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Souleymane Bagayogo, entouré de représentants de la CGT (AFP)
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lepost.fr |
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Le 9 juin 2008, le conseil de prud'hommes de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, a renvoyé au 7 juillet la décision concernant les recours engagés par dix ex-salariés sans-papiers maliens, dont Souleymane Bagayogo, expulsé en août 2006 et autorisé à revenir en France pour défendre ses droits. La juridiction du travail examinera la régularité et les conditions de leur licenciement entre juin et août 2006.
Souleymane Bagayogo avait été expulsé le 25 août 2006 vers le Mali. Bien qu'en situation irrégulière, Souleymane avait un contrat de travail et payait ses impôts. Il était marié et père d’une petite fille de neuf mois, née en France. Son employeur – la société OSP de Pavillons-sous-Bois – l’avait embauché sans demander la demande d’habilitation préfectorale obligatoire pour les agents de sécurité. Entre mai et août 2006, la société avait engagé une procédure de licenciement pour faute grave d'une quinzaine de ses employés, au motif que leurs papiers étaient faux. Tous les salariés ont affirmé au contraire qu'elle les avait embauchés en toute connaissance de cause. Pour la CGT, qui n'a cessé de soutenir ces salariés dans leur combat, il s'agissait de se débarrasser de travailleurs qui dénonçaient leurs conditions de travail et réclamaient le paiement de leurs heures supplémentaires. Souleymane et les autres avaient alors saisi le tribunal des Prud’hommes. Le 25 juillet, il avait été arrêté sur son lieu de travail au magasin Monoprix du Bourget et placé au centre de rétention de Bobigny.
Entre temps, le gérant d'OSP a été condamné pour « travail dissimulé » par le tribunal correctionnel à huit mois de prison avec sursis, 5.000 euros d'amende et une interdiction d'exercer de trois ans. A ce jour, sept des neuf vigiles parrainés par la CGT ont été régularisés, selon le syndicat. La société a perdu son agrément préfectoral et a disparu.
Souleymane Bagayogo est revenu en France le 2 juin, avec dans la poche un visa d'un mois lui permettant de se rendre au procès. Il raconte les deux ans qu'il a vécu à Bamako. « Physiquement, j'étais là-bas. Mais spirituellement, j'étais en France, où vivent ma femme et ma fille. J'en ai pleuré, au début. J'avais des palpitations », témoigne-t-il. Dans la capitale malienne, sa famille et ses proches lui ont apporté son soutien. « Mes proches m'ont consolé. Ils me disaient que c'était le fait de Dieu ». Mais « au bout d'un an, certains [voisins, NDLR] commençaient à croire que j'avais fait une bêtise en France », poursuit-il. Yann Fronty, journaliste de France 2 qui l'avait suivi dans le cadre d'une enquête sur l'immigration, explique que dans son quartier, Souleymane Bagayogo « n'avait plus de repère. Il était plus français que malien ». « Le ciel s'est abattu sur Souleymane alors qu'il remplissait tous les critères pour être régularisé. Il avait compris qu'il avait des droits et des devoirs en France. Son retour symbolise une certaine justice », poursuit le journaliste.
Aujourd'hui, Souleymane est de retour, grâce à une collecte de solidarité lancée par la CGT. « Souleymane est quelqu'un de très ouvert, qui a su prendre du recul par rapport à son vécu et à la société française. Il montre une véritable volonté d'intégration », témoigne Laurent Pagnier, membre de l'union départementale du syndicat dans le 93. Il entend bien, maintenant, se battre pour obtenir sa régularisation, et fêter le troisième anniversaire de son enfant à l'automne. En France. |