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''Une brève histoire de l'avenir'' de Jacques Attali
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Dans un essai paru en 2009, intitulé « Une brève histoire de l’avenir » (éditeur Fayard), Jacques Attali, économiste, homme politique, sherpa de François Mitterrand et ancien Président de la Banque européenne de reconstruction et de développement, dresse un panorama du monde pour les cinquante années à venir.
Démiurge, visionnaire ou simple voyeur, au nom d’un voyeurisme machiavélique, Jacques Attali déverse une série de constats sur le lit de l’intelligence et de la pratique des comportements humains. Il dresse un tableau apocalyptique qui valorise l’économie de marché au profit de la démocratie. Il met en évidence l’incapacité de l’Afrique, malgré sa population nombreuse, à trouver une place dans le concert des grandes nations du futur. Pour Jacques Attali, les Africains sont des contemplatifs de leurs propres vies, de leurs propres ressources ; cette contemplation n’a d’égal que leur incapacité intellectuelle presque génétique à devenir des gestionnaires d’un continent dans lequel l’intelligence est la clé de l’arrimage au monde de demain.
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Jacques Attali met en évidence l’incapacité de l’Afrique, malgré sa population nombreuse, à trouver une place dans le concert des grandes nations du futur |
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| Lucien Pambou |
Pour Jacques Attali, l’absence d’une classe entrepreneuriale africaine digne de ce nom au sens politique, économique, artistique et financière, constitue un handicap de taille qui fait de l’Afrique un continent qui sera toujours dominé dans les années futures. Jacques Attali va plus loin et montre, ce qui n’est pas très difficile, que dans les vingt à trente ans le monde aura changé et les Africains, en dépit de leurs nombreuses ressources, seront les derniers de la classe mondiale.
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Voici les éléments de débat que Jacques Attali propose à l’Afrique. On peut accuser Attali de racisme, comme certains africains vont être prêts à le faire. On peut dire de Jacques Attali qu’il n’est pas Dieu pour prévoir l’avenir du monde, si on croit en Dieu. On peut dire de Jacques Attali qu’il a un complexe de supériorité occidentale et qu’il ne représente que lui-même. On peut dire de Jacques Attali qu’il se trompe sur toute la ligne. Mais tout de même, il soulève un questionnement problématique de la représentation du Noir dans le monde actuel.
Après l’esclavage, la traite atlantique, la colonisation, la décolonisation, quelle est la place réelle des Noirs dans ce monde en transformation ? L’élection d’Obama (noir) à la tête de la première puissance est un élément de fierté mais insuffisant pour expliquer la place des Noirs dans le monde moderne. Et pourtant, cette place existe, elle est éminemment importante au plan scientifique et technologique, car de nombreux Noirs ont contribué à la création des produits qui nous sont familiers aujourd’hui, comme le réfrigérateur ou comme les feux de stop pour les voitures. Je ne vous donne pas les noms et je vous oblige à sortir de notre paresse intellectuelle habituelle pour les retrouver. Ce sont des Noirs américains qui ont été à l’origine de ces inventions, allez plus loin pour approfondir cette piste de recherche.
Cheick Modibo, le malien a joué un rôle important à la Nasa de façon contemporaine. Les Noirs n’ont pas à avoir honte de ce qu’ils sont dans ce monde de peuples blancs, asiatiques et autres. Il leur manque une chose pour revendiquer, non par des paroles, mais en s’appuyant sur les faits que je viens de vous donner, le courage et le travail en groupe.
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Le Noir a peur, il est émotionnel et, en France, il n’écoute que ce que le maître blanc français veut bien lui dire. Or, quand il est français de nationalité, le Noir absorbe intégralement ce que son compatriote blanc français lui dit, même si c’est du mensonge.
Les Noirs de France et d’Afrique sont traumatisés par l’esclavage et la colonisation. Nous sommes incapables de travailler ensemble parce qu’il nous manque, à la différence des Noirs américains, un savoir faire organisationnel et méthodique. Quand nous créons des associations, dont la plupart d’entre nous avons été les acteurs responsables, souvent ces associations ont fait l’objet d’une commande par nos compatriotes français blancs ou européens pour leurs propres intérêts au nom de l’intégration et du vivre ensemble.
Pourquoi le Noir est-il berné en permanence ? C’est la conclusion de Jacques Attali, il ne le dit pas mais je le lui fais dire. C’est parce qu’il a bien intégré les propos du maître pendant l’esclavage et après la décolonisation, il doit être agréable au maître. Il ne s’agit pas ici d’aller chercher des éléments de discorde entre les peuples (noirs, blancs), mais de montrer que les peuples noirs restent toujours fidèles à eux-mêmes, incapables de travailler ensemble, incapables de s’inventer dans la mondialisation, incapables de se poser avec des arguments scientifiques et technologiques face aux autres peuples, incapables d’être réellement eux-mêmes, même si nos cousins américains nous montrent la voie.
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Tiens je vais vous provoquer. Nous avons dans les pays africains, et vous connaissez les pays, la plupart des premières dames qui sont françaises et blanches. Vous en connaissez beaucoup de premières dames françaises et noires dans les pays européens ? Elles existent, mais elles sont maîtresses et cachées et ramenées, bien entendu, à un rôle subalterne, alors que les premières dames blanches en Afrique jouent un rôle de premier plan. Ce n’est pas du racisme, c’est un constat.
C’est anecdotique, bien sûr pour moi l’amour est essentiel et il ne s’agit pas ici de remettre en cause des relations passionnées entre des hommes noirs et des femmes blanches au nom de l’amour et malgré le racisme envers les Noirs, les Noirs représentent selon John Iliffe le premier homme de l’humanité dans son excellent livre « Les africains. Histoire d’un continent » paru chez Flammarion. Lisez ce livre et vous oublierez très vite l’histoire brève de Jacques Attali, comme son titre l’indique, c’est une histoire brève donc écornée et pensée à l’aune de la Françafrique, alors que John Iliffe, professeur d’histoire africaine à l’Université de Cambridge, nous dresse un tableau de l’Afrique des africains pionniers de l’humanité et promoteurs d’un monde de paix, malgré l’esclavage, la traite négrière la colonisation, le Sida.
Il ne s’agit pas de remercier John Iliffe, il s’agit simplement de se demander pourquoi des Africains noirs francophones anglophones, intellectuels sont incapables de raconter une histoire non pas des empires mais celle des africains dans le monde d’hier et d’aujourd’hui à travers leurs réussites.
Lucien PAMBOU
Auteur de : « Conseil représentatif des associations noires, de l’espérance à l’utopie » paru en juin 2011. Édition l’Harmattan.
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