvres, j'affirmais donc peut-être ouvertement mes origines en reprenant des techniques assez classiques, au fond, dans l'art africain. J'étais colorlogue, je voulais essayer de rendre la nature avec toutes ses couleurs, la prendre sans la restituer comme on peut la voir simplement autour de soi, mais en la rendant avec mon message particulier.

Etre peintre et manager n'est pas contradictoire. C'est une idée bien française de voir la contradiction dans ce qui est en fait la polyvalence
Yassine Latoundji


J'aime beaucoup observer les animaux, par exemple, comme ce perroquet bleu aux yeux jaunes dont on admire la luminosité. Mais l'infinité des couleurs de la nature est bien mieux rendue à l'état naturel. Le canal humain ne sert qu'à en souligner quelques unes. Mais je peux apporter mon message particulier. Je vais alors prendre les couleurs de son plumage et sans nécessairement restituer sa forme, je vais tenter de rendre l'enchantement que procure la vue des ces deux couleurs, jaune et bleu, et de l'harmonie entre ce grand aplat de bleu et de ce petit rond jaune ensemble sur la toile de la vie.

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Il semble que ton travail s'épure au fur et à mesure de tes séries, autant dans les couleurs que dans les formes. Pourquoi cette évolution?

En réalité, j'ai voulu procéder à un travail de déconceptualisation. Dans le regard du public, les premières oeuvres sont très africaines, très colorées, avec beaucoup de mouvement. En musique, par exemple, on aime entendre le coupé décalé agité. Mais parfois on aspire également au calme des interludes jazzy qui permettent de respirer entre deux morceaux. Il en va de même au niveau visuel. En réalité, beaucoup préfèrent les premières séries parce qu'elles sont plus gaies, pleines de couleurs et de vie. Mais mon interlocutrice du MOMA, par exemple, préfère mes derniers tableaux parce qu'ils sont plus conceptuels. Récemment, je cherchais essentiellement la paix et la sérénité, une certaine pureté que j'ai retrouvé dans la peinture grâce au blanc.

Pourquoi une majorité de blanc avec quelques traits noirs?

Le blanc est une couleur rassembleuse et une synthèse de tous les tons puisque que la toile blanche est même préalable à la mise en place de toutes les autres couleurs. Je cherchais alors à montrer l'unité des regards que je rencontrais, inciter les gens à mettre un voile sur leurs préjugés et les carcans dans lesquels ils s'enferment pour dégager l'absolu, la pureté, l'innocence. Mais la couleur blanche est également une couleur qui atténue la vivacité de la réalité et qui en même temps en transmet toute la force, puisqu'elle est aussi celle du lait nourricier.



 
 

Comme je le disais, beaucoup considèrent mes premières oeuvres comme très africaines en raison de leur luminosité. Dans les dernières oeuvres, au contraire, j'ai voulu me démarquer de cet étiquette d'art africain qui me collait à la peau et j'ai procédé à un travail de déconceptualisation pour montrer que la peinture africaine peut également s'exprimer différemment que par les canaux habituels. Que je peigne des Africains, quand j'étais inspiré par mon enfance et mon adolescence passées à Cotonou, ou que je peigne des Européens au hasard de mes rencontres comme lorsque j'étais au Mexique, je veux que les gens perçoivent plus que le simple visible.

Ma démarche d'absolu a donc été vers une suppression des couleurs. Peindre un Noir en bleu sort le personnage de son contexte et fait ressortir la beauté réelle de la personne. Cela étant, je viens de rentrer dans une nouvelle phase plus pastelle que blanche, comme dans ma dernière série que j'aurai le plaisir de montrer le 28 octobre 2006 pour le Salon Livres d'Afrique.

Donc tu te revendiques en tant qu'artiste africain et en même temps tu refuses que l'on te catégorise comme tel?

Non, je suis un artiste africain et je le reste indépendamment des thèmes et des techniques que je développe dans mes oeuvres. Quand je suis arrivé pour la première fois en France, j'avais 17 ans. J'avais été à l'école avec des Noirs et des Blancs et tout s'était bien passé. Quand je suis arrivé ici, c'est le regard des gens qui a changé à mon égard, même si j'avais toujours la même couleur de peau marron. Je veux donc montrer mon africanité hors des sentiers battus. Sans montrer ma couleur de peau, on peut malgré tout voir que je suis africain sans que je le crie nécessairement haut et fort. Je suis Africain, né au Bénin, grandi au Bénin, je peins des Africains mais je ne fais pour autant une peinture africaine. Elle part de l'Afrique avec toute la fierté que j'en ai, mais en même temps elle vise tout le monde et elle se veut universelle.



 
 

Tes tableaux seront exposés au Salon Livres d'Afrique le 28 octobre prochain à l'UNESCO. Quel thème as-tu choisi pour cette exposition?

J'ai intitulé cette exposition "Regards..." parce que l'origine de cette exposition a été empreinte de regards, d'abord par le biais de la rencontre d'un regard à New York puis à Paris. Je venais d'exposer au MOMA et j'avais déjà exposé une fois à l'Unesco. La nouvelle série que j'aurai l'honneur de présenter s'insère dans le cadre du Salon Livres d'Afrique. Je veux y inviter le lecteur à regarder, à tourner son regard vers la salle et les écrivains africains qui communiquent aussi leur vision du monde. De même que l'événement se veut vitrine de la diversité au travers du thème des "Mille et Une Littératures", j'ai choisi "regards" au pluriel pour montrer l'unité au delà de la diversité. Et je veux aussi en appeler aux regards neufs, au regard de l'enfant qui naît et qui entre en interaction avec autrui. "Regards" serait ainsi le canal par lequel je reçois de l'information du monde et par lequel les gens peuvent voir ce qui me touche et ce que je cherche à leur communiquer.

