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Un spécimen du nouveau franc ivoirien circulant sur le web
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La crise politique en Côte d’Ivoire est devenue peut être une "chance" pour les Ivoiriens et pour les intellectuels et autres experts qui réfléchissent sur la manière d’affirmer la souveraineté de la Côte d’Ivoire en créant sa propre monnaie.
La Côte d'Ivoire est soumise à une crise de liquidités. La banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) est remise en cause, car, selon Gbagbo, cette banque centrale crée un désordre en refusant d’honorer sa signature : lui se considère toujours comme Président tandis que la Bceao reconnait en Ouattara le Président légitimement élu.
Pour sortir de cet encerclement qui vise à tarir les liquidités en direction de la Côte d’Ivoire et au-delà des ressources que peuvent rapporter les impôts sur les grandes sociétés d’Etat (ce qui à long terme risque de devenir intenable), Gbagbo prend acte de ces désordres monétaires et financiers et menace de créer sa propre monnaie et de sortir de la zone CFA. |
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Créer sa propre monnaie est un acte de souveraineté qui sur le plan politique a forcément une signification importante, à savoir assumer la pleine souveraineté de la Côte d’Ivoire. C’est un acte politique majeur qui accompagne la fin d’accréditation de l’Ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Acte courageux diront les uns, acte stupide pour les autres, acte de mégalomane pour les observateurs étrangers. Quels sont les éléments d’analyse technique au-delà de cette éventuelle prise de décision politique ?
Créer une monnaie est un acte politique mais qui repose sur des modalités et des considérations techniques importantes pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Plusieurs problèmes monétaires, financiers et de taux de change devront être résolus par Gbagbo. Sur le plan monétaire, il est facile de créer de la monnaie papier qui serait gérée par la banque centrale ivoirienne. Cette création serait faite à l’étranger par des pays dont la maitrise technologique est à l’entière disposition de Gbagbo.
Créer une monnaie ne suffit pas, encore faut-il qu’elle inspire la confiance sur les plans interne et externe. Sur le plan interne, il faut que les Ivoiriens acceptent cette nouvelle monnaie qui est le signe de leur nouvelle souveraineté en évitant de continuer à lui substituer du franc CFA qui serait utilisé par les autres pays de l’UEMOA.
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Créer sa propre monnaie est un acte de souveraineté politique mais qui repose sur des modalités et des considérations techniques importantes pour l’avenir de la Côte d’Ivoire |
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Lucien Pambou |
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On arriverait dans ce contexte à une concurrence entre une monnaie inconnue, la monnaie ivoirienne, et la monnaie connue, le Franc CFA. Les problèmes de prix des produits de base se poseraient très vite et la banque centrale rapatriant ses devises auprès du Trésor français devra arbitrer de façon constante entre les prix internes et les prix extérieurs qui eux seront toujours libellés en monnaie étrangère.
La notion de prix sur le plan externe nous amène à l’analyse du taux de change. Quel taux de change sera décidé par le gouvernement ivoirien qui aurait ainsi créé sa monnaie ? En quittant l’union monétaire qui est la zone franc, le gouvernement ivoirien ne bénéficierait plus de la monnaie commune qui est le franc CFA. Il resterait cinq cas dans lesquels il peut instaurer son régime de change. |
1er cas : les currency boards (caisses d’émission ou conseils monétaires)
La création monétaire dans ce cas dépend strictement des réserves de change dans la monnaie de rattachement. La politique monétaire n’a aucune autonomie et il faudra au gouvernement de Gbagbo le choix d’une monnaie de rattachement autre que le franc CFA. Mais quelle monnaie ? Le dollar ? L’euro ? Or, dans ces deux cas, il semble que les difficultés politiques obligent Gbagbo à se tourner vers une troisième monnaie internationale. La livre sterling ? De facto cette situation entrainerait une double circulation monétaire en Côte d’Ivoire, comme ce fut le cas de l’Argentine qui a du accepter sur son territoire peso et dollar.
2ème cas : régime de change fixe
La Côte d’Ivoire peut choisir un régime de change fixe, ce qui implique la mise en place des marges de fluctuation avec les monnaies existantes pour restaurer le déséquilibre de son solde courant.
3ème cas : parité glissante
Le taux de change est en principe fixe mais la parité de référence est modifiée régulièrement selon des paramètres définis pour compenser les écarts d’inflation avec le pays d’ancrage. |
4ème cas : flottement administré
Le taux de change de la monnaie est flottant et la banque centrale doit intervenir en permanence pour indiquer au marché la parité qu’elle considère comme souhaitable.
5ème cas : flottement pur
Seul le marché définit l’équilibre du taux de change qui du point de vue de l’analyse économique est le prix d’une monnaie exprimée en une autre monnaie.
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Créer une monnaie ne suffit pas, encore faut-il qu’elle inspire la confiance sur les plans interne et externe |
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Lucien Pambou |
Voilà les questions techniques auxquelles Gbagbo risque d’être très vite confronté, ce qui peut avoir des effets importants sur le marché des biens et des services ivoiriens. Même si la Côte d’Ivoire pèse à elle-seule près de 40% du PIB de la région et cumule les 2/3 des bons du Trésor de la région, la réalité est que l’acte de souveraineté que donne la création d’une monnaie doit s’accompagner d’un travail permanent sur le marché des biens et des services. |
Au plan financier, la Côte d’Ivoire comme la plupart des pays de la zone UEMOA n’est pas suffisamment intégrée aux différents courants financiers. Il faudra alors, au-delà de l’acte politique fondamental, résoudre les problèmes d’une monnaie durable à long terme pour éviter le chaos monétaire, à l’image du Zaïre hier devenu aujourd’hui RDC (République démocratique du Congo)
Créer sa monnaie est un acte de souveraineté réaliste, encore faut-il s’en donner les moyens techniques, politiques et financiers durables pour que la création de la monnaie ne se traduise pas à long terme par un appauvrissement des populations et une utilisation par les élites de cette nouvelle donne monétaire pour approfondir la corruption et appauvrir encore un peu plus la Côte d’Ivoire. Il faut être courageux, voire téméraire, encore faut-il que le courage et la témérité ne se fassent pas sur un coup de tête et aux dépens du peuple ivoirien qui souffre déjà avec deux Présidents aux affaires.
Lucien PAMBOU
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