Le lien avec l'écriture?

Le tracé fait partie de ma peinture. Dessiner, c'est en quelque sorte faire des lettres. Comme dans l'écriture ou comme dans la musique ou l'architecture, je crée des rythmes avec les entrelacs de ligne. En réalité, j'ai commencé déjà à écrire des mots sur les toiles mais je réfléchis actuellement à la façon d'unir les différentes formes d'art pour trouver l'art total. Sur le marché de l'art, on aime à catégoriser les artistes, les uns sont peintres, les autres sont danseurs, mais les différentes branches se mélangent rarement. Je pense que la création est une. J'aime beaucoup la danse et je suis également très attiré par la musique. Je pense qu'il faudrait trouver plus de ponts entre les différentes expressions créatives. Soulages par exemple, écrivait et peignait. Je veux sortir de la toile comme support de création et élargir la réflexion aux autres domaines de la vie, comme l'architecture ou l'entreprise, par exemple.



 
 

Tu mènes effectivement deux activités en parallèle, celle de manager et celle d'artiste peintre. Une question que l'on doit souvent te poser: comment associes-tu tes deux vies parallèles?

Je peins la nuit, quand je n'ai rien à perdre et que tout le monde dort. Je travaille de 8h à 22h, parfois plus, et quand je rentre chez moi, peindre me détend. En général, je peins vite. Je n'aime pas perdre du temps, je veux tout peindre d'une traite pour mieux aller au bout de mon idée.

Beaucoup pensent que les deux vies de peintre et de manager sont contradictoires. Au contraire, elles se renforcent l'une et l'autre. C'est une idée bien française de voir la contradiction dans ce qui est en fait polyvalence. Le système anglo-saxon fonctionne différemment. Chez JP Morgan, par exemple, la filiale française est très homogène, à la différence de la filiale américaine par exemple, où l'on retrouvera des origines très hétéroclites chez les employés qui peuvent être psychologues, avocats, etc.

On considère la différence comme un atout. Et en tant qu'artiste, j'use effectivement de ma créativité d'artiste dans le monde du travail où j'évolue. Mon entreprise sait que je peux apporter une vision différente de celle des autres, un angle de vue différent qui peut enrichir le travail du groupe. Mais inversement, je pense que mon travail d'artiste en parallèle m'apporte aussi la faculté d'organisation et de gestion de projet dont je peux avoir besoin dans mes activités financières.

Les évolutions d'un projet ou d'une entreprise suivent un peu les mêmes schèmes que la réalisation d'une peinture: après avoir défini le projet de base, on y ajoute une couche grâce aux idées des nouveaux venus, puis une autre avec l'arrivée d'une vingtaine d'employés supplémentaires. Comment vivre cette ambivalence? J'avais participé à une conférence au Mexique sur le sujet. La question est récurrente. Personnellement, je ne vois pas d'ambiguïté mais plutôt des enrichissements. En tout cas, j'essaie de bien séparer bien mes deux vies, même si je suis à la fois l'une et l'autre. Car on voit souvent l'artiste comme un farfelu.

 
 

Yassine, n'es-tu pas un peu schizophrène?

Cette question m'a été posée mille fois. Je n'ai même pas besoin de réfléchir, il me suffit d'appuyer sur la touche "Play". En fait, je ne sais pas. Effectivement, je suis peut-être schizo. Mais avant tout, je suis moi-même, je suis mes deux vies même si je les vis séparément, et une fois encore les principes qui les soutiennent se rejoignent.

Pourquoi as-tu choisi de faire des études commerciales? Une prédisposition particulière ou un choix du hasard?

En réalité, je voulais faire les Beaux-Arts. Au lycée, je voulais me consacrer à la peinture plutôt que d'aller à l'école. Mais mes parents m'ont poussé à continuer jusqu'au bac puis à la prépa HEC. Alors j'ai continué tout en peignant. En fait, si je n'avais pas été commercial, je serais probablement devenu médecin comme mon père et de nombreux membres de ma famille. J'étais sensible aux formes du corps humain et j'étais bon en mathématiques et en biologie. D'ailleurs, dans notre bibliothèque, nous n'avions que des livres de marketing ou de médecine, puisque je viens d'un milieu de médecins, de commerçants et d'experts-comptables. Mais je pense que cela me donne mon originalité. Le sculpteur Ousmane Sow était kiné, par exemple. Il connaissait très bien les anatomies, aimait à toucher les corps, d'où ces oeuvres un peu filandreuses et ces corps aux nerfs à fleur de peau.

Tu joues donc sur tous les terrains ?

J'infiltre le système et puis je le domine.

Comme une gangrène?

Ou comme un virus, mais c'est trop négatif. Comme un agent secret


Vous pouvez voir les peintures de Yassine Latoundji sur son blog ylat.over-blog.com

Vous pouvez découvrir Yassine Latoundji samedi 28 octobre 2006 lors du salon du livre à l'Unesco

       
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afrique   benin   
 
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